Une fic porteuse d'espoir dans un monde magique où la magie, parfois, ne peut réparer les coeurs peinés.


Mon horizon, c'est toi.

Majeur.

Il était majeur

Et il avait peine à y croire.

Il espérait ce moment depuis…depuis…si longtemps, peut-être même bien depuis le jour de sa naissance, et il ne pouvait croire qu'il était enfin arrivé.

Il regardait d'un air dubitatif sa baguette dans sa main, et les regards encourageants de ses parents. Allez, mon vieux, tu peux t'en servir, maintenant!

Il souleva lentement son bras et à voix basse, prononça le sort :

« Accio plateau de biscuits ! »

Et le plateau de biscuits atterrit tranquillement devant lui. Molly poussa un soupir exaspéré mais son père ne peut retenir un éclat de rire.

« Mange les, au moins, Ron! » lui lança-t-elle en lançant à Arthur un regard mauvais. Il secoua la tête négativement.

« J'attends. »

« Et qu'est-ce que tu attends? »

« J'attends pour voir si un hibou du Ministère de la Magie va m'être envoyé, j'attends pour voir si je suis réellement majeur et apte à utiliser ma magie hors de l'enceinte de Poudlard. »

La porte d'entrée couina et Ron, le regard toujours fixé vers la fenêtre principale de la cuisine, ne remarqua pas la silhouette féminine qui venait de se glisser derrière lui. Par contre, il sut immédiatement de qui il s'agissait au moment même où il sentit une douce odeur habituelle flotter dans l'air.

« Ça ne sert à rien d'attendre, Ron. Il ne viendra pas, puisque que tu es réellement majeur, bien que je me demande toujours comment cela se fait-il ! »

Il se retourna d'un geste brusque. Il aurait reconnu cette voix parmi milles autres. En la voyant, il ne put s'empêcher de sourire.

« Bonjour, Hermione. »

Légèrement surprise, elle posa ses bagages par terre et s'approcha de lui. Indécis, il jeta un regard appuyé à son père, qui semblait trouver fort passionnant la scène. Heureusement pour lui, Mme. Weasley s'avéra une aide précieuse. Discrètement, elle entraîna son mari dehors, non sans menacer mentalement son fils cadet de le tuer s'il osait faire du mal à la jeune fille que Molly avait toujours secrètement considérée comme sa future belle-fille.

Hermione lui sourit en retour, et au moment où la porte du jardin se refermait, elle refermait ses bras autour du cou de son ami.

« J'ai si peur, Ron. Je n'ai pas voulu attendre la fin de l'été pour te…vous revoir. »

Il frissonna. Il se doutait bien que l'éminence de la guerre allait modifier les comportements de tous et chacun, mais il ne croyait pas qu'Hermione allait si drastiquement changer. En son fort intérieur, il avait cru qu'elle serait son port d'ancrage, son point de repaire. Il avait cru qu'elle resterait égale à elle-même, mais en laissant glisser ses mains plus bas dans le dos de la jeune gryffondor, il se dit que le changement, ce n'était pas si mal, après tout…

« Je suis heureux que tu sois là, ici, maintenant. Je m'inquiétais. »

C'était sincère, et vrai. Et Hermione le savait. Elle s'arracha à son étreinte et d'un coup de baguette, fit disparaître ses valises. Ron la regarda d'un air ébahi.

« Tu as fais ça comment ? »

Elle lui fit un clin d'œil.

« Moi aussi, je suis majeure. »

Et puis elle transplana.

Ron jura, puis constatant avec satisfaction qu'aucun hibou n'était venu déranger ses retrouvailles avec Hermione, il prit un biscuit dans l'assiette et le croqua avec délice. Il n'avait aucune idée d'où elle était passée, sans doute dans la chambre de Ginny.

Mais ce n'était pas important.

Il ne s'était écoulé que deux semaines depuis la fin de l'année scolaire, depuis toutes les horreurs qu'elle avait amenées avec elle.

Et Hermione revenait déjà sous son toit.

Deux semaines, et Hermione et lui étaient déjà réunis.

Pour son plus grand bonheur.

Il croqua dans un deuxième biscuit, sans cesser de sourire, même s'il savait qu'il devait arrêter.

Comme il s'était dit de cesser de sourire quand Hermione s'était appuyé sur lui, à l'enterrement de Dumbledore, pour se consoler.

En entamant sa troisième pâtisserie, il se demanda si le changement d'attitude de son amie était du à la menace de la guerre désormais engagée contre les forces du mal, ou tout simplement était-ce parce que les évènements récents les avaient fait vieillir, lui comme elle, et qu'il était peut-être temps d'assumer leur sentiment respectif…

Son sourire s'élargit encore.

C'est ainsi qu'Hermione le trouva, devant un plateau de biscuits vide, quand elle descendit les escaliers.

« Tu ne m'as même pas cherché? » lui demanda-t-elle sur un ton de faux reproche en venant s'asseoir devant lui.

« Je me doutais bien que tu étais avec Gin, et que tu n'avais voulu que me montrer ta supériorité en transplanant comme tu l'as fais. »

Malgré les propos qu'il tenait, il souriait encore à s'en fendre le visage, et Hermione ne put s'empêcher de laisser éclore un sourire à son tour.

« Tu avais raison. »

Et ils se sourirent.

Ron se leva pour nettoyer l'assiette sale, et Hermione le regarda faire, en jouant avec Coq, qui voletait près d'eux. Ils ne parlaient pas, mais le silence qui régnait sur la pièce n'était pas désagréable, loin de là. Ils souriaient toujours, pour eux-mêmes, pour le plaisir de sourire dans ce monde dévasté par la guerre et la mort.

Ron revint s'asseoir et donna à son hibou un morceau de viande, qu'il avala gloutonnement. Il ressentait le besoin de se confier à Hermione, pour une fois qu'ils étaient seuls sans Harry, ni personne d'autre.

« Je me sens coupable de sourire, et d'être heureux. » lâcha-t-il avant qu'elle ne puisse le questionner sur l'air sérieux qu'avait adopté son visage depuis quelques secondes.

Elle demeura silencieuse, troublée.

« Tu ne dois pas, Ron. Cultiver notre bonheur, c'est la dernière raison de vivre qu'il nous reste. »

Il sourit, à travers le voile de tristesse qui bariolait ses traits faciaux.

« Je croyais que le triomphe des forces du bien te stimulait suffisamment pour ne pas chercher une autre raison de tenir le coup. »

Elle rougit, en s'attardant soudainement méticuleusement aux plumes de Coq.

« Ron, je n'ai jamais eu à chercher très loin une bonne raison de tenir le coup. J'en ai une excellente assise devant moi… » murmura-t-elle. Les plumes de Coq étaient définitivement ce qu'il y avait de plus intéressant dans cette pièce…

Les bouts des oreilles de Ron lui chauffèrent brusquement. Il écarta instantanément la possibilité qu'elle soit effrayée par la guerre. Il lui sembla que ces mots auraient du être prononcés il y avait de cela bien longtemps, bien trop longtemps…

Parler aurait été superflu. Il se contenta de sourire, puisque c'était la seule chose qu'il était en mesure de faire, la tête basse, mais suffisamment haute pour qu'Hermione puisse le voir. Et il regarda aussi ses mains, en s'assurant de les positionner de façon à pouvoir regarder Hermione aussi.

« Mes parents…s'inquiètent beaucoup. Et je n'ai pas pu leur mentir, je n'ai pas pu leur dire que tout allait bien, que rien n'avait changé, que je vivais dans le meilleur des mondes et que leur fille unique était en sécurité. »

Ron releva la tête, percevant dans la voix de son amie de la détresse. Le tournant romantique qu'aurait pu prendre leur conversation avait dévié brutalement, mais il ne s'en formalisait pas. Il n'était pas prêt à lui dire : pas maintenant, ni comme ça.

« Qu'est-ce que tu leur as dis? » demanda-t-il, d'une voix rauque qui se voulait rassurante. Elle ne répondit pas immédiatement. Elle continua de s'intéresser aux plumes de Coq, et Ron ne la brusqua pas. Pour une fois, il se comportait comme il aurait toujours du le faire avec elle, et il savait intuitivement qu'elle lui en était reconnaissante.

« Je leur ai dis…que j'avais peur, mais que j'étais prête à me battre. Parce que j'avais fais de ce monde le mien, et que pour rien au monde je n'abandonnerai tout ce qui me tenait à cœur. »

Et elle planta son regard dans le sien.

Et il y vit bien plus de détermination et de courage qu'elle ne devait en voir dans le sien. En fait, elle ne doit rien voir du tout, sauf son reflet…Puisque c'est ce qui constitue le plus clair de mes sentiments. La totalité de mes pensées. Elle. Et rien d'autre.

Il eut envie de lui dire, sans préambule, qu'il l'aimait, et que pour rien, pas même pour tous les gallions du monde, il n'accepterait de vivre sans elle. Mais il ne dit pas un mot. Il se contenta de la regarder droit dans les yeux, et de respirer.

Et c'était suffisant.

« Tu crois que c'est la guerre, qui me fait cet effet là? » murmura-t-elle en laissant Coq s'envoler. « Tu crois que c'est la guerre qui me rend si…triste, et mélancolique, et qui me donne envie de me réfugier sous mes draps et de ne plus en sortir? »

Ron fronça les sourcils. Décidément, il ne comprendrait jamais rien…pas aux femmes en général, mais plutôt à cette femme !

« Tu ne viens pas de dire que tu étais prête à te battre ? Et que tu aimais notre monde, qu'il te tenait à cœur? »

Elle lui sourit de nouveau, mais cette fois, il comprit qu'elle était réellement peinée.

« Bien sûr, que je vais me battre. J'irai demain matin, si cela était nécessaire. Mais cela ne veut pas dire que je m'en réjouie, Ron. Ou que je n'appréhende pas l'issue de la bataille…Qui te dit que je ne mourrai pas, ou que…pire…tu ne mourras pas… »

Il cligna des yeux. Venait-elle vraiment de dire ce qu'il croyait qu'elle avait dit? Il en eut la confirmation quand il s'aperçut qu'elle pleurait.

« Voyons, Mione…Ne penses pas des choses si horribles. Nous ne mourrons pas. »

Elle eut l'air d'apprécier le surnom qu'il venait de lui improviser, et il se promit de ne pas oublier ce détail. Elle soupira.

« C'est faux, tu le sais aussi bien que moi. Nous ne pouvons prévoir avec assurance ce qu'il adviendra de nous. De toi, de moi, de Harry aussi. »

Il se fit violence pour ne pas la saisir par les épaules et l'embrasser jusqu'à ce qu'elle perde la raison, jusqu'à ce qu'elle cesse de penser à des idioties pareilles.

« Je ne le prévois pas. J'en suis certain. »

« Tu ne peux pas, Ron, tu… »

« J'en suis certain, parce que jamais, m'entends-tu, jamais je ne laisserai qui que ce soit te faire du mal, ou tenter de t'arracher à moi… » termina-t-il en l'interrompant. Dans un soubresaut d'hardiesse, il tendit la main et attrapa la sienne, qu'il se mit à caresser doucement. « J'en suis certain, et puis, si tu meurs, je ne serai pas là pour voir la fin de la guerre, parce que je serai mort aussi. »

« Ron… »

« Parce que si tu meurs, Hermione, moi, je n'ai plus aucune raison valable d'exister. »