Cela faisait maintenant une semaine que Lin était rentré dans son pays. Rien n'avait changé malgré tout ce qu'il s'était passé, à croire qu'Amestris se trouvait sur une planète différente. La santé du roi s'était dégradée mais restait assez stable pour ne pas inquiéter le prince Ling. Il n'était plus pressé de devenir roi, il savait que cela arriverait de toute manière tôt ou tard. Bien qu'il ne sache pas vraiment pourquoi, le prince se trouvait dans une période d'ennui, de démotivation totale.

Ce soir là, alors qu'il se surprit pour une énième fois à regarder par la fenêtre de manière mélancolique, il décida qu'il était tant qu'il trouve une occupation. Mais que faire ? Certes, il n'était pas mécontent que sa vie soit devenue plus paisible, être en danger tous les jours n'était pas très agréable. Mais pourtant, il ressentait comme un manque, une étrange sensation qui le rendait mal à l'aise. Il se sentait même assez seul. Bien que cela ne lui plaise pas beaucoup, la présence de Ranfan, sa garde du corps lui manquait. Il décida alors que la taquiner ferait une bonne occupation pour le lendemain.

Le lendemain, Lin fut réveillé par une servante du palais, qui visiblement ne savait pas tellement comment s'y prendre. Devait-elle secouer le prince ? Elle n'en avait certainement pas le droit.

« Prince Ling. Prince Ling réveillez-vous s'il vous plait. PRINCE LING ! »

Celui-ci sursauta et regarda la femme, étonné.

« Que se passe t-il ? »

La servante soupira.

« Rien de spécial mon prince mais… Il est 11h30 et le déjeuner est dans une demi-heure. Vous devriez vous préparer. Vous savez pourtant bien que la moindre erreur de votre part pourrait vous coûter votre place sur le trône. »

Ling regarda son réveil pour vérifier les dires de la servante. Il était en effet très tard, cela faisait longtemps qu'il n'avait pas autant dormi. Il se leva, pris soin de la renvoyée et commença à se préparer. En même temps, il réfléchissait à sa décision de la veille. Etait-ce vraiment sage de s'en prendre à Ranfan ? Peu importe, cela avait l'air drôle. Mais comment pouvait-il s'y prendre ? Juste la taquiner aurait été trop facile, il s'y affairait déjà bien trop souvent. Non cette fois ci, il devait vraiment innover s'il voulait s'amuser un minimum. Et puis la vie de Ranfan ne devait pas être passionnante non plus ces temps ci, Ling pensa donc que cela ne pourrait que lui être bénéfique. A moins qu'elle ne profite enfin de ce moment de repos pour penser à elle… Mais cette idée paraissait irréaliste pour Ling. Ranfan avait toujours vécu pour lui, il avait du mal à imaginer les choses autrement. Elle n'avait même pas de succès auprès des hommes, ou du moins il n'en avait jamais entendu parler. S'y intéressait-elle au moins ? La curiosité du jeune prince s'éveilla. Plutôt que de lui demander directement il pourrait essayer de la tester, voir même tenter de la séduire. Il pourrait ainsi voir si sa garde du corps est insensible au charme masculin et en même temps vérifier ses aptitudes personnelles, bien qu'il ne doutait pas de leur performance. Il descendit donc manger, un sourire malsain sur les lèvres. C'était sûrement la pire idée qu'il avait eu jusque là, mais cela s'annoncer intéressant.

Ling prit place à la table royale auprès de ses nombreux frères et sœurs. Comme d'habitude, une tension régnait entre eux, ce qui le rendait plutôt mal à l'aise. Derrière lui se tenait Ranfan, debout, impartiale. On pouvait cependant deviner que derrière son masque la jeune fille gardait un visage concentré, prête à bondir au moindre problème.

« Ranfan ? »

Elle sursauta.

« O..Oui jeune maître ? »

Ling pensait bien qu'il ne pourrait pas mettre son plan en marche devant toute sa famille. Une rumeur de relation douteuse entre sa garde du corps et lui pourrait bien lui coûter sa place sur le trône.

« Je pense aller me promener dans le jardin après manger. Tu m'accompagnes ? »

« Bien évidemment, maître. »

Puisqu'elle était son garde du corps, pouvait elle ne pas l'accompagner ? Pourtant la jeune fille se sentait heureuse qu'il lui demande, et surtout de pouvoir passer enfin l'après midi avec le prince. Ces derniers temps celui-ci restait dans sa chambre, où il lui été interdit d'entrer. Le repas fut rapide, le prince se disputa comme à son habitude avec quelques un de ses frères, mais au final Ranfan n'eu pas besoin d'intervenir. Ce qui voulait donc dire que cela ne s'était pas si mal passé.

A la fin du repas, Ling se leva et indiqua à sa garde du corps de le suivre. Ranfan cru apercevoir un sourire étrange se dessiner sur le visage de son prince, mais n'y prêta pas grande attention. Elle se demandait pourquoi celui-ci voulait aller dans le jardin, en particulier aujourd'hui. Il ne faisait pas particulièrement beau, le ciel semblait plutôt même annoncer des averses. Elle prit donc un parapluie sur le chemin, en prévention. De son côté Ling jubilait. Maintenant que l'idée était bien imprégnée dans son imagination, il voulait absolument la mettre en œuvre. Comment ? Il n'en avait pas la moindre idée, il allait devoir donc improviser. Il n'avait pas grande expérience dans ce domaine, mais puisque c'était Ranfan, il pensait savoir comment la déstabiliser.

Une fois arrivé au jardin, Ling interpella une servante pour qu'elle lui apporte une limonade et un thé frais. Il invita Ranfan à s'assoir près d'un arbre à ses côtés. Elle sembla hésiter puis s'exécuta. Elle ne pouvait pas baisser sa garde même si l'endroit été bien gardé. La plus grande menace pour le prince se trouvait en interne. Mais après tout, elle pouvait bien s'assoir cela ne l'empêchera pas d'être efficace en cas de besoin. Bien que le ciel fût couvert, le temps restait agréable. Une brise fraîche soufflait, contrastant avec la chaleur humide ambiante. Elle repensait à toutes ces années qu'elle avait passé près du prince, tous ses souvenirs tournaient autour de lui. A vrai dire, elle ne se souvenait même pas de sa vie d'avant, elle était sans doute trop jeune. Pendant qu'elle se remémorait son enfance, elle remarqua que le prince la regardait avec insistance, souriant doucement. Elle manqua de rougir.

« Oui, jeune maître ? »

Ling répondit sans pour autant détourner son regard.

« Rien, tu avais l'air pensive je me demandais à quoi tu pensais. »

« Rien de très intéressant. »

Bien qu'elle ne sache vraiment quoi, Ranfan sentait que quelque chose clochait. Le prince n'était pas si différent de d'habitude mais se comportait tout de même de manière étrange. Elle se sentait mal à l'aise. La servante arriva avec ce que Ling lui avait demandé. Elle tendit le thé à Ranfan et la limonade à son maître. Ling la remercia et commença à boire. Il sentait à présent que Ranfan se doutait de quelque chose, elle paraissait sur ses gardes. Comme d'habitude, lorsque cela le concernait elle se trouvait être très perspicace. Il prit soin d'attendre qu'elle ait commencé à boire puis se rapprocha légèrement, juste assez pour qu'elle s'en aperçoive. Elle le connaissait depuis tout petit, et à voire son expression, Ranfan savait que son maître préparait un sale coup. Elle n'était cependant pas très sûre de ce qu'il allait se passer. Alors qu'elle s'apprêtait à continuer de boire son verre, Ling la devança et attrapa sa paille pour boire une gorgée du thé de la jeune fille. En faisant cela, ses lèvres effleurèrent la joue de Ranfan, ce qui n'échappa pas à celle-ci. Si elle n'avait pas était Ranfan, elle aurait sans doute lâché son verre, rougit affreusement, ou tout simplement perdu complètement ses moyens. Mais bien sûr, elle réussi à se maîtriser et à ne rien laisser paraître appart un léger frisson. Son cœur battait à vive allure, rester de marbre n'était pas facile, mais elle était habituée à se maîtriser.

« Hmmm Ranfan, tu n'aimes vraiment pas les boissons sucrées hein ? Ton thé est vraiment amer ! »

Elle soupira.

« Si vous voulez vraiment vous désaltérer, le sucre n'est pas ce qu'il vous faut. »

Ling se mit à rire puis continua en la regardant tendrement.

« Tu n'es pas très amusante ! Mais je dois dire que c'est ce qui fait ton charme. »

Il avait dit ça très sérieusement, ce qui ne lui ressemblait pas. Même Ling fût étonné de lui, et pourtant cela lui était venu assez naturellement. Il se félicitait, bien qu'il ne le soupçonnait pas jusqu'à ce jour, ses talents de dragueur semblait être réel. Et pourtant, il ne pouvait que constater que cela n'avait aucun effet sur sa garde du corps, ce qui le frustrait beaucoup. Au départ, il voulait juste embêter un peu la jeune fille mais maintenant c'était différent. Il ne comprenait pas pourquoi elle ne réagissait pas. Au fond du lui il voulait vraiment qu'elle réagisse, même si ce n'était que rougir ou balbutier. Mais non, rien. Du moins c'est ce qu'elle montrait. Ranfan était partagée entre deux sentiments. D'abord, son cœur battait à vive allure, et elle était assez touchée par ce compliment inattendu. Mais, elle se sentait également vexée, que son maître fasse cela pour s'amuser. Elle avait compris à présent, et pour elle cela n'avait rien d'amusant. Qu'il s'amuse ainsi de ses sentiments, elle se trouvait un peu déçue.

Ils décidèrent de rentrer. Ling risqua une dernière tentative en même temps qu'il retournait à sa chambre. Sur le chemin, comme la pluie commençait à tomber, Ranfan avait ouvert le parapluie et l'avait tendu à Ling. Celui-ci l'accepta mais pour autant insista pour abriter également la jeune fille. Ranfan était touchée par le geste, mais avait un peu peur qu'un noble du palais les surprenne ou pire un des frères du prince. Son statut de garde du corps serait discrédité, mais pourtant elle n'avait pas envie de s'éloigner. Elle pouvait sentir le bras de Ling près du siens, ce n'était pas grand-chose et pourtant Ranfan rougit. Cette fois, Ling le remarqua. Juste avant qu'ils ne rentrent dans le palais, celui-ci en profita pour en rajouter. Alors que Ranfan repliait le parapluie, il se pencha vers elle et lui dit doucement :

« N'oublie pas qu'il y a une fête demain soir. Je peux compter sur toi pour y venir ? … et sans ton masque ? »

Le prince se trouvait tellement près qu'elle avait pu sentir son souffle dans son coup. Elle frissonna. Cette fois ci, Ling allait trop loin à son goût. Elle le raccompagna en silence, sans même lui répondre. Quand il fut rentré dans sa chambre, elle se précipita vers la sienne, sentant des larmes couler sur ses joues. Comment pouvait-il faire ça ? Savait-il ses sentiments et essayait-il de la faire culpabiliser ? Elle savait bien qu'elle n'avait pas le droit, mais qu'y pouvait-elle ? Pourtant elle avait du mal à imaginer que ce soit les motivations du prince. Sans doute était-ce plutôt un jeu, cela lui ressemblait plus. Ranfan se sentait très en colère qu'il joue ainsi avec ses sentiments. Il devait bien savoir qu'elle l'aimait après tout, tout le monde le savait. Même Fu, son grand père l'avait remarqué avant sa mort. Il l'avait d'ailleurs réprimandé à maintes reprises pour cela, mais Ranfan ne pouvait juste pas effacer ses sentiments comme cela. Depuis des années elle aimait le prince. Pas depuis toujours mais, depuis assez longtemps pour que cela puisse être considéré comme un amour fort, réel. Il était son premier amour, et elle ne pouvait en imaginer un autre. De toute manière sa vie de garde du corps faisait qu'elle n'aurait que peu l'occasion de rencontre d'autre homme. Et même si Ranfan parvenait à rencontrer quelqu'un, elle pouvait difficilement imaginer qu'il accepte sa proximité avec Ling. Et la jeune fille n'était pas prête de renoncer à son poste. Elle pleurait à chaudes larmes à présent. Alors qu'elle repensait à l'après midi qu'elle avait passé, son cœur se serrait. Au bout d'un moment, sa tristesse s'effaça pour se transformer en colère. Ranfan eu tout d'un coup une forte envie de se venger. Elle chassa vite cette idée de son esprit, se rappelant qu'il était son maître et qu'elle n'avait en aucun cas le droit de faire cela. Elle n'avait pas d'autre choix que de le pardonner.

De con côté Ling était énervé mais surtout vexé. Voir même déçu. Il connaissait assez Ranfan pour savoir qu'elle n'allait pas avoir une réaction démesurée. Mais un simple petit rougissement ? Ne valait-il vraiment que ça ? Il avait pensé que la garde du corps l'appréciait un peu plus que cela. Peut être avait-elle feint de ne rien éprouver après tout. Ou tout simplement, peut être qu'il avait surestimé les sentiments de la jeune fille à son égard. Il devait savoir. Il décida donc de se rendre à la chambre de Ranfan pour une dernière tentative.

Il frappa à la porte de la jeune fille. Elle ouvrit la porte et sursauta en voyant le prince. Elle s'attendait à voir un autre garde ou bien une servante. Mais surtout pas le prince. Elle rougit en pensant à sa tenue. Elle ne portait qu'un short fluide et un débardeur, pour ainsi dire : son pyjama. Ling rougit à son tour en la voyant mais ne se dégonfla pas pour autant.

« J'ai quelques conseils à te demander pour mon discours pour la fête de demain soir, je peux rentrer ? »

Elle hésita un instant.

« Oui bien sûr. »

Evidemment elle ne pouvait refuser. En entrant il put voir Ranfan de plus près. Ses yeux semblaient gonflés. Il s'arrêta et posa sa main sur l'épaule de la jeune femme. Il plongea son regard dans le sien et demanda :

« Ranfan. Tu vas bien ? Quelque chose te tracasse ? »

Se pouvait-il que cela soit de sa faute ? Non impossible, pourquoi aurait elle pleuré alors qu'elle n'avait pas l'air de se soucier de ses avances au cour de la journée. Il sentit son corps se raidir sous sa main. Bien qu'il sache que Ranfan était bien plus forte qu'il ne pourrait jamais l'être, elle lui sembla fragile l'espace d'un instant.

« Rien de particulier jeune maître. Je suis juste un peu fatiguée. »

Elle recula pour dégager la main de Ling toujours sur son épaule. Il avança dans la chambre de Ranfan et s'assis sur son lit. Elle s'assit à ses côtés, en prenant garde de s'assoir à une distance raisonnable, ne sachant à quoi s'attendre.

« Vous vouliez des conseils pour votre discours ? »

Ling hocha la tête. Il voulait réellement avoir son avis. Il lui montra le papier sur lequel il avait écrit quelques idées, rien de rédigé. Il ne voulait pas se contenter de lire, un bon roi devait savoir exprimer ses sentiments sans avoir à les écrire.

« Comme d'habitude, je trouve que vos idées sont bien au dessus des idioties que tiennent vos frères et sœurs. Seule Mei est à craindre. Mais je vous fais confiance, vous saurez faire face à la cour demain. »

Ling sourit à Ranfan. Il lui prit la main et dit :

« Merci. Je pense que j'avais besoin d'entendre ça, maintenant je suis complètement prêt ! »

La jeune fille sembla esquisser un sourire forcé, puis retira doucement sa main. Ling soupira. Il n'y avait décidemment rien à faire. Par contre, il fut étonné de constater que son propre cœur battait la chamade rien qu'à cause de ce bref contact. L'odeur de Ranfan régnait également dans la pièce, familière. Il se sentait bien ici, bien qu'un peu gêné d'être ainsi ignoré par sa garde du corps. Ses tentatives n'avaient pas abouties. Elles avaient cependant réussis à confirmer au prince ses sentiments pour elle. Il s'était déjà aperçu que ces sentiments pour Ranfan n'étaient pas anodins mais il n'en était pas sûr. Aujourd'hui, il avait fini par tomber dans son propre piège. Il n'avait pas réussi à séduire sa garde du corps, mais elle l'avait convaincue de ses sentiments sans rien faire, en étant presque désagréable. Ce que le prince comprenait aisément au vue du mauvais traitement qu'il lui avait affligé toute la journée. Sur ce, il regagna sa chambre.
Ranfan soupira. Même si les motifs du prince lui restaient obscurs, son comportement était déplacé. Ce n'est pas comme si elle n'avait pas apprécié, il fallait qu'elle se l'avoue. Mais si jamais quelqu'un les avaient vus… Et puis maintenant que son cœur battait à vive allure, elle doutait qu'elle puisse trouver le sommeil facilement. Elle se coucha en espérant que le lendemain le prince aurait trouvé une occupation moins malsaine, et qu'elle pourrait oublier cette journée.

Visiblement son souhait s'était réalisé. Elle n'avait pas vu le prince de la journée. Peut être avait-il été vexé, mais après tout il l'avait mérité. Elle se prépara pour la soirée. Elle hésita à mettre son uniforme, mais décida qu'elle ferait mieux de porter une tenue plus quelconque pour passer plus inaperçue. Ce soir toute la famille impériale été présente, elle devait être plus que jamais sur ses gardes. Elle enfila un pantalon noir en lin et un débardeur gris clair, assez décolleté. Elle n'oublia pas néanmoins de cacher ses armes dans des poches intérieures de son pantalon prévues à cet effet. Elle laissa ses cheveux détachés, hésita à se maquiller mais renonça. Elle descendit dans la salle de réception et se positionna près de la scène, attendant le tour de Ling pour son discours. Celui-ci arriva, se positionna devant le micro et commença à parler d'une voix assurée. Ranfan se sentait émue devant le charisme du prince, il était définitivement fait pour être le prochain empereur de Xing. Ses grands frères n'avaient fait que lire ou bien réciter par cœur des récits sans grandes émotions. Ling était différent, à travers ses paroles ont pouvait sentir l'intérêt qu'il portait au peuple. Elle aimait ce côté du prince, elle se sentait rassurée en le voyant.

Quand il eu fini, le prince descendit de l'estrade et échangea quelques mots avec des personnages important du pays, puis présenta ses respects à l'empereur, son père. Quand l'attention fut tournée vers un autre des princes, Ling rejoignit sa garde du corps en souriant.

« Alors ? »

Ranfan lui sourit en retour.

« Formidable, comme d'habitude. Vous êtes digne d'être le prochain empereur sans aucun doute. »

Il la remercia puis proposa :

« Bien. Et si nous fêtions ça ? »

La jeune femme le regarda, étonnée.

« Si vous voulez mais… Comment ? »

Les yeux du jeune prince prirent un air malicieux. Il hésita quelques secondes, faisant mine de réfléchir.

« De la façon la plus simple qu'il soit. Tu vois ces bouteilles de vin sur la table ? Je ne suis pas sûr de t'avoir jamais vu boire cependant alors je comprendrais que tu refuses… Peut être que tu es faible face à l'alcool. »

Ling avait fait attention à bien choisir ses mots afin de provoquer au maximum la jeune fille. Et cela n'avait pas loupé. Ranfan, piquée à vif par sa dernière phrase répondit :

« Bien sûr que non ! Cependant si nous pouvions évit ... »

Il la coupa.

« Alors je te défie ! Faisons un concours pour voir le plus fort ! »

La jeune fille voulait évidemment relever le défi, par fierté. Mais cependant cela paraissait dangereux de boire dans un tel endroit.

« J'aimerais pouvoir accepter, mais je ne peux m'autoriser à baisser ma garde dans un endroit comme celui-ci. Tout vos frères sont là et pourraient nous attaquer à tout moment. De plus, vous montrer sous l'effet de l'alcool pourrait vous discréditer. »

Il acquiesça.

« Dans ce cas, prenons les bouteilles et allons dans ma chambre. Personne ne s'en apercevra, ils écoutent tous sagement. D'ailleurs mes frères ainés sont déjà partis. Rien ne nous oblige de rester. Alors ? »

Pour toute réponse, Ranfan soupira et parti prendre quelques bouteilles. Son maître n'avait même pas l'âge légal pour boire, mais puisqu'il était prince rien ne l'en empêchait. Etant plus vieille, elle pouvait se permettre de boire un peu d'alcool. Mais elle n'avait jamais réellement bu appart lors de rares repas de famille, elle n'était donc pas très sûre de la réaction qu'elle pourrait avoir. Mais de toute manière, elle savait se maîtriser quelques soit les situations, elle n'avait donc rien à craindre. Ling était ravi de pouvoir passer la soirée avec la jeune femme. Il avait abandonné son idée de la veille, il voulait juste s'amuser avec elle. Il espérait que l'alcool révélerait un peu plus la personnalité de Ranfan et qu'elle se montrerait plus expressive. Et surtout, la voire s'amuser, être moins sérieuse.

Quand ils arrivèrent à la chambre du prince, celui-ci sorti deux verres qu'il posa sur sa table basse. Il invita Ranfan à s'assoir en face de lui, autour de cette même table. Il remplit les deux verres, en silence. La jeune garde du corps commençait à s'inquiéter un peu tout de même. A cause de sa fierté, elle avait fini par se retrouver dans la chambre du prince, prête à boire. Ling lui fit signe de commencer. Elle avala donc d'une traite son verre, ne pouvant s'empêcher de grimacer de dégout. Ce n'est pas qu'elle n'aimait pas, mais elle n'était pas habituée à ce genre de sensation. Le prince se mit à rire.

« C'est bien ce que je pensais, tu n'as jamais bu avant. Si tu voyais ta tête Ranfan ! »

Elle rougit puis l'incita à boire à son tour son verre, bien déterminée à ne pas perdre. Leur petit jeu continua ainsi pendant un long moment. La jeune fille sentait une drôle de sensation l'envahir mais rien d'alarmant. Ils buvaient très vite, les bouteilles arrivaient à leur fin. Elle en déduit donc que soit le degré d'alcool n'était pas très élevé, soit ses habilités face à l'alcool était plus élevées qu'elle ne l'espérait. Le prince lui, savait que les effets n'étaient pas immédiats, il suggéra donc de faire une pause. Il se recula et s'assis contre son lit, invitant Ranfan à en faire de même.

« Tu ne t'ennuie pas ces derniers temps ? »

Elle soupira.

« Je dois bien avouer que si. Je ne regrette pas le temps ou votre vie été menacée constamment mais un peu d'action ne ferait pas de mal… »

Ling regarda l'automail de sa garde. Comment pouvait-elle vouloir revenir à ce temps ? Elle avait tellement souffert entre les nombreux combats et la mort de son grand père.

« Et maintenant, tu as l'intention de rester pour toujours au palais ? Tu ne vas pas fonder une famille ? Ou même essayer d'avoir des amis et sortir comme toute les filles de ton âge… Je m'en veux un peu de t'infliger une telle vie. »

Ranfan sentait qu'elle avait de plus en plus chaud, et pourtant ce n'était pas parce qu'elle rougissait cette fois ci. Elle avait un peu de mal à tenir une conversation aussi sérieuse dans un tel moment. Elle tenta de se ressaisir.

« Je suppose que je devrais. Mais je n'en ai pas envie. Aucun homme ne m'a donné envie de fonder une famille jusque là et pour ce qui est des amis… Je m'entends bien avec quelques gardes du palais. »

Elle hésita puis continua.

« Et… désolée d'être si présomptueuse mais… Je ne peux m'empêcher de considérer le jeune maître comme une personne importante pour moi, bien plus qu'un ami pourrait l'être. »

Le concerné ne savait pas trop comment il devait interpréter ça. Il n'y prêta garde.

« Au fait… Désolé pour hier. Je pense que tu as compris et que tu devais être en colère. Je n'aurais pas dû, désolé. »

D'un coup la jeune fille se remémora sa colère de la veille. Après tout le prince n'avait pas hésité à se comporter de manière déplacée pour passer le temps. Pourquoi elle ne pourrait pas ? Sans doute à cause de l'alcool, elle décida que le moment été venu pour se venger. Il n'y avait personne aux alentours pour les voir, et le prince semblait assez vulnérable. Bien que son esprit soit complètement brouillé et qu'elle ne pouvait en conséquence plus trop réfléchir, elle décida que c'était maintenant à son tour de séduire le prince. Sans s'en rendre compte, Ranfan se mit à rire doucement de sa vengeance. Ling s'en aperçut.

« Ranfan ? »

« Jeune maître ? »

Elle tourna la tête pour le regarder droit dans les yeux. Son regard était profond, sa bouche entrouverte. Ling tressaillit. A cause de son épaule penchée, la bretelle du débardeur de la jeune fille glissait lentement sur son bras. Le prince détourna son regard et se servit la fin d'alcool qu'il restait, pour le boire d'une traite. Après cela il s'affala sur le dos près de la table. Ranfan, a qui l'alcool avait donné le hoquet, marcha à quatre pattes pour le rejoindre. Elle se mit sur le ventre et lui susurra.

« Je crois que j'ai gagné… Jeune maître. »

Le visage du prince devint sérieux, il tourna la tête pour lui répondre. Son visage se trouvait à quelques centimètres seulement du sien. Contre toute attente, Ranfan ne bougea pas, bien décidée et surtout, déroutée par les effets de plus en plus forts de l'alcool.

« Ce n'est pas parce que je m'allonge que j'ai succombé aux effets ! Dire que je ne ressens rien serait mentir mais, de ce que je vois les effets t'ont atteints la première. Peut importe, ce qui m'inquiète c'est que tu semble avoir pris part à un autre jeu, et j'ai comme l'impression que pour le moment tu mène la partie. »

La jeune fille lui arbora un sourire plein de fierté. Sans qu'elle n'ait le temps de s'en rendre vraiment compte, le prince la saisit pour la retourner sur le dos. Il se positionna au dessus de celle-ci et lui offrit en retour un sourire malicieux. Il chuchota dans son cou :

« Ne t'enflamme pas trop je n'ai pas donné mon dernier mot. »

Si Ranfan n'avait pas été dans cet état jamais la situation n'aurait dérapée à ce point, la jeune fille le savait. Mais son esprit refusait de fuir, elle voulait voir jusqu'où cela pouvait aller. De plus, elle ne pouvait le nier, elle aimait le prince. Alors pourquoi ne pas utiliser l'alcool comme excuse et profiter ? Elle penserait plus tard aux conséquences… Elle sentait la respiration du prince dans son cou ce qui la faisait tressaillir. Alors que le visage de Ling s'approchait dangereusement du sien, le hoquet de la jeune fille reprit. Il se mit à rire, sans pour autant se reculer.

« Qui aurait pensé que ma si forte garde du corps se retrouverait dans un tel état à cause de l'alcool… ? »

Ranfan ne l'écoutait pas vraiment. Elle aurait aimé lui dire que ce qui la chamboulait encore plus que le vin, c'était le souffle du prince, ses lèvres à quelques centimètres des siennes. Mais le peu de conscience qui lui restait lui interdit de le faire. Si c'était le prince qui était entreprenant, elle n'était pas en faute, même si cela restait interdit. Elle aurait du l'arrêter, lui rappeler sa position avant qu'il ne soit trop tard. Mais lorsque Ling replongea son regard dans le sien, les mots refusèrent de sortir. Au lieu de cela, elle passa doucement sa main dans le dos du prince. Celui-ci, prenant ce geste comme une invitation, rapprocha un peu plus son visage et embrassa doucement Ranfan. Elle parut d'abord se raidir, sans doute étonnée, puis se détendit, resserrant son étreinte autour du prince. Ling entreprit ensuite de déposer quelques baisers furtifs dans le cou de la jeune femme, tout en baladant une main sur le ventre de celle-ci. Ranfan savait que maintenant il était trop tard, elle ne devinait que trop bien ce qu'il allait se passer ensuite. Elle laissa son statut de femme prendre le dessus sur celui de garde du corps, elle ne voulait en aucun cas qu'il arrête. Sa respiration se faisait un peu plus haletante, encourageant le prince à continuer. Il était étonné de constater à quel point c'était agréable. Bien qu'il ne les ait que réellement constaté la veille, il pouvait sentir que sentiments dataient depuis plus longtemps. Maintenant qu'il avait réussi à avoir la jeune fille, il imaginait difficilement la laisser partir. Et pourtant, un sentiment mélancolique l'envahit, pensant à la réaction que celle-ci aurait le lendemain. Il la connaissait bien, elle s'excuserait, serait dans tout ses états parce que c'était « interdit ». Il la regarda, Ranfan pu sentir la tristesse dans son regard bien qu'elle ne sache pas vraiment qu'elle en était la raison. Elle n'eu pas le temps d'y réfléchir, Ling attrapa ses lèvres, l'embrassant plus passionnément cette fois. Elle répondit à son étreinte, commençant à faire glisser le gilet du prince, laissant celui-ci torse nu. Ce n'était pas la première fois qu'elle pouvait voir son torse mais cette fois ci elle pouvait l'admirer, sans gène. Combien de fois avait elle rêvé de pouvoir le toucher ? Le prince prit soin à son tour d'enlever le débardeur de la jeune fille et son soutien gorge par la même occasion. Sans prendre réellement le temps de la regarder, il passa les mains sur son corps tout en descendant ses baisers. Bien que Ranfan sente que son maître se faisait de plus en plus pressant, il restait doux et attentif. Elle se laissa aller complètement, ne pensant plus à rien.

Le matin, les rayons du soleil rentrant dans la chambre réveillèrent la jeune fille. Malgré le mal de crâne qui la saisissait, elle tenta d'analyser la situation. Elle se remémora la fête, l'alcool, son envie de vengeance, le prince. Elle rougit furieusement et regarda à côté d'elle. Le prince était allongé par terre, une main sur le ventre de la jeune fille. Il était visiblement nu, elle aussi d'ailleurs. Pourquoi n'avait elle pas écouté sa conscience ? Maintenant elle ne savait pas ce qu'elle devait faire, malgré son aptitude à rester de marbre, faire comme si rien ne s'était passé risquait d'être compliqué. Peut être valait-il mieux qu'elle renonce à son poste de garde du corps, mais bien sûr elle déshonorerait sa famille c'était donc impossible. Elle allait sans doute rougir à chaque fois qu'elle croiserait Ling, se rappellerait en permanence la sensation de ses mains sur corps. Elle frémit.

« Personne n'en saura jamais rien, ne t'en fait pas. »

Le prince attrapa une couverture et la posa sur leur corps. Il s'assit et regarda la jeune fille sérieusement.

« Je ne peux pas te dire comment notre relation va finir, cela dépendra sans doute de si je deviens empereur ou pas. Mais ce n'était pas juste comme ça, je suis sérieux. »

Elle détourna le regard.

« Je… C'est impossible d'être sérieux au vu de notre différence de statut. »

Il soupira et s'apprêta à répondre. Elle le devança.

« Et puis, je pense qu'il va être difficile de faire redevenir les choses comme avant, nous n'aurions pas dû… Je suis vraiment désolée pour ce qu'il s'est passé. »

Le visage de Ling s'assombrit. Il savait qu'elle avait raison, pour autant il ne voulait pas que cela s'arrête là. S'il était prince, n'y avait pas moyen pour lui d'obtenir au moins la femme qu'il aime ? Ce serait sans doute très difficile, mais il été près à tenter. Il n'était pas sûr de pouvoir abandonner ses ambitions pour Ranfan, mais au moins il voulait essayer. Il prit délicatement la main de sa garde du corps dans la sienne.

« Tu ne te sens pas capable de le cacher seulement devant les autres ? J'aimerais vraiment pouvoir t'aimer, mais bien sûr je ne peux pas te forcer. Tu crois que ça n'en vaut pas la peine ? »

Ranfan se sentait sur le point le pleurer. Bien sûr que si, elle voulait. Mais était-ce vraiment possible ?

« Après tout puisque le pire est déjà arrivé, pourquoi ne pas continuer… »

Ling la regarda, étonné qu'elle ne présente pas plus de résistance à l'idée. Il la prit dans ses bras. Ranfan ne savait pas si elle avait fait le bon choix, pourtant son cœur l'empêchait de revenir en arrière.

« Ranfan, je t'aime. »

Ces mots, que le prince lui avait susurrés, pour rien au monde elle n'y aurait renoncé.