Bonjour à tous et bienvenue sur ma nouvelle fic ! Pour ceux qui n'auraient pas lu le résumé, ceci est la suite de « Fellow » (que je vous invite évidemment à aller lire^^)
Plusieurs nouvelles :
-Mon rythme de publication devrait connaître une hausse (j'ai un chapitre de « Liens » presque fini et je cogite sur « Dis » et « Et si »)
-J'ai un peu l'impression de faire de la chute libre, étant donné que je n'ai plus films ni livres pour me seconder, seulement les appendices. J'espère que vous me pardonnerez et me signalerez les éventuelles incohérences.
Et des remerciements Mirchi à Ellawen (qui aura peut-être changé de pseudo d'ici-là) pour ses encouragements et son remontage de moral ainsi que pour le prêt d'Aelin, à LegolasKili pour Annasophiel, à Lirawen pour Tinsel, à Esterwen pour Serir qui devrait bientôt faire son apparition, et bien sûr au Maitre pour avoir créé cet univers qui est une source inépuisable d'inspiration.
Conscience : C'est bon, ils ont compris, arrête de causer ! Ils vont pas même les lire, ces lignes !
Elladan
Des gouttes de pluie tombaient dans la rivière, s'écrasant à la surface de l'onde en formant de petits cercles. Elles trempaient également les mèches noires qui s'échappaient du capuchon de l'elfe posté devant le cours d'eau et dont les yeux d'un gris presque noir fixaient attentivement la rive opposée.
Mis à part le clapotis de l'eau et le chant d'une ou deux grenouilles, le périmètre était calme. L'elfe posa une main sur la poignée de la dague qui ne quittait jamais sa ceinture, par simple habitude. Les Orcs et autres serviteurs du Mal avaient beau ne plus s'aventurer jusque dans la vallée d'Imladris, on était jamais trop prudent.
Un craquement attira son attention. L'elfe raffermit sa prise sur son arme et se tourna avec une lenteur calculée vers la source du bruit, prêt à plaquer sa lame contre la gorge de l'intrus. Il n'en eut pas le temps.
-Mae Govannen, Elladan.
Les doigts du patrouilleur glissèrent le long de sa cuisse.
-Tinsel ?
-Étonné de me voir ? demanda la demoiselle avec un petit rire.
-Assez, je dois l'avouer…Qu'est-ce que t'amène ici ?
-J'avais envie de me promener. Les bois sont sûrs maintenant, non ?
Elladan hocha la tête.
La jeune elfe se glissa à ses côtés avec la souplesse d'un chat et contempla la rive opposée d'un air songeur.
Ils restèrent ainsi un bon moment, Tinsel silencieuse et rêveuse, Elladan essayant d'ignorer sa présence et de concentrer plutôt sur sa garde. Ce qui n'empêchait pas ses yeux d'obliquer furtivement de temps à autre vers le visage fin, les longues boucles auburns et les yeux gris clairs qui fixaient sans mot dire les arbres et les pierres. Tinsel était très agréable à regarder, tout comme sa sœur Annasophiel d'ailleurs, et les elfes de Fondcombe les plus jeunes ou les plus hardis ne manquaient pas de marquer leur intérêt aux deux sœurs, mais Elladan avait parfois l'impression que la plupart des gens ne voyaient en Tinsel qu'une jolie fille là où il y avait des trésors de gentillesse et un cœur de guerrière. Il se souvenait comme si c'était hier de la férocité et de la rage de vaincre qu'avait déployées son amie lors de la bataille au pied des Portes Noires. Il connaissait sa manière de se battre pour avoir supervisé une partie de son entraînement, mais il ne l'avait jamais vue à son maximum. Sous ces apparences de jeune fille sage et rangée, Tinsel cachait bien son jeu.
Cette dernière frissonna soudain, marmonnant : « J'aurais dû prendre une cape ! »
Chevaleresque, Elladan défit la broche argentée en forme de feuille qui fermait la sienne et la noua autour des épaules de Tinsel.
Elle eut un petit hoquet étonné mais quand elle se tourna vers lui, son sourire valait tous les remerciements du monde.
La forêt les engloutit à nouveau, pleine de bruissements de feuilles, de gouttes de pluie et de coassements de grenouilles.
Elladan aurait été bien en peine de dire combien de temps s'était écoulé quand la relève arriva en la personne de Fendros, qui s'abstint de commentaires, mais dont le regard interrogateur et curieux promettait une longue séance d'explications ce soir.
Fendros faisait partie du contingent d'elfes qui s'étaient battus en Forêt Noire. Il en avait écopé d'une longue cicatrice qui débutait sous son œil gauche et courait le long de sa joue jusqu'au menton de même qu'une légère arachnophobie qui semblait être le lot quotidien d'une grande partie de ceux qui séjournaient à Mirkwood. Personnellement, le fils d'Elrond n'avait jamais souffert d'un tel mal. Et les Valars savaient combien de jours il avait passé, en compagnie de son frère, dans les forêts de Thranduil.
La sentinelle en place, Elladan et Tinsel prirent le chemin le plus court pour regagner la cité en évitant les flaques d'eau et de boue, histoire de ne pas arriver encore plus trempés. Déjà qu'ils pourraient tordre leurs vêtements en arrivant…
Tinsel n'avait rien dit quand Fendros les avait débusqué, elle ne disait toujours rien alors qu'ils empruntaient côte à côte le pont menant à la place principale. Pourtant, Elladan n'avait pas l'impression qu'elle attendait quelque chose, jusqu'elle savourait le calme. Mais il pouvait tout aussi bien se tromper. Les femelles étaient parfois tellement tordues et imprévisibles.
Ils se séparèrent devant le grand couloir, l'une rejoignant les appartements qu'elle partageait avec son aînée, l'autre rêvant déjà de la baignoire d'eau bouillante dans laquelle il allait pouvoir se prélasser.
Elladan venait à peine de se défaire de son carquois et de ses bottes lorsqu'on frappa deux coups nets à la porte. Il s'y traîna avec un soupir agacé, espérant que son visiteur ne s'éterniserait pas.
Il s'agissait d'Erestor, dont les yeux bruns plongèrent vers les pieds dénudés du prince avant de remonter sur son visage, dissimulant à moitié une moue exaspérée.
-Que me vaut le plaisir de votre irruption ?
-Le Seigneur Elrond m'a chargé de vous convoquer dans son bureau, commença le conseiller, qui remplissait aussi la fonction de secrétaire auprès d'Elrond et de souffre-douleur auprès de Glorfindel.
-Immédiatement ?
-Immédiatement. Et avec vos chaussures.
Elladan jeta un regard noir à l'elfe qui s'évanouissait déjà dans le couloir de son pas rapide. Adieu le bain, il devrait se contenter d'une toilette rapide.
Il se dépêcha de revêtir une tunique plus appropriée à une entrevue avec son père et courut presque jusqu'au lieu de rendez-vous. Le chemin qui menait au bureau du seigneur de Fondcombe avait toujours été synonyme d'angoisse pour les jumeaux, pour la simple et bonne raison qu'ils ne l'empruntaient le plus souvent que traînés par l'un ou l'autre habitant mécontent et qu'ils ne savaient jamais comment leur père allait les punir. Mais c'était du passé. Elladan n'était plus un elfling et Elrond ne lui avait plus fait subir de remontrances depuis qu'il avait noyé de vin une nappe blanche comme neige. Ce qui remontait au mariage de son frère et qui aurait frôlé l'incident diplomatique si les enfants de Thranduil ne l'avaient pas empêché de l'éventrer avec les bois de son élan.
Elladan échangea un sourire avec le garde en faction devant la porte de bois sculpté et, ayant annoncé son arrivée par trois coups, pénétra dans la pièce.
Il y découvrit Legolas qui écoutait, l'air grave, les paroles d'Elrond, qui se tut dès qu'il aperçut son fils. Elladan les salua tous deux, se sentant légèrement mal à l'aise sous les regards gris et bleu qui ne le quittaient pas, et vint prendre place sur le siège laissé libre aux côtés de son beau-frère.
-Alors, tu viens nous rendre Aylea ? dit-il dans l'espoir de détendre l'atmosphère.
Legolas lui répondit par un sourire pincé et Elrond fit un effort colossal pour ne laisser échapper qu'un soupir à peine audible.
-Il ne s'agit pas de cela, rectifia le seigneur de Fondcombe. C'est moi qui ais convoqué Legolas.
Elladan se pencha plus avant vers son père, intéressé.
-Il y a maintenant plus de trois ans que la menace de Sauron a été éradiquée et que le Roi Elessar occupe le trône de ses ancêtres. Eryn Lasgalen semble en bonne voie de reconstruction et les elfes qui sont revenus blessés sont soit guéris, soit partis pour les Havres.
Elrond fit une pause, comme s'il hésitait à poursuivre. Le regard inquiet de son fils le persuada :
-Vous êtes tous deux héritiers des derniers royaumes elfes. Le jour où vous aurez le pouvoir, assurez-vous de régner ensemble.
-Pas comme vous et Thranduil, ne put s'empêcher de faire remarquer Elladan.
Son père se contenta de le gratifier d'un coup d'œil torve.
-Nos familles sont déjà liées par le mariage, mais il nous faudra peut-être un jour renforcer cette alliance.
-Comment ? s'enquit le prince de Fondcombe. Thranduil a une fille cachée ? Et dois-je vous rappeler qu'Elrohir a autant le droit que moi d'hériter d'Imladris ? De plus, vous semblez compter sans Celeborn et Círdan !
-Aylea est en ce moment-même en Lorien, expliqua Legolas, qui ouvrait la bouche pour la première fois depuis l'arrivée d'Elladan. Il ne s'agit pas de nous liguer les uns contre les autres, mais de protéger notre peuple tout entier.
Le fils d'Elrond avait la sinistre impression que quelque chose lui échappait et le fait que son beau-frère soit plus au courant que lui de la situation ne faisait qu'y contribuer.
-Pourquoi maintenant ? Si vous souhaitez reconstruire l'Alliance du temps de Gil-Galad, il fallait le faire à la fin du Troisième Âge.
Est-ce ces derniers mots ou les yeux de son père qui le mirent sur la voie, il aurait été incapable de le dire.
-La fin d'un Âge…répéta-t-il, comme abasourdi.
-La fin d'un monde, compléta Elrond. Les elfes n'ont passé que trop de temps sur ces terres. C'est au tour des Hommes de régner ici. Certains d'entre nous l'avaient pressenti dès le retour de l'Ombre, mais nous sommes aujourd'hui de plus en plus nombreux à ressentir l'appel de la mer.
Il se leva pour aller s'accouder à une fenêtre, tournant le dos à ses interlocuteurs.
-Notre peuple aura besoin de vous et de vos enfants pour le protéger en attendant le dernier grand départ. Nous comptons tous sur vous.
Legolas hocha solennellement la tête. De son côté, Elladan se sentait perdu : c'était un peu trop d'un seul coup et il peinait à organiser les mille et une questions qui tournaient dans sa tête.
Le prince de l'ancienne Forêt Noire avait pris congé depuis un moment lorsque celui d'Imladris retrouva un semblant de conscience et vint rejoindre son père à la fenêtre. Il faisait étonnamment doux maintenant que la pluie avait cessé.
-Vous devriez nommer Elrohir comme successeur, lâcha-t-il. Il sera meilleur que moi pour gérer toutes ces…choses. Il a épousé la fille de Thranduil, les négociations et le décorum, il en a l'habitude.
-Aelin est enceinte, lui apprit abruptement Elrond. Si c'est un fils, il héritera d'Eryn Lasgalen.
-Mais, les enfants d'Aylea…
-Adanedhel est un bâtard et, malgré toute l'affection qu'il lui porte, Thranduil ne laissera jamais Avréliane accéder au trône. Ta sœur ne semblant plus désirer d'enfants, ce sont les neveux de Legolas qui seront au pouvoir après lui. L'avenir de ton frère est donc assuré. Et je te rappelle que tu es mon premier-né. Par conséquent, Fondcombe te revient et passera à tes fils après toi. Tu sauras comment faire, Elladan, tu auras Erestor et Glorfindel pour te seconder, ainsi que ton épouse, le jour où tu en choisiras une.
L'image de Tinsel passa furtivement devant ses yeux. Elle ferait une Dame merveilleuse, il le sentait au fond de son cœur, mais ressentait-elle quoi que ce soit de plus que de l'amitié à son égard ? Et lui, l'aimait-il vraiment ? On avait beau dire que les elfes n'aimaient qu'une fois, Elladan doutait de ses sentiments. Et s'il voulait demander la main de Tinsel et être certain qu'elle l'acceptait lui, et non pas la position qu'il lui offrait, il devait le faire avant que son père ne le choisisse officiellement comme héritier, même s'il pensait peu probable que son amie ait ce genre de réflexions en entendant sa proposition. Mais elle avait une sœur aînée, et elle ne pourrait pas accepter tant qu'Annasophiel n'était pas mariée. En plus, les deux elfes étaient pour le moment plus intéressées par les longues chevauchées et le maniement des armes que par la recherche d'un époux.
-J'ai un conseil demain, reprit Elrond, à propos des défenses de la vallée. Il serait bon que tu y assistes. Je sais que ce ne sera pas la première fois, mais je veux que tu sois le plus concentré possible, comme si c'était toi qui devais leur fournir une réponse, en tant que seigneur.
Elladan laissa échapper un soupir. Il avait espéré passer une nouvelle journée dans les bois, mais ses plans venaient de tomber à l'eau. Une part de lui criait de servir un prétexte quelconque pour y échapper tandis que l'autre l'enjoignait à accepter la demande de son père. Ce ne serait effectivement pas son premier conseil et il y avait sa place, en tant que futur seigneur de même qu'en tant que patrouilleur.
-Je viendrai.
Son père lui offrit un de ces demi-sourires dont il était si avare depuis le départ de Celebrian.
Deux heures plus tard, les gens de Fondcombe partagèrent un souper sur une des terrasses surplombant la vallée. Les mets étaient simples mais délicieux, quelques musiciens, menés par Lindir, emplissaient l'air du soir d'une douce musique reposante et les convives bavardaient gaiement.
Assis à la table d'honneur entre Legolas et un dignitaire d'Eryn Lasgalen dont, s'il l'avait jamais su, il avait oublié le nom, Elladan mangeait distraitement, la tête trop emplie d'interrogations et d'angoisses que pour pouvoir pleinement profiter de l'instant.
-Aurons-nous bientôt le plaisir de te voir ? s'enquit Legolas. Aylea et Elrohir se languissent de toi, tout comme ton neveu et ta nièce.
-Dans les mois à venir, pourquoi pas ? Je tiens à être présent pour la naissance de l'enfant d'Aelin et d'Elrohir, répondit Elladan en portant sa coupe à ses lèvres.
Le vin était doux et coupé d'eau. De toute façon, il n'y avait que les vins humains pour l'émécher un tant soit peu à condition qu'il en ingurgite des quantités phénoménales et, si l'alcool avait la capacité d'embrumer son esprit quelques temps, il payait cette pseudo-tranquillité bien trop cher le lendemain.
Au gré de ses divagations, son regard se porta presque naturellement sur Tinsel. Elle avait laissé ses boucles auburn cascader librement sur ses épaules et couvrir sa gorge que le corsage de sa robe orange chatoyant dévoilait légèrement. Assise aux côtés de sa sœur, elle riait d'un mot que venait de lui glisser un elfe aux cheveux châtains. Elladan sentit son cœur se serrer. Il respira profondément, prit une nouvelle gorgée de vin et se concentra sur le contenu de son assiette.
Malgré tout, il entendait ce rire, ce rire qui lui perçait le cœur d'un coup de couteau. « C'est avec moi qu'elle devrait rire, c'est à mes côtés qu'elle devrait être assise, songea-t-il. Mais cela n'arriverait jamais s'il restait planté là comme un arbre à attendre que les saisons passent. « Si des couples se mettent à danser, je l'invite.
Il n'y eut pas de danse ce soir-là, rien de plus que quelques elfes qui joignirent leurs voix à celle de Lirellä, récemment formée par Lindir et qui chantait seule pour la première fois. Elle avait une très belle voix, mélodieuse et douce comme du miel, mais elle ne parvint pas à chasser les soucis d'Elladan. Annasophiel faisait partie du groupe de chanteurs. Le prince de Fondcombe savait qu'elle avait appris les rudiments du métier de ménestrel quand elle était plus jeune, mais son caractère impatient lui avait fait quitter les cours après quelques mois.
Quand la nuit fut d'un noir de poix et que les étoiles brillèrent de tout leur éclat au-dessus de la cité, les convives se dispersèrent, chacun regagnant sa chambre la tête emplie de musique. Elladan marchait en compagnie de Legolas dans les couloirs où des appliques dispensaient une lueur bleutée lorsqu'il entendit son nom, suivi de bruits de pas précipités. Tinsel approchait, un morceau de tissu sombre entre les bras.
-Tiens, ta cape, dit-elle en le lui tendant, j'ai oublié de te la rendre tout à l'heure.
Elladan sourit à la jeune elfe.
-Et bien…murmura-t-elle, confuse. Je vous souhaite une bonne nuit, mes seigneurs.
Elle les gratifia tous deux d'un sourire et disparut dans le couloir, légère comme un oiseau.
-De plus en plus jolie, Tinsel, fit remarquer Legolas comme ils reprenaient leur marche vers leurs quartiers. Bien loin de la petite fille qui jouait dans nos pieds quand nous étions plus jeunes.
Son interlocuteur acquiesça d'un hochement de tête.
Et de un ! Plus que…beaucoup, j'espère !
Votre avis me fait toujours plaisir
Merci d'avoir lu !
