Bien le bonjour mesdemoiselles, messieurs ! Après une absence prolongée que je déplore (mais les études avant tout !^^) me voici de retour avec un petit one shoot, tout frais, tout beau. Je ne vous en dis pas plus, vous verrez bien de quoi il s'agit.

Bonne lecture à vous.

j'oubliais le traditionnel: nom d'un chien, même si vous n'avez pas aimé laissez un mot!!


Il y a des choses… qui ont un goût unique. Qui procurent un plaisir encore jamais égalé. Des choses banales, parfois idiotes. Objets ou personnes. Qui nous transportent bien plus loin que nous ne l'aurions imaginé.

Ces choses la ont une saveur particulière.

Comme un goût de champignons à la grecque.

Certaines de ces choses ne sont pas palpables. Immatérielles. Comme un rêve qui caresse notre conscience. Comme un état étrange, entre songe et réalité. Entre folie et vérité. Qui oscille sur son fil d'illusions.

C'est comme une chaleur, qui envahit le corps et l'esprit. Qui enivre les sens, un bien être intense, un plaisir pur. Brûlant.

Ces sensations, nées d'actions, d'évènements, de gestes. Un goût dans la bouche.

Celui des champignons à la grecque.

Il y a des choses comme cela, oui… à la limite du malsain. Des pensées bizarres, qui viennent se glisser dans le quotidien. Des envies soudaines, un appétit à rassasier. Avec des champignons à la grecque par exemple.

Il y a ces choses qui nous font nous sentir grand. Quelqu'un d'autre. Celui que l'on aurait aimé devenir. Celui que l'on est tout au fond de soi. Et des pensées, encore et toujours, qui parfois prennent le pas sur la raison.

Il y a des choses comme cela. Qui nous emmènent. Vers ce gouffre sans nom, cet abîme insondable. Des choses, oui, qui nous poussent gentiment dans le dos, comme un vent taquin. Vers cette douce folie. Ce que nous sommes profondément.

Cet aspect vicieux. Ces pensées perverses. Ces envies sadiques. Présent en chacun.

Et ce petit vent amical.

Il y a des choses, des choses qui arrivent, qui se produisent, et qui nous poussent à en faire d'autre. Encore, toujours. De plus en plus. Vers l'infini. Le plus profond du gouffre.

Champignons à la grecque.

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« _ Shiiiinreiii ! »

Le jeune homme se redressa en sursaut, désorienté, et eut du mal à distinguer quoique se soit dans la lumière crue qui l'aveuglait. Une ombre menaçante se dessina soudain au dessus de lui alors qu'il clignait furieusement des yeux, tentant de chasser les points colorés qui s'étaient invités sur ses rétines.

« _ Kes'qui passe ? »

L'ombre se précisa, et soudain le visage souriant et aimable de sa colocataire apparut nettement dans son champ de vision. Souriant et amical étaient néanmoins de bien grands mots, car pour l'heure, la grimace qui l'ornait n'avait vraiment rien d'engageant.

Shinrei se recula un peu, mettant une distance de sécurité entre lui et la jeune femme. Non pas qu'il éprouvait un quelconque sentiment de peur, mais il préférait rester prudent.

« _ Ca fait des heures que j'essaye de te joindre ! On était censé aller chercher le nouveau lave-vaisselle et tu devais me rejoindre au magasin ! »

« _ Euh… »

D'une nature sérieuse, droite, responsable et un rien psychorigide, le malheureux Shinrei, malgré toutes ses innombrables qualités, avait la fâcheuse tendance à s'endormir n'importe où, et surtout n'importe quand. Aussi, il lui avait été extrêmement difficile de résister à l'appel muet du canapé moelleux, ses cousins crème inondés par la lumière dorée de cette fin d'après midi ensoleillée le réclamant à grands cris. Lorsqu'il avait fini par céder, et s'y asseoir pour « cinq petites minutes », il y était facilement resté trois heures, dormant la bouche ouverte comme un bien heureux, et avait ainsi oublié la virée prévue depuis quelques temps déjà pour l'achat du nouveau lave-vaisselle censé leur sauver la vie. D'où le fait compréhensif que sa colocataire soit pour le moment un peu remontée.

Et mettre en colère Kosuke Anayama, revenait à peu de choses prés, à signer son arrêt de mort. Dans d'atroces souffrances, qui plus est. Il trouvait même que la distance de sécurité était presque trop juste.

« _ Je suis vraiment désolé Kosuke, ça m'est… »

« _ Sorti de l'esprit alors que tu roupillais la goule ouverte ? »

Une petite attaque mesquine et sournoise, typique de la gente féminine. Le jeune homme ne put s'empêcher de rougir un peu, ne serait ce que pour la forme, et ouvrit la bouche pour se justifier, un air coupable sur les traits.

« _ Je… »

« _ Aucune excuse. »

« _ Mais Votre Honneur… »

« _ Les jurés ont parlé, les traîtres doivent payer pour les promesses qu'ils piétinent. »

Bien que le ton était celui de la plaisanterie, Shinrei sentait néanmoins les regards un rien trop assassins que lui lançait son amie. Un petit air honteux, une mine de chien battu et les yeux doux, c'était son joker pour se tirer vivant de ce guêpier. En règle général, cette technique portait ses fruits, et il obtenait une réduction de peine satisfaisante.

Et il savait en jouer, le fourbe. Mais la fin justifiait les moyens, non ?

Kosuke le toisa de haut, puis fini par soupirer. Après tout, à quoi bon s'énerver, le mal était fait.

« _ … vraiment tu es incorrigible. »

Et ce serait tout, il le savait. Rien, ni personne ne résistait à son attaque « yeux de cocker mouillé ». Quel sentiment de soulagement alors, et une petite pointe de fierté aussi à l'idée qu'il avait une fois de plus réussi à échapper aux foudres de sa camarade.

Kosuke Ayanama, jeune femme dynamique de 25 ans, belles proportions et un caractère bien trempé, vivait avec le grand dadais aux cheveux argenté depuis deux ans maintenant. Ils s'étaient connu à l'université de droit de la ville, tout deux fraîchement débarqués d'une faculté lointaine dont la surpopulation l'avait contrainte à se séparer de quelques étudiants. Ils ne sortaient pas ensemble, non, et portaient officiellement le joyeux titre de « colocataires », avec tout les avantages et les inconvénients vendus avec. Leur appartement en plein centre ville leur offrait un espace acceptable, avec une vue imprenable sur le grand boulevard, et malgré les quelques cinq étages sans ascenseur, ils n'avaient pas à ce plaindre de la qualité du logement. Qui se faisait d'ailleurs clairement ressentir lorsque venait la fin du mois, le loyer ne cessant de monter, comme la pile de vaisselle sale dans l'évier de la cuisine. C'était ce qui avait d'ailleurs poussé les deux jeunes gens à s'équiper d'un petit lave-vaisselle pas cher, aucun des deux n'ayant visiblement le temps de s'occuper de cette tache, à proprement parler, même si cela revenait à prendre une autre personne dans l'appartement afin de terminer le mois.

L'achat était prévu pour aujourd'hui, mais le canapé aidant fortement, Shinrei avait quelque peu oublié sa participation dans l'affaire.

Kosuke se laissa tomber prés de lui, faisant légèrement grincer le vénérable meuble qui accueillit avec joie ses formes généreuses. Elle tourna son joli visage vers Shinrei, remarquant par la même occasion le discret sourire victorieux qu'il affichait.

Ou comment mettre en l'air une stratégie longuement mûrie.

« _ Ne crois pas t'en tirer comme ça. » lança t elle. « Puisque le lave-vaisselle n'est pas à sa place à coté de la gazinière, c'est toi qui te coltinera son boulot pour le reste de la semaine. »

« _ Tu es dure… »

« _ Non, c'est un juste retour des choses. M'est avis que tu devrais commencer tout de suite si tu veux espérer dormir un peu cette nuit. »

Elle lui donna un petit coup de poing, et il sourit. Après tout, il l'avait mérité cette punition, et cela aurait pu être pire, Kosuke ayant toujours une foule d'idées pour ce genre de chose. Vivre avec un demi frère irresponsable durant sa petite enfance, ça avait sans aucun doute fortement joué. Shinrei poussa un soupir et se leva à regret du canapé. S'étirant un peu, il se baissa, ramassa les magasines qui traînaient sur le sol, et entreprit d'en faire une pile bien nette et parallèle au bord de la table basse.

Son côté maniaque.

Kosuke le regarda faire, amusée, et trouvant cela paradoxale que la vaisselle sale qui s'amoncelait dans l'évier ne le gêne pas plus que cela. Sans doute avait il peur de se salir les mains.

« _ Au fait, » prévint elle en attrapant la télécommande posée sur l'accoudoir. « Mon neveu vient passer quelques jours à l'appartement. »

Shinrei, qui s'apprêtait à sortir avec à la main une canette vide, se figea sur le seuil du salon, et se tourna vers elle.

« _ Ton neveu ? »

« _ Oui, je t'en avais déjà parlé. »

« _ Le gamin maigrichon et constamment de mauvaise humeur, c'est ça ? »

« _ J'admet qu'il n'est pas très causant, mais il a pas mal de soucis en ce moment avec son père. »

« _ Il faut avouer que ton frère a un sens des responsabilité assez déroutant en ce qui concerne la vie de sa famille. »

Kosuke se renfrogna. Shinrei n'avait pas pour habitude de juger les gens sur leur façon d'être, ou bien la vie qu'ils avaient choisi de mener, mais curieusement lorsqu'il s'agissait de sa famille, et plus précisément de son demi frère et de son rejeton, il devenait vite irritant, voir blessant. Sans doute voyait il à quel point cette situation était pesante et source d'angoisse pour sa colocataire. En plus d'être maniaque, il était un tantinet protecteur, presque possessif. Surtout lorsqu'il s'agissait de son amie. Et elle le savait prés à se plier en quatre pour lui faire plaisir et lui remonter le moral. Bien pratique en soit, elle se demandait pourquoi elle n'en profitait pas plus souvent.

« _ En tout cas, Sasuke à l'intention de venir quelques jours ici, le week-end pour être précise. C'est moi qui lui ai proposé, il doit venir demain, il dormira sur le canapé. Ça ne te dérange pas ? »

Il haussa les épaules.

« _ Non, » dit il d'une voix douce, presque suintante. « Pas du tout… »

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Il y a des choses… oui, des choses… Des choses que l'on voit, des choses que l'on sent. Que l'on ressent. Au plus profond de son âme, au plus profond du gouffre.

Des choses que l'on désire par-dessus tout. Qui virent à l'obsession, la passion.

Des choses que l'on veut. Une chose que l'on veut. Celle-ci, et pas une autre. Juste celle là. Celle qui occupe nos pensées dès que notre regard s'est posé sur elle.

Il y a ces choses, oui, qui nous attirent comme un aimant. Une attraction fantastique. Un piège dramatique. Il y a ces choses, qui tournent autour de nous, sans nous toucher, se contentant de nous effleurer, nous mettent l'eau à la bouche. Des choses dont on ne peut se défaire. Qui ne cessent de nous hanter.

Chaque jour, chaque seconde qui passent.

Qui accaparent notre raison, qui nous fait tout oublier.

Et ne reste que cela.

Cette chose.

Tant désirée, tant convoitée, et pourtant inaccessible. Trop loin, trop lourde, trop d'interdits. Et la frustration que cela engendre. Comme un poison lent. Qui envahit le corps et l'esprit.

Champignons à la grecque.

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« _ C'est gentil de m'accueillir pour le week-end. »

« _ Ce n'est rien. Tu sais que tu es toujours le bienvenu ici. Comment va ton père ? »

« _ Comme d'habitude, ça va, ça viens. »

« _ Je vois… »

Kosuke se sentit un peu mal à l'aise alors que son neveu posait son sac sur le lit. Shinrei avait insisté pour lui prêter sa chambre le temps du week-end, ce qui l'avait profondément surprise. Tout d'abord parce qu'il ne portait pas forcement les Sanada dans son cœur, et deuxièmement, parce que le sommeil chez lui était sacré et valait de l'or. Aussi dormir toute une nuit sur le canapé, bien que confortable, n'était pas ce que l'on pouvait qualifier d'agréable.

« _ C'est sympa de me filer une chambre. Je pensais dormir sur le canapé. »

« _ C'est Shinrei qu'il faut remercier, bien que là, il m'étonne quelque peu. »

Sasuke se redressa, un petit sourire provocant sur les lèvres. Du haut de son petit mètre trente trois, il pouvait, comme l'avait justement faire remarqué Shinrei, pour un maigrichon. Son caractère, effectivement, laissait parfois à désirer, et son insolence, héritée de son charmant père irresponsable et éternel adolescent bien que frisant la quarantaine, pouvait passer pour de la mauvaise humeur perpétuelle. Ce qui n'était pas vraiment le cas, quand on connaissait un peu la vie qu'il menait et qui était loin d'être rose. Kosuke secoua la tête. La dernière fois qu'elle avait rendue visite à son demi frère, elle avait due téléphoner aux urgences car Yukimura, ledit frère, avait commencé la soirée en avance, vidant une bonne dizaine de bouteilles à lui tout seul. Son pauvre fiston après avoir caché les objets pointus et potentiellement dangereux pour son père un peu trop éméché avait finalement omis de verrouiller la porte d'entrée. Et c'était en bas des escaliers que Kosuke avait retrouvé son adorable frère.

« _ Toujours aussi maniaque ton colocataire ? »

Kosuke sourit. Sasuke se dirigeait vers l'étagère en pied, prés de la porte et passait un doigt sur les reliures des livres. Il en ouvrit quelques uns au hasard.

« _ Il s'améliore. »

« _ N'empêche que tout ses bouquins sont classés par nombre de pages, et ses CD par ordres alphabétique. » renchérit le gamin avec un grand sourire. « Je suis sûr qu'il a rangé ses fringues par couleur, ou bien par degré de lavage. »

« _ T'exagère ! »

Ils se regardèrent puis éclatèrent de rire. Sasuke se reprit le premier, plus habitué à faire la tête qu'à sourire à pleines dents. Shinrei lui avait toujours parut bizarre, un peu vieux jeu peut être, et franchement énervant, avec sa manie de vouloir tout diriger et tout classer. Chaque fois qu'ils se rencontraient, c'est-à-dire, très peu de fois, il ne pouvait s'empêcher de lancer des petites piques moqueuses.

La plupart du temps, il évitait les réflexions douteuses en présence de sa tante qu'il savait très attachée à son colocataire. Il se sentait néanmoins mal à l'aise en présence de l'étudiant. Lui pourtant peu impressionnable, il avait toujours l'impression que le jeune homme lui cachait quelque chose. Certes, il ne semblait pas l'apprécier plus que lui, ce qui n'était pas un scoop, mais il y avait quelque chose en plus chez cet homme qu'il ne parvenait pas à identifier, et qui le dérangeait.

Comme cet éclat dans ses yeux lorsqu'il l'avait salué à l'instant. Cette espèce de mimique, et ce sourire. Ce n'était pas de la colère, ou encore moins de l'animosité. C'était autre chose, et il ne parvenait pas à mettre le doigt dessus.

Un frisson parcouru soudain son dos, de manière malsaine. Oui, cet homme était étrange, vraiment. Encore plus que son père, si cela était seulement possible. Le regard de Sasuke se posa sur la porte à demi close où était affiché l'emploi du temps de Shinrei.

Qui aurait pu remarquer que ce dernier se tenait en silence derrière le panneau de bois, ne perdant pas une miette de la conversation ?

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Il y a ces choses, oui… qui nous irritent plus que tout. Qui nous donnent la migraine, au point d'en avoir la nausée. Ces choses ci, qui ont cette saveur particulière. Qui empestent et pourtant nous attirent par leur éclat. Leur manière d'être.

Ces choses que l'on voudrait repousser, et que l'on veut étreindre de toutes ses forces. Que l'on veut posséder. Toutes entières.

Ces choses, oui… qui nous poussent dans le dos, qui nous pervertissent l'esprit.

Et ces images qui se forment, comme sur des écrans multiples. Toujours les mêmes, obsédantes. Entêtantes. Inquiétantes.

Ce sentiment malsain, cette envie foudroyante. Et ces sensations alors, qui nous envahissent. Qui nous remplissent. Qui nous poussent vers ce point de non retour.

Ces choses… tellement bonnes… Si jouissives…

Champignons à la grecque.

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Sasuke déambulait dans l'appartement silencieux.

Pourquoi ne parvenait il pas à dormir ?

La nuit dernière déjà, avait été un vrai calvaire, et il n'avait aucune envie que cela se reproduise. Il fallait avouer que faire des champignons à la grecque en entrée, puis enchaîner sur un gratin dauphinois bien garnis, et finalement terminer par un tiramisu tout juste sortit du congélateur, on avait fait mieux comme repas digeste. Non pas que cela n'avait pas été bon, mais c'était franchement lourd dans l'estomac.

Et pour couronner le tout, Shinrei s'était gentiment occupé du fond sonore jusqu'à une heure avancée de la nuit. D'ailleurs, maintenant qu'il y pensait, marchant d'un pas feutré sur la moquette bleue marine du couloir, il n'entendait pas ce maniaque donner son concerto du soir. Etrange.

Et puis, il y avait eu cette impression bizarre, comme une présence dans la chambre qui l'avait fait se réveiller en sursaut. Bien évidement, lorsqu'il avait scruté la pièce du regard, parcouru les grandes étagères pleines à craquer, et fait le tour du lit sans rien trouver, il avait fini par laisser tomber. Un courant d'air sans doute, d'où le bruit chuintant qu'il avait vaguement entendu. Le fait était qu'il n'avait pas pu dormir correctement.

Et maintenant encore, Sasuke ne parvenait à fermer l'œil. Chose étonnante qui plus est, il était tout de même beaucoup mieux dans le lit du colocataire de sa tante que dans le sien, et ne se souvenait pas d'être sujet à de possible crises d'insomnie. Et pour une fois qu'il n'avait pas les cris et les rires gras de son ivrogne de père, il pouvait s'estimer heureux. Et il ne parvenait à tirer partit du moment, c'était un monde tout de même !

Il soupira doucement dans l'obscurité, et évita habilement la poignée de la porte de la salle de bain qui voulait visiblement se précipiter dans ses cotes. Pas pour cette fois ci ma jolie. L'adolescent se dirigea à pas de loup vers le salon. Il devait passer par là s'il voulait accéder à la cuisine pour s'y faire un thé. Et cela signifiait faire le moins de bruit possible pour ne pas réveiller Shinrei, aussi bien luné lorsque l'on interrompait dans son sommeil, que lui lorsque son père bordélique à souhait venait lui faire la morale pour qu'il range sa chambre.

La porte vitrée grinça un peu lorsqu'il l'ouvrit et il entra silencieusement dans la pièce. Vide. D'où le manque de bruit évident cette nuit, et le rais de lumière qui filtrait de sous la porte de la cuisine. Merde ! Le maniaque était de sortie !

Pestant intérieurement contre son manque de chance, et le fait qu'il ne serait pas tranquille, il résista à l'envie de rebrousser chemin et de revenir une fois que l'Autre aurait fait place nette.

Il se secoua un peu, et fini par se faire une raison avant de pousser la porte de la cuisine. Bingo, le colocataire était bien là, debout devant l'évier entrain de faire la vaisselle, un couteau dans une main, et le liquide vaisselle dans l'autre. Il semblait curieusement ailleurs, comme perdu dans une quelconque rêverie, et n'émergea que lorsque Sasuke fut prés de lui, un peu surpris.

« _ Tu fais la vaisselle à cette heure ? »

Shinrei se tourna vers lui, et un petit sourire apparu sur ses lèvres. Si mince, que Sasuke ne le remarqua pas.

« _ Kosuke est vraiment cruelle avec moi, elle m'a condamné à faire la vaisselle toute la semaine. »

« _ En même temps, ce n'est pas non plus la mer à boire. Je peux te piquer une tasse ? »

« _ Je t'en prie. »

Le gamin partit fouiller dans les placards en quête d'une tasse encore propre. Shinrei le suivit des yeux. Vraiment maigrichon, cet enfant, dans son T-shirt XXL, et son vieux short gris. Une peau incroyablement laiteuse, douce, sans imperfections. Une petite silhouette sèche et nerveuse, sans une once de graisse. Que du muscle. Pas si mal que ça pour un enfant de son âge. Vraiment, de très bons abdominaux…

Le jeune homme laissa soudain tomber son couteau sur le carrelage. L'objet heurta sèchement le sol avec un tintement sonore, et Sasuke se retourna, un rien alerte. Shinrei se baissa et le ramassa avant de le contempler d'un air ennuyé.

« _ Zut, » dit il. « J'ai éraflé la lame. Il faudrait que je l'aiguise un peu. »

Sasuke le considéra, ahuri.

« _ Maintenant ? » demanda t il, septique. « Ca peut pas attendre demain ? »

Il se voyait mal aiguiser un couteau en pleine nuit. Surtout que le bruit de ce genre de chose était tout, sauf discret.

« _ Non, non, » répondit joyeusement Shinrei en agitant dangereusement son couteau sous son nez. « Après je vais oublier, et le couteau va s'abîmer. »

« _ C'est pas pour un malheureux couteau en inox… »

« _ Et j'aime bien que les choses soient faites correctement. »

Sasuke haussa les épaules, fataliste. Cet homme était vraiment trop maniaque. Ça en frisait la stupidité.

« _ Tu veux bien aller me cherche la pierre à aiguiser s'il te plait ? » demanda Shinrei avec un grand sourire candide. « Je suis plein de mousse… »

Il leva ses mains dégoulinantes, comme pour se justifier. Sasuke lui jeta un regard suspicieux. Etait ce lui, ou bien il y avait une lueur pas franchement engageante dans le regard du jeune homme ?

« _ Si tu veux… C'est où ? »

« _ Dans le débarra, sur le palier. Tout au fond… »

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Il y a des choses, oui… des choses que l'on a voulut. Désiré. Au point d'en devenir fou. Au point de plonger tête la première dans le gouffre de notre âme.

Folie, folie…

Et une fois qu'on tient cette chose entre ses mains, cette chose tant souhaitée.

Une fois qu'on l'a aimée, de toute son âme, de toute sa raison. Une fois qu'on a bien joué, qu'on a assouvie cette passion, cette fièvre ardente qui s'était emparée de notre être. Cette soif terrible.

Oui, à cet instant reste dans la bouche un drôle de goût.

Champignons à la grecque.

Et puis le goût s'en va. L'impression s'installe. Celle du vide. L'ennui. L'amertume. Le manque.

Manque de cette chose.

Un vide intense, un froid profond.

Et puis soudain, on la croise. Dans la rue, le quotidien. Au détour d'un immeuble. Dans un supermarché.

Objet ou personne.

Et tout recommence.

Oui… il y a des choses…Des choses qui nous attirent, à la manière d'un aimant. Qui nous piègent dans leur toile. Et un nouveau goût sur les lèvres.

Toujours le même.

Champignons à la grecque.

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Kosuke passa la tête dans la pièce, un peu inquiète. Certes, il avait toujours était du genre imprudent, mais il y avait tout de même certaines limites à ne pas dépasser. Elle scruta le salon, à la recherche de son neveu aux tendances fugueuses, et avisa Shinrei, avachi plus qu'il n'était assis sur son cher canapé, un sourire un peu niai sur le visage, semblant profondément heureux, et visiblement bien reposé. Tout son contraire en réalité, elle avait affreusement mal dormit. Et s'il elle mettait la main sur l'espèce d'imbécile qui avait fait ce bruit strident en plein milieu de la nuit, il allait le sentir passer. Encore les voisins qui faisaient une soirée arrosée, il faudrait qu'elle leur en touche deux mots. Mais pour l'heure, il y avait quelque chose de plus important.

« _ Sasuke n'est pas ici ? »

L'interpellé leva lentement la tête, semblant sortir d'une profonde rêverie. Il était souvent plongé dans ses pensées en ce moment.

« _ Il est parti tôt ce matin. »

« _ Sans rien dire ? »

« _ Il est très silencieux. »

« _ Mouais… » La jeune femme ne semblait satisfaite qu'à moitié de cette explication. Elle téléphonerait à ce petit garnement lorsqu'il serait rentré chez son père pour avoir quelques précisions.

Elle poussa un petit soupir et se tourna vers son ami qui avait reporté son attention sur le journal, rubrique petites annonces.

« _ Tu viens m'aider à descendre les poubelles ? Je viens de voir qu'il y avait pas mal de sacs sur le palier. »

« _ Bien sûr. »

Le jeune homme se leva, abandonnant sa lecture et suivit la jeune femme hors de l'appartement. Ils prirent chacun deux volumineux sacs en plastique noir.

« _ Au fait, » demanda Kosuke alors qu'ils entamaient leur descente, traînant les sacs dans l'escalier, heurtant les marches avec un bruit sourd et mou. « Qu'est ce que tu as fait du couteau à découper la viande ? Je voulais faire un rôti pour ce midi et je ne parviens pas à mettre la main dessus. »

« _ Je l'ai cassé en faisant la vaisselle hier soir. »

« _ C'est malin ça ! »

« _ Je t'en rachèterait un pour ton anniversaire si ça peut te faire plaisir. »

La jeune femme sourit. Ils parvinrent enfin au rez-de-chaussée et traversèrent le hall de l'immeuble, tirant derrière eux leur lourd chargement, laissant une traînée poisseuse sur le sol immaculé. Une boite de sauce qui fuyait sans doute.

« _ J'ai trouvé une troisième personne pour l'appartement. » fit soudain Shinrei alors qu'ils passaient devant la loge de la concierge.

« _ Ah oui ? Qui est ce ? »

« _ Une jeune fille. Yuya Shiina il me semble. Une petite blonde aux yeux verts. »

« _ Tu es bien renseigné dis moi ! Tu la guettais ou quoi ? » Rigola Kosuke. Shinrei sourit franchement.

Ils sortirent au dehors. Le ciel était plombé, un air froid s'engouffrait dans les rues étroites, soulevant des tourbillons de poussière, et glaçant le moindre centimètre carré de peau laissée à nu. Kosuke frissonna, et Shinrei, en gentleman lui passa sa veste. Elle le remercia, et ils attendirent le ramassage en plaisantant, se chamaillant comme deux grands enfants.

Enfin, avec un mugissement sonore, le camion vert vif des éboueurs de la ville apparut au bout de la rue, caracolant sur la route mal entretenue et vint jusqu'à eux. Les agents d'entretient descendirent de leur véhicule et les saluèrent. Comme à son habitude, Kosuke engagea la conversation avec le conducteur alors que Shinrei aidait aimablement son collègue pour hisser les nombreux sacs plastiques.

« _ Nom d'un chien, » lança l'homme brun face à lui en s'épongeant le front. « J'vous remercie de m'avoir aidé, elles pèsent une tonne vos poubelles. Vous avez mis un cadavre ou quoi ? »

Shinrei sourit et ri avec lui. Derrière eux, l'énorme mécanisme happait les ordures dans sa gueule de métal. Les mâchoires d'acier se refermèrent sur les sacs, les broyant impitoyablement. La boite de sauce qui avait taché le carrelage de l'immeuble explosa sous la pression avec un bruit sourd, celui des fruits trop mures s'écrasant sur le sol, et projeta quelques bouts pâteux sur le revêtement vert du camion benne.

Sans doute une boite de champignons à la grecque.


sasuke(tout pâle):.... complétement malade...

^^ pas du tout! bon, et bien voila, un petit texte dans le vent. honnêtement, je déteste les champignons à la grecque. si j'ai donné ce nom pour le moins bizarre et qui peut laisser à désirer, c'est parce que les "choses" que l'on nous présente dans mon lycée comme étant des champignons à la grecque, n'en sont pas, ou alors je vois vraiment mal. et je vous assure qu'ils ont une apparence extrêmement trompeuse. ça fait vraiment penser à des petits bouts de chair... essentiellement quand ça fait une semaine qu'ils nous en servent, et qu'il s'agit du fond de bocal.

enfin, j'ai voulu tester le côté: je suis un démon sous ma gueule d'ange, je vous laisse juger. mais mine de rien, y en a qui cachent rudement bien leur jeu!^^

et merci pour votre lecture.

disclaimer: Samurai Deeper Kyo, Akimine Kamijyo