Titre : La difficulté d'être heureux
Bêta : Shini-Cat
Disclaimers : les personnages de GW ne m'appartiennent pas, il s'agit juste d'un emprunt.
Couples : à venir
Genre : un soupçon d'ironie, un zest de tendresse, une pincée d'amitié… La vie quoi !
Note : j'essaye dans cette histoire de rester assez proche de l'univers GW. Mon postulat de départ : quand on passe son adolescence dans la guerre, on crée forcément des liens très forts avec ses compagnons mais on rate aussi toutes ses choses qui font découvrir comment vivre heureux en s'amusant, comment savoir ce qu'on veut faire de sa vie en expérimentant des tas de choses… Evidemment je traite mon sujet légèrement (le désespoir n'est pas ma tasse de thé) mais c'est un sujet qui me tient vraiment à cœur. Je vois trop de jeunes autour de moi qui se dévalorisent et qui n'arrivent pas à être heureux. Je hais l'idée que la compétition, être riche ou célèbre et le fait d'être le premier en tout, quitte à écraser les autres, sont des valeurs essentielles. Mes seules valeurs sont la tolérance et l'entraide, l'intelligence ne se mesure pas à la réussite scolaire et professionnelle, elle se mesure à la capacité que l'on a à réfléchir sur ce qui nous entoure et à aider les autres. Bon, je me suis un peu laissée emporter, donc j'arrête d'être sérieuse et je laisse place à la fiction…
Il est calme, apaisé, dans le seul lieu où ses démons intérieurs le laissent tranquille. Il ferme les yeux pour s'imprégner encore plus de cette paix si précieuse… Précieuse comme toutes les choses qui sont rares… Or, depuis sa naissance, il n'a jamais été en paix, sauf dans ce lieu et à ce moment magique où le malheur ne rôde plus.
Il ouvre brusquement les yeux lorsque la musique emplit l'espace, rebondissant sur les murs, entraînant son cœur dans une danse effrénée. Il tourne la tête vers la porte et n'attend que quelques secondes pour la voir apparaître. La plus belle vision au monde, la seule qui fait monter en lui une émotion tellement intense que les larmes perlent à ses yeux. Et c'est là qu'arrive son moment, celui qu'il attend, celui qui fait qu'il ne peut résister au son des cloches. Il regarde l'homme qui attend, ce visage qui exprime une palette infinie d'émotions, la fierté, la peur, l'espoir, l'amour. Ce visage qui est celui d'un homme heureux, ce visage qu'il rêve de voir un jour, pour lui. Son plus cher rêve est que quelqu'un, un jour, le regarde comme ça, même si c'est furtif, même si c'est une seule fois dans sa vie.
Aussi loin que remontent ses souvenirs, il n'a jamais été heureux sauf cette unique fois qui l'a marqué à jamais. Son seul souvenir heureux, celui qu'il a gardé bien précieusement enfoui au fond de son cœur et qu'il a entretenu dés qu'il le pouvait, tout au long de ces années. Ce souvenir est devenu plus précieux que tout ce qu'il possède, parce qu'il lui laisse l'espoir que le bonheur existe et qu'un jour, il comptera pour quelqu'un.
Il avait cinq ans et attendait patiemment qu'on vienne le chercher lorsqu'il fut irrésistiblement attiré par les cloches de l'église qui sonnaient joyeusement. Guidé par sa curiosité, il se retrouva sur le parvis d'une jolie petite église de campagne, lorsqu'une magnifique voiture, capable de faire rêver n'importe quel petit garçon, s'arrêta. Le chauffeur descendit pour ouvrir la portière. Il vit d'abord un pied chaussé de blanc se poser gracieusement par terre, vite suivi par un deuxième. L'homme tendit la main et une créature fantastique, un ange immaculé, se déploya devant les yeux ébahis du petit garçon pétrifié par un enchantement.
L'apparition se déplaça en flottant et s'agenouilla devant lui.
- Bonjour petit bonhomme, tu es drôlement mignon ! Qu'est-ce que tu fais là tout seul ? Où sont tes parents ?
- Vous êtes un ange ? Vous brillez…
- Non ! Juste une mariée qui vit le plus beau jour de sa vie. C'est le bonheur qui rend rayonnant. Que dirais-tu de me suivre et de porter ma traîne en attendant que tes parents arrivent ?
- Moi ?
- Oui toi ! C'est toi qui ressembles à un ange.
Le petit garçon n'a plus jamais connu un tel moment de bonheur. Il a saisi avec mille précautions la traîne blanche puis a suivi la mariée en fixant la longue natte qui serpentait dans son dos et ondoyait au rythme de ses pas.
Ils sont entrés dans l'église où tous ces visages souriants se sont tournés vers eux, ils ont continué leur lente progression et il l'a vu… L'homme qui attendait son ange était debout près de l'autel, sublimé par l'émotion qui le parcourait. Il a décidé qu'un jour, lui aussi, il connaîtrait cette joie intense proche de l'extase.
Son escapade lui a valu une sévère punition mais il ne l'a jamais regretté.
L'homme soupire profondément, il est ressourcé. Il peut quitter l'église, remettre son masque et reprendre le cours normal de sa vie. Assister à des mariages est son plus grand secret et sa drogue, il est incapable de faire le compte du nombre de cérémonies auxquelles il a assisté.
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Dans un bureau du QG des Preventers, deux hommes travaillent. Seul le léger bourdonnement de la climatisation et le cliquetis des touches de l'ordinateur qu'ils enfoncent sur des rythmes différents troublent le silence
Ils sont jeunes et très différents des autres à cause de la guerre qui a volé leur enfance. Ce sont deux des célèbres pilotes de Gundams qui ont permis d'instaurer la paix, élevés au rang de héros par certains et considérés comme terroristes par d'autres.
Après la victoire, on les a exhibés pendant un moment dans différents médias parce que pendant que les gens pensaient à eux, ils oubliaient les difficultés de la reconstruction, que ce soit sur terre ou dans les colonies. Des polémiques sans fin se déclenchèrent entre les pro et les anti Gundams. Les cinq pilotes subirent cette vague médiatique comme ils avaient subi la guerre… Par sens du devoir.
Puis, une journaliste pleine de bon sens posa la question qui ébranla tout le monde : « que fait-on pour assurer un avenir à ces pilotes qui sont peut-être des héros mais n'en restent pas moins des adolescents ? ». Elle réveilla la mauvaise conscience de ceux qui avaient utilisé des enfants pour faire la guerre, comme celle de ceux qui avaient laissé faire. Personne ne s'était posé la question jusqu'alors mais dés la parution de l'article, ce fut un branle bas de combat général et il fut jugé plus prudent de ramener les pilotes devenus encombrants vers l'ombre. Ce qui n'était pas pour déplaire aux intéressés.
Plusieurs services se rejetèrent la responsabilité de les prendre en charge, jusqu'à ce qu'un bureaucrate quelconque émette la fabuleuse idée de les confier à un psy et que tout le monde crie au génie. Comme c'est de toute façon, la solution qui finit par émerger lorsque plus personne ne sait quoi faire, il était inexorable que quelqu'un y pense un jour.
Sophia Freudin fut vite retenue en raison de sa renommée sur le traitement des traumatismes de guerre. Les pilotes furent confiés à ses bons soins et tout le monde retrouva sa bonne conscience.
Pour trois des pilotes, le travail de Sophia fut assez simple, pour ne pas dire inutile ! Ils savaient déjà ce qu'ils voulaient faire et lui firent clairement comprendre qu'ils n'avaient absolument pas besoin d'elle pour y parvenir. Quatre Winner allait reprendre les affaires familiales tout en suivant des cours de gestion et finances, il avait déjà tout planifié. Trowa Barton rejoignait le cirque de sa sœur où avec ses capacités, il n'aurait aucun mal à trouver sa place. Enfin, Wufeï Chang s'était inscrit en fac de droit avec la ferme volonté de devenir juge.
Avec les deux derniers par contre, le salaire de la pauvre psy fut largement justifié et elle frôla même la dépression.
Sophia avait vraiment abordé sa mission avec enthousiasme. Elle était touchée par ces jeunes hommes perdus (même si les trois premiers l'avaient plutôt déçue) et qui, grâce à elle, allaient retrouver une place dans la société et de la confiance en eux.
Très classiquement, elle commença par les convoquer pour un entretien individuel mais dés qu'elle rencontra Heero Yuy, elle sut que ça n'allait pas être simple…
Il est entré dans la bureau avec la mine d'un condamné à l'échafaud, ne l'a pas saluée, s'est assis dans le fauteuil en face d'elle puis, sans dire un mot, a planté ses yeux cobalt glacés dans les siens. Mal à l'aise, elle a dégluti puis lui a expliqué qu'elle allait commencer par une évaluation psychologique pour ensuite élaborer un projet professionnel. Au bout de deux heures d'entretien, elle avait rongé tous ses ongles, essayé toutes les techniques connues sans parvenir à entendre le son de la voix du pilote n°1. Elle finit par renoncer et le renvoyer dans ses quartiers.
A l'entrée du second pilote, Duo Maxwell, elle poussa un soupir de soulagement. Le jeune homme souriant se dirigea vers elle pour une franche poignée de main, sa longue natte lui battant les reins et ses yeux améthyste chaleureux fixés sur elle. Puis il commença à parler… Elle était ravie jusqu'à ce qu'au bout de deux heures, elle se rende compte qu'il était impossible de lui soutirer quoi que ce soit d'exploitable. Elle le renvoya lui aussi, pas plus avancée qu'avec le premier mais avec une belle migraine en prime.
Sophia était perplexe, elle n'avait jamais eu de cas aussi difficiles, ces deux pilotes présentaient de toute évidence un traumatisme grave et profond. Elle décida d'aller au distributeur se réconforter avec un thé au citron lorsqu'au détour d'un couloir, elle surprit une conversation qui l'acheva !
- Il y a longtemps que je ne m'étais pas autant amusé ! C'est beaucoup plus marrant que les interrogatoires d'Oz !
- Hn ! Et sans aucun risque de douleur !
Et les deux hommes éclatèrent de rire.
Sophia était furieuse, ils s'étaient foutus d'elle en beauté mais elle n'allait pas se démonter pour si peu. Elle décida de les recevoir ensemble, persuadée qu'elle saurait tirer quelque chose d'une confrontation.
Malheureusement, elle ne put qu'assister à un numéro de duettistes parfaitement rôdé.
- Est-ce qu'il vous arrive de faire des cauchemars ?
- Hn
- HO OUI, comme tout le monde ! Vous savez j'avais un copain qui…
- Pouvez-vous me les raconter ? A moins que vous ne vouliez pas révéler vos peurs intimes à votre co-équipier…
Haussement de sourcil de Heero puis échange de regard avec Duo qui prend la parole.
- En fait, il n'y a aucun problème parce qu'on fait le même. On est tranquillement dans nos Gundams en train de dégommer des ozzies lorsque tout à coup, tout disparaît et on se retrouve dans un palais rose bonbon dont on ne peut pas sortir. Pourtant on a les plans mais c'est gluant et pire qu'une arapète on ne peut pas s'échapper… Lorsqu'on se dit qu'on est foutus, un lapin blanc sort de son terrier et nous indique le chemin, seulement il court vite, alors on a du mal à suivre. On court, on court mais le lapin disparaît et on se réveille.
Tout le reste de l'entretien fut du même registre, parfois au milieu d'une réponse farfelue, Heero posait la main sur la cuisse de Duo, s'ensuivait un échange silencieux puis le pilote n°2 repartait de plus belle dans des délires.
Sophia désespérée décida de tenter une dernière question…
- D'accord, passons à autre chose… Quels sont vos pires souvenirs de guerre, ceux que vous ne pouvez pas oublier ?
- Ho, il y en a beaucoup ! On a vraiment vécu un tas de choses traumatisantes, hein Heero ?
- Hn
Nouveau dialogue silencieux…
- Ha oui, tu as raison, celle là est la pire, j'ai failli en mourir, une telle tragédie…
Duo relève ses magnifiques yeux larmoyants vers la psy. Vous voulez vraiment que je vous raconte ? C'est dur vous savez.
- Je vous écoute, répond elle le plus calmement possible alors qu'elle est toute frémissante à l'idée de pousser enfin les pilotes à se dévoiler un peu.
- Bien, vous l'aurez voulu ! Je m'en rappellerai toujours. Je rentrai à au petit matin d'une mission de reconnaissance. C'était une aube d'avril sur terre, avec cet air encore frais que l'on sent prêt à se réchauffer avec l'apparition du soleil. Les petits oiseaux gazouillaient pour saluer la renaissance du printemps et une légère rosée recouvrait l'herbe du jardin que j'essayais d'écraser le moins possible avec mes godillots militaires. J'étais heureux, la mission avait été facile et j'allais retrouver mes co-équipiers qui sont toute ma famille. J'ai passé en sifflotant la porte d'entrée (en faisant quand même gaffe aux pièges disposés un peu partout aux abords de la maison). J'ai senti alors une bonne odeur de pain grillé, quelqu'un était déjà debout et avait préparé le petit déjeuner.
Duo s'interrompt pour essuyer une larme le plus discrètement possible puis coule un regard désespéré vers Heero dont les yeux se sont encore assombris et qui pose une main compatissante sur la sienne comme pour l'encourager à parler. Sophia est suspendue aux lèvres de Duo, impatiente d'entendre ce souvenir traumatisant.
- Je suis entré dans la cuisine tout content… Et là, j'ai vu Heero effondré sur la table, des larmes plein les yeux qui a juste eu la force de me dire « c'est fini Duo, elle est morte ». Je suis tombé à genoux sur le carrelage froid de la cuisine et j'ai hurlé comme une bête blessée. Voilà !
Sophia le regarde bouleversée par l'émotion qui se dégage du récit.
- Mais qui est morte ?
- J'peux pas vous le dire, c'est trop dur… Dis-lui toi Heero.
Heero se racle la gorge puis lâche sur un ton dramatique : sa machine à expresso.
Sophia les regarde tour à tour, son cerveau met quelques secondes à assimiler l'information. Une machine à expresso ?
- Vous vous foutez de moi ! Votre souvenir le plus traumatisant est la mort d'une machine ?
Duo la foudroie du regard et se lève d'un bond pour se placer menaçant devant elle, les mains sur les hanches.
- Pas n'importe quelle machine ! Une antiquité d'avant colonie, une pure merveille… C'est bien simple, je n'ai jamais bu un café aussi bon depuis… sa perte.
- Bon, cette fois on arrête les dégâts. Vous ne voulez pas de mon aide et du coup je ne peux rien faire pour vous. Sinon vous conseiller de réfléchir sérieusement à une carrière d'acteurs.
- Tu vois Heero, elle est sympa finalement cette psy, elle a pas mis longtemps à comprendre.
- Hn.
Lorsqu'ils ont enfin quitté le bureau, elle était épuisée, eux en pleine forme, et le message était clairement passé : on a pas besoin d'une psy, on est assez grands pour s'occuper de nous.
Elle se targua dans son rapport d'un taux de réussite de 60 pour cent (trois sur cinq qui ont un avenir, c'est pas si mal) et préconisa pour ses deux échecs de trouver une quelconque tâche administrative à effectuer en attendant qu'ils trouvent ce qu'ils voulaient faire de leur vie. Elle signa et envoya rapidement le rapport, pressée de pouvoir oublier ces deux hommes qui avaient failli la rendre folle.
Lady Une qui avait pris la direction des Preventers se trouva très contente de ces conclusions car elles lui permettaient de récupérer ces deux pilotes qui, pris séparément étaient déjà très bons mais qui, mis ensemble devenaient imbattables. Un an après la fin de la guerre, la paix ne convenait pas à tout le monde et surtout à ceux qu'elle avait rendu plus riches. Les luttes de pouvoir, les complots étaient encore nombreux et pouvaient dégénérer facilement. La paix était encore très fragile.
Elle les fit élever au grade de colonel puis leur confia la responsabilité de la coordination des équipes de terrain chargées de la prévention des actions terroristes. Ils étaient parfaits pour ce rôle. En tant qu'ex-terroristes, ils connaissaient mieux que personne toutes les ficelles de l'action et du terrain. Avec leurs compétences associées, aucun indice, aussi petit fut-il, ne pouvait passer entre les mailles du filet.
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C'est ainsi que les deux hommes se retrouvent aujourd'hui dans ce bureau, affairés à traquer les terroristes potentiels et à déterminer les zones où la sécurité doit être renforcée.
D'un même mouvement, ils relèvent la tête et se sourient.
- Pause de 10H00 !! Hurle Maxwell.
- Après le fracas des bombes, des combats et de ton niveau vocal, je me demande comment je ne suis pas devenu sourd !
- C'est parce que tu as des restes du soldat parfait qui remet sa jambe en place tout seul sans pousser un cri alors que moi on m'aurait entendu hurler jusqu'à la lune !
Heero fait un sourire de connivence à Duo à l'évocation de ce vieux souvenir. Il sait très bien que le volume sonore de son co-équipier est une scorie de son enfance vagabonde dans les rues de L2. Dans la bande de gamins avec qui il a survécu quelques années, un ton calme et mesuré était aussi rare que la nourriture. C'est vrai qu'il fait des efforts mais sous le coup de l'énervement ou de la joie, son ton monte tout seul. Et la pause de 10H00 est une source de contentement intense pour Duo qui peut enfin consommer sa drogue, un café expresso bien serré.
Duo se cale confortablement dans son fauteuil et le rituel peut commencer.
Heero se lève lentement et se dirige d'une démarche sensuelle vers le percolateur.
Duo ne le quitte pas des yeux et ne perd pas une miette du spectacle, son visage rayonne de plaisir par anticipation.
Heero prélève juste la dose nécessaire de café en grain puis la pose délicatement dans le moulin à café. Ce moment est particulièrement délicat pour la réussite de la mission car le broyage doit être parfait, le visage d'Heero reflète toute la concentration qu'il met dans l'opération et Duo le regarde avec fascination. Déjà, pendant la guerre, il ne le trouvait jamais aussi beau que lorsqu'il se donnait entier à ce qu'il faisait. Heero se retourne vers Duo avec un sourire satisfait : mission réussie.
Les narines de Duo palpitent à la senteur si spéciale du café fraîchement moulu.
Heero met la dose adéquate de café moulu dans le réceptacle prévu à cet effet, puis il le fixe à la machine en serrant juste ce qu'il faut. Duo admire la légère contraction du biceps parfait de son co-équipier et s'avance légèrement sur son siège pour mieux voir. Heero appuie sur le bouton de marche.
Les deux hommes fixent hypnotisés le café qui coule goutte à goutte emplissant la pièce d'une odeur incomparable. Heero se met en position puis arrête la machine juste au bon moment pour que l'arôme soit au summum.
Il prend doucement la tasse, la dépose précautionneusement dans sa soucoupe puis se dirige vers Duo, attentif à ne perdre aucune goutte du précieux breuvage. Il lui tend enfin la tasse, telle une offrande.
Duo s'en saisit avec respect et un sourire de remerciement. Il commence par en humer l'arôme, approche du bord de la tasse pour ne prélever qu'une infime quantité de la mousse onctueuse sur ses lèvres. Il sort une langue délicate pour happer la mousse et pousse un soupir de contentement. Heero le regarde fasciné par le spectacle qu'il a pourtant déjà contemplé des centaines de fois.
Duo porte une nouvelle fois la tasse à ses lèvres puis ferme les yeux avant savourer une gorgée de l'élixir divin.
Heero observe avec inquiétude chaque expression du natté et un sourire naît sur son visage lorsque les prunelles violettes réapparaissent chargées de désir et que la sentence tombe :
- Il est parfait.
Les deux hommes se laissent alors aller au bien être qui les envahit et restent quelques minutes silencieux. C'est comme toujours Duo qui rompt le silence.
- Quand tu penses que cette psy n'a pas voulu croire que la perte de ma machine avait été un vrai drame !
- Elle ne connaissait pas ton addiction, répond Heero en souriant.
Duo contemple avec attendrissement ce sourire qui est maintenant fréquent mais qui n'existait pas pendant la guerre où Heero ne vivait que pour entretenir la haine qui lui permettait de se battre sans pitié. Il se rappelle comme si c'était hier le premier sourire de Heero qui a donné naissance à ce rituel du café.
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Les armures mobiles, dans un état pitoyable, se posèrent dans un grand fracas. Deathscythe avait un bras arraché et Wing ne valait pas mieux avec sa jambe qui ne répondait plus. Ils s'étaient mutuellement soutenus pour réussir à regagner la maison qui leur servait de planque.
Les deux pilotes sortirent furieux et bien amochés de leurs gundams. Si Heero avait la colère froide, Duo ne pouvait s'empêcher d'extérioriser sa rage.
- C'est quoi ce plan de merde ? On a foncé droit dans un piège comme des bleus !
- Hn
- Je ne comprends pas comment les mads ont pu nous fournir des renseignements aussi bidons ! Ils voulaient nous tuer, ou quoi ?
- Je pense que la seule explication possible est un traître et il va falloir le découvrir très vite. Car, tu as raison, les renseignements que nous avions étaient destinés à nous amener tout droit dans les bras des ozzies.
En entrant dans la cuisine, Heero comprit immédiatement l'air de désespoir affiché sur le visage de son équipier. Même s'il ne l'exprimait pas, il s'était beaucoup rapproché de Duo depuis qu'ils s'étaient aperçus qu'ils fonctionnaient bien en tandem. Il avait beaucoup observé cet être intrigant, aux réactions imprévisibles, et il savait qu'à chaque retour de mission, son premier geste était de se préparer un café, sa drogue. Or, le bras droit de Duo était hors service, tout comme celui de son gundam et en voyant son air malheureux, Heero fut pris d'une impulsion irrésistible.
- Tu veux que je te fasse un café ?
Le pilote 02 était toujours expressif mais Heero n'avait jamais vu une telle expression de bonheur et d'espoir sur son visage.
- Tu ferais ça ?
- Si je te propose…
- Merci.
Heero s'était donc attelé avec son sens de la précision habituel à préparer le breuvage préféré de son équipier.
Lorsqu'il lui tendit la tasse, Duo s'en saisit de la main gauche en faisant bien attention de ne pas en perdre une goutte puis le goûta avec curiosité.
- J'en étais sur, il est comme tout ce que tu fais : parfait ! Je n'ai jamais bu un café aussi bon !
- Vraiment ?
- Tu sais bien que je ne mens jamais…
C'est alors que Heero ne put retenir un léger sourire de satisfaction.
- Et bien dans ce cas, je te promets qu'à chaque fois que nous serons ensemble à un retour de mission, je préparerai ton café.
Duo, à ses paroles, sentit son cœur se gonfler de bonheur.
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- Tu sais Heero, je crois que c'est à ce retour de mission où tu as préparé mon premier café que nous avons commencé à devenir vraiment des amis.
- C'est vrai, mais c'est aussi la première fois que je me suis dis que j'étais peut-être bon à faire autre chose que la guerre…
A suivre
