-- Je ne possède en aucune façon les droits concernant les divers personnages et l'univers de Tenchu, cette histoire est racontée dans un esprit de respect et même d'admiration envers la franchise et ma démarche est dénuée de toute basse arrière pensée mercantile :p --

-- Mot de l'auteur : Première fanfic sur Tenchu, première fanfic tout court, et en francais dans le texte. Je sais que mon histoire a de fortes chances de passer inaperçue au vu de son aspect néophyte et de la communauté française assez réduite (il me semble) mais bon, je me fais plaisir et qui sait, peut-être que cela fera plaisir aux quelques personnes qui viendront éventuellement se perdre sur cette page :)
En ce qui concerne l'histoire en elle-même, je fais le maximum pour respecter la chronologie des évenements s'étant déroulés dans tous les épisodes de Tenchu mais n'ayant joué et fini qu'une partie d'entre eux, j'ai du me contenter d'informations glanées ça et là sur le net pour combler mon ignorance de l'intégralité de la trame de la série. Donc si des incohérences apparaissent, ne m'en veuillez pas trop et faites le moi savoir si possible, afin que je modifie le texte en conséquence --

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Chapitre 1 : La colline au vieil arbre mort

Les arbres de la grande forêt de l'Est, dont les branches nues et cassantes ressemblaient aux restes d'âmes en peine, temoignaient de l'approche imminente d'un très rude hiver. Le sol était boueux, la dernière pluie très violente n'avait pu être contenue par le feuillage désormais absent de la végétation environnante. L'eau tombée du ciel se mélangaient aux feuilles et racines mortes et achevait de donner à ce paysage une allure morne, sale et grisâtre qui contrastait avec le ciel clair et froid des lendemains de tempête.

Une ombre se deplacait dans ces bois. Furtive, elle semblait echapper à la perception et même une rétine avertie n'aurait pu apercevoir qu'un léger froissement dans l'air avant de la voir s'évanouir parmi l'obscurité. Sa vitesse de déplacement était beaucoup trop élevée pour être naturelle et semblait amplifiée par la legereté dont celle-ci faisait preuve dans ses déplacements. Aucune trace, que cela soit au niveau du terrain pourtant épais et humide ou de la végetation, ne demeurait après le passage de cette fugace apparence. Les rares animaux qui se trouvaient encore dans ces lieux maudits levaient leurs museaux au ciel, regardaient avec une peur toute primitive les environs et, rassurés de l'absence de toute menace visible aux alentours, reprenaient leur chemin sans jamais avoir su qu'une créature porteuse de mort les avaient frolés en se dirigeant au liseré des bois qui leur servaient toujours de foyer.

Petit à petit, les enchevêtrements de racines et de branches devenaient de moins en moins importants, au fur et à mesure que la distance entre chaque arbre se faisait de plus en plus prononcée. La lumière froide de l'horizon se découpait au loin, au fur et à mesure que l'ombre approchait de l'extremité des bois. Plus celle-ci s'avancait vers sa destination, plus son apprehension augmentait et chacune de ses enjambées lui semblait encore plus pénible que la précedente. Pourtant, jamais elle ne faiblissait dans sa course, se rassurant elle-même en pensant qu'il ne s'agissait que d'un stupide sentiment de faiblesse amenée par des souvenirs qu'elle croyait avoir enterrés il y a bien longtemps.

Tout à coup, la luminosité de cette matinée d'automne la frappa en plein visage, elle dut plisser les yeux pour ne pas être aveuglée. Devant elle se dressait un gigantesque arbre mort, tordu comme pourrait l'être un damné qui geint des blessures lui étant infligées par un quelconque chatiment. L'épaisse barrière montagneuse qui se dressait au loin derrière avait un air de territoire interdit, témoin silencieux et impuissant des atrocités qui s'étaient déroulées sous ses yeux de pierre et dont les uniques vestiges etaient constituées par les ruines d'un village. Celui-ci se situait entre ces montagnes escarpées, par delà lesquelles l'on entendait les sourds craquements des vagues de la mer qui venait s'ecraser contre les roches, et les bois épais que l'ombre venait de franchir. Tel le corps d'un guerrier frappé par un terrible malheur, le village qui était autrefois le glorieux refuge du clan Azuma gisait et se decomposait lentement au milieu de ce bout de plaine aride qui consituait encore la frontière entre le territoire du seigneur Godha et celui de quelque autre suzerain anonyme, noyé dans la masse des personnages royaux qui se disputaient perpetuellement le pouvoir en dehors de cette vaste contrée.

"Cette contrée dont je suis la gardienne..." se rappella avec une certaine fierté la kunoichi qui regardait avec nostalgie les restes du village dans lequel elle avait été élevée et entrainée.

Vétue de la tenue sombre traditionelle des femmes guerrières de son clan, celle-ci arborait de prime abord une allure des plus dangereuses. Son accoutrement, bien que renforcé par de la maille au niveau de la poitrine, laissait apparaitre sa peau de porcelaine au niveau du nombril et des hanches. Les tabis dont elle était chaussée étaient constitués de lanières de cuir et laissaient apercevoir le commencement de ses jambes athlétiques. Son visage était ciselé et gracieux, souligné par une bouche fine aux lèvres pâles et dessiné par des pommettes discrètes. Ses cheveux, que l'on devinait longs et soyeux, étaient attachés en une queue de cheval désordonnée et mettaient en valeur la beauté de sa propriétaire, retombant en mechès devant ses yeux amandes noirs et vifs endurcis par le trait froncé des fins sourcils qui les rehaussaient.

Ses mains gantées de cuir noir, contrastant avec la nudité de ses bras, ne s'éloignaient jamais de ses deux lames de type Wakizashi retenues dans deux fourreaux rattachés au niveau de ses lombaires par une large ceinture. Si sa beauté, mise en valeur de manière subtile par ses vêtements, pouvait lui servir à detourner l'attention de certains de ses adversaires, ses deux lames acerées annonciatrices d'une mort rapide et sanglante achevaient de faire d'elle l'une des kunoichis les plus redoutables du pays, dont le nom même faisait trembler les plus valeureux.

"Ayame" dit-elle tout haut avec un sourire.

Une célébrité en principe opposée à son statut d'experte de l'ombre mais dont elle tirait tout de même une certaine satisfaction. Après tout, elle était l'une des deux survivants du clan ninja Azuma, bastion protecteur depuis toujours du très estimé seigneur Godha, souverain des terres qu'elle foulait en ce moment même, et de sa famille.

"Quelle drôle de destin que celui de passer du statut d'orpheline de guerre sans avenir à celui de combattante reconnue au service d'un seigneur" pensa t-'elle, en se remémorant les évenements qui l'avait conduit là ou elle était aujourd'hui.

Ayame se souvint qu'il y a dix-sept ans, elle était en train de regarder des corps sans vie flotter dans une rivière qui se trouvait près de sa ville natale, Kyoto, dont la population venait d'être exterminée par des soudards venus des plaines de l'est, lorsqu'un voyageur se présenta devant elle. Vraisemblablement pris de pitié à son égard, celui qu'elle allait appeller maître Shiunsai la ramena avec lui dans son village avec pour seules informations à son égard son nom, Omon, et son âge, cinq ans. Tout autre souvenir avait disparu de l'esprit de la toute jeune fille, traumatisée par l'expérience de la guerre et de la mort.

Au sein de ce village, celui du fier clan Azuma comme le lui rappelait sans cesse son maître, Omon fut entrainée aux voies du ninjutsu avec deux autres élèves prometteurs, Chikara et Tatsukichi. Omon se rapprocha très vite de Tatsukichi, le jeune adute prodige du clan, qui se montrait très affectueux avec elle. Chikara, seulement de quatre ans son ainé, restait plus distant, même si un respect mutuel certain s'était develloppé entre les deux jeunes gens.

A ses quatorze ans, Omon fut officiellement intronisée comme kunoichi et pris le nom d'Ayame. Dans le même temps, Chikara connut le même honneur et devint Rikimaru.

Tous deux purent alors rejoindre le même statut que leur compagon, Tatsukichi alias Tatsumaru. Si Rikimaru vouait une grande admiration à ce dernier, Ayame quant à elle ressentait à son égard des sentiments beaucoup plus profonds, qu'elle avait alors analysés comme étant de l'amour. Pourtant, lorsqu'elle avoua ceci à Tatsumaru, peu après avoir été reconnue comme kunoichi, ce dernier qui semblait peu ému de cette révelation se contenta de lui carresser les cheveux en lui répondant qu'il l'aimait elle aussi, comme une petite soeur.

Peu après, Tatsumaru disparut lors d'un combat contre Kagami, une ennemie du clan Azuma, leader du clan rebelle de l'Aube Ardente, alors que la violence du combat qui les opposaient les avaient précipités du haut d'une falaise escarpée dans une mer déchainée. Ayame fut détruite par la disparition de Tatsumaru et même les mots de Rikimaru ne l'aidèrent pas à trouver la paix.

"C'était la première fois que Rikimaru laissait transparaitre son inquiétude envers ma personne", bien que cette inquiétude ait surement été uniquement présente dans l'interêt du clan s'imagina Ayame avec ce sentiment désagréable qu'elle ne pouvait définir.

Pourtant, son deuil fut de courte durée avec la réapparition de Tatsumaru quelques mois après sa chute dans les eaux enragées de l'océan. Néanmoins, si Tatsumaru était revenu, il était désormais accompagnée de son ennemie, Kagami, qu'il avait si violemment affronté quelques temps plus tôt. Celui-ci semblait perturbé et, au grand desespoir d'Ayame et Rikimaru, avait apparement perdu la mémoire et juré allégance à cette femme diabolique, qui avait promis la perte du clan Azuma et de tout le royaume du seigneur Godha.

Son plan avait d'ailleurs failli fonctionner. Tout le village avait été massacré et brulé, le maître Shiunsai avait été assassiné des mains même de Tatsumaru et sa lame Izayoi, symbole de la puissance des Azumas, avait été dérobée. Le ninja félon avait par la même occasion blessé Rikimaru à l'oeil droit, lui laissant une profonde cicatrice que ce dernier avait assimilé à la faiblesse qui l'avait conduit à laisser fuir ce traître et sa maudite compagne.

La vengeance avait été obtenue par Rikimaru et Ayame quelques temps plus tard, alors que le clan de l'Aube Ardente attaquait directement le chateau du seigneur Godha via la voie des mers. Kagami fut executée sur son vaisseau par Rikimaru alors que Tatsumaru, ayant retrouvé la mémoire pendant son combat contre Ayame, s'était suicidé en s'empalant sur la lame Izayoi tout en prononcant ces dernières paroles :

"Justice doit ête faite, le traître doit mourir"

Ayame ferma brusquement les paupières à la venue de ce dernier souvenir, et des larmes commencaient à perler aux coins de ses yeux. La kunoichi s'était juré que son coeur resterait à jamais de glace dès le moment ou elle vit son ancien amour se transpercer le coeur de sa lame et pourtant, jamais ses émotions et sentiments n'avaient été aussi exarcerbés qu'aujourd'hui, alors même qu'elle et Rikimaru venaient tout juste de vaincre le sorcier Tenrai.

"Quelle foutue faiblesse !" s'écria t'elle. Mais il fallait reconnaître que ces derniers temps, tout son monde interieur s'était transformé en chaos sans nom. Cela avait commencé avec l'appartition d'un nouvel et puissant ennemi, Tenrai, à cause duquel elle avait été emprisonné, celui-ci ayant laché un doppleganger assassin à l'image de la kunoichi dans le chateau de Godha. Ce puissant sorcier avait ressucité Onikage et même Tatsumaru ajoutant au tourment interieur d'Ayame. Ce dernier, torturé par sa condition, avait tout de même réussi à suffisament se liberer de l'emprise de Tenrai pour se sacrifier en sauvant son ancienne compagne d'arme d'une attaque mortelle lancée par un puissant démon.

Et puis il y a eu son retour à lui... Rikimaru, que la jeune combattante croyait irrémediablement perdu après l'effondrement du temple de Mei-Oh. Après que le shinobi soit volontairement resté en arrière en soulevant un énorme rocher bloquant la sortie d'Ayame et de la princesse Kiku qu'ils étaient venus secourir. Une année après sa disparition, le ninja, chef de ce qui restait du clan Azuma, était revenu d'entre les morts, brandissant Izayoi et était accouru au secours du seigneur Godha qu'il avait pressenti menacé par Tenrai.

De la méfiance, telle fut la première émotion ressentie par Ayame envers Rikimaru qui était pourtant venue la disculper en revelant la supercherie de Tenrai. Rikimaru s'était agenouillé en face du seigneur Godha, pretextant une histoire de sommeil profond l'ayant préservé au fond de cette grotte pendant tout ce temps. Pourtant, une fois le sorcier vaincu, Ayame dut se rendre à l'évidence, il s'agissait bien de son compagon d'arme, le seul à pouvoir brandir la véritable Izayoi et utiliser le Dohjutsu scellé dans son oeil droit, qui lui tendait la main alors qu'elle était blessée après leur combat contre Tenrai et qui la guidait hors du repère du sorcier afin qu'ils puissent retourner chez eux, auprès de leur seigneur et maître.

Douze ans après le combat contre le clan de l'Aube Ardente, un an après l'affrontement contre le demi-Dieu Mei-Oh et la rencontre d'Ayame avec Rin, et à peine deux mois après l'anéantissement de Tenrai et de sa clique, la kunoichi se dressait sur la colline au vieil arbre mort, autour duquel elle venait s'entrainer avec son maître et ses compagnons pendant son enfance, et qui surplombait les ruines de l'ancien village du clan Azuma. Se trouvant à la frontière des terres du souverain auquel elle devait allégeance, la kunoichi se souvenait en sanglotant de tous les evênements, de tous les morts, amis et ennemis, de la tristesse, de la joie, du doute et de la colère que sa courte vie de vingt-six années, destinée à la protection de ce territoire et de son maître avait vu défiler. Et, au dessus de toutes ses pensées tourbillonnant dans sa tête se dégageait l'image d'un homme qui hantait desormais son esprit.

"Rikimaru"

Celui-ci lui avait donné comme ordre, il y a desormais deux jours de cela, de patrouiller dans la partie Est des terres de leur seigneur afin de detecter et d'éliminer toute trace de l'influence maléfique qu'avait pu laisser le passage de Tenrai. Après ces deux jours sans incidents, la kunoichi était sûre d'une chose, il ne restait aucune trace visible de l'influence que ce sorcier avait pu avoir sur cette contrée alors qu'il était encore en vie. Celle-ci achevait sa mission en se rendant à l'extrémité Est du territoire de Godha, là ou se trouvait son ancien village et tous ces vieux souvenirs enfouis.

Ayame agissait avec une extrême froideur envers son compagnon d'armes depuis son retour, se contenant d'obéir à ses ordres sans même lui lancer ses piques habituelles, comme au temps avant l'affrontement contre Mei-Oh. Elle-même ne comprenait pas pourquoi elle se comportait ainsi, car le respect et la loyauté qu'elle lui avait toujours témoignés étaient toujours présents dans son esprit. Mais un autre sentiment s'était ajouté dans son coeur, une émotion violente et récurrente depuis la réapparition de Rikimaru qu'elle n'arrivait toujours pas à définir et qui la poussait à se distancer au maximum de son chef de clan.

"Il est arrivé immédiatement, dès qu'il a su que le maître Godha était en danger, alors que..."

Craignant de découvrir la nature exacte de ce sentiment si elle continuait d'y penser, Ayame s'efforca de chasser l'image du shinobi de sa tête. Elle essuya ensuite ses larmes et tourna le dos à son ancienne demeure pour retourner au chateau de Godha, auprès de son chef de clan, afin de lui communiquer les résultats de la mission qu'il lui avait confiée.