Crédits - Eric Kripke.
Base - Supernatural.
Rating - M
Avertissements - Viol/consentement sujet à caution (noncon/dubcon). Captivité prolongée. Chantage sexuel. Isolation.

Chronologie - Séquelle de White Room Blues.

Note - Alma Mater continue. Et ça ne va pas aller en s'arrangeant. Au programme, du chantage sexuel, du consentement plus que douteux, Lucifer qui fait son numéro, Sam qui tente de tirer son épingle du jeu - bref, je rappelle que cette série de petites fics est faite pour être volontairement dérangeante et malsaine, au cas où cela vous aurait échappé. Bonne lecture. :)


burned, about to burn

:alma mater:


Partie I - Slow Life


— Je veux voir Jack, exigea Sam un soir où Lucifer s'était invité pour le dîner.

Cela arrivait plus fréquemment qu'il ne l'aurait souhaité : au lieu de la silhouette trapue et renfrognée de Micah, la porte de la prison de nacre de Sam s'ouvrait pour laisser place à la mine enjouée d'un Lucifer qui prétendait débarquer à l'improviste pour dîner, les mains systématiquement encombrées par des plats à emporter emballés dans de l'aluminium poisseux ou par des courses entassées pêle-mêle dans des sacs de papier. La première fois que cela s'était produit, le chasseur avait songé à refuser la nourriture afin de protester silencieusement contre sa captivité mais les mains possessives de Lucifer sur son visage et la promesse de se faire enfoncer un tube dans la gorge pour être gavé comme une oie si cela s'avérait nécessaire avaient freiné ses élans rebelles.

Depuis lors, il avait appris à s'accommoder de ces étranges moments que son geôlier appelait « dîners aux chandelles » avec un sourire de fausset, vaguement soulagé que Lucifer n'exige de lui qu'une participation minimale durant les imitations de repas qu'ils partageaient. L'archange avait lui-même peu d'intérêt pour la nourriture humaine et ne prenait jamais la peine de toucher à sa propre part il se contentait de regarder Sam avaler le contenu de son assiette avec une intensité qui ne manquait jamais de mettre ce dernier mal à l'aise, au point de lui couper presque systématiquement l'appétit – voire de lui faire vomir lesdits repas sitôt qu'il fut parti.

Le chasseur avait bien tenté de résister à sa façon contre ces « rendez-vous » qu'il n'avait jamais sollicités, en restant aussi silencieux qu'une tombe et en mangeant aussi rapidement qu'il le pouvait, mais aucune de ses tactiques ne semblait vouloir faire partir Lucifer plus vite. C'était même le contraire : le diable ne se privait pas de prendre ses aises dans la salle à manger spacieuse de la suite et de faire durer le moment en meublant le silence par des commentaires tout à fait banals auxquels Sam se contentait de répondre le plus lapidairement possible, sans jamais surenchérir ou initier la conversation.

Jusqu'à aujourd'hui.

— Je veux voir Jack, répéta Sam avec fermeté, espérant que l'assurance qu'il affichait dissimulerait son malaise.

Cela faisait plusieurs jours déjà que Lucifer lui avait révélé que le néphilim était lui aussi l'otage du Paradis. Passé le soulagement de savoir son fils d'adoption vivant, les craintes du chasseur s'étaient réveillées en imaginant ce dernier croupissant dans les geôles célestes et soumis à d'innommables tortures. Il avait supplié Micah de lui donner des nouvelles du jeune hybride mais son gardien de prison était resté muet, se contentant de foudroyer Sam du regard avant de refermer les portes de sa cage nacrée.

Ses tentatives d'évasion s'étant soldées par des échecs, le prisonnier s'était retrouvé dans une impasse. Il répugnait de devoir s'abaisser ainsi, d'être obligé de ramper aux pieds de son geôlier pour obtenir une simple confirmation visuelle mais le bien de Jack prévalait sur son dégoût.

Le bien de Jack prévalait sur tout le reste.

Lucifer haussa un sourcil narquois et cessa de faire semblant de s'intéresser à ses nouilles sautées pour reporter son regard perçant sur la silhouette de son captif attablé face à lui. Sam ne put retenir un tic nerveux, s'attendant à tout moment à ce que le diable l'envoie valser à l'autre bout de la pièce pour avoir eu l'impertinence d'exiger une faveur. Contre toute attente, ce dernier lui répondit d'une voix sereine :

— Je ne t'en empêche pas, Sam. Tu es le seul à pouvoir résoudre cette situation, à vrai dire. Tu n'as qu'un petit « oui » à dire et tu seras libre de voir le sale gosse autant de fois que tu le voudras.

L'interpellé serra son poing autour de ses couverts, tenté de les planter dans l'œil de son ravisseur. Le geste serait évidemment purement inutile et lui rapporterait davantage d'ennuis que de gratification mais sur l'impulsion du moment, cela ressemblait presque à une bonne idée. Ou à un bon prétexte pour se défouler les nerfs.

— Tu peux toujours courir pour que je cède à ton chantage, trouduc. Qu'est-ce qui me prouve que Jack est bel et bien en vie comme tu le dis, que ce n'est pas une autre de tes petites stratégies pour que j'accepte de me soumettre à ton caprice ? répliqua le prisonnier sans dissimuler sa hargne.

— Appelle ça comme tu voudras, répondit le diable d'un ton désintéressé tout en piquant un morceau de bœuf du bout de ses baguettes. Tu peux même l'enrober de tous ces horribles petits mots qui font sûrement mouiller ta petite culotte mais au final, ta minable résistance n'y changera rien. Je t'ai promis que mon fils resterait sain et sauf quoi que tu décides et tu sais bien que j'ai qu'une parole.

— Ta parole ne vaut que dalle, marmonna Sam, les joues enflammées par la colère.

Un éclat rouge traversa le regard bleuté de l'archange, aussitôt tempéré par un sourire aimable. Le chasseur se raidit, soudain angoissé par les représailles que son insolence ne manquerait pas d'engendrer.

— Oh, vraiment ? reprit Lucifer d'une voix sucrée, ses nouilles froides complètement oubliées. Je te trouve bien ingrat de m'accuser ainsi de parjure, Samuel. Ne t'ai-je pas promis que tu serais traité avec les plus grands égards durant ton séjour au Paradis ? Ne t'ai-je pas promis que ce qui s'est passé dans la Cage ne se reproduirait plus, à moins que tu ne m'y contraignes ? Réponds-moi.

Sam avait l'impression que sa langue était faite de plomb. Sans prononcer un mot, il hocha la tête, cachant ses mains tremblantes sous la table. Le sourire de fausset de l'archange se transforma en rictus alors que la température de la pièce se mettait à descendre en flèche.

— Et ai-je manqué à ma parole depuis ? As-tu été maltraité ou battu au sein de ces murs, as-tu été privé d'eau ou de nourriture, de chaleur ou d'oxygène ? Me suis-je parjuré de quelque façon ? Réponds. Et utilise tes mots, Samuel – si je te voulais muet, je t'aurais coupé la langue.

L'interpellé se mordit ladite langue, laissant sa chair rosir de douleur sous la dureté de ses dents ce n'était pas la première fois que Lucifer extorquait sa parole mais la façon dont il rappelait nonchalamment les tortures qu'il lui avait infligées par le passé ne manquait jamais de l'enrager. L'air était devenu piquant et froid, comme si l'hiver venait de s'abattre comme un couperet entre les murs nacrés. Un instant, Sam se demanda si la couche de blanc qui tapissait sa prison n'était pas une forme de givre.

— Non, finit-il par répondre entre ses dents serrées.

— Non quoi, Samuel ? siffla le diable d'un ton acide.

Le chasseur baissa les yeux, ses doigts s'accrochant au tissu de son pantalon. Ils tremblaient toujours mais la terreur laissait progressivement place à une colère tout aussi froide que l'air oh, comme il rêvait de pouvoir abattre ses poings sur le visage narquois, comme il rêvait de se briser les phalanges sur ces pommettes hautaines. Cela serait inutile, bien entendu, mais au moins, cela lui ferait du bien.

— Non, Lucifer, tu… Tu as tenu parole.

L'ange fit vibrer sa gorge de contentement, visiblement satisfait de la reddition de Sam.

— Alors pourquoi penses-tu que je te mente quand je t'affirme haut et fort que mon fils – notre fils, Sam – est vivant et en bonne santé ? Pourquoi ferais-je usage de la force maintenant alors que la patience peut m'apporter bien un trésor bien plus précieux ?

Parce que je te connais, pensa Sam avec violence. Parce que cela ne t'a jamais arrêté, ni maintenant ni jamais. Parce que tu es incapable de changer, d'entretenir ton fantasme rédempteur plus longtemps que tu ne le souhaites, de devenir un saint alors que tu es juste la pire des ordures. Parce que tu t'es glissé dans mon corps et dans ma tête et que je ne peux pas ne pas te connaître.

Il resta silencieux, le cœur boursouflé par la haine.

Lucifer battit des paupières et se fendit d'un soupir théâtral, la froideur laissant place à la lassitude. Sam serra les lèvres, guère impressionné par le petit numéro de martyr de son ravisseur – c'était tellement typique de sa part, tellement ordinaire et pourtant cela ne manquait jamais de le faire trembler de rage, comme si Lucifer était à plaindre parce que l'homme qu'il avait enfermé refusait de céder à son caprice, comme s'il était celui qui souffrait le plus de cette situation…

— Cela m'attriste de de finir ce rencard sur une mauvaise note, énonça l'archange en refermant sa barquette de nouilles intacte, interrompant ainsi le flot de pensées du chasseur. Mais je crois qu'il est préférable que je me retire, Samuel. Ni toi ni moi ne sommes de bonne compagnie ce soir, j'en ai peur.

— Sans déconner, marmonna l'interpellé entre ses dents.

Lucifer fit mine de ne pas entendre et se leva, son repas se désagrégeant dans l'air glacial comme s'il n'avait jamais existé. Sam laissa son regard se promener sur la table en formica immaculée, sa colère soudain inondée par une vague de désespoir.

Il avait échoué. Une simple faveur à demander et tout ce qu'il parvenait à accomplir, c'était de se mettre à dos le seul être capable de lui permettre de voir Jack, de s'assurer que le néphilim était sain et sauf. Il se sentait pathétique tout à coup, incapable de faire face à son pire ennemi comme si les dizaines d'années qu'il avait passé à endurer les pires souffrances de sa main n'avaient jamais existé – comme s'il était aussi impuissant que le jeune homme qui venait de découvrir en rêve qu'il était destiné à déclencher l'Apocalypse et qui n'avait que le suicide comme moyen pour échapper à la toute-puissance du diable.

Le chasseur laissa sa tête dodeliner, ses paupières se serrant pour refouler ses larmes de frustration. Il sentit l'air se déplacer autour de lui, se réchauffant progressivement alors que des doigts froids se glissaient dans ses cheveux, effleurant la masse sombre dans une caresse presque affectueuse.

Possessive.

— Je suis désolé, laissa-t-il échapper après quelques minutes de silence.

La main qui le caressait glissa le long de sa joue pour tendre délicatement son menton vers le haut. Sam rouvrit les yeux et croisa le regard bleuté de son ravisseur qui l'observait d'un air acéré, au bord de l'amusement.

— Sam, Sam, Sam, souffla Lucifer avec tendresse. Allons… Tu mens mieux que ça, d'habitude.

Il ne prit pas la peine de le démentir. A la place, il inclina humblement le visage, les suppliques qu'il avait ravalées jusqu'à présent cascadant le long de ses lèvres aussi aisément que de l'air.

— Je t'en supplie, Lucifer… Il ne me faut que quelques minutes… C'est tout ce que je demande, je n'ai pas besoin de plus…

— Oh, Samuel, répondit l'archange d'une voix sucrée, ses doigts caressants s'attardant sur les lèvres de son captif. Tu sais que je ne peux pas faire ça.

Sam exhala longuement. Sa bouche frôla la peau glacée du diable, gerçant sous le coup du contact avorté. Le plaidoyer était clos et il avait perdu : jamais il ne reverrait Jack, à moins d'accepter la proposition monstrueuse de son ennemi. Il n'avait même pas la force de se sentir découragé tant il se sentait las, vidé de toute force.

— Mais je suppose que je peux transmettre un message au sale gosse, si cela te tient tellement à cœur… continua Lucifer sur un ton tranquille.

La réplique eut l'effet d'une douche froide sur le chasseur.

— Tu ferais ça ? s'exclama-t-il en relevant la tête, estomaqué.

— Quoi que tu en penses, cela ne me plaît pas de te voir misérable, Samuel, continua l'archange, toujours aussi indolent. Alors si cela peut soulager ta conscience et faire taire tes questions incessantes, je ne suis pas contre l'idée de te laisser écrire à notre enfant. Je suis même sûr que cela lui fera plaisir.

Le cœur de Sam fit un bond dans sa gorge, déchiré entre la joie que la perspective d'avoir enfin des nouvelles de son fils d'adoption lui apportait et l'angoisse que la soudaine indulgence de Lucifer laissait présager. Tout dans son attitude désinvolte criait à Sam qu'il s'agissait d'un traquenard.

— Où est l'embrouille ? demanda ce dernier, méfiant. Je suppose que tu n'agis pas par pure bonté d'âme.

Les doigts qui lui effleuraient les lèvres se retirèrent, suivis par un éclair courroucé qui transperça le regard bleuté de l'archange.

— J'aurais pu être tenté de le faire, Samuel, répondit-il en pinçant les lèvres, mais tu viens d'insulter ma générosité en plus de mon intégrité. Comprends bien que je ne me sens pas vraiment d'humeur à – comment disais-tu, tout à l'heure ? « Céder à ton caprice ».

Sam secoua la tête, son soulagement envolé. Il n'avait aucune envie de perdre à nouveau son calme et de se risquer à insulter Lucifer une fois de trop mais la tentation d'enfoncer son poing dans le visage pincé qui le toisait se faisait de plus en plus grande.

— Le contraire m'eut étonné. Quel est ton prix ?

Mais l'ange ne semblait pas décidé à couper court à la conversation. Faisant claquer sa langue contre son palais, il s'écarta de quelques pas et s'assit à moitié sur la table, les jambes arquées dans une position suggestive. Le prisonnier retint un reniflement dégoûté avant de détourner les yeux, son malaise grandissant silencieusement.

— Mon cher, si tu crois que tu vas t'en tirer si facilement, tu te trompes. C'est toi qui es venu me demander une faveur, Sam, c'est à toi de me faire une offre qui vaille la peine que je me penche sur ton cas.

— Tu sais bien que je n'ai rien à offrir que tu ne puisses obtenir par toi-même, rétorqua Sam avec beaucoup moins de mordant qu'il aurait aimé démontrer. Ni possessions, ni connaissances, ni biens – je ne possède rien qui ait de la valeur à tes yeux et vu que je refuse toujours de t'épouser, je n'ai aucune idée de ce qui pourrait présenter un quelconque intérêt pour toi.

Le diable se contenta de lui sourire, visiblement amusé.

— Je crois que tu sous-estimes ta propre valeur, Samuel.

Et il se lécha lascivement les lèvres.

Sam avait l'impression d'avoir avalé une tonne de briques. Son esprit, jusque là bourdonnant sous le coup de l'angoisse et de la frustration, s'était fait brusquement silencieux, comme figé dans l'horreur de l'instant. Il comprenait trop tard le piège que Lucifer avait élaboré pour lui faire regretter son insolence, comprenait trop tard la sinistre revanche déguisée en charité que son bourreau lui avait vendue. Il n'avait que lui-même à blâmer pour avoir cru qu'il pouvait tenir tête au diable et en ressortir indemne.

Voilà ce qui se passe quand on lâche quelqu'un dans la gamelle de Lucifer, avait-il un jour dit à son frère alors qu'il était enfermé dans un hôpital psychiatrique, aux affres de la mort. Quand l'avait-il oublié ? Quand était-il devenu à ce point complaisant ? Inconscient, même ?

Peut-être durant le temps qu'il était resté avec Amélia. Peut-être quand ils avaient retrouvé Maman. Peut-être lorsque Jack s'était blotti dans ses bras lorsqu'il avait surgi au milieu de camp de réfugiés de l'Apocalypse. Peut-être même que cela avait été juste une fois où il s'était retrouvé dans le bunker avec Dean mâchant ses œufs au bacon pendant que Cas lisait tranquillement le journal, une de ses innombrables fois où il avait pensé avec toute l'affection du monde « être à la maison ».

Peu importait, au final. Il n'aurait jamais dû baisser sa garde, encore moins la démolir par sa négligence.

Il en payait le prix aujourd'hui.

— D'accord, finit-il par énoncer d'un ton monocorde. Je marche.

— Et tu marches à quoi exactement, Samuel ? lança Lucifer, les lèvres retroussées en un sourire horriblement hypocrite.

— Je joue ton petit jeu, Lucifer, j'offre mon corps en échange d'un message pour Jack. C'est bien ce que tu voulais, non ?

Le rictus que lui lançait l'ange se transforma en grimace Sam soutint son regard mauvais malgré son envie de baisser les yeux.

— Je te trouve bien présomptueux d'assumer ainsi ce que je désire, Sam.

— Ose prétendre que ce marché n'est pas acceptable et je retirerais ce que je viens de dire, rétorqua le prisonnier, incapable de se forcer à être poli alors qu'il était en train de marchander son propre corps.

Lucifer haussa les épaules avant de glisser au bas de la table blanche, ses mains trouvant nonchalamment refuge dans les poches de son pantalon taillé sur mesure. Il se dandina un instant à la manière d'un enfant indécis, comme s'il faisait mine de réfléchir à la proposition.

Sam n'avait plus d'air dans les poumons. Il avait l'impression que sa tête était sur le point d'exploser, que tout ce qui composait son être était en train de se liquéfier lentement jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'un gant de chair que le diable pourrait manipuler à sa guise, tel un marionnettiste immense et cruel.

Tel le dieu capricieux et égocentré qu'il se voyait devenir.

— Quels sont les termes de ton contrat, exactement ? finit par demander celui-ci, confirmant silencieusement ce que Sam redoutait.

Les paupières du chasseur tombèrent comme un couperet. C'était fini. Plus d'échappatoire possible. Plus de retour en arrière. Il allait s'offrir à l'être qui l'avait torturé des années durant, qui l'avait enfermé à nouveau dans une cage dorée après lui avoir fait subir d'innommables souffrances et qui le harcelait jour et nuit pour qu'il cédât à un odieux chantage sexuel – et il allait le faire avec le sourire, parce qu'il avait un enfant qu'il se devait de protéger du mieux qu'il fallait.

Parce que le bien de Jack prévalait sur tout et tant pis s'il fallait qu'il se prostitue pour l'obtenir.

Il avait connu pire. Il avait vécu pire.

— Une nuit, exhala-t-il finalement. Une nuit pour un message. Cela me semble équitable.

Les doigts glacés revinrent à la charge, se glissant à nouveau dans ses cheveux avant de les agripper pour relever le visage du prisonnier. Les yeux toujours fermement clos, Sam sentit le souffle froid glisser sur son visage, devina les lèvres blafardes qui surplombaient les siennes.

— Et qu'est-ce que je serais autorisé à faire durant cette nuit, au juste ?

On y était le dernier pas avant le précipice. L'abandon le plus total, sans moyen de rétractation, sans carte magique de sortie de prison. La dernière inspiration avant le dernier plongeon.

Sam retint le « non » qui vibrait dans sa gorge et se força à prononcer sa propre sentence, chaque syllabe butant sur sa glotte tremblante.

— Tout ce que tu veux.

Pendant un instant, le silence fut chargé d'un poids insoutenable, brisé uniquement par leurs respirations erratiques. Puis les lèvres froides de l'archange se pressèrent contre celles de son captif, scellant le marché alors que Sam y étouffait un sanglot.

Deal.