Hello tout le monde! Ceci est la réecriture des tomes 4 et 5 de La sélection, une série écrite par la talentueuse Kiera Cass avec les personnages de The 100. Les tomes 1, 2 et 3 racontent l'histoire d'America Singer (ici Abby Griffin). Dans les tomes 4 et 5, nous vivons l'histoire d'Eadlyn (Clarke). Si vous comptez lire les 3 premiers tomes, ne lisez pas cette fiction. Elle contient une dizaine de milliers de spoils. Certains personnages de the 100 sont un peu voire totalement OC, ayant dû s'adapter aux comportements des personnages du livre.

Quelques indications quand même:

" 300 ans ont passé et les États-Unis ont sombrés dans l'oubli. De leurs ruines est née Illeá, une monarchie de castes. 20 ans après la sélection d'Abby Griffin et malgré l'abolition des castes, la famille royale d'Illeá doit à nouveau faire face au mécontentement du peuple : l'heure est venue de lancer une nouvelle Sélection."

La sélection est une sorte de télé réalité pendant laquelle 35 jeunes filles du peuple de castes variées peuvent rencontrer le prince et vivre au palais pendant plus ou moins du temps. A la fin de la compétition, le prince doit choisir une des 6 finalistes et l'épouser.

Les castes? Il y en a huit. Et même si elles ont été abolis, je vous fait un petit topo.

1: Royauté, clergé.

2: L'ensemble des célébrités, acteurs, sportifs pro, politiciens et officiers.

3: Éducateurs de tout types, philosophes, auteurs, scientifiques en tout genre, avocats, médecins.

4: Agriculteurs propriétaires, joailliers, agents immobiliers, chefs cuisiniers.

5: Musiciens et chanteurs, danseurs, comédiens, artistes en tout genres.

6: Secrétaires, personnel de service, cuisiniers, chauffeurs, gouvernantes et majordomes.

7: Jardiniers, Livreurs, La plupart des ouvriers d'extérieur.

8: Handicapés physiques ou mentaux, toxicomanes, sans-abri, fugueurs.

The 100 ne m'appartient pas, l'histoire est à Kiera Cass.

0oo0oo0oo0oo0oo0oo0

J'ai toujours été incapable de retenir mon souffle pendant sept minutes. Je n'ai même jamais réussi à le faire pendant une minute. Un jour, j'ai essayé de courir un kilomètre et demi en sept minutes, parce que j'avais entendu dire que certains athlètes y parvenaient. Échec retentissant. Je me suis arrêtée à mi-parcours, paralysée par un point de côté. En revanche, en sept minutes, j'ai fait quelque chose d'impressionnant : je suis devenue reine. Je suis venue au monde sept minuscules minutes avant mon frère, Jackson, le dépossédant ainsi du trône. Si j'étais née une génération plus tôt, ça n'aurait eu aucune importance. Jackson étant un garçon, il aurait été l'héritier. Hélas, mes parents n'ont pas supporté l'idée que leur fille aînée ne puisse pas régner à cause d'une malheureuse – mais adorable – paire de seins. Alors ils ont changé la loi. Le peuple s'est réjoui, et j'ai été élevée pour devenir reine d'Illeá. Ils n'ont jamais compris pourquoi leur volonté de justice m'a toujours semblé injuste. J'ai essayé de ne pas me plaindre. Je savais que j'avais de la chance. Mais certains jours, voire certains mois, j'avais l'impression qu'on m'en demandait trop. Pour être honnête, ce serait trop pour n'importe qui. J'ai feuilleté le journal : il y a eu un autre incident, à Zuni cette fois-ci. Lorsqu'il a accédé au pouvoir vingt ans plus tôt, mon père a tout de suite supprimé les castes, et l'ancien système a progressivement été abandonné durant les vingt années qui ont suivi. J'ai toujours trouvé bizarre que les gens aient vécu si longtemps avec ces étiquettes. Ma mère était une cinq, mon père un Un. C'était d'autant plus absurde qu'il n'existait aucun signe distinctif de ces divisions. Comment savait-on qu'on marchait à côté d'un Six ou d'un Trois ? Et pourquoi est-ce que ça avait la moindre importance ? Quand mon père a aboli les castes, les gens étaient ravis. Il espérait que les changements qu'il mettait en place pour faire d'Illeá un royaume dans lequel il ferait bon vivre seraient entrés dans les mœurs au bout d'une génération, c'est-à-dire maintenant. Ce n'était pas le cas – et cette nouvelle émeute était la plus récente d'une série de troubles.

— Café, Votre Altesse, a dit Raven en posant la tasse sur la table.

— Merci. Tu peux débarrasser les assiettes.

J'ai parcouru l'article. Cette fois-ci, c'était un restaurant qui avait été incendié. Le patron avait refusé de donner une promotion à un de ses serveurs. Ce dernier prétendait qu'on lui avait promis une place de chef mais qu'on la lui avait finalement refusée à cause du passé de sa famille. J'ai contemplé les décombres calcinés, incapable de choisir mon camp. Le patron avait le droit de promouvoir ou de licencier qui il voulait, mais le serveur était aussi en droit de ne pas payer pour quelque chose qui, techniquement, n'existait plus… J'ai repoussé le journal et saisi ma tasse. Voilà qui allait contrarier mon père. J'étais certaine qu'il était déjà en train d'examiner le problème sous tous les angles pour trouver une solution. L'ennui, c'était que même s'il parvenait à résoudre ce cas, il ne pourrait jamais venir à bout de toutes les discriminations post-castes. Elles étaient trop difficiles à surveiller et beaucoup trop nombreuses. J'ai reposé ma tasse et me suis dirigée vers ma garde-robe. Il était temps de commencer la journée.

— Raven ! Tu sais où est ma robe pourpre ? Celle avec la ceinture ?

Elle est venue à ma rescousse, les yeux plissés sous l'effet de la concentration. Raven était une nouvelle employée. Elle ne travaillait pour moi que depuis six mois ; elle avait été embauchée pour remplacer mon ancienne bonne, qui s'était retrouvée alitée pendant quinze jours. Comme Raven était très sensible à mes besoins et beaucoup plus aimable, je l'avais gardée. J'admirais aussi son sens de la mode. Raven a contemplé l'immense garde-robe.

— On devrait tout réorganiser.

— Si tu en as le temps, fais-toi plaisir. Ça ne m'intéresse pas.

— Bien sûr que non, puisque c'est moi qui pars à la chasse aux vêtements, m'a-t-elle taquinée.

— Exactement !

Elle a éclaté de rire tout en fouillant rapidement parmi les robes et les pantalons.

— J'aime ta coiffure aujourd'hui, ai-je commenté.

— Merci.

Toutes les bonnes avaient la tête couverte, mais Raven parvenait cependant à faire preuve de créativité. Parfois, quelques boucles sombres encadraient son visage, d'autres fois, elle dissimulait ses nattes sous la coiffe. Ce jour-là, de lourdes tresses encerclaient sa tête et seul le haut de son crâne était caché par le bonnet. J'appréciais sa façon unique et quotidienne de s'approprier l'uniforme.

— Ah ! elle est derrière.

Raven a sorti la robe mi-longue et l'a posée sur son bras brun.

— Parfait ! Où est ma veste grise ? Celle avec les manches trois quarts ?

Elle m'a dévisagée, pince-sans-rire.

— Je vais vraiment tout réorganiser.

J'ai gloussé.

— Tu cherches, je m'habille.

J'ai enfilé ma robe et me suis brossé les cheveux, prête à affronter une journée de plus en tant que future reine. Ma tenue était suffisamment féminine pour me rendre séduisante mais assez sobre pour qu'on me prenne au sérieux. J'étais habituée à ce genre de subtilités. Je me suis regardée dans le miroir.

— Tu es Clarke Griffin, ai-je dit à haute voix. Tu es l'héritière de ce royaume et tu seras la première femme à régner seule. Tu es la personne la plus puissante du pays.

Mon père était déjà dans son bureau, les sourcils froncés face aux récents événements. À part les yeux, je ne lui ressemblais pas du tout. Ni à ma mère d'ailleurs. Avec mes cheveux blond, mon visage ovale et mon teint de porcelaine, j'étais le portrait craché de ma grand-mère. Un portrait d'elle la représentant le jour de son couronnement était accroché sur le palier du troisième étage. Quand j'étais enfant, je passais des heures à l'observer. Je me demandais si je lui ressemblerais, adulte. Sur ce tableau, elle avait l'âge que j'ai à présent et, même si nous n'étions pas des sosies, j'avais l'impression d'être son écho. J'ai traversé la pièce et déposé un baiser sur la joue de mon père.

— Bonjour.

— Bonjour. Tu as lu le journal ?

— Oui. Au moins, cette fois-ci il n'y a pas eu de mort.

— Dieu merci. C'était pire quand les gens étaient assassinés dans la rue ou qu'ils disparaissaient. Voir des jeunes gens roués de coups pour avoir voulu déménager dans un quartier plus huppé ou des femmes agressées pour avoir postulé à un emploi qui leur était jusqu'à présent interdit m'horrifiait. On trouvait parfois très rapidement les mobiles et les auteurs de ces actes, mais la plupart du temps on ne parvenait pas à dépasser le stade des suspicions. C'était un spectacle épuisant et je savais que c'était encore pire pour mon père.

— Je ne comprends pas, a-t-il dit en ôtant ses lunettes pour se frotter les yeux. Ils ne voulaient plus des castes. On a pris notre temps pour les supprimer, afin justement que tout le monde puisse s'adapter. Et voilà qu'ils incendient des maisons.

— Est-ce qu'on ne peut pas trouver un moyen d'arrêter ça ? Est-ce qu'on ne devrait pas créer un comité pour recueillir les doléances ?

J'ai de nouveau regardé la photo.

Dans un coin, le fils du propriétaire pleurait sur la perte du restaurant. J'étais persuadée que les plaintes arriveraient plus vite qu'on ne pourrait les enregistrer, mais je savais aussi que mon père ne supportait pas de rester sans réaction. Il a levé les yeux vers moi.

— C'est ce que tu ferais ?

— Non, je demanderais à mon père ce qu'il compte faire, ai-je répondu en souriant.

Il a soupiré.

— Tu ne pourras pas toujours t'en contenter, Clarke. Tu dois être forte et résolue. Comment résoudrais-tu cet incident ?

J'ai réfléchi un instant.

— Je pense qu'on ne peut rien faire. On ne peut pas prouver que le serveur n'a pas eu sa promotion à cause des anciennes castes. On peut juste lancer une enquête pour savoir qui est responsable de l'incendie. Cette famille a perdu son gagne-pain et il faut trouver le coupable. Un incendie criminel n'est pas une façon de rendre la justice.

Il a secoué la tête.

— Tu as raison. J'aimerais pouvoir les aider. Mais plus que tout, il faut que nous empêchions de genre de chose de se reproduire. C'est en train de devenir une épidémie, Clarke, et ça me terrifie.

Il a jeté le journal à la poubelle, s'est levé et a marché jusqu'à la fenêtre. Je devinais son inquiétude à sa façon de se tenir. Son titre lui apportait de grandes joies : il aimait se rendre dans les écoles qu'il avait passé tant de temps à améliorer, ou voir prospérer le peuple dans cette époque sans guerre qu'il avait inaugurée. Mais tout ça se produisait de moins en moins souvent. La plupart du temps, il se faisait du souci pour le pays et le sourire qu'il affichait devant les journalistes n'était que de façade. Il espérait que son calme apparent inciterait tout le monde à agir de même. Ma mère l'aidait de son mieux, mais le destin du royaume ne dépendait que de lui. Et un jour, de moi. Cette pensée avait beau être vaniteuse, j'avais peur de grisonner prématurément.

— Note quelque chose pour moi, Clarke. Rappelle-moi d'écrire au gouverneur Azgeda, à Zuni. À Niylah Azgeda, pas à son père. J'oublie toujours que c'est elle qui a été élu.

J'ai noté ses instructions de mon écriture élégante, en songeant qu'il éprouverait de la satisfaction en me relisant. J'avais passé beaucoup de temps à améliorer ma graphie sous sa direction. J'ai levé les yeux vers lui en souriant, mais mon sourire s'est figé : il se frottait le front, cherchant désespérément une solution au problème.

— Papa ? Il a pivoté en redressant les épaules, comme s'il cherchait à paraître fort devant moi.

— Pourquoi tout cela arrive-t-il maintenant ? Tous ces événements sont récents.

Il a haussé les sourcils.

— C'est vrai, a-t-il répondu comme pour lui-même. Au début tout le monde semblait content. Chaque fois qu'on supprimait une caste, les gens faisaient la fête. Ce n'est que depuis ces dernières années, depuis que les classes ont officiellement disparu, que tout va de plus en plus mal.

Il a tourné le regard vers la fenêtre.

— Ceux qui ont grandi dans l'ancien système savent à quel point c'est mieux maintenant. Il leur est plus facile de se marier ou de trouver du travail. Les finances familiales ne sont plus investies dans une seule profession. Ils ont le choix des écoles. Mais ceux qui n'ont jamais appartenu à aucune caste et qui se révoltent… Je suppose que c'est parce qu'ils ne savent pas quoi faire d'autre.

Il a pivoté vers moi en haussant les épaules

— J'ai besoin de temps, a-t-il murmuré. Il faut que je trouve un moyen d'arrêter le temps, de tout arranger, puis de remettre le temps en marche.

Il a plissé les sourcils.

— Je ne crois pas que ce soit possible, papa.

Il a gloussé.

— On l'a déjà fait. Je me souviens de…

Son regard a changé. Il m'a dévisagée ; j'ai eu l'impression que ses yeux me posaient une question informulée.

— Papa ?

— Oui.

— Tu vas bien ?

Il a cligné des yeux.

— Oui, ma chérie. Très bien même. Et si tu te penchais sur ces restrictions budgétaires ? On examinera tes idées cet après-midi. Il faut que je discute avec ta mère.

— Pas de problème.

Je n'étais pas très douée en maths, je devais donc travailler deux fois plus dur quand il était question de restrictions budgétaires ou d'investissements. Mais je refusais catégoriquement que l'un des conseillers de mon père passe derrière moi, armé d'une calculatrice. Je me débrouillais pour que mon travail soit toujours irréprochable, même si pour ça je devais veiller toute la nuit. Jackson était évidemment bon en maths, lui, mais on ne le forçait jamais à assister à des réunions concernant le budget, le redécoupage des districts ou les soins de santé. Il avait échappé à tout ça de sept minutes. Mon père m'a tapoté l'épaule avant de quitter précipitamment la pièce. J'ai mis plus de temps que de coutume pour me concentrer sur les chiffres. J'étais troublée par l'expression de son visage : j'avais la certitude absolue que ça avait un rapport avec moi.

0oo0oo0oo0oo0oo0oo0

Si vous avez des questions ou que je n'ai pas été assez claire sur quelque chose, n'hésitez pas à demander ;)