Disclaimer: rien n'à moi, tout à JKR
Un dessin accompagne chacun des chapitres de cette minific. Pour celui-ci, c'est ici: http: / hysopoldea . deviantart . com /#/d39t99t (sans les espaces)
Théodore était inquiet. Son célèbre sacro-saint calme menaçait de disparaître et certains élèves, plus intelligents que les autres et avec des sens plus affûtés (des super-sorciers, peut-être ?) , le dévisageaient, lui, le maître dans l'art de passer inaperçu, en le croisant dans les couloirs. Pourtant, un observateur extérieur à l'école remarquerait avec beaucoup de peine son agitation croissante. En effet, Il marchait du même pas qu'à son habitude, le visage toujours aussi dénué d'expression et seuls la raideur de son dos, un léger plissement du front et le serrement convulsif de sa main sur sa baguette pouvaient trahir sa nervosité.
Ses pensées, quant à elles, étaient à milles lieux du couloir dans lequel il se trouvait, de ses camarades et même de son calme qui s'effilochait lentement mais sûrement. Il avait perdu Millicent et c'était, pour le moment (parce qu'il avait d'autres centres d'intérêts, et non, la victoire de Serpentard au prochain match de Quidditch n'en faisait absolument pas parti. Sauf si cela pouvait calmer Malfoy, bien sûr. Théo en avait assez des hurlements (un long POOOOOTTTTER) de celui-ci en cas de défaite contre Gryffondor. Il ne fallait d'ailleurs pas se faire d'illusion, et Théo était réaliste,c'était même sa principale qualité, ils allaient perdre et de toute façon Malfoy était toujours en colère contre Potter.), la seule chose qui comptait à ses yeux.
Bien entendu, elle était parfaitement capable de se débrouiller seule. C'était une grande fille. Millie était forte, capable de battre à mains nues n'importe quelle fille et aussi un certain nombre de garçons de leur age, voir même plus vieux. Elle avait d'ailleurs eut l'occasion de prouver car elle le défendait plus souvent qu'à son tour, et il paraissait presque drôle de penser que cette fille forte puisse avoir besoin de l'aide de Théo. Il avait beau la dépasser d'une tête, il était bien trop efflanqué pour être une menace, sauf sur le terrain des mots ou sur celui des sorts, où, en grand bosseur, il ne craignait absolument personne.
Penser à eux comme à des amis pouvait faire rire tant ils étaient différents, physiquement comme mentalement. Théodore était solitaire, indépendant et était incapable d'user d'hypocrisie, ce qui, s'il n'était pas si silencieux, aurait pu lui causer un certain nombre de problèmes. Millicent ne pouvait pas s'imaginer ne pas être entourée, au point d'accepter de suivre Parkinson dans toutes ses idioties. Leur seul point commun était leur capacité à garder le silence. Tout les deux pouvaient passer des journées entières sans émettre le moindre son, et lorsqu'ils se retrouvaient dans la salle commune, il ne parlaient pas et se contentaient de regards et de contacts pour se comprendre.
En effet, malgré leurs différences de caractères, ils se connaissaient depuis toujours, se soutenaient l'un l'autre depuis au moins aussi longtemps et ne se séparaient que peu. Aucun des deux n'avait lié de réels liens d'amitié avec les autres sang-purs de leur age, sauf peut-être avec Blaise Zabini, qui, même s'il n'était pas exclu de la haute société, pâtissait de la réputation de sa mère, que l'on qualifiait en chuchotant d'arriviste. Millicent s'entendait aussi, mais dans une moindre mesure, avec Daphnée Greengrass. Théodore et Millicent se protégeaient donc mutuellement du grand méchant monde et il leur paraissait plus qu'évident qu'ils se marieraient ensemble un jour, sans trop se soucier de quand ça arriverait.
Après tout, sans qu'aucun ne le dise, cet arrangement satisfaisait les deux parties concernées plus que pleinement.
Ses pas le menèrent vers une partie des sous-sols du château peu utilisée, voire totalement oubliée. Ces salles, d'anciens cachots, avaient été abandonnées pour cause d'humidité et de déprime liée à l'aspect peu reluisant de ces lieux. Déjà qu'un cours c'est pas joyeux, si en plus on s'attend à ce que les murs s'effondrent avec nous dessous… Et je ne parle pas des chaînes qui restaient accrochées aux murs, réminiscences des anciennes activités pratiquées dans ces salles.
Théodore pensait depuis un certain temps à retourner attendre Millicent dans la salle commune. Elle s'y trouvait peut-être déjà, à l'attendre dans leur canapé favori. Peut-être qu'elle s'inquiétait, elle aussi. Si c'était le cas, ils riraient bien en se retrouvant, et puis il pourrait finir de lire ce livre de sortilège qu'il avait emprunté à la bibliothèque avec Millie appuyée contre lui. Il allait faire demi-tour quand il entendit des sanglots étouffés. Millicent ne pleurait pas, mais il décida de tout de même jeter un coup d'œil, par acquis de conscience. Si ce n'était pas Millicent, il n'aurait qu'à partir.
Mais Millie était là, assise à même le sol, les genoux repliés sous le menton. Elle a des nattes, pensa rapidement et stupidement Théo, avant chasser cette pensée de son esprit et de s'asseoir à côté d'elle. Maladroitement (n'allez pas croire que Théo n'est pas maladroit avec les sentiments. Primo, c'est un garçon. Deuxio, avoir un père Mangemort et être orphelin de mère ne vous habitue pas aux épanchements affectifs. Tertio… Bah c'est un garçon en pleine puberté, quoi !), il passa un bras dans son dos et posa sa joue sur la tête de Millicent. Il perçu son odeur, une odeur de propre qui lui évoquait un parquet brillant au soleil, et il eut envie de sourire. Les tremblements de Millie se calmèrent et il la sentit se détendre contre lui. Ils fermèrent les yeux en même temps.
Théodore était heureux. Il sentait la chaleur de sa meilleure amie contre lui et ça le rassurait. Millicent était là, à sa place, avec lui. Ca lui suffisait. Il ne lui demanda pas ce qui la faisait pleurer. Il la serrait juste contre lui. Millicent bougea, se dégagea à moitié de son étreinte pour le regarder. Elle avait les yeux rouges d'avoir trop pleuré. Elle posa sa main sur sa joue et ça sonnait comme un merci. Théodore sourit, comme pour lui dire que c'était normal, que c'était son rôle. Et dans son geste à elle, dans son sourire à lui, il y avait un « Je t'aime » hésitant, plus une promesse d'avenir qu'un aveu.
