Traduction: Obvious Fact

Auteur: MuseDePandora

Traducteur: NekoJilly

Série: Sherlock et son univers appartiennent à Sir Arthur Conan Doyle, Steven Moffat, Mark Gatiss et la BBC.


1.

John fit cette découverte tout à fait par accident. Ça avait été une dure journée de travail, plus à cause de l'insupportable monotonie qu'autre chose. Le sommet de sa journée en chirurgie fut une jeune femme avec une cheville tordue qu'ils pensaient surement cassée. Lorsque les rayons-X revinrent, il était vraiment déçu.

Sherlock était en train de changer sa façon de penser plus que la guerre ne l'avait fait. Parfois, il se rendait compte qu'il aurait dû être inquiet. La plupart du temps il n'arrivait pas à comprendre comment il avait vécu aussi longtemps sans cela. Comment avait-il géré l'ennui avant que Sherlock ne débarque dans sa vie ?

Le travail était une agonie tout particulière parce qu'il savait que Sherlock était à la maison, travaillant sur la première affaire intéressante – les mots de Sherlock, pas ceux de John – qu'ils avaient depuis deux semaines.

D'une façon ou d'une autre, le même homme avait été assassiné trois fois. D'abord dans son appartement de Londres en 1998. Puis en Australie en 2003. Et enfin pour la dernière fois deux jours plus tôt dans la salle de bain d'un club local. Chaque cas avait un cadavre, identifié positivement comme étant cet homme. Scotland Yard était complètement déconcerté. Sherlock était euphorique. John se sentait physiquement mal de ne pas pouvoir se permettre de se faire porter pâle pour une autre journée de travail. Il boita tout le long du chemin jusqu'à son travail, certain que Sherlock le découvrirait pendant qu'il serait dehors à courir pour résoudre le cas sans lui.

Sherlock n'arrêta pas de lui envoyer des messages tout au long de la journée, comme s'il voulait s'assurer que John n'oublierait pas. Comme s'il le pouvait. S'il n'en avait pas su plus, il aurait pensé que son ami se moquait de lui, le punissait d'avoir choisi la chirurgie et les factures impayées à la place du Travail. Bien sûr, il n'en savait pas plus et ça ressemblait beaucoup à la façon de faire de Sherlock. Le salaud.

Il y a une raison pour laquelle c'était à l'endroit où nous avons vidé nos prisons. SH

J'aime la Géorgie. SH

L'Etat. Pas le pays. SH

PLUS DE FORMALDEHYDE*. SH

As-tu planifié ton enterrement ? SH

As-tu planifié le mien ? SH

NE LAISSE PAS ANDERSON APPROCHER DE MON CORPS. SH

Tire à vue, s'il le faut. SH

Penses-tu que ce serait excitant d'être assassiné ? SH

LAIT. SANG DE PORC. PATCHS. SH

La bonne chose à propos des messages était qu'ils rassuraient John sur le fait que Sherlock ne courait pas dans tous les sens dans Londres pour résoudre une affaire sans lui. La mauvaise chose était qu'ils faisaient leur travail et lui rappelaient sans cesse qu'il y avait un autre endroit où John aurait préféré être.

Après 8 heures de ça, il décida qu'il méritait une récompense. De toute évidence, Sherlock n'était pas sur le point de faire une découverte capitale et la seule victime de ces meurtres liés était enfermée à la morgue de la police. Personne n'allait mourir s'il prenait 10 minutes de plus pour rentrer à la maison. De plus, ça allait agacer Sherlock au plus haut point. Il aimait faire ça plus qu'il ne l'aurait dû.

Ils avaient une relation compliquée.

Donc John s'arrêta à l'épicerie pour s'acheter un pot de la plus chère crème glacée à la vanille noix de pécan qu'ils avaient. Puisqu'il savait qu'ils avaient du sang de porc et des patchs de nicotine – et qu'est-ce que ça nous apprenait sur son état ? – il prit ce qu'il restait sur la liste de course pendant qu'il y était. Il se sourit à lui-même lorsqu'il paya tous les articles avec la carte de crédit de Sherlock.

Lorsqu'il arriva chez eux, Sherlock était allongé sur le canapé dans une position de prière. John aimât un peu trop laisser tomber le paquet de patchs à la nicotine sur la tête de son colocataire. Il ignora la mine renfrognée de Sherlock et le bruit de l'emballage se faisant déchirer. Après avoir déposé le flacon de sang de porc dans le réfrigérateur sur l'étagère de Sherlock destinée à la science et avoir mis le lait aussi loin que possible de cette étagère, John tourna finalement son attention vers la glace.

Curieusement, Sherlock était beaucoup moins bavard maintenant que John était rentré. Il n'était même pas en train de se plaindre du retard du docteur. Il devait être finalement entré dans la phase critique de ses déductions. Jusqu'à ce qu'il ait tout compris, Sherlock allait être maussade et socialement déconnecté. Enfin, plus que d'habitude. Il n'allait certainement pas manger désormais. John était heureux de ne même pas avoir à offrir un bol à Sherlock par politesse.

Une fois qu'il se fut servi, il apporta le bol avec lui dans le salon, s'assit et commença à déguster. Après le voyage jusqu'à la maison, la glace était à la température parfaite, froide mais crémeuse. Le subtile goût terreux-doux de vanille fondit sur sa langue, lui rappelant le brulant soleil d'Afghanistan et les rêveries de ce luxe tout simple. A son grand désarroi, il pourrait même avoir fait un bruit de plaisir, surement pas un gémissement mais peut être un satisfait "Mmm".

Le canapé craqua.

Il leva la tête et tomba sur Sherlock en train de l'observer. Son ami le regardait souvent manger. Il fallait s'y attendre quand John mangeait si souvent alors que Sherlock quasiment jamais. Mais il y avait quelque chose de différent cette fois. Peut-être était-ce le sentiment nostalgique qu'il avait associé à l'expérience et la frustration d'une longue journée loin de Sherlock et de l'affaire. Éventuellement, la façon dont John avait été pris dans son désir physique et dans le plaisir d'y céder. Possiblement, c'était le fait que John pouvait voir Sherlock avaler de l'autre côté de la pièce pendant que ses yeux étaient focalisés sur la cuiller s'éloignant des lèvres du docteur. Qu'importe la réponse, il se sentait comme s'il avait été surpris dans un moment privé.

Il frissonna, et ce n'était pas à cause du froid.

"Qu'est-ce que c'est que ça ?" demanda Sherlock.

"De la crème glacée." John décida qu'il n'allait pas s'arrêter de manger juste parce que son ami le regardait. Il en prit délibérément une grosse portion, le genre où il fallait deux essais pour tout enlever de la cuiller. Il se consacra sur sa tâche première, pensant que la conversation était terminée.

"Quel genre ?"

Il retira la cuiller de sa bouche pour répondre. Bien qu'il ne comprenait pas le moins du monde pourquoi Sherlock s'y intéressait. Jetant un coup d'œil vers le bol, il espéra qu'il n'allait pas s'entendre dire qu'il avait été utilisé dans une certaine expérimentation impliquant des produits chimiques qui réagissaient mortellement à certains aromes artificiels. Existait-il vraiment une chose pareille ? Nul doute que si ça existait Sherlock serait au courant puisqu'il en aurait fait une expérience. Avec un peu de chance pas dans le bol de John. C'était un bol bleu. Les bols bleus étaient pour manger. Les bols blancs étaient pour les expérimentations. Ce ne serait cependant pas la première fois que Sherlock se trompait.

"Vanille" répondit-il. Sherlock se leva du canapé pour se mettre sur ses pieds, et en quatre grandes enjambées – deux étant faites sur la table basse bien sûr – il prenait la cuiller des mains de John.

Tout son d'indignation qu'il aurait pu avoir à propos de l'espace personnel mourut dans sa gorge quand il vit la cuiller disparaitre entre les lèvres du détective. Tout ce à quoi il pouvait penser était qu'une seconde plus tôt elle avait été dans sa bouche. Et si Sherlock ne réalisait probablement pas à quel point c'était intime, il devait savoir combien ce n'était pas hygiénique.

"J'utilisais ça" dit-il. Sherlock retourna la cuiller et la lécha une dernière fois pour la nettoyer avant de la laisser tomber dans le bol avec un bruit métallique.

John déglutit, la gorge sèche.

"Je vais en prendre une portion" lui dit Sherlock, faisant demi-tour pour reprendre sa pose dramatique sur le canapé. "Petite" précisa-t-il. "Très petite".

Sans réfléchir, John se leva pour aller lui chercher un bol, se sentant un peu comme le chien de Pavlov. Mais une fois que son cerveau sembla se redémarrer tout seul, quelque chose lui vint à l'esprit. "Attends, je croyais que tu ne mangeais pas pendant une affaire."

Sherlock poussa un soupir digne d'une série B. "De toute évidence je fais une exception."

"Pourquoi ?"

"C'est de la crème glacée à la vanille."

Non seulement Sherlock était prêt à faire une exception cette fois-là, mais sur une intuition le lendemain matin, John mit un autre bol sur le torse de Sherlock pour le petit-déjeuner. Son ami était trop distrait par l'affaire pour le regarder ou même se rendre compte que John l'avait apporté, mais il le mangea malgré tout. Après plusieurs expériences répétées John constata que, bien que Sherlock ne pouvait ni dormir ni manger au cours d'une affaire, la glace à la vanille était toujours une exception. Ce n'était pas très sain mais quand Sherlock passait des jours sans manger, des calories étaient des calories et John était préoccupé par ce genre de choses.

Il fit en sorte qu'il y ait toujours un bac dans le congélateur. Pour eux deux.


*Plus communément appelé formol, sert principalement à la conservation de cadavres animaux ou humains

Et me revoilà avec une nouvelle traduction Sherlock :)

Encore une en plusieurs chapitres. Celle-ci en compte dix mais ce sont des chapitres plutôt court.

N'hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé de la traduction, et je vous dit à bientôt pour le deuxième ;)