Titre : Un avant goût de Paradis
Auteur : satine
Genre : romance/drame
Résumé : Le passé de Sam redevient son présent
Note de l'auteur : Bon cette fic va se découper en 3 chapitres, car sinon y'en a qui vont encore dire que la fic est longue lol ! Par contre je vous préviens se sera du Drame pur et dur à la fin, je m'excuse d'avance mais je ne pouvais pas faire un happy ! Surtout qu'elle est basé sur une chanson qui se nomme « the street of heaven » Si vous pouvez, écoutez là, elle est vraiment belle. J'espère que cette fic vous plaira ! Les flashbacks sont en italique !
Disclamer : Rien n'est à moi, sauf les nouveaux personnages, je ne touche pas d'argent, la MGM n'a aucun lien avec moi (dommage) bref je suis une auteur de fic comme les autres !
Le soleil venait de se lever depuis peu de temps, sur la petite ville tranquille de Colorado Springs. Les rues, paisibles jusqu'alors, venaient de se réveiller et déjà les bruits de moteurs commençaient à s'élever dans l'air.
Devant la base de Cheyenne Mountain, les deux gardes assignés à la sécurité de l'entrée, avaient été relevés par l'équipe de jour. Les premières heures avaient été un peu mouvementées, entre ceux rentrant chez eux et ceux arrivants, autant dire que les deux militaires avaient eu de quoi s'occuper. Mais voilà, tout était redevenu calme ensuite.
Les deux soldats surveillaient les environs de leur cabine. Comme les autres jours, aucune menace particulière, ne semblait se profiler à l'horizon. Mais quelque chose attira l'attention d'un des miliaires, qui le fit remarquer immédiatement à son collègue. Une petite fille venait à leur encontre. Elle ne devait même pas avoir 10 ans, vu la taille qu'elle faisait. D'un pas régulier, elle avançait vers eux. Mais ce qui les surprit le plus, fut de ne pas la voir accompagné d'un adulte. En effet l'enfant était seule et cela ne semblait pas la déranger.
L'un des deux sergents sortit de la cabine. Il put alors la détailler davantage. Son visage était sale, ainsi que ses vêtements. Lorsque la fillette arriva à sa hauteur, elle s'arrêta. Le soldat s'accroupit alors, afin d'être à sa taille. L'enfant ne semblait pas effrayée, mais plutôt curieuse.
-Salut toi ! Salua le militaire.
-Salut
-Comment tu t'appelles ?
-Je veux voir ma maman. Répondit simplement l'enfant.
-Oui j'imagine. Dis moi où elle travaille pour que je puisse l'appeler, afin qu'elle vienne te chercher.
-Elle travaille ici, elle est très belle tu sais.
-Je n'en doute pas. Déclara le soldat en souriant. Tu sais si elle est civile ou militaire ?
Pour toute réponse, l'enfant secoua négativement la tête. Le sergent la rassura en lui disant que cela n'était pas grave, alors que son compagnon téléphonait au général Hammond. La conversation ne dura pas très longtemps, et le militaire raccrocha. Leur supérieur allait venir lui-même voir l'enfant. Cela surpris le deuxième homme, qui était en train de faire entrer la petite dans la cabine, afin qu'elle ne s'échappe pas.
Dans son bureau, le plus haut gradé de la base venait de raccrocher, intrigué par cet appel. D'ordinaire, jamais il ne se serait déplacé pour ce genre de cas, mais il devait avouer que depuis deux bonnes heures, il s'ennuyait ferme. Il avait besoin de se dégourdir un peu, et cet événement tombait vraiment à pique. D'une démarche décidée, il quitta son bureau, en direction des ascenseurs, qui l'emmenèrent à la surface.
D'un pas rapide, il rejoignit l'entrée de la base, où l'un de ses subalternes se présenta lui. Il le salua, alors que le général entrait dans la petite cabine. Le second militaire se mit au garde à vous face à son supérieur, qui le mit au repos. Assise sur le fauteuil, l'enfant s'amusait à tourner. Elle semblait détendue. Mais lorsqu'elle aperçu le nouveau venu, elle se calma et se mit à détailler l'étranger, qui faisait de même de son côté.
Il ne fallut pas longtemps au plus haut gradé pour la reconnaître. Mais comment était-elle arrivée ici ? Qui lui avait apprit où sa mère travaillait ? Comment se faisait-il que personne ne l'accompagnait ? Sans se poser davantage de question, il prit l'enfant en charge. Il remercia les deux militaires, avant d'entrainer la fillette dans les profondeurs de la montagne, sous le regard curieux de l'enfant.
Durant le trajet jusqu'à son bureau, à aucun moment le général ne lâcha sa petite main. Son personnel se retournait à leur passage, mais il s'en fichait, il devait avoir une conversation avec l'enfant, avant de mettre au courant la principale intéressée de sa présence ici. De son côté, la petite fille observait ce nouveau monde l'entourant, avec des yeux émerveillés.
Lorsqu'il atteignit la porte de la salle de briefing, une voix connue l'interpella. Il s'agissait du colonel. Celui-ci, avait finit de taper son dernier rapport de mission. Cela avait été un exploit pour lui, mais son supérieur lui avait donné une bonne motivation. Tant que son rapport ne serait pas sur son bureau, il ne pourrait pas partir en vacance. Il s'était alors plongé tête la première dans son travail. Et il était arrivé à vaincre sa haine de la paperasserie, du moins pendant plusieurs minutes. C'était donc fier de lui que Jack venait apporter le dossier à son supérieur, mais lorsque son regard tomba sur l'enfant, un sourire amusé apparut sur ses lèvres.
-Alors on joue les baby-sitters mon général ?
-Colonel, n'avez-vous pas des rapports à finir ? Demanda-t-il pour changer de discussion.
-Depuis officiellement 5min mon général, je n'en ai plus aucun. Je venais justement vous les apporter. Déclara-t-il en lui donnant les dossiers.
-Bien, vous pourrez quitter la base dans deux heures colonel.
-Mais vous aviez dit que je pourrais partir après vous avoir remis mes rapports en retard.
-Les choses ont changées. En attendant allez me chercher le major Carter, j'aimerais lui parler.
-Et l'enfant ?
-Quoi l'enfant ?
-Qui est-elle ?
-Son nom ne vous servirait à rien !
-Et alors ?
-Allez me chercher le major s'il vous plait colonel.
-Vous savez la base n'est pas le lieu le plus sûr pour elle.
-Colonel …Commença-t-il à perdre patience.
-Carter, je sais ! Répondit-il en s'éclipsant, sous le regard amusé de la fillette.
Face à la scène, la petite n'avait pu retenir un petit rire. Elle ne savait pas qui était cet homme, mais il semblait très drôle. Etant parti, elle se remit à suivre le premier, qui la fit entrer dans ce qui semblait être son bureau. Il n'avait rien d'amusant, tout était bien rangé, il n'y avait aucun jouet, aucune couleur vive….Le général Hammond fit asseoir l'enfant sur le fauteuil en face de son bureau, et rejoignit le sien.
C'est alors que d'un regard curieux, la petite se mit à détailler sans gène, celui qui lui faisait face. Il ne semblait pas méchant, elle se mit à sourire, lorsqu'elle pensa qu'il ressemblait même à un nounours. En tout cas, il était loin de lui faire peur. Après plusieurs secondes, elle se décida enfin à ouvrir la bouche.
-Tu es mon grand père ?
-Non, répondit-il en riant doucement, mais toi tu dois être Sidney !
-Tu connais ma maman ?
-Plutôt bien oui.
-Elle est comment ?
-Tu vas très vite le savoir. Déclara-t-il alors que trois coups étaient frappés à sa porte. Entrez !
Le major Carter apparut alors, un sourire amusé sur les lèvres. En effet lorsque son supérieur était venu la déranger dans ses expériences, il l'avait mis au courant de la nouvelle venue. Heureusement pour elle, que le général l'avait appelé dans son bureau, sans quoi, elle aurait été vraiment curieuse de voir à quoi ressemblait la petite.
-Vous vouliez me voir mon général ?
-Oui, fermez la porte et venez vous asseoir major.
La militaire s'exécuta, sans poser de questions. Elle savait que son supérieur allait y répondre. Elle prit place dans le fauteuil, près de Sidney. Immédiatement, elle sentit les yeux de la petite la scruter sans vergogne, la détaillant autant que possible. Cela l'a mit quelque peu mal à l'aise, elle qui avait horreur d'être dévisagée. Après quelques secondes, le général se décida enfin à prendre la parole.
-Major Carter, voici Sidney. Commença-t-il, mais face à l'incompréhension de son subalterne, il continua. Elle s'est présentée ce matin, aux deux soldats en charge de surveiller l'entrée de la base, demandant à voir sa mère.
-Sans vouloir vous manquer de respect monsieur, en quoi suis-je concernée ?
Le vieux militaire n'eut pas le temps de répondre, que la fillette avait déjà sauté sur ses pieds, venant se planter devant la jeune femme. Son regard était celui de quelqu'un sûr de lui. Néanmoins un tremblement de peur résonna dans sa voix :
-Tu es ma maman ?
A cette question, la scientifique ouvrit de grands yeux ronds, comme si une gifle invisible venait de lui être assénée. Elle était surprise de cette question, mais surtout elle venait de comprendre les paroles de son supérieur. Elle tenta de calmer son cœur qui s'emballait, mais la panique fut plus forte et finit par l'envahir complètement. Dans un geste brusque, le major se leva, faisant reculer l'enfant, et s'enfuit du bureau en courant, sous le regard blessé de Sidney.
Non ça ne pouvait pas être possible, ça ne pouvait pas être ça ! Et pourtant ce regard, ce n'avait-elle pas comprit du premier regard, comment avait-elle pu mettre autant de temps à la reconnaître ? Comment la vie osait-elle jouer avec elle ainsi ? Comment osait-elle rouvrir une blessure, qui n'avait jamais vraiment cicatrisé ?
Manquant soudain d'oxygène, elle prit le chemin des ascenseurs, ayant besoin de prendre l'air. Cette nouvelle l'étouffait, elle avait vraiment l'impression de suffoquer, comme si le poids de son passé était en train de l'écraser. Alors elle redoubla la cadence de son pas, essayant de prendre de l'avance sur ce qui lui faisait mal, tentant par ce moyen de le semer au coin d'un couloir…d'oublier ce regard, d'oublier cette voix, d'oublier ses souvenirs, d'oublier son existence même…Dans sa course, elle ne vit pas le colonel O'Neill arrivé dans l'autre sens. Et c'est sans le remarquer qu'elle le bouscula.
De loin, Jack avait perçu le regard perdu de la jeune femme. Surpris de la voir dans cet état, il s'était arrêté, voulant lui parler. Mais lorsqu'elle l'avait poussé sans le voir, l'inquiétude l'avait gagné. Que lui arrivait-il pour qu'elle soit comme déconnectée de la réalité ? Quelle nouvelle venait-elle d'apprendre ? Il n'en avait aucune idée, tout ce qu'il savait c'est qu'il ne voulait pas la laisser seule à cet instant. C'est donc d'un pas rapide qu'il se mit à la suivre, mais très vite les hauts parleurs l'arrêtèrent.
« Le colonel O'Neill est demandé dans le bureau du général, je répète, le colonel O'neill est demandé dans le bureau du général. »
Dans un soupir, il se détourna d'elle, pour allez répondre à l'appel de son supérieur. Cela lui coutait de laisser son second dans cet état, mais il n'avait pas le choix, il devait répondre à l'ordre du général. C'est donc à contre cœur qu'il prit le chemin de son bureau. Lorsqu'il arriva devant, il trouva la porte ouverte, il entra alors. La petite fille était toujours là, mais son regard azur était rempli de larmes. Cela attendrit le militaire.
-Ah colonel O'Neill ! S'exclama le plus haut gradé en le voyant arriver.
-Je vous suis donc si indispensable que ça mon général ? Plaisanta-t-il, afin de faire retrouver le sourire à l'enfant.
-Il faut croire. Je voulais vous demander de prendre soin de Sidney, pendant que j'irais discuter avec le major.
-Je ne crois pas que Carter est besoin de compagnie pour le moment monsieur.
-Et moi je crois le contraire. Bien emmenez Sidney à l'infirmerie, je me dépêche de revenir avec le major.
Sans laisser le temps à Jack, de répondre quoi que ce soit, le général se leva et quitta la pièce. Son regard inquiet n'était pas passé inaperçu aux yeux de son subalterne. Face aux comportements plus qu'étranges de ses deux collègues, le colonel laissa échapper un soupir. Puis il reporta son attention sur l'enfant, en se grattant la nuque. Celle-ci, la regardait avec tristesse. Devant cette moue, un sourire réconfortant apparut sur le visage du militaire, qui s'approcha d'elle.
-Alors comme ça je dois t'emmener à l'infirmerie !
-J'aime pas les docteurs ! Grimaça Sidney.
-Si cela peut te rassurer, moi non plus je ne les aime pas, surtout quand ils sortent leurs grosses aiguilles pour me faire des piqûres !
-Pourtant ça fait pas mal !
-Serais-tu plus courageuse que moi ?
-Mon autre maman disait que j'étais très courageuse ! Si tu veux je pourrais te tenir la main lors de ta prochaine piqûre ? Se proposa-t-elle avec un petit sourire.
-J'en serais très honoré mademoiselle !
-Tu t'appelles comment ?
-Jack ! Allez viens on va aller voir cette chère dictateur en blouse blanche. Dit-il, faisant rire la fillette. Mais surtout ne lui dit pas que je l'ai appelé comme ça !!
-Croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer ! Promis-t-elle en dessinant une croix sur son cœur.
-Allez viens !
Docilement, Sidney se leva et attrapa la main que lui tendait cet inconnu, et elle le suivit sans rechigner, alors qu'elle ne le connaissait qu'à peine. Ces derniers temps, elle avait appris à reconnaître les gens en qui elle pouvait placer sa confiance, d'un seul coup d'œil. Et elle devait avouer que Jack faisait parti de ces personnes.
Sur le chemin de l'infirmerie, le colonel tenta d'en savoir un peu plus sur l'enfant, mais celle-ci resta muette. Alors il se permit de jouer la carte de l'humour, elle au moins riait à ses blagues. L'enfant intrigua plusieurs militaires. Sidney n'aimait pas être regardée comme une bête de foire, c'est donc soulagée qu'elle passa très vite la porte de l'infirmerie. Janet vint immédiatement à leur rencontre, ayant été mise au courant par le général de la présence de la fillette dans l'enceinte de la base.
A l'extérieur, Sam était assise contre un arbre, loin de l'entrée, afin que personne ne la voit dans cet état. Perdue dans ses pensées, elle ne remarqua pas les larmes coulant sur ses joues.
Tant d'images lui revenaient en tête, tant de disputes résonnaient encore à ses oreilles, tant de douleur serrait toujours son cœur. Elle avait cru pouvoir oublier, et elle devait avouer que jusqu'à aujourd'hui, elle y était arrivée. Mais la vie n'était jamais aussi simple, elle le savait, et son passé avait finit par réapparaître dans son présent…Mais pourquoi aujourd'hui ? Pourquoi venait-on briser l'équilibre qu'elle avait mis sept ans à construire ? Pourquoi venait-on lui rappeler ses erreurs ?
Elle revoyait ses grands yeux bleus la fixant…elle y revoyait l'appréhension de sa réponse…Comment avait-elle pu faire ça ? Comment avait-elle pu baisser les bras aussi facilement? Comment avait-elle pu préférer la souffrance de cet abandon, au bonheur qui lui promettait ce petit être ?
Le bruit d'une brindille craquant la ramena sur terre. De loin, elle vit son supérieur avancer dans sa direction. Du revers de la main, elle essuya ses larmes immédiatement. Elle était militaire, et ce n'était pas au général de supporter ses problèmes, après tout…Arrivé à sa hauteur, le plus haut gradé se permit de s'asseoir près d'elle, sans lui demander. Sam avait voulu se lever, mais d'un signe de la main, il l'avait arrêté dans son mouvement. Ils étaient donc assis, contre l'un des sapins bordant la base de Cheyenne Moutain…seuls. Aucun des deux ne prononça un mot. Ce ne fut que lorsque le silence se fit pesant, que le major se décida à le briser.
-Elle est si grande.
-Elle vous ressemble, vous savez. Fit-il remarquer, en faisant sourire la jeune femme. Je n'ai pas encore appelé l'assistante sociale, mais je vais devoir le faire.
-Je sais. Dit-elle tristement.
-Vous devriez lui donner une chance de connaître sa mère et vous en donner une de la connaître.
-Je ne supporterais pas de devoir l'abandonner une seconde fois.
-Je le sais major. Mais elle a fait beaucoup de chemin pour avoir des réponses, que seule vous détenez…
Sur ces mots, le vieux général se leva et rentra à la base. Il devait la laisser seule, il devait la laisser réfléchir. Il ne savait pas ce qu'elle ressentait, il ne pouvait que l'imaginer. Et même lui, devait avouer que la douleur semblait insupportable. Pourtant il espérait tout de même, qu'elle descende faire connaissance avec l'enfant. Après tout Sidney devait souffrir autant que sa mère, sinon elle n'aurait pas fait la démarche de la retrouver. Mais il lui faisait confiance pour prendre la bonne décision.
-Et voilà jeune-fille ! Tu es très courageuse, tu sais !
-Merci.
-Je n'en dirais pas autant d'un certain colonel. Plaisanta-t-elle.
-Hey ! Fit semblant de s'offenser le militaire, faisant ainsi sourire Sidney.
-Bien, je vous laisse messieurs, je vais faire les analyses.
La doctoresse quitta le petit groupe, retournant dans son bureau, laissant les trois hommes seuls avec l'enfant. En effet Daniel et Teal'c étaient venus voir la petite, après que Walter les ait mis au courant de sa présence dans la base. Au début il n'avait pas voulu y croire, mais un autre soldat leur avait confirmé l'information. Mus par la curiosité, ils s'étaient donc rendus, l'air de rien, dans le bureau du général, malheureusement en vain. Mais après une remarque pertinente de la part du jaffa, les deux compères s'étaient dirigés vers l'infirmerie, feintant de s'être retrouver là par le plus grand des hasards. Mais le colonel n'avait pas été dupe et avait vite compris leur manège. Lorsqu'ils étaient arrivés, Janet était déjà penchée au-dessus de Sidney, lui faisant passer quelques tests.
-Alors qui est-elle ? Demande enfin l'archéologue.
-Elle s'appelle Sidney, et je n'en sais pas plus Dany boy. Déclara Jack, alors que son ami ouvrait la bouche afin de poser une nouvelle question.
-Alors colonel ses examens ? Questionna le général en arrivant.
-Le doc est en train de les faire monsieur. Répondit-il en se levant.
-Bien.
-Qui est-elle mon général ? Réitéra le jeune homme.
-Nous ne sommes sûre de rien pour le moment docteur Jackson. Mais je viens à l'instant d'avoir le feu vert de la part du président, afin d'en prendre soin.
-Combien de temps va-t-elle rester ici ? Demanda le militaire.
-Nous n'avons pas pour le moment de limite. Le président a, pour l'instant, lancé une recherche surs les parents de Sidney, obtenant l'accord de l'assistance social pour nous la laisser durant ce temps.
-Maman est ici ! S'exclama Sidney.
-Qui est-ce Sidney ? Demanda gentiment le colonel.
-Nous en saurons plus dans quelques heures colonel !
-L'enfant ressemble au major Carter. Fit remarquer le jaffa.
-Teal'c a raison ! Appuya Daniel.
A peine venait-il de finir sa phrase, que l'enfant sautait sur ses pieds, surprenant tout le monde. Les quatre hommes suivirent le regard de la fillette, et découvrirent une Carter figée, sur le seuil de l'infirmerie. Elle semblait pétrifiée. Sans un mot Sidney s'avança jusqu'à elle. Sam s'accroupit afin d'être à sa hauteur. Des larmes commençaient à apparaître dans son regard. Elle n'arrivait pas à y croire, cela semblait si irréel.
-Tu es ma maman. Affirma l'enfant après quelques secondes.
Surprenant ses amis, la jeune femme enlaça violement la petite contre elle, laissant échapper quelques larmes. Tant de sentiments contradictoires se bousculaient dans sa tête. Elle était terrifiée, pétrifiée à l'idée d'être à nouveau blessée, de devoir à nouveau l'abandonner. Elle avait peur d'aimer cet enfant qu'elle avait mis tant d'énergie à oublier. La grande Samantha Carter tremblait devant sa fille d'à peine huit ans. Et pourtant elle était heureuse, soulagée de la voir en bonne santé, pleine de vie. Elle avait si souvent rêvé d'elle, essayant d'imaginer sa vie, ses traits…Sam avait simplement peur de n'être que dans un rêve…
Elle ne se sépara de Sidney, que lorsque le raclement de gorge d'un certain archéologue se fit entendre, la ramenant immanquablement sur terre. Tout en desserrant son étreinte, la jeune femme se recomposa un visage, tentant de contrôler ses larmes. Elle savait qu'elle allait avoir droit à un véritable interrogatoire de la part de son équipe et elle comprenait parfaitement leur curiosité.
-Bien si nous allions en salle de débriefing ? Proposa le général.
-Très bonne idée mon général. Déclara son second.
Immédiatement, le groupe se mit en route, parcourant ces couloirs grisâtres. Combien de fois avait-elle marché dans ce labyrinthe glacé, seule…Aujourd'hui elle le parcourait avec l'impression que la solitude n'existait plus. A cet instant, la peur et le bonheur l'accompagnaient. Malgré toute sa volonté, elle n'arriva pas à détacher son regard de l'enfant blond. Comment avait-elle pu vivre sans elle ? Comment avait-elle pu l'oublier, au point de ne pas la reconnaître une fois devant elle ? Même si la dernière fois qu'elle l'avait vu, elle n'avait pas eu plus d'une journée, elle restait sa mère…sa chair et son sang. Elle ne pouvait empêcher sa main d'agripper la sienne, si petite. Ayant l'impression, que si elle desserrait à peine ses doigts, Sidney s'envolerait pour ne plus jamais revenir…
Cette vision attendrit son supérieur, qui accéléra légèrement le pas, afin d'être à la hauteur des deux filles. Si certains ne voyaient que le bonheur irradier les traits de la jeune femme, lui avait vu cette étincelle de peur naître et briller dans son regard, comme une petite flamme sur le point de s'éteindre, mais qui résistait au souffle de ce vent de joie…Il ne connaissait pas les raisons de l'abandon de Sidney, mais il imaginait aisément ce que Sam pouvait ressentir…lui aussi avait perdu un enfant.
-Ca va aller Carter ?
La scientifique releva le regard, surprise de cette question. Mais lorsque son regard azur se perdit dans ses yeux, elle comprit…il savait. Et son inquiétude la toucha énormément. Peut-être que ces dernières années, elle n'avait pas été aussi seule qu'elle l'avait pensé…Dans un faible sourire, et d'une voix enraillée par l'émotion, elle répondit :
-Il va bien falloir.
-Ne vous inquiétez pas, je suis…nous sommes tous là pour vous. La rassura-t-il.
-Merci monsieur.
Les deux militaires se sourirent, partageant un nouveau moment qui n'appartenait qu'à eux. Mais il ne dura guère, car ils franchirent alors le seuil de la salle de débriefing, où ils ne redevinrent qu'un colonel et qu'un major, et plus aucun sentiment de quelque nature que ce soit n'était autorisé. Après tout c'est bien ce qu'on leur enseignait à l'école militaire… Chacun prit place autour de la grande table, en silence. Sam ne lâcha pas pour autant la main de sa fille. Elles se rassuraient mutuellement, par ce simple geste, qui faisait sourire les autres. Tous les regards convergeaient vers elle, attendant qu'elle ne se résigne à parler. Après tout elle leur devait la vérité.
-Je crois que je vous dois une explication.
Prenant une grande inspiration pour se donner du courage, la jeune femme commença sa tirade, trouvant sans surprise, un public attentif à son discours.
-Vous vous souvenez tous que, j'aurais dû vous accompagner sur Abydos, lors de la première mission, mais que je n'avais pas pu à cause d'un empêchement. Rappela-t-elle. Et bien mon empêchement n'était autre que Sidney. A l'époque je venais juste d'apprendre ma grossesse de trois mois. A ce moment là j'étais heureuse j'allais être mère. Malheureusement Jonas était contre. Il ne voulait pas que je la garde…
-Tu ne garderas pas cet enfant Sam ! Dit Jonas d'un ton intransigeant.
-Il est trop tard pour l'avortement. Et même s'il avait été encore temps, je n'aurais pas arrêté cette grossesse. Je sais que tu as peur, mais…
-T'es toi ! Je n'ai pas peur ! Je ne veux simplement pas de cet enfant, qui n'est sûrement pas de moi !
-Quoi ? Demanda-t-elle horrifiée.
-Tu as très bien entendu !
-Comment peux-tu prétendre ne pas être le père ?
-Tu ne garderas pas l'enfant !
-Tu n'as pas ton mot à dire là-dessus !
Pour toute réponse, Jonas gifla violement Sam, la faisant presque tomber à terre. Une main posée sur la joue endolorie, la jeune femme posa un regard haineux sur lui. Elle s'était battue avec des hommes, pour moins que ça, alors pourquoi n'arrivait-elle pas à se défendre ? Qu'est-ce qui la retenait ?
-Tu ne le garderas pas. Répéta-t-il d'une voix calme, qui glaça le sang de sa compagne.
Après un dernier regard de cet homme violent, il attrapa son blouson et sortit, laissant derrière lui, une femme anéantie. Comment pouvait-on passer du bonheur le plus pur au désarroi le plus total ? Elle avait l'impression qu'un vent glacé soufflait, l'enfonçant dans un puits sans fond. Tout son être tremblait…Doucement, elle se laissa tomber sur le canapé, se repassant en boucle la scène dans son esprit. Il y avait forcément quelque chose qu'elle avait fait de travers pour le mettre en colère. Mais elle avait beau chercher, elle ne trouvait aucune réponse. Il ne pouvait pas ne pas vouloir de ce bébé, c'était sa chair et son sang ! Il ne pouvait pas lui demander de l'abandonner, il n'en avait aucun droit !
D'une main tremblante, elle remit en place, une mèche de cheveux, avant d'éclater en sanglots. Non elle ne pouvait pas songer à perdre ce petit être, c'était au dessus de ses forces. Elle qui avait toujours rêvé d'avoir une famille…Non il ne pouvait pas avoir pensé ce qu'il disait ! Elle ne savait plus, elle était perdue. Il fallait qu'elle se change les idées…
Son regard tomba alors sur la lettre du SG-C, l'informant de son désolément de ne pas la voir intégrer le SGC. Une nouvelle fois, elle venait de gâcher une grande opportunité pour quoi ? Des coups, des cris et une douleur qui semblait avoir prit possession de son corps. Tout était de sa faute à lui, pourtant elle savait qu'elle finirait par lui pardonner…comme toujours.
Trois mois plus tard, une lettre arriva au courrier. Mue par la curiosité, elle l'ouvrit. Elle découvrit avec horreur, qu'elle provenait d'une association d'adoption. Si une minute plus tôt elle nageait dans le bonheur, maintenant elle avait l'impression que le monde s'écroulait sous ses pieds. D'après ce qui était écrit, son enfant, sa chair et son sang, allait lui être arraché, son bébé allait être adopté par une autre famille.
Elle et Jonas n'avaient pas reparlé des paroles de l'homme, depuis qu'ils s'étaient disputés. Elle avait vraiment cru, qu'il ne pensait pas ce qu'il avait dit. Alors pourquoi recevait-elle ce courrier ? Qu'est-ce que cela signifiait ? Comme aspirée par un trou noir, elle rentra dans la maison, n'ayant plus du tout conscience, du monde qui l'entourait.
Il était là, assis confortablement, devant la télévision. Il sirotait tranquillement une bière. Il ne la remarqua pas lorsqu'elle entra dans la demeure, il ne vit pas ses larmes lorsqu'elle se planta devant lui, tremblante, et qu'il lui demanda de se pousser sans ménagement, il n'entendit pas les sanglots érailler sa voix, lorsqu'elle lui demanda :
-Qu'est-ce que c'est ?
- Pousse-toi, je ne vois plus la télé !
-Qu'est-ce que c'est ? Hurla-t-elle, lui jetant la feuille à la figure.
-Ce n'est que la solution à notre problème.
-Parce que pour toi, notre enfant est un problème maintenant ?
-Etant donné que nous ne le voulons pas, oui c'est un problème.
-Oh non ! Dit-elle, tentant de se calmer. TU n'en voulais pas…
-De toute manière, tu ne peux plus rien faire, il est trop tard. Les avocats ont bien appuyés sur le fait que cela était irréversible.
-Dehors ! Ordonna-t-elle calmement.
-Sam, chérie…
-Jonas, dehors !! Hurla-t-elle comme une furie, la haine et le désarroi prenant possession de son corps.
Une nouvelle fois, il leva la main et tenta de la frapper, mais cette fois, elle ne se laissa pas faire. Elle intercepta le coup, le bloquant. Une furieuse envie de le gifler s'empara d'elle, mais elle ne fit rien, ne voulant pas ressembler à cet homme. Alors prenant sur elle, elle calma son envie meurtrière. Son regard était rempli de haine et pour la première fois, Jonas eut peur d'elle.
-Va-t-en et ne reviens plus jamais. Lui dit-elle avec un calme déconcertant, avant de lâcher violement sa main et de se diriger vers la porte. Je veux qu'à mon retour tes affaires et toi ayez disparus de ma vie, pour toujours !
Sur ses paroles, elle sortit de la maison. Elle avait besoin de se calmer, de prendre l'air, de conduire sans un but précis. Alors elle enfourcha sa moto, elle savait que la vitesse l'aiderait à lui vider la tête. Elle démarra et disparu au loin, sortant de la ville. Elle s'arrêta une cinquantaine de kilomètre plus loin, aux abords d'une forêt. Tout semblait si calme ici…
Son regard se posa sur la nature l'entourant. Elle tenta de refouler ses larmes, mais en vain, et la jeune femme finit par éclater en sanglots. Comment avait-il pu lui faire ça ? Elle l'avait aimé et elle l'aimait encore, alors pourquoi agissait-il ainsi ? Avait-elle fait quelque chose de mal pour qu'il la punisse ? Elle lui avait pardonné tant de chose, mais cette fois il avait dépassé les bornes, et elle ne pourrait jamais lui pardonné son geste. Elle aimait déjà ce petit être et ne se voyait pas vivre sans lui, ou du moins sans elle. Quelques heures plus tôt, elle avait appris qu'elle attendait une petite fille, elle avait même déjà trouvé le prénom : Sidney. Alors pourquoi devait-elle abandonner tous ses rêves pour un monstre comme Jonas Hansen ?...Non elle devait se battre, elle ne voulait pas perdre son bébé…
-Et qu'avez-vous fait ? Demanda son meilleur ami.
-J'ai appelé des avocats, mais il n'y avait rien à faire, tout était légal, du moins personne ne pouvait prouver que je n'avais pas signé le contrat d'adoption. Jonas connaissait beaucoup de relation, dans le monde de la justice, il savait donc comment l'enfreindre sans pour autant être hors la loi. J'ai donc passé le reste de ma grossesse, à me préparer à abandonner mon bébé. J'ai eu la chance de rencontrer les parents de Sidney, quelques semaines avant l'accouchement.
Seules, assise sur un banc, la future maman attendait tranquillement. Le ciel était bleu, et même si la fraîcheur du matin était encore présente, la chaleur du mois de juin commençait déjà à ce faire sentir. Au loin, le soleil se levait doucement, déposant la douceur de ses rayons, sur ses bras nus. Sam portait une petite robe blanche à motif, s'attachant derrière sa nuque.
Son regard était posé sur la nature environnante, à cette heure-ci, tout respirait encore le calme et la quiétude. Le silence apaisait un peu les battements de son cœur. Mais une douleur sourde et insoutenable, semblait ne pas vouloir s'atténuer. Elle allait la perdre pour toujours. Cela faisait des semaines qu'elle s'y préparait, mais comment pouvait-elle se résoudre à perdre le seul être qu'elle n'avait jamais autant aimé ? Jusqu'à maintenant, tout semblait si loin, si irréel…Mais la rencontre d'aujourd'hui rendait les choses si proches, si palpables, si douloureuses…
La jeune femme dût se mordre la lèvre, pour ne pas fondre en larmes…Foutues hormones ! Non il fallait qu'elle reste forte, qu'elle ne flanche pas, du moins pour quelques heures. Devant eux, elle ferait bonne figure, sourirait même s'il le fallait, mais elle ne leur montrerait pas sa tristesse. Non elle se le refusait ! Elle pouvait remercier l'armée, de l'avoir entrainée à supporter la douleur aussi bien physique que mentale, sans quoi, elle ne savait pas qu'elle bêtise elle aurait déjà commis.
-Vous devez être Samantha ? Demanda une voix féminine, la sortant alors de ses pensées.
Immédiatement, elle passa en mode militaire, ne laissant plus transparaître aucune émotion. Dans un geste mécanique, elle se leva et serra la main du couple lui faisant face, souriant presque. Alors c'était eux…La femme était de taille moyenne. Elle avait de longs cheveux blonds et de magnifiques yeux bleus. Son mari était assez grand, châtain clair et avait un charmant regard noisette. Un enfant d'à peine 5 ans les accompagnait. Sa peau était hâlée, ses cheveux étaient aussi noirs que l'ébène et son regard ressemblait à celui de son père.
Ils semblaient être une bonne famille pour accueillir son bébé…les trois futurs parents s'assirent sur le banc, alors que le petit garçon se dirigeait vers les balançoires, d'en face, après avoir eu l'autorisation de sa mère.
-Je m'appelle Anne, voici mon époux James, et là-bas c'est Jamie. Présenta la jeune femme.
-Enchanté. Mentit la militaire, luttant contre l'envie de fuir.
-Quand est prévu l'accouchement ? Demanda James sans détour.
-James ! Le réprimanda son épouse.
-Excusez-moi.
-Ce n'est rien. Il est prévu fin Août.
-Et savez-vous son…Commença Anne, gênée.
-Sexe ? Oui, c'est une petite fille. D'après les médecins, elle est en excellente santé.
-Bien.
Un silence pesant s'installa, mettant tout le monde mal à l'aise. Heureusement ce fut à ce moment, que choisit Jamie pour arriver. Il attrapa le bras de son père et le tira, l'obligeant à venir jouer avec lui. James ne résista pas longtemps à la supplication de son fils. Il s'excusa, avant de se lever et de partir à la suite du petit garçon. Les deux jeunes femmes les regardèrent jouer quelques instants.
-James à l'air d'être un bon père. Fit remarquer Sam.
-Oui il l'est. Répondit Anne en souriant. Excusez le pour sa question, elle était déplacée, il ne voulait pas vous blesser mais il était très nerveux vous savez.
-Ce n'est rien, je comprends.
-Puis-je vous poser une question Samantha ?
Cette appellation la fit sourire. Seule sa défunte mère l'appelait ainsi.
-Allez-y.
-Pourquoi faîtes-vous adopter votre bébé ? Ce n'est pas que je n'en veuille pas, ou que je veuille vous blesser. Mais vous semblez assez mûre pour vous en occuper et financièrement cela a l'air d'aller, alors…
-C'est compliqué. Répondit-elle les larmes aux yeux. Mais je sais désormais qu'avec vous elle sera heureuse.
-Nous ferons tout pour.
-Merci.
La jeune femme hurla une nouvelle fois dans sa voiture. Le grand jour était arrivé, elle allait accoucher. Les contractions avaient commencées cinq heures plus tôt, et elle avait perdu les eaux, qu'une heure auparavant. Immédiatement elle avait prit sa voiture en direction de l'hôpital. Mais conduire, alors qu'une douleur insoutenable vous assaillait, n'était pas une chose aisée. Heureusement pour elle, elle était enfin arrivée sur le parking de bâtiment hospitalier.
Un infirmier, qui venait de ramener l'un de ses patients sortant à sa famille, fut alerté par les cris. Il se précipita sans perdre de temps, vers le véhicule de la jeune femme. Lorsqu'il vit son état, il comprit ce qu'il se passait. Il l'aida à sortir de la voiture, alors que Sam laissait échapper un nouveau cri de douleur. Les contractions se rapprochaient. Il passa un bras autour de ses hanches, pour la soutenir. La militaire posa son bras autour du cou du jeune homme, et sous la douleur planta ses ongles dans son épaule. Courbés en deux, ils coururent avec difficulté jusqu'à l'entrée de l'hôpital, où on l'installa dans un fauteuil roulant.
Elle était désormais seule, dans cette grande chambre blanche, aseptisée, impersonnelle. Deux bips bien distincts se faisaient entendre, faisant écho au silence l'entourant. James et Anne avaient été prévenus de son accouchement, et ils n'allaient pas tarder à arriver. Mais pour le moment, elle profitait de ses derniers instants avec son bébé. Car pour encore quelques minutes, il était à elle et à personne d'autre. Elle se demandait pour la millième fois, si elle allait avoir ses yeux, ou son sourire. Elle se demandait à quoi elle ressemblerait à ses dix huit ans, après avoir fait les quatre cent coups et décroché son diplôme, à quoi ressembleraient ses propres enfants…Et puis elle se rappela que jamais elle n'assisterait à tout ça, et ce, à cause d'un amour destructeur.
Une infirmière l'interrompit dans ses réflexions, en entrant dans la chambre. Elle s'approcha du monitoring et vérifia l'état de ses deux patientes, qu'elle nota dans son dossier. Vu le sourire qu'elle affichait, cela devait aller. Elle se tourna alors vers la jeune femme, et remarqua son air triste.
-Cela ne devrait plus être long. Si vous avez quelqu'un à appeler, faîtes-le. C'est toujours rassurant d'avoir quelqu'un que l'on aime, auprès de soi, dans ce genre d'épreuve.
Sur ces paroles, la jeune femme sortit de la chambre, laissant la militaire retourner à sa solitude. Elle réfléchit quelques instants aux paroles de l'infirmière, puis attrapa le téléphone. Elle avait raison, elle avait besoin de quelqu'un auprès d'elle. Elle avait besoin de sentir qu'enfin de compte elle n'était pas seule. Elle avait besoin de sentir une main serrait la sienne, lorsque sa fille pousserait ses premiers cris. Elle avait besoin de soutient, mais qui pourrait lui en apporter ? Sans vraiment réfléchir, à la réponse, elle composa un numéro, qu'elle n'avait pas fait depuis longtemps. Elle n'entendit que deux sonneries, avant que son interlocuteur ne décroche.
-Carter ! Fit la voit à l'autre bout de la ligne.
-Papa c'est Sam. Répondit la jeune femme.
-Sam ? Que se passe-t-il ? Des ennuis ?
La scientifique ouvrit la bouche afin de tout lui raconter, mais se ravisa très vite. Elle ne pouvait pas lui dire qu'elle était sur le point d'accoucher et d'abandonner son bébé.
-Non, tout vas va bien. Dit-elle finalement, une pointe de tristesse dans sa voix. J'avais juste envie de te dire bonjour.
-C'est chose faite. Maintenant excuse moi ma chérie, mais du travail m'attend.
- Bien sûr, excuse-moi. Déclara-t-elle, une larme roulant sur sa joue.
-Au revoir. La salua-t-il en raccrochant.
-Bye…Murmura-t-elle au bip du téléphone.
Lentement, elle raccrocha. Non elle ne pouvait pas dire à cet homme, absent de sa vie depuis des années, ce qui se passait. C'était au-dessus de ses forces, elle connaissait déjà sa réaction. Une nouvelle fois, il lui en aurait voulu. Il avait toujours été contre sa relation avec Jonas. Il n'avait jamais été assez bien pour elle. Et même s'il n'avait pas eu tord cette fois-ci, cela avait été de même avec tous ses ex. Elle ne voulait pas l'entendre la juger, lui reprocher une nouvelle fois qu'elle gâchait sa vie. Elle savait que s'il avait appris sa rupture avec le jeune homme et sa grossesse, il n'aurait pas manqué de trouver les mots pour la blesser. Et il l'aurait davantage enfoncée, s'il avait appris l'adoption du bébé. Son père avait toujours été très doué pour rabaisser les autres. Alors non, elle n'avait pas besoin de lui à ses côtés, aujourd'hui, elle se débrouillerait seule…comme toujours.
Les larmes recommencèrent à couler le long de sa joue, venant mourir sur le drap blanc de l'hôpital. Depuis le départ de Jonas…Non bien avant en fait…Depuis des années, elle sentait la solitude peser sur ses épaules. Avec le temps, elle avait appris à vivre avec, comme une amie qui lui restait fidèle, où qu'elle soit. Alors apprendre qu'elle était enceinte, avait été le plus beau moment de toute sa vie. Elle avait enfin eu l'impression d'avoir trouvé un sens à sa vie. Mais l'adoption avait tout gâchée, et elle était retombée dans ce puit sans fond, dans lequel elle était prisonnière, depuis la mort de sa mère…
Trois petits coups, frappés à sa porte, la sortirent de ses pensées, la ramenant à la réalité. Faisant face à Anne et James, Sam se recomposa un visage presque souriant, effaçant ses larmes du revers de sa main. Elle ne pouvait décemment pas leur montrer ses pleurs, même si elle pouvait mettre ça sur le compte des hormones. Le couple s'approcha du lit, un bouquet de fleur à la main.
-Bonjour Samantha. La salua Anne.
-Bonjour.
-Tenez, elles sont pour vous. Déclara le jeune homme, en lui donnant le bouquet, qu'elle posa sur la petite table près d'elle.
-Merci.
-Comment vous sentez-vous ? S'enquit-il.
-Hormis les contractions, cela peut aller. Jamie n'est pas avec vous ?
-Non sa grand-mère le garde.
-Bonjour tout le monde ! S'exclama la sage femme en entrant dans la chambre.
-Bonjour docteur. Salua Anne.
-Mademoiselle Carter, nous allons voir où nous en sommes.
-D'accord.
-Pouvez-vous sortir s'il vous plait ? Demanda-t-elle au couple.
-Bien sûr. Nous ne sommes pas loin Samantha. La rassura la jeune femme, en posant sa main sur la sienne.
-Merci.
Les deux jeunes gens laissèrent la militaire seule avec le médecin. Avant de sortir Anne lui adressa un sourire bienveillant. Durant l'examen, la sage femme tenta de détendre sa patiente, mais cela n'était jamais une chose aisée. La douleur contractait les futures mères en permanence, c'était leur manière de faire face aux contractions. Voyant qu'elle n'obtenait aucune réponse à ses questions, la doctoresse releva la tête, et fut surprise de voir que la jeune femme semblait ailleurs, luttant intérieurement contre ses démons. Broyer du noir lors d'un accouchement n'était jamais bon. Elle entreprit donc de lui changer les idées, la ramenant de force à la réalité en lui parlant. Cela eut l'effet de marcher.
L'examen ne prit pas très longtemps. La sage femme expliqua à sa patiente, ce qui allait se dérouler. Puis elle quitta la chambre. Immédiatement le couple, attendant à l'extérieur se leva, et s'approcha d'elle.
-Alors comment va-t-elle ? S'enquit Anne.
-On va la monter, il n'y en a plus pour longtemps. Elle souhaiterait vous parler. Déclara-t-elle à l'intention de la jeune femme.
Sans attendre, la future mère entra dans la chambre, après avoir lancé un regard d'incompréhension à son mari. Doucement, elle s'approcha du lit, où était allongée la militaire. Elle semblait perdue dans ses pensées. Lorsqu'Anne, s'assit dans le fauteuil, Sam redescendit sur Terre et se tourna vers elle.
-La sage femme m'a dit que vous vouliez me parler.
-J'aimerais que vous soyez présente lors de l'accouchement. Je veux que vous la voyez naître…je ne veux pas être seule là-bas.
-Merci de ce beau cadeau.
-Mademoiselle Carter, nous allons y aller. Leur appris une infirmière en pénétrant dans la chambre.
-D'accord. Anne m'accompagne.
-Très bien, dans ce cas suivez nous madame, nous allons vous donner de quoi vous préparer.
-Merci.
Ses doigts étaient entrelacés aux siens, cherchant un peu de force dans ce contact. La douleur irradiait tout son corps. Elle était épuisée. On lui demandait une nouvelle fois de pousser, mais elle ne pouvait pas, elle ne pouvait plus. Cela faisait des heures que ça durait, et pourtant elle avait l'impression que cela faisait des jours. Quand est-ce que tout cela allait finir ? Elle ne supportait plus la douleur, et avait l'impression de mourir à petit feu.
Anne était présente, ne quittant pas un seul instant son chevet. Elle lui tenait la main fermement. Sam priait pour ne pas lui briser. A cet instant, elle se permit même de penser, qu'elle préférait la douleur d'une balle dans le ventre, que celle de l'accouchement. Comment les femmes pouvaient-elle supporter tout ça ? Et surtout aussi longtemps ?
Une nouvelle fois, la jeune femme se força à pousser, hurlant en même temps. Elle était trempait de sueur et tous ses muscles tremblaient. Les infirmières, continuaient de faire bonnes figures, mais au fond, elles commençaient à s'inquiéter pour la mère et l'enfant. La patiente était vraiment fatiguée et elle ne tiendrait plus très longtemps.
Heureusement à la contraction suivante, l'enfant sorti enfin, libérant ainsi sa mère de tout ça. Celle-ci, se laissa tomber lourdement contre l'oreiller, morte de fatigue. Enfin elle n'avait plus mal. Et même les cris du nouveau-né, lui firent oubliés cette épreuve, la rendant tout simplement heureuse. Sa fille était en vie et semblait être en pleine forme. Dans un drap rose, on apporta l'enfant, qu'on plaça dans les bras d'Anne. Celle-ci posa alors, la petite sur la poitrine de sa mère, qui se mit à pleurer de joie.
Elle était si petite, si fragile…
-J'aimerais que vous lui choisissiez un prénom. Déclara Anne.
-Quoi ?!
-Choisissez son prénom. Réitéra la jeune femme.
-Mais je…
-S'il vous plait.
-Sidney. Dit-elle après quelques secondes. J'ai toujours voulu l'appeler Sidney.
-Alors ça sera Sidney.
-Merci…
Les deux femmes se sourirent avant de reporter leur attention sur leur trésor. Elle semblait si minuscule dans ses bras. Sam la serrait contre son cœur, essayant de la protéger de ce monde, qui pouvait parfois se montrer si cruel. Son regard était posé sur son visage, et des larmes coulaient sur ses joues. La mère et la fille se détaillaient, l'une par curiosité, l'autre pour tenter de graver dans sa mémoire le moindre trait de la petite. Sidney avait ses yeux, bleus comme l'océan tirant sur le gris, ainsi que les cheveux blond. Elle reconnu également le nez de sa défunte mère. A cette pensée, un sourire nostalgique naquit sur ses lèvres. Elle était telle qu'elle l'avait imaginée…parfaite.
Peu de temps après, on ramena la jeune mère dans sa chambre, suivit de près par le berceau de la petite. James vint à leur rencontre, et Anne lui présenta sa fille. Elle tenta de faire ça avec délicatesse, ne voulant pas blesser la militaire. Malheureusement cette présentation, eut l'effet d'un coup de poignard en plein cœur pour la jeune femme. Mais elle n'en montra rien, elle était passé maîtresse dans l'art de la dissimulation, du moins quand les hormones ne venaient pas se mettre au milieu.
Le jeune père, insista pour prendre des photos. Les deux mères se prêtèrent donc au jeu, détendant ainsi l'atmosphère. James en prit une de Sidney, Sam et Anne, puis une où les deux femmes étaient seules, chacune leur tour, avec l'enfant. Cette attention toucha beaucoup la scientifique, qui ne s'attendait pas à tomber sur un couple comme eux. Elle s'était préparé à une adoption rapide et douloureuse, pas à…ça. Elle avait imaginé qu'ils emporteraient le bébé, juste après l'accouchement, sans qu'elle n'ait eut le temps de voir ça petite frimousse. Alors avoir tout ça était inespérait et surtout c'était le plus beau cadeau qu'ils pouvaient lui faire.
-Nous devons partir demain Samantha. Déclara Anne, après quelques heures.
-Je comprends. Dit-elle, cachant sa peine.
-Mais si vous le souhaitez, nous aimerions que vous nous téléphoniez ou que vous passiez régulièrement nous voir.
-Quoi ? Fit-elle, surprise.
-Se n'est pas parce que nous adoptons votre fille, que vous n'êtes plus sa mère. Expliqua Anne, un sourire chaleureux étirant ses lèvres. Vous pourrez la voir autant que vous le voudrez. Et si vous voulez nous pourrons vous présenter la mère de Jamie.
-Je…je ne peux pas accepter.
-Pourquoi ?
-Vous êtes des gens merveilleux, sincèrement je n'aurais pas pu rêver mieux comme famille que vous, mais…
Sam s'interrompit, les larmes l'empêchant de parler.
-Ne voir Sidney qu'en pointillait, serait pire que de ne pas la voir du tout ?
Pour toute réponse, la jeune femme acquiesça.
-Je comprends votre douleur.
-Sachez que si un jour, vous décidez de nous téléphoner, ou de venir nous voir, vous serez la bienvenue. Lui assura James.
-Merci.
-Maintenant il faut vous reposer, et Sidney aussi. Nous repasserons vous saluer demain, avant notre départ.
-D'accord.
A peine venaient-ils de quitter la chambre, que déjà la jeune femme se roulait en bouler, pour éclater en sanglot. Pourquoi n'avait-elle pas accepté leur proposition ? Pourquoi fallait-il que son cerveau décide de ne plus vouloir souffrir ? Elle savait que voir Sidney seulement de temps en temps, serait une blessure constante, mais c'était sa fille bon sang…Elle voulait la voir grandir et devenir cette femme qu'elle imaginait depuis des mois…Mais résisterait-elle longtemps à la douleur des au revoir ? Non bien sûr que non… Elle ne pouvait pas s'infliger ça. Elle ne pouvait pas souffrir éternellement, il fallait qu'elle aille de l'avant, qu'elle passe à autre chose. Et l'adoption, allait l'y aider, car avec ça elle clôturait le chapitre Jonas Hansen, définitivement, espérait-elle. Désormais, elle devait penser à elle, elle devait prendre soin d'elle, se reconstruire, et surtout oublier…
Enfermée dans sa douleur, elle pleura de longues heures durant, refusant le repos que son corps réclamé. Les infirmières, inquiètes, avaient tenté de connaître la raison de ses larmes, de la calmer. Mais elles se heurtèrent à un mur. Alors n'ayant pas d'autre choix pour l'apaiser, elles lui donnèrent un léger sédatif, qui eut l'effet de la faire enfin dormir. Il fallait qu'elle se repose, qu'elle se remette de tout ça.
Le lendemain matin arriva vite. Les rayons du soleil, filtrés par les stores, vinrent se poser sur le visage de la jeune mère, la réveillant doucement. Elle eut d'abord l'impression de nager dans le brouillard, mais avec de la volonté, la jeune femme parvint à ouvrir les yeux, rencontrant brutalement la lumière vive de l'astre solaire. Lui brulant la rétine, elle referma ses paupières. Doucement, elle les rouvrit, s'habituant doucement à la luminosité. Son regard tomba alors sur James et Anne tenant Sidney.
-Nous ne voulions pas vous réveiller, les infirmières nous ont dis que votre nuit avait été longue. S'excusa Anne.
-Quelle heure est-il ? Demanda la militaire, la bouche pâteuse.
-10h45.
-A quelle heure devez vous partir ? Les interrogea-t-elle, tout en se relevant contre son oreiller.
-Notre train est à 12h30. Nous voulions que vous disiez au revoir à Sidney, avant.
-Merci. Dit-elle avec un pauvre sourire.
La jeune femme posa délicatement le bébé, dans les bras de sa mère biologique, avant de sortir avec son mari de la chambre. Un triste sourire se dessina sur les lèvres de Sam, lorsque son regard tomba sur Sidney.
L'heure était arrivée…Elle ne voulait pas se séparer d'elle, mais il le fallait, elle n'avait pas le droit de la garder, de la priver du bonheur qu'allée leur offrir le couple. Silencieusement, des larmes coulèrent le long de ses joues. Pourquoi était-ce si dur ? Pourquoi l'aimait-elle autant, en si peu de temps ? Elle avait beau essayé de se convaincre que Sidney serait plus heureuse avec eux, cela n'atténuait pas sa peine pour autant. Elle avait l'impression qu'on lui arrachait le cœur. Elle ne voulait pas la perdre ! Elle voulait assister à ses premiers mots, à ses premiers pas, à son adolescence difficile, à sa remise de diplôme, elle voulait avoir sa première dispute avec elle, elle voulait partager ses premiers émois, rencontrer son premier petit ami qu'elle oserait lui présenter. Elle voulait la voir devenir femme, puis épouse, et enfin mère à son tour…elle ne voulait pas oublier ses neufs mois, les sensations des coups qu'elle lui avait donnée, les envies subites des plats les plus exotiques qu'elle avait voulu manger…elle ne voulait pas oublié le premier regard qu'elle avait posé sur elle, alors qu'elle réalisait à peine qu'elle venait d'accoucher…elle ne pouvait pas reprendre sa vie comme si de rien n'était…et pourtant il le fallait, elle le savait. Elle ne devait plus se pencher sur le passer, elle devait oublier sa douleur. Dans quelques semaines elle reprendrait son travail au Pentagone, cela l'aiderait à ne plus penser à tout ça…Mais pour l'heure, elle devait dire au revoir à sa fille.
-Adieu petit ange. La salua-t-elle, en lui déposant un baiser sur le haut du crâne, alors que trois petits coups étaient frappés à la porte.
-Et ils ont emmené Sidney. Ils m'avaient bien sûr laissé leur coordonnées, mais je les ai jeté, je voulais oublier définitivement. Finit le major.
-Quelqu'un vous a-t-il soutenu durant cette épreuve major Carter ? Demanda le jaffa.
-Non, mais c'était mon choix Teal'c. Personne de mon entourage proche ne le savait, seul le Pentagone était au courant.
Teal'c semblait surpris de cette réponse, à un juger par la hauteur à laquelle son sourcil venait de monter. Son admiration pour son amie s'accrut face à cette histoire. Elle avait fait face à l'une des épreuves les plus dures à supporter. En signe de respect, il s'inclina, décrochant un pauvre sourire de la part de la jeune femme.
-Vous n'avez jamais était tentée en 8ans, de la rechercher ? S'enquit l'archéologue.
-Non, je me forçais à ne pas penser à tout ça. Avoua-t-elle, en baissant la tête.
Le débriefing dura de longues minutes encore. Daniel, comme à son habitude, posa une tonne de question, ne se rendant pas toujours compte qu'il m'était sa meilleure amie mal à l'aise. Mais malgré sa gêne, elle répondit à chacune de ses interrogations, le plus précisément possible. Après tout, ils étaient sa famille, ils avaient le droit de savoir la vérité. Teal'c souleva, au bout d'un moment, une question qui ne semblait pas avoir traversé l'esprit de l'archéologue. Comment le général était-il au courant de l'existence de Sidney ? Les deux militaires échangèrent un regard, avant que la jeune femme ne se mette à raconter, qu'un soir, le jour de l'anniversaire de Sidney…
…elle était lasse, elle n'en pouvait plus. La semaine avait été éreintante et surtout très étrange. Elle avait porté en elle, un symbiote, elle avait partagé son corps avec une Tok'ra. Elle avait eut l'impression que quelqu'un violait son intimité, et qu'elle ne pouvait même pas résister. Elle l'avait senti fouiller sans vergogne dans les méandres de sa mémoire, assimilant le plus d'information possible sur elle.
Mais le plus étrange, c'était qu'elle ne lui en voulait pas, après tout elle n'avait cherché qu'un moyen de partir de cette planète. Et puis elle s'était sacrifiée pour sa survie. Alors non, elle ne pouvait pas lui en vouloir. Néanmoins, lorsque le symbiote avait sondé son esprit, elle était tombée sur le souvenir de Sidney. Elle l'avait alors senti s'attendrir, et même compatir à sa douleur. Cela avait été un échange étrange, elle avait senti Jolinar, tenté d'apaiser sa blessure…C'était surtout pour ça, que Sam lui en voulait. A cause d'elle, des souvenir qu'elle avait mit un an à enfouir, venaient de réapparaître, ramenant l'horrible sensation de déchirure, qu'elle avait ressenti lors des premières semaines, ayant suivit l'accouchement.
Dans le silence assourdissant, une larme roula sur sa joue, venant s'écraser lourdement sur sa paillasse. Janet lui avait ordonné le repos absolu. Mais elle ne pouvait pas, elle ne devait pas avoir le loisir de penser, elle devait se changer les idées, pour oublier de nouveau, elle devait concentrer son esprit pour ne pas ressombrer dans le trou noir qui recommençait à l'attirer. Pourquoi même après trois ans, cela faisait-il toujours aussi mal ? Pourquoi n'arrivait-elle pas à l'oublier définitivement ? Pourquoi avait-il fallut qu'elle se souvienne qu'aujourd'hui, l'enfant fêtait son anniversaire ?
Doucement, la jeune femme plongea sa main dans l'une de ses poches. Elle en ressortie une photo d'elle et de Sidney que James avait prit et lui avait envoyé. Elle l'avait retrouvé le lendemain de la mort du tok'ra. Sidney semblait si fragile…Comment avait-elle pu l'abandonner ? Comment avait-elle pu l'oublier ? Comment avait-elle pu agir ainsi ?
Dans la solitude de son laboratoire, la scientifique éclata en sanglot, enfouissant son visage dans ses main. Elle se détestait pour son geste égoïste. Elle se détestait pour son comportement. Et pourtant que pouvait-elle faire d'autre ? Elle ne pouvait pas se laisser sombrer, elle devait se protéger, elle devait continuer d'avancer. Elle ne devait plus regarder en arrière…
-Qui est-ce ?
Au son de la voix du général, la militaire sursauta, elle ne l'avait pas entendu entrer. D'un geste rapide, elle essuya les larmes, qui n'était pas passé inaperçues, aux yeux de son supérieur. En effet, il avait eut le temps de l'observer un peu, avant de se manifester. Il avait été attiré par la lumière, filtrant sous la porte. Il avait alors frappé, mais n'ayant obtenu aucune réponse, il avait cru que quelqu'un avait oublié d'éteindre les lumières en partant. Il était donc entré, et s'était retrouvé face à un capitaine totalement effondré. Doucement il s'était approché, et avait aperçu la photo. Oh il savait qui était le bébé, que son subalterne tenait dans ses bras, après tout cela était marqué dans son dossier. Mais il voulait entendre de sa bouche, du moins si elle le souhaitait, son histoire, au lieu de lire un tas de papiers dénué de tout sentiments. Alors il n'avait pu s'empêcher de demander :
-Qui est-ce ?
Sans vraiment y réfléchir, et surtout parce qu'elle savait, qu'il savait déjà la réponse, elle répondit. Après tout elle avait été recrutée au SGC grâce à son dossier et que tous les généraux recevez les dossiers personnels de chaque membre de la base, il était donc forcément au courant de sa grossesse et de l'adoption qui en avait suivit
-Sidney, ma fille.
-Vous sembliez heureuse. Remarqua-t-il.
-Oui, à cet instant je l'étais.
La jeune femme luttait contre les larmes, mais celles-ci semblaient plus fortes que sa volonté, et arrivaient à passer le barrage de ses paupières, roulant sur ses joues, encore mouillées. Le général, ne savait pas comment agir, face à la détresse de l'astrophysicienne.
Durant une grande partie de la nuit, Sam raconta à son supérieur tout l'histoire. Elle fut heureuse de trouver une oreille attentive à son récit. Elle ne savait pas pourquoi elle lui disait tout ça, mais elle n'arrivait pas à s'arrêter. Les mots sortaient les uns après les autres, avec une telle facilité, dégageant ainsi ses épaules d'un poids devenu trop lourd avec le temps. Peut-être arriverait-elle à tourner la page ensuite. Durant toute l'histoire, le plus haut gradé, tenta de partager sa souffrance, mais il ne le pouvait, n'ayant jamais dû abandonner l'un de ses enfants. Mais il pouvait l'imaginer aisément. Et la douleur semblait insupportable, même pour le meilleur des militaires.
Tout au long du récit de son second, le colonel garda le silence. Il était là, assis confortablement dans son fauteuil, les mains jointes, posées sur la table, ne bougeant pas d'un pouce. Cela étonna tout le monde, surtout Daniel, qui pensait qu'il poserait un tas de question. D'ailleurs se dernier, n'en trouvait plus une seule à poser. Ce fut donc sur les dernières paroles de la jeune femme que le général mit fin au débriefing. Il se leva et rejoignit son bureau, où quelques coups fils l'attendaient. L'archéologue de son côté s'approcha de son amie et de sa fille. Mais très vite, ils furent rejoints par Jack.
Il semblait calme, mais cela était pour tromper les apparences. En une seule seconde, la jeune femme remarqua la lueur étrange brillant dans ses yeux. Il était en colère contre elle. Il lui en voulait, de son silence…de n'avoir rien dit sur Sidney, alors qu'elle savait pour Charlie. Il ne pouvait s'empêcher, de lui reprocher d'avoir réussi à oublier…alors que lui avait échoué. Mais il n'y avait pas que ça, un autre éclat dans son regard. Il semblait…soulagé. Il avait enfin trouvé quelqu'un comprenant sa douleur, et pas quelqu'un qui ne pouvait qu'imaginer. Elle savait ce que l'on pouvait ressentir face à la perte d'un enfant…
-Carter je peux vous parler ? Demanda-t-il calmement.
-Bien sûr mais S…
-Dany Boy, vous vous occupez de Sidney !
-Avec joie ! Répondit l'archéologue avec enthousiasme.
-Si nous allions la nettoyer ? Proposa le jaffa.
-Bonne idée. Allez vient ma puce, dit-il en soulevant la petite dans ses bras, on va aller voir ce qui se cache sous ce nuage de terre.
-Mais maman…
-Ne t'inquiète pas, elle ne va pas s'envoler. La rassura-t-il. On va se laver un peu et on revient la chercher pour manger, d'accord ?
-D'accord. Consenti-t-elle, après avoir vu Sam acquiescer doucement.
-Et c'est parti pour un super débarbouillage !
Le jeune homme resserra ses bras autour de la petite, avant de quitter la pièce suivit de près par Teal'c. Sidney regarda sa mère disparaître derrière la porte, avec tristesse, elle venait à peine de la retrouver et on les séparait déjà. Le regard de la fillette brisa le cœur de la militaire.
Etant enfin seul, Jack laissa tomber son masque, il savait que face à elle, il ne servait à rien. La tension monta alors d'un cran. Sam senti le malaise s'emparer d'elle. Elle savait qu'une discussion d'ordre privée, allait avoir lieu, et qu'elle ne pourrait pas y échapper. Et même si elle l'avait pu, elle ne l'aurait sûrement pas fait. Il se sentait trahit, elle le savait.
-Pourquoi ne m'avoir rien dit pour Sidney ?
-Cela ne regardait que moi.
-S'il vous plaît Carter, ne me sortez pas l'excuse de la vie privée ! S'énerva-t-il légèrement. Nous sommes une équipe !
-Et parce que nous sommes une équipe, cela vous donne le droit de connaître mes moindres secrets ? Commença-t-elle à s'emporter, malgré elle.
-J'estime que oui !
-Et bien moi pas !
-Carter, je suis votre supérieur, rien que pour ça vous auriez du me le dire, et puis parce que…je vous ai tout raconté pour Charlie.
-Daniel m'a tout raconté, nuance !! Si nous n'avion pas rencontré cet espèce de double, vous ne m'auriez jamais parlé de votre fils !
La tension entre les deux officiers était palpable. Le major défiait du regard son supérieur. D'où se permettait-il de penser qu'elle devait lui raconter ses secrets les plus enfouis, sous prétexte qu'il était son supérieur, ou un équipier ? Le faisait-il avec elle ? Non, bien sûr que non, le grand Jack O'Neill était bien trop lâche, pour parler de chose privée avec elle. Alors elle n'avait aucun compte à lui rendre.
De son côté le colonel, se rendit compte, qu'elle avait raison. S'il n'avait pas eut ce double tentant de comprendre sa douleur, il ne lui aurait jamais rien dit à propos de Charlie et de sa vie passée. Il était allé trop loin, Sam avait le droit à son jardin secret, comme tout le monde. Dans un soupir, il s'apaisa.
-Vous avez raison. Je ne voulais pas…
-Vous ne vouliez pas quoi ? Le défia-t-elle.
-Je voudrais juste comprendre pourquoi vous ne vouliez pas partager ça avec nous…
-Quand vous dîtes nous, vous pensez à vous surtout, n'est-ce pas ? S'adoucit-elle un peu.
Le militaire grimaça, elle venait une nouvelle fois de le démasquer, avec une simplicité déconcertante. Par cette seule question, ils venaient de passer sur un terrain glissant, qu'il avait toujours voulu éviter. Mais il ne pouvait pas faire marche arrière cette fois, il voulait savoir la vérité.
-Je sais par quoi vous êtes passée. Lui assura-t-il. J'aurais pu peut-être vous…
-Aider ?
-Oui.
-Personne ne pouvait m'aider, monsieur. Lui apprit-elle, en baissant la tête.
-On peut toujours se faire aider Sam.
-Et c'est vous qui dîtes ça ? Ironisa-t-elle.
-Comme quoi, tout le monde peut évoluer. Déclara-t-il, en souriant.
-Je suis désolée de vous avoir blessé, en vous cachant l'existence de Sidney, mais je ne pouvais pas en parler. Je voulais simplement oublier et avancer. Expliqua-t-elle, avec une pointe de tristesse dans la voix.
-Je comprends.
A cet instant, Jack aurait voulu la prendre dans ses bras et partager sa douleur…Mais il ne pouvait pas. Il ne devait manifester aucun signe de tendresse envers elle…pas ici, cela pouvait avoir des répercutions sur eux, sur leur carrière. Car les caméras ne pourraient pas ignorer ce qu'elles filmeraient. Mais d'un autre côté, qui lui reprocherait de vouloir compatir à la souffrance, d'un de ses coéquipiers ? Certes, il s'agissait d'une femme, et que des rumeurs courants sur eux existaient déjà, mais…non, il ne pouvait vraiment pas. Il se contenta alors de lui envoyer un regard lourd de sens, qu'elle comprit. Elle savait tout ce qu'il aurait voulu faire, elle le connaissait si bien. Alors, en signe de reconnaissance, elle le remercia d'un sourire.
-Bien, si nous allions voir où en sont Tic et Tac avec Sidney. Plaisanta-t-il, afin de détendre un peu l'atmosphère.
-Plus tard colonel ! Annonça le général, sur le seuil de son bureau. Major je dois vous parler.
-Le colonel peut entendre la conversation monsieur.
-Comme vous voudrez.
La jeune femme acquiesça et son supérieur lui fit signe de passer la première. Ils pénétrèrent dans le bureau du plus haut gradé de la base, qui ferma la porte derrière eux. Chacun prit place après en avoir eut l'autorisation. Un air grave avait prit place sur le visage du vieux militaire, n'annonçant rien de bon. Cela eut le don d'inquiéter la scientifique.
-Que se passe-t-il monsieur ?
-L'orphelinat qui était en charge de Sidney, vient de m'appeler.
-L'orphelinat ? Fut surprise la jeune femme. Mais James et Anne…
-Sont mort il y a un mois et demi. Leur apprit-il. Leur testament n'a été ouvert que 15 jours après leur décès.
-Oh mon dieu…Et Jamie ?
-Comme selon la dernière volonté de monsieur et madame Whitman, il a été rendu à sa mère biologique, qui a immédiatement lancée une procédure d'adoption.
-Comment se fait-il que Sidney n'est pas eut le même traitement ?
-L'orphelinat de Denver, allait prendre contacte avec le major, lorsque l'enfant s'est échappé, avec un certain Dimitri Lokan. James et Anne Whitman souhaitait vous restituer également votre fille.
-Mais…Dit-elle un peu perdue.
-L'orphelinat va m'envoyer les papiers d'adoption, du moins si vous le souhaitez.
A ce moment là, un bruit attira l'attention de la militaire. Daniel, Teal'c et Sidney entraient dans la salle de briefing. Immédiatement deux regards océan se rencontrèrent. Elle avait toujours voulu garder cette enfant, et aujourd'hui on lui donnait l'occasion de redevenir sa vrai mère, alors pourquoi une part d'elle hésitait-elle ? Pourquoi se demandait-elle si elle pouvait devenir une bonne mère ? Il était vrai, qu'elle n'avait jamais vraiment vécu avec quelqu'un ses neuf dernières année, que le SGC lui prenait beaucoup de temps et que son travail était dangereux, mais il s'agissait de sa fille tout de même, de sa chair et de son sang ! Pourtant même cela ne l'aida pas beaucoup. Après tout elle n'avait aucune expérience des enfants. Et se n'est pas parce qu'elle avait gardé Cassie deux, trois week-end, que ça voulait dire qu'elle pouvait garder un enfant à temps plein et s'en occuper correctement. Dans un soupir, elle baissa la tête, avant de reporter son attention sur son supérieur.
-Je voudrais faire un essaie, avant de me décider.
-D'après l'orphelinat, vous avez 15 jours.
-Merci.
A peine venait-elle de le remercier, que Sidney entrait dans le bureau, ayant échappé aux bras de l'archéologue. Elle courut dans les bras de sa mère. Face à cette vision Jack, n'eut aucun doute, Sam ferait une excellente maman. A leur tour, Daniel et Teal'c arrivèrent, en s'excusant de ne pas être arrivé à tenir plus longtemps l'enfant. Mais le général ne leur en tint pas rigueur. Il comprenait parfaitement que la petite veulent passer le plus de temps possible avec sa mère. Après tout, elle s'était échappé et avait affronté plusieurs jours de marche rien que pour la rencontrer.
De son côté, Sam avait été surprise de sentir Sidney se jeter contre elle. Mais très vite elle s'était mise à l'étreindre, comme un geste parfaitement normale. C'était si bon de pouvoir enfin faire ça. Elle en avait rêvé des millions de fois, il y avait de ça quelques années, avant qu'elle ne finisse par arriver à oublier. Elle lui avait tant manqué…
Les trois hommes d'SG-1, furent touchés de cette scène. Leur amie semblait, pour la première fois, vraiment respirer le bonheur. Ils se réjouissaient tous pour elle. Mais Jack était le plus heureux, il pouvait imaginer aisément ce qu'elle pouvait ressentir, après tout il avait lui aussi perdu un enfant. Le général aussi était content de voir la jeune femme rayonner autant. Néanmoins deux questions travaillaient les deux militaires. Comment Sidney savait-elle que sa mère travaillait ici ? Mais surtout comment avait-elle fait pour s'échapper et arriver ici, en aussi bonne santé ? Jack préféra attendre le bon moment, avant de demander quoi que ce soit. Il ne se sentait pas le cœur et surtout ne voulait pas briser cet instant entre mère et fille, qui semblait avoir cruellement manqué à son second. Toute deux semblaient avoir souffert de l'absence de l'autre. Mais aujourd'hui, tout semblait enfin terminé.
Lorsque la petite se senti enfin apaisée et rassurée, elle lâcha le major, enfouissant sa tête dans son cou.
- Dis-moi Sidney, est-ce que je peux te poser deux questions ? S'enquit le colonel.
Pour toute réponse, la fillette acquiesça.
-Bien. Comment savais-tu que t'a maman travaillait ici, et surtout comment as-tu fait pour venir jusqu'ici ?
L'enfant sauta des genoux de sa mère et se dirigea vers la porte, qu'elle ouvrit. Elle se précipita ensuite, dans la salle de briefing, où elle avait laissé son sac à dos, un peu plus tôt. Elle l'attrapa et revint avec dans le bureau du général. Elle posa son bagage sur les jambes de Sam, et sortie d'une poche, une photo. La scientifique la reconnu immédiatement, il s'agissait de la même qu'elle avait déchiré quelques années plus tôt. Doucement, elle la prit des mains de sa fille, l'observant, comme-ci, elle ne l'avait jamais vu. Jack remarqua quelque chose et lui fit signe de retourner l'image, et c'est ce qu'elle fit. Au dos était inscrit « Samantha Carter, base de Cheyenne Mountain, Colorado Springs. » Cela étonna tout le monde. Comment James et Anne pouvaient-ils savoir où elle travailler, surtout que son affectation ici était confidentielle, comme tout se rapportant à la base.
-Dis moi ma puce, comment tes parents savaient où travaillait ta maman ? Demanda cette fois l'archéologue.
-Maman disait que papa avait ses sources, et qu'on ne doit jamais révéler ses sources. Expliqua-t-elle en haussant les épaules.
-Ton père était journaliste ?
-Oui, pour le journal de Denver. Dit-elle avec tristesse.
-Bien. Maintenant tu veux bien répondre à ma seconde question ? Questionna Jack, en essayant de changer de sujet.
L'enfant consenti à tout expliquer, d'un mouvement de tête. Mais avant elle reprit place sur les genoux de sa mère.
-C'est Dimitri qui m'a aidé.
-Qui est Dimitri ? Questionna le jaffa.
-Un grand. Répondit-elle comme-ci la réponse était évidente.
Cela allait faire une semaine que la petite Sidney avait été amené ici. Tout le monde semblait être très gentil, ils essayaient de prendre soin d'elle, pourtant elle n'arrivait à ce faire à cet endroit. Ici, tout semblait froid, sans couleur. Cela étreignait son cœur d'enfant. Elle avait juste besoin de ses parents…
Elle refusait de parler à qui que se soit et passait ses journées à pleurer sa famille. Ils étaient tous partis, l'abandonnant ici, avec tous ses inconnus. On lui avait expliqué que son père et sa mère étaient morts…mais elle ne voulait pas y croire, elle ne pouvait pas imaginer ne plus jamais revoir ces deux être qu'elle avait toujours aimé. Alors elle préférait se lier à personne, ne voulant pas de nouveau ressentir ce sentiment d'abandon, lorsque son papa viendrait la chercher, pour la ramener chez eux. Mais les jours passaient, et personne ne venait la cherchait…l'avait-on oublié ?
Un matin, alors qu'elle était à la fenêtre, observant les autres jouer à l'extérieur, un garçon s'approcha d'elle. Sans échanger un mot, il vint s'asseoir près d'elle. Se n'était pas parce qu'elle ne discutait pas, qu'elle n'entendait rien. Elle savait donc qui il était. Il s'appelait Dimitri. Il avait 17ans, et était arrivé le même jour qu'elle. Une fois elle avait surpris une conversation, où elle avait appris que sa mère s'était tuée en voiture, comme ses parents, et que personne ne connaissait son père. Lui aussi était tout seul, et ne semblait pas vouloir se mêler aux autres.
Ils gardèrent le silence de longues minutes, puis il le brisa.
-Toi non plus tu n'as pas envie de jouer dehors…
-Non.
-J'avais une petite sœur, elle te ressemblait.
-Où est-elle partie ?
-Elle est partie avec ma mère. Lui apprit-il d'un ton calme.
-Oh. J'avais un grand frère. Déclara-t-elle après quelques secondes.
-Il est mort ?
-Non, sa vraie maman l'a repris avec elle. Tu veux voir la mienne ?
-Bien sûr.
- Attends-moi !
La petite sauta du sofa et monta rapidement l'escalier, menant aux chambres. Elle entra dans la sienne et s'approcha de son lit, avant de glisser une main sous son oreiller. Elle en sortie une photo. Sa mère la tenait dans ses bras, le jour de sa naissance. Elle en avait une autre, où ses deux mères étaient réunies. Mais c'était celle-là qu'elle voulait. C'est donc avec l'image en main, qu'elle redescendit dans le salon, où Dimitri n'avait pas bougé du canapé. Timidement, elle lui tendit le papier glacé, avant de reprendre place, près de lui. De son côté, l'adolescent, détailla les traits fins de la militaire, elle ne lui était pas inconnu. Sidney lui ressemblait beaucoup.
-Elle est vraiment belle.
-Oui.
-Tu sais où elle vit ?
-Papa me l'avait marqué derrière.
Le jeune homme retourna la photo et découvrit l'adresse. Il savait où cette base se trouvait, il avait vécu toute sa vie à Colorado Springs. Personne ne savait se qui se tramait réellement dans cette base, pourtant tout le monde avait appris à vivre avec. Son regard s'attarda sur son nom. Il se mit à sourire, comment ne l'avait-il pas reconnu ? Il vivait dans le même quartier qu'elle. Il se souvenait, que ses voisines en parlaient toujours en bien. Ces mêmes dames, s'étaient amusées à émettre des hypothèses farfelues sur les recherches de la base de Cheyenne Mountain. Celle qui revenait le plus souvent, était les recherches extraterrestres.
« Après tout pour étudier, les satellites, on se met sur la montagne, on ne s'enterre pas dessous, à moins d'avoir des choses à cacher » disait toujours madame Tale. Et lorsqu'elles ne discutaient pas de la base, elle parlait des prétendants possibles de la jeune femme. Pour elles, Samantha avait comme fiancé, un homme d'une dizaine d'année de plus qu'elle. Il avait les cheveux grisonnant et un charme fou, lui avait appris madame Sheridan. Mais malheureusement, il n'avait jamais eut la chance de le voir en personne.
Par contre, il avait déjà rencontré Samantha. La première fois, c'était lors de son installation dans le quartier. Lui, sa petite sœur et sa mère étaient allés lui souhaiter la bienvenue. Elle les avait accueillit avec gentillesse. Il se souvenait qu'une fois, il l'avait croisé au détour d'une rue. Elle venait de faire ses courses, et ses bras étaient très chargés. Il lui avait donc offert son aide, mais elle avait poliment refusé, disant qu'elle avait l'habitude. Elle l'avait tout de même remercié. Elle avait toujours était très gentille avec lui. Et il s'était souvent demander, ce qu'une femme comme elle, pouvait bien trouver à l'armer, pour y rester.
-Ta maman est très gentille tu sais. Lui apprit-il.
-Tu la connais ?
-Un peu…elle habitait dans mon quartier.
-Tu pourras m'emmener la voir ? Demanda-t-elle avec plein d'espoir.
-Je ne sais pas si…
-S'il te plait !! Je ne veux pas rester ici !
-D'accord. Accepta-t-il après quelques secondes.
-Tu promets ?
-Croix d'bois, croix d'fer, si j'mens, j'vais en enfer.
-Merci…
Les jours passèrent tranquillement. Les deux orphelins, continuaient de ne pas se mélanger aux autres, ne comptant que l'un sur l'autre. Ils apprirent à se connaître, et à se faire confiance. Ils avaient du mal à se séparer, comme s'ils avaient été frère et sœur.
Durant toute une semaine, Dimitri réfléchit à son plan d'évasion. Lorsqu'il en trouva un, il tourna son issue dans tous les sens, imaginant toutes les hypothèses, jusqu'à être sûre de sa réussite. Il ne voulait pas embarqué Sidney dans une histoire qui se terminerait mal.
Un soir, de la troisième semaine, l'adolescent quitta son lit vers minuit, vérifiant bien que tout le monde dormait. Sans bruit, il se dirigea vers la chambre de la petite. Il y entra et s'approcha de son petit lit. Tout en faisant attention, de ne pas réveiller Beth et Kaylee, les deux colocataires de la fillette, il se mit à secouer légèrement sa protégée.
-Sid, c'est moi réveille toi ! Chuchota-t-il.
-Dimitri ?
- Oui, réveille-toi.
-Qu'est-ce qui se passe ? Demanda-t-elle d'une voix encore endormie.
-Chut pas si fort ! On va y aller.
-Où ?
-Voir ta mère. Prend seulement un sac à dos et on y va.
-D'accord.
L'enfant sauta du lit, s'habilla rapidement, prépara son sac en faisant le moins de bruit possible, attrapa la photo de sa mère et rejoignit le jeune homme dans le couloir. Le plus silencieusement, ils descendirent et sortirent du bâtiment. Dehors, Skeepy, le chien de l'orphelinat, se dressa immédiatement, prêt à aboyer. Mais l'adolescent avait pensé à tout. Il lui tendit un os, que l'animal se mit à ronger soigneusement, oubliant les deux enfants. Ceux-ci passèrent le portail sans problème, avant de se mettre à courir durant quelques minutes. Puis ils ralentirent, ne faisant que marcher. Lorsque Sidney se sentie fatiguée, Dimitri la porta sur son dos. Il ne voulait pas s'arrêter, voulant mettre le plus de distance possible entre eux et l'orphelinat. Mais lorsqu'il senti le sommeil peser sur ses paupières, il s'arrêta pour trouver une cachette, où ils passèrent la nuit.
Le lendemain arriva vite, et dès les premiers rayons du soleil, les deux compagnons reprirent la route. Dimitri vola deux pommes à un marchand, sur le chemin, et en donna une à la petite fille. Un avis de recherche n'allait pas tardé à être lancé après eux, il ne valait donc mieux pas s'attarder à Denver.
Durant des jours, ils parcoururent le Colorado, s'approchant toujours un peu plus de leur destination finale. Chaque soir, ils arrivaient à trouver un endroit tranquille où passer la nuit. Ils volaient à l'étalage pour se nourrir, et jusqu'à maintenant, ils avaient été chanceux de ne pas avoir était vu par les commerçants. Souvent l'adolescent, avait été tenté de prendre le bus, après tout Sidney n'avait que huit ans, et ils devaient admettre qu'ils étaient tous les deux très fatigué, mais il ne pouvait le faire. C'était trop dangereux, premièrement parce qu'il savait que la police devait sûrement les rechercher, et que surtout quelqu'un aurait finit par les reconnaitre dans l'autocar. Alors ils continuaient de marcher, faisant de nombreuses pauses.
Le chemin pour Colorado Springs n'était pas toujours très sûr. Ils leur arrivaient de tomber parfois sur de mauvaises rencontres, tel qu'une bande de drogués, ou quelques hommes ivres. Mais à chaque fois Dimitri avait réussit à les sortir de ces situations indemnes, mais jusqu'à quand y parviendrait-il ? Après tout, ils ne pourraient pas être chanceux, tout le temps, il le savait. Il espérait juste, pouvoir ramener Sid à sa mère saine et sauve, avant que la chance ne tourne.
Il ne restait plus que dix kilomètres avant d'arriver enfin à destination. Cela faisait des jours, qu'ils marchaient. La petite semblait réellement épuisée. Il savait qu'il aurait pu marcher encore quelques kilomètres, portant Sidney sur son dos, avant que le soleil ne décline. Mais il préféra s'arrêter. Ils étaient arrivés à Manitou Springs, un peu au nord ouest de Colorado Springs. Il s'agissait de la dernière ville avant dix kilomètre de désert.
Les deux compagnons, allèrent s'asseoir un peu au parc, se reposer un peu. Sidney parti jouer sur les balançoires, sous le regard bienveillant de Dimitri. Lorsqu'ils en eurent assez, ils partirent un peu en ville. Ils se baladèrent dans les rues, visitant un peu.
Au loin, une policière remarqua les deux enfants. Leurs traits ne lui étaient pas inconnus. Mais elle n'arrivait pas à se souvenir où est-ce qu'elle les avait déjà vu. Elle chercha quelques instants, avant de laisser tomber, et d'approcher des deux compagnons. En la voyant, Dimitri fit demi-tour, tentant de s'en éloigner le plus discrètement possible, malheureusement la jeune femme fut plus rapide, et se planta devant.
-Bonjour jeunes gens.
-Bonjour. Marmonna l'adolescent. Il y a un problème madame ?
-Il s'agit de ta sœur ?
-Oui, elle s'appelle Sidney. Je viens tout juste de d'aller la chercher à la danse.
-Il est bien ton frère ? Demanda-t-elle à la petite.
-Oui madame.
-D'accord, vous voulez que je vous ramène ?
-Non, non ça ira. Nous connaissons le chemin, mais merci.
-Bien jeune homme.
-Au revoir. Salua l'enfant.
-Au revoir petite puce. Répondit-elle en l'ébouriffant un peu. Allez filez !
Elle laissa partir les deux enfants, retournant à son véhicule. Se ne fut qu'en regardant sur le tableau de bord, qu'elle les reconnu. En effet un avis de recherche avec leur portrait, leur était arrivé la semaine dernière, et depuis, l'affiche restait posé, prenant la poussière dans son véhicule. Immédiatement, elle se retourna prête à leur partir après, mais elle ne vit personne. Elle revint donc sur ses pas, mais une fois encore ne trouva rien. Elle se fustigea intérieurement, avant de courir à sa voiture. Elle attrapa alors sa cibi.
-Allo central, ici l'agent Wyatt, les deux enfants recherchés sont en ville.
-Allo agent Wyatt, ici central, comment avez-vous eut l'information ?
-Je viens de les croiser Jo, ils sont à Manitou Springs !
-Ok Marcy, je préviens tout le monde.
-Merci, terminé.
Caché, au coin d'une rue, l'adolescent entendit l'appelle de la policière. Comment avait-il pu être stupide à ce point. Il baissa la tête, tout en soupirant. Sidney lui demanda alors ce qui se passait. Dimitri, lui expliqua qu'ils ne pourraient pas dormir ici ce soir, se serait trop dangereux. Des policiers étaient à leur recherche, et s'ils les trouvaient, ils retourneraient à l'orphelinat. Mécontente, la petite exprima son envie de continuer sa route.
Sans perdre de temps, ils se remirent à marcher, volant un peu de nourriture sur le chemin, pour le soir. Ils évitèrent soigneusement les grandes avenues, passant par des petites rues, se perdant parfois. Ils arrivèrent à éviter les voitures de police, et sortirent de la ville, la peur au ventre. Ils ne longèrent pas la route, et s'enfoncèrent un peu dans le désert.
Lorsque l'adolescent, fut sûr que personne ne pourrait les voir, ou les trouver, il s'arrêta, la fillette l'imitant. La nuit tomba, peu de temps après. Dimitri se permit de faire un feu, priant pour que personne ne les repère. La nuit était fraîche. Après voir manger, les deux enfants s'allongèrent et observèrent les étoiles. Ils restèrent silencieux de longues minutes, côte à côte.
-Pourquoi tu ne veux pas venir habiter avec moi ? Demanda Sidney.
-On en a déjà parlé Sid. Sam est ta maman, pas la mienne.
-Oui mais je suis sûre qu'elle te prendrait !
-Sid…
-Mais je ne veux pas ne plus te voir !
-La vie est pleine de surprise, nous finirons bien par nous recroiser un jour. Allez dors maintenant, il nous reste encore une journée de marche demain.
La petite fille obtempéra. Elle ferma les yeux et sentit le blouson, de son ami, la recouvrir avant de sombrer dans les méandres du sommeil. Une nouvelle fois, elle dormit profondément, sachant que Dimitri la protégerait. Le jeune homme resta éveillé une bonne partie de la nuit, la peur au ventre. Il guettait chaque bruit, restant sur ses gardes. Il ne voulait pas retourner à Denver, il ne voulait pas manquer à sa promesse…
Le lendemain matin arriva vite. Le jeune homme laissa dormir sa protégée un peu plus longtemps que d'habitude. Ils n'avaient que dix kilomètres à parcourir, et pour le moment ils semblaient en sécurité. Une heure plus tard, l'enfant se réveilla d'elle-même. Ils déjeunèrent avec le peu de provisions qu'il leur restait de la veille, avant de reprendre leur ascension vers Colorado Springs, marchant assez loin de la route.
Durant le trajet, ils se détendirent, ne croisant personne. Ils prirent donc leur temps, s'amusant parfois. Ils ne virent pas les kilomètres passer, trop occupés à profiter l'un de l'autre. Ce fut donc avec surprise, qu'ils arrivèrent à destination, aux alentours de dix-sept heures.
N'ayant pas grand-chose à faire, ils se dirigèrent vers le centre commercial, priant pour ne pas tomber de nouveau sur un policier. Ils firent le tour des boutiques, s'amusant à l'intérieur. Lorsque Dimitri vit un photomaton, il entraina l'enfant à l'intérieur, et grâce à une pièce trouvée dans la journée, ils purent prendre quatre photos. Chacun en garda deux.
Puis ayant fait le tour du centre, ils ressortirent. L'adolescent prit le chemin du cimetière, Sidney sur ses talons. Ils zigzaguèrent entre les pierres tombales. La fillette ne put s'empêcher de trembler, ce lieu était froid et gris…cela la mettait mal à l'aise. Elle agrippa alors plus fermement la main de son ami. Celui-ci s'arrêta devant une tombe. Il garda un peu le silence, avant de se retourner vers l'enfant.
-Sidney, je te présente ma mère.
-Oh.
-Elle t'aurait sûrement adorée ! Je pense même que tu aurais été amie avec ma sœur Dana.
-A quoi elle ressemblait ?
Le jeune homme plongea sa main, dans l'une des poches de son jean. Il en ressortit une photo, qu'il lui tendit. C'était la première fois, qu'il montrait une image de sa mère. Sidney la prit délicatement et regarda la femme souriante, posant à côté de sa fille.
-Ta maman était très belle.
-Tout comme la tienne.
-Tu crois qu'elle m'acceptera ? Lui demanda-t-elle inquiète, en lui rendant la photo, qu'il rangea.
-Il faudrait être fou pour ne pas t'accepter ! La rassura-t-il, en passant un bras autour de ses épaules.
Ils restèrent tête contre tête, quelques instants, tout en gardant le silence.
-Allez viens, je vais te montrer quelque chose.
Les deux enfants, quittèrent le cimetière, retournant en ville. Ils évitèrent les avenues, ne voulant pas rencontrer de policiers en service. L'adolescent donnait l'air de connaître parfaitement les rues. Ils pénétrèrent dans l'une d'entre elles. Ils passèrent devant une vingtaine de maison, avant de s'arrêter devant une. Dimitri expliqua à sa protégée qu'il s'agissait de la maison de Samantha Carter, mais il semblait n'y avoir personne. Cela déçut un peu l'enfant. Puis ils continuèrent leur route, s'arrêtant cinq maisons, plus haut. Ils étaient arrivés chez le jeune homme.
Tout était calme, et au milieu de la pelouse, trônait un panneau « à vendre ». D'un pas guidé par la colère, l'adolescent s'en approcha et d'un geste rageur, il l'arracha. Non on ne pouvait pas vendre SA maison. Face à son comportement, la petite sursauta. Elle ne l'avait jamais vu dans un tel état. Se rendant compte de l'image qu'il donnait, la colère de l'orphelin se calma, baissant la tête et les épaules. Il revint alors vers sa protégée. Puis en silence, ils remontèrent l'allée.
Dimitri arriva à forcer la serrure et les deux compagnons pénétrèrent dans la demeure. Elle était sans vie, silencieuse…froide. Pourtant rien n'avait changé. Les meubles étaient encore à leur place, du moins ceux qui n'avaient pas été vendus, les photos étaient encore accrochées aux murs, et les décorations trônaient toujours à leur emplacement initial. Sidney fit le tour de la maison, découvrant un peu le cadre de vie de son ami.
Par chance, ils trouvèrent de quoi manger. Bien sûr un paquet de chips et de céréales, n'étaient pas un repas très équilibré, mais cela leur suffisait. Ils durent manger à la lumière d'une bougie, car l'eau et l'électricité avaient été coupées. Ils s'installèrent ensuite dans le salon, où ils jouèrent à quelques jeux de société, avant d'aller ce coucher dans le même lit. Ils ne voulaient pas être séparé, pas pour leur dernière nuit ensemble. Sidney pleura un peu, ne comprenant pas pourquoi son ami ne voulait pas rester auprès d'elle. Dimitri la calma alors, la berçant doucement. La fillette finit par s'endormir, épuisée par les larmes et leur journée. Le jeune garçon ne mit pas longtemps à la rejoindre.
Le lendemain matin, ils se réveillèrent très tôt. Le soleil n'était même pas encore levé. Ils déjeunèrent en silence, ne sachant pas trop de quoi discuter. Une fois repus, ils attrapèrent leurs affaires et sortirent dans le garage. L'adolescent y trouva son vélo. Ils le prirent, et se mirent en route, en direction de la base, qui se trouvait à quelques kilomètres, en dehors de la ville. Dimitri pédala pendant plus d'une heure, avant que la montagne ne se dessine devant lui. Ils croisèrent quelques voitures, mais ne s'en formalisèrent pas. Lorsqu'ils atteignirent enfin l'entrée, Sidney sauta au sol, une larme roulant sur sa joue.
-hey bout d'chou ! Souris, tu vas retrouver ta maman.
-J'ai pas envie que tu partes.
-Je sais, mais je dois retrouver mon père. Mais je te promets qu'on se reverra.
-Promis, promis ?
-Croix d'bois, croix d'fer si je mens j'vais en enfer !
Les deux amis s'enlacèrent chaleureusement. Ils avaient vraiment l'impression de faire partis de la même famille. Lorsque Dimitri sentit les larmes lui monter aux yeux, il se sépara de sa petite sœur de cœur. Il lui lança un « Va, et soit heureuse », avant de reprendre la route, ne voulant pas lui montrer sa peine. N'ayant pas d'autre choix, la fillette se mit à marcher en direction de Cheyenne Moutain…
-Tu veux dire que vous avez marché pendant des jours, sans rencontrer de véritable problème ?
-Daniel, ne commencez pas à l'embêter avec vos questions tordues !! Répliqua le colonel.
-Mes questions ne sont pas tordues !
-Si !
-Non !
-Si !
-Non !
-Si !
Ce petit échange fit rire l'enfant, faisant sourire sa mère. Comment avait-elle réussit à se priver de ça durant toutes ses années ?
-Le plus important, n'est-il pas que l'enfant aille bien ? S'interposa le jaffa.
-Et un point pour le grand colosse !
Trois petits coups, frappés à la porte, mirent fin à la conversation. La doctoresse apparut, après que son supérieur lui ait donné l'autorisation d'entrer. Elle apportait avec elle les résultats des tests de Sidney. L'enfant allait très bien, seul un petit problème de nutrition, résultant de son voyage était notable. Mais mis à part ceci, la fillette était en parfaite santé. Cela rassura Sam. Puis ayant d'autres dossiers à étudier, Janet dût repartir à l'infirmerie.
-Bien, compte tenu de la situation, vous avez votre journée SG, en plus de votre semaine de vacance, déjà prévue. Déclara le général.
-Yes ! Ne put s'empêcher de s'exclamer le colonel.
-Merci monsieur. Mais pour Dimitri…
-Ne vous inquiétez pas major, je m'en occupe.
-Merci.
L'équipe et l'enfant se levèrent et quittèrent le bureau de leur supérieur, après l'avoir salué. Etant midi, ils se dirigèrent vers le mess, où tous les regards convergèrent vers eux. Cela mit mal à l'aise la militaire, mais elle ne montra rien. Elle prit la petite main de Sidney dans la sienne et s'avança vers les plateaux. Ils prirent tous de quoi manger, avant de choisir une table dans le fond de la pièce. La petite fille dévora son plateau, n'ayant pas eu de vrai repas depuis longtemps.
-Oh oh, doucement petite puce, on ne va pas te voler ton assiette ! Plaisanta Jack.
-Pardon. S'excusa Sidney en s'enfonçant dans son siège.
-Ce n'est rien ! Alors dis-nous un peu, qu'aimes-tu ?
-Les chiens ! Dit fièrement l'enfant.
-Oh je crois qu'on va devenir copain !
-Comment était ta vie avant ? Demanda alors Daniel.
-J'allais à l'école, et je m'amusais avec mes copains. Je voulais apprendre le cheval, mais maman avait trop peur que je me fasse mal.
Le repas, se passa dans la même ambiance. Les deux hommes posaient quelques questions, auxquelles Sidney se faisait une joie de répondre. De son côté, Sam restait silencieuse, observant sa fille et écoutant tout ce qu'elle avait raté dans sa vie. Cela la rendit triste, elle qui avait toujours rêvé d'être spectatrice de tous ces moment de sa jeune existence, n'en était qu'enfin de compte qu'une auditrice…Mais cela pouvait changer, on lui en donnait l'occasion.
Elle devait avouer qu'elle avait été tentée de répondre oui immédiatement. Mais elle voulait d'abord voir si elle était capable de prendre soin d'elle, pas qu'elle n'en doute, mais elle voulait la rendre heureuse, et son train de vie ne l'y aiderait sûrement pas. Il fallait donc qu'elle essaie, avant de signer quoi que ce soit et de se rendre compte qu'elle rendait malheureuse sa propre fille.
-Alors Jack vous partez dans votre Chalet ? La sortit Daniel de ses pensées.
-Non, faire la route ne me dit rien.
-Auriez-vous attrapé un virus vous faisant délirer O'Neill ? S'inquiéta le jaffa.
-Pas que je sache mon cher Teal'c ! Et puis Carter aura peut-être besoin d'aide pour installer Sidney chez elle.
-Oh je vois, vous voulez jouer le sauveur de ses dames. Fit remarquer malicieusement son meilleur ami.
-Exactement !! Je serais super Jack, et vous serez mes deux fidèles acolytes ! Enfin, si Carter est d'accord !
-Du moment que vous ne portez pas de collant, ça me va ! Rit la jeune femme en imaginant son supérieur dans la tenue de superman.
-Oh moi qui rêvais de porter ma tenue de super héros, c'est raté.
La fin du déjeuner se déroula dans la même ambiance. Puis le colonel souleva un point important. Sam n'avait rien chez elle, pour accueillir Sidney. La jeune femme se mit à paniquer légèrement. Elle ne s'était jamais occupée d'enfant, elle ne savait donc pas quoi acheter. Son supérieur la rassura, en lui disant qu'ils l'accompagneraient tous, après tout ils étaient une équipe soudée…une famille.
Le repas terminé, tout le monde partit se changer dans les vestiaires. Pendant que le major se changeait, la petite lui posa une tonne de question sur la base. Malheureusement sa mère ne put y répondre, n'en ayant pas le droit. Sidney expliqua alors ce que lui avait raconté Dimitri, à propos des hypothèses de ses voisines. Cela fit sourire la scientifique.
Une fois prête, Sam attrapa la main de sa fille, ayant peur qu'elle ne se perde dans le dédale du SGC, et toutes deux partirent en direction des ascenseurs. Une nouvelle fois Jack se permit quelques blagues, faisant ainsi rire Sidney et son second. C'est à ce moment là que les portes du monte charge s'ouvrirent, ils y pénétrèrent, et la cabine commença son ascension vers la surface. Durant la remontée, le militaire s'amusa avec la fillette.
Ils étaient tous si gentils avec elle, alors qu'ils ne la connaissaient pas. Elle s'attachait déjà à eux. Et puis après tout si sa mère les aimait, c'est qu'elle pouvait leur faire confiance sans risque.
Les portes de l'ascenseur finirent par s'ouvrir sur le parking du SGC. Chacun rejoignit son véhicule. Sam se proposa d'emmener le jaffa, qui accepta, Daniel monta avec Jack. Arrivé devant la voiture du major, Teal'c demanda à passer à l'arrière avec l'enfant. La scientifique accepta.
Durant le trajet, Sidney n'arrêta pas de questionner l'extraterrestre, faisant sourire sa mère…elle était maman. Cela faisait des années qu'elle voulait l'être, et elle l'était enfin…Retrouver Sidney était étrange, elle devait bien l'avouer, pourtant elle n'était pas gênée, ou mal à l'aise, comme elle aurait pu l'imaginer. Au contraire, elle se sentait bien, comme-ci sa fille ne l'avait jamais quitté ses huit dernières années. Bon bien sûr, elle ne connaissait rien d'elle et ne savait pas forcément comment s'en occuper, mais elle apprendrait comme toutes les autres mères. Après tout si toutes les femmes pouvaient le faire, pourquoi pas elle. Mais cela l'inquiétait peu pour le moment, ce qui comptait réellement, c'était qu'elle était heureuse de l'avoir enfin auprès d'elle.
-C'est quoi que tu as sur le front ? Demanda l'enfant, en sortant sa mère de ses pensées.
-C'est le signe que porte tous les primas, il montre mon ancienne appartenance à Apophis. Expliqua le jaffa.
-Et il était méchant Apophis ?
-C'était un faux dieu.
-C'est quoi un faux dieu ?
-Un menteur. Déclara sa mère, ne voulant pas que Teal'c en dévoile trop.
-C'est pas bien de mentir ! Et pourquoi tu l'enlèves pas ton signe ?
-Car il est encré dans ma chair.
-Et ça a fait mal ?
-Très.
-Plus qu'une piqûre ?
-Oui.
-Oh ! Grimaça Sidney. Alors pourquoi tu l'as fait faire ?
-On ne m'a pas laissé le choix.
-C'est des méchants !
-En effet.
L'équipe passa l'après-midi dans les magasins, achetant tout le nécessaire au confort l'enfant. Daniel et Jack s'amusèrent dans les rayons, faisant une course avec les chariots. Bien sûr le militaire sortit vainqueur du duel, et fut accueillit par les acclamations de Sidney, sous le regard perplexe du jaffa. Sam se permit de sourire devant l'infantilité de la scène.
SG1 resta des heures dans le centre commercial. Le colonel paya même une glace à tout le monde. L'archéologue entraîna la fillette dans un magasin de jouets. Teal'c se permit de les suivre, afin de garder un œil sur eux. Les deux militaires s'installèrent sur un banc à l'extérieur de la boutique, et discutèrent un peu.
Le reste de l'après-midi se passa dans la même ambiance. Ils avaient tous l'impression d'être une vraie famille. Sam en oublia même, qu'elle avait vécu huit ans sans son enfant. Durant ses quelques heures, plus aucune question sournoise ne vint envahir son esprit, elle profitait simplement du moment, chose qu'elle n'avait pas l'habitude de faire.
Lorsque les boutiques eurent finit de se faire dévaliser, l'équipe décida de manger ensemble. C'est donc tout naturellement qu'ils choisirent d'aller au O 'Malley. Ils s'y rejoignirent, et mangèrent dans la bonne humeur. Jack semblait vraiment bien s'amuser avec Sidney. Une nouvelle fois, il lui démontrait qu'il savait s'y prendre avec les enfants.
Lorsque que l'heure commença à se faire tardive, tout le monde décida de rentrer. Daniel invita le jaffa à dormir chez lui. Ce dernier accepta. Après un dernier au revoir sur le parking du restaurant, chacun prit une route différente.
Chez elle, Samantha voulu installer sa fille dans la chambre d'ami, après y avoir amené toutes les affaires achetées dans l'après-midi, mais la petite la supplia de dormir avec elle. Devant son regard rempli de larmes et apeuré, la scientifique accepta sa requête. Elle comprenait parfaitement son appréhension, et se fustigea même de ne pas y avoir pensé plus tôt.
Après l'avoir rassurée, la jeune mère aida Sidney à se changer, avant de faire pareil. Puis elles allèrent s'allonger dans le lit de la scientifique, la journée ayant été longue et éprouvante émotionnellement. Doucement, l'enfant vint se blottir dans les bras de la jeune femme, avant de s'endormir rapidement, bercée par les battements du cœur de la scientifique.
Sam se permit alors de l'observer à sa guise, se perdant peu à peu dans ses pensées. Elle semblait si calme, si petite… si fragile. Elle avait vécu huit ans sans elle, et à cet instant précis, elle avait su qu'il s'agissait de huit ans de trop. Elle s'était voilée la face, en pensant qu'occulter ce moment de sa vie, l'aiderait à avancer. Car au fond d'elle, elle ne l'avait jamais vraiment oublié, et la blessure de sa perte s'était agrandie avec le temps, l'empêchant de se refaire une vraie vie privée.
Comment avait-elle pu accepter de leur laisser Sidney ? Comment avait-elle pu vivre sans elle ? Elle aurait pu se battre davantage. Mais qu'aurait-elle pu faire de plus ? Il fallait être honnête, elle avait tout tenté et avait une nouvelle fois échouée. Mais cela avait été son dernier échec, celui qui devait lui rappeler sans cesse, que désormais elle devait réussir…
Elle avait bien le nez de sa défunte mère. Dans ses traits, elle reconnaissait également ceux de Jonas, mais elle préférait ne pas y penser…Comment lui expliquerait-elle que son père était un homme mauvais ? Comment pourrait-elle lui dire qu'il était mort, quasiment à cause d'elle ?
C'est sur ses interrogations, que la jeune femme sombra dans les bras de Morphée. La journée qu'elle venait de vivre l'avait épuisé, et elle avait encore quinze jours pour répondre à ses interrogations…
Le lendemain matin, lorsque Sidney ouvrit les yeux, elle se découvrit seule dans la grande chambre de sa mère. Du regard, elle détailla les lieux. Il y avait peu de meubles, juste ce qu'il fallait en vérité. Au mur il n'y avait que deux photos accrochées. L'une représentait SG-1 en tenue civile, et l'autre, en noir et blanc, montrait une famille composée de deux enfants, une fille et un garçon.
Ne voyant toujours pas la jeune femme arriver, la fillette finit par se lever. Elle traversa le couloir, avant de rejoindre la cuisine, ouverte sur le salon. Une odeur de pancake flottait encore dans l'air. Sam était là, sirotant un café, tout en relisant ses dernières notes prisent dans son labo. Lorsqu'elle se rendit compte de la présence de sa fille, elle releva le regard. La petite se tenait bien droite dans le couloir, se dandinant d'un pied à l'autre, tout en se grattant le bras. Cette image fit sourire la scientifique.
-Bonjour. Salua la jeune femme.
-Bonjour.
-Tu as faim ?
-Oui.
-Viens t'asseoir, je t'amène des pancakes.
-Et je pourrais avoir un verre de lait aussi s'il te plait ?
-Je vais voir ce que je peux faire. Déclara Sam sur un ton malicieux.
La jeune femme se leva, alors que sa fille venait s'installer autour du bar. Rapidement elle lui prépara son petit déjeuner, et toutes deux le prirent en silence. Sam ne savait pas trop quel sujet aborder. Après tout, d'ordinaire soit elle parlait de ses dernières découvertes avec son équipe, soit elle était seule et cela réglait la question. Se sentant mal à l'aise, elle se replongea dans sa lecture. De son côté, Sidney était trop occupée à engloutir son assiette, pour tenir une conversation. Lorsque la dernière bouchée fut avalée, la petite demanda :
-Tu vas me garder ?
A cette question la scientifique releva tête, en grimaçant. Comment pouvait-elle lui dire qu'elle n'avait pas encore fait de choix ? Après tout, elle ne l'avait retrouvée qu'hier, il était encore trop tôt pour prendre une vraie décision. Il fallait qu'elle y réfléchisse davantage, qu'elle pèse le pour et le contre. Et non pas qu'elle décide sur un coup de tête. Mais comment lui expliquer ? Elle ne pouvait pas lui mentir. Il fallait simplement qu'elle trouve une façon de lui dire, sans la blesser.
Soudain la sonnette de la porte se fit entendre, coupant court à ses réflexions. Sauvée par le gong, pensa-t-elle. D'un bond elle se leva, et se dirigea vers l'entrée, l'enfant sur les talons. La jeune femme ouvrit la porte, laissant apparaître un colonel souriant.
-Mon colonel ?
-Bonjour Carter, Sidney !
-Que faîtes-vous là ?
-On m'a dit que deux magnifiques demoiselles vivaient ici, je suis simplement venu vérifier. Déclara-t-il.
-Entrez !
La militaire s'écarta de la porte, laissant ainsi son supérieur pénétrer dans la maison. Il s'approcha de Sidney et la souleva dans ses bras.
-Comment va notre chère petite fugueuse ?
-Bien ! Maman m'a fait des pancakes pour le petit déjeuner !
-Je ne vous savais pas cordon bleu Carter.
-Les pancakes sont la seule chose que je sache faire monsieur. Rougit la jeune femme.
-Ils étaient super bon !
-Et tu ne m'en as pas gardé je paris.
-Désolée. S'excusa l'enfant, en grimaçant.
-Ce n'est rien !
-Dis maman, Jack peut passer la journée avec nous ?
-Sid, je ne pense pas que le colonel puisse rester ici toute la journée. Il doit avoir des montagnes de choses à faire.
-Ne vous inquiétez pas Carter, je peux repousser ma sieste programmée cette après-midi. Plaisanta Jack.
-Ouais !!! S'exclama l'enfant.
-Bien que voulez-vous faire ? Demanda sa mère
-Un pique nique !
-Chanceuse, je connais un super lac, où l'on pourrait pique niquer juste à côté, et peut-être pêcher par la même occasion.
-On peut y aller, dis maman ??
-C'est d'accord. Mais avant jeune-fille, il va falloir aller te laver et t'habiller.
-Est-ce que Teal'c et Daniel peuvent venir ?
-Je m'occupe de ça, je suis sûr que Teal'c sera ravi de venir pêcher. Déclara-t-il en posant Sidney. Allez file te préparer !
Sans attendre, la petite partit en courant, disparaissant dans la chambre de sa mère. Son enthousiasme fit sourire les deux adultes. Alors que la scientifique s'approchait de son frigo, Jack passa deux coups de fils, avant de proposer son aide à son subalterne. Ensemble ils préparèrent le repas de midi.
Toute la journée se passa bien. Jack apprit à la petite à pêcher, Daniel s'amusa à lui raconter les légendes antiques, et Teal'c continua de répondre à ses questions. Sidney s'amusa vraiment, ayant l'impression d'avoir retrouver une famille. Le colonel fit d'ailleurs remarquer son bonheur à sa mère. Celle-ci répondit seulement d'un sourire. Elle ne voulait pas penser au passé aujourd'hui. Elle voulait simplement profiter du moment. Après tout, elle avait toutes les nuits pour se torturer l'esprit…Elle ne s'empêcha donc pas de prendre du bon temps avec sa fille et son équipe.
Les jours suivants, la militaire se permit d'agir de la même manière. Mais lorsque la nuit venait, les interrogations se faisaient moins nombreuses, et l'évidence commença à éclairer son esprit. Elle voulait garder son enfant. Bien sûr, ses amis n'étaient pas étrangers à sa décision. Ils l'avaient aidé à prendre conscience qu'elle pouvait être une bonne mère, de plus elle savait que si ça n'allait pas, elle pourrait toujours compter sur eux.
Ce fut donc tout naturellement qu'SG-1 aménagea une chambre pour Sidney dans la maison de Sam. L'enfant avait choisi les couleurs et les trois hommes s'étaient occupés du papier peint et de la peinture. De leur côté, les deux demoiselles avaient veillé à leur confort, leur amenant des sandwichs et des boissons. L'antre de la petite avait été fini en à peine trois jours.
Souvent le soir, le colonel restait chez son second, et s'occupait de Sidney, pendant que la scientifique revoyait quelques rapports. Cassie et Janet étaient venues les voir, et avaient découvert la chambre de l'enfant. La jeune fille avait alors proposé à Sam de garder la fillette lorsque celle-ci serait en mission. La scientifique avait été touchée par cette proposition, et avait accepté. Elle savait qu'entre les mains de l'adolescente, Sidney ne risquerait rien.
Lorsque les vacances touchèrent à leur fin, chacun retourna à la base. Mais le soir Sam, n'y dormait pas. Bien sûr elle passait encore beaucoup trop de temps dans son labo, mais un enfant ne pouvait pas bouleverser ses habitudes du jour au lendemain. Elle faisait donc attention à l'heure mais parfois trop prise dans son travail, elle ne se rendait plus compte du temps passant. C'est donc souvent que Cassie dormait à la maison, étant bien trop tard pour la ramener chez elle.
Le quinzième jour de réflexion arriva bien vite. Sam était penchée au-dessus d'une expérience, lorsque les hauts parleurs du SGC la sommèrent de se présenter au bureau du général. Trop concentrée, elle releva alors la tête surprise, jusqu'à se souvenir du jour que l'on était. Rapidement elle griffonna une note sur l'avance de son travail, avant de quitter son labo. Elle traversa la base et se présenta devant son supérieur. Celui-ci ferma la porte derrière elle et l'invita à s'asseoir. Une fois tous deux installés, le général lui tendit alors une feuille.
-Major vous savez que vous devez me donner une réponse aujourd'hui. D'après la feuille que je viens de vous donner, vous avez encore jusqu'à ce soir minuit pour réfléchir, mais je ne pense pas que cela soit nécessaire.
-Non en effet monsieur. Mon général je demande officiellement l'ouverture d'une procédure d'adoption. Déclara la jeune femme, sûre d'elle.
-Et bien major, dès ce soir vous allez avoir des feuilles à remplir, ainsi que votre entourage.
-Très bien monsieur.
-Vous pouvez retourner à vos expériences major. La congédia-t-il. Je vous ferais parvenir les documents à remplir.
-Merci. Monsieur ?
-Oui ?
-Avez-vous des nouvelles de Dimitri ?
-Dimitri Lokan a été interpelé il y a de ça une semaine. Il a souhaitait intégrer l'école militaire, avoisinant Colorado Springs. Lui apprit-il
-Bien.
La jeune femme se leva, avant de sortir du bureau du général. Celui-ci se plongea immédiatement dans ses dossiers, après avoir appelé Walter. A l'extérieur de la pièce, le colonel était appuyé nonchalamment sur le mur, près de la porte. Lorsqu'il la vit sortir, il se releva et vint à sa rencontre.
-Alors ? Lui demanda-t-il.
-La procédure d'adoption va être lancée.
-Yes ! S'enthousiasma le militaire.
-J'ai tout de même toujours un peu peur de ne pas être une bonne mère, monsieur.
-Toutes les femmes ont cette appréhension Carter. Mais ne vous inquiétez pas, vous serez la meilleure, comme toujours. Et puis vous aurez un superJack et ses fidèles acolytes pour vous aider. Dit-il sur un ton badin pour la faire sourire.
-Merci.
-Allez pour fêter ça, je vous invite au mess !
-C'est gentil, mais j'ai des expériences à finir.
-Tant pis pour vous Carter, vous allez louper une super purée. Plaisanta-t-il. Amusez-vous bien !
-Merci monsieur.
Sur ces paroles, les deux officiers se séparèrent, chacun allant vaquer à ses occupations.
Durant toute l'après-midi, la scientifique dut remplir divers documents. Bien sûr son entourage ne fut pas en reste, chacun devant écrire une lettre de motivation montrant les aptitudes de Sam à élever un enfant. Lorsqu'elle apposa sa signature sur le dernier document, un sourire apparut sur son visage…elle avait terminé.
Son regard tomba alors sur son réacteur à naquadah. Une montagne de travail l'attendait encore. Elle téléphona donc à Cassie, s'excusant de ne pouvoir rentrer le soir, à cause de ses expériences en retard. La jeune fille la rassura, lui disant que veiller dès ce soir sur Sidney, ne lui posait aucun problème. En effet SG-1 avait une mission, le lendemain matin. Néanmoins ne voulant par partir comme ça, elle demanda à parler à sa fille. Lorsqu'elle eut au bout du fil, elle la pria de lui pardonner de ne pas venir lui dire au revoir, mais la fillette malgré sa déception, rassura sa mère. Celle-ci lui fit quelques recommandations sur son séjour chez Janet, après que l'enfant lui ait raconté sa journée. Puis malheureusement, elle dû retourner à son travail.
Durant la nuit, le major eut beaucoup de mal à trouver le sommeil. Après avoir passé, une heure à tourner et à retourner, la jeune femme finit par se lever et quitta sa chambre. Le mess étant fermé à cette heure-ci, elle se dirigea vers la salle de sport. Elle se changea rapidement et s'avança vers le sac de sable. Elle commença à le frapper, après avoir bandé ses mains. Cela lui fit le plus grand bien.
En quinze jours, elle avait accumulé une colère insoupçonnée, qui se déchargeait à présent contre ce sac. Elle était en colère contre elle d'avoir abandonné sa fille, en colère contre Jonas, de la hanter comme il le faisait, en colère contre James et Anne d'être morts, contre Jack de savoir mieux qu'elle ce qu'elle devait faire…Mais surtout elle s'en voulait d'en vouloir autant à tout le monde. Ils essayaient simplement de l'aider…
Lorsque la jeune femme fut vidée, elle s'arrêta, retournant s'asseoir sur le banc. Doucement elle ôta ses bandages et découvrit ses mains ensanglantées. En voyant ça, elle grimaça, elle y était peut-être allée un peu trop fort. Tant pis cela lui avait fait du bien, et puis dans quelques jours, ses blessures auraient disparues.
Alors qu'elle était en train de soigner ses phalanges, Teal'c vint s'asseoir près d'elle. Elle ne semblait pas surprise de le voir. Elle avait senti sa présence plus tôt, alors qu'elle se défoulait contre le sac de sable. Ils restèrent quelques secondes dans le silence le plus complet. L'une continuant à soigner ses blessures, l'autre fixant le mur d'en face.
-La colère est un sentiment tout à fait normal, major. Déclara le jaffa, brisant ainsi le calme de la pièce.
-Je sais Teal'c. Dit-elle, alors que les larmes commençaient à lui brouiller la vue.
-Et cela n'est pas honteux d'accepter de l'aide parfois, de s'appuyer sur ses amis.
La jeune femme acquiesça difficilement, tout en essayant de refouler un sanglot.
-Vous êtes quelqu'un de bien major Carter.
Pour toute réponse, son amie l'enlaça, pleurant silencieusement contre son épaule. Le jaffa l'étreignit alors. Il savait qu'elle avait parfois besoin de ces conversations à demi muettes, que cela l'aidait à reprendre le dessus. Alors quand il l'avait vu frapper avec rage, un peu plus tôt, il avait su qu'elle avait besoin d'entendre certains mots.
Le lendemain matin, l'équipe se rendit de bonne heure en salle de briefing. Sam semblait plus sereine, plus détendue. Mais quelque chose intrigua le colonel. En effet, il remarqua les mains meurtries de son second. Que s'était-il donc passé, pour qu'elle se blesse ainsi ?
Alors que Daniel et Teal'c discutaient d'un artéfact quelconque, en attendant l'arrivée du général, le militaire s'approcha de la jeune femme. Elle semblait plongée dans la lecture…enfin sa relecture de son dossier. Jack s'appuya contre la table, à moitié assis, et croisa les bras sous sa poitrine.
-Qu'est-il donc arrivé à vos mains, Carter ?
-Rien de grave monsieur. Déclara la scientifique en relevant la tête.
-Carter ! La réprimanda-t-il gentiment.
-Je me suis simplement battue avec un sac de sable mon colonel. Expliqua-t-elle, touchée de son inquiétude.
-Oh je vois ! Je parie que vous avez gagné ! Vous gagnez toujours !
Cette dernière phrase eut pour conséquence de faire sourire la militaire. Elle savait que c'est ce qu'il avait cherché à faire. D'ailleurs son air satisfait le lui confirma. Malheureusement leur petit moment, ne dura guère. Le général arriva à cet instant, s'excusant de son retard. SG-1, prit alors place autour de la table, et leur supérieur en fit de même.
-Bien, major c'est à vous.
-Merci mon général.
La jeune femme se leva, et s'avança jusqu'à l'extrémité de la table. Elle attrapa une télécommande, et appuya dessus. Sur l'écran apparut alors plusieurs photos ainsi que quelques relevés scientifiques.
-D'après les relevé de la MALP, P3X945 est une planète au climat tempéré. Des signes de vies ont été repérés à 5km au sud de la porte. Après avoir traité les informations que Brata'c a fourni à Teal'c, nous avons pu découvrir que la planète regorgeait de plusieurs filons de Naquadah encore inexploités. Le goa'uld, ayant gouverné P3X945 a disparu, plusieurs année plutôt. Nos propres réserves de Naquadah étant presque épuisées….
-Vous voulez aller marchander avec les autochtones, afin que nous puissions faire mumuse avec ! Finit le colonel.
-C'est une manière de voir les choses…mais oui c'est ça.
-Nous avons combien de temps mon général ?
-Je vous accorde 72h colonel. Bien vous pouvez y aller. Départ dans 30 minutes.
Le général se leva et retourna dans son bureau. L'équipe phare du SGC, prit alors le chemin des vestiaires. Ils se changèrent rapidement, puis se dirigèrent vers la salle d'embarquement, où leur supérieur les attendait déjà. L'imposante porte se mit alors à tourner, enclenchant les sept les uns après les autres. Soudain la grande flaque bleue apparut dans un bruit assourdissant.
-Vous êtes prêt colonel ? S'enquit son supérieur.
-Vous savez mon général on ne va faire que discuter autour d'un bon repas. Avec un peu de chance, on nous proposera une fille pour la nuit…Et un homme bien entendu pour Carter. Rajouta-t-il devant le regard noir de la jeune femme….Ou pas.
-Bonne chance SG1. Déclara le vieux militaire, en souriant.
-Allez en route tout le monde, une bonne boisson locale nous attend !
Sam et Daniel levèrent les yeux, tout en lâchant un soupir exaspéré par le comportement des plus juvéniles de leur ami. Jack était un vrai gamin. Teal'c se contenta de lever son habituel sourcil. Puis dans cette ambiance bon enfant, l'équipe passa la porte.
De l'autre côté, une planète semblable à la terre les attendait. La porte était installée aux abords d'une clairière. Une rivière coulait, non loin de là. De l'autre côté de celle-ci, une forêt prenait place. Face à SG1, la pleine résultait sur un petit chemin de terre.
Le colonel fit semblant d'être déçu de ne voir personne présent pour les accueillir. Son second lui rappela alors que la population n'était pas au courant de leur venue. Rapidement, elle fit un état des lieux. Tout semblait correspondre avec les données que la MALP avait envoyées au SGC la veille. L'équipe s'avança donc jusqu'au chemin en terre, qui semblait mener au village que l'engin avait repéré.
Sur la route, Daniel repéra une sorte d'autel indou. Immédiatement, il s'en approcha. Voyant, une écriture inconnue, il insista pour l'étudier quelques minutes. Devant l'insistance de l'archéologue, mais surtout face à l'appui de la jeune femme, Jack finit par accepter. Les deux militaires s'installèrent à même le sol, alors que le jaffa scrutait l'horizon.
-Carter vous pensez vraiment que le petit scarabée peut faire une découverte importante, sur ce bout de pierre ? Demanda-t-il plusieurs minutes plus tard.
-Nous verrons bien. Répondit-elle, un sourire sur les lèvres.
-Quoi ? Il y a à peine deux minutes, vous en étiez convaincue !
-La science est imprévisible monsieur. Dit-elle avec malice.
-Face à la science, vous savez que je déclare forfait ! Plaisanta-t-il. Comment va Sidney ?
-Elle va très bien. Elle s'acclimate très bien à Colorado Springs et à sa nouvelle école. La semaine dernière, elle était impatiente d'y retourner.
-Elle vous manque, pas vrai ?
-Je…
-Ne soyez pas gênée Carter. C'est une réaction normale.
-Avouez que c'est tout de même étrange…Il y a plus de deux semaines, j'en avais oublié son existence, et aujourd'hui je m'inquiète pour elle. Expliqua-t-elle face à son incompréhension.
-C'est la magie d'être mère. La rassura-t-il.
La jeune femme acquiesça. Il avait le don de trouver toujours les mots qu'il fallait. De son côté, le militaire avait besoin de se dégourdir un peu les jambes. Il se leva donc et vint voir Teal'c. N'ayant rien à signaler d'anormal, il alla voir son meilleur ami. Celui-ci se lança alors dans une explication dès plus enthousiaste, qui n'intéressait que lui. Dans un soupir d'ennui, Jack revint s'asseoir près de son major. Il remarqua alors qu'elle semblait pâle, plus fatiguée. Cela l'inquiéta.
-Carter ?
-Oui ? Demanda-t-elle d'une voix pâteuse.
-Vous allez bien ?
-Pour être franche monsieur, je ne me sens pas très bien…
Soudain la jeune femme perdit connaissance.
A suivre….
