Rated : K+
Mots : 851.
Genre : Friendship, Hurt/Comfort.
Fandom : Kuroko's Basket.
Personnages : Momoi Satsuki, Aomine Daiki.
Timeline : Fin de l'Inter-high, suite au premier match entre Seirin et Tōō.
Crédit : Les personnages et les lieux utilisés appartiennent aux ayants droit, dont l'auteur Fujimaki Tadatoshi.
Égoïste
Elle gravit soigneusement l'échelle qui l'emmena au point culminant du lycée. Le vent froissait son uniforme, délestait son front et sa chevelure rosée des quelques gouttes de sueurs qui y perlaient. Inquiétée qu'un autre élève ne puisse voir sous sa jupe, Momoi jeta un bref regard en arrière. Elle fut cependant soulagée de constater l'absence d'éventuels spectateurs. Arrivée au sommet, on entendit distinctement le bruit de ses chaussons touchant le toit dur, parmi les sifflements légers.
Elle se tint ensuite debout, et leva des yeux accablés vers le ciel. Ses yeux brillèrent comme des rubis face à un Soleil impitoyable, ne semblant pas encore entamer sa descente inéluctable vers l'horizon. La profondeur de la voûte bleue, dénuée de tous nuages, lui donna au bout de quelques secondes le tournis. Sa nuque douloureuse la força à porter son attention au sol. Son ombre assombrissait le visage basané d'Aomine. Les paupières closes, celui-ci ne bougeait pas. La brise mouvait ses cheveux hérissés à l'image des remous à la surface d'une mer calme. Il était confortablement allongé sur le dos; ses jambes étaient croisées et ses mains protégeaient sa tête de la rudesse du sol. Le jeune homme a dû précédemment desserrer sa cravate encombrante. Il entre-ouvra ses lèvres et eut un long soupir las, qui vida son buste de toute énergie, de tout entrain.
Momoi l'observait d'un air sérieux. Elle ne voyait plus Aomine, mais constatait sa propre défaite. Le résultat de son incapacité à tirer son complice vers le haut, vers un avenir aussi radieux que ses années passées à Teiko –du moins, jusqu'à ce jour fatidique. Momoi perdait progressivement la volonté d'aider Aomine à surmonter chaque obstacle que la vie semait sur sa route. L'unique motivation qui poussa la jeune fille de rejoindre l'établissement Tōō fut d'éviter à Aomine bon nombre de tracas, que ce soit avec ses professeurs ou ses camarades.
Et en ce jour il n'a jamais été autant en difficulté. La vie scolaire ne l'intéressant plus, il préférait désormais se prélasser dans des endroits calmes et isolés pendant les cours. Ses résultats s'en ressentaient fortement. Momoi cherchait à le raccrocher : elle lui prêtait ses notes, venait souvent chez lui pour faire leur devoir ensemble, lui tenait compagnie à la pause déjeuner. Ce fut même elle qui l'incita à s'inscrire au club de basket, priant qu'il y trouve un nouveau refuge et oublie les émois du collège. Mais rien ne fonctionnait.
L'échec était cuisant, et cela lui restait en travers de la gorge.
Aujourd'hui, elle se demanda à quoi bon fournir autant d'effort si, à la fin, cela ne payait pas. Les responsabilités que lui incombait le rôle d'amie pesaient comme un boulet. Elle songea à la vie qu'elle aurait eut si elle s'était rendu à Seirin, si elle avait choisi de se tenir aux côtés de son bien-aimé, et d'abandonner son ami d'enfance dans les tréfonds de son orgueil.
Elle aussi aimait le basketball, et voulait encore en profiter. Mais aurait-elle la même excitation, le même rapport avec ce sport si celui avec qui elle l'avait découvert n'était plus là ?
Cela lui rappela qu'elle pouvait être égoïste, parfois.
Ses capacités d'analyse aurait dû lui permettre de trouver une solution. Elle qui était si intelligente, pourquoi ne pouvait-elle pas mener un raisonnement dont l'issue serait de retrouver ce garçon amoureux de basket ? Aomine échappait tout simplement à sa logique, et n'était sujet qu'à sa sensibilité. Cela mis un coup à sa fierté, et questionna même son utilité.
Suis-je vraiment d'une grande aide ?
Momoi souhaitait voir disparaître la façade constamment indifférente qui entourait le tourbillon d'émotion dans le cœur d'Aomine. Elle voulait sans cesse lui rappeler qu'elle était là pour lui, qu'il pouvait se confier, qu'il pouvait avoir confiance en elle, qu'elle était aussi son ombre. Mais le grand adolescent, plutôt que de s'en réjouir, s'en irritait de plus en plus. Il devenait dédaigneux, méprisant… Le récent fossé de courtoisie qui les séparait encore un peu, entre le familier « Dai-chan » et le cordial « Aomine-kun », lui évoquait à chaque moment leur déroute mutuelle.
Au vu de ce résultat, Momoi crut que sa présence ne faisait qu'empirer les choses -tant pour elle que pour lui. S'ils devenaient tous deux malheureux, cela devait être sa faute, elle en était sûre.
Sa vue se brouilla un peu, et elle sentit une fraîche coulée amers sur ses joues roses. Elle s'en rendit compte et hoqueta alors une fois. L'attention de l'ace se posa instantanément sur ses larmes scintillantes. Confus, haussant les sourcils, il se redressa puis s'assit en tailleur. Il attrapa une des mains moites de son amie dans la sienne, la recouvrant totalement, tout en murmurant son prénom. Cette étreinte rassurante la fit sourire tristement malgré ses pleurs. Elle porta son membre libre à ses yeux pour essuyer l'humidité, sans grand succès.
Cela ne lui sied pas. Ce moment de faiblesse l'enlaidissait. Mais elle y trouva un certain plaisir, d'enfin être la personne à qui l'on accorde son attention, celle dont on doit s'occuper. La satisfaction d'être celle que l'on doit secourir.
Cela lui rappela qu'elle pouvait être égoïste, parfois.
