PDV Lana
La solitude n'a jamais été mon fort. Je veux dire, oui d'accord, ça a été le cas pendant mes jeunes années de pré-adolescente faussement rebelle mais… comme dit, c'est le passé tout ça. C'était les années où je pensais que ma vie se résumait à ça : la solitude. Je ne me sentais pas à ma place dans ma famille à l'époque mais les choses ont changé depuis. Maintenant, ma famille est à plus de 2700 km de moi et mon cercle d'amis n'est pas non plus vraiment centré à New-York donc… la solitude est ma nouvelle meilleure ennemie.
Seule, je repense à toutes les conneries que j'ai fait. C'est plus simple de travailler et travailler encore, ça évite de trop penser à ce qu'on a fait de travers. Mais, une fois seule dans mon appartement vide, je réalise alors que j'aurais peut-être dû faire plus d'effort. Tout autour de moi me rappelle que je suis venue ici pour une raison, une seule : Jennifer Jauregui. Et elle n'est même plus là maintenant. Elle s'en est allée un beau matin, prétextant ne plus pouvoir prétendre. Je ne savais même pas qu'elle prétendait. Je ne savais pas qu'elle m'en voulait. J'ai été plus que surprise quand je me suis réveillée un matin et que soudainement ma vie n'avait plus aucun sens.
Jennifer a été la raison pour laquelle j'ai préféré New-York à Los Angeles. Elle m'a aidé à me trouver une place ici, elle m'a aidé à réaliser un rêve que j'avais ignoré pendant longtemps.
Si je me retrouve ici aujourd'hui à être une collaboratrice officielle de Brad Goreski, à être un nom récurrent dans le milieu de la mode, à habiller un nombre toujours plus grandissant de célébrité, c'est parce qu'elle m'a montré le chemin. Sauf que ça paraît dérisoire maintenant tout ça. Sans elle, ça n'a plus aucun sens. Mais je prétend. Chaque jour je fais comme si je ne regrettais rien, comme si j'étais passée à autre chose et ça marche. La plupart du temps en tout cas. La vérité est toute autre. Il est très difficile d'oublier qu'on a perdu notre premier tout. Parfois, trop souvent, quand je n'arrive pas à fermer l'œil à cause du silence assourdissant que m'enveloppe, je repense à tous ces moments.
La première fois où elle est partie, me détruisant au point que j'en détruise les personnes autour de moi pour me sentir mieux.
La première fois où elle est revenue, me montrant que je n'ai pas besoin de tout ça, pas besoin d'elle parce qu'il y a tellement plus dans ce monde et qu'il ne faut pas que je me laisse porter mais que je me batte.
La première fois où elle m'a embrassé, un des pires et des meilleurs jours de ma vie, le moment où j'ai failli tout perdre mais où elle a été là pour me montrer qu'il n'était pas trop tard pour tout avoir.
La seconde fois où elle est partie, mettant fin à un rêve mais laissant la porte ouverte à l'espoir.
La seconde fois où elle est revenue, remettant tout en question encore une fois, parce que c'est sa spécialité.
La première fois où on a fait l'amour, nouveau, tentant et excitant, suivi de son premier « je t'aime » qui m'a porté bien plus haut que tout ce qu'il y avait eu avant ça.
Et puis la dernière dispute, celle qui a tout gâché, celle qui n'avait même pas lieu d'être parce que Jennifer avait toujours été plus importante que tout.
Mais elle en avait douté et je n'ai pas su la rassurer. Je n'ai pas su lui faire voir à quel point je tenais à elle, qu'elle n'avait rien à craindre parce que personne ne pourrait jamais la remplacer. Au final elle n'aura été qu'une histoire inachevée dont je ne connaîtrais jamais la fin. Parce que la façon dont ça s'est terminé n'est pas une fin acceptable. Elle a fuit sans nous permettre de boucler la boucle.
J'ai essayé de passer à autre chose, vraiment. Mais ça n'a jamais été pareil et ça ne le sera sans doute jamais. Je ne suis juste pas encore prête à l'admettre. Et puis je suis trop jeune pour vouloir quelque chose de sérieux. Je n'ai que 23 ans et, même si ma carrière laisserait croire le contraire, je ne suis pas prête à être une adulte à proprement parler. Je peux encore me permettre d'être insouciante et j'en profite pleinement.
Encore une fois, les souvenirs d'un temps meilleur me reviennent en tête et je me serais laissée complètement envahir si je n'avais pas eu un appel au même moment. Je prends alors mon portable en main et je me décide à décrocher parce que, peu importe à quel point on est adulte, on redevient toujours des enfants quand il s'agit de nos parents.
Moi : Hola Mama.
Selena : ¿Todo está bien, Lana?
Je ne peux m'empêcher de sourire pour la première fois de la journée. Entendre ma mère me parler espagnol ça me rappelle la maison, ça me rappelle un temps où ça allait encore, un temps où je n'étais ni garce, ni déprimée. J'ai peut-être mis du temps à me mettre à l'espagnol, toujours et encore cette période de 'rébellion', mais je l'utilise énormément depuis quelques années. Surtout quand je suis énervée maintenant que j'y pense.
Moi : Tout va bien.
Selena : Ça n'en a pas l'air.
Moi : Un petit coup de nostalgie, rien de plus.
Selena : Très bien. Je vais faire semblant de te croire au moins jusqu'à ce qu'on arrive à New-York et là je te ferais cracher le morceau. N'oublie pas, jeune fille, que je suis toujours capable de déterminer quand tu mens.
Moi : (sourire) Même par téléphone ?
Selena : C'est un super-pouvoir de maman.
Moi : Ok disons. Je dois donc m'attendre à ce que vous veniez investir mon appartement pendant le Jingle Ball ?
Selena : Ou… tu pourrais venir avec ?
Immédiatement des alarmes se mettent en marche dans ma tête et je ne comprends pas très bien pourquoi, vue que je donnerais n'importe quoi pour passer un peu de temps avec mes mères, jusqu'à ce que je me souvienne de l'affiche de promotion que j'avais vu. Les Fifth Harmony seront là-bas et si Camren sont aussi persuasives que ma mère, ce dont je ne doute pas, la conclusion à laquelle j'arrive me refroidit un peu.
Selena : Lana, tu m'écoutes ?
J'adore ma mère hein. Elle est super et pas trop envahissante mais là, pour une fois qu'elle me demande quelque chose, il faut que ce soit l'insurmontable. Il faut que ce soit ça.
Moi : Oui Mama.
Selena : Donc tu viendras ?
Moi : Je t'ai déjà envoyé ta robe, je n'ai aucune raison de venir.
Demi : Sympa pour nous ! Tu ne veux même pas nous voir ?
Moi : Bonsoir Maman.
Demi : Bonsoir fille indigne.
Moi : Hey ! Je proteste !
Selena : Tout ce qu'on veut c'est un week-end avec toi Lana. Ça fait des mois qu'on ne s'est pas vues. S'il te plait ?
Moi : (soupire) On parle du Jingle Ball là.
Selena : Et donc ?
Moi : Je sais que Fifth Harmony sera là. Qui dit Fifth Harmony, dit Camren, dit Jennifer. Je ne veux pas prendre le risque de la croiser.
Demi : Ah, il est donc question de sentiments.
Moi : Oui, de haine, de déception, de…
Demi : Regret ?
Moi : Pas du tout. J'ai fait des choix et je ne les regrette pas.
Selena : Alors viens.
Demi : C'est vrai quoi ! T'es une Lovato ! Tu vas venir et bien faire voir à Mlle Jauregui ce qu'elle a raté en plaquant ma fille. ¿Entiende?
Moi : (soupire) Tienes razón. Je vais venir… et j'ai déjà la tenue parfaite en tête. De quoi lui faire regretter de ne pas être restée.
Demi : Voilà ce que j'aime entendre, la digne fille de Delena !
Moi : Exactement. Passez à l'appart dès que vous êtes sur New-York, moi j'ai un nouveau projet à terminer au plus vite.
Je raccroche rapidement après avoir salué correctement mes parents et je fouille dans mon tas de croquis. Je vous rassure, je suis très bien organisée… sauf en ce qui concerne mes croquis. Mais aussi, ce n'est qu'un tas de brouillon, comment voulez-vous que j'organise un tas de brouillon ? Genre une pile « je les ferais peut-être un jour » et une autre « ça n'arrivera jamais » ? Merde ! Je vais bien finir par mettre la main sur ce que je… Ah ! La voilà ! La tenue parfaite.
Ellipse…
Mon temps de congé tombe à pic et me permet de me concentrer uniquement sur ma tenue pour le Jingle Ball. Ma mère a raison, je vais montrer à Jennifer ce qu'elle a perdu en claquant la porte de notre appartement i ans. Mais, apparemment, être en vacances signifie aussi être sollicitée plus que d'ordinaire puisque des coups sont frappés à ma porte. Je vais tout de même ouvrir, jugeant qu'une petite pause ne me fera pas de mal, et je suis loin de regretter ma décision quand je vois qui se tient derrière la porte.
Moi : (sourire) Kara !
Kara : (idem) Hey !
Je viens immédiatement la prendre dans mes bras sans même lui laisser le temps de rentrer correctement dans mon appartement. Kara a été ma première cliente quand j'ai commencé à bosser comme stagiaire pour Brad. Elle-même venait à peine de commencer sa carrière et venait se faire habiller pour son premier tapis rouge. Je ne sais plus trop comment on en est arrivées là mais à force de passer du temps ensemble on a fini par vraiment bien s'entendre. Au fil des mois Kara venait exclusivement se faire habiller par moi et notre amitié s'est développée à partir de là je suppose. Ça a d'ailleurs été l'une des causes de cette dispute avec Jennifer. Mon rapprochement avec Kara ne lui a que moyennement plu. Je ne comprends pas pourquoi. Juste parce que Kara serait, et je cite, 'totalement mon genre'. Alors, ok, elle est blonde et ses yeux bleus sont aussi clairs que ne l'était le vert de Jennifer. Mais la ressemblance s'arrête là et je maintiens mes positions ! Peu importe ce que les gens autour de moi en disent.
Une fois que je me défais de notre étreinte, j'invite Kara à entrer et je referme la porte derrière elle. Je suis extrêmement contente de la voir, sachant qu'elle passe la plupart de son temps à Vancouver et que ses visites sont de plus en plus espacées.
Moi : Je croyais que tu ne revenais que la semaine prochaine.
Kara : Le tournage a pris moins de temps que prévu. Et je croyais que tu avais fini toutes les tenues qui t'avaient été commandées.
Moi : Celle-ci est pour moi. Pour le Jingle Ball.
Kara : Tu vas y aller ?
Sa surprise se comprend. Je ne suis pas du genre tapis rouge généralement, je les évite le plus possible. Sachant qu'en plus cette fois il est clair qu'il y a 70 à 80 % de chance que Jennifer y soit aussi… ma décision peut paraître saugrenue.
Moi : Je sais ce que tu vas dire…
Kara : Que c'est une mauvaise ? Du suicide ? Que rien de bon ne va en sortir ? Non parce que tu dois vraiment être masochiste pour t'imposer de la revoir.
Moi : D'accord, il est possible qu'elle soit là-bas mais…
Kara : (me coupe) Elle y sera. C'est le grand retour de ses parents cette année et tu crois sérieusement qu'elle va regarder ça à distance ?
Moi : Je ne vais pas arranger ma vie en fonction d'elle. Et si je la croise, ça fera quoi ? Rien du tout, parce que je n'ai plus de sentiments pour elle.
Kara : C'est ça, et moi je suis Supergirl.
Moi : Eh bien, techniquement…
Kara : Ok, tu sais quoi ? Oublie. Je n'ai pas à te dire quoi faire, où et comment. Tu es une adulte et, si ça finit aussi mal que je le suppose, je serais de toute façon là pour recoller les morceaux… encore une fois.
Moi : Exactement.
Kara : Mais si le but est de la faire baver… Je crois que tu es sur le bonne voie avec cette tenue.
Moi : (sourire) Merci.
Le soir du Jingle Ball…
PDV Kara
J'aime me retrouver dans mon appartement de New-York. Je n'ai jamais vraiment eu un endroit qui soit entièrement à moi. Être orpheline n'aide pas vraiment à trouver sa place et je n'ai jamais eu suffisamment de chance pour être adoptée. J'ai connu plusieurs maison, plusieurs « familles » et plusieurs « parents » qui n'ont jamais été les miens. Je n'ai gardé contact qu'avec une seule famille, Jordan et Mia Potts. Et encore, c'est parce que leur fille, Chyler, est mon manager maintenant. L'histoire est assez compliqué en fait. A mes 16 ans, je me suis immédiatement émancipée afin de ne plus avoir à subir de nouvelle famille et j'ai rencontré Chyler à ce moment-là. Elle était déjà à l'université, fiancée à Scott mais toujours dans sa ville de naissance, à Charlotte en Caroline du Nord. Elle m'a présenté à ses parents et ils m'ont aidé, tout comme elle, à me frayer un chemin dans le monde du cinéma. Si j'en suis ici aujourd'hui, à avoir de plus en plus de reconnaissance pour mon jeu d'actrice, c'est grâce à Chyler. C'est parce qu'elle m'a aidé et a cru en moi dès le début. Aujourd'hui, je suis sa seule cliente. Si elle s'est lancée dans le management, c'est uniquement pour moi. Je ne vais pas m'en plaindre, je n'aurais probablement pas tenu jusqu'ici sans elle.
En tout cas, aujourd'hui pour la première fois, je me sens à ma place. J'ai un appartement dans une ville qui me plaît, que j'ai choisi. J'ai un cercle d'amis certes restreint mais je sais que je peux compter sur chacun d'eux et c'est plus que je n'aurais jamais espérer avoir. Et, par-dessus tout ça, j'ai le temps et la liberté de faire ce que je veux. Ce qui résulte en un visionnage de vidéos sur YouTube. Des vidéos de danse. Parce que je danse. Ouais, très crédible… Bon d'accord, je n'ai peut-être pas la grâce nécessaire pour danser. Si j'étais tout à fait honnête je vous avouerais que je suis très certainement la personne la plus maladroite que vous n'ayez jamais rencontré. Je ne sais pas danser, c'est ça la vérité. Mais j'aime regarder. Ou, en tout cas, j'aime regarder une certaine danseuse. Lucy Prescott.
Je ne la connaissais pas du tout il y a encore quelques années. En fait, la première fois que je l'ai vu c'était dans l'atelier de Lana. Elle y garde des photos de chacune de ses créations et Lucy avait été une de ses clientes. J'ai vu la photo, j'ai vu la robe et j'ai vu Lucy. Ou, pour être plus exacte, je suis instantanément tombée amoureuse d'elle. De manière tout à fait platonique. Enfin non, disons plutôt que je suis tombée amoureuse de son apparence. Mais, depuis le temps, j'ai fait des recherches. Le fait que Lucy soit une des danseuses professionnelles sur Danse Avec Les Stars aide probablement. Quand l'émission est diffusée, j'ai la garantie de la voir chaque semaine, d'avoir des postes récents sur son Instagram voire quelques interviews. Et ça me suffit, de vivre une passion obsessionnelle pour elle à distance.
Le pire c'est que Lana a toujours des contacts avec Lucy. Elle me rappelle même constamment que je pourrais facilement aller lui parler. J'ai beau ne pas être terriblement connue, apparemment Lucy saurait qui je suis. Bon, et donc ? Est-ce que ça veut dire que j'aurais une chance avec elle ? Non, et je peux d'ores et déjà affirmer que ça ne marchera pas. J'ai un passé trop lourd, trop de séquelles à réparer. Qui voudrait s'encombrer avec autant de bagages ? Je ne veux pas prendre ce risque, ni avec Lucy ni avec qui que ce soit.
J'en suis donc réduite à vivre ma passion en silence, à regarder ses performances en boucle et à stalker son Instagram. Elle danse merveilleusement bien. Je n'y connais rien en danse mais j'ai l'impression qu'elle me raconte une histoire à chaque fois et ça suffit à me couper le souffle. Et Lucy est magnifique en toute occasion, ce qui aide.
Je suis peut-être pathétique, mais je m'en fiche.
PDV Lana
Je viens d'arriver et je remarque immédiatement que les Fifth Harmony sont là mais pas de trace de Jennifer… ni de mes parents pour l'instant donc je m'avance vers le groupe et je vais les saluer. Peu importe à quel point j'en veux à Jennifer, je n'ai jamais rien eu contre Camila et Lauren ni le reste du groupe. Ally est littéralement trop adorable pour qu'on lui en veuille -un peu comme une version Mexicaine de Kara maintenant que j'y pense-, Normani a toujours été ma favorite -mais ça reste entre nous- principalement parce qu'elle a un sens de la mode particulièrement excellent et Dinah… Dinah est juste hilarante. Je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de passer beaucoup de temps avec elles mais elles ont quelque chose de rassurant. Je ne saurais me l'expliquer.
Après les avoir saluer à tour de rôle et entretenue une conversation mondaine, je vois enfin mes parents arriver. Je m'excuse auprès de Fifth Harmony et je vais les rejoindre. Je les prends rapidement dans mes bras, très heureuse de les revoir. Je ne m'en rend jamais compte mais elles me manquent terriblement.
Moi : Très jolie robe Mama.
Selena : Auto-flatterie ? (regarde Demi) Ouais, c'est bien la tienne.
Demi : Hey ! C'était obligé ?
Selena : Oui.
Moi : Suis-je la seule à être venue ?
Demi : Ethan ne devrait plus tarder.
Moi : Avec Juliette ?
Selena : Évite de prononcer son nom quand ton frère est dans les parages.
Moi : Oh non… Ils ont rompu ? (elle acquiesce) Et pour Noah ? Comment il va faire pour le voir ?
Selena : Ils s'arrangeront je suppose.
Moi : Pourquoi ils se sont séparés ? La seule raison pour laquelle Ethan n'a pas pris la grosse tête c'est grâce à Juliette.
Demi : Il a été transféré en Angleterre et elle ne voulait pas le suivre là-bas.
Moi : (soupire) Et un de plus. Dites-moi qu'au moins Trent' et Kayla viendront. Ensemble.
Demi : Ils sont sur le devant de la scène eux. Shane ne viendra pas par contre, elle est coincée à Rome.
Moi : Oh mon Dieu, quelle horreur. Je la plains.
Selena : (sourire) Charrie autant que tu veux, on sait que tu es jalouse.
Moi : Juste un peu.
Ma mère s'excuse alors, prétextant devoir aller saluer une ancienne connaissance. Je me retrouve donc seule avec mon autre mère et je sais déjà quel sujet de conversation elle va aborder maintenant qu'on est que nous deux. Et ça ne rate pas.
Demi : Je crois que ta tenue remplie son rôle.
Moi : T'es obligée de dire ça, t'es ma mère.
Demi : Pas faux, mais je ne fais que dire la vérité.
Moi : Merci.
Demi : Je suppose que je dois te remercier aussi.
Moi : Pour quoi ?
Demi : Ce décolleté diabolique que tu as foutu sur la robe de ta mère. C'est horrible comme torture, je te remercie.
Moi : (sourire) C'était un plaisir.
Demi : Combien elle t'a payé pour ça ?
Moi : Rien, c'est ta tête la récompense et j'avoue que ça en valait le coup.
Demi : Je ne vais pas relever. A la place, je vais te faire remarquer que quelqu'un vient d'arriver.
Comme elle regarde vers la porte, j'en fais de même et je vois que Jen vient d'arriver. Ok Lana, respire. Ce n'est qu'une putain de robe bleu ultra moulante et pas assez longue et… Attends. Est-ce qu'elle porte vraiment la même couleur que moi ? N'y pense pas pour l'instant, focalise-toi sur… sur le sarcasme. Ouais, voilà, ça marche toujours ça, surtout sur elle.
Moi : Toujours en retard, Mlle Jauregui.
Jennifer : (froide) C'est Morrison, maintenant.
Ne lui montre pas que ça t'atteint. Ne lui montre pas que ça t'atteint. Ne lui montre pas que ça t'atteint. Ne lui montre pas… Morrison ?! Elle est mariée ? Depuis quand ? Qui ? Quoi ? Non mais je m'en fous en vrai ! Qu'elle vive sa vie et aille se marier avec la première cruche venue… Non, ça, ça ne m'aide pas dans ma cause « je ne suis plus amoureuse de Jennifer Jauregui. » Morrison…
Demi : Tu l'aimes toujours.
Moi : Non.
Demi : Vous êtes assorties.
Moi : Et donc ? Le bleu roi est la couleur de l'année.
Demi : Qui a dit ça ?
Moi : Moi, en interview dans The View.
Demi : Donc, elle porte la couleur que tu as décrété être celle de l'année.
Moi : Ou c'est un simple hasard.
Demi : Non, vous êtes des âmes sœurs, évidemment que vous avez les mêmes idées.
Moi : La belle affaire. J'ai décidé de porter un blaser du même bleu que sa robe. Appelez le curé, je crois qu'il est temps d'annoncer le mariage. Oh non attends, c'est vrai ! Elle est déjà mariée !
Je décide de m'éloigner de ma mère, de toute façon elle va bien finir par aller saluer Jen. C'est toujours « la sauveuse » aux yeux de mes parents, pas étonnant qu'elles veuillent me revoir avec elle. Sauf que ça n'arrivera jamais parce que, à défaut de me répéter, elle est déjà mariée ! Avec cette… cette… Bordel ! Elle n'aurait pas pu se trouver une nana laide ou vulgaire ou stupide ? Non il a fallu qu'elle me ramène une putain de bombe sexuelle qui doit faire 4 fois ma taille ! Bon, j'exagère mais l'intention est là. Je me détourne mais continue de les observer du coin de l'œil et je vois la brune chuchoter à l'oreille de la blonde. Ignores-les Lana, juste ignores-les.
? : Alors c'est toi Lana ?
C'était bien utile de mettre tellement d'efforts à ne pas les calculer si elle se décide à venir me parler. Qu'est-ce qu'elle me veut déjà ? Elle n'a pas suffisamment gagné ? Pourquoi voudrait-elle venir me faire chier alors que je ne suis personne. Ok je suis sortie avec Jen i ans mais ça ne veut rien dire !
Moi : Tout dépend qui demande.
? : Olivia. Je suis venue avec…
Moi : (la coupe) Je sais avec qui vous êtes venue et c'est justement ça qui m'interpelle. Jolie bague d'ailleurs.
Olivia : Merci. Mais je ne venais pas pour ça. Non, en fait, je me demandais ce que ça faisait.
Moi : De quoi ?
Olivia : De perdre. D'après Jen, tu es une gagnante alors je me demandais ce que ça faisait de finalement perdre alors que ce mot ne faisait jamais parti de ton vocabulaire avant.
Moi : Je n'ai rien perdu, au contraire.
Olivia : Je vais faire comme si j'y croyais.
Moi : (m'approche d'elle) Mettons les choses au clair Olivia. Je n'en ai rien à faire que Jennifer soit mariée et je n'en ai rien à faire que vous soyez « l'heureuse élue ». Elle et moi, c'était i ans et ça s'est fini suffisamment mal pour qu'à présent cette histoire me passe complètement au-dessus alors rentrez-vous ça dans la tête. Je n'en ai plus rien à faire d'elle.
Jennifer : (arrive) Ouch, ça, ça fait mal.
Moi : Je me fiche complètement d'avoir blesser votre ego Mme Morrison.
Jennifer : Je vois que les années n'ont en rien entaché votre répartie Mademoiselle Lovato.
Olivia : Whao ! Stop, pause ! Je me permets d'intervenir. (à Jen) Tu as bien dit Lovato ?
Jennifer : Euh… Oui ?
Olivia : Comme dans Lana Lovato ? La Lana Lovato ? Plus jeune finaliste des E-Fashion Awards ?
Moi : Je vois que vous avez fait vos devoirs.
Olivia : (à Jen) Tu as peut-être légèrement oublié de me mentionner ce détail Jen.
Moi : Peur de la soudaine compétition ?
Olivia : Quelle compétition ? J'ai déjà gagné.
Jennifer : Ok, Lana, je dois te parler et Olivia, rejoins Meghan. Tout de suite.
Moi : Je ne suis pas à tes ordres Jen.
Jennifer : S'il te plait ?
Elle m'énerve à avoir toujours autant de pouvoir sur moi. Ne lui dites pas hein ? Mais c'est à cause de ses putains de yeux verts ! Et son sourire… Reste calme Lana. Prends un air terriblement neutre, genre homme politique, et ne te laisse pas avoir par ses magnifiques… « magnifiques » rien du tout oui !
Moi : (soupire) Très bien, je te suis dans ce cas.
Elle sort alors de la pièce où on se trouvait toutes et me conduit à l'extérieur où j'attends patiemment qu'elle se décide à prendre la parole. Je ne vois vraiment pas ce que j'aurais pu faire de mal en vrai. Je discutais tranquillement et c'est elle qui est intervenue. Je n'ai rien demandé moi ! Elle aurait pu rester à l'écart aussi !
Jennifer : Écoute, je suis désolée si elle a…
Moi : (la coupe) Tout va bien Jennifer. J'ai fait face à pire dans ma vie qu'une femme jalouse, crois-moi.
Jennifer : Je ne voulais pas… C'est stupide cette histoire d'accord ? Toi et moi, on se connaît depuis toujours, nos parents sont toujours collés ensemble dès qu'elles se retrouvent au même endroit au même moment et on n'arrive même plus à se parler ! On était meilleures amies à une époque et je me disais que…
Moi : Meilleures amies ? Sois réaliste Jen, on n'a jamais été meilleures amies. On se tournait autour sans savoir quoi faire et on n'aurait jamais dû faire quoi que ce soit. De toute façon tu es mariée et je ne crois pas qu'Olivia soit le genre à accepter que l'ex de sa femme revienne dans sa vie. Je me trompe ?
Jennifer : Ce n'est pas ce que tu crois.
Moi : Je ne crois rien du tout.
Jennifer : Faisons comme si c'était le cas. Moi je crois que tu es jalouse.
Moi : (rire) Jalouse ? De qui ? Olivia ? (m'approche) Il faudrait que tu penses à calmer ton ego.
Jennifer : Venant de la part d'une Lovato je trouve la remarque légèrement déplacée.
Moi : Cette conversation est terminée et ce sera également la dernière. (m'éloigne) Au revoir Jennifer.
Jennifer : On dit « adieu » généralement quand on ne prévoit pas de revoir la personne en face.
Moi : Peu importe.
Jennifer : Tu sais, tout ça aurait pu être pour toi si tu y avais mis un peu plus de volonté.
Moi : (lui fais face) Parce que c'est de ma faute si notre couple a volé en éclat ?
Jennifer : Exactement. Toi et ton boulot plus important que tout.
Moi : Tu savais que j'aurais beaucoup de travail la première année et tu savais aussi que je ferais tout pour arriver au bout. Si tu n'étais pas prête à faire face, tu n'aurais jamais dû t'engager.
Jennifer : J'étais prête à faire face au monde mais il fallait que tu sois à mes côtés pour y arriver. Tout ça pour un boulot que je t'ai aidé à avoir.
Moi : J'aurais trouvé un autre moyen. Je suis une gagnante, comme l'a si bien fait remarquer ta femme, et je ne suis pas habituée à l'échec. Je n'avais pas besoin de toi pour arriver où j'en suis aujourd'hui, tu m'as simplement offert un raccourci.
Jennifer : Alors c'est ce que j'étais ? Un raccourci ?
Moi : Non Jen, tu sais exactement ce que tu étais pour moi et pourtant tu n'as pas hésité à me quitter. J'ai souffert autant que toi dans cette histoire je te signale !
Jennifer : Pourtant, tu ne t'es pas battue.
Moi : A quoi bon ?
Jennifer : Pour nous ! Pour tout ce qu'on a été et tout ce qu'on aurait pu être. (m'attrape par les bras) Tu as été ma première pour tout Lana. Mon premier amour, mon premier baiser, ma première fois, ma première peine de cœur… et je voulais que tu sois la première pour tout le reste aussi ! Je voulais passer ma vie entière avec toi, je voulais faire de toi ma femme, la mère de mes enfants ! Mais quand tu m'as clairement fait comprendre que ton boulot passait avant tout, j'ai vite compris que tu ne voulais rien de tout ça.
Moi : (murmure) C'est faux. (me racle la gorge) De toute façon, tu peux toujours faire tout ça avec Olivia.
Jennifer : J'aimerais qu'on mette les choses au clair. Tu as l'air de penser qu'elle et moi on est… ?
Moi : Je suis loin d'être stupide Mme Morrison.
Jennifer : Ok, le changement de nom c'était uniquement pour ma sécurité et celle de ma famille, c'est tout.
Moi : Oh.
Jennifer : Et Olivia n'est qu'une amie, ma meilleure amie, à Boston.
Moi : Elle avait une bague juste…
Jennifer : (me coupe) Attends, quoi ?! Une bague ? Elle est fiancée et elle ne m'a rien dit ?!
Moi : Vous avez un talent certain pour choisir vos meilleures amies Mlle Jauregui.
Jennifer : (sourire) Ah, le revoilà celui-là ! Avoue que ça t'avait manqué.
Moi : Pas du tout.
Jennifer : Je sais que tu mens.
Moi : Tu te trompes.
Jennifer : Donc, tu n'étais pas jalouse ?
Moi : J'aurais dû ?
Je ne sais pas à quoi elle joue mais je sais pertinemment qu'elle a quelque chose de pas très clair en tête. J'en ai la confirmation quand elle s'approche de moi, suffisamment lentement pour que j'ai le temps de bouger, ce que je ne fais pourtant pas. Elle s'arrête à quelques centimètres de moi, envahissant clairement mon espace personnel à un tel point que pendant quelques secondes j'ai cru qu'elle allait m'embrasser. Son regard glisse pendant quelques secondes vers mes lèvres avant qu'il ne revienne vers mes yeux.
Jennifer : Un petit jeu, ça te tente ?
Moi : Quel genre ?
Jennifer : Le genre « je te drague et si tu craques, tu perds ».
Moi : Deux peuvent jouées à ce jeu.
Jennifer : C'est un oui ?
Moi : Oh Jen, tu n'as aucune idée de quoi je suis capable.
Jennifer : Non ma jolie. C'est toi qui n'as aucune idée de quoi je suis capable.
Moi : Je suis née pour gagner.
Jennifer : Et je suis née pour te faire craquer. Je mise sur moi.
Moi : Que la bataille commence alors.
Et je la laisse plantée là parce que sinon mon effet aurait été gâcher. Je me promets de ne pas croiser ma mère histoire de ne pas avoir droit à l'habituel « je te l'avais bien dit ». J'ai encore des sentiments pour Jen, oui, mais je me promets de gagner ce petit jeu. Jennifer Jauregui, tu craqueras la première.
En tout cas j'essaye de me convaincre de l'exactitude de cette affirmation jusqu'à ce que je ne tienne plus. Il n'y a qu'une personne à qui je pourrais raconter tout ce qu'il vient de se passer sans être jugée pour ma faiblesse. Alors, je prends mon téléphone et l'appelle immédiatement.
Kara : Lana ? Tout va bien ?
Moi : Je crois que j'ai un problème.
Ellipse… 1/4 d'heure…
J'ai expliqué brièvement la situation à Kara par téléphone et elle m'a écouté patiemment jusqu'au bout. Elle m'a ensuite simplement dit qu'elle avait un plan et a raccroché sans rien expliquer. J'ai essayé de la recontacter mais je suis tombée directement sur sa messagerie. Je ne sais donc rien de son plan génial à part qu'il existe… quelque part dans sa tête. Mais je suis bien vite fixée quand je retourne voir mes parents pour les trouver avec elle. Oh, c'était donc ça son plan génial ? Me rejoindre ici ?
Moi : Kara !
Kara : (se retourne) Hey, te voilà.
Moi : Qu'est-ce que tu es venue faire ici ?
Kara : (sourire) T'aider à la faire craquer bien sûr.
Demi : Faire craquer qui ? Jen ?
Selena : Oh non, ne me dis pas que c'est ce que je pense ?!
Moi : C'est assez simple en fait. Et, quand on y pense, plutôt amusant.
Kara : Tu n'avais pas l'air amusée quand tu m'as appelé.
Moi : Ce n'est pas la question et tu es supposée être de mon côté Kara.
Kara : Mais je le suis. C'est d'ailleurs pour ça que je suis là maintenant.
Moi : Pour quoi exactement ?
Kara : Pour tirer sur la corde sensible de ta chère Jennifer bien sûr. Réfléchis, si elle croit que je suis ton genre, elle va réagir comment en me voyant ici à ton avis ?
Moi : (sourire) Je ne te connaissais pas encore aussi manipulatrice mais je dois bien avouer que ton plan se tient. Qu'est-ce que je dois faire ?
Kara : Être aussi bonne actrice que ta mère.
Selena et Demi : Merci. (se regardent) Elle parlait de moi !
Moi : Ok, voici notre signal pour s'éclipser.
Je prends alors la main de Kara et l'emmène un peu à l'écart, le but étant de repérer Jennifer, puisque c'est elle qu'on est sensées… piéger en quelque sorte.
Kara : (rire) Je t'ai déjà dit que j'adore tes parents ?
Moi : Au moins un milliard de fois.
Kara : Oh, n'exagère pas non plus. Non mais sérieusement, elles sont adorables !
Moi : Je sais.
Kara : Enfin passons. Il est plus que temps qu'on travaille sur ta romance épique et, justement, regarde qui voilà.
Je me tourne dans la direction où elle regarde et je vois, en effet, que Jennifer vient de refaire son apparition dans la pièce, immédiatement rejointe par Meghan et Olivia. Même en sachant qu'il n'y a rien entre les deux, bordel je suis terriblement jalouse d'Olivia. Par principe. Parce qu'elle est ultra sexy et moi-même je peux l'avouer. De manière tout à fait platonique évidemment.
Moi : Alors, qu'est-ce que je suis sensée faire ?
Kara : Contente-toi de me suivre.
Moi : Tu n'as rien prévu, pas vrai ?
Kara : Je pensais improviser. Tout à l'intuition.
Moi : Génial.
Elle se contente de me regarder avec un de ses sourires qui m'éblouissent toujours après tant d'années. Je vous jure qu'elle n'a besoin que de sourire pour me remonter le moral parfois. Elle a ce genre de pouvoir Kara. En l'occurrence, je suis déjà un peu plus rassurée. Kara est typiquement le genre de fille qu'on jalouse en silence parce qu'il est clairement impossible de lui en vouloir pour quelque chose de concret.
Moi : Je peux quasiment la sentir te démolir du regard.
Kara : Je suis presque certaine qu'elle me déteste à ce stade.
Moi : Je te l'ai déjà dit, c'est impossible de te détester. Chiot labrador, tu te souviens ?
Kara : Je ne comprends toujours pas comment cette comparaison t'es venue.
Comme pour prouver mes dires, elle penche légèrement sa tête sur la droite. Elle est tellement adorable quand elle est confuse que je ne peux pas m'empêcher de rire légèrement. Enfin, suffisamment fort pour être certaine que Jen l'entende.
Kara : Ah ! Le revoilà ton joli sourire ! (je rougis) Maintenant viens, (prend ma main) j'étais en pleine conversation avec ta mère avant que tu n'arrives et j'aimerais bien la finir maintenant qu'elle a décidé de lâcher les lèvres de ton autre mère.
Moi : (sourire) Je te suis.
Je tente alors un regard vers Jen qui est toujours fixée sur nous, l'air de vouloir étrangler Kara… puis moi… et probablement ré-étrangler Kara pour la forme. Fière de mon -notre- effet, je lance à Jen un sourire qui veut clairement dire « à toi de jouer ». Je devrais probablement remercier Kara parce que je viens très certainement de gagner la première manche de notre petit jeu.
