Voilà, enfin j'ai réussi à mettre sur papier ce final de la saison 9 qui me turlupinait ! Je n'écris pas "Complete" pour l'instant parce que j'hésite encore à écrire une suite ou à le laisser en OS.
Votre avis ? :)
Bonne lecture !
L'arme angélique coupa le souffle de Dean. Littéralement. Et à cet instant précis, il vit Sammy, Sammy qui semblait presque plus choqué que lui, Sammy qui ne voulait pas y croire.
Il croisa brièvement son regard, les secondes semblant s'égrener au ralenti le temps de cet échange. Il tenta de faire passer un message à travers ses yeux, comme pour lui dire « C'est enfin fini, Sammy » ou « Tu ne pouvais rien faire ». Mais soit Sam ne le comprit pas, soit il refusa de l'écouter.
Métatron retira le poignard d'un coup sec, et Dean expira. Même le cri de Sam lui semblait étouffé alors qu'il se précipitait vers lui...
- Nooon !
Il le regarda encore, chuta face contre terre. Sam, arrivé près de lui en quelques courts instants seulement, lui toucha le bras avec frénésie.
- Hey, hey... murmura-t-il, affolé, hey...
Il aida Dean à se rasseoir contre le mur.
Dean leva la tête un instant en voyant la terre trembler tout autour d'eux. Que se passait-il... ? Insensible à cette anomalie, fou de rage et de douleur, Sam prit une lame angélique sous sa veste et l'abattit sur Métatron. Bien sûr, cela fut vain ; l'arme de son petit frère ne rencontra que le vide.
- Sammy... balbutia Dean.
Il ne pouvait pas se permettre de rester ici, et son grand frère mourant ne ferait que l'entraver dans sa fuite.
- Tu dois partir d'ici avant qu'il revienne, reprit-il d'un ton dissimulant mal ses accents désespérés.
- Chhhut... Ferme-la. Économise ton énergie, répliqua Sam en appliquant un mouchoir sur sa blessure et en mettant la main de Dean dessus.
Ça ne servait pas à grand-chose, mais pour l'avoir déjà expérimenté, Dean savait qu'à ces moments-là, on faisait n'importe quoi pour avoir l'impression d'un quelconque contrôle.
- On va arrêter l'hémorragie, on trouveras un docteur, un sort... Tu t'en sortiras.
C'en était tragique tellement les mots que disaient Sam ressemblaient à ceux qu'il avait dit lui-même, la toute première fois, alors qu'il le tenait dans ses bras et qu'il était déjà trop tard.
- Écoute-moi... soupira Dean, résigné, en le regardant droit dans les yeux. C'est mieux comme ça.
- Quoi ? demanda son frère, les yeux remplis d'incompréhension.
Dean baissa les yeux.
- La Marque...
Il releva les yeux.
- Ça me transforme en quelque chose que je ne veux pas être.
Mais au regard que lui rendit son frère, il comprit qu'il n'avait pas saisi.
- Ne t'inquiète pas pour la Marque, on s'en occupera plus tard.
Il le prit par le bras et poursuivit :
- Accroche-toi, OK ? On va s'en sortir.
Sam mit son bras sur son dos et le souleva en soufflant sous l'effort, déterminé.
Dean voulait continuer à tenter de lui expliquer, lui dire que la Lame le tuerait de toute façon, qu'il n'y avait rien à faire et qu'il préférait mourir sans regretter ses actions, mais les yeux de Sam étaient tellement semblables aux siens que les mots restèrent bloqués dans sa gorge.
Et ce fut alors qu'ils avançaient cahin-caha qu'il le réalisa :
- L'idée que je crève te pose un problème, finalement ?
- J'avais menti, répliqua Sammy sans une once d'hésitation, et Dean se douta que son visage devait être comme ses paroles : dur et résolu.
- C'est emmerdant, ça, répliqua-t-il tout de même.
Il ne purent faire que quelques pas de plus avant que le corps de Dean le lâche.
- Sam, arrête. Arrête, le prévint-il en tombant à moitié.
Ne pouvant soutenir le poids entier de son grand frère, Sam fut contraint de laisser Dean s'adosser, laissant sa propre main sur son épaule alors que celle de l'aîné était encore sur la sienne.
Dean haleta, un léger sourire au lèvres. Il ferma les yeux un instant avant de déclarer :
- Je dois te dire quelque chose.
- Quoi ? demanda Sam, les yeux confus.
- Je suis fier de nous.
Et il lui tapota la joue en puisant dans ses dernières ressources, lui offrant un ultime regard, sincère et sans regrets.
Il avait encore tellement d'autres choses à lui dire, comme à quel point il l'aimait, mais cette tirade voulait déjà dire tellement à elle toute seule... Ça lui semblait être une bonne chose à dire avant de mourir.
À deux, ils avaient tenu longtemps, avaient fait certes des erreurs, mais ils avaient buté un sacré paquet de fils de putes. Oui, il était fier d'eux. Fier de Sam.
Son frère s'en tirerait sans lui. Il avait toujours été le cerveau.
Il s'effondra contre l'épaule de son frère.
- Réveille-toi mon vieux, murmura Sammy, mais Dean était déjà dans l'incapacité de répondre. Dean. Dean !
Ses yeux se scellèrent, étouffant progressivement les appels désespérés de son frère.
.
Aussi, quand il sentit des flammes lécher son corps, Dean crut, en l'espace d'une fraction de secondes, être de retour en Enfer. Excepté qu'en Enfer, les flammes brûlaient sa peau avec une chaleur infernale et suffocante. Là, la chaleur semblait plutôt... apaisante.
- Ton frère, Dieu ait son âme...
Privé de sa vue et de tous ses autres sens à part l'ouïe, Dean ne mit qu'un instant à restituer cette voix à Crowley. Il crut d'abord trouver une pointe d'ironie à cette tirade, avant d'y déceler avec surprise une touche de sincérité.
Le Roi de l'Enfer aurait-il développé un semblant d'affection envers ''l'élan'' ?
- … est en train de m'invoquer au moment où je te parle. Pour faire un pacte, pour te ramener... poursuivit-il d'une voix monocorde.
Si Dean avait pu avoir une quelconque réaction à la place de cette écoute passive, il aurait sûrement juré comme un charretier avant d'aller voir son frère et de lui botter le cul.
Bordel, pendant des mois il lui avait affirmé avec un aplomb à couper le souffle que si son grand frère venait à mourir, il ne lèverait pas le petit doigt... Tout ça pour ça ?
- C'est exactement ce que je disais, n'est-ce pas ? Tout ça est devenu tellement... prévisible.
Bien que ça lui coûtait de l'admettre, Crowley n'avait pas tort. Sam et lui savaient à quel point un énième retour à la vie pouvait être compliqué et douloureux. Chaque nouvelle mort était une nouvelle cicatrice gigantesque qui barrait leur âme, et chaque nouveau retour à la vie ne faisait qu'appliquer du sel sur ces plaies béantes. Et pourtant, parce qu'ils ne pouvaient se résoudre à faire autrement, il refaisaient les mêmes erreurs, encore et encore.
- Tu dois me croire. Quand je t'ai parlé de la Marque, je ne savais pas que ça se produirait. Pas vraiment.
Donc il en avait envisagé la possibilité.
- Mais...
Il y avait donc bien un « mais ». Et un « mais » n'entraînait jamais rien de bon.
- … je ne t'ai peut-être pas dit l'entière vérité.
Nous y voilà.
- Mais je ne t'ai jamais menti, murmura Crowley. Je ne t'ai jamais menti, Dean, reprit-il d'une voix plus forte.
Dean eut presque l'impression d'assister à une confession lorsque le démon reprit plus bas, d'un ton absent :
- C'est important. C'est fondamental.
Crowley et son art de jouer sur les mots. Pourtant, encore une fois, il y avait cette sincérité ; il tenait à ce que ce ne soit pas un mensonge.
Il y avait toujours eut une profondeur que Dean était incapable de saisir dès qu'il s'agissait du Roi des Enfers.
- Mais...
Encore ce « mais ».
- Il y a une histoire à propos de Caïn que j'ai peut-être... oublié de te raconter.
Oublié, mon cul.
- Apparemment, lui aussi était prêt à accepter la mort. Plutôt que devenir le tueur que la Marque voulait qu'il devienne. Alors il a pris sa propre vie avec la Lame. Il est mort.
Jusque là, Dean suivait, si on ne prenait pas en considération que lui-même avait rencontré ledit Caïn en chair et en os, et bien loin d'être mort.
- Sauf que, comme la rumeur l'affirme... la Marque ne l'a jamais laissé partir en paix.
Les éléments s'emboîtaient au fur et à mesure dans sa tête, et le peu qu'il commençait à réellement comprendre devenait inquiétant.
- Tu peux comprendre pourquoi je ne t'ai pas parlé de ça. Pourquoi créer la panique pour de simples spéculations ?
Vu comme ça, ça semblait presque acceptable. Presque.
- Ce n'est qu'après que tu m'aies invoqué... Non, se corrigea Crowley, ce n'est réellement qu'après que tu aies refusé de manger ton cheeseburger, chéri...
Le « chéri » était vraiment nécessaire ?
Mais Dean fut alors incapable de penser davantage. Lorsqu'il sentit les flammes qui le brûlaient depuis le tout début devenir incendie, l'immoler dans une délicieuse agonie et lui redonner des forces à une vitesse incroyable, il comprit que cela ne pouvait signifier qu'une seule chose : la Lame était de nouveau à sa juste place, au creux de sa main droite.
- … que je me suis autorisé... à croire. Que peut-être, les miracles pouvaient se produire. Écoute-moi, Dean Winchester. Ce que tu ressens en ce moment, ce n'est pas la mort.
En effet, cette chaleur ne ressemblait en rien à la mort.
- C'est la vie.
Mais la vie ? Il ne sentait ni son cœur battre, ni son sang traverser ses veines, ni même sa respiration soulever son thorax.
- Un autre genre de vie.
Ceci explique cela.
- Ouvre tes yeux, Dean.
Crowley poursuivit avec une intensité vibrante :
- Vois ce que je vois. Ressens ce que je ressens.
Finalement il conclut dans un murmure satisfait :
- Allons hurler à la lune.
Oui, cette proposition semblait excitante. Enfin ''sortir des sentiers battus''. Dégager d'un revers de mains tous les clichés qu'ils avaient eux-mêmes façonnés à partir de leurs décisions toujours identiques, dire « oui » à l'inconnu. « Hurler à la lune », hein... Le terme était plutôt bien trouvé.
Alors, Dean Winchester fit une chose qu'il n'avait presque jamais accomplie depuis la mort de son père : il obéit. Et ouvrit les yeux.
Jamais le sourire de Crowley ne lui avait paru si éblouissant qu'en cet instant.
