CHILD ISSUES*

NDLT : Voici la traduction de la première fiction de Denu-MindPalace. Elle se compose de 5 chapitres, j'essayerai de les poster régulièrement (un par semaine environ). N'hésitez pas à laisser vos commentaires tant sur le texte que sur la traduction. Bonne lecture !

Note de l'auteur : Première tentative en matière d'écriture, j'espère que vous aimerez.

...

- Mycroft !

- John, si ce n'est pas vraiment urgent, je préfèrerais que tu n'interrompes pas ma réunion avec le chef des ministres.

Il l'avait appelé sans y penser. Était-ce une affaire urgente ? Maintenant qu'il y pensait, il n'en était pas certain. Cependant, il était toujours aussi agité, il sentait que ses yeux regardaient d'un côté puis l'autre et il ne parvenait pas à se composer un visage calme. Il était sorti de Baker Street en courant presque. En effet, durant sa cohabitation avec Sherlock Holmes, celui-ci s'était toujours arrangé pour lui donner surprise après surprise. La tête dans le frigo fut la première d'une longue série. Il était enfin habitué à trouver des entrailles humaines aux endroits où les aliments, que tous deux consommaient, auraient dû se trouver.

Le violon à trois heures du matin, il avait décidé qu'il pourrait vivre avec. Parfois, le détective jouait des mélodies douces qui ressemblaient à des berceuses. C'était un geste intentionné, qui donnait à comprendre qu'il savait que John était toujours en train de se retourner dans son lit, sans pouvoir trouver le sommeil après un récent cauchemar. Que ce fut parce que Sherlock voulait vanter ses propres capacités de déduction ou parce qu'il se souciait de John, probablement les deux, dans tous les cas l'ex-soldat appréciait ces moments.

Il ne savait plus où cacher son arme dans l'appartement. De temps en temps, le mur du salon avait un nouvel orifice quand John rentrait de son travail à l'hôpital. Dans ces moments, il soupirait, priant Dieu qu'il lui donne de la patience, puis il commençait à penser à une nouvelle cachette. Sherlock ne l'admettrait pas, mais quand il le voyait revenir et prendre le revolver pour le ranger, un sourire plein d'autosuffisance apparaissait sur ses lèvres. Silencieusement, il le provoquait pour qu'il essaye de cacher son arme et pour qu'il puisse la retrouver la fois suivante. C'était tacite, mais ça s'était converti en un petit jeu entre eux deux, même si John soupçonnait que le seul à s'en amuser était, en vérité, son ami.

Les explosions au milieu de la cuisine. Certains produits, en réalité, n'auraient pas dû se mélanger, mais Sherlock semblait vouloir prouver le contraire. Des traces d'origine douteuse sur les meubles, un de ses pulls favoris victime d'un mélange d'acide qui, selon Sherlock, avait eu sur la laine un plus grand pouvoir de destruction qu'il ne l'avait prévu (il avait commenté cela avec plus d'enthousiasme dans ses yeux que dans ceux d'un enfant avec un cadeau de Noël sous le nez). Les cris contre la télévision (la météo était mauvaise, il n'allait pas pleuvoir de toute l'après-midi), les visites rapides dans le salon de quelques individus terrifiants issus du réseau des sans-abris, parlant naturellement à Sherlock qui répondait avec la même familiarité.

Voilà des mois qu'ils habitaient ensemble et toutes ces choses étaient, d'une manière ou d'une autre (un mélange de résignation de la part de John et de réticence à changer de la part de Sherlock), devenues la routine au 221b Baker Street.

Mais il ne s'était jamais attendu à ce qu'il avait trouvé ce midi en rentrant chargé de paquets du supermarché. Il entra dans la cuisine, totalement détendu et inconscient de ce qui allait survenir, mais il fut aussitôt déconcerté quand il rencontra Sherlock au milieu de sa cuisine, préparant le thé, complètement nu.

Sherlock Holmes, l'unique détective consultant au monde. L'autoproclamé « marié à son travail ». Asexuel. Nu.

- Hum... John. Tu as ramené de lait ? Le détective se retourna et lui parla tranquillement. Il avait les cheveux en bataille et les yeux pleins de sommeil. Il venait apparemment de se réveiller. Sa voix était grave et rauque, ce qui confirmait qu'il venait de sortir de la stupeur du sommeil.

- Sherlock, oui, euh... John laissa tomber les sacs à terre et se passa une main sur le front, le massant avec un pouce, le reste de doigts reposant sur l'arrête de son nez. Il faisait cela inconsciemment, comme s'il voulait se couvrir la vue. Sherlock, tu es tout n... tu ne portes pas de vêtements. Il se racla la gorge avec une incommodité évidente. Il ne savait pas exactement où regarder. Il ne s'était pas attendu à ce que cette tâche se révèle aussi difficile. La peau blanche de Sherlock semblait briller et il se demanda si une telle chose était possible. De nouveau, il remettait en question l'humanité de son colocataire.

- Évidement. John, ne statue pas ce qui est évident, même toi, tu n'es pas assez stupide pour ça. Il se retourna pour continuer ce qu'il faisait, l'eau qui venait de bouillir débordait de sa tasse. Il semblait calme, ce qui était perturbant. On aurait dit que c'était la chose la plus naturelle au monde.

- Non, non Sherlock, ce qui n'est pas évident c'est le pourquoi. Pourquoi diable te trouves-tu au milieu de la cuisine sans faire usage de tes vêtements ? Il avait élevé la voix sur la fin, signal qu'il était exaspéré. Il regardait le plafond, jouant à deviner les traces de Rorschach dessinées par l'humidité. Rapidement, toutes semblaient avoir la forme d'un individu grand, pâle, avec un corps svelte...et nu.

- Je fais de thé, murmura-t-il sans se retourner, ennuyé par la conversation. Je vais dans le salon. Le lait, s'il te plaît, John.

Comme ça, tranquillement, avec son spectaculaire postérieur à l'air (d'où était sortie cette expression ?), Sherlock Holmes s'en alla vers le salon et s'étala de tout son long dans son fauteuil. Il ne dit rien, il semblait qu'il soit entré dans une de ces transes. En ce moment, il ressemblait plus à une gargouille de Notre Dame qu'à un détective. En fait, songea John, le comparer à un David de Michel Ange était plus adéquat.

Il l'appela par son nom, mais il ne reçut aucune réponse. Il pesa ses alternatives un instant. La veille au soir, ils avaient terminé une affaire particulièrement fatigante physiquement, ils avaient dû se déguiser en personnages de bande dessinée pour mettre en scène une bagarre et Sherlock avait donc passé plusieurs jours sans manger ni dormir. Et si c'était finalement arrivé ? Si le fragile fil qui retenait l'esprit de Sherlock Holmes à la réalité, celui qui faisait de lui un sociopathe « hautement performant », selon ses mots, s'était rompu ?

Oh mon Dieu, pensa John, alarmé. Sherlock Holmes est finalement cassé.

Il devait sortir de l'appartement, il devait parler avec la seule personne qui, peut-être, pourrait l'aider en ce moment. Mycroft Holmes devrait suspendre sa mission de sauver le monde pour aider son frère.

Au milieu de la rue, exactement à un bloc de l'appartement, John soupira et, plus décidé, il répondit à l'homme de l'autre côté de son cellulaire.

- C'est à propos de Sherlock, je crois que... je crois que finalement il pourrait être cassé.

Il arriva au lieu de rendez-vous, de nouveau escorté par Anthea dans une des voitures de Mycroft. Il n'avait même pas pris la peine d'entamer la conversation avec elle car elle semblait toujours trouver son Blackberry plus intéressant qu'un médecin ex-militaire.

Le plus âgé des Holmes l'attendait déjà, debout face à la fenêtre, regardant passer les badauds de Londres. Il faisait distraitement tourner son parapluie quand il se retourna pour lancer à John un de ses petits sourires diplomates et légèrement cyniques qui montraient qu'il l'avait vu.

- John, asseyez-vous s'il te plaît. Une tasse de thé ?

John se contenta de refuser en s'asseyant dans un des fauteuils de ce petit mais élégant salon de style victorien. Il se demanda où ils étaient. Chez Mycroft ? Non, non cela ne semblait pas possible.

- Eh bien, Dr. Watson, qu'a donc fait mon frère pour vous effrayer de cette façon ?

Mettre en mot les faits qui s'étaient déroulés il y a peu dans la cuisine du 221b Baker Street lui donna l'impression qu'il avait beaucoup dramatisé la situation, que ce n'était pas aussi grave qu'il l'avait pensé initialement. Mais si Mycroft pensa la même chose, il ne le laissa jamais entrevoir. Il resta impassible, stoïque, en écoutant l'histoire. John l'imagina réagissant de la même façon face à une affaire d'importance nationale, une mission de contrespionnage ou de filtration d'informations qui pourrait coûter à la Grande Bretagne la perte de quelques millions, de vies ou de quoi que ce soit d'autre de même importance.

Le plus âgé acquiesça une fois qu'il eut terminé, mais il ne regardait pas John. Son regard était perdu.

- Merveilleuse chose que le cerveau des génies, ne croyez-vous pas Dr. Watson ?

- Mycroft...

Il leva sa main comme pour l'empêcher de continuer.

- Mummy ne comprenait pas totalement la complexité d'un enfant génie. Mais... quelqu'un la comprend-il ? Notre père, Monsieur Holmes, n'était pas là pour le voir. Il soupira, regardant à nouveau John. Ce dernier put voir quelque chose dans les yeux de Mycroft, pour la première fois depuis qu'il était entré dans le salon, il put voir ce qui semblait être une émotion sincère. Ce n'est pas le moment de remuer de vieux drames familiaux, mais Mummy fit tout ce qui était en son pouvoir. Ce ne fut pas facile d'élever un enfant comme Sherlock, ça ne doit pas te surprendre... J'ai arrêté de compter le nombre de fois où j'ai dû jouer le rôle de sa mère. Sherlock n'a pas parlé avant ses cinq ans, il a appris à jouer du violon avant de faire usage de sa voix. Et après... après, personne n'a plus pu le faire faire.

Un sourire complice s'étendit sur les lèvres de Mycroft et l'expression du visage de John s'adoucit. Il ressentit une once de tendresse en imaginant un petit Sherlock, comme un petit ange avec son visage encadré de boucles sombres.

- Parfois, ni Mummy, ni Monsieur Holmes, ni les tuteurs ne comprenaient le comportement de Sherlock. Il avait l'habitude de courir nu dans le jardin...

- Mycroft, ce n'est pas anormal pour un enfant. Et... et Sherlock, ici, maintenant, trente ans après... tu ne peux quand même pas t'attendre à ce que...

- Ce n'était pas seulement le jardin, il y avait ses classes, les fêtes de famille, les réunions de Monsieur Holmes avec de hauts mandataires et de Mummy avec des amies bénévoles.

- Pourquoi faisait-il cela ?

- Pourquoi un enfant génie fait-il ce qu'il fait ? John haussa les épaules et soupira, résigné. Moi non plus, John, je ne le savais pas alors. Cependant, avec patience je suis arrivé à ce qu'il commence à porter des vêtements plus souvent. Bien sûr, je n'ai pas pu éradiquer cette mauvaise habitude, comme beaucoup d'autres, John.

- Comme si ça pouvait être pire. Que soulagement Mycroft ! Franchement, tu sais me tranquilliser. Le sarcasme était évident, mais il n'était plus aussi inquiet qu'au début. Une part de lui était plus tranquille après avoir compris que, après tout, c'était une des folies « normales » dans les paramètres de Sherlock.

Mycroft s'excusa et répondit à un coup de téléphone, s'éloignant de nouveau vers la fenêtre. John comprit que la réunion était terminée et il se mit en marche vers la sortie.

- John, l'appela l'ainé des Holmes avant qu'il ne sorte de la pièce. J'imagine que cet incident ne sera pas un motif pour abandonner Baker Street... Je me trompe ? Je me disais que vous êtes médecin après tout. Vous ne trouverez pas en... l'anatomie de Sherlock quoi que ce soit qui vous surprenne, ou que vous n'ayez vu au cours de l'exercice de vos fonction. Y compris pendant votre carrière militaire.

Mycroft ne se trompait pas, bien sûr qu'il avait vu d'innombrables hommes nu, depuis les douches de son école secondaire jusqu'à celles improvisée lors de sa campagne en Afghanistan. Il rougit, confus face à la réalité : tout bien pensé, il avait exagéré un peu, Sherlock était un homme, comme lui, en fin de comptes. C'est qu'il ne l'avait pas examiné avec un œil clinique pour chercher une lésion quelconque, non, cette peau blanche était parfaite en tout endroit, s'ajustant avec précision aux muscles qui n'étaient pas trop développés, mais qui formait une harmonie presque artistique.

La chaleur de son visage s'accentua encore un peu, cette fois il n'était pas certain que son embarras pour avoir réagi trop fort en fût la cause. C'était peut-être l'image mentale de Sherlock nu qui semblait ne pas vouloir s'effacer de sa mémoire.

- Non, dit-t-il en se raclant la gorge. Non, Mycroft, ne t'inquiète pas.

L'homme afficha un autre de ses sourires extrêmement cyniques quand il sortit.

Pendent son trajet de retour à Baker Street, il avait passé encore quelques minutes à réfléchir à cette affaire. Non, bien sûr qu'il n'allait pas déménager, c'était impensable. Sa vie avec Sherlock était étrange, mais il ne s'ennuyait jamais. Et Mycroft avait eu raison de dire, lors d'un entretient précédent, que ce n'était pas quelque chose de mal.

Non, ce ne l'était définitivement pas. Il avait besoin de ce style de vie qui alternait des jours de relative tranquillité (quand Sherlock faisait seulement exploser la cuisine) et d'autres qui lui procuraient de l'adrénaline lorsqu'il était séquestré par un criminel consultant qui avait pour marotte d'habiter les gens d'explosifs.

« Merveilleuse chose que l'esprit des génies » avait dit Mycroft. Il avait arrêté de compter le nombre de fois où le même mot avait échappé ses lèvres pour caractériser les déductions du détective.

Une série d'images traversa aussi son esprit au cours de ses réflexions. Il n'avait aucune idée de ce qu'avait été la vie de Sherlock avant de déménager à Baker Street. « Mummy » était un personnage bien plus anecdotique avant cette discussion avec l'ainé des Holmes. La première fois que Sherlock et Mycroft s'étaient disputés face à lui, leur mère avait été mentionnée. Cependant il ne se souvenait pas avoir entendu parler d'elle dans les mois qui suivirent alors qu'il habitait avec Sherlock. Comment pouvait-être cette femme ? D'après ce qu'il avait entendu, elle avait l'air d'une personne assez normale, confuse et incapable de contrôler un enfant aux capacités extraordinaires.

Il entra dans la maison et monta les 17 marches qui menaient à l'entrée de l'appartement, un léger sourire sur les lèvres. Il venait d'imaginer un petit Sherlock courant nu dans toute la maison avec la même diplomatie qu'il utilisait pour dire aux adultes qu'ils se trompaient tous.

Dans le salon, tout semblait être resté exactement comme il l'avait laissé. Même Sherlock.

- ... Mon téléphone, John. Tu ne me l'as pas passé.

- Encore, Sherlock ! Je viens juste de d'arriver à l'appartement, je viens juste de rentrer dans le salon. Je ne peux pas t'entendre ni te passer des objets et nous ne pouvons définitivement pas passer d'accords si je ne suis pas présent. Bon sang... Sherlock, est-ce que tu m'écoutes au moins ?

John s'efforçait de chercher le regard du détective consultant. Il avala sa salive quand Sherlock, toujours nu, s'assit dans le sofa sur lequel il était couché auparavant. Regarder ses yeux, c'était sans doute un point sûr.

Regarder ses yeux. Cependant il ne se sentait déjà plus aussi confiant quand Sherlock fit ce qu'il avait l'habitude de pratiquer fréquemment. Son regard voyagea d'un extrême à l'autre de John, prêtant attention à de petits détails sûrement invisibles à l'œil humain normal, mais tellement évidents pour lui. Il était en train de l'analyser, et, quand il eut terminé, il fronça les lèvres.

- Mycroft, susurra-t-il.

- Oui, dit le blond en se raclant la gorge et en utilisant toute la fermeté qu'il avait appris à utiliser au cours de son entrainement militaire pour soutenir son regard. En fait, oui.

- Et que veux mon cher frère cette fois-ci ? Je commence à penser qu'il aime te kidnapper, John. Fais attention à ne pas devenir son passe-temps favori. Il y avait dans son ton une note de rancœur mal dissimulée. Il s'étira pour attraper son archet et son violon, et ce fut à ce moment que John ne put plus en tolérer plus.

Il se mit debout violement en soupirant, avant de se rendre d'un pas décidé à la chambre de derrière. Il n'avait pas été souvent dans la chambre de Sherlock car ils avaient conclu l'accord tacite de ne pas entrer dans la chambre de l'autre sans permission, mais peu lui importait. Il arracha une des couvertures du lit de son ami, la traina jusqu'au salon et la jeta sur un Sherlock légèrement surpris.

- Tiens... Bon... Bon, se répéta John en expirant. Maintenant tu vas m'écouter.

Sa surprise qui avait duré une fraction de secondes céda la place à un sourire amusé.

- Bien... Sherlock, être ton colocataire n'est pas facile. Une véritable sinécure parfois, même si je ne vais pas nier que la dose de distraction a aussi augmenté dans ma vie. Comme je l'ai déjà dit, je ne m'ennuie jamais. Et Dieu sait si j'ai commencé à trouver normales des choses auxquelles personne ne devrait s'habituer...

- Qu'est-ce que tu essayes de dire exactement ? Va au fait, John. Le sourire en coin ne quittait pas le visage de Sherlock. Il s'amusait, il ne fallait pas lui expliquer, il savait très bien de quoi ils parlaient, mais, dans certaines occasions, il trouvait cela franchement amusant de mettre son bloggeur en difficulté.

- La nudité ! cria John. Il regretta immédiatement d'avoir crié quand une rougeur à peine détectable colora ses joues. Ce que je veux dire c'est qu'il n'y a pas de problème pour moi. Je veux dire... il n'y en a jamais, termina-t-il tranquillement en le regardant dans les yeux.

- Je ne te demandais pas la permission, John, lui expliqua Sherlock, impassible, sans baisser les yeux. L'ex-militaire soutint son regard.

- Tu ne le fais jamais...

- Exact.

Ils continuèrent cette lutte de volontés en se regardant dans les yeux sans ciller pendant quelques longues et silencieuses secondes.

- Pas quand Mrs. Hudson est ici, il ne faudrait pas qu'elle meure d'un arrêt cardiaque.

- Ne sois pas ridicule, je doute que son cœur soit si fragile. Cependant je ne comptais pas faire ça. Il leva les yeux au ciel et croisa ses bras.

- Pas si nous avons de la visite.

- Nous n'avons jamais de visite, réplica-t-il. Pourtant, face au regard insistant de John, il haussa les épaules. Pas devant les « visites ».

- Bien. Je pense que nous pouvons y arriver... Moi, moi ça va me surprendre encore une ou deux fois mais à la fin je m'y habituerai. Cette déclaration, déduisit Sherlock, était plus dirigée à lui-même dans une tentative pour se calmer. Un soupire dramatique de Sherlock interrompit ce monologue et il s'étendit de nouveau sur le canapé, se couvrant avec les couvertures et se mettant en position fœtale avant de tourner le dos à John.

- N'exagère pas, John. Ce n'est pas comme si tu allais me voir ainsi tous les jours. Voilà des années que je dors sans porter de vêtements, des mois que nous avons emménagé ensemble et jamais, jusqu'à aujourd'hui, tu ne l'avais remarqué.

- Je dis seulement qu'il n'y a pas de problème pour moi Sherlock... il n'y en a jamais.

Un mouvement de soulagement sur le visage du médecin. Sherlock ne put pas le voir mais il le devina, John était assez prédictible. Il s'écroula dans son propre fauteuil et, après quelques minutes de silence, il attrapa le journal.

- Merci, murmura Sherlock tout bas, sa voix profonde couverte par les couvertures. Une de ses commissures s'étira en un demi-sourire, mais il s'en alla aussi vite qu'il était venu. Il commençait de nouveau à s'ennuyer, il avait urgemment besoin d'une affaire.

- John... mon téléphone. Il tendit le bras hors de son cocon de couvertures sans même regarder son ami. Il l'entendit soupirer et se lever pour le chercher. Il le faisait toujours.

* En anglais dans le texte