Et oui, encore une nouvelle histoire. Toujours Chair, bien entendu !
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N'hésitez pas à me laisser vos impressions. Vous savez comme je les aime.
Il ferma les yeux un instant, aveuglé par la lumière du soleil levant. La terrasse était calme ce matin. Seules quelques mouettes criaient au loin à la recherche de carcasses de crabe que la marée avait abandonnées sur le sable en se retirant.
A peine ses paupières furent-elles closes que son image s'imposa à son esprit.
Son cœur s'était arrêté à l'instant même où il avait reconnu sa voix qui demandait si la place était libre. Il avait tourné la tête dans un réflexe et son cœur avait repris sa course comme des milliers de chevaux sauvages lancés au galop.
L'espace d'une seconde, il avait cru à une hallucination. Que ferait-elle là ? Dans ce casino de Monaco où ils s'étaient retrouvés avec Jack pour tenter de récolter la somme nécessaire à leur projet commun.
Elle avait fait son chemin et s'était tout naturellement installée à la place que son oncle lui avait cédée avec une connivence déconcertante. Depuis quand ces deux-là s'entendaient-ils ?
« Merci pour l'appel » avait-elle murmuré d'une voix emplie de reconnaissance. Et les mots qu'elle avait prononcés ensuite résonnaient à présent dans sa tête et dans son cœur.
« Je suis venu me battre pour toi »
« Tu as dit que je pariais toujours contre toi, cette fois, je mise tout sur toi »
Son cœur s'était serré si fort qu'il avait eu l'impression qu'il allait imploser.
Mais pourquoi ne pouvait-il pas tout simplement cesser de l'aimer ? Pourquoi fallait-il qu'elle soit si belle ? Si intelligente ? Si intrigante ? Si sexy ? Si… tout ce qu'il pourrait jamais rêver chez une femme !
Elle était la perfection même et elle l'utilisait à son avantage pour se jouer de lui et le prendre dans ses filets à chaque fois. Il était incapable de résister à son attraction.
Et même s'il s'en était bien tiré hier soir, il savait qu'elle reviendrait à la charge et qu'elle ferait tout ce qu'il fallait pour le faire succomber à son chant de sirène.
Il inspira à pleins poumons et l'air chargé d'embruns qui entra dans sa cage thoracique lui fit tourner la tête un instant. Il ferma les paupières plus fortement et secoua sa tête pour tenter de la chasser de ses pensées.
Cette fois, il devait trouver un moyen de se soustraire à son charme. Il ne pouvait pas se permettre de laisser ses sentiments pour Blair prendre le dessus. Il voulait récupérer ce que son père lui avait pris et lui faire voir qu'il n'était pas aussi incapable qu'il n'avait jamais cessé de le lui répéter. Qu'il n'était plus le petit garçon que Bart jugeait faible et inconstant. Il était devenu un homme et il ne permettrait plus à quiconque, et surtout pas à son paternel, de douter de sa puissance et de sa détermination.
- Je ne pensais pas te voir ici, ce matin !
La voix de Jack le tira de son introspection.
Chuck leva les yeux et s'aperçut qu'il était vraiment étonné de le trouver là.
- On devait se retrouver ici à neuf heure, non ? Et je constate que tu es en retard de presque une demi-heure. Si prendre ta revanche sur mon père ne t'intéresse pas, autant le dire tout de suite. Ça m'évitera de perdre mon temps avec toi !
- J'en déduis que la nuit ne s'est pas terminée comme je me le suis imaginé !
Chuck lui jeta un regard assassin et dégoûté.
- Je ne sais pas à quoi tu t'attendais en la faisant venir, ni même comment tu t'y es pris pour la convaincre, grimaça le jeune homme à la pensée que Blair ait un contact quelconque avec son oncle, mais ce qui est certain, c'est que c'était une mauvaise idée.
Jack afficha un petit sourire goguenard à la remarque glaciale de son neveu.
- Vraiment ? Tu as pourtant accepté de continuer la partie et on a gagné un beau pactole grâce à la mise qu'elle a rajoutée.
Le jeune homme sentit son estomac se nouer aux souvenirs de Blair assise à ses côtés la veille. Il réprima un haut le cœur à l'idée de l'arrangement qu'elle avait dû passer avec ce serpent venimeux, il préférait ne pas savoir en quoi exactement consistait leur accord.
- Qu'est-ce que je pouvais faire d'autre ? Vous ne m'avez pas vraiment laissé le choix, dit-il d'une voix qu'il voulait dénuée de toute émotion.
- Encore une dizaine de millions et on pourra commencer à avancer nos pions. J'ai pris la liberté d'arranger un petit rendez-vous officieux avec Steinbeck, qui devrait porter ses fruits, à condition bien entendu qu'on sache lui démontrer quels sont ses intérêts dans cette guerre.
C'était une chose étrange que de faire équipe avec son oncle alors qu'ils avaient été ennemis plus souvent qu'à leur tour. Mais après tout ce n'était pas la première fois et Chuck savait reconnaître les points forts de ce dernier pour en avoir fait les frais.
D'aucun n'avait son pareil pour monter des plans vicieux et machiavéliques. Il était bien placé pour savoir que le cadet de son père ne reculait devant rien quand il s'agissait d'atteindre le pouvoir et « l'ennemi de mon ennemi n'est-il pas mon ami ? » comme le dit si bien l'adage.
Aujourd'hui leur ennemi commun c'était son père. Jamais il n'aurait pu imaginer se retrouver dans pareille position.
Il avait enfin cru qu'il aurait le droit de souffler un peu, que la vie avait fini de lui en faire baver, mais visiblement c'était loin d'être le cas. Il était tourmenté depuis aussi longtemps que remontait ses souvenirs d'enfant. Il avait grandi avec la culpabilité d'avoir tué sa propre mère, puis avait dû se rendre à l'évidence que son cœur n'était pas aussi sec qu'il avait toujours voulu s'en persuader, avant de perdre le seul repère qu'il ait jamais eu.
Quand il l'avait vu dans cette pièce et découvert que Bart ne projetait nullement de reprendre sa place de père, pour les protéger Lily et lui, son cœur s'était gonflé d'un sentiment inconnu jusque-là. Bart Bass aimait donc vraiment son fils ? Il avait accepté de renoncer à tout pour lui éviter d'être en danger et il était revenu uniquement pour lui sauver la vie. Jamais il n'aurait imaginé que son père puisse faire de tels gestes d'affection à son propos.
Mais les choses avaient vite tourné court. Au lieu du scénario de retrouvailles familiales que Chuck s'était imaginé, il avait réussi en moins d'une semaine à détruire le peu d'estime que son père avait eu l'air de lui accorder. Il avait pourtant vraiment eu l'impression que cette fois, ils pourraient enfin avoir une relation forte et qu'ils pourraient bâtir de grandes choses ensemble.
Chuck avait fait du mieux qu'il pouvait pour faire prospérer l'héritage que son père lui avait laissé à sa « mort ». Il s'était investi corps et âme dans Bass Industrie et avait défendu la plus grande fierté de son père bec et ongle contre Jack lui-même. Mais visiblement cela ne représentait rien aux yeux du grand Bart Bass.
Même l'Empire, qui avait tant de valeur pour Chuck, son père se l'était accaparé, arguant qu'il lui revenait de droit puisque l'investissement avait été fait sur la vente des parts de Bass Industrie. Il ne lui avait rien laissé, il n'avait plus rien.
« Tu m'as moi » lui souffla sa mémoire traîtresse.
- Merde ! grommela-t-il comme le café qu'il venait de renverser se répandait sur ses genoux.
Il recula d'un bond sur sa chaise.
- Mauvaise nuit ? railla Jack à nouveau.
Chuck ne répondit pas à sa moquerie et se leva pour aller se changer.
- Tiens-moi au courant pour Steinbeck ! grommela-t-il en feignant de ne pas avoir entendu, s'éloignant déjà vers les portes du restaurant.
Il s'engagea dans le couloir qui menait aux ascenseurs pour rejoindre sa suite.
Une fois les portes refermées, seul dans le petit espace clos, il passa ses mains sur son visage en soupirant.
Jack était censé être son allié dans cette partie. Pourquoi s'amusait-il à le torturer avec Blair ? Qu'est-ce qu'il avait à y gagner ? Et surtout, qu'avait-il promis à la jeune fille pour qu'elle entre dans ses manigances ? Qu'est-ce qu'Elle avait à y gagner ?
Il ne voulait pas penser à une quelconque tractation entre ces deux-là, mais il savait pourtant pertinemment qu'il valait bien mieux pour lui savoir de quoi il retournait exactement.
