Titre : Addiction
Résumé : Bill et Tom ont été meilleurs amis. Puis ils ont couché ensemble.
Leur amitié n'y a pas résisté, par contre les parties de jambes en l'air perdurent.
Quand Bill se fait violemment agresser et que Tom a dû mal à accepter.
Auteur : Seven
Warnings : Slash - Angst - drogue - lemon - Non-Con - Vulgarité (en particulier dans la première scène)
- On dirait une pute qui fait des heures supp' pour le fun, lança Tom, sarcastique, en sortant de la salle-de-bain, une serviette humide négligemment posée sur son épaule.
Bill, allongé à plat ventre sur le lit deux places, unique meuble de la pièce en dehors d'une table de nuit et d'une commode bancale, releva à peine la tête du coussin et leva un majeur vulgaire en direction du tressé. Néanmoins, il resserra les cuisses et enfouit ses pieds sous le drap en coton. Il se réinstalla comme précédemment et ferma les yeux, prêt à se rendormir instantanément. Il voulait repartir dans ses rêves, le seul endroit au monde où Tom Trumper n'existait pas.
Une légère bise de milieu de soirée soufflait par la fenêtre ouverte et tapait contre sa peau chaude et humide, la rafraîchissant avec délectation. Cela permettait également de renouveler l'air de la chambre qui était lourd d'une odeur âcre de transpiration et de sexe, témoin de leurs ébats honteux quelques minutes plus tôt.
Il sentit le matelas s'affaisser à hauteur de ses genoux et fronça les sourcils. Il retint sa respiration et empêcha sa langue de fourcher. Une main large se posa sur la cambrure de ses reins et glissa en une caresse rugueuse sur ses fesses pour terminer par retracer la raie de ses fesses. Il se crispa et frissonna.
- Y'a du sperme qui coule, tu ferais mieux d'aller te laver toi aussi,railla Tom en souriant narquoisement.
Bill poussa un cri de protestation et se redressa brusquement sur ses genoux. Il poussa Tom en dehors du lit et se pencha vers lui, ses cheveux noirs emmêlés formant un rideau de chaque côté de son visage rougi.
- T'es obligé d'être aussi vulgaire ? Tu me dégoûtes, putain !Ragea-t-il en se levant comme une furie, emportant à sa suite le drap blanc. Il s'en entoura les hanches et partit s'enfermer dans la salle-de-bain, sans accorder un seul regard à Tom.
Le jeune tressé se releva péniblement en se frottant l'arrière des cuisses et trottina jusqu'à la porte fermée. Il cogna deux fois dessus et l'eau de la douche s'arrêta de couler.
- M'attends pas la semaine prochaine parce que je viendrai pas. C'est terminé !Beugla-t-il.
La porte s'ouvrit à nouveau en grand et Bill, nu et trempé des pieds à la tête, son maquillage noir laissant de grosses trainées sur ses joues, apparut. Ses yeux lançaient des éclairs.
- Évidemment que c'est terminé ! Moi non plus je comptais pas venir !
Un long moment, les deux adolescents se dévisagèrent durement, respirant avec difficulté.
L'atmosphère était électrique comme à chacune de leur rencontre. Tom sentait le sang bouillir dans ses veines et battre contre ses tempes. Bill avait l'impression que son cœur allait bondir hors de sa poitrine tellement il battait fort. Il avait froid et chaud à la fois. Il avait envie de crier et de pleurer... seul Tom était capable de lui inspirer de telles émotions contradictoires.
Tom quant à lui laissa ses yeux vagabonder un peu trop bas sur le corps mouillé du brun. Il avait voulu suivre du regard une goutte d'eau qui avait commencé sa course sur les cils de Bill, l'avait continué sur sa joue, avait suivi l'arête de sa mâchoire et avait plongé dans son cou. Elle était descendue encore plus bas mais lui, il s'était arrêté à la hanche. Cette hanche que quelques minutes plus tôt il avait mordu et agrippé de toute ses forces jusqu'à la marquer. Il déglutit et releva ses yeux bruns devenus noirs, tant ses pupilles s'étaient dilatées, vers Bill.
- Tu m'excites, putain, souffla-t-il avec rage et résignation, en se jetant sur Bill. Il encadra son visage de ses deux mains et l'embrassa à pleine bouche, jusqu'à en perdre haleine. Bill répondit avidement au baiser.
- Prends-moi,parvint-il à articuler contre la bouche du tressé.
Il sembla à Tom que cela était la meilleure idée du monde, et malgré la haine qu'il avait ressentie quelques secondes auparavant, il poussa Bill jusqu'au meuble du lavabo. Il le retourna et le força à se pencher en avant.
Pas que Bill ait eu besoin de beaucoup de persuasion. Il cambrait son dos et offrait son corps à Tom, la respiration haletante. Le miroir se recouvrait déjà d'une fine couche de buée.
Tom défit rapidement les boutons de son baggy qui tomba à ses pieds et baissa son caleçon à mi-cuisse. Il saisit son sexe déjà bien dur et se masturba quelques fois après avoir craché dans sa main. Il se sentait déjà au bord de l'implosion.
Il plaqua une de ses mains sur la hanche de Bill et l'autre sur son épaule, et le pénétra violemment, sans avertissement, sans préparation. Bill n'en avait de toute façon pas besoin, son corps était encore tout détendu de leurs précédentes activités. Il n'en avait pas envie non plus. Il fallait que ça fasse mal, pour évacuer la tension qui s'était à nouveau accumulée entre eux.
Ils ne connaissaient que deux façons de le faire : en se cognant dessus, dans la cours du lycée la plupart du temps, ou en couchant ensemble. Le sexe était réservé pour le samedi soir.
Les coups de rein de Tom étaient brutaux et rapides leur laissant à peine le temps à tous les deux de respirer. Il glissa une de ses mains dans la chevelure brune de Bill et tira sa tête en arrière, lui donnant meilleur accès à son cou et sa gorge. Bill continuait d'onduler du bassin, accompagnant ses va-et-vient sans relâche. Il se pencha à son oreille et mordilla son lobe.
- T'as l'air d'une vraie chienne, lui chuchota-t-il méchamment. T'aimes ça, hein ? Ouais... regarde comme t'aimes ça, souffla-t-il en tendant une main vers l'avant et essuya une grande trainée sur le miroir. D'une main ferme, il força Bill à regarder son reflet. Les yeux du brun étaient réduits à deux petites fentes et sa bouche entrouverte laissait échapper des gémissements obscènes qui allumaient un feu incandescent dans les entrailles de Tom. Il contracta ses muscles et planta ses yeux dans ceux de Tom dans le miroir.
- Oui,couina-t-il dans un gémissement presque plaintif. Il se libéra contre le meuble dans un long râle.
Il n'en fallut pas plus à Tom qui planta ses dents dans l'épaule gauche du brun alors qu'il se répandait à l'intérieur du corps chaud.
Essoufflés, ils se détachèrent sans un mot, sans un regard. Tom se rhabilla et Bill retourna sous la douche. Avant de partir, Tom ne put s'empêcher de clarifier les choses. La main en suspension sur la poignée de la porte, il se tourna et observa un instant la silhouette de Bill, en train de se savonner sous la douche.
- Je mentais pas tout à l'heure. Je ne reviendrai pas.
- Moi non plus, Tom. Moi non plus,murmura Bill. Il tourna le dos au tressé et Tom s'en alla.
Tous les deux, chacun de leur côté, savait que c'était faux. Ils reviendraient, seraient fidèles au rendez-vous, comme depuis huit mois.
Autant ils se détestaient, autant ils ne pouvaient pas se passer de la peau de l'autre. Comme une drogue ultra-addictive qu'ils n'avaient pas la force d'abandonner, ils revenaient dans cette chambre d'hôtel miteuse dans les quartiers mal famés de Berlin chaque samedi soir. Ils se détestaient chaque fois un peu plus mutuellement pour ce pouvoir d'attachement qu'avait l'autre sur leur personne mais ils n'arrivaient pas à décrocher.
Cinq minutes plus tard, Bill, simplement vêtu d'une serviette éponge qui entourait ses hanches maigres, marcha jusqu'à la fenêtre. Ses cheveux mouillés dégoulinaient sur la peau de son dos mais il n'avait pas froid. L'air de ce mois de mai était chaud et lourd même presque suffocant.
Il sortit une cigarette du paquet de clopes qu'ils gardaient là en toute circonstance et l'alluma. Devant lui s'étendaient les rues sombres éclairées seulement par quelques malheureux lampadaires. Il avait l'impression que l'atmosphère était propice aux méfaits et aux délits en tout genre que les petits voyous commettaient les soirs de pleine lune.
Automatiquement ses yeux se posèrent sur la petite bande qui s'était installée au coin de la rue sous un des lampadaires encore vaillant. Tom était avec eux. Il était reconnaissable de par sa taille et la finesse de sa silhouette. Son accoutrement ne jurait en rien comparé à celui de ses camarades. Il cracha la fumée de sa cigarette et vit Tom ranger un petit sachet dans la poche de son baggy avant de saluer le petit groupe.
Bill, alors qu'il écrasait la cigarette et jetait le mégot par la fenêtre, se dit que Tom ''fumait'' trop mais il se dit aussi que ça n'était pas son problème... plus, son problème.
Il ferma la fenêtre et entrepris de localiser ses vêtements pour se rhabiller. Bien que la chambre d'hôtel ait été payée pour la nuit complète, il ne comptait pas dormir dans cette pièce qui avait, une fois de plus, été le témoin innocent de son plus terrible secret.
Il éteignit les lumières et sortit de la chambre. Aussitôt dans le couloir, sa gorge se serra alors qu'un sentiment lourd d'amertume s'abattait sur lui. Après une nuit torride comme celle-là, il ne pouvait s'empêcher de repenser au Tom d'avant. Son meilleur ami, celui qu'il connaissait depuis qu'il était tout petit.
Il se laissa lentement glisser sur le mur à côté de la porte. C'était dommage qu'ils aient gâché une si belle et longue amitié pour du sexe, un soir de beuverie. Le sexe, aussi dégradant et humiliant qu'il soit, avait continué, l'amitié avait volé en éclat.
Il remonta ses jambes contre son torse et plongea sa tête contre ses genoux. Il savait qu'ils ne reviendraient jamais en arrière et qu'il y avait peu de chance pour qu'ils se récupèrent. Trop de choses avaient été dites, Tom l'avaient trop salit avec ses paroles empoisonnées...
En attendant, Bill pleurait le samedi soir dans un couloir d'hôtel vide et décrépit, et Tom, quelque part, sniffait un rail de coke.
