Ce jour-là, je me souviens que ma mémoire m'avait joué un tour.

Cela paraissait dérisoire, voire insensé. Pourtant ce fut bel et bien le cas.

Je me souviens, ce jour d'été, ce jour estival qui m'intéressait peu où le ciel épuré était régi de bleu, sans une once de tache blanche nuageuse pour affecter sa beauté ensoleillée.

Son visage m'était familier, cependant, sa beauté enchanteresse ne m'avait frappé que ce jour précis. Était-ce le halo doré d'un soleil espiègle illuminant son corps qui me faisait délirer ? Ou étais-je aveugle au point de n'avoir su admirer la femme qu'elle était avant ce jour ?

Je l'avais suivi du regard, fasciné par la manière dont elle s'élançait parmi la foule, avec la grâce et la finesse d'une chatte gracile, et le tempérament d'une tigresse effarouchée.

Une robe blanche très sage lui seyait de la façon la plus merveilleuse qui puisse exister, marquant ma mémoire au fer rouge. Le tissu épousait avec délice les courbes de son corps comme une seconde peau en satin, caressant ses chevilles à chacun de ses pas. Sa tenue immaculée laissait découvrir ses épaules frêles mais pourtant sensuelles.

Je me souviens du jeu de lumière dans son regard où mer et ciel se rejoignaient pour s'accorder en harmonie. Ses pommettes saillantes étaient légèrement rosies par la chaleur ambiante et une légère goutte effleurait en douceur sa tempe pour se glisser le long de sa joue délicate. Un sourire lumineux fleurissait sur ses lèvres brillantes - laquées d'un gloss que j'imaginais à la cerise - à en faire pâlir de jalousie le soleil lui-même. Sourire adressé au monde, à toutes les personnes susceptibles de contempler sa beauté foudroyante.

Sa peau laiteuse paraissait plus douce que la fourrure d'une biche et l'idée d'aller vérifier par moi-même me tiraillait de l'intérieur. Alléchante tentation à laquelle je m'étais abstenu de capituler et ce, même si les effluves de son parfum flattaient agréablement mon odorat. Un arôme de vanille et une subtile touche de camomille que je ne saurais oublier.

Je me souviens de son ondoyante chevelure, comparable à de la soie blanche ; brillante de mille éclats sous les reflets incandescents du soleil. Elle caressait son visage délicat, tandis que le coup paresseux du vent soulevait de temps à autre quelques mèches de ses cheveux. Mes doigts avaient réprimé l'irrépressible envie de s'y plonger afin d'en connaître la véritable texture.

Mes souvenirs s'étaient embellis au son du timbre gracieux de sa voix lorsqu'elle avait pris la parole et je me souviens que son rire si merveilleux ne lui avait ajouté que plus de charme.

La regarder était délice et une torture à la fois, ne faisant que souligner l'aspect significatif de sa personnalité ; tantôt ange, tantôt démon.

Je me souviens n'avoir guère résisté plus longtemps à cette attraction, m'approchant doucement de la délicieuse créature afin de lui saisir une main que je baisa avec toute la douceur qu'elle méritait pour avoir su attirer mon attention.

Je me souviens de la surprise que j'avais déchiffrée sur ses traits délicats, suivi d'un sourire qu'elle m'avait retourné alors que j'inclinais respectueusement mon chapeau en sa direction en signe d'au revoir.

Un simple contact que je ne pourrais jamais oublier.

Que de souvenir.

Sans conteste, le visage souriant de Mirajane Strauss fut le plus beau à jamais gravé dans ma mémoire.