ONE
South park. Petite ville paumée, enneigée pour la majorité de l'année, habitée d'humains tous plus demeurés les uns que les autres. Dont moi. Je ne suis pas une exception. Stanley Marsh. Ce soir je fêterais mes 16 ans. Ici rien n'a changé, a part l'âge et quelques têtes plus matures ou plus vielles, ou tout simplement disparues. Quand je dis que rien n'a changé, je parle aussi du « groupe ». Eric Théodore Cartman, Kenneth Mc. Cormick, Craig Tucker, Leopald Stotch, Tweek Tweak, Wendy Testaburger, Barbara.. Bien d'autre. Hein ? J'en ai oublié un ?
Oh non. Je sais de qui vous voulez parler. Et croyez moi, je ne peux pas l'oublier. Kyle Broflovski. Il a eu ses 16 ans il n'y a pas si longtemps, un petit mètre 70, des yeux verts profonds et magnifiques, une tignasse rougeoyante légèrement domptée depuis quelques années, non… Je ne peux pas l'oublier.
Submergé par mes pensées, cela fait un moment que je n'écoute plus le professeur. Mordillant nerveusement mon stylo, je jette un regard à mes camarades. Vient d'abord devant moi Kenny. Sa capuche rabattue dans son dos, il gribouille quelque chose sur son cahier, surement pas des cours, ça c'est sur, car aussitôt après il le déchire et l'envoi directement dans le décolleté d'une des élèves. Il se tourne vers moi et me fait un grand sourire, fier de sa future nuit de débauche. Je réponds vaguement à son sourire. Il a changé lui aussi. Ces 8 années lui ont valu un corps particulièrement attirant, bien que pas tellement musclé. Un piercing a l'arcade sourcilière droite, ses cheveux blonds en batailles, ses yeux bleus et son atout particulier au lit lui valent la reconnaissance d'un nombre incalculable de filles.
Je dérive alors vers Cartman. Lui n'a pas vraiment changé. De caractère en tout cas, il est resté l'antisémite en herbe, physiquement il a du perdre quelques kilos, lui restant tout de même un petit double menton et un peu de ventre sortant du pantalon. Lui il note et participe activement. Enfin, il contredit et rabaisse le profs a chaque fois qu'il en trouve l'occasion, mais il participe.
Viens ensuite à mes yeux Tweek. Ca fait maintenant trois jours qu'il est en Psychologie. Il était d'abord parti pour les travaux pratiques, mais étrangement il a été renvoyé. Il est agrippé à sa table, faisant trembler le pauvre meuble qui n'a rien demandé. Ses cheveux plus en bataille que jamais, sa chemises mise n'importe comment, son jean sale et maculé de café, ses yeux exorbités, il sursaute à chaque exclamation un peu forte du professeur. Non. Lui n'a pas changé.
Puis je m'apprête à lever les yeux sur la droite, mais m'arrête. Je sais très bien qui il y a a ma droite. Je sais très bien ce qu'il fait. Son stylo entre les doigts, il écoute attentivement le prof, les lèvres pincées dans une mine concentrée. Il va alors froncé les sourcils, attendre un instant et essayer de comprendre, mais il n'y arrivera pas. Alors, il lèvera la main bien haut et demandera des explications au professeur.
-Monsieur Barry, excusez moi, il y a un point qui m'échappe !
-Ce ne sera pas le seul, le juif !
Tu dévisageras Cartman de tes magnifiques yeux verts, et dans un murmure énervé, tu laissera glisser d'entre tes lèvres…
-La ferme Cartman !
-Oui, Broflovski, je vous écoute.
-Eh bien voilà, je pense qu'il serait plus simple de…
Tu te lèveras alors et te déplacera jusqu'au tableau. Là je n'aurais pas le choix, mon regard sera attiré par ton dos, par tes hanches et tes fesses bougeant au rythme de tes pas. Je rougirais de cette vision, et de ma propre réaction. Tu prendras la craie entre tes doigts fins et commencera a expliquer ta théorie par tes mots et tes illustrations. Intéressé, le professeur te félicitera et….
-Je vous félicite Broflovski, en effet cela pourrait être exact ! Nous examinerons cela de plus près !
Et tu reviendras, m'offrant après la vue de ton postérieur la courbe de tes lèvres dans un sourire magnifique et la lueur de tes yeux dans la fierté d'avoir compris. Tu posera tes yeux sur moi comme tu sais si bien faire, me souriant, et je te répondrais maladroitement, presque de façon niaise… Et j…
-Marsh !
Je fus sorti de ma torpeur et me redressa d'un seul coup, faisant presque tomber ma chaise, que je rattrapai de justesse, sous les rires de quelques filles et garçons de ma classe, et la mine légèrement moqueuse de Kyle.
-O… Oui monsieur ?
-Avez-vous écouter la théorie de Broflovski ? Je trouvais votre regard bien vide pour quelqu'un d'attentionné !
« Pourtant je matais son cul, j'étais franchement concentré vieux ! Mais bon, on peut pas s'intéresser à tout ! » Alors pour essayer de sauver un peu la mise…
-Si, j'écoutais monsieur !
-Alors, pouvez vous me dire si ce n'est que le thème de ce cours ?
-Eh bien… La… Manipulation des images et les messages subliminaux dans les publicités ? Ainsi les effets des pubs sur le cerveau amenant a un contrôle des envies des clients et… je crois aussi la répartition des rayons dans un magasin, pour faire toujours acheter plus aux…
-Bien… Je vois que même si vous n'avez pas écouter, vous avez compris le sujet. Passons.
Ouf… Je me rassois et me tourne vers Kyle. Il me sourit. Je fonds. Oui… Depuis qu'il est revenu à South park après ses deux années de collèges a Denver, je fonds pour lui. Mais c'est vraiment trop compliqué pour n'avoir même que l'espoir de l'avoir un jour a mes cotés. Pourquoi ? Les potes, mes parents, les siens, Wendy, les études. Non… Sincèrement.
Je me prends alors un petit papier sur le front, qui tombe entre mes mains. C'est de la part de Kenny. Je le déplies maladroitement, et lis les lettres… bourrées de fautes.
« Ya une fête chez Bébé ce soir, à partir de 21h30. J'te conseil de foutre tes p'tites fesses dans ton plus beau froc, on sors dragué les fille cette nuit ! Kyle et But' y von aussi !
Kenny»
Je souris un instant avant de jeter le papier dans ma trousse. « Kenny… J'suis avec Wendy putain… Et puis je peux pas aller draguer des filles alors que le cul de mon meilleur pote me fait de l'œil ! Façons de parler ! »
La sonnerie retentit enfin, et tout le monde se précipite en dehors sans attendre la fin du discours du prof, sauf Kyle bien sur. J'attrape une cigarette et la prend entre mes lèvres. Je glisse ma main dans ma poche pour atteindre mon briquet. Je m'assois sur le coin de la table de Kyle alors qu'il range ses affaires.
-Tu viens a la fête de Bébé alors ?
-Oui, c'est elle qui m'a invité !
-T'as pas peur qu'elle te bouffe ton petit cul ? Depuis le temps qu'elle le matte ?
-Stan ! Barbara reste une amie ! Bon évidemment je me méfie…
-Je comprend pas, elle est pas mal, pourquoi tu sors pas avec elle ?
- … Je ne suis pas… De ce bord là.
J'écarquillai les yeux, le dévisageant un petit moment. Pas de ce bord là ?
-Comment ça ?
-On y va ?
Il a pris ma clope et la coincé entre ses lèvres avant de partir, sans répondre à ma question. On arrive dans les couloirs, où Kenny saute de partout, flashant avec son anorak orange. Je l'attrape par les épaules, comme pour le calmer, il se tourne vers moi et me sort son plus grand sourire.
-Woooh ! Stan ! Une fête putain ! Enfin ! Depuis le début de cette putain d'année j'ai pas encore peloter une seule paire de nichons ! ET ce soir ! Enfin ! Le rêve !
-Du calme Kenny…
Je ris un instant avant de prendre une deuxième cigarette. Il me fait un clin d'œil en glissant dans la conversation le fait que je sois encore puceau, puis il s'en va, rattrapant la fille à qui il avait envoyer le papier. J'allume ma clope, et Kyle revient vers moi après avoir poser ses affaires.
-Il est irrécupérable.
-Hm…
Je tourne la tête vers lui, et ses mains viennent saisir mon visage entre-elles. Il se rapproche alors de moi pour faire toucher le bout de nos cigarettes, allumant ainsi la sienne. Je rougit de ce baiser indirect. Si seulement cela pouvait être ses lèvres… Il s'écarte alors de moi.
-Au fait. Tu ne m'a pas répondu. « Pas de ce bord » ?
-Je préfèrerais que ce soit toi qui découvre !
-Eh ?
Il prit son sac et s'éloigna, lâchant un petit nuage de fumée a son passage. D'un signe de main, il me quitte pour aller en cour de droit.
-On se voit ce soir Stan !
-…Ouais. Ce soir…
