Tsuki no Kage - "L'ombre de la lune"
Genre : UA (mais beaucoup de termes du manga reviendront), Drame, Romance
Durée : La fic comptera très certainement 31 chapitres.

Rating : M (pas de lemon pour l'instant - je le préciserais quand il y en aura)
Pairing : Mouahahaha - en premier plan Grim-Ichi (le reste c'est motus et bouche cousue! À moins que vous n'ayez des préférences, je suis toute ouïe! Comme Ulqui, vous avez des idées? Sinon je me débrouillerais ;))

Disclaimer : les personnages de Bleach sont bien à Tite Kubo! ... (snif)
Note : Dernièrement j'avais un petit scénario qui me trottinait dans la tête. Pas pour Bleach au départ mais comme je n'arrêtais pas de fantasmer dessus ces derniers temps je me suis dit: Allez, pourquoi pas! Donc ceci est une fic sans prétention aucune. J'ai fait des recherches avec les moyens que j'avais en main mais l'ensemble étant bien trop vaste à mon plus grand désarroi, je ne garantis en rien l'exactitude des informations fournies au cours de cette fic. Je me suis décidé à faire une sorte de petit mixte afin que l'ensemble reste dans le domaine auquel je l'ai adapté. J'espère que le résultat vous plaira. Je sais que beaucoup réussisse parfaitement à maitriser certains domaines dont ils font mention dans leur fic comme la mafia par exemple, thème assez récurrent et que moi-même j'adore... Mais je ne suis pas ces gens-là, je les admires certes mais moi je suis juste... moi. Imparfaite + ses vilains défauts mais avec l'envie de vous faire découvrir cette nouvelle fic. D'ailleurs je m'excuse, l'orthographe et ses copines grammaire et conjugaison, nous somme ennemies. Donc je m'excuse des fautes éventuelles, je fais de mon mieux comme tout le monde! Sur ce bonne lecture!


_ Chapitre 1: La Solitude _
Cette rencontre était écrite, prédestinée.

Seul dans le noir
Enveloppé dans la nuit
L'ombre de l'Enfer qui l'emprisonne et l'emporte au cœur de la solitude et du malheur.
Des larmes de glaces coulent le long de ses joues devenues de pierre
Et ses mains immobiles caressent un rêve depuis longtemps parti.
Ses yeux observent un horizon de feu qui se détache lentement
Et l'entoure de ses doigts de couleur.
Il veut s'enfuir vers un destin moins dur
Un avenir heureux.
Un endroit où personne ne sera là pour l'enchaîner à la nuit
Qui jour après jour
Donne l'impression de l'engloutir.
Peut-être est-ce de la tristesse ou une plus grande peine...
Mais cela le blesse tellement que les démons de l'ombre
Provenant des entrailles même de l'Enfer
Désirent l'emporter dans leur monde
Où ses larmes de glace deviendront chez eux
Des flammes qui brûleront son cœur et son esprit
Pour qu'enfin
Il ne soit plus que l'âme perdue
D'un corps délivré de la souffrance
D'un amour meurtrier
Où leurs cœurs fusionnés l'espace d'une seconde
Se sont vus déchirés...
Par leurs différences.

Quand les bruits de pas s'éloignèrent et qu'il fut certain d'être seul, il s'avança lentement mais avec aisance malgré son Jûni-Hitoe dont il était drapé jusqu'à un immense bassin taillé dans le roc et la pierre et construit à même le sol. L'espace autour était très réduit, surtout sur les côtés mais le devant permettait largement à une vingtaine de personnes de s'y tenir.

Les froissements de la traîne de son hakama superposé à celui du mo cessèrent quand il arriva enfin à destination. Il inspira longuement pour apaiser les battements affolés de son cœur et s'agenouilla près du rebord, les longues manches de son karaginu baignant sans retenue dans l'eau pure et claire. Fermant les yeux tout en joignant ses mains dans une prière muette, il laissa son énergie spirituelle s'écouler dans la pierre afin que l'eau du bassin puisse s'imprégner de son pouvoir et ainsi prendre l'éclat d'un argent pure et pâle. La voix qu'il tardait tant à entendre ne se fit point longue et résonna doucement dans un murmure, doux écho porté par le vent.

- Mon Roi... Comme à chaque journée qui se termine je ne cesse de guetter avec hâte ces maigres, mais ô combien précieux instants à tes côtés.

Un sentiment qu'il connaissait que trop bien lui donna un frisson qu'il ne put malheureusement refréner, arrachant au garçon des larmes qui troublèrent le reflet qui miroitait à la surface de l'eau. Malgré tout, un sourire parvint à se dessiner sur ses lèvres tremblantes de l'émotion qui l'habitait.

- Espèce d'idiot! le réprimanda t-il malgré l'étonnante douceur que l'on pouvait sentir dans sa voix. Combien de fois t'ai-je déjà rappelé de t'adresser à moi par mon prénom?

- Toutes mes excuses, le nargua la voix avec malice alors qu'une même tendresse se faisait entendre. Mais il n'y a que de cette façon que je peux instiller en toi un semblant d'indignation. Tu sais que j'ai toujours aimé voir ce petit froncement de sourcil se dessiner sur ton front... Ichigo.

Le dernier mot, son prénom fut prononcé avec une passion si évidente qu'elle lui arracha un nouveau frisson si différent du premier qu'un sentiment de totale bien-être s'empara de lui. Il ferma les yeux et laissa une brise légèrement glacé venir effleurer sa nuque. Il enjoignit un mouvement de sa main à ce souffle d'air, comme pour mieux ressentir sa présence alors que cette même sensation glacé parvenait à jouer sur ses clavicules malgré l'étonnante couche de vêtements, balayant les mèches d'un roux fauve le long de sa nuque.

- Sh... Shiro! Il est bientôt l'heure d'y aller.

- J'aurais préféré écouler le temps qui m'est imparti à tes côtés.

- Tu sais que c'est impossible...

La voix d'Ichigo s'était rembruni, alertant Shiro qui montra son inquiétude en faisant souffler une brise plus glacé que la première sur le jeune homme devant lui.

- Est-ce que tu regrettes Ichigo? Demanda t-il doucement dans un murmure presque inaudible.

Mais la question était tellement récurrente ces derniers temps qu'il aurait pu ne rien lui demander, le rouquin n'aurait eu aucune hésitation à le lui rappeler simplement pour ne pas avoir à ressentir cette peine qui le blessait intérieurement.

- Cesse de me poser la question alors que tu en connais déjà la réponse. Shiro... tu sais que je l'ai souhaité autant que toi.

- Je le sais mais il ne se passe pas un jour depuis celui-là sans que j'éprouve la peur de te voir me haïr pour ce qui est arrivé.

- Tu n'es vraiment qu'un idiot. Crois-moi Shiro, il n'est pas arrivé le jour ou j'éprouverais ne serait-ce qu'un semblant de haine à ton égard. Mes sentiments pour toi sont bien trop fort.

- Et les miens encore plus...

- Je le sais... À présent je dois y aller. Nous nous verrons plus tard. Je compte sur toi.

- Toujours...

Le rouquin s'éloigna finalement, non sans un dernier regard au reflet qui n'avait eu de cesse de le dévorer avec passion.

~OO~OO~

Il était debout. Seul avec pour seul compagnie son reflet que lui renvoyait le miroir. Un reflet sans visage. Juste cette bouche, cette gueule aux babines retroussées en un un rictus moqueur laissant deviner un profond ressentiment.

- Ce n'est pas moi... Ça ne peut pas être moi! S'écria mentalement le garçon avec effroi.

Pourtant la chevelure était la même, pareille à un ciel bleu en été. Si ce n'était maintenant l'image d'un monstre baignant dans le sang de dizaines de cadavres déchiquetés. Un monstre aux yeux cobalt comme les siens. Plus métalliques. Et plus meurtriers.

- Ce n'est pas moi... ce n'est pas moi...

- Je le sais bien...

Grimmjow releva soudain les yeux pour ne distinguer que l'éclat étincelant de deux orbes ambrés, qui le regardait avec une certaine douceur. Et devant la force et l'intensité d'un tel regard, le bleuté se sentit trembler. Mais ce n'était pas désagréable. Du moins ça ne l'était plus. Il en avait pris l'habitude. Il l'appréciait même. Et à chaque cauchemar qui se terminait, il y avait ce regard. Insondable. Et l'ombre qui l'entourait et qui soustrayait son visage à sa vue ne faisait que rendre ces nuits plus frustrantes encore.

Et de nouveau, il posa cette question.

- Qui êtes-vous?

- Qui je suis importe peu...

La voix était claire et chaude. Une voix d'homme.

- ... J'attendais votre venue.

Quand Grimmjow se réveilla en sueur ce matin là, il comprit que ce n'était encore que l'un de ses nombreux cauchemars. Néanmoins, il ne put s'empêcher de scruter ces mains moites avec avidité à la recherche d'une éventuelle trace de sang sur le dos de ses mains, de ses paumes, entre ses doigts et à l'intérieur de ses ongles. Il n'éprouva aucun soulagement à la fin de son inspection. Il savait au fond de lui que ce cauchemar n'en était pas vraiment un. Ce matin encore, il sut ce que le journal citerait en première page. Des meurtres inexpliqués, sauvages. Il tremblait. De peur et d'excitation à l'idée qu'il puisse en être l'auteur.

Il fixa d'un œil hagard l'horloge accroché sur un mur. Il était 8h25. Il avait encore du temps mais il était évident que regagner le sommeil n'allait pas être une tâche des plus facile.

- Autant que j'aille me préparer. Comme ça il ne pourra rien me reprocher cette fois.

Décidé à se lever, il se dirigea vers sa salle de bain et entreprit de prendre une douche bien chaude afin de soulager ses muscles crispés et tendus, gardant quelques minutes ses mains sur son visage pour reprendre ses esprits. Il en ressentit le plus grand bien et sortit quelques instants plus tard, une serviette autour de ses hanches, l'eau brillant encore en fines gouttelettes sur son corps musclé et ses mèches trempées. Il s'avança ensuite vers un miroir pour une inspection et remarqua une fois encore que malgré le corps vigoureux dont Mère Nature l'avait doté, la pâleur de ces derniers jours semblait plus prononcé et marqué. Il avait presque le teint maladif.

- Merde, c'est encore pire qu'avant...

Grimmjow soupira intérieurement tout en essayant de faire fi de la peur qui avait de nouveau élu domicile dans le creux de son estomac. Il s'avança alors vers un large et luxueux placard en bois d'acajou moucheté aux poignées dorées et en sortit un pantalon noir et une chemise blanche. Quand il eut boutonné le dernier bouton, il enfila un gilet gris foncé et enfila une cravate dont il enferma le bout à l'intérieur. Il termina avec un veston de même couleur que son pantalon et observa le résultat dans la glace, satisfait. Il jeta un dernier coup d'œil autour de lui et finit par glisser dans l'intérieur de sa veste une montre à gousset récemment acquise.

Quand il descendit les escaliers pour se rendre au salon où serait servit le petit-déjeuner, il croisa une jeune employé de la maison qui sursauta, surprise en le voyant avant d'essayer de reprendre contenance, amenant un sourire carnassier sur les lèvres de Grimmjow.

- Sir Jaggerjack! Nous ne vous attendions pas aussi tôt...

- Et bien je suis là. Le petit-déjeuner est prêt?

- Ou... Oui nous vous l'apportons tout de suite. Si vous voulez bien vous installez dans le salon.

Grimmjow ne perdit rien de son sourire alors qu'il suivait la jeune servante jusqu'à une immense table recouvert d'un fin tissu de coton blanc aux broderies d'or et où était disposé des assiettes en porcelaine et des couverts en argents étincelants. Une fois qu'il fut installé, une procession de majordomes et de servantes vinrent disposer autour de lui de la nourriture, variée et en très grande quantité. Quand on était aussi riche qu'il l'était, on ne comptait pas, c'était bien connu.

- Maître Jaggerjack, préférez- vous du Darjeeling ou du Ceylan pour accompagner votre repas?

- Du Darjeeling

- ... Avec un soupçon de gin, histoire de lui redonner des couleurs. Regardez-le, l'est aussi pâle qu'un mort.

La réflexion jeta un froid et le personnel de maison encore présent dans la pièce sursauta dans un bel ensemble avant de se regarder, une certaine peur pouvant se lire sur leur visage. Le majordome qui s'était enquit auprés de Grimmjow semblait encore hésiter. On pouvait voir ses mains tremblaient.

- M... Maître Grimmjow?

Le sourire que lui lança le bleuté laissa découvrir des canines pointues au milieu d'une dentition d'un blanc parfait.

- Tu te fait sénile avec l'âge mon vieux? Du Dar-jee-ling... nature!

- Je vous l'apporte tout de suite.

Le majordome - certes d'un certain âge - s'empressa de quitter la pièce, le reste du personnel sur ses talons. Un rire sardonique recouvrit leur fuite précipitée dans le couloir.

- Quelle... cruauté! Non mais sérieusement ça me sidère.

- Ferme ta grande gueule Nnoitra. Si t'avais pas la langue aussi pendue on n'en serait pas là. Alors arrête de faire chier!

- C'est ce bon à rien d'Urahara qui t'a appris à parler comme ça?

- Il vaut bien mieux qu'toi en tout cas, contrairement à lui t'a toujours le chic pour emmerder le monde.

- Ah ouais? Et bien quand t'arreteras de faire une tronche de tous les diables on en reparlera!

Grimmjow se renfrogna et jeta un coup d'œil fâché à celui qui était soi-disant l'un de ses précepteurs. À son âge! Et puis on avait pas idée d'avoir un look comme le sien, lui même n'ayant rien à lui envier d'ailleurs. Quand à Urahara, celui-ci occupait la même fonction mais il fallait dire que les deux hommes occupaient plus précisément une fonction de secrétaire, et ce depuis la mort de son grand-père quelques semaines plus tôt. Ces deux-là seraient les seules personnes, en qui du moins il avait une confiance absolu malgré leurs incessantes disputes, à l'accompagner durant son voyage. Un voyage qui allait les emmener jusqu'au pays du Soleil-Levant, les îles du Japon.

Grimmjow se renfonça dans son siège et se rappela alors de cette fameuse nuit-là, qui l'avait vu recueillir les dernières paroles de feu Lord Yamamoto Genryūsai Shigekuni, son grand-père.

XX-XX

- Grimmjow, le temps presse... Je n'ai plus beaucoup de temps. Et tu n'en as plus beaucoup non plus...

La voix était certes chevrotante mais parfaitement claire, et pleine de force surtout quand on voyait l'état de faiblesse dans lequel il se trouvait malgré tout. Grimmjow s'approcha du lit de son grand-père et saisit entre les siennes ses mains actuellement si décharnées qui avaient jadis bâti seul, l'empire sur lequel les Jaggerjack régnaient en maître aujourd'hui.

- Comme tu le sais déjà, il y au Japon... une grande famille de prêtres capable de te délivrer du maléfice... dont tu es victime...

Yamamoto dut s'arrêter, prit d'une violente quinte de toux. Malgré les airs bourrus qu'il se donnait devant lui, Grimmjow ne put lui cacher plus longtemps son inquiétude et caressa d'une main le dos vouté du vieil homme.

- Le vieux, c'est pas la peine de te précipiter. Je vais pas clamser tout de suite. Et toi non plus d'ailleurs. T'es aussi résistant qu'une mite...

- Petit impertinent! Il faudra que je touche un mot à Jiruga et Kisuke concernant ton éducation... Ils t'ont inculqué là de bien mauvaises manières.

- J'tiens ça du paternel. Qui soit dit en passant, tiens ça d'toi.

Un sourire amusé et sincère se dessina sur les lèvres minces et desséchés de Yamamoto qui inspira lentement avant de reprendre.

- J'ai déjà pris les dispositions nécessaires. Ils t'attendent. Ton départ se fera dans deux semaines. Tu arriveras là-bas dans un peu moins d'un mois.

Grimmjow haussa un sourcil, surpris.

- Pourquoi précipité autant mon départ? Il y a encore beaucoup de choses à régler ici, pourquoi ne pas attendre une semaine de

- Justement je ne tiendrais pas une semaine de plus Grimmjow! Penses aussi un peu à toi... quelque chose de grave pourrait t'arriver...

L'expression dur qu'arbora Yamamoto fit baisser les yeux au bleuté qui jura entre ses dents. Le vieil homme se pencha du mieux qu'il put et posa une main sur l'épaule de son petit-fils, un sourire qu'il voulut conciliant sur les lèvres, remplacé très vite par une grimace douloureuse.

- Grimmjow... je sais que tu as encore beaucoup de mal à croire ce qui t'arrive. Mais je puis t'assurer... que tout est bien réel malheureusement. Et rien dans ce pays... ne pourra t'aider à régler ton problème. Cela relève d'un tout autre monde et tu sais que je suis... bien placé pour le savoir.

- Le vieux... je n'ai jamais remis ta parole en doute...

- Tu es un bien piètre menteur...

- ...

- Fais-le pour moi... si ce n'est pas pour la famille. C'est là ma dernière volonté.

Quelques heures plus tard, Lord Yamamoto Genryūsai Shigekuni rendait son dernier soupir. Après ça, Grimmjow n'essaya plus de se chercher des excuses après ce qu'il vit sur le visage de son défunt grand-père. Ce sourire. Comme libéré de toute contrainte sachant l'avenir assuré.

XX-XX

- Tu es bien pâle ce matin, est-ce que tout va bien?

Grimmjow releva les yeux pour croiser le regard d'Urahara Kisuke, son deuxième précepteur. Il grommela quelque chose dans sa barbe avant de prendre une nouvelle gorgée de thé.

- Arrête un peu de lui poser des questions débiles! Tu sais très bien que s'il est blanc comme un linge c'est à cause de ce qui le

- Ta gueule Nnoitra! Juste... ferme-là tu veux? J'ai pas envie qu'on se mange sur la gueule si tôt le matin.

Grimmjow avait violemment reposé sa tasse dans sa coupelle pour accompagner ses mots et s'était levé sans un regard pour eux.

- Nous partons bientôt. Assurez-vous d'être prêt, nous embarquons à bord d'un navire marchand dans un peu moins de deux heures.

Le bleuté quitta la pièce et alla trouver Sasakibe, le secrétaire de son défunt grand-père et qui était le plus à même de gérer les affaires familiales en son absence.

- Yamajii avait une totale confiance en vous et c'est cette même confiance que je place en vous aujourd'hui.

- Je ne vous décevrais pas.

Ils avaient ensuite échangé quelques mots sur des affaires courantes et il rejoignit finalement ses appartements, le cœur battant. Il se félicita d'avoir empêché cet imbécile de Nnoitra de finir sa phrase, n'en connaissant que trop bien la fin. C'était juste que de l'entendre à voix haute l'écrasait toujours de cette accablante vérité. Depuis sa naissance, beaucoup avait pensé de lui qu'il n'était pas humain. Sa couleur de cheveux, si peu naturel et pourtant si belle, si fascinante, si intrigante que ça en avait effrayé beaucoup. Ses parents et son grand-père l'avait soutenu durant cette épreuve. Tous les trois maintenant étaient mort. Et malgré la présence de Nnoitra et Urahara en qui il avait une absolu confiance, il se sentait étrangement seul. Et cette solitude ne faisait que l'accabler plus encore quand il entendait à l'intérieur de sa tête ce ricanement pareille à un grognement féroce.

Dans ces moments-là, la solitude se faisait pire encore. Car plus personne maintenant, ne pouvait comprendre ce qu'il subissait à longueur de temps. Ni ce qu'il voyait, et qui restait obstinément invisible aux yeux des autres.

~OO~OO~

Un peu moins d'un mois c'était écoulé et le voyage qui c'était avérait des plus éreintant malgré les nombreuses haltes, avait finalement prit fin.

Quand ils descendirent du bateau, les plaintes ne se firent pas longue à entendre.

- Merde, je voyagerais pas de sitôt tu peux me croire! On peut pas dire que c'était une croisière.

- J'ai pas spécialement envie de te contredire mais juste pour le plaisir de te faire chier je tiens quand même à te signaler qu'on a eu droit à tout les égards qui nous étaient dus. Il aurait très bien nous traiter comme de simples voyageurs.

- Et alors? J'en ai rien à faire de ce qu'il pense et de ce que t'en pense! Je leur ai rien demandé moi!

-Tu changeras jamais hein. Est-ce que ta bouche te sert à autre chose que de déblatérer des conneries à longueur de journée?

- Qu'est-ce que t'as dit?

- Rien que de t'écouter me fatigue Jiruga.

- Kisuke, tu vas me le payer!

En temps normal, le ton et la tournure que prenait la dispute des deux hommes n'aurait pas déranger le bleuté outre mesure, mais là il ne pouvait vraiment plus le supporter.

- Vous allez fermer vos gueules oui? Aboya t-il soudain en direction des deux hommes qui s'étaient empoignés par le col de leur chemise. La prochaine fois que vous l'ouvrez pour vous manger sur la gueule j'm'occupe de vous réglez vot' compte! C'est clair?

Un silence s'installa autour d'eux alors que beaucoup de japonais les scrutaient maintenant avec une curiosité non dissimulée. Nnoitra et Urahara se regardèrent l'espace d'une seconde avant de se séparer et de marmonner un désolé plus ou moins convaincant. Maintenant ils se sentaient plutôt mal. Ils en avaient complètement oublié que celui pour qui le voyage avait été le plus difficile, c'était leur petit protégé. Grimmjow était devenu de plus en plus pâle à chaque jour qui passait mais avait aussi gagné en agressivité. S'ils se disputaient ou élevaient la voix un peu trop fort, le bleuté était immédiatement au tournant. La lueur sauvage qui dansait parfois dans ses pupilles ne leur avaient pas échappé non plus.

Maintenant ils étaient vraiment inquiet. Devant l'air passablement éreinté de Grimmjow, Urahara proposa de trouver une auberge pour passer la nuit et se reposer quand une voix enjoué alla les interrompre. Ils se tournèrent tous les trois vers un homme vêtu d'un étrange costume recouvert d'un kimomo rose à motif de fleur que le bleuté reconnu finalement comme étant un habit que portait les prêtres on'myogi. L'ensemble était dès plus atypique. L'homme quand à lui, avait une assez forte carrure et ses cheveux bruns attachés en une queue de cheval, cascadaient le long de sa nuque, l'ensemble étant agrémenté de quelques petites fleurs. Malgré ses airs débonnaires, on pouvait lire dans ses yeux un sérieux inébranlable.

-Vous devez être nos invités de Grande-Bretagne si je ne m'abuse, s'exclama l'inconnu en anglais. Je me présente, je m'appelle Kyoraku Shunsui et je suis celui chargé de vous escorter jusqu'au temple ou mon maître vous recevra. Je suppose que vous devez être Urahara-sama, Nnoitra-sama et Jaggerjack-sama n'est-ce pas?

Le brun s'était successivement tourné vers chacun d'eux à l'appellation de leur nom et accepta la main qu'ils lui tendaient pour la serrer dans la sienne.

- Je suis désolé mais je préfère vous tenir au courant de la situation. C'est mon grand-père qui a prit toutes les dispositions pour cette rencontre alors j'vous avoue ne pas être au courant de ce qui va se passer ou c'qui m'attend exactement.

Grimmjow venait de s'adresser à Kyoraku dans un japonais parfait et celui-ci lui adressa un sourire enchanté.

- Ne vous embarrassez pas des formalités pour l'instant Jaggerjack-sama. Je suis moi-même peu renseigné quand à votre situation. Seul le maître pourra saisir la nature exacte de ce qui vous hante.

- De ce qui me hante? Répéta Grimmjow, interloqué.

- Vous êtes possédé mon ami, déclara le brun avec une expression compréhensive.

Le bleuté accusa le coup et se mit soudain à regarder fébrilement autour de lui quand deux mains vinrent se poser ses épaules. Il releva la tête pour croiser le regard de Nnoitra et Urahara.

- On est là Grimm.

Il aurait aimé pouvoir les croire. Mais le grognement amusé qu'il entendit résonner dans sa tête l'en empêcha. Non. Ils ne pouvaient pas être là pour lui. Ils pouvaient à peine voir ce que lui voyaient à longueur de journée alors comment pouvaient-ils.

- Messieurs, reprit Kyoraku en se tournant vers lui et ses deux précepteurs. Je vais vous demander de porter ces amulettes. Pour votre sécurité.

- Notre sécurité? Et de quoi on est censé être protéger? Gromella finalement Nnoitra dans un japonais tout aussi parfait en regardant le talisman d'un air sceptique.

Kyoraku sembla hésiter avant de jeter un coup d'œil à Grimmjow.

- De lui. Votre maître est possédé et je puis vous assurer que ce qu'il a en lui n'a rien d'inoffensif. Je peux nettement sentir son envie de meurtre.

Les deux hommes ne purent le contredire. Ils avaient pu le constater de leur propre yeux après tout. Grimmjow ressentit une certaine colère en les voyant les enfiler autour de leur cou et il sentit la moutarde lui monter au nez.

- Vous faîtes quoi là? Grogna t-il entre ses dents alors que ses yeux cobalt brillaient d'une lueur sauvage.

Urahara et Nnoitra le regardèrent sans vraiment comprendre.

- Et bien... Kyoraku-san nous as demandé de

- Je le vois bien mais j'peux savoir pourquoi vous lui obéissez?

Sa voix maintenant était haché par l'effort qu'il faisait pour ne pas leur sauter à la gorge.

- Grimm, tu sais que c'est pour notre sécurité. À tous les trois. Alors calme-toi s'il te plait.

La voix d'Urahara s'était faite suppliante.

- Me calmer? J'me calmerais quand vous aurez enlevé cette putain de breloque à la con!

- Grimmjow, calme-toi bon sang!

- Ferme ta gueule connard!

Les deux hommes ouvrirent des yeux interloqués quand Grimmjow se jeta soudain vers eux sans prévenir. Ses mains s'arrêtèrent à seulement quelques millimètres de la nuque de Nnoitra quand une violente douleur éclata à l'intérieur de sa tête. Il poussa un cri de douleur et tomba à genoux au sol, les deux mains crispés sur la sommet de son crane. Il tenta d'aspirer de l'air quand une main vint se poser délicatement sur sa nuque.

- Tout va bien, c'est fini.

Grimmjow ferma les yeux et sentit la colère qui l'avait animé refluer comme un raz de marée. Il comprit que cette colère n'était pas la sienne. Qu'elle appartenait à un autre. Il se sentit soulever avec douceur et il croisa le regard doux de Kyoraku.

- J'suis désolé. Et... merci. Merci d'être intervenu.

- Vous n'avez pas à me remercier. Par contre, il serait plus prudent que nous nous en allions maintenant.

Grimmjow acquiesça et se tourna lentement vers Nnoitra et Kisuke.

- J'suis vraiment désolé les gars...

Les deux hommes posèrent chacun une main sur ses épaules. Mais leur regard était fuyant. De le constater lui déchira le cœur et il détourna les yeux. Kyoraku les emmenas devant un rickshaw tiré par des chevaux et ils s'y installèrent en silence, Grimmjow évitant délibérément le regard de ses deux amis. Le trajet dura au moins une demi-heure quand ils s'arrêtèrent finalement sur un bord de route. Il y avait un immense escalier de pierre interminable qui semblait monter le versant d'une colline. Autour, il n'y avait qu'une végétation luxuriante et parfaitement organisée. Le chant des oiseaux se faisaient entendre dans la cime des arbres.

- À partir d'ici nous continuons à pieds. Si vous voulez bien me suivre.

Grimmjow entendit distraitement Nnoitra jurait sur le fait qu'un escalier de cette longueur n'était pas permit et Urahara rire de sa remarque en se cachant le visage derrière son éventail fétiche. Le bleuté se tourna finalement vers le brun, juste devant lui.

- Le temple se trouve au bout de ces escaliers?

- Tout à fait. Vous verrez, vous aurez toute l'occasion de pouvoir le visiter à votre aise.

- Je n'en doute pas. Mais dîtes-moi, quel genre de personne est votre... maître?

- C'est une personne extraordinaire, déclara le brun avec une soudaine passion dans la voix. Malgré son jeune âge, il est celui qui possède le plus de reiatsu dans le clan, ce qui est tout à fait normal en soi.

- Re...iatsu?

- Oh, veuillez m'excusez! Le reiatsu est l'énergie spirituelle. Sans réiatsu ils nous aient impossible d'utiliser de sort. Pour faire simple, disons que c'est la base de tout notre système mais je comprends que tout ceci puisse vous paraître complétement étranger, c'est un peu comme si nous vivions dans deux mondes différents. N'ayez simplement aucune inquiétude, tout vous sera expliqué en temps voulu.

Grimmjow acquiesça bien qu'un peu perdu et finit par apercevoir deux immenses poteaux d'un rouge écarlate surmontés à leur hauteur et à l'horizontal de deux linteaux de bois de même couleur. L'ensemble ressemblait à s'y méprendre à une immense porte.

- Qu'est-ce que c'est?

Le bleuté se retourne vers Urahara qui venait de poser la question.

- C'est un Shimei Torii, un portail qui fait la séparation entre le monde physique et le monde spirituel. Dans votre langue, le Shimei Torii se traduirait par... là où sont les oiseaux.

Ils continuèrent de monter tandis que Kyoraku continuait à leur expliquer le principe du portail rouge quand Grimmjow se sentit prit d'un nouveau malaise. La colère qu'il avait cru s'atténuer sembla se réveiller de nouveau et il poussa un léger grognement. Imperturbable, Kyoraku le saisit par le poignet, accentuant sa colère et il tenta de se dégager mais le brun tenait bon. Il le poussa sans se départir de sa douceur mais d'une poigne ferme afin qu'il traverse le portail de bois vermeil. Il cligna des yeux, la colère l'ayant de nouveau quittait et se tourna vers le brun qui lui adressa simplement un sourire entendu et leur fit signe de les suivre.

Juste après avoir traversé le shinmei torii, ils s'engagèrent immédiatement dans un autre escalier en pierre bien plus court que le précédent et à leur plus grand soulagement. Ils arrivèrent ainsi devant un chemin fait de dalles de pierres blanches bordé de chaque côté par des statues de chiens à l'aspect léonin, dont ceux de droite avaient la gueule ouverte tandis que les autres à leur gauche l'avaient fermé. Kyoraku les emmena vers un petit puits couvert sur leur gauche et les aida en plus de deux autres hommes qui venaient de les rejoindre, à se laver avec l'eau recueillie au fond du puits.

- C'est quoi ce cirque? Interrogea Nnoitra avec sa politesse coutumière alors qu'il dégageait une de ses mèches trempées.

- C'est un rite coutumier pour nous purifier. Je suis désolé mais vous allez devoir vous pliez aux règles de notre temple. C'est primordial.

Quand vint son tour, Grimmjow ressentit une certaine gêne mais il ne le montra pas.

Quand ils eurent terminés, le brun les emmena directement vers un immense bâtiment derrière lequel s'en trouvait un plus grand encore, les deux reliés par une allée clôturée et couverte. Les trois hommes ne purent s'attarder guère longtemps sur leur observation des lieux mais si il y avait bien une chose sur laquelle ils étaient d'accord sans même avoir à se concerter, c'était de la beauté et de la sérénité dont étaient imprégnés les lieux.

Ils s'engagèrent à l'intérieur du premier temple, durent ôter leur chaussure et se firent salués par un nombre incroyable de personnes, certains portant le même uniforme bleu nuit de Kyoraku, d'autres de simples kimonos aux motifs divers et variés.

Après avoir traverser un nombre incalculable de couloir et traverser l'allée qui reliaient les deux temples, ils s'arrêtèrent finalement devant deux gigantesques panneaux de bois coulissant gardés par deux hommes équipés de lance. Kyoraku s'agenouilla et Grimmjow, Nnoitra et Urahara comprirent qu'ils se devaient de faire de même.

Les gardes se penchèrent et firent coulisser les portes révélant à leur yeux une immense pièce dont le sol était recouvert de ce qui ressemblait à du parquet, un bois brillant d'un marron foncée. Des bougies et des lanternes étaient disposés symétriquement de part et d'autres de la pièce, des statues d'or, des tapisseries et parchemins recouvrant les murs. Au centre de la pièce, des hommes et des femmes formaient deux lignes parfaites à la verticale au bout duquel se trouvait dans une sorte de renfoncement une personne dont le visage restait dissimulé dans l'ombre de rideaux épais suspendus au plafond.

Ils s'avancèrent, toujours à genoux - difficilement pour Grimmjow, Nnoitra et Urahara mais ils y parvinrent - jusqu'à cette personne, à la limite des deux rangées humaines qui les entouraient.

Grimmjow comprit sans même le demander, ni même relever les yeux que cette personne devait être leur chef. Il avait vu une telle déférence dans les yeux de ces hommes et de ces femmes!

Quand ils furent autorisés à se relever tout en restant assis, Grimmjow remarqua la présence de deux personnes de chaque côté de celui qui leur était inconnu. Eux aussi dissimulés dans l'ombre. Grimmjow inspira quand une voix s'éleva finalement et il se figea. Une voix claire et chaude qu'il ne connaissait que très bien pour avoir hanter chacune de ses nuits. Une voix qui faisait écho à celle de son rêve. Une voix qu'il avait cru imaginaire et qui pourtant résonnait en ces lieux avec la même puissance qu'il lui connaissait. Dans un bruissement de tissu, l'inconnu se leva, révélant à la lumière des chandelles ses yeux d'un ambre doré ainsi que ses cheveux d'un roux fauve qui descendait sensuellement sur sa nuque tandis que sur ses lèvres, se dessinait un sourire alors qu'il fixait Grimmjow.

- J'attendais votre venue...

~OO~OO~
J'ai tant espéré être avec toi
Pour rire de nos erreurs
Pleurer de notre solitude
Et de notre amertume
Sans corde, sans chaîne, ni lien...
~OO~OO~

... à suivre


À très bientôt pour le deuxième chapitre. Pour ceux qui suivent CrossRoad, le prochain arrivera avec un peu de retard vu que je veux avancer cette fic là pour voir ce que ça donne.
J'espère en tout cas que ça vous a plu. Ciao ~