Chapitre 1 : Le dernier Horcruxe
29 août 1997
Les vacances scolaires avaient filé à toute vitesse, laissant Harry Potter épuisé. Après la mort d'Albus Dumbledore, assassiné sous ses yeux par Severus Rogue, au sommet de la tour d'Astronomie, il avait consacré corps et âme à la recherche des Horcruxes. Alors que les membres de l'Ordre du Phénix étaient sur tous les fronts, Harry et ses deux meilleurs amis avaient sillonné le pays pour trouver les fragments d'âme du Seigneur des Ténèbres afin de les détruire. Après le journal intime de Tom Jedusor, la bague des Gaunt, le Médaillon de Salazar Serpentard, la Coupe de Helga Poufsouffle, le Diadème de Rowena Serdaigle et Nagini, le long reptile de Voldemort, il ne leur en restait plus qu'un à trouver.
Au 12, square Grimmaurd, Harry, Ron Weasley et Hermione Granger étudiaient de lourds volumes dénichés dans le bureau du Professeur Dumbledore à la fin du mois de juin, cherchant des indices qui leur permettraient de découvrir le dernier morceau de puzzle afin de donner une chance à Harry de vaincre Voldemort. Depuis quelques minutes, les sourcils de Hermione étaient froncés et son regard était perdus dans le vague.
- Hermione ? tenta Ron qui l'observait, les yeux cernés de violet.
Harry étouffa un long baillement. La nuit était déjà bien avancée, et cela faisait des heures qu'ils étaient enfermés dans l'ancienne chambre de Sirius, dans un silence seulement brisé par la porte d'entrée qui s'ouvrait de temps en temps.
- Imaginez un peu que Voldemort – arrête Ron ! - ait eu la brillante idée de cacher le dernier Horcruxe hors de notre époque, fit-elle, songeuse.
- C'est-à-dire ? demanda Harry, en fermant l'énorme ouvrage posé sur ses genoux.
- Le journal de Jedusor, répondit-elle. Voldemort a créé cet Horcruxe dans les années quarante et pourtant, son souvenir est parvenu jusqu'à nous.
Harry se souvenait très clairement du jour où, en voulant sauver Ginny Weasley, la sœur cadette de Ron, du monstre de la Chambre des Secrets, il avait rencontré le souvenir de Tom Jedusor, alors étudiant de cinquième année à Poudlard.
- Il a très bien pu créer un Horcruxe qui n'est trouvable que dans le passé, acheva-t-elle. Peut-être à une date bien précise. Reste à savoir laquelle, ajouta-t-elle à demie-voix.
Elle resta silencieuse un moment, tandis que Harry et Ron la regardaient en fronçant les sourcils, convaincus que le manque de sommeil faisait dérailler la jeune femme.
- Ne me regardez pas comme ça, dit-elle avec humeur. Continuez à chercher des indices sur notre époque, je vais me concentrer sur le passé. Au moins pour être sûre qu'il n'ait pas pu faire une telle chose.
- Est-ce qu'on a le choix ? demanda Ron en levant les yeux au ciel.
Les garçons se désintéressèrent d'elle et reprirent leur lecture, penchés sur d'épais livres. De temps en temps, l'un d'eux prenaient une note sur un parchemin. Hermione était persuadée que son idée tenait la route. Voldemort était tordu après tout, mais très intelligent. Elle se décida alors à établir une chronologie liée au sorcier, afin de trouver la date la plus probable.
Lorsque Harry et Ron lui souhaitèrent bonne nuit,elle donna un coup de baguette en l'air. Une tasse de thé fumante apparut sur une pile de livre et elle continua ses lectures. De temps en temps, elle rayait une date, pour en ajouter une nouvelle. Hermione tentait de raisonner comme Voldemort, et réfléchissait à la période qui lui avait été la plus propice à créer un nouvel Horcruxe qu'il aurait alors bloqué dans le temps. Au cours de l'année précédente, Albus Dumbledore avait appris à Harry que Voldemort avait connu son apogée dans les années 1970. A cette époque, de plus en plus de sorciers s'étaient ralliés à ses idées, par conviction ou par terreur, et la puissance du mage noir n'avait cessé de croître. L'échec de la tentative d'assassinat de Harry avait fait volé en éclat tous ses plans et marquait donc la fin de sa puissance. A sa place, c'est juste avant cette période précise que j'aurai choisi de coincer un morceau d'âme dans le passé se dit-elle en mordillant le bout de sa plume. Après un bref calcul mental, Hermione réalisa que cette décennie correspondait au temps des Maraudeurs – l'époque où James Potter, Rémus Lupin, Sirius Black et Peter Pettigrew s'étaient rencontrés à l'école de Poudlard.
Epuisée, mais contente de sa trouvaille, Hermione referma son livre d'un geste sec, avant de rejoindre la chambre qu'elle partageait avec Ginny.
Deux jours s'étaient écoulés depuis que Hermione avait eu son éclair de génie, et l'idée ne quittait pas son esprit. Elle avait réussi à convaincre Harry et Ron de se ranger de son côté, après leur avoir fait le récit complet de ses divagations. Harry avait compris que Hermione ne cesserait de les tanner avec ses idées tant qu'elle les n'aurait pas vérifiées.
Harry n'eut d'autre choix que de mettre Rémus Lupin dans la confidence. Jusqu'alors, il n'avait parlé des Horcruxes qu'à Ron et Hermione, selon la volonté de Dumbledore. Assis à la grande table du salon du quartier général de l'Ordre du Phénix, les trois amis faisaient face à un Rémus Lupin fatigué, mais en alerte.
- Si je résume Hermione, tu penses que Voldemort aurait caché un morceau de son âme dans le passé, récapitula-t-il. Comment l'idée t'est-elle venue ?
- J'étais en train de feuilleter Grandeurs et Décadences de la Magie Noire lorsque je suis tombée sur un petit paragraphe concernant les Horcruxes, expliqua-t-elle une nouvelle fois. C'est l'exemplaire du bureau du Professeur Dumbledore. Il y avait une feuille de parchemin glissée dans les pages. Je pense avoir reconnu son écriture et...
- Hermione, râla Ron, viens-en aux faits !
Hermione lui lança un regard noir et reprit.
- Il y était noté qu'un sorcier du neuvième siècle était parvenu à créer un Horcruxe et à le coincer hors du temps, dit-elle. A une époque précise à laquelle il lui a fallu revenir lorsque, plein de remords, il décida de réunir son âme en un seul morceau. Je pense que Voldemort a pu dissimuler le dernier de ses Horcruxes à la fin des années 1970, lorsque vous étiez vous-même étudiant à Poudlard.
- C'est une solution envisageable, fit Rémus après l'avoir écoutée. Que comptez-vous faire maintenant ? J'imagine que vous ne m'avez pas révélé ça pour rien.
- Hermione a pensé, continua Ron, que Vous-Savez-Qui (Hermione leva les yeux au ciel) a du cacher son âme à Poudlard. On sait qu'il considérait l'école comme sa véritable maison, puisqu'il était orphelin. Il a même voulu un poste d'enseignant après ses études.
- Et trois de ses Horcruxes étaient des objets appartenant aux fondateurs : Serpentard, Serdaigle et Poufsouffle, poursuivit Ron. Il n'aurait jamais pris un objet de Gryffondor, étant donné que Salazar Serpentard et Godric Gryffondor se détestaient. Mais Poudlard semble le lieu adéquat pour dissimuler quelque chose d'aussi important qu'un fragment de son âme.
- Je vois, dit Rémus. Qui compte y aller alors ?
- Moi ! s'écria Hermione avant que Harry n'ait eu le temps de dire quoi que ce soit. J'y ai réfléchi et comme je n'ai pas de famille dans le monde de la magie ici ou dans le passé, je pensais m'y rendre...
- Hermione ! Tu aurais du nous en parler, lui lança Harry alors que Ron ouvrait la bouche pour exprimer son désaccord. Il est hors de question que tu y ailles toute seule, tu auras besoin de nous deux pour...
- Non Harry ! réfléchis, dit-elle, c'est l'époque où tes parents et Sirius étaient à Poudlard ! Tu modifierais le présent en les revoyant. Et il y a aussi Queudver !
- Hermione a raison, Harry, dit Rémus. Il serait préférable que, pour une fois, tu restes en dehors de tout ça. Pendant qu'elle fera ses recherches de son côté, rien ne vous empêchera de continuer les vôtres ici.
Les visages de Harry et Ron étaient marqué par la colère et la déception, mais ils acquiescèrent cependant. Après tout, songea Harry, Hermione avait raison – revoir ses parents et Sirius n'arrangeraient rien pour personne.
- Nous allons devoir préparer ton départ Hermione, continua Rémus doucement, afin qu'il se déroule sans le moindre problème. Dans le cas contraire, cela pourrait avoir des conséquences désastreuses. Je vais réfléchir au meilleur moyen de te faire traverser le temps. En attendant, continuez vos recherches habituelles. Je dois vous quitter à présent, je dois remplacer Tonks pour la fin de la journée, ajouta-t-il en se levant.
Il mit sa cape et lança un regard aux trois amis.
- En attendant, prenez soin de vous. Je vous envoie un hibou dès que j'ai trouvé le bon moyen de faire partir Hermione.
- Et si jamais tu le trouves, comment tu vas le détruire cet Horcruxe, Hermione ? demanda Ron lorsqu'ils eurent regagné leur chambre.
- Je dois encore réfléchir à cette question, dit-elle d'un air sérieux. Quelque chose de très puissant, j'imagine...
- De l'amour ! se moqua Ron en battant rapidement des paupières, ce qui lui donnait l'air stupide de Lavande Brown lorsqu'il sortait avec elle.
Harry et Hermione éclatèrent de rire en le voyant, et Ron sourit, content d'avoir allégé l'atmosphère.
Durant les quatre jours qui suivirent leur échange avec Rémus Lupin, Harry, Ron et Hermione n'eurent aucune nouvelle et ils ne le croisèrent pas non plus au quartier général. Inquiète, Hermione se rongeait les ongles. Elle était intimement persuadée qu'elle avait raison, et il fallait qu'elle valide sa théorie – sans quoi, elle finirait par se ronger les doigts.
Lorsque Rémus revint, c'était avec une bonne nouvelle.
- Désolé du retard, dit-il en s'asseyant sur le lit de Ron. Pleine lune...
Les trois sorciers s'essayèrent sur le tapis sombre et le regardèrent, impatients.
- J'ai trouvé le sortilège que nous allons utiliser Hermione, dit-il alors. Une fois que tu seras envoyée dans le passé, tu auras tout le temps qu'il te faudra pour trouver ce que tu cherches. Je vais t'envoyer directement à Poudlard. J'ai parlé avec Dumbledore et...
- Pardon ? s'écrièrent en même temps Harry, Ron et Hermione.
- Avec son tableau, à Poudlard, s'expliqua-t-il. J'ai eu de la chance, ce bon vieux Rogue ne l'a pas laissé dans son ancien bureau. Le Professeur Dumbledore se trouve désormais quelque part dans un placard à balais, et la carte du Maraudeur m'a, disons, beaucoup aidé une fois encore. Il approuve ton idée Hermione, et se charge de mettre au courant son passé. Et non, je ne sais pas comment il compte s'y prendre, coupa-t-il en voyant Ron ouvrir la bouche. Tu ne seras pas totalement seule, Hermione.
Il fouilla dans une poche de sa cape et en sortit deux petits miroirs de poche.
- Des miroirs à double sens ? demanda Harry.
- Comme celui que t'a donné Sirius, oui, affirma Rémus. Je les ai ensorcelés pour qu'ils résistent à la magie du temps et quand tu sentiras le besoin ou l'envie de communiquer, il vous suffira de souffler dessus et de murmurer le nom de la personne qui apparaîtra alors comme à travers une fenêtre.
Hermione se redressa sur le tapis.
- Je vais te donner plusieurs instructions Hermione, dit Rémus d'un ton grave. Le monde dans lequel tu te rends, est un monde différent du notre. Complètement différent. Il faudra veiller à ne rien dire ou presque de ce qu'il se passe ici. N'informe personne de la situation de Voldemort. Quoiqu'il arrive, peu importe en face de qui tu te trouveras, ne dis rien. Ne laisse rien paraître envers Peter Pettigrow ou James Potter par exemple ! Avec un peu de chance, tu vas pouvoir sauver des vies Hermione.
Hermione affichait un visage pâle, consciente de se qu'on lui demandait d'accomplir.
- Emmène tous tes objets personnels avec toi, il faut que tu te sentes à l'aise au château. Tu suivras les cours des septièmes années, c'est quasiment le même programme à quelques détails près. Tu passeras tes ASPIC là-bas. Tu rentreras après les résultats. Cela te convient-il ? Demanda-t-il.
- Oui... professeur, répondit-elle, sans cacher sa joie d'avoir une chance de passer ses examens de fin d'année.
- Tu partiras en fin de soirée. Soit à dix-neuf heures précises dans le grenier, finit Rémus. On y sera tranquille. En attendant, prépare tes affaires.
Il se leva et quitta la pièce sans tarder.
A la fin de l'après-midi, Hermione fut obligée de s'asseoir sur ses valises avec Ron pour pouvoir les fermer, tout cela dans un éclat de rire, qui détendait l'atmosphère pesant qui s'était installé depuis que Rémus Lupin les avait quittés.
Quand les affaires de Hermione furent prêtes, ils s'assirent tous les trois sur le vieux lit à baldaquins. Ron fouilla dans sa poche et en sortit un livre maladroitement relié. Il le tendit à Hermione.
- Ce sont toutes les photos que Colin Crivey a pu prendre de nous trois. On t'en donne pas mal pour que tu ne nous oublie pas, dit-il.
- Merci beaucoup, répondit la jeune fille en tentant de sourire, les larmes lui montant aux yeux.
Elle poussa un long soupir, et serra les deux amis dans ses bras.
- Vous allez tant me manquer, leur dit-elle en laissant échapper quelques sanglots. Promettez moi de me parler au moins une fois par semaine... Non, tous les jours en fait !
- C'est promis Hermione, répondit Harry dans un murmure.
- Il va falloir que je me mette à prendre des notes en Histoire de la Magie, ajouta Ron en feignant l'agacement, afin de détendre l'atmosphère une fois encore.
A travers leurs larmes, ils éclatèrent de rire.
Les embrassades avec les membres de la famille Weasley furent très longue, et Molly sanglotait lorsqu'elle lâcha Hermione. Lorsque les dix-neuf heures sonnèrent à la vieille horloge magique du salon, Hermione monta au grenier, suivie de Ron et Harry, qui l'aidèrent à porter son imposante valise. Elle leur laissait le soin de s'occuper de Pattenrond en son absence, et fut légèrement peinée de ne pas l'apercevoir avant son départ.
La porte du grenier était ouverte. Rémus Lupin les attendait.
- Prête ? demanda l'homme.
- Oui, acquiesça Hermione en respirant un grand coup.
Il n'était plus temps de se défiler. Rémus Lupin la prit alors dans ses bras, et la serra contre elle.
- Prends soin de toi Hermione, dit-il.
Après l'avoir lâchée, il agita sa baguette magique, et un trait de craie blanche se dessina tout autour de la jeune femme en un cercle parfait. Rémus récita l'incantation et un tourbillon de couleurs glacées enveloppèrent Hermione. Les images défilaient devant ses yeux à tout vitesse lorsqu'elle sentit le sol se dérober sous ses pieds. Elle ferma les yeux, serrant dans sa main l'album photo que lui avaient donné ses deux meilleurs amis. Le tourbillon d'image freina son allure, pour enfin s'arrêter. Ses pieds heurtèrent une surface tendre et une légère brise vint ébouriffer ses cheveux.
Hermione ouvrit alors les yeux.
Elle se retrouvait face au large portail de fer de Poudlard, vingt ans auparavant.
Pour la petite info, j'ai écrit cette histoire il y a huit ans déjà. Mais la trouvant trop peu incohérente, j'ai décidé de la réécrire. A vous de me dire ce que vous en pensez. ;-)
