Le Rossignol

et

L Alouette

Prologue.

« Venez auprès de moi, Votre Majesté. »

Un jeune homme svelte aux cheveux mi-long d'ébène se releva lentement et se dirigea vers la voix qui l'avait appelée. Sur son front on pouvait lire toute la bonté et la sincérité du monde. Il glissa sur les dalles de la cathédrale de Telmar de son pas de chat, souple mais assuré. Les seigneurs durent avouer qu'il y avait plus de noblesse dans cet adolescent qu'il n'y en eut jamais chez son oncle, Miraz.

Le jeune prince n'avait pas 20 ans mais il semblait plus âgé. Les épreuves, les combats et les privations avaient façonné son corps. Même ses yeux ne ressemblaient pas à ceux d'un enfant. Il possédait la gravité des statues de pierres, celles qui vous font baisser les yeux dès que vous croisez leur regard. Chacun, observait le futur roi. Sur sa tempe courait une vilaine cicatrice qui lui conférait une certaine prestance et du respect. En effet, une de ses amies possédait une fiole magique qui permettait de réduire toutes les blessures. Quand elle avait proposé ses services, le jeune homme s'était contenté de hocher la tête et de soupirer :

-« Je n'en ai point besoin Ma Dame. Ce n'est qu'une égratignure là ou d'autres se meurent.

-Mais votre beau visage…

-Il sera un peu moins beau qu'avant c'est tout… » S'était il contenté de répondre avec douceur.

Un murmure d'admiration et d'impatience enfla quand il arriva devant un énorme lion, entouré de deux filles d'Eve et de deux fils d'Adam. La crinière dorée du fauve luisait au soleil. On aurait même cru que c'était le soleil lui-même. L'adolescent s'agenouilla péniblement, empêtré par ses lourds habits de sacre tous de brocards, de velours et de soie, surfilés d'argent et d'or –les telmarins aiment le faste, un peu trop d'ailleurs. La patte du Lion se posa doucement sur l'épaule du jeune homme. D'une voix chaude et rassurante il glissa :

-« N'ayez pas l'air si sérieux mon jeune ami. Ceci, comme la guerre n'a été crée que pour décimer la jeunesse et faire parler les vieillards. Bientôt vous en aurez l'habitude. Ce n'est que de la politique ! »

Le prince secoua la tête. Il avait peur. Tout allait trop vite. Il n'était pas prêt. Mais Aslan n'avait jamais fait de mauvais choix. Cette certitude lui remis un peu de baume au cœur. Il se força à sourire. Le lion le lui rendit.

-« C'est mieux. Bien mieux… »

Le jeune homme attendit donc, agenouillé de longues minutes. Aslan récitait des paroles rituelles pour lui porter chance. Puis il y eut un grand silence. La plus jeune des filles d'Eve s'approcha. Elle se prénommait Lucy et autrefois elle fut une grande reine d'un royaume merveilleux : Narnia. On la surnommait la Vaillante. Elle portait à la main une paire de bottes.

L'homme se mit debout.

Elle s'agenouilla avec beaucoup de grâce, et sa robe pain d'épice s'arrondit pour laisser entrevoir son jupon blanc. Ses longs cheveux de couleur des blés mûrs coulaient autour d'elle, retenus par un diadème en or et cornalines. De loin, les narniens crurent que la jeune reine s'était transformée en fleur.

Aslan gronda de sa voix sentencieuse :

-« Tu foules tes ennemis du Levant, Caspian. » Et le prince glissa son pied dans la botte gauche.

« Tu foules tes ennemis du Couchant.. » Et l'homme enfila la botte droite, avec l'aide de Lucy Pevensie. Quand elle se releva elle lui adressa un petit signe d'encouragement, et Caspian se sentit mieux.

-« Vous voilà désormais l'étoile du matin et du soir. » murmura t'elle.

A peine le jeune homme eut il eut le temps de respirer que déjà le Roi Suprême, Peter le Magnifique, et son frère, Edmund le Juste s'approchaient, tous deux couronnés : d'or massif pour l'aîné, de vermeil pour le cadet. Aslan se tu. C'était aux hommes de faire des chevaliers. Le plus jeune des deux, arborant un vêtement d'organdi d'un vert profond ordonna :

-« A genoux ! »

Caspian obéit à cet enfant, qu'il dépassait pourtant de deux têtes.

Peter, tout de vermeil et d'or vêtu, se dressa devant le jeune prince, tenant son épée à deux mains. Il énonça d'une voix forte et claire :

-« Sois sans peur à la face de tes ennemis.

-Dis la vérité, toujours, même si tu dois pour elle perdre la vie.

-Protège les faibles et ton peuple.

-Tel est ton serment. »

Le jeune homme se contenta de baisser humblement la tête. Alors Peter lui décrocha une magnifique gifle en terminant par :

-« Et ceci pour ne jamais l'oublier. »

Le coup avait été très violent et avait fait vaciller le prince. Sa lèvre saignait un peu. Il grogna :

-« Pour sûr que je vais m'en souvenir. Je vais avoir une affreuse croûte pendant des jours. »

Peter et Edmund pouffèrent discrètement. Leur chère terre de Narnia ne pouvait espérer un meilleur roi. C'était leur ami et ils venaient de le faire chevalier de l'Ordre du lion. Ils se retirèrent avec un sourire en coin pour leur sœur, Susan.

La reine Susan la Douce était très pâle. Sa peau était naturellement blanche, mais là, c'était juste sublime. Elle portait une robe rouge toute simple et ses cheveux étaient relevé dans une coiffure lâche et en apparence compliquée, retenue par un diadème en argent faisant ressortir ses cheveux de nuit. Ainsi on aurait juré qu'elle avait été modelée dans de l'ivoire. L'adolescente n'avait pas compris pourquoi Aslan lui avait confié cette mission. Elle attendit que le Lion l'autorise à bouger, ce qu'il fit, en lui donnant un petit coup de patte aux fesses comme le font les mères à leurs enfants.

Un silence de mort désormais épaississait l'atmosphère de la chapelle. Chacun retenait son souffle. Puis il y eut un long murmure de fascination . Surtout parmi les Telmarins, il fallait bien l'avouer, car la reine leur plaisait beaucoup. De même, Caspian ne parvenait plus à la quitter des yeux. Chasseur de Truffes et Trompillon aussi ne pouvaient cesser de contempler la jeune fille à l'apparence si triste. Le blaireau chuchota à son ami :

« Tu penses que c'est à cause du couronnement ou de La reine Susan que plus personne n'ose respirer ?

-A ton avis ? » grogna le nain sans détourner ses yeux des courbes de la reine des temps anciens.

La jeune fille descendit avec une lenteur toute calculée les quelques marches qui la séparaient de Caspian. Elle tentait de calmer le sang qui battait de plus en plus violemment ses tempes à force de s'approcher de lui.

Le prince.

Le prince charmant.

Son Prince Charmant.

Celui que toute fille rêverait d'épouser mais qui n'existe pas, même dans nos rêves les plus fous.

La jeune femme, elle, croyait qu'elle l'avait peut être trouvé ici, au milieu des destructions, des batailles et des pleurs.

Susan ne comprenait pas ce qui se passait vraiment, mais la veille, elle avait eut un mauvais pressentiment. Un vent glacial s'était levé d'un coup, lui accordant un songe qui l'avait bouleversé. Et depuis, elle ne parvenait pas à être gaie.

Au côté de la fille se tenait le centaure Ouragan qui portait la lourde couronne des rois de Narnia. La jeune fille prit à deux mains l'objet si précieux et le dressa juste au dessus de la tête de son ami. Alors Aslan dit :

-« Sous notre autorité et sous celle du roi suprême, vous serez le roi de Narnia, seigneur de Cair Paravel et Empereur des îles Solitaires. Vous et vos héritiers, tant que durera votre race. »

Dès qu'il eut terminé, Susan posa avec douceur la lourde couronne sur le crâne de Caspian. Elle ferma les yeux et inspira un grand coup. Puis d'une voix que ses compagnons les plus récents ne lui connaissaient pas, souple mais emplie de majesté, elle ordonna :

-« Lèves toi, Roi Caspian, Dixième du Nom ! »

La tout nouveau roi lui obéit docilement, bien qu'étonné par le ton de son amie. Aslan lui se contenta de pouffer, disant plus pour lui-même que pour quiconque :

«-la Reine Susan la Douce est enfin de retour à Narnia. »

La reine se contenta d'un pâle sourire. Caspian se pencha un peu et baisa sa main avec ferveur. Le contact de la peau de Susan sur ses lèvres le comblât de bonheur. Il se dit qu'il pourrait bien mourir demain. Car on n'est jamais plus heureux qu'à la naissance d'un amour…

Il y eut alors une explosion de joie, très vague, au loin. Pour le jeune roi, il n'existait plus à cet instant que Susan et lui, comme lors de leur première rencontre. Il n'avait vu qu'elle dans la forêt mais entendu la voix des autres Pevensie. Néanmoins les vivas l'arrachèrent à ce doux souvenir. Peter cria : « Longue vie au roi ! » et tous reprirent ce cri en cœur. Caspian, lui, offrit son bras à la jolie reine qui venait de le couronner. Susan pâlit encore un peu ce qui faisait ressortir ses lèvres carmin et Lucy à cet instant ne pu s'empêcher de glisser à ses frères :

-« Je suis folle de jalousie ! Qui d'entre nous aurait cru que notre sœur puisse être aussi jolie ! »

Caspian, lui, rayonnait. Aslan avait associé à son sacre la plus belle des filles de tout le pays. Les seigneurs voyaient déjà en eux le futur couple royal. Car après tout, n'était il pas de tradition à Telmar que la mariée arbore une robe rouge le jour de ses épousailles ?

Ils défilèrent ensuite dans la ville, Caspian à la tête du cortège, suivi par Peter et Susan, qui montait en amazone. Derrière eux venaient Lucy et Edmund qui observaient, émerveillés la cité. La plus jeune des enfants se dit que c'était un endroit ou il devait faire bon vivre les jours d'étés. Un petit coin de paradis… De nombreuses filles jetèrent des regard haineux à son aînée. Edmund glissa à sa jeune sœur :

« Tu vois, tu n'es pas la seule à envier Susan aujourd'hui ! »

Lucy éclata de rire, un rire franc et jovial qui est très contagieux.

-« On dirait des mouches autour d'une tarte !

-Mais quelle tarte tout de même ! » renchérit son frère, et tous deux pouffèrent le restant du voyage.

Mais si, en effet, ce jour là Susan brillait par son éclat, le tout nouveau roi charmait ses sujet grâce à son charisme, son charme et sa beauté sauvage et virile. Et plus d'une Telmarine ce soir là rêva à son nouveau seigneur, dans des songes passionnés et souvent peu catholiques. Mais sur l'instant, elles enviaient toutes l'ancienne reine qui chevauchait auprès de Caspian, sans le regarder.

Susan se sentait très mal à l'aise à cause justement de ces regards appuyés, et trouva refuge auprès de ses frères et de sa sœur. Etre considérée comme de la viande fraîche, très peu pour elle ! Quand ils arrivèrent enfin au palais elle commença à mieux respirer. A peine eût elle mis un pied dans la salle de réception qu'elle se détendit. Les quatre Pevensie y burent à la santé du roi, de l'hydromel, du vin, des jus de fruits, en discutant avec leurs amis. Pendant ce temps, Caspian recevait l'hommage de ses seigneurs et Susan semblait s'appliquer à toujours lui tourner le dos.

Ce fut Aslan qui en frappant dans ses pattes annonça :

-« Maintenant que nous voilà bien rafraîchit, je propose quelques danses avant le festin… »

Peter tapa des mains d'enthousiasme et se précipita vers Susan. De l'autre côté de la pièce Caspian en avait fait de même. Mais le Roi Suprême fut le plus prompt à enlever la belle en badinant :

-« Je me souviens que tu excellais dans ce domaine quand nous régnions sur Narnia. Dis moi petite sœur, acceptes tu ton vieux frère pour cavalier ?

-Un vieillard comme toi ? » se moqua la jeune femme. Elle prit une mine faussement sérieuse –celle que font toutes les filles pour faire languir les garçons, c'est-à-dire l'index posé sur les lèvres avec une certaine indécence en se cambrant outrageusement- « Mmm… Après tout, pourquoi pas… On verra si tu me marches encore sur les pieds !» conclu t'elle en souriant, pleine de malice. C'était son premier sourire de la journée. Et il était pour Peter. Caspian s'en aperçut en conçut une vive jalousie.

Le Grand Roi riait aux éclats en faisant tournoyer sa sœur, dans un bruissement de jupons tout à fait exquis. La danse les réchauffaient et les ramenaient bien des années en arrières. Susan s'amusait et Peter était heureux de voir sa sœur heureuse. A leur côté, Edmund et Lucy étaient eux aussi entrés dans la danse. En passant à côté de Caspian, qui faisait triste figure, Peter lança sur le ton de la plaisanterie :

-« Alors, vous voyez de quel bois on se chauffe à Cair Paravel ! »

A cet instant la musique s'arrêta et les danseurs se saluèrent. Le roi suprême et sa cavalière avaient le feu aux joues et la danse les avaient en quelque sorte enivrés. C'est alors que le roi emprisonna la main de la reine Susan dans la sienne.

-« M'accorderez vous cette danse ? »

La jeune fille rougit. Elle se retourna vers Aslan et les membres de sa fratrie qui l'encourageaient en gloussant. Alors elle accepta. Mais très vite elle s'aperçut que le rythme n'était plus du tout le même. Plus lent, plus langoureux et plus passionné. On aurait du mal a exprimer le tempo de cette danse car il n'en existe pas de comparable dans notre monde à nous. Mais le plus proche pourrait être le tango argentin.

Fort heureusement pour Susan le grand chambellan coupa court à cette dangereuse danse en hélant : « Le dîner est servi ! »

La jeune fille glissa des bras du jeune roi et s'envola comme le plus magnifique des oiseaux de paradis. Elle enlaça Lucy et commença à bavarder avec Aslan pour pénétrer dans la grande salle. En son centre trônaient une estrade. Sur cette estrade cinq trônes. Caspian se trouva au centre. A sa droite Peter puis Lucy. A sa gauche Susan et Edmund.

Les mets apportés sentaient bon et donnaient l'eau à la bouche. Mais Susan ne toucha à rien. Les jongleurs et les ménestrels enchaînaient les pitreries sans qu'elle n'ai le moindre froissement de muscle. Et quand le troubadour commença à chanter la chanson Narnienne dont Susan raffolait –qui donne à peu près ceci :

« Mon cœur était un Lion,

Il est dans les Chaînes.

Et par le monde, je vais chantant ma peine. »- elle ne fredonna pas même l'air.

Peter devenait de plus en plus inquiet. Quand il la vit refuser son plat préféré –des côtes de porc caramélisées- il demanda :

-« Tu es sûre que ça va Sue ? »

Sa sœur n'avait pas desserré les lèvres. Et elle avait encore pâli, ce qui alarma encore plus l'aîné de la fratrie. Caspian, plein de sollicitude posa sa main sur la sienne, comme pour la réconforter. Mais la jeune fille la lui ôta avec précipitation comme si son contact pouvait la brûler. Ce mouvement brusque la fit briser une coupe de cristal. Rouge de colère contre elle-même mais aussi contre les autres, les larmes lui piquant les yeux, la jeune reine se leva et tenta de quitter la salle. Peter voulu la retenir. Susan sentait les bras puissants de son frère l'entraver. Or, elle voulait être seule. Par un vieux réflexe de bête traquée, elle le gifla de toute ses forces.

Sous l'effet de la surprise le jeune homme desserra son étreinte et Susan put s'enfuir. Peter la regardait incrédule. Jamais sa petite sœur n'avait agit de la sorte. Susan n'était pas sa préférée. Lucy avait cet honneur, du, le jeune homme le savait bien, au fait qu'elle soit la petite dernière, celle sur laquelle il faut toujours veiller. Susan, elle, était tout le contraire. Indépendante, farouche. C'est ce qui plaisait à Peter en elle. Il avait avec « Sue » tant de souvenirs en commun et de jeux. C'était plus sa meilleure amie que sa sœur. Toute la journée elle n'avait pas été dans son assiette. Dès qu'Aslan lui avait dit qu'elle poserait la couronne Narnienne sur la tête de Caspian. Sur le coup les Pevensie avaient été tous étonnés. C'était à Peter que revenait cet honneur. Peter le Magnifique.

Le grand lion s'était contenté de hocher la tête et de répondre :

« -Dans toutes vos aventures intrépides lorsque vous étiez rois et reines, n'est ce pas Susan qui vous permettait de vous tempérer ? Lucy, trésor, tu es bien trop jeune pour ce genre de chose. Quand à vous, Fils d'Adam, vous êtes les plus fines lames d'ici bas. Comment ne pourriez vous pas adouber un roi ? »

Tous finalement avaient accepté avec enthousiasme.

Tous sauf Susan.

Au contraire, elle sanglotait.

L'aîné des Pevensie ne comprenait pas ce qui chagrinait sa sœur. Il voulu se lancer à sa recherche. Les coussinets d'Aslan s'abattirent sur son omoplate et l'en dissuadèrent :

-« Elle doit rester seule. Toute seule.

-C'est ma sœur, elle va mal, elle a besoin de moi ! » gronda le jeune homme.

-« C'est là ou vous vous trompez. Vous ne pourriez pas comprendre le chagrin qui torture le cœur de la reine Susan. »

Et Aslan quitta la pièce.

Susan pleurait.

Susan pleurait fort.

Susan ne savait plus depuis quand elle pleurait.

Aslan lui, la regardait pleurer, en silence.

Quand elle releva son beau visage pâle, rougit par les larmes, elle se sentit un peu honteuse, et tenta de masquer ce moment de faiblesse. Mais le sourire d'Aslan la réconforta. Ce fut lui qui brisa le silence.

-« Pourquoi, fille d'Eve, arbores tu une mine morose en ce jour de liesse ?

-Parce que je suis reine.

-Toutes les petites filles rêvent d'un royaume à gouverner.

-Pas moi. Je ne veux qu'une chose Aslan…

-Dis moi.

-Malheureusement c'est une chose que vous êtes incapable de m'offrir. »

Alsan était content. C'était la bonne réponse. Il se contenta de dire :

-« Susan, écoute moi. Tu as toujours été une reine merveilleuse. On peut dire même que tu es une grande reine. Sage, réfléchie… C'est pourquoi à travers les âges on t'a nommé « La Douce ». De plus, tu éclipsais toutes les plus jolies filles de Narnia par ta beauté. Tous les princes te voulaient dans leur lit. Certains t'ont aimés. Et toi, tu en as aimé en retour.

-Je ne le nie pas.

-Pourtant pour le bien de ton pays, tu les a toujours refusés en épousailles.

-C'est vrai. Mais tout était différent à l'époque…

-Tu régnais. Désormais c'est le tour de Caspian de veiller sur ce peuple.

-Je sais, monsieur.

-Alors pourquoi, aujourd'hui, ne pourrais tu pas oublier qui tu es ?

-Que voulez vous dire ?

-Ecoutes ton cœur avant de lui dire au revoir. » se contenta de répondre le fauve.

La jeune fille le gratifia d'un regard plein de reconnaissance et se laissa cajoler et réconforter par le Lion. L'adolescente sentit déferler en elle une vague d'espoir. Aslan lui offrait une part de lui-même. Il lui donnait sa force et son courage. Tous deux restèrent longtemps ainsi assis. Aslan qui connaissait toute chose soupira. La fille d'Eve eut l'impression de l'entendre ronronner. Puis elle s'écarta de lui. Le fauve lui conseilla de se retirer dans ses appartements royaux.

« Pour réfléchir… »

L'enfant ne se fit pas prier. Cependant elle n'avait plus envie de réfléchir. Sa conversation avec Aslan lui avait ouvert les yeux. Elle tourna les talons, le cœur léger et s'enfonça dans les couloirs noirs du château de la cité de Telmar.

Le grand lion, lui, resta seul.

Longtemps.

Aslan pleura.

Et il pleura longtemps.

Le destin était en marche et rien, pas même lui ne pourrait l'arrêter.

* *

*