Bonjour/bonsoir =)

Encore une fois, me voici pour une toute nouvelle fiction : « Comme tombe la pluie », qui sera découpée en 3 parties (et cette fois, aucun retard dans les publications, je vous le jure sur mon honneur ! è_é).

En espérant vous faire passer un agréable moment !

Bonne lecture =)

Titre : Comme tombe la pluie

Auteur : Lynn Nashina

Genre : Yaoi

Pairing : NaruSasu.

Rating : M

Disclaimer : Naruto appartient au grand Masashi Kishimoto !


La pluie tombait.

Lentement, tendrement, goute après goute, elle venait s'écraser sur le sol boueux de ce village morose, l'assombrissant peu à peu. Tapissant la terre sombre devenue moite d'eau glacée, dans un son doux et mélancolique. L'air devint humide et froid, accompagnant amoureusement la pluie, étreignant de nostalgie les rares passants qui s'intéressait à elle. Elle laissa leurs yeux contempler d'un œil tourmenté cette averse douloureusement accusatrice.

Peu à peu, les gens vinrent à se terrer chez eux, tentant de lui échapper. Pourtant, elle ne s'en formalisa pas, certainement trop habituer à côtoyer les hommes. Ces hommes, tous aussi lâches, qui cherchent sans cesse à la fuir…

Sans un remord, elle continua son office.

L'eau se fraya un chemin humide entre les tuiles rouges et brunes des maisons, chutant rapidement jusqu'au sol. Glissant parfois sur le bois des murs dans un mouvement lent, tentant désespérément de retarder leur fin, qui était pourtant impossible à contrer. Comme une évidence.

Lentement, tendrement, goute après goute, la pluie apporta gracieusement un sentiment de douce libération à quiconque prenait le temps de la comprendre. Ce sentiment étrange de pouvoir faire enfin table rase du passé. De tout balayer, de tout oublier, de tout reconstruire.

La rue était désormais dépourvue de toute forme de vie humaine, accueillant sans regret cette averse glacée. Vide, ou presque.

Là, adossé contre le sombre mur de bois humide d'une petite auberge, un jeune homme se tenait debout. Enveloppé tendrement dans un long manteau noir, la garde d'un katana de la même couleur dépassant de son dos, il se tenait là, abrité par un petit avant-toit au-dessus de sa tête. Ses cheveux de jais, rendu humide par l'atmosphère embrumée régnant autour de lui, lui caressaient tendrement les joues, d'habitude si pâle mais qui étaient devenues légèrement roses sous le froid mordant de cette fin d'automne.

Ses yeux d'un profond onyx se levèrent lentement vers ce ciel occupé à pleurer.

Il observa sans un mot les nuages gris au-dessus de lui, pleurant tout leur soûl sur le pauvre être qu'il était, comme une fatalité. Comme un reflet de lui-même. Le reflet de tout ce qu'il était, de ce qu'il était en train de devenir. Lui renvoyant ses erreurs en pleine face, lui montrant à quel point son cœur souffrait en plus profond de lui, silencieusement. Silencieux, comme il l'avait toujours été.

Sa gorge se resserra. Et lentement, presque hésitant, il s'avança.

Quittant la sécurité du toit qui couvrait sa tête, il sentit rapidement l'eau glacée de l'averse s'écraser dans ses cheveux, les plaquant sur son crâne, glissant lentement le long de son cou dans un sillon glacial. Ses vêtements se gorgèrent peu à peu d'eau, devenant un peu plus lourd à chacun de ses pas, et sur son visage, il sentit la désagréable morsure du vent froid s'accentuant sur l'eau glacée qui caressait ses joues. Mais, étrangement, il n'en avait cure.

Sans un seul regret, sans un seul regard, il continua d'avancer. Comme si une voix l'appelait. Comme si tout cela n'était que la suite logique des choses. Comme si tout cela était impossible à éviter. Comme si…

Alors que ses jambes continuaient d'avancer sans aucun but, il releva lentement son visage pâle vers ce sombre ciel. L'eau fraiche vint s'écraser plus franchement contre ses joues, son front, tentant de s'insinuer entre ses lèvres gercées de froid, glissant contre sa gorge avant de se perdre sous ses vêtements. Ses jambes le guidèrent un peu plus loin encore, aux abords du village, quittant les rues habitées pour ne rencontrer que la nature.

A quelques pas de là, la côte.

Ses pas se stoppèrent à peine à quelques mètres du vide. Fermant lentement les paupières dans une expression de total repentir, il laissa un soupir las passer la barrière de ses lèvres. Le son des vagues frappant contre la paroi rocheuse du littoral, plus bas, semblait avoir l'étrange pouvoir de l'apaiser, ne serait-ce qu'un peu. Le vent humide souffla à nouveau, caressant la peau mouillée de son visage et de ses bras nus et s'engouffra dans son long manteau noir, apportant avec lui l'odeur caractéristique de la mer, plus bas. Les sons de la pluie et de la mer se confondirent un instant dans une mélodie tendrement mélancolique.

Deux lagons onyx se rouvrirent lentement sur le morceau d'océan face à lui, avant de se lever vers le ciel. Longuement, il le contempla, ses yeux prenant peu à peu une teinte de douce renonciation, acceptant ce qui n'était que fatalité. Il le sentait, pourtant. Ce sentiment de terreur, ces tourments, enserrant son cœur, broyant sa gorge, retournant ses trippes, oppressant son âme du poids des regrets.

Il ne s'était jamais autant haï.

Pas même lorsqu'il avait décidé de quitter le village qui l'avait vu naître. Pas même lorsqu'il avait tenté de tuer son meilleur ami. Pas même lorsqu'il les avait trahi au profit d'Orochimaru. Pas même lorsqu'il avait pris la vie de son frère.

Non.

C'est à ce moment précis. Alors qu'il se tenait devant cette interminable étendue d'eau, son corps parcourut de frissons glacés, son visage trempé tournée vers ce ciel horriblement accusateur, alors qu'il repensait à tout ce qu'était sa vie jusqu'à maintenant, il n'avait plus qu'une envie.

En finir.

Expier ses fautes.

Tout oublier.

A nouveau, il laissa échapper un soupir, à s'en fendre l'âme.

Que faire, à présent ?

Cette simple question trottait au fond de lui depuis maintenant des semaines. Il se sentait tellement désemparé, tellement…perdu.

Ces dernières années, il n'avait survécu que dans un seul et unique but : se venger. Pour ça, il n'avait qu'une seule option : prendre la vie de son unique frère, prendre la vie de l'homme qui l'avait détruit. Durant des années, il s'était entrainé sans relâche, allant parfois jusqu'à frôler la mort, tentant toujours de dépasser toutes ses limites, infligeant de lourds dommages à son corps déjà tellement meurtri. Il avait été prêt à tout pour atteindre son but.

Prêt à sacrifier son enfance, prêt à trancher les derniers liens importants qui lui resté, prêt à trahir ses seuls amis, prêt à tuer son ancien maître et ses anciens compagnons.

Il n'avait pas hésité une seule seconde jusqu'à maintenant, acceptant son sort et n'écoutant que son désir de vengeance, faisant le pas sur ses sentiments et sur ce que lui crier son cœur…

Enfin, non… En toute honnêteté, il avait déjà hésité. Une seule et unique fois, changeant à jamais le court de sa vie.

En un jour pluvieux, comme aujourd'hui. Un jour qu'il se forçait à oublier depuis bien trop longtemps maintenant. Un de ces sombres jours qu'il ne voulait plus jamais revivre, quoi qu'il en coûte.

Son départ de Konoha. Tenter d'ignorer les conseils tellement criants de vérité de Kakashi. Recueillir les larmes d'une Sakura éperdument amoureuse. Cacher ses véritables sentiments à un Naruto près à tout pour vous ramener à la maison. Tout cela avait été bien trop difficile à supporter.

A cet instant, il n'avait pas eu la force d'en faire plus.

A cet instant, lorsque le combat avait enfin touché à sa fin, lorsque Naruto se trouvait enfin à ses pieds, oscillant entre la vie et la mort, il ne parvint pas à trouver le courage d'en finir.

A genoux, se saisir d'un kunai, là, maintenant, le maintenir entre ses doigts comme il l'avait déjà fait maintes et maintes fois. Caresser la gorge halée de la lame froide de son arme, trancher en un coup sec et sans hésitation. En finir, enfin, et obtenir le pouvoir. Ce pouvoir qu'il désirait ardemment depuis des années. Trancher en un rapide coup de poignet, comme il l'avait déjà fait tant de fois.

Son poing tremblait au-dessus du cou doré, trempé par l'averse qui ne cessait de tomber. Un mouvement, un seul !, et tout serait terminé.

Son regard ne pouvant se détacher du visage dangereusement exposé de son ami, Sasuke plissa douloureusement les yeux. Ce visage tellement serein dans l'inconscience, ignorant que d'une minute à l'autre, tout serait terminé. La main pâle agrippa plus fortement l'arme, les jointures de ses doigts blanchirent sous l'effort. Elle s'appuya contre la gorge, laissant une petite marque fine et pâle sous la pression. Encore un peu, juste un peu, et le sang coulerait enfin.

Ses dents se serrèrent. Ses muscles se crispèrent. Ses sourcils se froncèrent.

Maintenant !

De rage, il éloigna violemment le kunai d'un mouvement sec et le jeta au loin, balançant son bras dans un court hurlement de désespoir.

Une douleur lancinante s'empara à nouveau de lui, cause de son geste brusque et du combat ardent qu'il venait de mener. Dans une expression de vive douleur, il enserra rapidement son épaule de sa main et se courba, son visage s'arrêtant à quelques centimètres de celui du blond.

La souffrance s'estompant peu à peu, sa respiration se calma, et il resta là, penché au-dessus de lui. Ses yeux scrutèrent les paupières fermées de son ancien compagnon, imaginant sans mal la douce couleur cobalt se cachant derrière elles. Il déglutit lentement.

La pluie battant furieusement au-dessus d'eux couvrait le son de leur respiration, tristement calme pour l'un, douloureusement saccadé pour l'autre. Il n'était pas trop tard… Il pouvait toujours-…

Les deux billes noires se tintèrent de douceur en imaginant la scène. Détaillant le visage hâlé sous lui, il imagina un instant quelle genre d'expression celui-ci aurait pu prendre aux portes de la mort, plonger dans un bain de souffrance. Cette simple image lui tordit les tripes et lui écrasa le cœur.

Il ne voulait pas le blesser, il ne voulait pas le tuer… Il voulait simplement… simplement rester avec lui et…

Non !

Plissant vivement les yeux, Sasuke se fustigea mentalement pour n'avoir, ne serait-ce qu'un instant, éprouvé ce genre de sentiment. Il avait fait son choix, maintenant. Et il allait s'y tenir. Pour le reste de sa vie.

Forçant sur ses jambes engourdies par la douleur, il se releva lentement. Dans la manœuvre, il sentit le nœud de son bandeau frontal se dénouer derrière son crâne. Le tissu glissa dans ses cheveux et chuta avant de s'écraser sur la roche près du visage endormi, dans un bruit métallique.

Un instant, Sasuke prit le temps d'observer les derniers signes de son appartenance au village, son regard profond passant lentement du bandeau au visage doré.

Il chassa rapidement ce sentiment de regret qui assaillait déjà son cœur meurtri.

Après un dernier regard, il détourna les talons.

Il s'avança d'un pas assuré, quittant le corps inconscient de son ancien compagnon, gagnant les ténèbres…

Ces ténèbres qui ne l'avaient jamais quitté depuis, l'étreignant tendrement jusqu'au plus profond de son cœur, l'empêchant de se dérober.

Ces ténèbres qui l'avaient peu à peu détruit de l'intérieur, qui l'avaient totalement aveuglé.

Ces ténèbres dans lesquelles il s'était à jamais perdu après avoir pris la vie de son unique frère. Après avoir appris l'ignoble vérité de la bouche de Tobi. Après avoir eu la confirmation par Danzo avant de le tuer, lui aussi. Après… Après...s'être égaré à jamais.

Lui qui n'avait vécu que grâce à la vengeance était totalement perdu désormais. Il était parvenu à se venger de l'assassin de son clan et de ses parents. Parvenu à rétablir l'honneur de sa famille. Mais, c'était lui et lui seul qui avait porté le coup de grâce à son ainé. En prenant sa vie, il était devenu à la fois le sauveur et l'assassin.

Mais comment se venger de soi-même ?

Désormais, pas même Naruto n'avait le pouvoir de le libérer de ces chaînes.

Lentement, ses yeux se rouvrirent sur le ciel au-dessus de lui. Sans un bruit, sans un soupir, ses larmes vinrent tendrement se mêler à la pluie.

Il inspira lentement l'air glacé l'entourant dans un court soubresaut, gonflant au maximum ses poumons, cherchant par tous les moyens à se libérer.

Le froid crispait désormais ses membres et asséchait peu à peu sa gorge. Ou… Est-ce le fait de pleurer ? Il ne savait plus.

Il avait oublié à quel point ça pouvait être libérateur, que de se laisser aller ainsi.

Refermant doucement les yeux, il se laissa peu à peu porter par ses pensées et par les sentiments qui enserraient son cœur. Il ne sut pourquoi, ni comment, mais la première image qui lui vint à l'esprit fut le visage toujours aussi souriant de son ancien compagnon. Ce crétin aux cheveux blonds…

Avec horreur, il sentit l'ombre d'un sourire relever le coin de ses lèvres.

Le visage hâlé se fit plus net dans son esprit. Le visage de ses seize ans, comme il l'avait vu au repaire d'Orochimaru. La couleur miel de sa peau au parfum unique. La magnifique nuance azur de ses yeux, miroir de son âme, tellement expressif. Les six cicatrices parcourant ses joues, lui donnant un côté tendrement sauvage. Sa mâchoire devenue un peu plus carré, avec le temps, le rendant plus adulte, plus mature qu'il n'était en réalité. Et ces lèvres… Ces lèvres au sourire unique, ces lèvres pleines qui avaient l'air si… si…

Une vague de chaleur parcourut le corps du brun, son sourire s'étirant un peu plus. Ses larmes doublèrent d'intensité, coulant le long de ses joues toujours aussi silencieusement sans qu'il ne fasse quoi que ce soit pour les retenir. Sa gorge se resserra un peu plus, en même temps que son cœur, mais il n'en avait cure.

En cet instant, alors que son corps frissonné sous le froid mordant de cette matinée pluvieuse, alors que ses larmes ne cessaient de couler, alors qu'une douleur insupportable enserrer son cœur et empêcher ses poumons de respirer correctement, il ne pouvait s'empêcher de sourire.

Et, avec lâcheté, il s'abandonna peu à peu à la douceur de ce sentiment.

Ce sentiment étrange qui vous fait prendre conscience que là, quelque part en ce monde peuplé de fou, quelqu'un tiens tout de même à vous.

Tout compte fait, peut-être que c'était ici que tout devait s'arrêter. Peut-être qu'il en avait assez fait.

Dans un instant de rêverie, il se demanda vaguement quel genre de réaction Naruto aurait en le voyant rentrer au village. Après tout ce que lui avait fait subir Sasuke, il n'était plus très sûr. Il y a quelque temps, il aurait été certain d'être accueillie par un immense sourire et par deux bras largement ouverts. Mais maintenant, maintenant, il ne pouvait plus rien assurer.

Peut-être que… Que ça valait la peine de prendre le risque…

Ou…

…Un masque…

L'horrible masque de Tobi apparut devant ses yeux clos, son imagination effaçant la douceur des yeux azur pour les remplacer par ce sharingan et ce rinnegan froid et cruel. Lui susurrant toutes ces horreurs. L'histoire d'Itachi… La capture des démons… Kyubi… Naruto…

Son dernier ordre : capturer le démon renard. Capturer l'hôte vivant et l'offrir à l'Akatsuki… Son ultime devoir à accomplir. Son dernier but. Sa dernière vengeance…

Le ciel eut à nouveau l'occasion de revoir ces deux lagons onyx se rouvrirent sur lui. Alors que ses paupières s'étaient refermées sur un regard blessé et emplie de souffrance, elles ne s'étaient ouvertes que pour balayer tous ces sentiments et n'exprimer qu'une seule et unique émotion : la certitude.

La pluie au-dessus de lui se calma peu à peu au moment où se levait le soleil, mettant un terme à cette matinée de fin d'automne. De nombreuses vagues vinrent à nouveau frapper violemment la roche du littoral, rendant les dernières bourrasques de vent humide et fraiche.

Sasuke inspira une bouffée d'air marin à plein poumon, laissant le vent sécher les larmes qui avait maintenant cessé de couler.

Tendrement, il sentit la chaleur de ce pâle soleil d'automne l'englober dans un cocon protecteur, contrastant violemment avec l'averse qui venait de l'affaiblir, de baisser ses barrières.

Une expression de total apaisement imprimé sur son visage pâle, il contempla quelques secondes de plus la mer face à lui avant de finalement détourner les talons, regagnant le village qui l'avait accueillie pour la nuit.

Ses pas le ramenèrent rapidement à l'auberge où il venait de passer la nuit. Devant le bâtiment, il se stoppa.

Ses yeux parcoururent l'édifice sans vraiment le voir, observant sans grand intérêt les premiers rayons du soleil effleurer le bois encore humide devant lui. Des sons presque étouffés sortirent de l'auberge, preuve que les gens y logeant venaient peu à peu de s'éveiller à leur tour.

Un instant, il se demanda si ce qu'il s'apprêtait à faire n'était pas la plus grosse erreur de toute sa vie.

Et puis, en une courte hésitation, il revit le visage d'Orochimaru, de Kabuto, des membres de l'équipe Hebi, de Tobi … Et puis, ensuite, celui de ses parents, de son frère, de Kakashi, de Sakura, et de Naruto…

Ses mains agrippèrent la capuche noire de son manteau et la renversèrent, laissant tomber au sol l'eau qui s'y était engouffré. D'un mouvement sec, il la rabattit sur son crâne, cachant ses cheveux et la moitié de son visage, avant de replacer correctement son épée, Kusanagi, dans son dos.

Lentement, il se détourna de l'auberge qui l'avait accueillie et reprit sa route, se dirigeant vers l'est, en direction de Konoha.