Se sent-on mourir quand la Faucheuse affûte, depuis de si longues années, son instrument tranchant sur l'édifice de votre vie ?
La chambre des morts – Franck Thilliez
Ils mourraient tous avant lui…
Des milliers de pensées l'assaillirent alors qu'il se retrouvait étendu sur ce sol putride, le sang s'échappant de son aine, agonisant à côté d'Havoc qui restait sans réaction malgré ses cris pour l'exhorter à se battre pour sa vie.
Bon Dieu, ils mourraient tous avant lui ! Hugues, Havoc… Ils n'en avaient pas le droit !
C'était hors de question.
Ils n'étaient peut-être que des pions sur un échiquier, mais ils n'étaient pas pour autant de simples pièces à sacrifier !
Ce n'était pas pour rien qu'il était aussi mauvais joueur aux échecs !
Si quelqu'un devait mourir ici, ce devait être lui ! Et seulement lorsque ses buts seraient atteints !
Tous ses buts. Ceux avoués et les autres…
Putain… Son sang ne voulait pas arrêter de couler entre ses doigts. Déjà sa vue s'embrouillait et sa tête tournait… Le coma n'allait pas tarder à le surprendre s'il ne faisait rien.
Une onde de chaleur le parcourut. Il serait si facile d'abandonner et de se laisser glisser dans les limbes de cette grande inconnue, la Mort.
Déjà, il ne sentait plus ses jambes.
La Faucheuse le regardait en souriant de sa bouche décharnée. La dernière amante le serrait à présent dans son étreinte mortelle.
Finalement, peut-être ne serait-il pas le dernier à partir…
Dormir, fermer les yeux, relâcher la tension, et partir… loin… si loin… vers la lumière…
Une pensée lui apparut comme un flash à travers ses paupières closes : un visage qui se tourne vers lui, un sourire, des cheveux blonds, un éclat dans des yeux au regard doux…
Une onde traversa tout son corps.
Bat toi ! Relève toi et marche !
Tu as un but à atteindre ! Des vies à sauver.
Havoc… et Riza.
Sauver Riza coûte que coûte avant que l'homoculus n'ait le temps de lui faire mal.
Pour continuer de voir son sourire et la douceur de son visage qu'il aimait tant.
La mort devrait attendre pour toucher son tribut.
