Juin. Un mois avant la naissance.

— Pour la centième fois, Marinette, je t'interdis de te transformer dans ton état !

La jeune femme lâcha un grand sourire, tout en adressant un regard dur à son compagnon.

— Adrien, je ne suis pas handicapée ! Et c'est sûrement pas toi qui m'empêchera d'aller sauver Paris !

Elle s'attendait à ce qu'il s'énerve, comme il le faisait à chaque fois qu'il avait cette discussion. Il s'énervait, elle haussait le ton, il gagnait toujours et elle boudait les quelques jours qui suivaient, jusqu'à ce qu'ils se rabibochent. Mais ce soir, elle ne s'avouerait pas vaincue. Elle voulait sortir, courir sur les toits, admirer la lune dominant Paris, avant de sauver la ville des vils akumas, comme auparavant.

Et ce, même si elle était enceinte, et qu'elle arrivait bientôt à terme.

— Écoute Marinette, reprit Adrien, tu risques de mettre notre bébé en danger, laisse moi y aller seul !

Elle leva les yeux au ciel, croisant les bras sur sa poitrine.

— Je serais vigilante ! Je te le promet !

Il baissa les yeux, et elle sut qu'elle avait presque gagné. Elle le connaissait par cœur, et il ne résistait jamais à son petit regard de biche égarée.

— Et puis, n'oublie pas que tu ne peux rien faire sans Ladybug, ajouta-t-elle, avec un petit sourire en coin, fière d'avoir trouvé l'argument qui allait le faire flancher.

Il soupira, et enfuit ses mains dans ses poches.

— Tu viens, mais uniquement pour capturer l'akuma. Tu as interdiction de t'approcher de lui, compris ?

Ce fut au tour de Marinette de soupirer. Certes, ce n'était pas ce qu'elle voulait, mais c'était tout de même mieux que rien. Caressant doucement son ventre arrondi, elle sourit, heureuse de pouvoir enfin retrouver la liberté qu'Adrien avait essayé de lui priver.

Se retournant vers les deux kwamis qui attendaient patiemment la fin de leur dispute, elle fit un sourire ravi à Tikki, avant de murmurer doucement :

Tikki, transforme moi !

— — —

Juillet. Un jour avant la naissance.

Assise confortablement dans une chaise rembourrée de coussin, Marinette tournait doucement les pages de son livre, sirotant de temps à autre un jus d'orange fraîchement pressé. Frottant ses yeux fatigués, elle retint un bâillement, avant de s'étirer légèrement les bras, et de somnoler légèrement.

Pourtant, sans crier gare, quelqu'un sauta sur le balcon, avant de se diriger précipitamment vers Marinette. Elle bondit de sa chaise, levant un regard chargé d'inquiétude sur lui, avant d'aller à sa rencontre :

— Chat ! Tu es blessé !

Celui-ci baissa le regard négligent sur la plaie de son bras ouverte, avant de hausser les épaules, indifférent.

— Ce n'est pas bien important, déclara-t-il avec un léger sourire en coin. Toi, comment tu te sens ?

— Moi ? Répéta-t-elle ironiquement en allant chercher la trousse de premier soin. Comme une femme enceinte : grosse, gonflée comme un ballon de baudruche. Et n'oublions pas les jambes gonflées et douloureuses, et mon dos en compote. Ce bébé finira par me tuer.

Il éclata de rire en s'essayant sur la chaise que Marinette lui tendait. Se détransformant rapidement, et montrant sa blessure à sa femme, il lui tira vicieusement la langue, en ajoutant ironiquement :

— C'est toi qui a parlé en premier de faire un bébé, que je sache.

Elle appliqua un peu trop de désinfectant, et il eut un sursaut de douleur.

— Mais tu étais le premier à me sauter dessus, souligna-t-elle.

Il rigola encore, tandis qu'elle finissait de recoudre sa blessure. Une fois le travail fini, elle jeta le matériel plein de sang, et s'assit en face de son amant, lui offrant un sourire chaleureux.

Alors qu'elle s'apprêtait à ouvrir la bouche pour déclarer quelque chose, son visage se tordit de douleur, et elle se plia en deux. Paniqué, Adrien la prit fébrilement dans ses bras, son visage blêmissant à vue d'œil.

— Qu'est ce ... que je dois faire, finit-il par murmurer, le cœur battant.

— J'accouche, abruti ! Amène-moi à l'hôpital !

— — —

Juillet. Quelques minutes avant la naissance.

La tête entre ses mains, il attendait sans savoir vraiment quoi faire. Tremblant, il fixait la porte blanche de la salle où sa précieuse femme avait été enfermé, et où ses cris avaient raisonnés, des heures durant. Paniqué, il ne cessait d'interroger le personnel de l'hôpital sur l'état de sa femme. Est-ce qu'il pouvait la voir ? Et le bébé ? Pouvait-il le voir aussi ? Était-ce une fille ou un garçon ? Est-ce que tout s'était bien passé ?

L'appréhension lui nouait le ventre, et il dût soupirer un bon coup pour redevenir maître de ses émotions.

Soudain, la porte devant lui s'ouvrit, et il bondit sur ses pattes. Un médecin, amusé par l'impatience d'Adrien, sortit de la salle, et tint la porte au jeune mannequin, en murmurant doucement.

— Vous pouvez les voir.

— C'est vrai ? demanda gauchement Adrien, sentant son cœur qui s'emballait.

— Bien sûr, rigola le médecin, avant de pousser Adrien à l'intérieur de la pièce, pour lui donner du courage.

La pièce était doucement éclairé, et Adrien se dirigea d'un pas fébrile vers sa femme, étendue dans un lit d'une blancheur éclatante, tenant un petit paquet dans ses bras. Lorsqu'elle reconnut le jeune blond, son visage s'éclaira, et elle lui offrit un sourire ravi. Tandis qu'il s'approchait d'elle, il s'arrêta un instant pour graver cette image dans sa tête, avant de prendre doucement le bébé dans ses bras, sentant les larmes couler le long de ses joues. Alors, il murmura doucement, à l'intention de la chair de sa chair.

— Bienvenue Emma.

— — —

Août. Un mois après la naissance.

Les cris de la gamine déchiraient le calme silence de la maisonnée. Adrien se tourna dans le lit, et mit son oreiller sur sa tête, espérant que les hurlements cesseraient. Au bout de quelques secondes, il finit par secouer légèrement Marinette.

— Ta fille te réclame, murmura-t-il, somnolent.

Elle râla, et le poussa à son tour, le faisant tomber du lit.

— J'y ai déjà été la nuit d'avant, à toi de t'y coller.

Il poussa un long soupir, et passablement irrité, il se leva péniblement, en adressant un regard noir à sa femme. Cependant, sa mauvaise humeur fut immédiatement balayée lorsqu'il vit le visage poupin de sa petit fille. Bien qu'elle criait à l'agonie, il ne pouvait pas s'empêcher de fondre.

La prenant doucement dans ses bras, il lui murmurait des mots apaisants, tout en la berçant doucement. Une jolie chanson lui vint en tête, et il la fredonna lentement, se rappelant que sa propre mère lui chantait la même chanson lorsqu'il était petit.

Lorsque les cris de la petite cessèrent, il la reposa dans son berceau, avant de rester de longues minutes à observer son visage angélique.

Marinette le rejoignit quelques minutes plus tard, encore un peu endormie. Caressant doucement son épaule, il chuchota doucement, pour ne pas réveiller la petite :

— Emma est un cadeau du ciel.

Elle lui fit un regard doux, avant d'aller à la rencontre de ses lèvres.

— Un deuxième serait parfait, finit-elle par dire, avec un sourire complice.

— — —

Juin. 10 mois après la naissance.

Elle avait un rire éblouissant. Un petit gazouillement d'enfant, qui réchauffait le cœur, et illuminait les regards. A sa manière, elle arrivait à enchanter le monde, à en faire un paradis sur Terre pour ces deux chanceux parents. Du moins, ce n'était que lorsque qu'elle n'était pas ronchonne. Car même si elle avait un petit côté adorable et gracieux qui rappelait sa mère, elle semblait aussi avoir un côté plus enflammé, un peu comme son père.

Au final, elle faisait la fierté de toute la famille, et pour rien au monde, le couple n'aurait voulu revenir en arrière.

Adrien était assis par terre, s'amusant avec une des peluches fétiches de sa fille. Étonnement, elle semblait préférer la peluche de Chat Noir, plutôt que celle de Ladybug, ce qui n'était pas pour déplaire à l'ego du héros.

Elle marchait à quatre pattes, attrapant des objets à son portée pour les mettre dans sa bouche, malgré l'exaspération de son père. Parfois, elle s'appuyait sur les mains qu'on lui tendait, et elle se mettait debout, avant de retomber mollement sur le sol, et d'éclater d'un rire qui faisait fondre le cœur d'Adrien.

Prenant la petite dans ses bras, il la serra comme si elle était la prunelle de ses yeux, mais elle le repoussa malignement, en s'amusant à tirer sur ses boucles blondes. Elle frappait dans ses mains, puis frappait ses jouets entre eux, avant de se remettre debout et de s'agripper au pull de son père.

La petite saisit la main de son père, la serrant le plus qu'elle le pouvait, et se mettant péniblement debout. Avec un petit gazouillement d'enfant, elle se mit à faire quelques pas, s'aidant de l'appui que lui procurait le père.

— Marinette, appela Adrien en riant, je crois que notre petite Emma veut venir te voir.

La jeune maman sortit de la cuisine, tout en ôtant son tablier tâché, et s'accroupit devant sa petite princesse, qui gazouillait joyeusement.

— Ma puce, pouffa-t-elle, tu veux venir faire de la cuisine avec maman ?

Emma claqua dans ses mains, et un grand sourire se forma sur son visage, laissant apparaître ses premières dents qui avaient déjà fièrement poussé. Toujours debout, elle lâcha, sous les regards médusés des deux parents, la main d'Adrien, avant de s'assurer de son équilibre, en pliant doucement les genoux.

Puis, elle fit un premier petit pas, avant d'en faire un deuxième, puis un troisième dans la direction de sa mère. Sentant ses jambes fléchir, et elle se laissa tomber.

Mais avant qu'elle ne touche le sol, des bras se refermèrent sur sa petite taille, et elle se retrouva serré contre le flanc chaud de sa mère.

Avec un gazouillis enfantin, elle lui attrapa les cheveux, tandis que le couple éclatait de rire, émus d'avoir pu assister aux premiers pas de leur petite fille.

— — —

Juillet. 3 ans, le jour de son anniversaire.

— Papa ! Papa ! Hurla la petite fille aux cheveux noirs, et aux yeux d'émeraude.

Son père se précipita, paniqué.

— Qu'est ce qu'il se passe ? Emma, tu es blessée ?

La petite fille éclata de rire, un rire qui eut le don de calmer l'anxiété d'Adrien, et de réchauffer son cœur.

— Mais non p'pa ! J'ai juste attrapé un petit animal, viens voir !

Le mannequin eut un petit rire, et s'approcha de sa fille pour voir le petit insecte qu'elle avait dans ses mains. Lorsqu'il vit ledit animal, il ne put s'empêcher de tressaillir légèrement, de mauvais souvenirs lui remontant en mémoire.

— C'est un papillon, ma chérie. Mais tu devrais le libérer, tu sais.

Elle tourna son regard curieux et enjoué vers lui, sa bouche se formant en une petite moue interrogative.

— Si tu touches les ailes d'un papillon, il ne peut plus voler. Ce serait terrible que ce joli papillon ne puisse plus s'envoler, non ?

Emma hocha la tête, avec gravité, comme si elle comprenait ce que lui disait son père. Détournant son regard pour regarder le papillon blanc, elle ouvrit ses mains, et tandis que l'insecte prenait son envol, elle murmura doucement :

Bye bye, petit papillon !

— — —

Décembre. 4 ans, et toutes ses dents.

— 'sont où papa et maman, s'enquit la petite fille à l'attention de ses grands parents qui la regardaient d'un œil bienveillant.

— Ils reviennent bientôt, murmura Sabine Cheng en serrant la petite Emma contre elle.

— Ils vont revenir avec mon petit frère ? trépignait la petite fille en sautillant un peu partout.

Le vieux Tom éclata de rire, et tapota doucement la tête de la fillette.

— Tu veux le rencontrer ? S'enquit le boulanger, avec un léger sourire en coin.

La fillette sortit un dessin de sous sa jupe, la montrant elle en train de jouer avec un petit bébé. Les yeux pleins d'étoiles, elle le tendit à ses grands parents, prenant une mine inquiète, mais déterminée.

— Vous croyez que ça va lui plaire ?

Les deux pâtissiers échangèrent un regard amusé, et prenant la main de la petite fille, ils finirent par dire :

— Pourquoi ne pas aller le voir tout de suite, pour voir si son dessin lui plaît ?

— — —

Décembre. 4 ans, et toutes ces dents.

La première personne qu'elle reconnut fut son père, et elle lui sauta dessus en poussant un cri de joie. D'abord surpris, il répondit à son étreinte, lui faisant un faible sourire. Inquiète, la petite fille passa ses doigts sur le visage de son père, et son sourire s'effaça.

— Pourquoi tu es tout triste, papa ?

Il détourna le regard, et força un sourire, en caressant doucement les cheveux de sa fille.

— L'accouchement s'est mal passé ? Demanda Sabine, les traits déformés.

Adrien hocha doucement la tête, se mordant les lèvres pour s'empêcher de craquer. La fillette tenait son dessin fermement dans ses mains, et elle ne comprenait pas pourquoi tout le monde semblait triste, alors qu'elle avait enfin un petit frère ! Tout le monde devait se réjouir de l'arrivée de son petit frère, non ? Alors pourquoi lisait-elle la souffrance sur le visage de son père ?

Elle baissa le regard, et fit une moue attristée.

— C'est un joli dessin que tu as fait, Emma, dit doucement son père en prenant le dessin dans ces mains. Je suis sûr que ton petit frère sera très heureux lorsqu'il le verra.

Les yeux pleins de larmes, elle releva son visage inondé vers Adrien, en sanglotant doucement.

— Elle est où maman ?

Le visage de son père se déforma, et la petite fille éclata en sanglots, tandis qu'Adrien essayait vainement de la consoler.

— Écoute, dit il en s'agenouillent à sa hauteur, maman va bien. Elle a juste ... décider de rester un peu plus longtemps avec Louis, mais elle va bientôt revenir. Promis.

Il lui embrassa les cheveux, sachant pertinemment qu'il venait de faire une promesse qu'il ne pouvait pas tenir.

— — —

Juin. Presque 5 ans.

Sans un sourire ou même une lueur joyeuse, elle fixait mornement le jardin par la fenêtre ouverte, s'amusant à compter distraitement le nombre de rose qui avait éclot ce matin. Sous ses doigts, elle sentait les reliefs d'une feuille de papier, maintes fois pliées et transportées, gondolées par des larmes désormais séchées.

Elle tendit la main, et un petit papillon blanc se posa sur son doigt. Doucement, elle l'observa, tentant de faire le moins de mouvements possible, pour éviter de faire fuir cet insecte qu'elle trouvait absolument fascinant.

— Maman, chuchota-elle, comme si elle adressait une prière silencieuse.

Un petit sourire se dessina sur ses lèvres, et tandis que le papillon s'envolait dignement vers le ciel, elle lui fit un léger signe de main, amusée par la tournure des événements.

Bye bye ! disait-elle.

Adrien passa le pas de la porte, et s'approcha d'elle, caressant son cou endolori.

— A qui tu parles ? demanda-t-il.

Elle tourna vers lui son regard brillant d'une lueur nouvelle.

— A maman ! Elle était là, juste dans le jardin, elle me faisait des signes ! Regarde !

Elle se retourna vers le jardin, cherchant du regard le petit papillon, mais il semblait s'être volatilisé. Alors, elle perdit son sourire, et sans vraiment se rendre compte de pourquoi elle le faisait, elle se mit à sangloter, ses larmes s'écrasant encore et encore sur le dessin de Louis.

— Ma chérie, tu sais bien que maman est à l'hôpital, murmura doucement Adrien.

— Papa, je crois que ... commença-t-elle, mais sa phrase fut coupé par le son strident d'une sonnerie de téléphone.

Les traits du blond se déformèrent lorsqu'il reconnut l'expéditeur de l'appel, et avec appréhension, il décrocha, la voix tremblante.

— Agreste ?

Emma détourna le regard, et au loin, elle reconnut la silhouette fine de sa mère, qui s'éloignait lentement, lui adressant des signes de main, et souriant tristement. Lorsque la silhouette disparut sans rien dire, la fillette comprit.

Elle comprit qu'elle venait de perdre un être cher, et que désormais sa vie ne serait plus pareil.

Marinette était morte.


Bonjour, je m'appelle les sentiments, et je viens de vous fendre le cœur.

Plus sincèrement, je sais pas vraiment ce qu'il m'est passé par la tête. J'avais envie d'écrire quelques petites choses sur la petite Emma Agreste ( personnage OC, fille d'Adrien et de Marinette ) et puis c'est parti en cacahuète. C'est très court, et c'est pas franchement une histoire très poussée. Ça raconte juste l'histoire de cette fillette, qui regarde le monde avec son regard enfantin. C'est un peu court, mais je suis, pour une fois, assez satisfaite ;_;

Désolé pour les feels occasionnés ! J'espère tout de même que l'histoire vous plaira ~