Bonjour à tous, me revoici, après le visionnage de Endgame, il y aurait beaucoup trop à en dire
J'ai aimé cette fin que l'on offre à Steve. Sincèrement. Chaudement. J'ai pleuré devant le sacrifice de Natasha qui pour moi est le noyau de cette équipe et je brûle d'impatience de voir son film.
Mais je sais pas, j'avais envie d'offrir une fin à tous ceux qui comme moi, ont le coeur qui bat pour Romanogers.
Voici donc une mini fic avec des chapitres très courts.
I
La fin des héros
« Elle me manque »
« Moi aussi »
Il regarde le digital qui s'ancre dans sa rétine, revoit cette conversation, loin dans son esprit. Seulement à quelques minutes de là finalement. Il se revoit à court de mots. Il ne l'est jamais pourtant. Y a des souvenirs qui s'agitent dans sa tête il voudrait pouvoir les effacer, les balayer mais rien n'y fait.
– Steve ?
Il lève les yeux. Son regard s'attendrit. Un instant y a encore les fantômes qui dansent devant ses yeux.
– Peggy.
C'est comme de la dévotion dans sa voix. Il revoit son visage, ses traits, belle comme il l'avait deviné a quarante cinq ans. La tasse qu'elle a posé devant lui déborde de crème mais c'est son esprit qui est sur le point de sentir jaillir.
– Tu n'as jamais été aussi belle.
Ses paupières ont tremblé, sur ses joues le rouge a éclaté, elle baisse les yeux gênée, flattée, subjuguée. Elle n'a pas son pareil pour meubler les silences. Il avait oublié. La chaleur dans son cœur quand il la voyait.
– Tu dois y aller.
– Je sais mais …
Elle hausse un sourcil qui lui fait naître un sourire. Sa main glisse sur sa joue avec une tendresse qui lui vrille le cœur, il peut presque entendre la musique qui termine de s'égrainer dans le vieux tourne disque.
– Tu n'use jamais du « mais » à tort, Steve Rogers.
– Tout le monde pense que je suis un leader, que je prends les bonnes décisions. A part peut-être Tony Stark, lui, il m'a bien cerné. J'ai raté notre danse, on a eu qu'un premier baiser.
– Qu'est-ce que tu racontes ? Nous venons de danser. Tu as tenu ta promesse.
Il ne l'écoute pas, c'est comme si elle n'avait pas parlé. Les mots glissent tous seuls sans qu'il ne puisse les retenir. Il y a longtemps qu'il voulait tout lui dire.
– Il y a eu Sharon, avec qui j'essayais de me berner. De me donner l'illusion d'être aimé.
Elle baisse les yeux, il sait qu'elle ne la connaît pas encore mais ça la blesse un peu de savoir qu'il a voulu la remplacer. Il regarde ses cils qui battent un instant et il reste envouté, l'espace d'une minute.
– Tu étais l'amour de ma vie.
– Tu sais que c'est faux.
Il recule d'un pas, son visage est zébré de tristesse et le poids des non-dits lui vrille la nuque.
– Ce n'est pas à toi que je devrais en parler.
– A qui, sinon ?
Sa main dont les ongles sont manucurés de rouge presse son épaule.
– Je t'ai parlé de mon mari. De mon fils. Des lilas blancs qui ornent mon jardin et du soleil qui inonde ma baie vitrée. Tu n'as pas cillé. Pas un instant. A toi maintenant.
– Je me souviens de cette nuit-là. Dehors le soleil était encore éclatant, l'été brillait fort et j'avais le vertige, la nausée et je me sentais vide. Thor avait tranché d'un coup la tête d'un cauchemar mais la peur était toujours bien accrochée. On est rentrés abattus, défaits. Tony Stark n'arrêtait pas de vociférer. Je me suis éloigné. D'un pas. Puis d'un millier. Je suis entré dans ma chambre, j'ai posé le front sur l'encadrement de la porte. Puis j'ai senti sa main. Je l'ai senti avant de la voir, c'était toujours comme ça avec elle. Elle avait le don de faire vibrer une pièce par sa présence. Tout le monde l'aimait. A part elle-même. Barton crevait d'amour, Tony l'admirait et Banner… Banner était un idiot comme…
– Toi ?
Il relève les yeux, ça le percute comme un coup de poing cette phrase lâchée comme d'un rien.
– Oui. Comme moi. Quand j'ai croisé son regard y quelque chose qui s'est ranimé.
Il hésite un instant comme frappé de culpabilité.
– Peggy, je …
– Continue.
Sa voix est tranchante et il revoit son lieutenant, ça fait trembler le coin de ses lèvres.
– J'ai eu l'impression de me réveiller. Comme si on me balançait un seau d'eau glacée sur les tempes. Je me suis dit que c'était pas la première fois que je le voyais, comme ses yeux brillaient, comme sa peau miroitait. J'étais juste hypnotisé. Je l'ai embrassé comme un noyé qui s'accroche à sa bouée. C'était brutal, animal et dans nos étreintes y avait juste le besoin de se sentir vivants. De combler les absents.
Il grimace, ses yeux chutent au sol, mouillés.
– Et après ?
– Après l'aube est venue. Elle s'est levée, rhabillée et elle a dit « on n'en parle plus ». Et c'est ce qu'on a fait. J'ai juste l'impression d'être un lâche.
– Tu dois y aller.
Il lève les yeux vers la grosse horloge accrochée au mur ivoire dont le tic tac incessant lui vrille presque le crâne. Il pense au temps, cet inconstant. Au temps qu'il tient au creux de sa main. D'un geste il attrape le cube qui brille, incandescent sur la lourde table du salon et le glisse dans les mains de celle qui a un jour été tout pour lui.
– Tu sais quoi faire de ça ?
– Ne t'en fais pas.
Dans les rouages de son esprit l'aiguille s'est enfin immobilisée, il dépose ses lèvres contre le front pâle et se sent happée par les effluves réconfortantes d'un autre temps.
– Sois heureuse Peggy.
– Je le suis. D'avoir pu enfin te dire au revoir entre deux valses.
Un rire franchit la barrière de leurs lèvres. Le carmin des siennes est soudain plus brillant et le noisette de ses yeux se plantent durement dans le marine des siens.
– Vas-y, maintenant.
Son bracelet s'est déjà activé.
-x-
Clic Clac. Le temps s'est emballé. Un tunnel. Le blanc éclatant. Le noir déroutant. Ses doigts se serrent et se desserrent nerveusement. Visiblement le passé a décidé de lui donner des gifles. Celui-là il ne s'était pas attendu à le voir le percuter.
– Qu'est-ce que vous faîtes là ?
– Le passé est une histoire de temporalité Rogers. J'ai été envoyé ici pour veiller une pierre d'infinité.
Il glisse une main dans son blouson de cuir élimé, ses deux doigts frôlent la petite roche violette, il soupire. C'est la dernière. La toute dernière. Il revoit la femme sorcière et sa cape qui claque contre ses cuisses sous l'assaut du vent. Banner n'a pas menti. Il se visualise dans les locaux de la Tour Stark, l'absence de ce dernier lui pesant cruellement sur les épaules. Il revoit Morag et les bestioles agaçantes qui lui grignotaient les pieds sur la terre hostile. Ses lèvres tremblent un peu, sur son front, une perle s'accroche. Son ennemi a les yeux qui s'illuminent. Il tend la main, avide, mais le Captain recule.
– Où est-elle ?
Il penche la tête sur le côté, ses yeux sans vie dévorés par la curiosité.
– Alors c'est ça ? Vous êtes là pour la fille ?
Un rire sans joie traverse sa gorge. Violent. Steve, ça le secoue tout entier cette vibration, c'est comme si l'espoir était aspiré dans un trou sans fond.
– On ne vous l'a pas dit ? L'âme pour une vie.
– Et si je la ramène ?
– Ça ne marche pas ainsi.
– Je veux voir son corps.
Et les mots craquent sous son palais.
– Ça aussi, ça ne marche pas ainsi.
Un sourire léger effleure les lèvres rouges. L'homme encapuchonné tend la main.
– Vous avez l'heure.
La pierre a sauté de sa main. Son cœur a battu trop fort et lorsqu'il lève les yeux il se sent poignardé douloureusement. Parce qu'il la voit. Il sait que Natasha a toujours couru trop vite, plus vite que tout le monde. Petite déjà, elle courrait pour échapper, ensuite elle courrait pour tuer. Puis avec lui. Pour sauver. Même pour se battre elle continuait à filer, vivre dans la fuite ça a toujours été sa facilité. Alors lui, ça le fige, cet immobilisme.
C'est comme si la mort la rendait plus belle encore. Sa peau opale brille sous l'éclat de la lune irisée qui projette sa lumière contre ses paupières. Ses lèvres rouge brûlent si fort qu'il aimerait y planter les dents. Quant à ses yeux, ils n'ont jamais été si lumineux. Son cœur se soulève brusquement.
– Rogers.
Même sa voix est celle de la mort.
– Romanoff.
La sienne est toute éraillée.
– C'est bien ton genre de vouloir tous nous sauver.
Il esquisse un rire sans joie. Il a conscience que ses mots sont tout abîmés mais il voudrait quand même essayer. Il ouvre la bouche mais elle est plus rapide, plus agile. Comme toujours.
– Je ne suis pas morte pour rien, au moins ?
– Non. On a réussi.
Elle a toujours lu en lui, aussi fronce-t-elle brusquement les sourcils.
– Qui ?
– Tony.
Il a baissé les yeux. Il revoit les costumes noirs et les mines défaites, il pense à Natasha à son manque d'enterrement, à son cœur qui hurlait l'injustice au point de vouloir sortir de sa cage thoracique.
– J'ai hâte de le revoir.
Elle dit cela avec un petit rire qui le fait frémir. Soudain ce n'est plus le remord qui lui éclate la gorge mais la colère. La colère qui gronde juste là et qui ne demande qu'à sortir.
– T'as sauté dans le vide aussi facilement que ça, tu n'as pas pensé à tout ce que tu laissais derrière toi ?
Elle a un sourire railleur qui déforme ses traits, une grimace, mais tout est surfait.
– Rogers, même toi, tu ne peux pas te laisser aller à cette facilité-là.
– C'était plus simple pour toi.
– Simple ? D'entendre mon crâne qui se fracasse sur le macadam ?
Il frissonne, esquisse un rictus d'effroi mais elle ne s'en formalise pas.
– Tu disais qu'on était ta famille.
– C'était vrai.
– Alors ça ne comptait pas ?
– Bien sûr que ça comptait. Mais Barton avait des enfants et… il a bien essayé… Clint a des enfants.
Elle relève les yeux et il se sent douloureusement poignardé, alors dans un murmure de naufragé il chuchote à demi-mot, et c'est comme s'il ne se reconnaissait pas :
– Et nous ?
Elle penche la tête de côté, presque étonnée.
– Nous ?
– T'as sûrement oublié mais…
– Je n'ai rien oublié, Rogers. Jamais.
C'est comme un feu qui galope dans ses veines soudain.
– On aurait pu…
– Quoi ? Coupe-t-elle. Avoir cette vie-là ? Des dîners aux chandelles et des mioches qui courent partout ?
– Oui.
Y a un éclat de défi dans ses prunelles quand il la regarde.
– Tu mens mal, Rogers. Regardes-toi, tu attends que je sois morte pour me dire ça. Tu t'attends à quoi ?
Il baisse les yeux, y a comme un poids qui le fléchit, soudain.
– Je ne pensais pas te voir un jour résigné. T'as toujours été celui qui nous donnait l'espoir, je te voyais, soldat de plomb solide. Immobile.
– Je voulais te le dire…
– Dire quoi ?
Ça brûle, là au fond de sa rétine. Il peut presque la voir danser au-dessus des flammes quand elle lui parle.
– Je t'ai aimée tellement fort mais tu n'en as jamais eu la moindre idée.
Il la voit frémir.
– Tu étais accroché à un fantôme.
Il baisse les yeux. Encore. Il va user le sol à force de le fixer.
– Je sais. Je suis désolé. Je crevais de peur.
Elle esquisse un rire sans joie.
– Tu te jettes dans la gueule d'un Titan et tu as peur de moi ?
– Tu as toujours été incroyablement assassine, Natasha.
Il dit ça avec un sourire qui les prend tous les deux.
– J'avais peur d'avancer, d'avoir le cœur à nouveau déraciné.
Elle penche la tête en arrière, dévoilant sa gorge parfaite, l'offrant au prédateur. Elle respire profondément faisant trembler son cœur, elle est tellement tentante, on n'a pas idée de mourir quand on est aussi foudroyante.
– Et maintenant ?
– Quand Clint est rentré, j'ai cru… Je n'avais pas le droit de flancher, de m'effondrer mais après… Après… Si je me suis porté volontaire pour ramener les pierres d'infinité c'était pour oublier. Ne plus penser. Et… Te retrouver.
– T'as toujours l'espoir qui te colle à la peau, Rogers. Je suis morte tu le sais ?
– Beaucoup de gens sont morts. Puis on les a retrouvés. Moi, y compris.
– Tu n'as jamais été vraiment mort.
– Je m'en fiche.
Elle s'approche lentement, sa main se lève, effleure la courbure de sa mâchoire.
– Ne fais pas l'enfant.
– Je ne suis plus un enfant. J'ai sauvé le monde. Encore.
Il sait qu'elle aime quand il joue l'arrogance. Ça ne lui va pas, pourtant il sait que ça pèse dans la balance. Elle a un sourire. Ce sourire en coin qu'il voulait voir tous les jours. Toujours.
– Je vais te ramener. Tu le sais ?
– Tu ne pourras pas.
Une ombre voile son visage, c'est furtif mais il l'aspire brutalement. Au coin de sa paupière une larme roule qu'il cueille d'un baiser. Elle ferme les yeux douloureusement.
– Je t'aimais, moi aussi. Tu n'es pas le seul à n'avoir jamais osé parler.
Alors presque avec désespoir il plante ses lèvres contre les siennes ivre de son odeur, de sa chaleur.
– Je vais te ramener, répète-t-il la mâchoire serrée.
Il pose son front contre le sien, les yeux clos.
– Ne fais pas de promesse que tu ne pourras pas tenir.
– Je tiens toujours mes promesses.
Le froid lui enserre brusquement la gorge et quand il regarde à nouveau face à lui, elle n'est plus là.
– Natasha ? Souffle-t-il. Natasha. NATASHA !
Puis parce que le désespoir cogne contre sa poitrine avec insolence, et que la bile lui remonte dans la gorge. Il hurle. Encore.
– L'heure est écoulée, murmure Crâne rouge avec un sourire niais.
Brutalement c'est comme s'il revenait des années en arrière. Il se revoit, le goût amer de la colère qui coule au fond de sa gorge et ses poings qui se serrent.
– Je vais la ramener, murmure-t-il plus pour lui-même qu'autre chose.
– Bonne chance.
Et le rire qui l'accompagne lui glace le sang.
-x-
Les feuilles bruissent lentement sous l'assaut du vent. Les années se sont écoulées mais pour Sam moins d'une minute s'est passée. Il regarde le clapotement de l'eau et les étoiles qui brillent à la surface. Sam a regardé le bouclier, l'émotion enserrant sa gorge. Il s'est assis et derrière il peut sentir Bucky. Il a envie de le serrer fort, son ami. C'est à peine s'il a pu profiter de lui. Il a longtemps hésité. Pour le bouclier. Il a pensé à celui qui viendrait le premier.
– T'as envie de me parler d'elle ?
Son regard frôle la lourde alliance qu'il porte au doigt.
– Pas vraiment, non.
Y a juste un sourire qui effleure ses traits. Une promesse qu'il a faite. Il avait dit qu'il la tiendrait.
