Mathieu dormait dans son lit, seul. Comme ces derniers mois. Depuis que sa copine l'avait quitté, il vagabondait, déprimait. Il buvait tasse de café sur tasse de café. D'après lui, ça le "soulageait". Ça l'énervait plus qu'autre chose mais il ne voulait pas l'avouer.
En fait, si il dormait, s'était tout simplement pour dé-saouler. Tout les soirs il traînait dans les bars, se prenait des cuites pas possible. Il ne se rappelait jamais comment il arrivait dans son lit. Peu importe, cela faisait 3 mois que ce rythme lui bousillait la vie.
Antoine était allongé dans son lit et fixait le plafond, une main repliée sous la tête. Quand allait-il arrêter de se bourrer la gueule en solo, dans sa chambre ? Ses amis le forçaient à sortir, mais il refusait gentiment, prétextant le boulot qu'il avait à faire. Mais si il mentait, c'était dans l'un des but d'aider son meilleur ami. Comment ne pas aider Mathieu ? Il était dans une si mauvaise phase, tellement déprimé, au fond du gouffre. Il avait besoin d'une compagnie sûre, qui veillerai sur lui.
Et tout les soirs après avoir ramené Mathieu dans son appartement, il repartait chez lui, montait dans sa chambre équipé d'une bouteille de Vodka. Il voulait rappeler son ex, mais renonçait toujours au dernier moment. Elle aussi l'avait quitté il y a quelques mois. Et comme son ami, il n'arrivait pas vraiment à s'en remettre.
Et tout les soirs, bourré, il lui envoyait des messages.
Et tout les soirs il s'endormait déprimé et sans réponses.
Mathieu ouvrit les yeux, accompagné d'un mal de tête terrible. Il resta une bonne demi heure couché, en essayant de se rappeler la soirée de la veille. Mais c'était exactement le même schéma que les autres jours : descente au bar, descente d'alcool, trou noir et réveil comateux.
Il regarda l'heure sur son portable. 15h20. Ah d'accord...
Antoine s'était réveillé plus tôt mais dans le même état. Il avait déjà commencé sa journée , l'air grincheux. Il songeait à faire son prochain épisode, mais il n'avait pas trop le cœur à raconter des conneries.
En tournant la tête pour chercher son portable, il aperçu une des photos de son ex. Il avait envie d'en parler, pour une fois. Mais personne ne pouvait l'aider pour l'instant. Il réfléchit un petit moment avant de composer le numéro.
" - Allô Mathieu ?
- Oui ? fit l'autre en marmonnant
- On peut se voir cet après-midi ?
- Oui si tu veux."
Mathieu se servit une bière. Une deuxième. Une troisième. Il pleurait doucement.
Comme Antoine connaissait le code de l'appartement, il était directement monté jusqu'à la porte de son ami, et sonna.
Sur son canapé, une canette de bière vide à la main, le jeune homme prit la direction de la porte, et l'ouvrit dans un petit grincement.
Il se regardèrent quelques secondes, et ils tombèrent dans les bras l'un de l'autre. Mathieu pleurait un peu plus et Antoine ne savait plus quoi dire. Son ami paraissait beaucoup plus souffrir que lui.
" - Je vais me saouler avec toi" dit le plus grand, visiblement avancer dans sa démarche.
Il était sept heures du soir. Et ils étaient bourrés, mais calmes. Ils étaient allongés au sol.
" - Je sais même plus si je l'aime ou pas... lâcha Mathieu, les yeux fixés sur le plafond.
- Pourquoi tu ne sais plus ? interrogea Antoine, qui sirotait encore une bière.
- Tout les soirs je suis bourré, toute la journée j'essaie de penser à autre chose. Je ne me pose même plus la question de savoir si elle me manque ou pas.
- Bien sûr qu'elle te manque, sinon pourquoi tu te foutrais dans cet état ? C'est pas pour rien, crois moi.
- Tu souffres aussi. Pourquoi ? demanda Mathieu en se tournant vers son meilleur ami.
- Je suis perdu autant que toi... Mais il y a des moments ou j'ai vraiment envie de passer à autre chose.
- Je comprends pas... souffla Mathieu.
- Mec, elle m'a largué, laissa tomber Antoine, qui reposait sa canette au sol.
- Putain, mais pourquoi tu ne me l'a pas dis ?!
- Parce que je finis dans le même état que toi chaque soir, ça servait à rien de te le dire."
Ils se regardaient longuement, les yeux explosés par l'alcool.
" - Je veux l'oublier, chuchota Mathieu.
- Moi aussi, répondit l'autre. Je vais tout faire pour."
Instantanément, ils reposèrent leurs têtes sur le sol, et arrêtèrent de boire. Vers 2h du matin, aucun ne dormaient, et ils discutaient depuis deux bonnes heures, mais ils n'avaient toujours pas évacué le taux d'alcool.
" - Tu sais que tout le monde nous imagine ensemble, dit Antoine sans le regarder.
- Oui, d'ailleurs beaucoup de personnes de mon entourage m'a dit qu'on allait bien ensemble, répondit Mathieu en jetant un coup d'œil vers le grand.
- On est beaux gosses en même temps!" rigola ce dernier.
Mathieu ne répondit pas. Il le regardait intensément.
