6 Août 1960
Le manoir de la famille Black était, comme à l'habitude plongé, dans l'obscurité, les longs couloirs habillés de pierres finement taillées ne laissaient passer aucune chaleur malgré la température estivale qui régnait à l'extérieur. Seule une majestueuse mélodie provenant du grand salon semblait apporter une pointe de chaleur, contrastant avec la lugubre atmosphère. Les notes s'enchaînaient naturellement sans aucune faute. Une petite fille blonde était assise devant un piano et laissait ses doigts fins caresser chaque touche avec une aisance surprenante pour son âge. Malgré sa jeunesse, les traits de son visage étaient d'une dureté glaciale, son maintien était étrangement raide mais une grâce naturelle semblait se dégager de chacun de ses mouvements. La gigantesque porte en bois de chêne où était gravé de nombreux visages difformes s'ouvrit dans un grincement sinistre. Une femme au visage blanchi par une fine particule de poudre, les cheveux d'un clair presque éblouissant tirés en arrière et à l'allure élancé pénétra dans la pièce. La petite fille de cinq ans arrêta immédiatement de jouer et se leva avant de s'incliner dans une parfaite révérence.
« Narcissa où sont vos sœurs ? » Demanda la femme vraisemblablement contrariée.
L'enfant rougit immédiatement et se mordilla nerveusement la lèvre avant de répondre.
« Elles sont sorties à l'extérieur mère…Je leur ai dit qu'elles ne devaient pas mais elles ne m'ont pas écouté. »Souffla t'elle craintive.
Un léger tic de colère passa rapidement sur le visage sévère de Druella Black.
« Continuez ! » Lâcha-t-elle accompagné d'un geste agacé de la main avant de sortir par la porte qui donnait sur le jardin.
« Bellatrix ! Andromeda ! » Aboya t'elle debout sur le perron en pierre.
Au fond du jardin, entre les arbres centenaires, se dessinèrent rapidement deux petites silhouettes et quelques éclats de rire se firent entendre. En moins de trente seconde, deux fillettes semblables à s'y méprendre arrivèrent devant leur mère, essoufflées. Celle qui semblait être la plus jeune, malgré leur ressemblance, s'inclina avec respect, ses cheveux bruns frisés étaient encore impeccablement noués par un ruban vert et argent tandis que sa robe ne semblait avoir souffert que de quelques tâches d'herbe au niveau de l'ourlet. L'autre fillette quant à elle se contenta d'un signe de tête, un sourire espiègle accroché aux lèvres. Des brindilles et des feuilles mortes s'étaient incrustées dans sa chevelure en bataille, sa robe était déchirée et complètement tachée, sa couleur d'origine n'était quasiment plus visible.
Le visage de la maîtresse de maison devint encore plus pâle qu'il ne l'était, le peu de couleur qui faisait ressortir ses pommettes avait complètement disparu.
« Ne vous avais-je pas ordonné de vous exercer au piano ? » Cracha-t-elle de la façon la plus hautaine qui soit.
Andromeda baissa immédiatement la tête, ce qui ne fût pas le cas de sa sœur aînée dont le regard de défiance soutenait celui de sa mère.
« Mais, il faisait si beau… »
La fillette n'eut pas le temps de finir sa phrase que la main de Druella s'écrasa douloureusement sur sa joue. Le choc fût si violent que Bellatrix perdit l'équilibre et tomba lourdement sur le sol. La jeune fille resta immobile, elle sentit les larmes lui monter aux yeux, mais elle lutta avec force pour ne pas les laisser s'échapper.
« Mère ! » Objecta Andromeda avant de s'agenouiller auprès de sa sœur, surprise par ce déferlement de violence.
« Voilà qui t'apprendra à contester mon autorité Bellatrix ! Et regardes toi, tu as vu dans quel état tu es ! Que veux-tu qu'on fasse d'une enfant comme toi ! Par la barbe de Merlin, ton berceau a dû être maudit à ta naissance ! » Vitupéra t'elle sans sourcilier.
Bellatrix se mordit la lèvre inférieur jusqu'à ce qu'une goutte de sang perle pour s'empêcher de répondre une nouvelle fois, elle sentait la haine monter en elle, tous ses muscles semblaient se contracter, ses ongles s'enfonçaient violement dans ses paumes. Soudain un pot de fleur qui se trouvait non loin d'elle commença à trembler dangereusement, lorsque la colère se faufilait dans ses veines, toute la magie qui vivait en elle menaçait de sortir et de blesser quiconque se trouvait sur son chemin. Ne voulant pas complètement craquer devant sa tortionnaire, Bellatrix repoussa sa sœur, se releva et s'enfuit à toute jambe en direction de la forêt.
« Bella ! » Cria sa jeune sœur désespérément.
« Laissez là ! Retournez à votre leçon de piano, je m'occuperais d'elle plus tard ! » Ordonna la maîtresse de maison sans quitter des yeux sa fille qui disparût bientôt dans l'obscurité.
