Titre: Un cri muet dans la forêt
D: Tous les persos appartiennent au monde de FFIV, non pas à l'auteur.
Couple: Djidane/Frank. Plagiat de Akemi Luo, j'espère qu'elle ne m'en tient pas rigueur, mais la lecture de ta fic m'a malheureusement inspirée. Petite précision c'est mon bâptème de slash alors soyez indulgents! Merci de votre lecture!
Un cri muet dans la nuit
Un grincement, comme une longue plainte, puis un craquement. Djidane était entré dans la réserve. Il souffla sur la table en bois et sourit en regardant la poussière s'élever, puis rejoindre le pâle rayon de lune que filtrait le verre brisé par la chute du Prima Vista. Prenant une vieille couverture qui traînait là grâce au zèle qu'entretenait les Tantalas dans les activités ménagères, il s'assit sur une des seules chaises que l'accident n'avait pas fracassée. Djidane avait décidé d'utiliser le temps que Bibi et Steiner prenaient pour mettre au point une technique de combat à sa sieste. Il devait sauver Grenat, mais il ne servirait à rien s'il n'était pas parfaitement reposé. C'était ce qu'il avait décidé. Pourtant, dans la quiétude que seuls venaient troubler les complaintes des animaux de la forêts, il ne put empêcher la musique de la mélancolie venir siffler perfidement à ses oreilles.
Il sévissait chez les Tantalas depuis environ sept ans, quand Bach l'avait recruté. Il avait 10 ans. C'est dire s'il avait tout connu, chez les Tantalas. D'abord le combat, bien sûr. Et puis l'amitié. Même Cina, avec son chaudron ridicule sur la tête, avait su gagner sa confiance. A chaque tournant de sa vie s'associait un Tantalas. Même cette pièce miteuse lui rappelait les jeux puérils et chenapans qu'il avait connus avec Frank. Comment pouvait-il abandonner tout cela ? Des yeux peuvent-ils être aussi jolis pour qu'un jeune homme quitte tout ce à quoi il aspire depuis sa plus tendre enfance ? Oui, il y avait quelque chose qui l'attirait dans ce regard, une étincelle qui s'était allumée dès qu'il avait trébuché sur ses cils battant alors qu'elle essayait de quitter sa prison dorée. Comme elle était touchante quand elle essayait de masquer sa véritable identité ! Et comme elle était majestueuse alors qu'elle la lui avait révélée ! Une vraie graine de souveraine.
Oui, elle méritait que Djidane donne sa démission à Bach, elle méritait le duel qui les avaient opposés, elle méritait que Bach se rende compte que l'élève avait dépassé le maître.
Quand Djidane referma la porte de l'aire de combat, il cria à Bibi et Steiner de sortir. Il monta dans sa chambre préparer ses affaires pour le grand départ. Sans savoir réellement pourquoi et comment, il savait que cette histoire le mènerait loin. Il claqua la porte de son ancien dortoir et courut vers la sortir. Il ne fallait pas le retenir.
Il diminua l'allure en pénétrant dans le dernier couloir. Tout était sombre, il distinguait à peine l'ouverture laissée par l'explosion qui laissait apercevoir l'encre de la nuit. Il s'aida des parois pour faciliter la progression. Un courant qui brise l'air. Le métal froid qui se glisse sous sa gorge. Un souffle qui s'attarde dans son oreille.
- Tu ne pensais pas partir sans me dire au-revoir…
- Frank…
Le jeune garçon fit volte-face et vint se placer en face de Djidane.
- Bach a raison, elle t'a tapée dans l'œil. J'ai toujours su que tu donnais dans l'infidélité… Mais peut-être en vaut-elle la peine.
- Frank… elle a de si jolis yeux. Aucun homme n'y résiste.
- Ses yeux dont tu vantes la beauté appartiennent à l'héritière du trône d'Alexandrie. Ça le fait, non, une princesse à son tableau de chasse ? Et puis elle, elle a des manières, pas comme cette écervelée de Rubis ! Faut-il encore ajouter à ses yeux ses cheveux d'ébène et sa peau de lait ? Et que dis-tu de ses seins, hein, qui pointent timidement sous sa chemise qui épouse parfaitement sa taille ? Dis-le que ça t'excite, au moins je comprendrai !
- Frank… Pourquoi tu rends tout difficile ?
- Parce que tu trouves la situation facile ? Tu trouves que c'est facile de regarder partir pour une autre celui que j'aime ? Tu trouves que c'est facile, toi, d'effacer ce qu'on a vécu pour un clin d'œil et sans même un au-revoir ?
- Arrête Frank. Il n'y a pas d'amour entre nous. C'est pas possible.
- Pourquoi ?
- Ben… je suis un garçon.
- Et alors ? Ça n'a jamais rien empêché.
- Entre nous, non… Mais Frank, moi je ne suis pas branché mec.
- Moi non plus.
- A la base plus que moi !
- L'amour ce n'est pas une histoire de câbles, Djidane !
- Frank…
Djidane ne savait plus quoi dire. Il n'arrivait même plus à soutenir le regard désespéré de son ami.
- Là. Tu ne sais plus quoi dire. Et moi je ne sais plus quoi dire pour te retenir.
- Ne rends pas les choses plus difficiles qu'elles ne le sont, Frank. Nous avons toujours su qu'un jour ou l'autre, l'un de nous partirait.
- J'ai toujours su qu'un jour tu partirais. Mais j'ai espéré que cela n'arrive pas trop vite. Vas-t'en, je ne veux plus te voir.
Frank se retourna, non pas pour que Djidane ne voit pas ses lames, mais pour ne pas devoir supporter le spectacle de celui qu'il aimait courir dans les bras d'une autre. Il n'avait aucun doute sur la réussite du sauvetage de Grenat. Pour lui l'échec c'était de voir Djidane s'enfuir.
Il pleurait en silence, mais le souvenir résonnait tant dans sa tête qu'il n'entendit pas les pas qui courraient sur le sol. Il ne compris pas quand deux mains le prirent par les épaules et que des lèvres se plaquèrent contre les siennes. Il ferma les yeux et serra fortement ce petit corps qu'il avait tant désiré. Il sentit les doigts agiles jouer dans ses cheveux, il soupira quand les lèvres quittèrent sa bouche et glissèrent jusqu'à son oreille. Il ne reprit ses esprits que quand il entendit comme un sanglot :
- Je n'aime pas les histoires qui se finissent mal…
Brusquement il se sépara de Djidane.
- Tu ne reviens pas ?
- Non, Frank. Je suis désolé. Je…
- C'est aussi difficile pour toi, hein ? Ce n'est pas évident de s'apercevoir qu'une relation comme la nôtre peut s'envoler à cause d'un battement de cils, n'est-ce pas ?
- Non.
- Alors ne rends pas les choses plus difficiles. Casse-toi.
Cette fois Frank partit le premier, rejoignant la même réserve où Djidane avait décidé de retrouver Grenat. C'était une belle ironie, même si elle était prévisible. Cette pièce avait toujours été un lieu de recueillement et de réflexions pour les deux adolescents. De la même manière que son ami, Frank se laissa bercer par les accords sensibles et graves du souvenir…
