La fierté.

C'est une notion relative à chacun de nous et qui peut être franchement handicapante lorsqu'elle est mal dosée…

Mello et Matt s'y connaissaient d'ailleurs merveilleusement en orgueil mal placé.

En fait, seulement Mello.

Pour notre blondinette nationale, la virilité et la classe se comptaient grâce aux conquêtes, à sa moto, à sa manière de croquer le chocolat et à son magnifique cerveau qui avait même le mérite de menacer les plans de Kira….ou qui aurait prochainement le mérite de gagner face à son terrible ennemi de toujours : Near alias le stroumph albinos ou encore Nate River pour les intimes. Il le détestait, le haïssait, le maudissait intérieurement et à voix haute ; sa règle d'or était bien entendu de le dépasser, encore et toujours….au point que Matt se demandait si cette obsession ne venait pas en fait d'un énorme complexe d'infériorité, justifié d'ailleurs.

Quant à ses virées nocturnes, Mello s'était promis de ne jamais succomber à ce que le peuple appelle vulgairement « l'Amour » (avec le grand A qui va avec). Ce genre de truc, comme il le disait souvent, lui donnait la nausée et lui paraissait être une perte de temps vaine qui aboutissait généralement à peu de choses…mariage, divorce, remariage. Ces mots lui paraissaient bien idiots pour être digne d'intérêt.

Et pour ce que Mello savait de l'amour, c'était juste des lunettes de soleil énormes qui bouffaient le visage, des vêtements ringards, des cheveux à reflets roux soyeux et des cigarettes…Des pensées profanes que le blond avaient avortées depuis bien longtemps mais qui lui revenaient en pleine figure de temps à autre…des broutilles, en somme, à ne surtout pas prendre au sérieux.

Du côté de Mattie, la vie semblait simple. Elle se partageait parfaitement entre sa PSP, sa Playstation III, sa Wii et les caprices de Mello. Il évitait de se prendre la tête lorsque le blond ramenait une ou deux filles et tout allait pour le mieux…Lorsqu'il faisait abstraction du bruit, de sa jalousie et des sourires sadiques de Mello qui lui proposaient de lui en prêter. Mais bon, il laissait courir ; Le blond arrivait toujours à faire tout ce qu'il voulait de lui. Quoi que l'accro des jeux vidéo fasse : il restait dans Son ombre et Le suivait. Toujours.

Si Mello était au courant des préférences de Matt pour une certaine blondinette vêtue de cuir, il en était de même pour le rouquin.

Mais tout restait dans le regard et dans les silences bruyants, pas au delà. Mello n'acceptait pas d'aimer les hommes tandis que Matt n'acceptait pas d'aimer ce sadique de Mello. Et si quelque fois, les mots devenaient ambigus et les regards s'accrochaient un peu trop, aucun « accidents fâcheux » n'étaient arrivés entre ces deux là aux grands bonheurs de chacun…Du moins, c'était ce que Mello se répétait.

Il y avait bien eu une fois, mais ils étaient si jeunes que la faute avait été oubliée, effacée, réduite à l'état de souvenir en noir et blanc….ce qui ne le rendait pas désagréable par ailleurs.

FLASH BACK

C'était à la Wammy House, par une journée banale. Les deux garçons alors âgés de 9 ans étaient dans leur chambre commune ; Mello racontant sa vie à un Matt plutôt occupé à tuer le boss de la fin.

«Et je lui ai dit « Je ne parle pas aux Nains »….et il m'a regardé, de son air, là_celui qu'il a tout le temps_ il est parti en suçant son pouce en se traînant comme une larve pour avancer, sa figurine que lui a acheté Roger dans la main…. « ridicule !» que je lui ai dit et il ne s'est même pas retourné, juré ! Je lui aurais bien mis un poing, j'pense qu'il aurait pleuré…c'est qu'un bébé d'façon….dis, tu m'écoutes, Matt ?! »

Le petit Mello avait prononcé cela d'une voix assez snob à la Hermione Granger et fronça les sourcils lorqu'un bip bip caractéristique lui répondit. Le mauvais caractère de Mello ressortit tout de go et eut pour effet premier la rencontre du poing du blond et de la joue de Matt. Le deuxième effet fut quasiment miraculeux ; la tête rouquine s'étant renversée en arrière en réaction au choc, les lunettes tombèrent pour révéler au monde entier deux magnifiques yeux verts qu'ils auraient été dommage de raté.

« Oui, oui, je t'écoutais…marmonna un peu tard la victime en se caressant la joue d'un air un peu indifférent. »

« Tu parlais de Near. » continua-t-il en rallumant son jeu et en tâtonnant sur le sol pour récupérer ses lunettes alors que ses yeux cherchaient déjà les touches utiles pour user la barre de vie de son ennemi virtuel.

Near étant à cet époque, le seul sujet de conversation de Mello, le pouvoir de déduction de Matt n'était pas si développé qu'il en avait l'air…mais le blondinet se contenta de cette réponse, trop occuper à dévisager son camarade de jeu pour répliquer méchamment comme il en avait l'habitude. C'était un peu comme s'il le redécouvrait. Qui aurait cru que des lunettes aussi vilaines cachaient de si jolies choses ? Il regarda cela, admirant cette magnifique couleur émeraude avant qu'elle ne disparaisse à nouveau, brouiller par le verre opaque.

Plus de vert. Plus cette sensation curieuse au creux du ventre.

Etrange…

Le silence quasi religieux du blond interpella tout de même le roux qui s'enquérit bientôt de sa santé d'une voix monotone, tournant la tête vers lui :

« Mihael ? »

L'interpellé réagit tout de suite, détournant le visage pour ne pas croiser le regard de l'autre :

« Mmh, Matt…es-tu vraiment mon meilleur ami ? »

Le petit Matt éteignit sa console ; l'air stupéfait et haussa les épaules, un peu déboussolé :

« Ben oui !!!…tu ne veux plus ?

-Ché pas…

-Tu boudes ?

-Nan…chui pas un gamin.

-Quoi, alors ? »

Mello daigna alors lui jeter un regard. Il arborait une expression boudeuse qui lui donnait encore plus l'air d'une fillette. Et puis, il fronça les sourcils et lâcha :

« J'avais envie de t'embrasser tout à l'heure, sur la bouche.

Mais t'es mon ami donc c'est pas possible….et t'a pas de nichons. »

Cette déclaration trop franche pour paraître sérieuse eut pour seul résultat de faire rire Matt à s'en tenir les côtes….

Redoublant sa mauvaise humeur, Mello le frappa plusieurs fois en disant que c'était juste pour essayer qu'il avait voulut ça , que c'était parce Matt ressemblait à une tapette et qu'en plus ses lunettes étaient hideuses. Cependant ; rien n'y fit. Les secousses qui agitaient le corps du garçon ressemblaient maintenant à de douloureuses convulsions et ne s'arrêtèrent qu'une fois que Mello se soit calmé en sortant une tablette de chocolat.

« Crétins de roux… » marmonna Mello plusieurs fois en plongeant ses dents dans le cacao, mangeant presque le papier au passage avec un regard aussi noir que le ciel avant la tempête.

Il était tourné dos au soi-disant « crétin » et le silence se fit pendant quelques secondes avant qu'un des deux ne se décide à parler :

«Mello….

-Ah, tu t'es pas encore étouffée avec ta langue, Mattie ? ricana l'intéressé d'une voix cruelle et fâchée, se retournant vers lui avec un sourire des plus glacial. »

Le roux ne prit pas le temps de répondre et déposa rapidement ses lèvres toutes roses sur les siennes, les smackant dans un baiser enfantin et assez effronté. Parfum chocolat…Matt l'aurait presque parié ! Lorsque Mello reprit ses esprits, la tête de son ami était encore toute près de la sienne et arborait un petit sourire satisfait. Puis, comme si de rien n'était notre geek préféré ralluma sa machine et reprit là où il en était, devant le regard sonné de son comparse.

« Matt ? » demanda-t-il finalement, peu assuré de ce qui c'était passé.

« … »

« Mail Jeevas !!!! »

Dans un accès de colère devant l'irréaction de ce type qui venait juste de le violer des lèvres, Mello le prit par le col en brayant des « Que crois-tu avoir fait ? » outrés et apparemment vaincs.

La victime se débattit à peine, faisant plus attention à sa console qu'à son propre bien-être. Puis, sans se donner la peine de jeter un œil au regard menaçant de son bourreau prit spécialement pour l'occasion, il lâcha distraitement :

« Quoi, tu parlais encore de Near ? »

Notre blond desserra sa prise pour finalement laissait tomber l'affaire au sens propre et figuré du terme. Son no-life d'ami glissa sur le sol sans douceur, essayant vainement de sauver sa PSP, laquelle s'éteignit sous le choc alors que son ex-bourreau soufflait, les joues encore rouges de colère.

Mello savait pourtant que toute cette colère ne servait à rien. Surtout avec lui.

Décidément, Matt était et resterait un boulet.

/FLASH BACK