Contes et légendes: Haunted Palazzo.
Disclamer: rien est à moi, sauf Lysa et Noa.
Os en 2 parties.
Résumé: Duo et ses amis passent leur vacances d'été au Palazzo Ca'Dario à Venise, propriété des Maxwell. Et c'est un palais hanté.
Merci à Siashini pour sa correction
SPECIAL DEDICACE: A Babel54, parce queVenise et son Palais hanté est son idée et à Catirella... gros câlinoux ma belle!!!!
Sur ce
Bonne Lecture
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Partie I
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Ils étaient tous réunis dans le salon du Palais Winner sur L4.
Aucuns d'entre eux ne pouvaient manquer ça ! L'anniversaire de leur meilleur ami à tous était un jour qu'on ne pouvait pas laisser passer sans se retrouver.
C'était donc autour de petits fours et de champagne tranquillement installés dans le salon Arabe que Solo Peacecraft Maxwell, Odin Maxwell Yuy, Meian et Xei Chang et Catherine Winner Barton discutaient de leur soirée pour les 18 ans d'Odin.
Les idées les plus simples fusaient au milieu de celles, plus farfelues, de Meian.
« Hey !! Pourquoi on se fait pas une petite séance de spiritisme ? »
Les 4 autres se tournent vers elle et ce fut Odin qui résuma l'avis général.
« Tu nous fais chier Mei' avec ton spiritisme !! »
Boudeuse, la jeune fille se blottit dans les bras de son frère jumeau qui avait beaucoup de mal à se retenir de rire.
Après ce petit écart, la discussion reprit mais Solo semblait un peu ailleurs et son cousin, Odin, lui en fit la remarque.
« 'Lo ? Y a un problème ? »
Le jeune homme blond comme les blés aux magnifiques yeux violets porta son attention sur son ami.
« Heu… Non... Pas du tout... Mais la proposition de Mei' m'a fait penser à un truc. »
A l'entente de son prénom, la brunette se redressa.
« Ah Oui ?! Quoi ? »
Solo soupira.
Ce n'était pas vraiment le moment d'en parler mais bon, au vu des regards avides de curiosité qui se posaient sur lui à cet instant, il savait pertinemment qu'aucuns d'entre eux ne le lâcheraient avant qu'il n'ait craché le morceaux.
« Ben en fait… Vous savez que je suis allé sur Terre pour les vacances ? »
Avec une grimace, Odin confirma.
« Ouais, on sait. D'ailleurs, je comprends pas pourquoi Papa n'a pas voulu que je vienne aussi !! »
Catherine le lui rappela gentiment.
« Ben p'te parce que t'as glandé au lycée et que t'as eu ton bac avec justesse alors qu'il sait pertinemment que tu peux être une tronche quand tu veux ? »
Un sourire charmeur éclaira le visage du brun aux yeux bleus et il fit un clin d'œil à la jeune fille.
La petite troupe ria un instant.
Il était vrai qu'Odin ne faisait pas le moindre effort à l'école alors que depuis l'âge de 13 ans, il développait des jeux vidéos virtuels que son cousin, Solo, et leurs amis prenaient plaisir à essayer.
« En quoi est-ce vraiment intéressant que tu sois allé sur Terre ? »
« Ben, j'ai passé une semaine au Palazzo familial à Venise et y avait Tante Helen. »
Odin grimaça.
« Elle est sympa la tantine mais qu'est-ce qu'elle est soûlante !!! »
Un nouvel éclat de rire les secoua et Solo reprit.
« T'es con !! »
« Dis de suite que c'est pas vrai ?! T'es le premier à le dire !! »
« Ben, j'ai changé d'avis. »
Odin fronça les sourcils.
« Elle m'a raconté un truc franchement tordu mais carrément génial et ça commençait par une séance de spiritisme. Voilà. »
Espérant vraiment que ses amis se contenteraient de ça, Solo les regarda un à un, attendant une quelconque réaction qui ne se fit d'ailleurs pas attendre.
En sentant sa sœur trépigner contre lui, Xei résuma l'envie générale.
« Ben alors ? Tu nous la racontes ton histoire ?!! »
Solo soupira.
Ils n'allaient quand même pas passer la soirée à l'écouter raconter une vieille légende de famille. Si ?
« Aller, 'Lo, te fais pas prier !! »
Et sous l'insistance du regard de son cousin auquel il n'avait jamais pu rien refuser, Solo se lança.
« Je vous préviens : c'est long et c'est dégoulinant de sentiments. Venez pas vous plaindre après que vous avez raté votre soirée. »
Catherine s'impatienta.
« T'as fini de râler !! Commences ! »
Le blond finit par capituler et se réinstallant correctement avant de commencer.
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« L'histoire commence il y a 200 ans à Venise…»
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« Allez Duo-chéri !! On va bien se marrer !! »
Le dit Duo-chéri soupira en fermant les yeux très fort.
Dans quelle galère s'était-il encore fourrée ?
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Duo Maxwell était un jeune homme de 18ans tout ce qu'il y avait de plus banal. Né à Baltimore, aux USA, en même temps qu'une charmante jeune fille du nom de Lysa, la famille avait immigré à Sank quand les jumeaux eurent 2 ans, pour le travail de Mr Maxwell, promu vice-président de l'immense multinationale : la Winner Corporation.
Duo et Lysa avaient grandi avec le fils du patron, Quatre Raberba Winner, âgé de leur âge.
Quatre était le plus calme, Duo, le boute-en-train et Lysa, digne sœur de Duo, avait, en plus, l'art et la manière d'avoir des idées toutes plus saugrenues les unes que les autres que leurs amis, Trowa, Wufei, Hilde et Rélena suivaient avec un plaisir non-feint, souvent au grand damne du natté.
Et cette fois-ci, il était question de spiritisme.
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Après les épreuves du bac et surtout l'annonce des résultats, satisfaisant pour l'ensemble de la petite troupe, leurs parents respectifs, tous de riches notables de Sank, avaient accepté que leur progéniture aille passer les vacances d'été au Palazzo Ca'Dario que David Maxwell avait offert à sa femme, passionnée par la Sérénissime Venise, pour leur vingtième année de mariage.
Les différents couples du petit groupe se félicitaient de cette totale liberté.
Quatre et Trowa avaient investi une des chambres du 1er étage ainsi que Wufei et Hilde.
Lysa et Rélena, celle du 2ème et Duo, seul célibataire, s'était gardé la chambre de maître, au dernier étage, à cause de la vue sublime sur Venise.
Il pouvait ainsi assouvir ses envies de croquis ou de peinture.
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Durant les 1ères journées, chaudes et ensoleillées, les 3 couples s'étaient offerts de belles balades en gondole à la découverte de Venise tandis que Duo, son carnet de dessin sous le bras, s'installait Piazza San Marco et s'amusait à croquiser les vacanciers.
Mais l'ennui avec le bord de mer était les brusques changements de temps.
Les orages avaient succédé au soleil et, après avoir passé en revu tous les films de la vidéothèque de la maison ainsi que les jeux qu'ils connaissaient, Lysa leur avait proposé sa nouvelle marotte : le spiritisme.
Effectivement, quoi de plus intéressant qu'une petite séance de spiritisme dans une maison réputée hantée ?
Tout le monde avait acquiescé avec enthousiasme, même Duo, connu pour son scepticisme chronique jusqu'à ce que….
« Aller Duo-chéri !! Toi qui adores clamer quelques belles phrases de théâtre, c'est le moment de nous montrer toute l'étendue de ton talent !! »
Duo s'était renfrogné mais devant l'approbation générale à la proposition de la jumelle Maxwell et la pression exercée par les autres, pour avoir la paix, l'Américain avait finalement accepté.
De toute façon, ce n'était pas comme s'ils allaient avoir une quelconque réponse et, fort de cette certitude, Duo se plaça au milieu du cercle formé par ses amis.
Jouant le jeu à fond, le jeune homme leva les bras au ciel et répéta, d'une voix forte et claire, le texte que sa sœur lui présentait.
« Reçois ces mots, entends mon cri
Toi qui es passé au travers des âges
Viens à moi ici et maintenant
Traverse le Grand Fossé qui nous sépare »Les yeux rivés sur les bougies qu'ils avaient disposées tout autour d'eux, les adolescents attendirent la moindre réaction, retenant fébrilement leur souffle.
Toujours debout, Duo sentait l'impatience monter et allait décréter l'inutilité d'une telle pratique mais sa sœur lui coupa la parole d'un regard noir et lui fit signe de recommencer.
Un soupir frustré s'échappa de ses lèvres et, cette fois-ci, de mauvaise grâce, il récita de nouveau l'incantation.
Après quelques secondes de profond silence, Duo fit fi de l'avertissement muet de sa jumelle.
« J'avais raison ! »
Il brisa le cercle en passant entre Lysa et sa petite amie.
« Bon. Je vais me coucher ! Buona notte !! »
Il sortit du Grand Salon. Il entendit vaguement Wufei et Hilde suivre son exemple alors qu'il montait les 1ères marches de l'escalier.
Tout en baillant à s'en décrocher la mâchoire, Duo entra dans la suite qui lui servait de chambre.
Sans allumer l'immense lustre de cristaux noirs dont il trouvait la lumière trop vive, il se déshabilla et, une fois nu, il alla prendre une douche, sans apercevoir, assis au fond du fauteuil près de la fenêtre qui donnait sur le Grand Canal, la pair d'yeux bleus qui avaient suivi chacun de ses mouvements.
Après sa douche, Duo retourna dans la chambre et se glissa dans son lit, soupirant de bien-être au contact des draps de satin sur sa peau nue.
Il ferma les yeux qu'il réouvrit quelques instants plus tard.
De légers picotements sur sa peau découverte lui donnaient la désagréable impression d'être observé.
Mais jugeant l'idée ridicule, il se tourna dans le lit, bien décidé à dormir.
Seulement, la sensation d'être épié ne disparut pas.
Agacé et persuadé qu'un quelconque voyeur le matait par la fenêtre ouverte, Duo se leva pour la fermer, pestant contre les opportuns qui l'empêchaient de profiter de la fraîcheur nocturne après une journée à la chaleur orageuse étouffante.
Il fit quelques pas en râlant avant de stopper net.
Juste devant lui, à un mètre ou deux, il venait de voir ce qui lui avait donné ces petits frissons.
Un homme, assis dans le fauteuil qu'il utilisait volontiers pour dessiner, l'observait intensément.
L'indignation remplaça vite la fugace impression de peur quand Duo se rendit compte que les yeux inquisiteurs se baladaient impunément sur son corps nu.
Sans se démonter, Duo s'approcha vivement et décrocha une superbe droite au voyeur avant de se mettre hors de portée d'un retour de coup et de récupérer son drap pour cacher sa nudité.
L'Américain se tourna vers l'intrus qui n'avait pas bronché. Duo aurait pu douter de sa force s'il n'avait vu l'autre masser sa mâchoire endolorie.
Avec un sourire en coin, Duo lui fit face.
« Qui êtes-vous ? Et que voulez-vous ? »
L'homme ne répondit pas et se leva.
D'instinct, Duo recula d'un pas.
Il n'avait pas à se plaindre de sa taille – un honorable 1m79-, ni même de sa carrure – 75kg forgée par le basket et la natation- mais l'autre semblait l'écraser par sa masse.
Il devait faire 15 bons centimètres et 20kg de plus que lui.
Duo avait la nette impression de se retrouver face à un de ces guerriers scandinaves qui peuplaient les livres de mythologie nordique qu'il adorait lire si ce n'était les épais cheveux noirs que la lune, que les nuages avaient déniée laisser voir, lui montraient.
Finalement, alors que Duo s'apprêtait à reposer ses questions malgré la soudaine fébrilité que l'intense regard posé sur lui faisait naître dans ses jambes, l'autre le coupa d'une voix chaude et envoûtante où un certain mépris filtrait.
« Vous m'avez appelé, Duo-sama. »
Les sourcils de Duo se froncèrent.
Comment avait-il pu appeler un type qu'il ne connaissait pas et qui, pour ce que la lune lui laissait entrevoir, était de ceux que l'on oubliait pas,
Et pourquoi diable utilisait-il le suffixe japonais –sama dont Duo connaissait la signification pour regarder, uniquement en japonais sous-titré, les animes dont il raffolait ?
« What ? » fut la seule réponse convenable qui lui vint à l'esprit.
Duo entendit un soupir agacé s'échapper de l'homme en face de lui.
« Je suis Heero Yuy, celui que vous avez appelé, tout à l'heure, avec vos amis, Duo-sama. »
Celui-ci eut la nette impression que son esprit se voilait de blanc tant l'information donnée était difficile à intégrer. Il lui fallut quelques instants pour comprendre les paroles prononcées et quand cela fut fait, Duo s'évanouit.
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Au petit matin, Lysa porta le petit déjeuner à son frère pour se faire pardonner d'avoir un peu abuser de lui la veille.
Elle entra sans frapper.
« Debout marmotte !!! Je t'amène le petit-déj' ! »
Duo grogna et ouvrit péniblement les yeux.
Il lui fallut quelques instants pour que les dernières limbes du sommeil s'évanouissent de son esprit et que les évènements de la veille s'imposent à lui.
Il jeta un rapide coup d'œil au fauteuil à côté de la fenêtre toujours ouverte. Le trouvant vide, il soupira, soulagé, et sourit à sa sœur.
Mais un grognement à côté de lui, dans le lit, le fit bondir et tomber au sol.
Lui tournant le dos pour poser le plateau sur une table ronde en face du lit, Lysa ria au éclats, ignorant la raison de la chute de son frère et quand elle se retourna, elle se figea, surprise.
Un très bel homme aux cheveux courts et bruns en bataille et aux surprenants yeux bleus bridés s'étirait dans le lit de son frère.
Le dit-frère était figé en bas du lit, nu, un éclat terrifié dans ses beaux yeux violines.
Persuadée que cet éclat était dû au fait qu'elle ait découvert son petit secret, un sourire amusé étira ses lèvres tandis que d'un air faussement indigné, elle s'écria :
« Eh bien, tu pourrais me présenter quant même !! »
Duo tourna son regard vers elle et lui demanda d'une voix blanche :
« Tu le vois ? »
La jeune femme fut si étonnée par la question qu'elle ne répondit pas à Heero quand il lui lança :« Bonjour Mlle Maxwell. », avant de se pencher vers Duo pour lui offrir son aide.
« Puis-je vous aider à vous relever, Duo-sama ? »
Lysa tiqua à la formule et au mépris lancé dans le dernier mot tandis que Duo reculait vivement.
Heero haussa les épaules et se leva, complètement nu, indifférent au regard mi-incrédule mi-méfiant que lui lançait la jeune fille, pour aller prendre une douche.
Quand l'eau se fit entendre, elle alla aider son frère à se redresser et lui présenta un jean qui traînait.
« Habilles-toi et expliques-moi ce qui se passe ici. »
Duo s'exécuta.
Il passa le jean gracieusement offert par sa sœur et s'installa devant son petit-déjeuner.
Boudant les toasts et le nutella qu'il avait l'habitude de dévorer en quantité, il ne se servit qu'un café noir.
En voyant cela, Lysa eut la certitude qu'un truc ne tournait vraiment pas rond et s'assit en face de son frère.
Celui-ci but d'une traite sa 1ère tasse et s'en resservit une autre avant d'ouvrir la bouche.
« Où est-ce que tu as trouvé l'invocation que tu m'as fait lire hier soir ? »
Ne s'attendant pas à cela, Lysa qui se servait aussi un café, suspendit son geste et répondit.
« Dans la bibliothèque. Pourquoi ? »
Duo ferma les yeux. Il n'y avait que sa frangine pour dégotter une vraie formule dans la multitude de livres qu'il y avait dans cette maison.
« Pourquoi ? Parce que le type que tu viens de voir prétend être le fantôme qui hante cette maison !! »
Et comme il s'y attendait, les yeux de sa sœur, si semblables aux siens, se mirent à pétiller.
« Tu veux dire que la bombe qui est dans ta salle de bains est le fantôme à l'origine de tous les morts qui ont jalonné l'histoire de cette maison ? »
Duo manqua de s'étouffer avec son café et gémit.
« Putain, c'est pas vrai !! Un fantôme assassin !! »
« Non. Vengeur. »
Les jumeaux Maxwell sursautèrent de concert.
Pris dans leur conversation, ils n'avaient pas entendu la porte de la salle de bains et Heero se tenait à présent aux côtés de Duo, habillé d'un pantalon noir moulant rentré dans des bottes de la même couleur à talons plats et d'une chemise blanche fermée par un lacet sur le devant, deux autres liens retenant les manches amples autour des poignets.
Duo rentra la tête dans ses épaules.
Il avait beaucoup de mal maîtriser la panique irraisonnée que le type – penser fantôme était au-delà de ses capacités- faisait naître dans son esprit alors que sa sœur, parfaitement à l'aise, lui demandait, curieuse :
« Vengeur ? Comment ça ? »
Heero lui offrit un regard noir qui ne déstabilisa pas la jeune fille – elle avait l'habitude entre Trowa, Wufei et son frère.
« Allons retrouver vos amis. Je n'ai pas envie de me répéter. »
Sans attendre, Lysa se leva et attrapa le bras de son frère qui s'esquiva.
« Allez-y. Moi, je vais me doucher. »
Insensible à la moue boudeuse de sa sœur, Duo s'éclipsa dans la salle de bains sans demander son reste.
Tout en laissant dégouliner l'eau sur sa peau, le jeune homme repensa à la soirée de la veille et à la dernière heure écoulée.
Rien dans l'attitude d'Heero n'évoquait réellement sa nature et Duo se promit de se maîtriser face à lui.
Mais, en sortant de la pièce, sa fraîche résolution prit un coup.
Heero l'attendait assis dans le même fauteuil que la veille.
La panique fit vite place à l'énervement.
Heero avait beau être bel homme et être plutôt impressionnant, le mépris que Duo lisait dans les orbes glacés l'agaçait au plus haut point.
Ce n'était pas de sa faute s'il était là !!! Il n'avait qu'à se plaindre à sa sœur !!!
Duo allait lui demander pourquoi il l'avait attendu puisqu'il semblait le détester mais Heero le devança.
« Votre sœur est allée réveiller vos amis. Elle nous attend dans le Grand Salon. »
L'Américain le vit se lever du coin de l'œil et se prit à regretter de le trouver toujours aussi troublant.
Pour se donner contenance, Duo attrapa le plateau du petit-déj' et faillit l'envoyer valser contre le mur quand Heero parla de nouveau.
« Laissez, Duo-sama, je vais le porter. »
Le jeune homme grogna.
Ce mépris commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs.
« Vas te faire !! J'ai des bras et des jambes et je sais m'en servir !! »
Lui tournant le dos avec son plateau pour sortir de la pièce, Duo ne vit pas le sourire désabusé qui étira les lèvres d'Heero.
Le natté descendit sans se soucier si oui ou non Heero le suivait et déposa rageusement le plateau sur une commode en entrant dans le Grand Salon.
Tous ses amis y étaient déjà réunis, déjeunant tranquillement, toute leur attention tournée vers le récit que leur faisait Lysa.
Duo s'installa à l'écart, ne répondant même pas à Quatre, le seul des 6 à avoir fait attention à son arrivée.
Par contre, celle d'Heero fut presque applaudie tant la présentation de Lysa était éloquente.
« Et voici, mesdames et Messieurs, le héros du jour : Heero Yuy !! »
Celui-ci s'arrêta devant les 6 paires d'yeux curieux posés sur lui et répondit au bonjour général d'un simple : « Hn. »
Loin de se démonter par la réponse un peu froide, Lysa lui proposa une tasse de café qu'il déclina avant de rejoindre Duo et de s'asseoir sur l'accoudoir du fauteuil où il se trouvait.
Celui-ci, toujours énervé, murmura entre ses dents serrées.
« Fiche-moi la paix ! »
Heero ne bougea pas d'un pouce.
Duo soupira, frustré, qu'il ne le laisse pas bouder tranquille.
Une espèce de silence flotta pendant quelques minutes pendant lesquelles Rélena, sensible aux humeurs des jumeaux – sûrement parce qu'elle était la petite amie de Lysa et que son frère fonctionnait exactement comme elle-, lui amena un café.
Il la remercia d'un sourire sans pour autant sortir de sa bouderie tandis qu'elle retournait s'asseoir près de Lysa qui, après avoir avalé une 3ème tasse du liquide amer, entra enfin dans le vif du sujet.
Elle darda son regard acéré sur Heero et attaqua.
« Tu as dit tout à l'heure que tu étais une sorte d'ange vengeur… »
« Non, je ne suis que l'instrument de la vengeance d'autrui. »
« Comment cela ? »
« Je ne fais que venger l'honneur bafoué de la maîtresse des lieux. »
Duo grogna et se renfrogna un peu plus.
Il n'était pas une femme et son honneur était absolument intact !!
Mais avant qu'il n'ait pu dire quoique ce soit, la voix claire d'Hilde brisa le silence gêné que la déclaration d'Heero avait fait naître.
« Tu veux dire que tu n'apparais que si l'on t'appelle ? »
« Oui. »
« Uniquement qu'en cas de vengeance ? »
« Oui. »
« Mais com… »
Duo se leva brusquement, coupant l'Allemande dans son interrogatoire.
« Je ne suis pas une femme et je ne demande pas vengeance !!!! »
Il sortit du Grand Salon en claquant la porte, laissant les autres surpris d'un tel éclat.
Heero se leva à son tour mais Wufei intervint avant qu'il ne fasse un pas.
« Inutile de le suivre. Je sais que c'est à sa parole que tu es attaché puisque c'est lui qui a déclamé l'invocation mais crois-moi, il vaut mieux que tu le laisses se calmer. »
Après un long regard vers la porte par laquelle le jeune homme était sorti, Heero se rassit.
La soudaine crise de Duo avait calmé les ardeurs de sa sœur qui se sentait coupable et, oubliant jusqu'à la présence du géant fantôme, muet dans son fauteuil, la discussion s'orienta sur le programme de la journée, le soleil étant revenu après une longue semaine de pluie et d'orages.
Quand ils eurent fini de déjeuner et de décider d'aller passer la journée sur la lagune à bord du yacht de la famille Maxwell, ils sortirent tous du Grand Salon, emmenant avec eux les reliefs du repas.
Enfin seul, Heero soupira.
Lui-même ne comprenait pas comment cet enfant avait réussi à le réveiller.
Jamais encore, et même si le livre où sa grand-mère avait noté les paroles d'appel tombait entre des mains inappropriées, personne n'ayant pas de souhait de vengeance n'avait pu l'invoquer.
Seules les femmes bafouées, comme sa sœur, par un mari trop volage avaient réussi à le faire.
C'était sa croix.
Reproduire à l'infini ce qui l'avait mené là.
Sa mère, une princesse vénitienne, avait souhaité que sa fille épouse un noble de sa ville natale.
Elle avait donc offert Noa au Seigneur Dario, lequel avait fait construire ce drôle de Palazzo qu'Heero n'avait jamais aimé à cause de sa façade bancale, pour leurs noces.
Malheureusement, Giovanni Dario dont sa sœur était follement éprise, était un être cruel et adultère.
Il avait même été jusqu'à installer son jeune amant sous leur toit.
Et, au-delà de l'honneur bafoué, Heero avait conçu une haine féroce contre ce jeune jouvenceau à cause duquel sa sœur s'était suicidée en se jetant dans le Grand Canal une nuit de pleine lune.
Alors capitaine d'un des navires de la flotte marchande de son père qui reliait Venise au Japon par la pointe sud de l'Afrique, Heero avait tout abandonné pour son besoin de vengeance et, sourd aux suppliques du jeune amant et de son beau-frère, il avait sauvagement assassiné le bel éphèbe.
Et lors de la nuit qui suivit son acte, sa grand-mère, une puissante liseuse de rêve l'avait maudit.
Ces mots qui le condamnaient résonnaient encore à ses oreilles.
Peut-être était-ce l'étonnante ressemblance entre son nouveau maître et le jeune amant qu'il avait massacré de ses mains qui lui avait permis de l'éveiller ?
Il se souvenait encore des immenses yeux violets qui l'avaient supplié sans relâche…
Heero se permit un léger sourire. Au moins son nouveau maître et malgré la terreur qu'il lui avait inspirée au départ, savait lui tenir tête sans se démonter.
Il s'apprêtait à reléguer au loin ses douloureux souvenirs quand la jeune fille blonde qu'il avait identifiée comme étant la compagne de Mlle Maxwell, Mlle Peacecraft, revint dans le Grand salon.
Elle portait un plateau avec 2 tasses, une cafetière pleine et plusieurs choses à manger.
« Excusez-moi, pourriez-vous, s'il vous plait, porter cela à Duo ? »
« Hn. »
Devant l'incompréhension de la jeune femme, Heero développa.
« Oui, je lui amènerais. »
Un doux sourire éclaira son visage.
« Merci. Vous le trouverez sûrement sur la loggia du 1er étage. Il aime y dessiner. »
Heero se leva et prit le plateau qu'elle lui tendait.
Rélena traversa la pièce pour sortir et rejoindre ses amis mais s'arrêta, la main sur la poignée.
« Duo est quelqu'un de bien et de généreux. S'il vous plait, ne lui faîtes pas de mal. »
Heero pouvait lire une profonde sincérité dans les yeux bleus clairs et en fut touché.
Son nouveau maître avait bien de la chance d'avoir des gens qui l'aimait autant autour de lui et, pensant à la seule personne qui lui avait témoigné autant d'affection, Heero acquiesça
La jeune femme sortit, laissant la porte entrouverte derrière elle.
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Heero monta au 1er étage et trouva Duo où Rélena le lui avait indiqué.
Le jeune homme, assis sur une chaise longue, était concentré sur un croquis, sa longue natte châtaigne ramenée sur une épaule.
Il déposa le plateau.
« Mlle Peacecraft souhaitait que je vous l'apporte. »
L'Américain sursauta.
L'absence du mépris dans ses propos surprit et soulagea le jeune homme. Il sera beaucoup plus simple et plus agréable de cohabiter avec ce fantôme sans cela.
« Merci Heero. »
Celui-ci s'installa dans un fauteuil en rotin et entreprit de servir les 2 tasses.
Gêné par cette présence alors qu'il dessinait, Duo lui proposa de suivre ses amis dans leur escapade maritime.
« Je ne peux pas sortir de ce Palais. »
Une pointe de tristesse piqua le cœur de Duo en réponse à celle dans le ton d'Heero.
Le jeune homme reprit son fusain mais le cœur n'y était plus.
Au-delà même de la nature d'Heero et sans ce dédain affiché, Duo appréciait sa présence. Du coup, il avait envie de faire quelque chose pour lui.
Il posa son carnet et lui fit face.
Tout en déjeunant, Duo réfléchit au moyen de faire connaître le monde tel qu'il le connaissait à Heero.
Mais pour cela quelques questions s'imposaient.
Passant outre son sentiment d'indiscrétion, Duo lui demanda :
« Depuis quand es-tu ici ? »
Heero finit son café et posa un regard calme sur l'Américain.
« 500 ans. »
Les yeux de Duo s'agrandirent et il manqua de s'étouffer avec un morceau de toast. Il se tapa vigoureusement la poitrine avant de murmurer :
« Oh putain !! »
Quand il eut repris une respiration normale, Duo posa une seconde question.
« Et à quand remonte ton dernier…. Heu…. Réveil ? »
« 40 ans. »
Bah, peu de choses avait vraiment changé en 40 ans.
Un nouveau silence s'établit.
Duo réfléchissait à ce qu'il pourrait montrer à Heero soit par le net, soit par la télé.
Aucune idée précise ne lui vint et il préféra lui poser la question.
Heero ne dit rien pendant un moment.
« Je voudrais voir ma ville natale. »
Un doux sourire naquit sur les lèvres de Duo.
Lui aussi aurait probablement fait la même demande.
« Où es-tu né ? »
« Edo. »
Ce nom évoqua quelque chose au natté mais il dut chercher quelques instants avant de trouver.
« Ah oui !! Tokyo !! »
« Hn ?! »
« Oui, c'est le nouveau nom de ta ville natale. »
Dès qu'Heero eut posé sa tasse, Duo abandonna son petit-déjeuner et l'entraîna vers sa suite où, sur son bureau, traînait son laptop.
Il ouvrit l'engin devant un Heero impassible bien qu'intérieurement curieux et l'assit devant.
Sous les yeux à présent étonnés du Nippon, Duo accéda à Internet et tapa Tokyo.
Plusieurs photos de la mégalopole japonaise apparurent à l'écran.
Heero eut un hoquet de surprise.
Où était le village de pêcheur dont il se souvenait ?
Duo eut un petit rire.
« C'est Edo ? »
« Oui, mais je veux bien croire que tu ne la reconnaisses pas. »
Ils passèrent plusieurs heures devant l'ordinateur à revisiter ensemble les endroits où Heero y avait des souvenirs.
Tout avait changé en 500 ans et aucun de ses précédents maîtres n'avaient pris le temps de lui montrer le monde.
Il reconnut quelques vieux temples ou autres lieux historiques et Duo s'amusait follement à lui raconte l'Histoire tandis qu'Heero lui racontait ses propres anecdotes, si bien qu'ils oublièrent le déjeuner.
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Plusieurs jours durant, Duo lui fit visiter virtuellement son monde, comblant peu à peu les lacunes d'Heero.
Puis une sorte de routine s'installa.
Heero apprit très vite à utiliser seul l'ordinateur et Duo reprit le dessin et la peinture, jamais loin de l'autre, sous les yeux inquiets de ses amis.
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Solo s'arrêta quelques instants pour reprendre son souffle et fut surpris de voir Odin à moitié affalé sur ses cuisses, les yeux à demi-ouverts, le regardant sous ses longs cils noirs. Il ne l'avait même pas senti s'installer.
Meian était toujours dans les bras de Xei et Catherine était allongée de tout son long sur un canapé, les surplombant, eux qui étaient assis au sol.
La chinoise ouvrit les yeux.
« Pourquoi tu t'arrêtes ? »
« Ben, j'ai faim, figures-toi. »
Tout le monde se redressa pour regarder l'heure.
A ce moment-là, le majordome des Winner Barton entra.
« Mesdemoiselles et messieurs sont servis. »
Les ados se levèrent comme un seul homme, sauf un seul qui n'avait pas bougé depuis presque le début de l'histoire et qui empêchait un deuxième de suivre le mouvement.
« Odin ? »
Le garçon ouvrit les yeux un peu plus et Solo déglutit sous l'intensité de son regard.
« J'étais bien là. »
Puis, brusquement il se leva et suivit les autres sans rien ajouter.
Solo resta bloqué un instant.
A la porte, Odin se retourna.
« Ben alors ? Tu viens ? »
« Ouais, j'arrive. »
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J'espère que vous aurez aimé!!!
Kisu.
Noan
