Poudlard Confidential
*°* titre inspiré du plus grand chef d'œuvre de l'histoire du cinéma, L.A Confidential, que je conseille à tous *°*
Kay Starr - The Wheel of Fortune
Elle est là, encore. Ses deux mains blanches appuyées sur le bord du lavabo, les jointures pâles et une telle force dans les poignets que la céramique pourrait se briser. Devant elle les vitraux laissent passer la lueur écarlate du jour qui meurt.
Il ne sait pas. Mais a-t-il un moment su ? Peut-être finira-t-elle par craquer. Il n'aurait jamais pensé que quelqu'un d'aussi pragmatique puisse être dépassé par des choses aussi futiles.
Pour une amourette.
Une amourette !
Il l'a toujours dit : l'amour perd les gens. Mais jamais personne ne l'écoute, ou bien est-ce lui qui parle trop doucement.
Elle se retourne, et le voit.
Quels beaux yeux ! Gris, comme des perles ou des morceaux de rêve ! Des yeux délavés où l'on s'égare, se noie, s'enivre ! Des yeux devant lesquels on ne peut que désirer.
Il la contemple, mais ne décèle rien. Rien qu'un tout dont tout est à sa portée. Les filles ne sont pas belles : elles ont du charmes ou sont faciles.
A-t-elle du charme ?
Ses yeux. Dans ses yeux chauds se trouve son reflet, et sa bouche vermeille lentement s'entrouvre. Quelques respirations filtrent.
Avec nonchalance, il sort une clope de son sac de cours. Fumer dans Poudlard ? Même pas peur. Les sourcils de la jeune femme se froncent, puis se détendent. Elle hausse les épaules.
- Qu'est-ce que tu fais là, Granger ?
- Ne me fais pas croire que ça t'intéresse.
- Je m'ennuie. Tu sais ce que ça signifie ?
Un frisson.
- Arrête ce petit jeu, Malfoy. Je sais que tu n'y crois pas toi même. Laisse-moi partir, et je ne dirais rien.
Il comble la distance les séparant, saisit sa mâchoire et souffle une bouffée de fumée entre le O de ses lèvres.
- Je ne crois pas, non. Tant que j'apprécierais le fait d'avoir Miss-je-sais-tout à moi, elle le sera. Et puis c'est ça, où je révèle ton précieux secret. Compris ?
Elle grince des dents, il verrouille la porte.
D'un geste leste, il l'attrape par la taille et la hisse sur le rebord de l'évier. Il essaye de l'embrasser, elle détourne la tête. Il n'insiste pas, elle l'esquive toujours. D'une main, il déboutonne le haut de son chemisier et glisse ses doigts sur son sein. Elle ne réagit pas, la tête rejetée en arrière, les yeux fermés et la bouche close.
Pas un seul mot, un seul son.
Jamais.
Il mordille sa gorge, sa main s'aventure sous sa jupe. Pour l'instant, elle est toujours vierge : il se la garde intacte pour un jour où ça ira vraiment mal, et où il aura besoin que quelqu'un soit encore plus mal que lui. Il la caresse un peu, ses doigts rencontrent des endroits interdits.
Elle voudrait arrêter. Elle sait que c'est le début de la fin, mais elle a peur et elle souffre. Elle ne veut pas qu'on sache, alors elle laisse le sorcier faire ce qu'il veut. Toute cette douleur, parce que le seul qui s'intéresse à elle est un homme hautain et mauvais. Elle a tellement attendu que l'autre la voit, et elle est fatiguée. Elle ne veut plus qu'on l'enmerde. Ses yeux s'ouvrent, fixent le plafond : peut-être que si elle le souhaite assez fort, quelqu'un va venir l'aider.
Le Serpentard se détache d'elle, se lave les mains et se recoiffe avec nonchalance. Il lui jette un coup d'œil, elle remet sa jupe en place et referme son chemisier. Il sait qu'elle a envie de tendresse, mais il ne sait pas pourquoi. Il méprise la douceur. Il vient se placer devant elle et pose son front sur sa poitrine. Il entend son cœur s'accélérer, et un sourire méprisant se dessine sur ses lèvres. La main d'Hermione se soulève légèrement, comme si elle voulait venir se poser sur ses cheveux blonds, puis renonce et s'éteint.
Il relève la tête et voit sa bouche. Il veut l'embrasser, maintenant.
La main de Malfoy vient saisir sa mâchoire et avant qu'elle n'ai pu se soustraire, il prend sa lèvre inférieure entre ses dents. Il ne lui fait pas mal, mais elle sent qu'au moindre geste brusque, elle saignera. Elle ne respire plus, ses yeux plongés dans les siens.
Elle saisit à son tour sa mâchoire et tente de l'éloigner d'elle. Voyant qu'il ne réagit pas, elle coince entre ses dents sa lèvre supérieure. Il appuie un peu plus, elle fait de même. Ils jouent un jeu dangereux : le jeu de plus fort.
Il ne sait pas combien de temps elle est capable de rester comme ça, mais lui a rendez-vous avec une pucelle idiote de Poufsouffle et il n'a pas que ça à foutre. Il fait perler le sang, elle se rétracte. Il la relâche, s'éloigne, pince son sein gauche et s'en va.
