Chapitre 1 :

Rosalia: Port-Réal

Un relent de poisson me réveilla. Le bateau s'est arrêté de tanguer. Nous sommes arrivés. Je sortis de ma cale. En descendant du bateau, je remercia encore une fois le pirate qui m'a aidée à fuir Meereen.

J'étais esclave pour un riche marchand d'épice, là-bas. Un jour, j'en ai eu marre de me faire maltraitée et humiliée. Alors une nuit sans un bruit, je me suis glissée dehors et j'ai couru jusqu'au port où, par bonheur, j'ai pu me faufiler dans une cale d'un bateau.

Mais quelques jours, plus tard, le propriétaire du navire, un vieux pirate, m'a trouvée. Il n'a rien dit, juste que nous allions à Port-Réal. J'ai supposé que cette ville faisait partie de Westeros.

Heureusement, pour moi j'ai eu la chance de côtoyer une interprète grâce aux activités de mon maître, enfin de mon ancien maître maintenant. Je n'ai pas eu de regret en quittant Meereen. Je n'avais pas d'amis là-bas, ni de famille. Ma mère est morte sous les coups d'un client qui penchait sévèrement vers l'alcool. J'avais six ans. Le marchand d'épice m'a trouvée et m'a prise comme esclave. J'ai longtemps attendu pour que mon père vienne me chercher, mais personne n'est venu. Je ne sais pas qui est mon géniteur sûrement un client de ma mère.

Me voilà donc à Port-Réal, avec une robe qui autrefois a dû être blanche, mais qui aujourd'hui est presque entièrement noire. Je n'ai ni nourriture ni quoique ce soit pour en acheter. Je suis encore plus démunie qu'avant mais au moins je suis libre. Et qui sait, ma chance va peut être tournée.

Je déambule parmi les étales de poissons et de légumes. Je pense que je me trouve dans l'une des parties les plus pauvres du pays. Des enfants volent sur les étalages, provocant la colère de nombreux marchands. Des femmes réclament quelques pièces, leur nourrisson dans les bras. Des ivrognes tanguent au milieu des rues. Plusieurs m'ont abordée, m'obligeant de les repousser.

Il est vrai que je suis attirante. Je suis grande et musclée comme il le faut. Mes longs cheveux noirs bouclés cascadent dans mon dos, faisant ressortir le teint cuivré de ma peau et mes grands yeux océans.

Alors que je tournais à un coin de rue, un homme d'une cinquantaine d'années avec un ventre de buveur de bière, m'aborde :

Une jeune fille ne devrait pas se promener seule dans cette partie de la ville.

Je prends peur et me retourne pour le fuir:

Attends, je ne te veux aucun mal. J'aide les jeunes filles dans ta situation.

Comment aurait-il pu avoir idée de ma situation ? J'accélère le pas. Il courre presque derrière moi en soufflant.

C'est le pirate qui t'a amenée ici qui m'a dit que tu venais de Meereen. Tu es une esclave, n'est ce pas ?

Il a dit tout cela en valyrian, ma langue maternelle. Je m'arrête net, curieuse de savoir ce qu'il allait me proposer.

Que dis-tu d'un bon repas ? En échange, tu feras la vaisselle. Ensuite, on parlera un peu de la vie à Port-Réal.

En guise de réponse, mon ventre gronde. Je suivis le gros monsieur, toujours sur mes gardes.


Alexander: Fieldsunny

Carl porte un coup vers la droite que j'esquive sans mal. Il retente vers la gauche mais je suis plus rapide, et le désarme, alors qu'il tombe sur les fesses. Je l'aide à se relever. Carl est de trois ans mon cadet, mais cela n'empêche qu'il est doué pour le combat, même si je le bat à chaque fois.

Soudain, quelque chose s'agrippe dans mon dos ou plutôt quelqu'un qui se retient à ne pas rire aux éclats. Je tourne très vite sur moi- même, provoquant le fou rire de ma petite sœur. Je la fait descendre et nous rions tous les deux.

Violette me ressemble, comme moi elle a les cheveux blonds et les yeux verts. Alors que mes traits se sont affinés, elle a le visage rond d'une enfant de huit ans. Nous ressemblons à notre mère qui est, malheureusement, décédée, suite à une maladie des poumons, lorsque Violette n'était encore qu'un bébé. Quant à Carl, c'est le portrait craché de notre père, bruns, les yeux marrons et bâtis tout en muscles. Nous appartenons à la maison Feuerbach, souverain de Fieldsunny, quelque part entre Harrenhal et Port-Réal. Notre famille est très riche et nous sommes respectés pour notre modestie.

Mon père m'appelle. Je sais qu'il va me parler de la rébellion de Baratheon. Quand j'arrive auprès de lui, il me parle de la bataille de Cendregué et de notre victoire. Il dit qu'il ne faut pas sous-estimer Baratheon. Si cette bataille a été gagné c'est seulement parce que Baratheon a été privé de ses alliés, Lord Eddard Stark et Lord Jon Arryn.

Dans ce conflit, nous faisons allégeance à Aerys II Targaryen, rien de plus normal, c'est notre roi. Mon père continue à parler de stratégies militaires que j'écoute avec peu d'attention puis il en vient au plus important :

Il faut que tu ailles, à Port-Réal, Alec. Va te renseigner auprès de la Main, si il faut des troupes supplémentaires vers Accalmie. J'ai entendu dire que les Tyrell vont y faire un siège. Et je veux savoir les futurs décisions du roi sur la rébellion. Pour le bien de tous, il faut que cela cesse!

Bien, Père. Je me mets en route dès maintenant, juste le temps de seller mon cheval. »

Peter, le garçon d'écurie, m'aide à seller Hippolyte mon étalon alezan. Je prends quelques vivres à la cuisine, seulement quelques kilomètres séparent Fieldsunny de Port-Réal. Et me voilà donc, chevauchant bride abattue vers la capital de Westeros.