Facteur extérieur

Résumé: Sam rencontre un homme… conséquences.
Genre: 100 Romance S/J ; 0 aventure…
Spoilers: Courant saison 7 avant « Chimères »
Disclaimer : Les personnages et l'univers ne sont pas à moi mais à la MGM…

NB : Ok, Mike est flic mais il n'a rien à voir avec Pete !

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La première fois que Mike la vit, il se trouvait en planque au coin de la 33ème. Il attendait patiemment que le suspect qu'il avait pris en filature sorte de l'immeuble dans lequel il avait pénétré dix minutes plus tôt. Il faisait extrêmement chaud pour un mois de Juin et franchement, il aurait tout donné pour être ailleurs. Non pas qu'il n'aimait pas son job, au contraire mais bon. Il y avait des jours comme ça…
Bref ! Mike était en train d'avaler une barre chocolatée. Il s'en souvient, il avait faillit s'étouffer avec lorsqu'il l'avait vue sortir de la voiture. Grande, svelte, blonde les cheveux courts, elle portait une robe blanche à fines bretelles dont la jupe ample voltigeait autour de ses magnifiques jambes nues. Les premiers mots qui lui vinrent à l'esprit sortirent impulsivement de sa bouche :

- Bon sang ! Quelle femme !

Pas une de ces pseudos gamines qui jouent les femmes fatales. Non, elle, elle respirait la féminité, la maturité d'une 30ène avancée, l'assurance d'une personne qui s'assume totalement.
Il la regarda fermer la portière de sa voiture puis se diriger d'un pas martial vers le supermarché du coin. Une fois disparue à l'intérieur, Mike reprit sa pose initiale, l'esprit en ébullition. Dire qu'il y avait un veinard, sur cette planète, qui pouvait avoir cette femme quand il voulait… Songeant à sa dernière relation qui avait tournée au cauchemar, il enfourna la dernière bouchée de sa barre chocolatée et la mâchonna rageusement. Pas facile de garder une femme lorsqu'on a un boulot qui prend 90 de votre temps et qui comporte autant de risques. Passées les premières semaines d'excitation à l'idée d'être avec un flic, elles finissaient toutes par le quitter, préférant des types au boulot moins dangereux. Alors… Quand bien même il aurait la chance de plaire à une fille comme ça, elle finirait forcément par faire comme les autres.

Elle partirait.

Il attendit encore quelques minutes puis le suspect, Honsen de son petit nom, sortit enfin de l'immeuble. C'est à cet instant précis que choisit un gamin en roller pour perdre l'équilibre et aller directement valdinguer dans les poubelles, juste à coté de lui. Le bruit retentissant de cette chute attira le regard du revendeur de drogue qui le reconnue aussitôt. Ni une ni deux, il s'élança dans la ruelle adjacente. Grommelant après les mômes qui n'étaient pas fichus de tenir sur leurs pattes, Mike se rua à sa suite. Une petite course poursuite faite de rebondissements en tout genre, grilles à passer, caisses de fruits et légumes envoyées en plein visage, murs à franchir, débuta.

Peu à peu, il prenait du terrain sur le fuyard. Après avoir fait le tour du pâté de maison en long en large et en travers, le suspect repassa à l'endroit même où la poursuite avait commencé. Le cœur de Mike fit alors une embardée. Le top model de toute à l'heure, celle avec des jambes magnifiques… se dirigeait vers sa voiture un paquet dans les mains. Elle se trouvait en plein sur la trajectoire du fuyard.

- Poussez-vous !! Attention ! Police, hurla-t-il en secouant les bras pour attirer son attention !

La jeune femme se retourna, surprise. Mais au moment même où elle allait être percutée de plein fouet, elle lâcha son sac, tendit les bras vers son agresseur et d'un mouvement souple l'empoigna. Utilisant la vitesse et le poids de l'homme, elle le fit pivoter et le fracassa littéralement contre sa voiture, le bras dans le dos, l'immobilisant à l'aide de son genou. Ainsi tenu, le suspect était incapable de bouger sans risquer de se faire casser un membre. Haletant, Mike arriva enfin vers eux. Au regard ahuri qu'il posa sur elle, la jeune femme lui répondit par un sourire amusé.

- Je crois que vous avez perdu quelque chose ! déclara-t-elle en lançant un regard significatif vers son prisonnier.

Même sa voix était agréable… Mike se redressa et sourit à son tour.

- Je l'aurais eu, assura-t-il, faussement prétentieux, une lueur amusée dans les yeux.

- J'en suis sure…

Elle avait répondu sur le même ton, tout en raffermissant sa prise, sentant son agresseur gigoter pour se libérer.
Pas d'alliance… remarqua Mike qui ne la lâchait pas des yeux. Et des jambes, songea-t-il en lorgnant discrètement celle qui était levée et qu'une fente décidément bien placée laissait entrevoir.

- Vous voulez que je lui passe les menottes ou vous attendez du renfort ? demanda-t-elle ironique, voyant qu'il restait les bras ballants à l'observer.

Embarrassé d'avoir été pris en flagrant délit, il empoigna Honsen et lui attacha les poignets sans ménagement tout en lui lisant ses droits.
Pendant ce temps, la belle inconnue s'accroupit afin de récupérer les courses qui s'étaient éparpillées sur le sol.

- Vous voulez que je vous aide, demanda Mike tandis qu'il coinçait son … « boulet » … contre la voiture afin de libérer une de ses mains.

- Non, merci. Vous avez suffisamment à faire avec ce monsieur. De toute façon c'est déjà fini !
Elle se releva en lui souriant de nouveau, son sac dans les bras.

- Avez-vous besoin de moi pour votre rapport ou suis-je libre de m'en aller?

Réfléchissant à toute vitesse, Mike finit par secouer la tête, la mine sérieuse.

- Il vaut mieux que je prenne vos coordonnées, juste au cas où mes supérieurs me demanderaient des détails sur l'arrestation.

« Quel vilain menteur tu fais !! »

- Venez avec moi jusqu'à ma voiture que je puisse me libérer de « ça », continua-t-il en désignant le prisonnier.

Pendant qu'il se dirigeait vers son véhicule, la jeune femme mit dans le sien ses courses et partit le rejoindre. Une fois Honsen enfermé, Mike se retourna vers elle, l'air sérieux, un calepin dans la main.

- Alors ? Votre nom ?

- Carter. Samantha Carter. J'habite au 258 Timberwood Avenue.

- Votre numéro ? demanda-t-il ensuite avec un sourire au coin laissant soudain peu de doutes sur ses véritables intentions.

La dite Samantha sembla hésiter, une lueur amusée dans les yeux :

- Est-ce vraiment pour votre rapport que vous me demandez tout ça ?

Mike sentit le rouge lui monter au visage. Gêné, il se grata la tête.

- Disons que je suis devenu tout à coup très pointilleux sur le règlement…

Elle le regarda un instant, silencieuse. Il avait l'impression qu'elle hésitait, ce qui dans un sens était plutôt positif pour lui. Au moins, elle ne le rembarrait pas de suite, lui signifiant qu'elle était déjà casée.

- Vous n'êtes pas obligée de me le donner, finit-il par lui dire, ne voulant surtout pas la presser… J'ai été très impressionné par la façon dont vous avez maîtrisé Honsen.

C'était une phrase qui évidemment contenait une interrogation. Ou tout du moins, elle sous-entendait : « Comment avez-vous fait cela ? ». Mais elle ne sembla pas s'en soucier et éluda la question.

- De nos jours, une femme doit savoir se défendre…

Certes, mais les femmes, « de nos jours », répliquent d'un coup de coude souvent involontaire et maladroit, pas de façon si maîtrisée et instinctive. Elle avait réagit en l'espace d'une fraction de seconde, chose qui, même pour lui, n'était pas évidente. Comme il la regardait de travers, insatisfait par cette réponse, elle finit par lui sourire.

- Je suis certaine que vous trouverez le pourquoi du comment. Vous êtes policier, non ? Mr… ?

- Summers. Mike Summers. Mais appelez-moi Mike, déclara-t-il, essayant sur elle son sourire charmeur.

Enfin, ce qui s'en rapproche le plus... songea-t-il ironiquement. Bon allez! Inutile de prendre des pincettes, sinon tu y es encore dans une semaine...

- Vous allez me trouvez certainement direct mais est-ce que vous accepteriez de dîner un soir, ou tout du moins allez boire un verre...?

Nouveau sourire. Décidément, cette femme était irrésistible. Elle sembla hésiter encore un peu puis finalement acquiesça timidement.

- Pourquoi pas...

Gagné!

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- Qu'est-ce que tu fiches ? demanda Harris, son collègue de boulot, tandis qu'il regardait par dessus son épaule.

Mike était devant son PC et tapotait fébrilement sur le clavier.

- Sa…man…tha… Car..ter… C'est qui ça ?

- Une femme que j'ai rencontrée lorsque j'ai arrêté Honsen. Enfin… C'est plutôt elle qui l'a arrêté. Elle l'a maîtrisé en deux temps trois mouvements. Le type n'a eu aucune chance.

- C'est surprenant.

- A qui le dis-tu…

Mike reporta son attention sur l'écran, le dossier de la jeune femme venait d'apparaître.

- Ah ouais d'accord… murmura Harris en tapotant l'épaule de son ami. Tu as la réponse à ta question.

- Major Samantha Carter, Air Force… Une militaire, finit par souffler Mike, incrédule. Elle n'avait franchement pas l'air de faire partie de l'armée. Et je peux t'assurer que la photo que tu vois là ne lui rend pas assez justice.

- Je la trouve déjà pas mal !! s'insurgea son collègue en se penchant davantage par dessus son épaule. … T'as aucune chance, mon pauvre !

Mike se retourna, un sourire triomphant aux lèvres.

- Elle m'a donné son numéro ! Je dois la rappeler dans la soirée.

L'incrédulité qui se lut sur le visage d'Harris l'aurait presque vexé ! Après tout il était plutôt beau gosse, quand même !

- Eh oh !

- Ben quoi ? Avec tous les mecs qu'il y a dans l'armée, ça me paraît surprenant qu'elle n'ait pas quelqu'un dans sa vie.

- Et la loi de non-fraternisation, tu ne connais pas ?

- Ah ! J'avais oublié. Eh bien… Bonne chance, en tout cas. Et si ça marche pas entre vous, n'hésite pas à me la présenter ! s'esclaffa Harris, le rire gras.

Mike haussa les épaules. Parfois son ami était franchement répugnant !

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Sam était assise devant son ordinateur mais son esprit était ailleurs. Cela faisait maintenant presqu'un mois qu'elle voyait régulièrement Mike, au rythme de 2 à 3 soirées par semaine. Ça se passait plutôt bien, due-t-elle reconnaître. Il était gentil, drôle, attentif… le tout enrubanné dans un joli paquet cadeau… Non, vraiment. Il était le genre d'homme qu'une femme avait une chance sur un million de trouver et elle avait eu cette chance là. Alors pourquoi le cœur n'y était pas ? …

Bah !… Elle savait parfaitement pourquoi…

Les premières fois où elle avait quitté la base le soir, au lieu de rester dans son labo comme à son habitude, n'étaient pas passées inaperçues.
Teal'c, bien que silencieux, avait fini par soulever un sourcil lourd de sens… et Daniel, comme elle s'y attendait, lui avait fait passer un véritable interrogatoire en règle. Il avait cependant finit par se lasser, voyant qu'elle ne lâcherait rien.
Sam tenait à ce que cela reste plus ou moins secret jusqu'à ce qu'IL finisse par s'en douter lui-même et lui en parle. Ce qui n'avait pas tardé, en fait.
Ils s'étaient croisés dans le couloir et Jack, surpris de la voir en tenue civile, avait lancé la discussion.

- Vous sortez encore, Major ?

- En effet, Mon Colonel.

- … Un rendez-vous galant ?

Le regard d'O'Neill semblait la sonder, plus pénétrant que jamais. Elle hésita quelques secondes, appréhendant sa réaction, puis finalement se décida à jouer la carte de la sincérité.

- … C'est cela même.

- Ah ! lui répondit-il simplement détournant les yeux et se perdant dans la contemplation de ses chaussures.

Après un long silence embarrassé, il finit par relever la tête et lui sourit.

- Bonne soirée, alors !

Et puis il partit, la laissant seule avec ses pensées contradictoires. Ça s'était plutôt bien passé, tout compte fait… Même un peu trop bien... Elle ne savait pas ce qu'elle avait espéré, en fait. Peut être le faire réagir. Voir une quelconque preuve que cela le touchait… Mais il n'y avait rien eu. Absolument rien si ce n'était ce léger silence qui finalement ne voulait pas dire grand-chose.
Alors, rangeant son chagrin dans un coin reculé de son cœur, elle s'était dirigée vers l'ascenseur. A présent, elle était habituée à avoir cette boule au ventre. Cela faisait des années, qu'elle ne la quittait plus.

Encore aujourd'hui elle était là, cette fichue boule. Bien encrée. Sans espoir de disparaître ?
Une scène à peu près similaire lui revint alors à l'esprit. C'était trois semaines après cette discussion. Elle était retournée dans les vestiaires parce qu'elle avait oublié ses clefs de voitures dans son casier. Sam avait toqué à la porte. Le quart d'heure réservé aux femmes étant terminé depuis dix minutes déjà, elle voulait éviter de créer un concert de protestation en s'introduisant dans les vestiaires pendant celui réservé aux hommes.

- C'est le Major Carter, j'ai oublié quelque chose dans mon casier !

- … Entrez Carter, je suis seul, lui répondit une voix reconnaissable entre toute.

- Merci, Mon Colonel.

Sam ouvrit donc la porte mais s'arrêta aussi sec, gênée. O'Neill se trouvait devant son casier ouvert, torse nu, une serviette éponge sur l'épaule. Se reprenant aussitôt, elle détourna pudiquement les yeux et s'approcha de son casier. Il n'avait même pas jeté un œil sur elle lorsqu'elle était entrée.
Pendant les quelques minutes de silence où Sam tentait vainement de trouver ses clefs, Jack n'avait pas ouvert la bouche, s'affairant de son coté. De temps en temps, Carter laissait son regard converger discrètement vers lui. Ce n'était pas tous les jours qu'elle avait l'occasion de voir l'un de ses fantasmes, aussi petit soit-il, se réaliser ! Autant en profiter ! Malheureusement pour elle, alors que ses yeux remontaient le long du torse de son supérieur, elle finit par accrocher son regard, pétillant de malice.

- Eh bien, Carter… Vous cherchez quoi exactement ?

Rougissante d'avoir été prise en flagrant délit de « reluquage ! », elle reporta son attention sur son casier et, plus fébrile que jamais, repartit dans ses recherches. Faisant abstraction du sous-entendu à peine voilé de son supérieur, elle finit cependant par lui répondre.

- Mes clefs de voiture, Mon Colonel.

- Vous voulez que je vous aide, demanda-t-il alors, tandis qu'il s'avançait déjà vers elle.

- Non !! … Ca va aller, merci.

Elle s'était empressée de répondre, préférant le savoir loin d'elle. Elle ne survivrait jamais à une telle proximité … Il n'avait toujours pas remis son tee-shirt. A croire qu'il le faisait exprès.
« Euréka ! » s'exclama-t-elle intérieurement tandis qu'elle empoignait enfin l'objet tant désiré. Levant triomphalement la main, elle se tourna vers Jack.

- Je les ai !

Puis prenant conscience de l'heure qui tournait, elle regarda sa montre.

- Je vais être en retard…

Tandis qu'elle refermait son casier, O'Neill, de nouveau silencieux, rangeait sa serviette de toilette dans le sien.

- Un nouveau rendez-vous ? demanda-t-il alors sans se tourner vers elle.

Sam le regarda un instant avant de répondre puis se dirigea vers la porte.

- Oui... Passez une bonne soirée, Mon Colonel.

- Vous de même, Carter.

La main sur la poignée, elle hésita quelques instants. Puis, n'ayant rien à ajouter, Sam sortit. Mais elle n'avait pas fait trois mètres qu'elle entendit un claquement retentissant provenant du vestiaire. Surprise et inquiète, elle fit demi-tour et entra sans frapper.

- Mon Colonel ? Vous allez bien ?

Il était assis sur le banc en face de son casier et l'espace d'une seconde, elle crut le voir, la tête entre ses mains, accablé. Mais très vite il fit glisser celles-ci dans ses cheveux faisant mine de se recoiffer.

- Très bien, Carter. La porte de mon casier m'a échappé des mains. A demain, finit-il par conclure, lui tournant le dos.

Le cœur battant à se rompre, incertaine de ce qu'elle avait vu ou crut voir, Sam finit cependant par se reprendre.

- A demain, Mon Colonel.

Et elle était sortit. Avait-elle imaginé tout cela ? Cette « fraction de seconde » qui lui tiraillait l'estomac encore plus que de coutume ? Elle avait décidé de ne plus penser à cela, de se concentrer uniquement sur sa relation avec Mike. Mais malgré tout, c'était, semblait-il, plus facile à dire qu'à faire. Après tout, elle LE voyait tous les jours. Elle croisait SON regard chaud, fondait sous SON sourire. Comment oublier un homme avec lequel on se sentait aussi lié?
Quelqu'un frappa à la porte. Sam fit mine de tapoter son clavier, concentrée sur son travail.

- Entrez !

La porte s'ouvrit sur Janet. Celle-ci s'avança dans la pièce et s'arrêta à deux pas de son amie.

- Tu travailles la porte fermée, ce n'est pas dans tes habitudes. Tout va bien ?

Sam redressa la tête et sourit de la façon la plus convaincante possible.

- J'avais juste besoin de calme. J'ai pas mal de problèmes avec ces calculs.

Pour plus de crédibilité, la jeune femme se massa la nuque avec lassitude.

- Tu devrais te reposer un peu, Sam… Mais ça, tu as l'habitude de l'entendre de ma bouche.

- En effet… répliqua Carter, grognon.

Janet rit doucement devant l'air faussement agressive de son amie.

- Je suis venue t'inviter à une soirée, la semaine prochaine. Il y aura quelques personnes du SGC mais surtout des civils.

- C'est en quel honneur ?

- Une amie a eu une promotion. On va fêter ça chez moi car son appartement est trop petit. Ca te tente?

- Pourquoi pas... Pourrais-je venir accompagnée?

Janet sourit.

- Bien sur! ... Tu vas enfin nous le présenter?

Sam, gênée, s'adossa à sa chaise. Elle resta silencieuse un certain temps, suffisamment pour faire disparaître le sourire de Janet.

- Tu n'as pas l'air enchantée, Sam. Ca ne va pas avec lui?

- Oh si! Il est merveilleux, vraiment.

- Alors? insista Janet.

L'intéressée secoua la tête et sourit timidement.

Tout va très bien. Je t'assure. Ce ne sont que les éternelles questions qu'on se pose en début de relation qui me turlupinent un peu. Mais rien de bien grave! Nous viendrons ensemble à cette soirée. Tu verras, c'est vraiment quelqu'un de bien. J'ai beaucoup de chance.

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Enfin elle l'invitait chez elle. C'était un grand pas pour lui, il faut bien l'avouer. Et un grand pas pour eux, sans aucun doute ! Samantha était tellement secrète sur sa vie que sa simple maison avait pour Mike des allures d'Eldorado.
Une fois à l'intérieur, elle s'effaça devant lui pour le laisser passer. Longeant le couloir d'entrée ils arrivèrent dans le salon à la décoration assez spartiate. Elle ne devait pas souvent venir ici, songea-t-il déçu, comprenant que le fait de voir son « sanctuaire » ne lui apprendrait rien de plus sur elle.
Lisant dans ses pensées, elle regarda son salon, gênée.

- Je suis rarement chez moi…

- En effet, répondit Mike, ironique.

Sam sourit puis se dirigea vers une autre pièce. Certainement la cuisine.

- Tu veux une bière, un soda, autre chose ?

- Une bière ça serait super.

- Je n'ai que des brunes, répondit-elle à travers la cloison qui les séparait.

- Parfait !

Tandis que Samantha s'affairait dans la cuisine, Mike remarqua une série de photos sur la cheminée. Il s'approcha et les examina avec attention.
Sur la première, jaunie par le temps, il y avait un couple d'une trentaine d'année. La jeune femme ressemblait à Sam avec ses cheveux blonds et ses grands yeux bleus. Sa mère, certainement. Elle lui avait dit que celle-ci était décédée lorsqu'elle n'avait qu'une dizaine d'années. L'homme à coté devait être son père. Il était Général, dans l'Air Force lui aussi. Elle n'en parlait pas souvent.

Sur la seconde photo, Sam se trouvait avec une femme du même âge qu'elle, à priori. Entre elles deux se trouvait une jeune adolescente. Si sa mémoire était bonne il devait s'agir de Janet et de sa fille adoptive, Cassandra. Les trois jeunes femmes se tenaient bras dessus bras dessous, un immense sourire sur les lèvres. Elles semblaient toutes les trois s'entendre à merveille.

Et enfin, la troisième photo. Samantha se trouvait entourée de trois hommes en tenue militaire, tee-shirts noirs et pantalons kaki. Le premier, d'origine africaine certainement, était une véritable armoire à glace. A l'inverse de ses compagnons, il arborait un visage indéchiffrable et portait fièrement un bob ridicule sur la tête. Le deuxième, d'une trentaine d'années, plutôt séduisant, affichait un sourire presque aussi grand que celui de Sam. Son bras, qui encerclait la taille de la jeune femme, semblait faire pas mal d'effet à celle-ci. Elle avait les joues roses et l'œil brillant. Il semblait y avoir une forte complicité entre eux ce qui ne le rassura pas, bien au contraire. Plusieurs fois, il avait senti une certaine réserve lorsqu'il tentait de se rapprocher d'elle. Mike avait finalement conclu que Samantha ne se sentait pas tout à fait libre et la loi de non-fraternisation devait y être pour quelque chose, à coup sûr. Il avait finalement balayé cette idée dans l'espoir que le comportement ultra méfiant de la jeune femme était peut être due à une succession de déceptions sentimentales mais … il allait certainement devoir reconsidérer la question…

Enfin le troisième homme, à la gauche de Sam. Mike avait bien du mal à déterminer son âge tant il se dégageait de lui force et vitalité. Peut être une quarantaine d'années, à la limite une petite cinquantaine, mais ce n'était pas certain. Il avait nonchalamment posé un bras sur l'épaule de Sam et arborait un sourire insolant sur les lèvres.

Entourée de ces trois hommes, Sam semblait aux anges.

- Ce sont les trois personnes avec qui je travaille. Les trois hommes de ma vie !

La jeune femme était arrivée sans bruit derrière lui. Tandis qu'il reposait le cadre sur la cheminée, elle lui tendit une bière.

- Vous semblez vous entendre très bien.

- En effet, dit-elle en souriant. Nous sommes une équipe très soudée. Le premier à gauche s'appelle… Murray. Il ne faut pas se fier à son apparence glaciale. Il sait se montrer d'une incroyable gentillesse. Mais c'est avant tout un combattant hors du commun, comme tu peux l'imaginer vu sa corpulence.

- Impressionnant, en effet ! … Et celui qui est entre vous deux ?

- C'est Daniel. Je peux dire sans hésiter qu'il est mon meilleur ami. Il a toujours le nez fourré dans ses bouquins et parle un nombre incalculable de langues ! C'est quelqu'un de très ouvert, très humain. Il sera certainement là lors de la soirée de Janet et je pense que tu t'entendras très bien avec lui.

Quelque peu soulagé par les propos de la jeune femme qui ne dénotaient aucune tension en abordant le sujet de Daniel, Mike commença à se détendre.

- Et le troisième ?

Un voile, une hésitation passa dans les yeux de Sam ravivant le trouble qui venait à peine de le quitter. Elle finit par sourire. Son regard avait changé.

- C'est mon supérieur. Le Colonel O'Neill.

Il attendit qu'elle poursuive. Après tout, elle avait fait un descriptif des deux autres… Mais cette fois-ci, elle ne semblait pas décidée à rentrer dans les détails, aussi insista-t-il.

- Et ? Quelle est sa spécialité, à lui ?

A ces mots, elle retrouva son sourire, peut-être même plus rayonnant qu'avant.

- Les blagues débiles ! … Non… En fait, c'est un excellent officier. Le meilleur que j'ai eu, je dois dire. Il se prétend toujours plus idiot qu'il ne l'est mais en fait…

Visiblement, elle cherchait ses mots, comme s'il n'en existait pas de suffisamment appropriés pour le décrire.

- Bref c'est quelqu'un de bien, finit par répondre Mike, lui venant en aide.

- Sans aucun doute, acquiesça-t-elle aussitôt. Il m'a sauvé la vie un nombre incalculable de fois.

- Vraiment ? Travailler dans les satellites c'est si dangereux que ça ? demanda alors Mike.

- Non… Je parlais de la guerre du Golf… Je l'ai rencontré là-bas.

Le jeune homme acquiesça, bien que dans sa tête, il se doutait qu'elle ne disait pas toute la vérité. Il y avait des trous énormes dans le dossier qu'il avait lu sur elle, juste après leur première rencontre. Il avait décidé de ne pas aller chercher plus loin. Il n'avait pas à s'immiscer ainsi dans la vie de Sam et fouiller son passé. Mais depuis qu'ils se voyaient, il avait remarqué des bleus, des foulures, et même un bandage en ce moment même qu'il pouvait percevoir sous la manche de son sweet. De toute façon, pourquoi portait-elle un vêtement à manches longues alors qu'il faisait plus de 30° dehors… Bref… Apparemment, elle avait un boulot de terrain et ça n'avait certainement rien à voir avec des satellites. Ça, il en était persuadé. Mais il n'avait rien à dire. Surtout si, comme il le croyait, c'était top secret. Il savait rester à sa place même si tout ça l'inquiétait énormément pour elle.

- Je le rencontrerais à la soirée ? finit-il par demander.

Elle sembla hésiter, la mine soudain plus grave.

- Je ne sais pas. C'est possible.

Mike l'observa, tentant de la sonder. Cette gêne, ce trouble lorsqu'elle parlait d'O'Neill ne lui disait rien de bon. Il comprenait mieux la rougeur de Sam sur la photo. Elle n'était pas due à la main de Daniel posée sur sa taille mais au bras de son supérieur posé sur son épaule.

Il espérait voir ce fameux Colonel à cette soirée. Il pourrait ainsi se faire sa propre opinion.

A SUIVRE…