Albus Potter se retourna une dernière fois. Il agitait frénétiquement sa main pour dire au revoir à son père, Harry Potter qui lui souriait, confiant. Sa mère et sa sœur quant à elles pleuraient à chaudes larmes. Ginny Potter ne pouvait se résoudre à l'idée de voir partir son fils cadet à Poudlard. Il avait grandi trop vite. Mais elle était sure qu'il ferait de grandes choses. Lily Potter, elle, pleurait d'impatience. Elle aurait voulu accompagner ses frères à l'école de sorcellerie. Mais la promesse de James lui redonnait le sourire derrière ses rideaux de larmes. Il avait juré qu'il lui enverrait un siège des toilettes. Albus se demandait d'ailleurs d'où lui était venu cette drôle d'idée. Il regarda ses parents et sa sœur devenir de minuscules silhouettes dans la gare King's Cross puis, ils disparurent.
Albus se laissa tomber sur la banquette d'un rouge passé du Poudlard Express. Rose était déjà plongée dans un des nombreux livres de magie que lui avait légué sa mère et qui l'avait suivie durant toute sa scolarité. Rose croyait que ces grimoires lui porteraient chance. James, lui, faisait crépiter des pétards ensorcelés qu'il jetait furtivement dans la cabine d'en face où les jeunes sorcières criaient, surprises. Mais il finit par arrêter son petit jeu après avoir été remis à sa place par l'une des filles de cinquième année qui semblait ne pas avoir apprécié sa petite plaisanterie.
« Je vais chercher Godric, Renold et Arnold ! On se revoit dans la Grande Salle ! Mais attend voir… Peut-être que tu seras à la table des Serpentards ! Je t'applaudirais depuis Gryffondor, ne t'inquiète pas ! »
Et il s'enfuit avec un rire tonitruant.
« Je n'irais pas chez Serpentard ! » hurla Albus.
Rose leva le nez de son livre. Elle aussi était très tendue. On ne plaisantait pas avec les maisons de Poudlard.
«_Toi, Rose, tu peux allez chez les Serdaigles, tatie Hermione serait aussi fière que si tu allais à Gryffondor ...
_Et mon père, tu y penses ? C'est une tradition, tous les Weasley sont allés chez Gryffondor. Tous, sans exception. Je ne voudrais pas …
_C'est une tradition chez les Potter aussi. Je suis le fils d'Harry Potter, Rose. Tout le monde s'attend à ce que je sois envoyé chez les Gryffondor. Je ne voudrais pas tous les décevoir … Et puis, même si Papa me dit que Serpentard est une bonne maison, je sais que Gryffondor est mieux.
_Si vous allez à Gryffondor. Vous rejoindrez les courageux. Les plus hardis et les plus forts sont rassemblés en ce haut lieu, récita Rose.
_Tu as appris les hymnes par cœur ? S'exclama Albus.
_Bien sur ! »
Il n'arriverait jamais à comprendre pourquoi sa cousine s'obstinait à toujours tout apprendre. Son oncle Ron lui disait que s'était normal et qu'il finirait par s'y habituer ( Telle mère, telle fille ! ).
« On joue, Albus ? »
Rose avait sorti le jeu d'échec version sorcier de son père et commençait déjà à l'installer. Ce n'était pas une question mais une affirmation, en fait. Albus sortit ses pièces et les plaça face à celles de sa cousine. Ses pions étaient ceux que sont père avait reçu lors de son premier Noël à Poudlard. Albus les connaissait donc très bien.
« Tu vas voir, Hugo m'a beaucoup entraînée ! »
Albus n'osait lui dire mais elle était une pitoyable joueuse d'échec ( Telle mère, telle fille ! Il entendait encore la voix de l'oncle Ron. ).
Ils jouèrent partie sur partie tandis que le paysage défilait derrière les vitres du train. Albus était aussi nul aux échecs que Rose et ils finirent par abandonner. A midi pile, le chariot de sucreries passa dans le couloir. Albus ( qui avait très faim ) acheta des Chocogrenouilles tandis que Rose fit le plein de Patacitrouilles.
Mais, alors qu'ils payaient la vendeuse, un garçon se précipita sur les bonbons. Il était écarlate et respirait bruyamment en essayant de reprendre son souffle.
« J'ai raté le passage … Désolé … Je voudrais … »
Il releva la tête et ce fut à cet instant qu'il remarqua Albus et Rose. Il les dévisagea un long moment puis les détailla de pied en cape de son regard gris perçant.
« Finalement, je ne prendrais rien. »
Et, il s'installa à côté d'Albus. Celui-ci se pelotonna un peu plus dans le coin de la cabine. Rose le toisa d'un regard dur et hautain. Son père lui avait dit de ne pas faire confiance à ce …
« Scorpius Malefoy, se présenta-t-il, mais je pense que vos parents vous ont parlé de mon père. »
Albus se redressa un peu. Rose serra les dents.
«_En effet, gronda-t-elle d'une voix tranchante.
_C'est bien ce que je craignais … » marmonna-t-il en se levant, déçu.
La sorcière leva un sourcil suspicieux. Il fallait se méfier des Malefoy, son père lui avait répété, répété et encore répété. Cette famille était vicieuse et malsaine. Ils avaient été du côté du plus grand mage noir et avaient essayé de tuer leurs parents maintes et maintes fois.
Contre toute attente, Albus se leva et tendit une main maladroite à Scorpius.
« Je suis Albus Potter et elle c'est Rose Weasley. »
Sa voix était devenue un peu plus assurée et il avait décidé de présenter sa cousine en voyant son air dédaigneux. Le fils Malefoy était un peu surpris mais il finit par lui serrer la main.
« Si tu n'as personne avec qui rester, tu peux manger avec nous, comme tu as manqué le chariot repas … »
Il hésita un instant puis finit par s'asseoir. Il attrapa quelques Chocogrenouilles sous le regard méprisant de Rose qui le mettait mal à l'aise. Lorsqu'il ouvrit la première, la grenouille s'enfuit en faisant de grands sauts, révélant la carte du célèbre sorcier, Harry Potter.
« Tiens, fit-il en la tendant à Albus, ce qui est sur, c'est qu'on ne trouvera pas une carte de mon père dans un Chocogrenouille. »
Il avait une voix amère et ironique. Albus prit la carte et lut :
« Harry Potter, le Survivant.
Harry Potter est un des plus grands sorciers des temps modernes. Il est actuellement le seul à avoir survécut à deux sorts de mort et à avoir combattu et anéanti Lord Voldemort, le plus grand mage noir de notre ère. Il travaille actuellement comme Auror en étroite collaboration avec Ronald et Hermione Weasley.»
Albus ne put retenir un sourire. Son admiration pour son père était sans borne mais son cœur se serrait à chaque fois qu'il entendait parler de ses exploits, c'est à dire tous les jours. Il avait fait tellement de choses exceptionnelles qu'Albus avait peur de décevoir son père. Ce qui reposait sur ses épaules le faisait courber l'échine. Il ne voulait lui faire honte. Il avait comme hantise de se révéler être un sorcier pitoyable.
Scorpius, lui, pensait exactement le contraire. Son père était une humiliation. Tout comme son grand-père. En réalité, toute la famille Malefoy était un déshonneur total pour Scorpius. Cette mauvaise réputation lui suivait de partout et cela depuis sa naissance. On ne pouvait s'empêcher de lui lancer des regards courroucés, mauvais où même l'insulter à voix basse. Et il avait pour volonté de changer tout ça.
Un silence gêné s'installa. Rose observait les deux garçons, plongés dans leur pensées. Elle brandit sa baguette.
« Reparo ! »
Les quelques rayures sur les lunettes d'Albus disparurent. Il sursauta.
«_Elles n'étaient même pas visibles … grogna-t-il, tu fais cela juste pour t'entraîner, hein ?
_Évidement. Et puis, nous sommes presque arrivés. Je préfère vérifier quelques uns de mes sorts. Tu devrais en faire de même. »
Mais Albus n'écouta pas son conseil et se contenta de la regarder jeter ses sorts. Rose mentait à moitié quand elle disait qu'elle s'entraînait. Bien sur, qu'elle s'entraînait mais elle voulait surtout en mettre plein la vue à ce vicieux de Malefoy. Son cousin était trop gentil pour le voir mais Rose voyait bien cette lueur malsaine dans ses yeux ternes.
«_Dis, commença Albus, tu voudrais être dans quelle maison ?
_Et bien … réfléchit Scorpius, je pense que je vais finir chez Serpentard. C'est comme ça dans la famille.
_Je t'ai demandé dans quelle maison tu voudrais être, insista Albus, pas celle où tu penses aller. »
La réflexion du sorcier prit plus de temps, cette fois. Rose guettait sa réponse avec un rictus mauvais.
« En réalité … J'aimerais être dans n'importe quelle maison. Sauf Serpentard. »
Rose le fixa avec des yeux exorbités. Comment osait-il mentir ? Tous les Malefoy veulent et vont à Serpentard, c'était et ça resterait comme ça !
«_Et vous ? Demanda-t-il.
_Gryffondor ! Répondirent les deux en chœur.
_Si vous allez à Gryffondor. Vous rejoindrez les courageux. Les plus hardis et les plus forts sont rassemblés en ce haut lieu, dit Scorpius.
_Toi aussi tu as appris les hymnes ? »
Albus commençait à croire qu'il fallait vraiment les apprendre. Rose fronça les sourcils. Il essayait vraiment de les amadouer !
La porte du wagonnet coulissa sur un James excité comme une puce. Ses cheveux noirs en bataille tombait sur son front et ses lunettes étaient mises de travers. Ses yeux bruns pétillaient d'impatience.
« Vous feriez bien de vous tenir prêt, on arrive ! »
Il avait déjà enfilé sa robe de sorcier et sa cravate aux couleurs rouge et or de sa maison. Il baissa les yeux sur Scorpius qui regardait par la fenêtre. Il haussa les sourcils, étonné.
« Tiens, tiens, mais c'est le petit Scorpion ? » dit-il avec un sourire malicieux.
L'intéressé se tourna vers James.
« Scorpius », rectifia-t-il d'une voix dure.
Connaissant son frère, Albus décida de mettre fin à cet échange. La tension commençait à monter et les cheveux sur sa nuque se hérissèrent. Rose, elle, semblait attendre la suite des événements avec impatience.
« Merci de nous avoir prévenus James ! On se voit tout à l'heure. »
Il sourit une dernière fois à Scorpius. Il était en train de préparer un mauvais coup. Albus l'avait deviné. Il entendit son frère chantonner l'hymne des Serpentards alors qu'il disparaissait dans le couloir.
Le train perdait de la vitesse et Albus devinait les étoiles dans le ciel d'encre. Lui, Rose et Scorpius enfilèrent rapidement leur robe de sorcier.
Une voix retentit dans le train :
« Nous arriverons à Poudlard dans cinq minutes. Veuillez laisser vos bagages dans les compartiments, vous les retrouverez dans vos dortoirs respectifs. »
Albus ne savait s'il devait être angoissé, excité ou bien impatient. Il s'engouffra dans le couloir, Rose et Scorpius sur ses talons. Les élèves se bousculaient mais Albus vit la tête de son frère dépasser de la masse. Ils finirent par sortir de la foule et l'air frais les firent frissonner. Tout était sombre, Albus n'y voyait pas à deux mètres.
« Les première année ! Héla une grosse voix bourrue, suivez moi. »
Albus plissa les yeux. Le géant Hagrid était un peu plus loin et il tenait une grosse lampe à huile dans son énorme main.
« Hé bien, Albus, qu'est ce que tu as grandi ! Et qu'est ce que tu ressemble à ton père ! S'exclama-t-il, j'ai l'impression que c'était hier qu'il arrivait pour la première fois à Poudlard ! Tu aurais du le voir ! Haut comme trois pommes ! »
Il sourit et ses yeux étincelaient dans la lueur de la lampe.
Ils suivirent Hagrid à travers l'obscurité et Albus trébuchait tous les trois mètres tandis que Rose trottinait à côté de lui. Le géant ne se rendait pas compte mais il était difficile à suivre. Albus ne s'étonna pas de l'absence de James. Il lui avait expliqué que les première année arrivaient toujours séparément.
« Et toi Rose ! Continua Hagrid, tu es le portrait craché de ta mère ! Mais tu as les yeux de ton père. D'ailleurs il m'a envoyé un hibou il n'y a pas si longtemps. Il dit que tu as hérité de l'intelligence de ta maman et que je devais garder un œil sur toi. »
Il glissa un regard à Scorpius qui cheminait en silence à côté d'eux.
« Et toi, Albus si tu es comme ton père, je risque d'en voir des vertes et des pas mures ! C'était un vrai chenapan ! Vous pourrez passer à la cabane, un jour, on parlera de tout ça autour d'un thé et de petits gâteaux fait maison ! »
Harry et Ron avaient déjà parlé des gâteaux fait maison à Rose et Albus. Ils grimacèrent mais dans l'obscurité personne ne s'en aperçu.
« Bien sur, Hagrid, » répondit poliment Albus.
Rose donna un coup de coude dans les côtes de son cousin. Il haussa les épaules. Ils n'auraient qu'à donner les biscuits à Crockdur.
« Et voilà Poudlard ! » s'exclama le géant.
Le château était accroché au sommet d'une montagne surplombant le lac sombre. James ne mentait pas quand il disait que c'était immense. Albus s'imaginait déjà qu'il allait se perdre.
« Aller, aller, dépêchons, quatre maximum par barque ! »
Ils grimpèrent dans un canot avec Scorpius et un garçon livide qui leur dit qu'il avait le mal de mer. La perspective de monter dans un bateau semblait ne pas l'enchanter. Puis, sans que personne n'ait fait le moindre geste, toutes les barques glissèrent sur l'eau noire. Toutes les têtes étaient tournées vers Poudlard qui étincelait, perché au sommet de la falaise.
Les barques franchirent une cascade de lierre et s'engagèrent dans un tunnel humide qui sentait le renfermé. Tous les canots percutèrent doucement le sol rocheux de la crique souterraine. Les élèves sautèrent à terre d'un même mouvement et le garçon qui avait fait le chemin avec Albus, Rose et Scorpius mit un main devant sa bouche. Il n'avait pas vraiment supporté le voyage.
« On accélère ! » les pressa Hagrid.
Ils grimpèrent à sa suite un passage creusé dans la montagne et Albus ne put s'empêcher d'imaginer que c'était le chemin qu'avait emprunté son père il y a des années de cela. Ils débouchèrent alors sur une immense pelouse sombre qui s'étendait au pied du château éclairé. Ils montèrent les marches et le géant frappa trois fois à la porte qui s'ouvrit toute seule.
Un minuscule homme se trouvait dans l'encadrement de la porte. Il avait les cheveux blancs, en bataille et avait de longues mains ridés. Il semblait un peu excentrique mais ses yeux brillaient d'intelligence. Albus ne put réussir à lui donner un âge.
« Professeur Flitwick ! Voilà les élèves de première année, » dit Hagrid de sa grosse voix.
Le petit sorcier caressa sa barbe blanche et broussailleuse en jugeant les élèves du regard avec un œil bienveillant. Lorsqu'il vit Albus et Rose, il sourit ce qui eut pour effet de tirer sa peau parcheminée et de creuser de petits sillons sur tout son visage. Mais quand son regard tomba sur Scorpius, il fronça les sourcils et serra les dents. Le fils Malefoy feint de ne pas l'avoir remarqué.
« Et bien, Hagrid, je vais m'occuper du reste ! »
Le géant adressa un clin d'œil d'encouragement à Albus et Rose et disparut dans l'immense hall. Tout était immense et Albus se demanda s'il y avait un plafond car il ne pouvait l'apercevoir. Un escalier de marbre conduisait aux étages.
Le professeur Flitwick les guida vers une petite salle. Il était beaucoup plus facile à suivre que Hagrid et certains élèves durent se concentrer pour ne pas le dépasser. Albus entendait nettement l'agitation dans la salle d'à côté. Rose serra son bras. Elle était aussi tendue qu'un arc.
Le professeur récita son discours habituel et Rose ne put s'empêcher de finir la moitié de ses phrases à voix basses. Cela semblait la rassurer.
« Mettez vous en rang et suivez moi. »
La porte s'ouvrit. Tous les élèves applaudirent lorsqu'ils pénétrèrent d'un pas vif dans la Grande Salle. Le plafond magique était toujours là et les chandelles suspendues dans les airs brillaient comme des centaines d'étoiles. Les immenses tables des quatre maisons étaient entourés d'élèves. Les professeurs, eux, étaient assis à l'extrémité de la salle, la dominant.
Les fantômes passaient dans le rang en riant et Albus pria pour que Peeves ne fasse pas des siennes. James lui en avait parlé. Il était, à ce qu'il parait, pire que lui, mais ça, Albus n'en était pas sur. D'ailleurs il chercha son frère parmi les Gryffondor mais n'arriva pas à le voir dans l'agitation générale.
Le professeur Flitwick déplaçait avec sa baguette un tabouret et le Choixpeau magique. Albus sentit son estomac se serrer et ses mains se mirent à trembler. Le chapeau se mit alors en entonner son hymne et tous applaudirent. James lui avait dit que pour être accepté à Gryffondor il fallait combattre un troll. L'oncle Ron avait alors rit en lui disant que son frère Fred lui avait fait la même blague lors de sa première année.
« Lorsque j'appellerais votre nom, veuillez vous asseoir sur le tabouret et montre le Choixpeau, » annonça Flitwick en déroulant la liste interminable des noms.
Ça y était, Albus était sur le point de vomir de terreur et Rose chancelait. Ils allaient enfin savoir dans quelle maison ils allaient être répartis et où ils allaient devoir accomplir toutes leur scolarité. Pour le meilleur ou pour le pire. Mais ce qui était sur était que leurs années à Poudlard promettaient d'être exceptionnelles.
Tout comme celles de leurs parents.
