Les personages appartiennent à Masami Kurumada et c'est bien dommage!
Enfance capturée :
-Un jeune enfant courait à en perdre haleine sous les dernières lueurs étranges du jour finissant. Les rayons encore lumineux du soleil de Grèce formaient autour de sa frêle silouhette comme une nimbe de lumière dont l'éclat dorée se mêlait aux boucles désordonnées de sa chevelure bleue saphir, cependant que des étincelles de douleur semblaient naître dans ses yeux lapis-lazuli . Si quelqu'un s'était donné la peine de le suivre et de l'observer plus attentivement, cette personne aurait vu avec stupeur que sa figure ronde et légèrement halée était baignée de larmes amères. Il ne s'agissait pas des pleurs de colère ou de frustration qui étaient l'apanage des petits garçons de son âge, mais de pleurs de pure tristesse comme on ne devrait jamais en voir parer le doux visage lunaire de l'enfance.
Il voulait fuir le cruel destin qui s'était imposé à lui un funeste matin de juillet.
-Il n'était alors qu'un gamin des rues, inscouciant, errant au gré de ses envies dans l'acueillante cité antique. Il vivait grâce aux quelques larcins qu'il perpétrait avec sa bande de joyeux garnements. Il était particulièrement doué dans ce périlleux exercice et en tirait quelque fierté. Il parvenait à se glisser dans les riches demeures comme personne, à se dissimuler sous les buissons, à disparaître totalement au détour d'une rue, ne se déplaçant jamais qu'en prenant garde, comme une bête en chasse, de rester invisible et de ne pas même faire crisser un grain de sable sous les semelles abîmées de ses souliers. Il était libre comme le vent et ne s'embarrassait pas de la présence des adultes. En cette époque bénie entre toute, il était tout simplement heureux de vivre, même voué à l'ignorance la plus abyssale. Il avait conscience de n'être rien de plus ni rien de moins dans l'existence que ces chiens galeux qui lui emboîtaient le pas fidèlement. C'était avec une rare gaieté qu'il explorait sans se lasser les moindres recoins de son merveilleux univers. Il faisait parti du paysage au même titre que le ciel, la terre, la mer, l'arbre, l'abeille, la sauterelle... Là était sa véritable place et le coeur du petit Milo était plein de satifaction à l'idée de contribuer à ce charmant tableau. Il était rare et précieux de trouver son rang si jeune dans le monde et de s'en contenter le sourire aux lèvres. Rien n'échappait à son regard pétillant de malice. Il se plaisait à porter son attention sur tout et n'importe quoi, que ce soit des trésors de rebut ou les subtiles nuances des cieux orageux. Il pouvait passer des heures entières allongé sur les herbes hautes à examiner les charmes infinis d'un simple jeu de nuages vaporeux. Jamais la terre n'avait porté enfant plus gracieux en son sein.
-La veille de ce jour abhorré et adoré entre tous, il avait décidé de passer la nuit dehors car fasciné par sa beauté, il désirait contempler tout son saoûl les étoiles scintillantes qui piquetaient son sombre velour tendu. Mais voilà, le fond de l'air devenait de plus en plus frais et le bout de tissu rêche qui lui faisait office de couverture était déchiré par endroits, laissant, par conséquent, le froid s'infiltrer insidieusement. Il grelottait depuis quelques minutes lorsqu'il avait senti un petit être à la chaleur réconfortante, se rouler en boule pour mieux se lover au creux de son bras. Dans l'obscurité, l'enfant avait soupiré d'aise car du chiot mussé tout contre lui irradiait le bonheur et la quiètude. Sous l'oeil bienveillant de sa mère adoptive, la lune d'opale, il s'était alors paisiblement endormi, bercé par la respiration chaude et régulière de son ami à la douce fourrure fauve.
L'aube venue, le bébé chien s'était mis à le renifler avec fénésie, laissant sa truffe humide se promener sur l'intégralité de son visage, traçant des sillons argentés. Puis, tout excité par cette nouvelle journée prometteuse, il avait nettoyé les joues rondes du pauvre Milo en léchant conscienscieusement chaque centimètre carré de sa peau dorée. Comme ce dernier ne bougeait toujours pas l'ombre d'un muscle, il avait entrepris de mâchonner méthodiquement le devant de la tunique du petit Grec en escaladant joyeusement sa poitrine. Recevant des coups de museau de plus en plus impatients sur le torse, il s'était enfin décidé à ouvrir les paupières, laissant apparaître deux joyaux jumeaux sous de long cils merveilleusement recourbés. Ce jour ci, il s'était réveillé en baillant franchement, laissant apparaître un minuscule bout de langue rose. Il avait achevé tranquillement de s'étirer, puis avait laissé retomber ses bras potelés en souriant à son compagnon d'infortune avec une bonne humeur paresseuse.
Ce n'était qu'après s'être gentillement chamaillés comme deux frères de sang qu'ils s'étaient levés d'un commun accord pour partir à l'aventure et en quête d'un fabuleux petit déjeuné. Affamé, le petit homme avait marché prestement en direction de la place du marché, le chiot trotinant allègrement sur ses talons, poussant des jappements intempestifs pour manifester son contentement. Le museau en l'air, les moustaches frémissantes, il humait le délicieux parfum des produits frais qui émanait des étalages multicolores. Il n'était manifestement pas le seul à saliver face à cette profusion de nourriture. Le ventre de Milo hurlait famine depuis plusieurs jours et oubliant toute prudence, il avait tendu la main pour saisir une pleine poignée de lanières de boeuf sèchées. A ce moment précis, dans son champ de vision, était apparu un visage grimaçant et encadré de longs filaments d'argent, le facies menaçant du marchand. Mais Milo ne s'était pas octroyé le loisir de l'examiner plus attentivement car avec une rapidité inouie, le gamin des rues qu'il était avait pris ses jambes à son cou et s'était enfui vers le faubourg :
-"Filons, filons! avait-il crié mi affolé mi ravi à son compagnon à quatre pattes.
-Reviens ici tout de suite espèce de sal voleur!" lui avait aboyé l'homme furieux de se faire délester de la sorte.
Riant aux éclats, Milo avait galopé de plus bel faisant fi des imprécations du vieillard. Ce n'est que lorsqu'il avait perçu un bruit de course effrénée derrière lui que le tintement mélodieux de son rire mutin s'était étouffé au fond de sa gorge et que le garçonnet, inquiet, s'était retourné :
-"Arrête-toi! Tu n'iras pas loin de toute manière!" l'avait prévenu un grand jeune homme lançé à sa poursuite d'une voix sonore.
Passablement effrayé, Milo avait forcé son allure, craignant que l'homme ne lui administre la calotte qu'il méritait sûrement, mais également de voir s'envoler son précieux butin. Du fait de sa petite taille, il pouvait passer aisément entre les jambes des passants et cela lui avait permi d'accélérer la cadence de sa fuite éperdue. Mais, par il ne savait quel miracle, l'homme était resté accroché à ses pas comme une moule à son rocher. Milo connaissait la ville et ses rues tortueuses comme le fond de sa poche et il voulait à tout prix atteindre les maisonnettes au bout du chemin. Celles-ci étaient souvent entourées de clôtures incomplètes, composées de bouts de haie et de fils de fer épars. Son unique échappatoire en somme! Au moment propice, agile comme un singe, il avait glissé sous un buisson et emprunté la direction du fond d'une cour privée pour finalement déboucher sur un vieux mur qui avait l'aspect d'un tas de pierres usées empilées au petit bonheur la chance. Sans hésitation aucune, Milo avait pris délicatement le chiot sous son bras et avait grimpé habilement sur l'édifice. Puis, léger comme une plume, il avait sauté de l'autre côté pour atterrir dans un vaste vergé. A bout de souffle, il s'était adossé au puissant tronc d'un arbre fruitié et avait empli ses poumons de grandes goulées d'air.
Il avait sursauté quand deux mains immenses l'avaient soudainement saisi sans ménagement aux épaules. Dans un réflex compréhensible, il avait alors protégé sa tête de ses bras comme un gosse qui craint de recevoir une correction. Son attitude ayant adopté la fixité de la pierre, l'homme, excèdé s'était penché vers lui et l'avait forcé à découvrir son petit visage de chenapan. Il avait saisi son menton pointu entre son pouce et son index, l'obligeant par là à pencher légèrement la tête en arrière pour mieux lui faire face. Il avait alors plongé de terrifiants yeux luisants d'un éclat dur comme l'acier dans ceux innocents de l'enfant. Son regard acéré avait tranperçé douloureusement l'âme pure de Milo et l'avait aussitôt brûlée de sa flamme haineuse. L'enfant s'était senti aussitôt minuscule et vulnérable sous l'immense voûte du ciel couleur d'azur, balayé par les vents marins. L'air vif et frais le fouettait au visage, plaquant sa longue chevelure lustrée sur sa face terrorisée. Remarquant la réaction de l'enfant, l'homme s'était appuyé brutalement sur ses frêles épaules avec un rire de gorge qui ressemblait fort au grondement d'un prédateur :
-"Tu as raison de trembler devant moi! Je pourrais te briser d'un simple revers de main si je le désirais!"
Pétri d'angoisse et les joues enflammées, Milo avait lentement baissé la tête pour échapper à ce regard cruel. Son coeur avait battu la chamade, sa gorge s'était enserrée et des gouttes de sueur glacées avait commençé à rouler le long de son échine. Une brume de larmes scintillante au fond de ses prunelles, il avait tout de même trouvé la force nécessaire pour réprimer un nouveau frisson d'appréhension. Il avait desserré ses menottes et avait laissé la nourriture dérobée se répandre sur l'herbe tremblante pour permettre au chiot de se remplir l'estomac en toute liberté. Puis, il s'était ébroué tout en prenant une longue inspiration et s'était efforcé de chasser la peur qui rôdait dans son esprit :
-"Lachez moi! Je ne le ferais plus... avait-il imploré.
-Tais-toi vaurien! Je déteste les gens qui font des promesses qu'ils ne pourront pas tenir!"
L'homme avait alors resserré sa prise, incrustant l'emprunte de ses doigts dans la chair tendre de Milo, le faisant pleurer de douleur. Sentant son désarroi, le chiot s'était interposé entre lui et son bourreau, dénudant ses petits crocs dans une attitude qui se voulait menaçante. D'un coup de pied argneux, l'inconnu avait écarté l'importun et l'avait propulsé loin d'eux. Le petit Grec avait tout d'abord hoqueté de surprise pour ensuite labourer furieusement le ventre de l'homme de ses petits poings crispés. Mais, cet être cruel n'avait rien ressenti et s'était contenter de l'envoyer rouler à terre d'une violente bourrade. De l'herbe et de la terre plein la bouche, Milo avait craché de rage et des larmes d'humiliation, de pur épuisement avaient roulé sur le velouté de ses joues pour finir par abreuver la terre. Il avait entendu le rire grêle de l'adulte qui se moquait ouvertement de lui :
-"Alors? Le repas est-il à ton goût jeune homme? Mais...tu pleures! C'est ta maman qui te manque?"
Le son de sa voix était méprisant. Trop méprisant! Un atroce mélange de colère écralate, de douleur anthracite et de tristesse brumeuse avait retourné les tripes de Milo. Il avait bondi sur ses pieds pour se redresser et s'était immédiatement rué sur son adversaire comme un animal mortellement blessé.
Ivre de fureur, une grande soif de sang avait grandit dans son esprit, étouffant peu à peu toute pensée cohérente. Il avait perdu pied dans un océan de désolation et ses eaux croupis s'étaient déversées à flot dans son âme meurtrie. Il avait bandé ses muscles à une vitesse foudroyante, se préparant à une colision inévitable. Il avait été, un bref instant, déconcerté par leur soudaine vigueur et par la célérité fulgurante à laquelle il avait pu les contrôler. Ravi de sa découverte, il s'était précipité vers le monstre pour le renverser d'une violente ruade. Estomaqué par ce revirement de situation, l'homme avait vacillé, puis perdu l'équilibre. En position dominante, Milo avait capturé son cou épais dans l'étau de ses petites mains et avait serré inexorablement. Ce n'est que lorsqu'il avait vu son adversaire s'étouffer, que son esprit avait retrouvé toute sa lucidité. Nauséeux, écoeuré par sa violente réaction, l'enfant avait écarté lentement les doigts afin de lacher sa proie. Le souffle court, l'homme cruel ruisselait de sueur. Il avait pris appui sur ses coudes pour relever son buste et examiner à loisir ce jeune garçon à la puissance inatendue :
-"Je m'en doutais! Dès que je t'es vu t'élancer comme un lièvre... J'ai eu un mal fou à ne pas perdre ta trace... Alors, que je suis un chevalier d'Athena...
-Vous avez fait mal à mon petit chien..., avait sangloté Milo, désespéré.
-Pourquoi tant de compassion pour un simple animal, alors que tu étais prêt à m'achever?
-C'est pas vrai!
-Tu n'en as peut-être pas encore conscience, mais la haine est ta plus grande force mon petit!
-Je vous crois pas! Vous êtes une personne cruelle! Je l'ai vu dans vos yeux!
-Tu as vu juste! Je suis violent et sans état d'âme comme tous les assassins se doivent de l'être. Mais, ne crains rien! Je te laisserai la vie sauve car tu m'es plus utile en bonne santé que mort!
-Utile?
-Oui mon enfant! Tu feras un excellent prétendant en tant que futur successeur.
-Fichez-moi la paix! Je ne veux pas vous écouter! Je ne veux vous aider en rien...
-Ecoute-moi bien sal moutard! Je ne te laisse pas le choix! Tu m'accompagneras de gré ou de force!"
Sur ce, les serres de l'homme s'étaient agrippées aux délicats poignets de Milo et il l'avait trainé à sa suite sur plusieurs mètres. Sourd aux supplications de l'enfant, il avait lutté pour le mener jusqu'à l'auberge crasseuse où il résidait. Horriblement épuisé par sa vaine résistance, Milo l'avait accompagné docilement sur le pas de la porte. Là, se tenait un autre homme à la grâce glaciale, visiblement une connaissance de son kidnappeur :
-"Qu'est-ce que tu nous rapportes là Caleb?, avait-il demandé, intrigué par son précieux fardeau.
-Un futur apprenti!
-En tout cas, on ne peut pas dire qu'il ait l'air ravi de te suivre!"
Il s'était alors penché sur le garçonnet pour mieux l'examiner. Milo n'avait pu s'empêcher de frisonner en ressentant la morsure glacée de son aura :
-"Son cosmos est bel et bien présent, mais ce qui me surprend, c'est de le sentir comme enfoui tout au fond de son âme.
-Il a besoin qu'on le motive pour le faire surgir! N'est-ce pas petit?", avait-il plaisanté en ébouriffant la tignasse de Milo.
Grimaçant et toujours muet comme une tombe, le petit Grec avait laissé son regard vagabonder vers l'intérieur de la misérable bâtisse. Puis, son regard s'était figé pour contempler un petit garçon pâle de son âge. Il était debout, adossé au mur gris et humide, raide et impassible, le regardant avec de grands yeux sombres qui semblaient dévorer sa figure de marbre de leur feu. Son coeur avait alors battu si fort, il s'était senti si fébrile qu'il avait cru en défaillir. Il n'était qu'un enfant et son coeur réclamait déjà, comme sien, ce beau garçon qui était devant lui. Il aimait à sept ans et c'était absurde. Mais Milo n'était pas comme tout le monde. Il était entier et ne se posait guère de question. Il se contentait de donner tout ce qu'il avait au fond de lui à ceux qu'il aimait. A partir de ce moment précis de son existence, il avait su qu'il devait tordre son destin pour demeurer auprès de ce petit elfe et l'accompagner sur le chemin difficile de la vie. Il avait ressenti son besoin de protection et d'amour, et lui, se sentait prêt à tout sacrifier pour voir apparaître l'ombre d'un sourire sur ses lèvres :
-"Ah! Je vois que tu as découvert mon disciple. Il se nomme Camus et il nous accompagnera jusqu'au sanctuaire où tu recevras ta formation.
-Camus..." avait-il alors murmuré comme une douce promesse.
-Cela faisait six longues années qu'il était arrivé au sanctuaire, six longues années qu'il subissait ce calvaire sans broncher par amour pour lui... Il n'en avait pas le droit, il le savait, mais il s'obstinait à demeurer le rempart qui entourait et protégeait Camus contre les assauts des autres enfants. Aujourd'hui encore, il s'était échappé, sentant la détresse de son ami. A l'heure de l'entrainement, son maître allait encore trouver une arène vide et à chaque fois, cela le laissait ivre de rage. Il devrait en subir les conséquences... Il grimaça à cette idée, sa dernière incartade, il en portait encore les cuisants stigmates. Il secoua vivement la tête pour éliminer toute trace d'appréhension de son visage.
Il se rapprochait de leur refuge : une caverne aux paroies miroitantes, là-bas, dans la baie. Il le retrouva, assis par terre qui se balançait d'avant en arrière. Il avait enfoui sa petite figure de lutin pâle et résolue contre ses fines jambes repliées :
-"Camus! Que s'est-il passé?"
Relevant la tête au son apaisant de la voix de Milo, il se leva pour se précipiter dans l'espace de ses bras. Stupéfait, Milo l'étreignit de toutes ses forces, comme s'il craignait qu'il ne s'envole sans lui, et faillit lui faire perdre la respiration. Les soyeuses boucles en désordre du petit Grec vinrent chatouiller les joues de Camus, de sorte que ses pleurs cessèrent pour laisser place à un rire mélodieux lui faisant plisser son adorable petit nez :
-"Ne t'inquiètes pas Milo! Ce n'est rien tu vois, c'est déjà passé!
-Racontes moi tout de même!
-C'est juste Aiola qui m'a dit que si ma mère m'avait abandonné, c'était parce que j'étais un petit monstre de foire!
-Quel imbécile celui-là! Je vais lui faire ravaler ces méchancetés!
-Non laisses! Cela n'a aucune importance! Je ne veux pas qu'il me prenne pour un lâche qui envoie son meilleur ami à la rescousse à la moindre contrariété!
-Comme tu voudras!" soupira, résigné, Milo.
Camus sentit toute la force des bras rond qui l'entouraient et le souffle brûlant de son ami sur sa nuque. Il ressentit vivement cette illusion purement humaine, que les bras d'un seul être constituaient un sûr bouclier contre le malheur et que la sécurité s'y trouvait plus que partout aillleurs. Leur amitié était ainsi, Camus trouvait l'abri, et Milo l'offrait de tout son coeur.
Pour l'instant, Milo se disait qu'il n'y avait pas plus délicieux au monde que de tenir Camus dans ses bras, que sa chair était tiède, douce, délicatement parfumée. Il réalisait, comme à chaque fois, le bonheur infini que pouvait éprouver deux êtres humains en se rapprochant. Chacun était le complément de l'autre et créait la merveilleuse réprocité de l'amitié. Lui, le feu, lui, la glace qui fondait à son simple contact :
-"La marée ne va pas tarder à remonter! Il faut nous presser!" lança Milo à regret.
Ils sortirent alors de la caverne pour retrouver un monde de lumière éblouissant de beauté. Les yeux blessés par l'acidité du soleil, Milo cligna des paupières et entre deux battement il le vit qui se tenait à quelques pas d'eux, regardant mélancoliquement la mer. A leur approche, il se retourna et adressa un sourire radieux à Camus :
-"Tiens! Je ne m'attendais pas à te rencontrer là Camus! Milo!"
Depuis quelques temps, Saga s'était rapproché de ce petit être fier et courageux et Milo, exclusif, ne voyait pas ce changement d'un bon oeil :
-"Lut...!" marmonna-t-il, contrarié.
Camus se plaça aux côtés de son nouvel ami et lui répondit châleureusement. Il lui parla avec un plaisir non feint, maintenant assis très droit, leur deux corps plus proches que nécessaires, les mains jointes tranquillement sur ses genoux, sa petite figure blême balayée par de jolies mèches de cheveux marines. Exclu, Milo les observa l'oeil sombre. Une sourde angoisse lui noua la gorge et si profonde était sa blessure, qu'il en fut effrayé. Il ouvrit la bouche pour parler et sa voix même laissa percer ses peurs les plus secrêtes :
-"Il faut que j'y aille, je suis déjà en retard pour mon entraînement..."
Face à l'indifférence de ses deux compagnons, pendant un court instant, il remit en cause la certitude de son coeur qu'on ne peut aimer sans être payé en retour. Fallait-il donc toujours donner plus qu'on ne reçoit, sans rien attendre en retour? Ces deux là ne comprenaient rien à son sacrifice. Seul le battement léger de ses tempes révélait ses émotions les plus intimes. Mais, pour les voir, il aurait fallu faire attention à ce petit être si fragile à l'intérieur. Désormais, il s'était engagé sur le sentier d'une bataille féroce, en dissimulant la passion qui l'agitait. Et ce fut aveuglé par un torrent de larmes, qu'il arriva en courant dans l'arène pour recevoir sa correction quotidienne pour avoir la faiblesse de trop aimer.
Si vous en éprouvez le désir, je poursuivrai cette histoire! Si tel est le cas : je narrai le parcours de Milo une fois adulte et les changements survenus dans sa vie.
Bisou à tous
