PREMIÈRE PARTIE
Prologue
- Gaius!
Les cheveux sales, le regard terrifié, les vêtements en lambeaux et le visage luisant de sueur; Merlin entra rudement dans l'appartement qu'il partageait avec Gaius.
- Merlin! Qu'est-ce qui… commença ce dernier.
- Gaius! s'énerva Merlin, les larmes aux yeux. Je… Arthur a failli mourir et je n'ai rien pu y faire!
Le vieillard, alerté, ordonna à Merlin de s'assoir pour qu'ils puissent discuter tranquillement. Le médecin de la cour se pencha alors vers Merlin qui pleurait à chaudes larmes.
- J'étais impuissant, cria-t-il. J'arrivais trop tard et j'étais trop loin pour tenter quoi que ce soit. Et là… Et là…
- Respire, Merlin, le rassura Gaius. Arthur est-il toujours en vie?
- Oui, murmura faiblement le jeune sorcier.
- C'est l'essentiel, dit calmement Gaius. Maintenant, continue, qu'est-ce qui est arrivé par la suite?
Merlin avala difficilement sa salive avant de poursuivre son récit.
- Arthur! tenta de crier, en vain, Merlin. Arthur, derrière toi!
Mais Arthur ne l'entendit pas. Il ne vit pas, non plus, le redoutable guerrier qui s'apprêtait à lui donner un coup d'épée fatal. Merlin était trop loin pour tenter quelque chose. Il ne pouvait pas viser correctement sa magie et il ne pouvait donc pas savoir qui elle allait affecter.
- Non! hurla Merlin.
Même s'il se savait impuissant, Merlin continua de courir vers Arthur. Il espérait tellement pouvoir changer cette situation… La prophétie avait menti. Mordred ne tuera jamais Arthur, car ce guerrier le tuera là, dans quelques secondes, devant ses yeux. Les yeux du guerrier étaient remplis de haine, autant que ceux de Morgane à son égard.
Soudain, une lumière blanche apparut et servit de bouclier entre Arthur et son ennemi. Cette lumière les repoussa chacun de leur côté. Arthur retomba, inconscient et presque avec douceur, dans les feuilles mortes. Tandis que le guerrier étranger perdit la vie en se fracassant le crâne contre un arbre. Stupéfait, Merlin s'arrêta net et chercha la source de cette lumière inattendue. À sa droite, résidait une jeune dame d'environ son âge. Ses cheveux blonds, ondulés, lui descendaient jusqu'en bas des fesses. Ses yeux bleus, comme le lac sacré, le toisèrent silencieusement. Elle portait une armure de chevalier d'époque, mais d'une version étrangement féminine. Entre les doigts de sa main gauche, il y avait un sceptre blanc muni d'une pierre précieuse étrange. Plus elle s'approchait de lui, plus on pouvait y distinguer une certaine vieillesse dans ses yeux.
- Qui es-tu? lui demanda Merlin.
- Son temps n'était pas encore venu, jeune sorcier, dit-elle. Il n'est pas loin non plus. Emrys, le destin ne pourrait être plus fier de toi que je le suis maintenant : tu as bien guidé Arthur. Il est devenu juste, bon, loyal et un peu moins arrogant.
Cette dernière révélation fut suivie par un rire bref.
- Mais qui es-tu? insista Merlin.
- Moi? s'exclama-t-elle. Je suis l'Immortelle. On me connait également sous d'autres noms. Emrys, je veille à ce que les destins s'accomplissent et que le temps ne soit pas modifié. Rares sont ceux qui ont la chance de me croiser. Tes pouvoirs sont puissants Emrys, mais il y a une limite à ce qu'ils peuvent faire.
- Quoi! Que veux-tu dire?
L'Immortelle ne répondit pas, elle se contenta plutôt de le regarder d'un regard triste.
- Merlin! À qui est-ce que tu parles? lui demanda Arthur, qui s'était réveillé et qui s'approchait tranquillement.
L'Immortelle leva son sceptre et une lumière blanche aveugla Merlin. L'instant suivant, elle avait disparu.
- À personne, répondit Merlin, en se tournant vers Arthur.
- Est-ce que ça va? lui demanda le roi, avec une certaine inquiétude. Tu sembles troublé.
- Oui… Il faut juste que j'aille voir Gaius pour soigner mes blessures. Je suis content que tu n'en aies aucune.
- J'ai été chanceux, dit Arthur en esquissant un sourire.
- Tu n'as pas d'idée à quel point, murmura, pour lui-même, Merlin.
- L'Immortelle? s'exclama Gaius. En es-tu bien sûr?
- Oui, affirma lentement Merlin. Je me souviens proprement de chacun de ses mots. Qui est-elle?
- Des vieilles légendes druidiques lui donnent le nom de justicière ou chevalière mythique, répondit Gaius. La rumeur veut que Maurène soit son véritable nom. Elle a vécu plusieurs millénaires et veille sur la destinée des gens. C'est sans doute elle qui avait guéri Mordred de sa blessure lorsqu'il avait tenté de sacrifier sa vie pour celle d'Arthur. Elle possède des pouvoirs magiques et une puissance qui dépasse ton imagination.
- Pourquoi est-ce qu'Arthur n'a pas pu l'apercevoir? lui demanda Merlin.
- Cela ne m'étonne pas. s'exclama Gaius. Maurène demeure cachée et ne se montre qu'à ceux à qui elle croit transmettre une information importante.
- Quoi donc? dit anxieusement Merlin.
- Tu ne peux rien y changer, affirma le médecin de la cour. Mordred tuera Arthur. J'ai soupçonné cela l'instant où tu m'as rapporté les paroles du dragon, celles qui concernaient la prophétie.
- Pourquoi est-ce que tu ne m'as rien dit? hurla Merlin.
- Je suis désolé, dit sincèrement Gaius. Je ne voulais pas te donner de faux espoirs. J'espérais que tu pourrais y changer quelque chose. Merlin… Tu dois savoir…
- Quoi? s'exclama Merlin. Que m'as-tu encore caché?
On a tous une destinée, une raison d'exister… révéla Gaius. Merlin, tu n'es pas le seul dont la destinée est liée à Arthur. Celle de Maurène l'est également.
