Voici une fiction que j'ai commencé à écrire il y a deux ans de cela, et que j'avais publiée sur ce même site.

J'ai pris la décision de la reprendre car après relecture, je me suis rendu compte qu'elle me plaisait encore, et comme je comptais me replonger dans l'écriture, je me suis dit que commencer par poursuivre et terminer cette fiction serait une bonne chose. J'ai supprimé les derniers chapitres qui eux, par contre, ne me plaisaient plus, et ai gardé les douze premiers tels qu'ils étaient. Je les publierai au fil du temps, pendant que j'écris le reste.

Je ne veux pas tout mettre en ligne d'un coup afin de me laisser du temps pour écrire la suite sans subir de pression, je ne sais donc pas à quel rythme je posterai mes chapitres déjà existants et ceux qui suivront mais je compte me mettre suffisamment au travail pour permettre une publication régulière.

En espérant que vous passiez un bon moment en lisant ma fiction!

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Elle riait. Elle riait tellement fort que chaque élève pouvait l'entendre, peu importe si celui-ci parlait aussi fort qu'elle riait. Elle riait à gorge déployée, toujours du même rire et de la même joie. Elle avait la mine sincèrement amusée, toujours entourée des mêmes personnes qu'à son habitude, ces seules personnes par qui elle se laissait approcher sans que cela ne provoque en elle une profonde gêne . Et pendant qu'elle se distrayait tant, c'était encore le même jeune homme qui la fixait depuis sa place dans la Grande Salle et qui, contrairement à elle, semblait plus qu'ennuyé. Le menton appuyé dans le creux de sa main, il soupira.

-Qu'est-ce que tu as, encore?

-Je me demande simplement quand cette pimbêche s'arrêtera de rire, répondit-il froidement, les yeux désormais dans le vague. Elle m'agace. Matin comme soir, on a jamais le droit au calme.

-Ce n'est pas que je veuille la défendre, mais même si elle ne riait pas, ce serait toujours aussi bruyant ici, avec la tripotée de gosse qu'a accueilli Poudlard à la rentrée. Encore plus que l'année dernière! Et dire que c'est toi qui vas devoir les gérer...

-Tu parles trop, Blaise.

Le blond se leva, prit le livre qu'il avait posé près de lui en arrivant et se dirigea vers la porte. Blaise Zabini le regarda s'éloigner en haussant les épaules, puis s'attela à terminer son petit-déjeuner.

Drago, une fois sorti, décida de se rendre dans la salle commune de sa maison, ne sachant s'il était parti à cause de la Gryffondor qui riait de bon cœur avec les autres lions ou parce que le ton guilleret de son ami de si bon matin l'avait irrité. Il ne savait même pas pourquoi entendre Hermione rire l'agaçait autant, pourquoi son rire plus qu'un autre? Probablement parce qu'il avait choisi que ce serait le sien le plus insupportable de tous, parce que, de toute façon, il avait choisi dès le premier jour que ce serait elle la pire de toutes. Il n'y avait pas de raison particulière à ce choix, à moins qu'inconsciemment il ne s'était dit six ans plus tôt que cela rendrait son père fier de lui s'il lui racontait comment il passait son temps à mépriser une sang-de-bourbe, qui plus est si elle appartenait à Gryffondor. Il n'y voyait plus grand intérêt désormais. Finalement, c'était peut-être pour ça que son rire lui était devenu inécoutable. Parce que cela le rendait vide et que cela l'ennuyait de ne ressentir plus que de l'indifférence à son égard, et non de la haine. S'il ne la détestait plus elle, qui était-il capable de détester maintenant? Il mit fin à ces réflexions lorsqu'il se rendit compte que d'instinct, il ne s'était pas rendu à la salle commune, mais directement devant la salle du cours qui débuterait vingt minutes plus tard. Il sourit. Aujourd'hui encore, ses pensées l'avaient détourné de son vrai chemin.

Hermione avala le dernier quartier de sa clémentine tout en enfilant sa cape, essayant de ne pas trop faire attendre ses amis qui avaient déjà terminé de manger depuis un certain temps. Tous les quatre se levèrent plus ou moins en même temps, et le trio fut forcé de se séparer de Ginny, qui ne se rendait pas dans le même cours qu'eux. Ron demanda à ses deux amis dans quelle salle ils étaient censés se rendre puis Hermione répondit qu'ils devaient se dépêcher car la salle de sortilèges n'était pas juste à côté, et qu'elle aimerait éviter d'être en retard. Ils accélérèrent l'allure, et arrivèrent finalement devant leur salle, bien trop en avance, ce qui déclencha chez Ron un regard noir à l'attention d'Hermione. « Elle nous fait le coup à chaque fois », chuchota-t-il afin que seul Harry puisse l'entendre. Tous trois s'avancèrent plus près de la porte, et la jeune fille sursauta en voyant quelqu'un qui semblait endormi, assis près de l'embrasure de la porte, les genoux remontés contre la poitrine.

-Pourquoi Malefoy dort-il ici? s'étonna Harry.

Hermione fronça les sourcils, et reconnut effectivement son homologue. Elle garda le silence, pensant que le brun ne s'attendait pas vraiment à recevoir de réponse, mais elle vit qu'il s'était tourné vers elle, comme si elle savait mieux que les autres pourquoi Drago Malefoy avait désigné cet endroit comme son dortoir.

-Je n'en sais rien, finit-elle par répondre, peut-être qu'il fait des insomnies et qu'il se rattrape quand l'occasion se présente.

Le rouquin pouffa.

-Si il n'est pas foutu de dormir quand il faut, je ne vois pas pourquoi il y arriverait mieux à huit heures du matin.

-Tu sais, les gens sont incompréhensibles, parfois, reprit Hermione sur un ton neutre. Venant de lui, je pense que peu de choses m'étonneraient.

D'autres élèves arrivèrent devant la salle, mettant fin à leur discussion, et le bruit créé par les pas et les bavardages de chacun dans le couloir ne manquèrent pas de réveiller le Serpentard. Lorsqu'il leva les yeux pour trouver Harry, Ron et Hermione plantés face à lui, il prit appui sur son bras pour se relever. Il se contenta de les toiser d'un regard plein d'incompréhensions, avant de partir à la fin de la file qui s'était formée, sans doute pour rejoindre Blaise Zabini.

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A la fin de la journée, et après le dîner, Hermione se rendit dans la salle commune des préfets en chef. Arrivée face au tableau lui bloquant l'accès, elle donna le mot de passe sur lequel Drago et elle s'étaient mis d'accord quelques semaines auparavant, puis la porte s'ouvrit, et elle entra. Elle ne fut qu'à moitié surprise de trouver son homologue assis sur l'un des sofa, les pieds posés sur la table, en train de bouquiner. En s'approchant plus près elle put reconnaître le manuel de botanique, peut-être avait-il un examen à passer le lendemain? Elle décida de s'asseoir sur l'un des fauteuils environnants, et l'observa d'un air incrédule. Quant à lui, il semblait ne même pas s'être rendu compte que la jeune fille était arrivée.

-Malefoy?

-Mmh?

Elle fut agréablement surprise de voir que ce dernier lui répondit si normalement, alors qu'ils ne se parlaient généralement que lorsqu'ils y étaient obligés, pour organiser les rondes par exemple.

-Tu ne devrais pas aller te reposer au lieu de lire?

-De quoi je me mêle, Granger? répondit-il d'un ton las.

-Oh, de rien. Simplement, cela t'aurait peut-être plus dérangé que quelqu'un d'autre qu'Harry, Ron et moi te découvre en train de rattraper tes heures de sommeil devant une salle de classe. Après tout, nous savons tous à Poudlard à quel point tu tiens à ton image, enchaîna-t-elle. Voyant qu'il ne lui donnait aucune réponse, elle poursuivit. Oui, cela t'aurait sûrement ennuyé que ce soit quelqu'un comme la fille que tu convoites en ce moment.

-De qui est-ce que tu parles? demanda-t-il en levant enfin un œil de son livre, ce qui fit presque sourire Hermione: il était intéressé par ce qu'elle allait répondre.

-Je ne sais pas, peut-être... Pansy Parkinson?

Drago la fixa, la mine tout à fait neutre. Il tenta de chercher ne serait-ce qu'une pointe d'ironie dans sa phrase, et lorsqu'il se rendit compte qu'elle était sérieuse, il se mit à rire tellement fort qu'il en lâcha son livre. Hermione était confuse, et elle ne put qu'attendre que le Serpentard mette fin à sa crise de fou rire pour pouvoir en comprendre la raison.

-Non mais je rêve! S'exclama-t-il, amusé. Tu penses sérieusement qu'elle peut m'intéresser? Physiquement, elle est d'une banalité presque dégoûtante, et mentalement elle est presque aussi insupportable que toi. Je dois avouer que vous vous faites pas mal de concurrence, là-dessus, continua-t-il de plaisanter tandis qu'il essuya du revers de la main une larme qui se formait au coin de son œil.

-Je ne savais pas qu'essayer de t'aider à préserver ton image alors que je n'y gagne rien faisait de moi quelqu'un d'insupportable, rétorqua la brune, toujours avec la même voix calme qu'elle utilisait depuis le début de l'échange.

-Il n'y a pas que ça, tu es tout le temps insupportable. Quand tu ris, quand tu parles, quand tu lèves la main en cours, même quand tu es simplement là, sans rien faire, tu es insupportable. C'est peut-être le simple fait de savoir que tu dors dans une chambre à deux pas de la mienne qui m'empêche de passer de bonnes nuits.

-Heureuse d'apprendre que j'influe autant sur ton moral et tes habitudes de vie, Malefoy.

Ce dernier ne répondit rien, reprit son livre et replongea son regard à l'intérieur. Hermione soupira avant de se lever en direction de sa chambre, ouvrit la porte, prit quelques affaires et repartit. Elle alla dans la salle de bain, entreprit de se faire couler un bain, et hurla au jeune homme de ne pas venir. Il ne répondit rien mais elle savait qu'il avait entendu. Lorsqu'elle fut prête à entrer dans l'eau, elle le fit, et elle se laissa couler le plus profondément possible. Le visage sous l'eau, elle se demanda une fois de plus ce qu'elle avait fait pour mériter de cohabiter avec quelqu'un d'aussi peu sympathique et de sarcastique que Malefoy.

-Dépêche-toi, Granger! Pas étonnant que je dorme si peu si je dois prendre ma douche à minuit et demi parce que tu t'éternises!

Elle leva les yeux au ciel, et décida qu'elle n'allait pas se dépêcher pour lui faire plaisir, peut-être même allait-elle prendre son temps. Lorsqu'elle eut terminé et qu'elle sortit, il n'était plus là. Elle ne se posa pas de question et décida de mettre un terme à cette journée en allant se coucher, pas moins agacée qu'elle ne pouvait l'être les autres soirs au cours desquels le serpent et elle parvenaient à discuter d'autre chose que de leurs devoirs de préfets en chef.