Auteur: Bien le bonjour, lecteurs. Je poste enfin le premier chapitre de cette fic que j'ai commencé à écrire il y a maintenant trois ans, et qui n'est pas terminée encore, loin de là.

Mais voilà, comme je trouve que les reviews, les critiques constructives, ou simplement les avis enthousiastes sont des encouragements dont je ne peux me passer, je me tourne vers ce site où j'avais l'intention de poster cette fic coute que coute.

J'essaierais de garder toujours une avance d'une dizaine de chapitres entre l'écrit et le posté, afin de pouvoir apaiser votre attente si mon inspiration fait des caprices ^^

Sur ce, bonne lecture, puisque vous êtes là pour ça.

PS: Attention tout de même aux quelques changements que j'ai opéré plus ou moins discrètement avec le canon. Comme vous le découvrirez plus tard, Amelia Bones n'est pas morte, et personne n'a encore cherché à la tuer.

LIBERTE

CHAPITRE 1

10 Août 1993

Pov Albus

Je sortis de l'ascenseur du Ministère au niveau 2, et avançai dans les couloirs en répondant aux saluts des sorciers que je croisais : « Professeur Dumbledore, quelle surprise !». Jusqu'à ce que j'arrivasse devant le bureau du capitaine de la Brigade de Police Magique. Il m'invita à entrer, et je trouvai Elena Cardwig à l'intérieur, la directrice du Département de Contrôle de l'Equipement Magique. Après un bref échange de politesses, je m'assis à côté d'Elena, face au capitaine.

« Que me vaut donc l'honneur de cette invitation, Rodolph ?, demandai-je avec un sourire naissant. Je ne veux pas sous-entendre que vous n'avez rien à faire, mais j'ai une rentrée à préparer.

- Et nous ne vous aurions pas appelé si cela ne vous avait pas concerné, professeur Dumbledore. »

J'acquiesçai, et attendis qu'il m'expliquât ce qu'il se passait. Mais ce fut Elena qui prit la parole :

« Il y a trois jours, mon Département a détecté une concentration très importante de magie dans un quartier majoritairement moldu. Il s'agit d'une maison où habitaient il y a plusieurs années un couple de sorciers avec leur fille. Mais il y a dix ans, la magie provenant de la maison s'est dissipée, comme s'ils avaient déménagé.

- Et si la magie est revenue ça ne peut pas être parce que des sorciers s'y sont installés ? »

Rodolph secoua la tête :

« Ce n'est pas possible. Les traces de magie sont anciennes. Personne n'est rentré dans cette maison depuis dix ans, que ce soit chez les moldus ou chez les sorciers. Alors avec ce que le Département d'Elena a détecté dans le quartier, j'ai préféré envoyer trois membres de la Brigade pour inspecter l'adresse. Ils ont trouvé une maison en ruines. Où de la magie de haut niveau avait été pratiquée. Il y avait aussi des traces de magie noire. Et ils ont trouvé une baguette magique.

- De la magie noire ? D'où cela vient-il ? » demandai-je en fronçant les sourcils.

- Monsieur le directeur, Rodolph et moi allons vous expliquer tout ce que nous savons. » répondit Elena, tandis que Rodolph me tendait une boîte ouverte.

Je pris la baguette qu'elle contenait. Elle était taillée très précisément, en bois noir, et avait un manche agréable, avec des gravures vert émeraude, en forme d'arabesques.

« Nous avons fait appel à Ollivander pour identifier cette baguette. D'après lui, elle est en bois de ronces sorcières, elle mesure 32.5cm, et a été fabriquée il y a plus de mille ans.

- Mille ans ? Il existe très peu de baguettes qui survivent si longtemps. Quel est son cœur ?

- Impossible de savoir.

- Et en quoi puis-je vous aider dans tout ceci ?

- Ollivander pense avoir trouvé le – ou plutôt la – propriétaire de la baguette.

- Comment a-t-il réussi ça ?

- Il a pu reconnaître les signatures de ceux qui ont utilisé cette baguette. Ils ont tous un lien de parenté. D'après lui, ce n'est pas inhabituel que certaines baguettes se lèguent dans une famille, en sautant une génération ou deux. Je vous ai parlé de la fille du couple qui habitait cette maison ? La baguette appartenait à son père, mais dès sa naissance, elle lui a été attribuée. Ca n'a pas empêché le père de s'en servir, mais Ollivander est affirmatif. La propriétaire de la baguette est maintenant la fille, qui a quinze ans. Sa signature a donc eu plus le temps de se former plus précisément que pour les enfants de onze ans.

- Elle a quinze ans ?... Cette fille, orpheline de parents qui vivaient dans une maison qui a été dévastée et dans laquelle de la magie noire a été détectée, a quinze ans, vit dans cette maison, et n'a pas été trouvée par les sorts de détection de Poudlard ? A-t-elle des pouvoirs dont nous ne saurions rien, ou…

- Nous espérions que, peut-être, vous pourriez répondre à ces questions. Ses parents s'appelaient Kim et Liam Knight… »

Je redressai vivement la tête. Ce nom me disait quelque chose… Où l'avais-je entendu ?

« Est-ce qu'un de ces noms vous dit quelque chose, professeur ? » s'enquit Elena.

Je levai un doigt vers elle, lui demandant silencieusement plus de temps pour réfléchir.

Ce nom… Le nom d'un élève ? D'un collègue ? D'un membre de l'Or… C'était cela ! Kim et Liam Knight !

« Ils étaient membres de l'Ordre, annonçai-je dans un murmure. Merlin… Alors c'est pour cela… Officiellement ils n'y appartenaient pas, pour plus de sécurité, cela permettait de cacher le nombre précis de membres. Mais au sein de l'Ordre, ils étaient terriblement efficaces, et travaillaient principalement en tandem. Liam était un médecin doué et habile, et Kim une combattante avisée. Ils ont disparu il y a dix ans, avec leur fille. L'Ordre les a cherchés pendant des semaines, mais nous n'avons trouvé aucune trace, et nous avons dû admettre qu'ils étaient morts… Alors leur fille a survécu… Je n'en reviens pas… »

Elena et Rodolph me regardaient en silence, attendant que je décidasse quoi faire. Mais cette décision dépendait entièrement de la fille… Qui était-elle, maintenant ?

« Qu'est devenue leur fille, Rodolph ? Que savez-vous d'elle ? »

Rodolph passa en revue les notes posées sur son bureau :

« Abigail Tess Fontana… La première trace d'elle est son admission dans un orphelinat d'une banlieue de Londres, quand elle avait cinq ans… Elle a donc dû être trouvée peu après la mort de ses parents. Elle a souvent été transférée, sûrement à cause de problèmes causés par sa magie qu'elle ne pouvait pas contrôler… jusqu'à ses huit ans. Elle a été adoptée par les Fontana, et depuis, elle est leur fille. Elle a quinze ans, habite dans le South Kensington, à Londres, et va dans un lycée public.

- Mhm… » fis-je en réfléchissant.

Il allait falloir que je parlasse à cette enfant avant de décider de faire quoi que ce fut à propos de son inscription… Je n'en revenais toujours pas… Kim et Liam Knight…

Et de la magie noire… Il faudrait vérifier si rien de ce qui avait pu arriver ne l'avait affectée…

« Je vais donc aller la voir, murmurai-je finalement.

- Je vous souhaite bonne chance pour la convaincre. » me dit Elena en se levant, mettant fin à la discussion.

Elle me serra la main avec un petit sourire. Je saluai également Rodolph, et pris congé d'eux.

Abigail Fontana… Abigail Knight… Leur fille. Quoi que je trouvasse en allant la voir, je pensais qu'il était plus sûr de ne pas lui parler de ses parents. De ce qu'ils faisaient. Celui qui les avait tués ne s'était apparemment pas rendu compte qu'il avait laissé leur fille, et ce devait être pour cela qu'ils avaient préféré cacher leur maison et leur fille au monde magique. Et n'ayant aucune idée de l'identité du tueur, il pouvait très bien être toujours en liberté.

13 Juillet 1997

Pov Abby

J'apparus au bout de l'allée terreuse. Il faisait un peu sombre, la nuit commençait à tomber. Je pris quelques secondes pour me remettre du malaise du transplannage, puis commençai à avancer vers les lumières rassurantes du Terrier, et la compagnie que je trouverais là-bas.

Une silhouette vint à ma rencontre, et ce ne fut qu'à quelques mètres que je reconnus Ginny. Je lâchai ma valise, et écartai les bras pour l'enlacer.

« Salut Ginny… Comment va ?

- Comme ça peut. Et toi, Abby ?

- Mes parents ont eu un peu de mal à me laisser partir… Ils sont inquiets… Mes frères aussi.

- Je peux imaginer ça. »

Je lui rendis son demi-sourire, sachant qu'elle parlait des élans protecteurs de sa famille. Nous nous dirigeâmes vers la maison en poursuivant notre discussion :

« Où sont Ron et Hermione ? »

- Ron est sur son balai depuis six heures du matin, et a demandé à ne pas être dérangé. Hermione est partie marcher dans les champs autour de la maison. Qu'est-ce que tu veux faire ?

- Ca te dérange si je vais voir Hermione ?

- Pas du tout, laisse-moi tes affaires, je vais les rentrer. Tu sauras où me trouver. De toute façon, ce n'est pas comme si je pouvais aller bien loin. »

Je lui laissai mon sac à dos et ma valise, et partis dans les champs, en sortant ma baguette. En fermant les yeux quelques secondes, je trouvai la trace d'Hermione, et la suivis. Arrivée à dix mètres dans son dos, je dressai une barrière magique autour de nous, puis pointai brusquement ma baguette vers elle. Un éclair de lumière bleu traversa la distance qui nous séparait, mais elle sauta de côté pour éviter le sort. Un léger cri de douleur m'informa que je l'avais néanmoins touchée.

Je n'eus cependant pas le temps de me reposer sur mes lauriers, parce qu'une rafale d'éclairs alternativement jaunes et bleus fusèrent dans ma direction. Je me mis à courir en zigzaguant, dressant un bouclier pour me protéger de certains sorts, ou en envoyant d'autres moi-même. Un éclair me frappa à l'épaule droite, et me fit tomber à la renverse. Je passai ma main dessus la peinture était jaune. Je jurai intérieurement en frappant du poing sur le sol meuble, puis pris ma baguette de la main gauche, et me relevai juste à temps pour voir son ombre sur ma droite. Sans réfléchir une seconde, je lançai une rafale d'éclairs noirs et bleus dans sa direction, tout en recommençant à courir. Mais tenir ma baguette à gauche me déséquilibrait plus que je ne l'aurais pensé.

Alors autant risquer le tout pour le tout. Je levai ma baguette en l'air, et pendant une seconde, tout le champ fut inondé de lumière. Je l'aperçus, me tournant le dos, à quelques mètres. Elle fit volte-face au moment où l'obscurité retombait. Je sautai vers la droite en décochant un éclair noir. Je le fis suivre d'un autre, jaune, et un grognement m'avertit que je l'avais touchée à nouveau.

Un craquement me fit sursauter, et je me retournai brusquement, juste à temps pour voir le pied d'Hermione écraser mon ventre et m'étaler à terre. Dès que je touchai le sol, je me mis à rouler sur le côté pour lui échapper, puis m'arrêtai sur le dos, me rendant compte que je pouvais bouger mon bras droit quand je levais la main dans sa direction, projetant un éclair mauve qu'elle évita. Cela me donna le temps de me redresser, pour parer un coup de pied dirigé vers ma tête. D'un mouvement fluide, je refis passer ma baguette à droite, et de la main gauche attrapai son poing qu'elle m'envoyait. En le serrant toujours dans ma main, je me retournai, et la tirai contre mon dos. D'un coup de coude, je l'empêchai de riposter, et la fis basculer au-dessus de ma tête pour l'étaler sur le dos.

D'un coup de baguette, elle se projeta à plusieurs mètres de moi, puis pointa directement sa baguette sur moi. L'éclair arriva sur moi plus vite que tous les autres.

« Merde ! » criai-je juste avant de sauter au sol.

Je sentis une brûlure, un souffle très chaud passer à côté de ma joue gauche. Pendant trois secondes, je restai immobile, ne voulant pas vérifier. Mais finalement, je portai mes doigts à ma joue, puis y jetai un œil à la lumière qui venait de la maison. Le bout de mes doigts était coloré de peinture verte.

« Merde !, répétai-je en me relevant. Hermione ?! Tu es où, c'est fini, tu m'as touchée !

- Je suis là… Tu peux m'aider à me relever ? »

Je suivis sa voix, et la trouvai assise par terre, les genoux repliés sur le ventre, les bras croisés dessus.

« Qu'est-ce qui t'arrive ?, lui demandais-je. Dois-je te rappeler que c'est moi qui suis morte sur ce coup ? C'est toi, malfaisant Mangemort, qui devrait gambader sur mon corps…

- Je sais… Mais il faut croire que les Mangemorts manquent d'exercice : j'ai un point de côté. Tu n'as pas arrêté de me faire courir. Et ton coup de coude, c'était pas sympa.

- Parce que le tacle, il l'était peut-être ?, répliquai-je en l'aidant à se relever. Et puis tu as raison, Lucius Malefoy ou Bellatrix Lestrange t'auraient élégamment cédé le passage avec courbette, génuflexion, et invitation à dîner : 'Ah Hermione Granger, navré que mon coude ait effleuré votre délicat estomac… La prochaine fois je me contenterai du Doloris, c'est…'

- Ca va Abby, ça va. »

Hermione rangea sa baguette en grommelant.

Avant qu'on ne se mît en route, Hermione et moi nous regardâmes dans les yeux pendant quelques instants. Je savais qu'elle pensait la même chose que moi. Le temps avait passé tellement vite… J'avais l'impression d'être rentrée à Poudlard pour la première fois seulement la semaine dernière. Alors que ça faisait déjà quatre ans.

Ma meilleure amie me serra dans ses bras, comprenant le ressentiment qui montait dans ma gorge. Je n'avais pas envie de les laisser partir tous les trois… Alors que j'étais l'ainée… Alors qu'ils m'avaient acceptée… Chose que jamais personne n'avait fait à l'Imperial College, à part quelques profs.

« Merci, Hermione…

- Je t'en prie.

- Tu sais, si vous changez d'avis… Je serai toujours…

- Pas la peine, Abby. Tu sais que ce ne sera pas le cas. »

J'acquiesçai en soupirant, puis on se mit en route vers le Terrier, et je supprimai la barrière que j'avais créée. Sur le chemin, on ne discuta que des dernières minutes, sur nos esquives, ce qui avait été réussi et ce qui avait été raté. Jusqu'à ce qu'on pénètrât la cuisine. La voix de Mme Weasley retentit avant que nous ne la voyions :

« Alors, c'est à cette heure-ci qu'on rentre, Herm… Par Merlin ! Mais qu'est-ce qu'il vous est arrivé à toutes les deux ?! » s'écria-t-elle à la seconde où elle nous vit.

Hermione et moi étions couvertes de boue, sans parler des tâches de peinture çà et là. Du jaune, du violet, du bleu, du noir, et malheureusement du vert, mais que pour moi.

Mme Weasley se précipita, et ses yeux tombèrent sur ma joue :

« Mon Dieu, Abigail, tu es blessée !? »

Je levai les mains pour la faire reculer en même temps qu'Hermione, et lui répondis :

« Non, Mme Weasley, laissez-nous vous expliquer… On n'est pas blessées… On s'est battues, comme pour un entraînement. J'ai essayé de prendre Hermione par surprise quand je suis arrivée. On utilise un peu le même principe que le paint-ball pour les moldus. On envoie de la peinture. Et on a un code couleur, pas pour tous les sorts, mais pour les plus récurrents. En jaune c'est l'impédimenta, en noir c'est le Stupéfix. Le noir, par exemple, immobilise pendant deux ou trois minutes. Et en vert, c'est l'Avada. Si le vert nous touche, c'est la fin. Comme vous pouvez le voir, l'effet de surprise ne m'a servi à rien ce soir, puisqu'Hermione m'a atteinte.

- Frôlée. » corrigea Hermione.

Je me tournai vers elle avec l'intention de lui répondre, mais Mme Weasley passa un bras autour de mon épaule, et attira aussi Hermione avec l'autre bras. Elle nous serra un instant sans rien dire, et je pouvais sentir ses doigts crispés trembler dans mon dos. Je sentais bien qu'elle voulait dire le fond de sa pensée, mais qu'elle se retenait parce que ni Hermione, ni moi, n'étions ses filles. Quand elle desserra son étreinte, j'avais les yeux qui picotaient un peu, et j'entendis la voix un peu tremblante d'Hermione :

« Ne vous inquiétez pas, Mme Weasley. Ca fait pas mal de temps qu'on le fait. On est habituées, et ce n'est que de la peinture. Ca nous permet de nous défouler, et de vider notre esprit. »

Mme Weasley secoua la tête, et me regarda avec un sourire :

« Abby, chérie, Ginny a déjà monté tes affaires dans sa chambre. Tu la partageras avec elle et Hermione. »

J'acquiesçai, mais avant qu'Hermione ou moi n'ayons pu faire un geste en direction des escaliers, et donc de la douche, elle ajouta d'une voix plus enjouée :

« Comment vont tes parents, Abby ? Tu les as assurés que tu serais bien ici, hein ? »

- Oui, Mme Weasley. Et mes parents vont très bien. Maman m'a demandé de vous embrasser, et tout le monde vous fait passer ses félicitations pour Bill et Fleur…k. »

Elle ne put retenir le coin de sa bouche de s'étirer en un sourire.

« Et je les appellerai en sortant de ma douche pour leur dire que je suis arrivée en un seul morceau, ne vous en faites pas. Quoique… Je ressens une petite gêne au pied, c'est possible que j'aie perdu un orteil… »

Le visage de Mme Weasley perdit toutes ses couleurs, alors qu'Hermione émettait un bruit de gorge retentissant en se retenant vainement de rire.

« C'est une blague, Mme Weasley !, m'empressai-je de lui dire. Je ne me suis pas désartibulée, il ne m'est rien arrivé. Je vais très bien, et je serais plus que dispo pour vous aider à faire ce dont vous avez besoin jusqu'au mariage. C'est un peu beaucoup pour ça que vous m'avez invitée, et que je suis venue. »

Hermione et moi ne bougeâmes pas pendant quelques secondes supplémentaires, nous assurant que Mme Weasley ne voulait pas nous retenir, puis Hermione annonça :

« Bon, c'est pas tout ça, mais si vous le voulez bien, Mme Weasley, on va prendre une douche, et s'occuper des bleus qu'on va avoir. »

Sans attendre sa réponse, Hermione m'entraîna dans les escaliers. Je repensai alors à sa remarque sur le fait qu'elle ne m'avait pas touchée, mais frôlée.

« Peu importe que tu m'aies juste frôlée, Hermione, le sort m'a touchée. Ca aurait été contre un Mangemort en vrai, tu l'avais. »

Hermione ne répondit pas tout de suite. Elle devait chercher de quoi je parlais.

« Oui, et je touchais aussi Ron, ou toi, ou Neville, ou n'importe qui d'autre sur le reste du chemin du sort. »

On entra dans la salle de bain, et je laissai Hermione se doucher la première. Alors que l'eau coulait, elle continua :

« Abby, tu sais qu'on ne peut certainement pas se contenter de frôler les Mangemorts. Il faut qu'à chaque fois qu'on lance un sort, il atteigne sa cible de plein fouet.

- Je suis d'accord, Hermione. Mais je trouve que tu devrais aussi te reposer, ne serait-ce que cinq minutes, sur ta victoire d'aujourd'hui. Ne bouge pas, je vais chercher de la musique.

- Et je peux savoir où tu veux que j'aille ?

- Tout peut arriver, va savoir. » répondis-je en refermant la porte derrière moi.

Après avoir à mon tour pris une douche, et après nous être séché les cheveux dans la chambre de Ginny, nous descendîmes les escaliers pour rejoindre Mme Weasley dans la cuisine, et proposer notre aide.

« Hey les filles ! » appela Ron, qui montait vers nous.

Il était dans sa tenue de gardien, couvert de sueur. Des gouttes tombaient même de ses cheveux collés en mèches inégales. Quand il arriva à notre hauteur, il leva un bras pour me tenir à distance :

« Je ne te fais pas la bise, Abby, au mieux je sens le phoque.

- Sympa l'image, répliqua Hermione avec un sourire.

- Je fais ce que je peux. Je vais prendre une douche. Si vous descendez, faites attention à Maman, elle a l'air énervée. Quand je suis passé, elle marmonnait des trucs sur un entraînement, que c'était dangereux, et que je ne sais pas qui ne se ferait pas attaquer.

- Ah, flute, ce qu'on lui a dit ne l'a pas rassurée, alors… Elle avait juste besoin de temps pour exploser.

- Hey, tu parles de ma mère !, répliqua Ron en me donnant un coup de poing à l'épaule.

- Oui, et tu es le premier à en parler comme ça. Il va falloir qu'on lui parle, Abby et moi. C'est nous qui sommes responsables de son état, fit Hermione alors qu'on passait devant lui en descendant.

- Ah… Vous avez fait un autre match ? Qui a gagné ?

- Hermione. Elle m'a touchée à la joue.

- Frôlée. » répéta Hermione avant que Ron ne disparût dans la salle de bain, et que nous-mêmes disparaissions en bas des escaliers.

Hermione entra dans la cuisine la première. Mme Weasley s'affairait près du four.

« Vous avez besoin d'aide, Mme Weasley ?

- Absolument pas. Bill et Fleur se sont occupés de tout pendant que vous vous appliquiez à vous entre-tuer, répondit-elle d'un ton brusque.

- On n'essayait pas de s'entre-tuer, Mme Weasley. On veut se préparer au pire, il est déjà arrivé, et arrivera chaque jour.

- Vous n'avez pas besoin de vous entraîner à des espèces de combats, surprises ou non. Vous ne vous ferez pas attaquer une fois que vous serez à Poudlard. C'est…

- Mme Weasley, interrompis-je fermement. Vous ne pouvez pas dire que Poudlard est l'endroit le plus sûr du monde magique. Vous ne pouvez pas dire que là-bas nous ne nous ferons pas attaquer. Parce que rien n'a jamais été aussi peu sûr au sujet de Poudlard. Avant, c'était l'endroit le plus sûr. Le professeur Dumbledore, par sa seule présence, y veillait tous les jours. Ce qui n'a pas empêché les élèves de se faire attaquer chaque année. Je n'étais pas là au début, mais Harry s'est fait attaqué par Voldemort lui-même dès sa première année. La deuxième année, il y a eu son souvenir et le Basilic qui a commencé par viser les nés moldus, qui a enlevé Ginny. En troisième année, il y a eu les Détraqueurs et Pettigrow. En quatrième année, il y a eu Croupton junior et Voldemort, Cédric y a laissé la vie. En cinquième année, il y a eu Ombrage et l'embuscade au Ministère, Sirius ne s'en est pas sorti. Et l'année dernière, il y a eu Malefoy qui a fait entrer les Mangemorts à l'intérieur du château, Dumbledore s'est fait tuer par son propre espion, et allez dire à Bill qu'il était en sécurité à Poudlard. Ne dites pas que nous n'avons pas besoin de nous préparer à une attaque. A chaque inspiration qu'on prend, on sait tous que ça risque d'être la dernière. Personnellement, si ce moment devait arriver, je préférerais avoir emporté avec moi autant de Mangemorts que possible. Mais notre but ici, c'est aussi de nous préparer à rester en vie. Si on arrive à se débarrasser de notre adversaire, nous, on est toujours vivants. »

L'absence de réponse de Mme Weasley me donna l'impression qu'elle avait compris. Hermione et moi remontâmes alors dans la chambre de Ginny, en précisant qu'il suffisait de nous appeler pour qu'on revint si elle avait besoin. Ginny n'était pas dans sa chambre. Elle devait avoir rejoint Bill ou Charlie. Je fermai la porte, et me tournai vers Hermione :

« Ta dernière lettre de Nikolaï date de quand ?

- La semaine dernière. Tu en as reçue une ?

- Hier. C'est vraiment ce qu'on craignait.

- Oui. Maintenant que tu es là, je peux te le dire sans risques : demain matin, il y a une réunion de l'Ordre ici. Il faudra qu'on insiste un max pour que Mme Weasley accepte de nous laisser entrer. La dernière fois, il a fallu que Dumbledore lui-même lui dise qu'il valait mieux nous laisser parler.

- Oui. Réunissons toutes nos infos dans un même classeur. Tu as fait des fiches par date ? Moi aussi, on va pouvoir les classer plus facilement, comme ça. »

Hermione et moi nous assîmes par terre. Je sortis de ma valise deux gros classeurs assez pleins. L'un de lettres, qui en moyenne faisaient trois pages de long, et l'autre de fiches datées, résumant chaque événement survenu n'importe où dans le monde à la date indiquée. Hermione avait fait pareil de son côté, et on classa nos fiches et nos lettres par ordre chronologique.

Mme Weasley avait intérêt à nous laisser entrer. Avec un peu de chance, les autres membres qui seraient à la réunion insisteraient pour nous écouter. A cause de ses élans protecteurs – je ne la blâmais pas, les temps n'étaient pas à la rigolade – la seule fois où j'avais pu parler de ce que découvrait Nikolaï en Europe de l'Est, certes il y avait Dumbledore, mais il y avait aussi Snape. Il faudrait préciser de jouer la carte de la vigilance. Voilà qui devrait plaire à Maugrey.

« Abby ?, demanda Hermione, et je pus même entendre son sourire dans sa voix.

- Qu'est-ce qu'il y a ? »

Je redressai la tête, et la regardai. Elle arborait un air triomphant, tenant à la main un papier rectangulaire, sur lequel était griffonné un message. J'eus soudain un mauvais pressentiment sur ce qu'était ce papier. Et Hermione n'allait pas me lâcher avec ça…

« Est-ce que tu as une idée de ce que ça peut être ?

- Je ne sais pas, Hermione, je ne vois pas ce que tu tiens…, mentis-je, mais en vain.

- Au dos, il est écrit : en espérant que tu ne m'oublies pas, Beauté. »

Cette fois, je n'eus plus aucun doute, et lui arrachai la photo des mains :

« Rends-moi ça ! C'est à moi !

- Tu sais, tu n'as pas à avoir honte, hein… Nikolaï est très beau.

- Je n'ai jamais dit que j'avais honte ! » répliquai-je, avant de réaliser que ça ne m'aidait pas.

Hermione s'amusait comme une folle. Et dire que l'ambiance était sérieuse trente secondes plus tôt. Ce devait être le défaut des meilleures amies. On arrivait à passer d'un truc à l'autre en un claquement de doigts.

« Hermione, arrête de rigoler, tu es agaçante. Et puis, tu connais Nikolaï. C'est un beau parleur, il dit tout ça pour rigoler.

- Mais ça te plait.

- Toi aussi, ça te plait que Viktor continue de t'envoyer des messages, non ? » répliquai-je, sachant que ça la ferait taire.

Et ça marcha. Elle rougit, me tira la langue, et reprit son triage. Elle ne me vit donc pas lui rendre la pareille.

« Et puis, de toute façon, je lui ai dis d'arrêter. Parce que son hibou aura trop de mal à me trouver. Et que je ne veux pas qu'on se fasse découvrir. » dit-elle finalement.

Mais je n'écoutai plus qu'à moitié. J'avais baissé les yeux sur la photo. Nikolaï devait l'avoir prise lui-même, ou avoir demandé à quelqu'un. Elle ne datait pas du tournoi. Son visage avait la même forme que celui de Viktor Krum, mais il était moins sombre et renfrogné, grâce à ses cheveux châtain très clair, et des yeux gris brillants. Il avait dû oublier de se raser pendant plusieurs jours quand il avait pris cette photo, mais ça le rendait encore plus beau, et ça lui donnait un côté sérieux qui contrastait avec le rire que je voyais dans ses yeux. Je ne pus m'empêcher de sourire en voyant qu'il avait autour du cou mon écharpe de Gryffondor qu'il m'avait prise il y a près de deux ans.

Un toussotement mêlé à un ricanement d'Hermione me fit revenir sur terre, et je repris mon classement avec elle.

14 juillet 1997

Pov Hermione

« Non, les enfants, vous ne participerez pas à cette réunion ! » tonna Mme Weasley, en essayant de fermer la porte de la cuisine et de nous laisser dehors.

Ron, Abby, Ginny et moi essayions tant bien que mal de la convaincre de nous laisser entrer.

« Mme Weasley !, reprit Abby, ses deux classeurs sous chaque bras. S'il vous plait ! Nous ne sommes pas des enfants, et vous le savez ! Nous devons vous parler ! Nous devons parler aux dirigeants de l'Ordre, et ils sont tous là!

- Je ne vous laisserais pas. Ce n'est pas un jeu, Abby ! D'abord votre petite bataille d'hier, maintenant vous voulez encore participer aux réunions… On est de retour au Square Grimmaud, il y a deux ans ? Qu'allez-vous faire ? Sortir les oreilles de Fred et George ? »

Je perdis mon sang-froid, et avant qu'Abby n'ait pu répliquer, je lui lançai :

« Non, je me disais qu'on pourrait changer de disque, et juste vous parler de ce que prépare Voldemort en Europe de l'Est !

- Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? » fit une voix venant de l'intérieur de la cuisine.

C'était Maugrey. Il n'avait pas pu être là la première fois qu'Abby en avait parlé, et comme il était plus sûr de ne pas crier sur tous les toits ce que fabriquait Nikolaï, on avait préféré attendre d'avoir plus d'infos avant de revenir sur le sujet. Apparemment, il n'y avait pas eu de fuites, pas même à l'intérieur de l'Ordre. La porte de la cuisine s'ouvrit plus grand, et Kingsley apparut derrière Mme Weasley.

« Vous avez des nouvelles d'Europe de l'Est ?

- Fais-les entrer, Kingsley ! » fit Tonks d'une voix accueillante, mais son visage restait ferme.

Mme Weasley s'apprêtait à s'opposer, mais je décidai de ne pas attendre plus longtemps, et forçai l'entrée de la cuisine en lâchant bruyamment mes classeurs sur la table. Abby me suivit en disant :

« Mme Weasley, le professeur Dumbledore avait accepté de m'écouter. La seule différence qu'il y a maintenant, c'est qu'Hermione et moi avons plus d'infos, et qu'elles sont plus importantes qu'avant. Nous ne sommes plus des enfants. Ron, Hermione et moi sommes majeurs. Techniquement, j'étais déjà majeure quand vous m'avez empêchée d'assister aux réunions pour la première fois, mais passons. Je sais que Ginny n'est pas majeure, mais elle est bien plus mature que nombre d'adultes, même des membres de l'Ordre. Et si vous ne la laissez pas entrer, ça ne changera rien, vu qu'on lui dira tout en ressortant.

- Belle argumentation, Abby. » fit Remus en levant sa tasse de thé vers elle.

Finalement, Mme Weasley céda, et laissa Ron et Ginny entrer avant de refermer la porte. Tout le monde prit place autour de la table, et Abby et moi restâmes debout. D'un coup d'œil, je laissai Abby commencer.

« Bon… Heu… » Elle se mordilla la lèvre inférieure, et commença à entortiller une mèche de cheveux autour de son doigt. Elle ne la lâcha pas quand elle reprit : « Comme il y en a parmi vous qui n'étaient pas là l'année dernière quand j'en ai parlé la première fois, je vais recommencer depuis le début… Heu… Alors voilà. Quand Poudlard a accueilli le Tournoi des Trois Sorciers, Hermione et moi avons fait connaissance avec des élèves de Durmstrang, notamment Viktor Krum… Et j'ai rencontré son cousin, Nikolaï Yordanov, qui avait vingt ans et avait donc fini sa scolarité depuis trois ans, mais il avait voulu accompagner Viktor. A la fin de l'année, alors qu'ils devaient partir, il a exprimé son souhait de nous aider à lutter contre Voldemort… Il a dit vouloir répondre à l'appel de Dumbledore, et que le travail qu'il faisait pourrait l'aider à obtenir des apprentissages dans d'autres branches liées qui le feraient voyager partout en Europe de l'Est. Au départ, il m'a tenue informée tous les mois de ce qu'il croyait être dû à des agissements de Voldemort. Ensuite…

- Comment sais-tu qu'il ne te fait pas tourner en bourrique ? Qu'il n'est pas de l'autre côté, et qu'il n'essaye pas de s'immiscer chez nous, jeune fille ?, interrompit Maugrey.

- Parce que lui-même m'a interdit de le mettre au courant de quoi que ce soit de notre côté. Moins il en sait, plus il peut se faufiler. Et aussi parce que son cousin s'est fait attaquer par un partisan de Voldemort et a été forcé d'user du sortilège Doloris sur Fleur et Cédric il y a trois ans. »

Abby laissa aller un léger silence, puis reprit :

« L'année dernière, quand j'ai voulu en parler à l'Ordre… J'ai profité de la seule fois où j'ai vu le professeur Dumbledore. Malheureusement, Snape était là aussi. »

Pas besoin de faire de tableau à qui que ce fut. Tous avaient compris le problème.

« Pendant quelques mois, je n'ai plus eu de nouvelles. Puis, Nikolaï a repris contact. Il avait remarqué que les mouvements s'étaient faits plus discrets. Mais courant décembre, il a repéré une nouvelle agitation. Qui l'inquiétait plus qu'avant, parce qu'il a commencé à envoyer des lettres toutes les semaines. Mais pour éviter de se faire repérer trop facilement, il a alterné ses lettres entre Hermione et moi. Et il changeait de hibou régulièrement. »

Je voulus prendre le relais, mais avant que je ne puisse parler, Maugrey demanda :

« Tu as dit que ce Nikolaï avait choisi des apprentissages pour voyager. Qu'est-ce qu'il a choisi ?

- Magie noire. » répondis-je.

Tous les sourcils se froncèrent, et toutes les têtes qui n'avaient pas déjà entendu parler de Nikolaï se tournèrent vers moi. L'œil magique de Maugrey cessa de pivoter, me fixant de son regard bleu électrique. Je déglutis avec difficulté, jamais rassurée face à cet œil, et Abby prit le relais :

« Oui, il a choisi la magie noire. Non, il n'est pas attiré par ça. Il l'a choisie parce que c'est ce qui mettait le plus en confiance le nouveau directeur de Durmstrang, un mordu de magie noire, sûrement un Mangemort. Et que ça permettait à Viktor, qui avait encore une année à Durmstrang, d'entrer plus encore dans les bonnes grâces du directeur. Dans cette branche-là, Nikolaï avait toutes les chances d'entendre beaucoup d'informations importantes pour nous. Mais je peux vous assurer que ça ne lui plaisait pas. Un partisan de Voldemort, maître de magie noire, et maniaque de la baguette, d'après ce qu'il m'avait dit, lui collait aux basques tout le temps. A chaque fois qu'il écrivait un mot, il prenait un risque. Maintenant, son apprentissage est achevé. Il est un maître de magie noire à part entière, et il voyage seul, et rencontre d'autres sorciers. Il profite aussi de son vrai travail, grâce auquel il peut avoir pas mal de contacts aussi.

- Et quel est ce vrai travail ?, interrogea Maugrey, suspicieusement.

- Nikolaï est un fabriquant d'objets magiques, répondis-je. Il invente et fabrique des artefacts, en répare d'autres, etc. »

Je présentai les classeurs de lettres et de fiches, et pris le relais dans les explications, pour laisser Abby souffler, et avaler un peu de thé.

« La dernière lettre date d'hier. C'est Abby qui l'a reçue. Nikolaï est en Ukraine. Et il a l'impression que Voldemort n'en appelle pas qu'aux sorciers. »

Je dépliai la carte d'Europe de l'Est, à la fin du classeur de fiches. Abby et moi l'avions marquée de zones bleues à plusieurs endroits, de points rouges à d'autres. La légende était dans le coin en bas à droite.

« Les zones bleues sont les régions où Nikolaï s'est rendu pour le moment. Si à l'intérieur, nous avons placé une étoile, ça veut dire qu'il croit ou qu'il est sûr qu'il y a des partisans dans le coin. Les points rouges sont des accidents qui ont eu lieu et qui lui semblent louches. Pour le moment, il est… » Je tapotai la carte avec ma baguette, et une autre zone fut colorée en bleu. « Là. En Ukraine, dans la région de Kharkiv. »

Je fis ensuite apparaître une plume et un encrier, et marquai une première croix à l'intérieur de la zone bleue que je venais de créer. Je me penchai sur la légende pour ajouter la signification de la croix :

« L'inquiétude de Nikolaï repose maintenant sur les vampires d'Europe de l'Est. A mon avis, il devrait donc commencer à se déplacer vers la Sibérie.

- Pourquoi spécialement la Sibérie ? » demanda Tonks en fronçant les sourcils.

Remus se tourna vers elle :

« Les vampires aiment le froid. Tout à fait au nord de la Sibérie, il n'y a rien. Aucun moldu ne peut vivre là-bas. Alors, ils s'y cachent. S'ils avaient de quoi se nourrir là-bas, ils iraient plus au Nord encore. »

Le silence tomba alors dans la cuisine. Automatiquement, tous les regards se tournèrent vers Maugrey et Kingsley, qui étaient devenus les leaders de l'Ordre.

« Que peut-on faire de ces informations, Alastor ? » demanda Mr Weasley, baissant les yeux sur la carte.

- Il va falloir que l'on réfléchisse. J'imagine que c'est avec toi qu'il communique le plus, non ?, fit Maugrey en regardant Abby.

- Eh bien, dans sa dernière lettre, il a dit qu'il préférait arrêter d'envoyer des hiboux. Il m'a joint un artefact qu'il a créé pour nous permettre de nous échanger des messages. »

Abby leva alors son bras droit, au poignet duquel était attaché un bracelet de force en cuir brun foncé, qui devait faire dix centimètres de large. Il avait des lanières tressées à chaque extrémité, et au milieu, une sorte de plaque en argent faisait le tour, gravée d'inscriptions, qui étaient probablement de l'Ancien Langage et rehaussées par le noir introduit dans la gravure.

« D'après ce qu'il m'a expliqué, il porte le même à son poignet. Pour me faire passer un message, il suffit qu'il l'écrive, et qu'il le glisse à l'intérieur du bracelet. Ensuite, il doit dire mon nom en Ancien Langage. Le message est transféré à l'intérieur de mon bracelet, et y reste jusqu'à ce que je le retire moi-même. Il ne peut pas tomber ou quoique ce soit. Si c'est moi qui dois lui écrire quelque chose, je fais pareil.

- C'est super ingénieux… » fit Tonks en regardant le bracelet, bouche bée.

L'œil magique de Maugrey se fixa sur le bracelet, puis leva la tête pour regarder Abby dans les yeux :

« Comment se fait-il qu'il ne dégage pas de magie ?

- Nikolaï est très doué. C'est son métier de créer des trucs comme ça. Et moins ils sont détectables, mieux c'est. Le bracelet ne dégage que très peu de magie. Moi qui le porte depuis que je l'ai reçu, il faut vraiment que je me concentre, et que je recherche la magie pour la trouver. Par contre, j'imagine que quand il est en plein fonctionnement, là il doit en dégager, de la magie. »

Abby but un peu de thé, et me regarda du coin de l'œil. Je devinai qu'elle n'était pas rassurée par Maugrey, qui ne la quittait pas des yeux.

« Mais qu'est-ce que ce moyen de communication que j'ai avec Nikolaï a à voir avec vous ?

- Tu es le seul lien entre ce Nikolaï et l'Ordre, ici. On ne pourra pas savoir ce que fait Nikolaï là-bas sans toi.

- Si j'ai des infos importantes, je trouverai un moyen de vous les faire parvenir. Mais maintenant, qu'allez-vous faire avec ça ?

- Eh bien, je pensais que c'était évident, Abby ? » fit Remus en nous regardant alternativement Abby et moi, en souriant. « Voldemort a l'air de réunir une armée dans le reste du monde, et compte s'appuyer sur les vampires. On a été bien stupides de croire qu'il se limiterait à l'Angleterre. Il va falloir qu'on se bouge sur l'ile. »

Je tournai la tête vers Abby, sentant mon cœur s'accélérer :

« Alors… Vous allez faire quelque chose ?

- Bien sûr, assura Kingsley. Il est hors de question de laisser Voldemort s'emparer du continent en restant bien au chaud ici. Et je pense que cette organisation n'est pas trop mal. Nikolaï va continuer en Europe de l'Est. Fais lui savoir que l'Ordre est au courant de ce qu'il fait, et que si lui s'occupe de l'Est, on peut aller à l'Ouest. Les sorciers français sont très doués. Et il y a l'Ecole de Beauxbâtons là-bas. Hagrid va pouvoir en parler à Olympe. »

Maugrey prit le relais, se penchant sur la table, et consulta la carte avec Kingsley. Tous se mirent à parler stratégie. Et je ne pus m'empêcher de penser que la mère d'Abby aurait pu les aider, avec sa carrière militaire, qui était loin d'être finie.

Les jours qui suivirent furent plutôt calmes. Au vingt juillet, une réunion fut programmée pour préparer le transfert de Harry, cinq jours plus tard. Après avoir écouté Mondingus, un silence s'installa, laissant tout le monde réfléchir à la proposition. Puis Maugrey se leva, appuyant ses mains sur la table, installée dehors pour permettre à Hagrid de se joindre à nous, et pour profiter de la fraicheur de la soirée.

« L'idée de Mondingus est pas mal. Il me faut six volontaires pour l'escorte.

- Sept, si on suit l'idée de Mondingus, Alastor, remarqua Mr Weasley.

- Certes, mais j'en suis, alors il n'en faut plus que six. »

En très peu de temps, les membres de l'escorte furent choisis. Maugrey, Remus, Tonks, Hagrid, Bill, Mr Weasley, et Kingsley, qui pouvait s'éloigner du Premier Ministre moldu pour quelques heures. Ensuite, vint le moment de choisir les leurres. Ron, Fred, George, Fleur, Abby et moi furent volontaires immédiatement.

« Alors on a les sept Harry, c'est parfait… » commença Remus, mais Maugrey l'interrompit :

- Ding, je préférerais que tu viennes avec moi, pour le transfert.

- Quoi ?!, m'écriai-je en même temps que le reste de l'assemblée.

- Il est hors de question que je risque ma peau en prenant la place de Potter !, râla Mondingus en se levant à son tour.

- Et moi, je te dis qu'il est hors de question que tu quittes mon champ de vision pendant le transfert ! Je ne veux prendre aucun risque, et tu es tout à fait capable de tout foutre en l'air si je ne te surveille pas ! »

Pendant que Mondingus continuait de protester, je reconnus la sonnerie du téléphone d'Abby. Elle me jeta un regard en s'éloignant pour répondre, personne d'autre que moi et Ron ne l'ayant remarquée. Mais au moment où Kingsley intervenait pour calmer Maugrey et Mondingus, la voix d'Abby retentit au milieu de la seconde de silence obtenue :

« C'est pas vrai ?! Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ? Pourquoi ? Comment il a pu… »

Elle s'interrompit, et je vis des larmes naître au coin de ses yeux, alors qu'elle écoutait gravement à l'autre bout du téléphone.

« Qu'est-ce qu'Abby fabrique ?, demanda Kingsley en fronçant les sourcils.

- Elle parle au téléphone. Un truc moldu bien pratique. J'en ai un aussi. On les a trafiqués pour qu'ils marchent non pas sur batterie, mais avec la magie. Je ne sais pas à qui elle parle. » expliquai-je en la regardant se mettre à faire les cent pas.

Abby s'exclama alors :

« Quand, tu dis ?!... Mais je suis maudite ! Tu parles d'un hasard ! Maman, je t'ai parlé de Harry, qu'il faut qu'on aille le chercher… Oui, et bien c'est le soir du… Oui, je sais, et je veux y assister aussi, je le connaissais… Mais Harry, je ne peux pas le laisser… Si ça a lieu en fin de matinée, ce sera fini pour le soir, et je pourrai… Mais Maman ! Harry est mon meilleur ami ! Je ne peux pas le laisser se faire attaquer, alors que je serais en séc… Mais tu racontes n'importe quoi, bien sûr que je respecte James, et je respecte sa mémoire ! Seulement, j'aimerais éviter d'avoir à respecter la mémoire de mon meilleur ami ! »

Abby dut s'interrompre encore. A voir sa tête, sa mère devait être en train de crier.

« Meeeerde ! Voilà ce que je te dis ! Tu peux très bien me forcer à rentrer, mais il n'est pas question que je reste à la maison alors qu'Harry et tous mes amis risqueront leur vie !... Quoi 'surveille ton langage' ?! Je surveille mon langage si je veux, j'ai dix-neuf ans ! »

Le silence tomba enfin. Les yeux d'Abby s'écarquillaient de plus en plus, et elle restait bouche bée, son téléphone collé à l'oreille. Puis elle raccrocha, et revint à la table. Elle s'assit à côté de moi comme un automate. Et expliqua d'une voix monocorde :

« Pour ceux qui ne le savent pas, ma mère travaille dans l'armée. Son meilleur ami, et copilote, a été tué. L'enterrement a lieu le vingt-cinq juillet. Je le connaissais. Je ne peux pas ne pas y aller. Et ma mère m'a interdit de ne serait-ce que chercher à ne pas y aller. »

Personne ne dit rien. Mme Weasley arriva si vite dans le dos d'Abby que je crus qu'elle avait transplanné. Elle serra Abby dans ses bras, lui frottant énergiquement le dos. Abby se dégagea d'elle-même, et leva les yeux vers Maugrey, fixant son menton. Elle marmonna d'une voix amère :

« J'imagine que vous n'avez plus de problème d'effectif, maintenant. Vous pouvez prendre Fletcher à ma place. Mais je ne comprends vraiment pas pourquoi vous voulez emmener cette froussarde.

- Que veux-tu dire par là ?! Et tu pourrais me témoigner un peu plus de respect, je suis ton aîné !, cria Mondingus.

- Je respecte ceux qui le méritent. Et tu ne risques pas d'en faire partie. Où étais-tu quand Harry s'est fait attaquer par les Détraqueurs ? Où étais-tu quand Sirius s'est fait tuer ? Où étais-tu quand Dumbledore s'est fait tuer ? »

Mondingus ne trouva rien à redire.

« Fontana, je n'ai pas besoin que tu soulèves tous ces points, j'en suis conscient. Mais je préférerais savoir où se trouve Dung au moment du transfert, plutôt que de le laisser vagabonder n'importe où.

- Mais j'aurais pu vous aider…, supplia Abby.

- Et tout est dans le conditionnel passé que tu as utilisé, Abby, murmura Remus en lui prenant la main par-dessus la table. Je crois que je comprends le point de vue d'Alastor. Mondingus et toi connaissez les détails du transfert. Mais on te fait plus confiance. On sait que tu ne divulgueras rien. Et que tu serais capable de t'éclipser si tu en avais envie. »

Abby redressa la tête pour le regarder, sans comprendre. Remus lança un regard interrogateur à Maugrey, qui approuva. Alors il continua :

« A vol d'oiseau, tu habites entre la maison d'Harry et la mienne. S'il y a des soucis, il suffira que tu regardes le ciel pour le savoir.

- Mais ma mère ne veut pas…

-Ta mère, sur le coup, parce que tu t'es montrée agressive, a refusé que tu quittes la maison le jour de l'enterrement. Mais je l'ai rencontrée, ta mère, Abby. Et je sais que c'est justement parce qu'elle est militaire, et qu'elle sait ce que ça fait de laisser un ami dans le pétrin, qu'elle ne t'obligera pas à rester indéfiniment. »

Abby sembla y réfléchir sérieusement. Remus savait argumenter sur n'importe quel sujet un peu délicat. Il était clair que beaucoup étaient encore mal à l'aise à l'idée de laisser Mondingus prendre la place d'Abby.

Mais ça ne paraissait pas une très bonne idée de laisser Mondingus errer le soir du vingt-cinq juillet. Ses fréquentations n'étaient pas toujours très louables, mais bien arrosées.

Finalement, tout le monde se mit d'accord sur cette décision. Mondingus continua à maugréer dans son coin.

Juillet 1997

Pov Nikolaï

Je m'arrêtai deux minutes dans la neige, serrai mon manteau sur moi, et levai la tête vers la statue représentant un loup géant monté par un sorcier, tenant les rennes d'une main, levant l'autre au ciel, comme un appel. Le village sorcier de v pamyatʹ o Ivanov (à la mémoire d'Ivanov).

Je tendis la main droite vers la statue, écartai les doigts en retournant ma main, paume vers le haut. La statue trembla, comme s'il s'agissait d'une image sur un rideau agité par le vent. Maintenant que le passage était ouvert, je dépassai la statue de cet Ivanov.

Je me retrouvai à présent au milieu d'une allée enneigée, avec plein de boutiques de chaque côté. Cela me fit penser au village de Pré-au-Lard, près de Poudlard. En beaucoup plus froid, et moins accueillant. Et avec beaucoup moins de compagnie.

En tout premier lieu, je rentrai dans le pub pour me réchauffer, et manger et boire un peu. Je commandai un sandwich et une vodka, et m'assis au bar. Quand le barman me servit, je lui demandai :

« Le village s'étend derrière votre pub, hein ?

- Oui, me répondit-il. Il y a un accès à une allée vers l'autre côté du village en arrière-cour. Mais je ne vous conseille pas de vous y aventurer.

- Pourquoi ça ?

- Les jeunes voyageurs ne sont pas souvent les bienvenus de ce côté. Si vous voyez ce que je veux dire.

- Ne vous en faites pas, je vois. Je pense être capable de me débrouiller seul, mais merci du conseil. »

Le barman s'éloigna, et je mangeai mon sandwich rapidement, satisfait de voir que le traducteur que j'avais fabriqué marchait à merveille. Il avait reconnu le russe parlé par le barman, et l'avait traduit en bulgare pour moi. Et ce que j'avais dit avait par la suite été traduit en russe pour lui.

Par un accès de sentimentalisme, je sortis d'une poche de mon manteau un morceau de parchemin sur lequel étaient écrites des phrases en Bulgare qui ne voulaient rien dire. C'était une photo, que j'avais ensorcelée pour n'apparaître réellement que sous mes yeux. Si quelqu'un regardait par-dessus mon épaule, il ne verrait que du Bulgare. Je décidai de renforcer le sortilège, avant de me pencher sur la photo, en souriant intérieurement.

Elle représentait les deux filles de Poudlard sur qui Viktor et moi avions jeté notre dévolu, sans plus de succès que d'avoir l'occasion de les accompagner au bal de Noël, lors du Tournoi auquel Viktor avait participé. Et c'était justement à ce bal que la photo avait été prise. Un jeu d'enfant. Viktor était allé demander à un élève pendu à son appareil de les prendre toutes les deux, et de lui donner la photo, en échange d'un autographe.

La photo avait été prise à leur insu, alors qu'elles discutaient, et riaient à gorge déployée. Hermione Granger et Abigail Fontana. Viktor avait été tout de suite attiré par Hermione, et je dois avouer qu'à quatorze ans, elle avait du charme. Mais il y avait sa meilleure amie, avec qui elle était toujours fourrée : Abby, qui elle avait seize ans. Je fixai son visage, plutôt pâle, ses cheveux noirs, lisses et lui arrivant sous les épaules dans un dégradé en pointe, ses yeux bleus. C'étaient eux qui m'avaient immédiatement fasciné, présentant une tache argentée dans chaque pupille.

Quand je pensais que je ne l'avais pas vue depuis cette année… Elle avait quoi… Dix-neuf ans, maintenant… Donc Hermione avait dix-sept ans… Elles étaient en train de devenir des femmes. Tant mieux, tant mieux…

Ça faisaient deux ans que je ne l'avais pas vue. Que je ne les avais pas vues en fait. Ça faisait aussi plusieurs mois que je n'avais pas vu Viktor. En fait, ça faisait une éternité que je n'avais pas vu quelqu'un que j'appréciais.

Je vidai ma vodka d'une traite, et sortis dans l'arrière-boutique après avoir déposé trois pièces sur le comptoir. J'empruntai l'allée que le barman m'avait déconseillée, et entrai dans la boutique sombre et poussiéreuse qui portait l'enseigne Artefakt chernoĭ magii (artefacts de magie noire). Le vendeur ne m'accorda pas un regard alors que j'observais les différents artefacts. Je glissai ma main droite dans ma poche, et posai mes doigts sur ma baguette. Aussi discrètement que possible, j'analysai l'agencement et la puissance des protections magiques de la boutique. La plus puissante entourait le vendeur lui-même. C'était de la magie noire, un bouclier qui empêchait les sorts classiques de magie noire ou les plus faibles de l'atteindre. Il faudrait que je m'occupasse de ça. En passant devant une petite étagère, un collier en pierre d'obsidienne attira mon attention. Je tendis la main vers lui, et le fit glisser quelques centimètres au-dessus quand le vendeur m'arrêta :

« Vous ne devriez pas toucher ça. »

Je me retournai brusquement vers l'homme trapu, aux robes de sorcier poussiéreuses. Il avait un visage ridé et creusé, des cheveux noirs et une barbe longue. Ses yeux bruns lançaient des éclairs.

« Vous pensez vraiment que je suis assez sot pour toucher ce collier ?

- On ne sait jamais. J'en ai déjà vu, et des plus avisés que vous. »

Je m'avançai devant le comptoir :

« Je doute que vous sachiez si je suis plus ou moins avisé. »

Il ne répondit rien, le temps de se placer face à moi, derrière le comptoir.

« D'où venez-vous ?

- D'Ukraine. Je ne reste pas longtemps ici. J'ai quelque chose à vous vendre.

- Je suis très sélectif en la matière...

- Vous ne serez pas déçu. » répondis-je en sortant une petite boîte scellée en acajou.

D'un coup de baguette, je l'ouvris. Une mousse verte presque noire était rangée à l'intérieur. Il émanait d'elle une espèce de fumée noire bleutée, mais qui restait contenue dans le volume de la boîte.

« J'ai trouvé cette mousse dans les montagnes. Elle ronge la roche. Est-ce que vous connaissez les Détraqueurs de Grande-Bretagne ? »

- Qui ne les connaît pas ?

- Cette mousse a l'effet du baiser du Détraqueur pour celui qui la touche. »

Le vendeur émit un mouvement de recul en lançant un regard dégoûté et fasciné à la mousse, ce qui me fit échapper un ricanement :

« Vous croyez qu'elle va vous faire quelque chose ? Je ne suis pas assez stupide pour me balader avec ça dans la poche sans prendre de précautions. »

Le vendeur se rapprocha, et sortit sa baguette. Il la passa au dessus de la boîte, vérifiant le sort de sécurité, et l'effet de la mousse. Son examen terminé, il se montra suffisamment intéressé pour commencer les négociations.

« Si cette mousse vous intéresse, je peux vous laisser les cent grammes qu'il y a ici. Pour une somme respectable.

- Un gallion par gramme, qu'en dites-vous ? »

Je ne pus m'empêcher d'éclater de rire. J'eus du mal à reconnaître que je riais. C'était un rire froid, sans humour... Qui ne me ressemblait tellement pas...

« Vous pensez m'avoir aussi facilement ? Allons, j'ai dégotté cette mousse. Je sais qu'elle vaut bien dix gallion par gramme. »

- Vous voulez mille gallions pour ça ?! »

Je ne répondis pas, et me tournai vers les étalages du magasin.

« Je suis dans le métier, vous ne pouvez pas espérer me faire croire qu'elle ne vaut pas moins. Mais je peux vous la laisser à cinq gallions le gramme. En plus je prends le collier d'obsidienne, et ceci, dis-je en désignant les trois objets brillants au-dessus d'une étagère.

- Des pieux d'argent ? »

J'acquiesçai d'un signe de tête en reportant mon attention sur le vendeur.

« Vous dites venir d'Ukraine. Vous vous dirigez vers le nord ?

- En effet. Bien que ce ne soit absolument pas vos oignons. Acceptez-vous le marché ? Sinon, je suis sûr que je trouverai quelqu'un d'intéressé ici.

- Non, non, pas la peine. Prenez les pieux et le collier, je sors votre argent. » s'empressa de dire le vendeur.

Je sortis ma baguette, et conjurai quelques sorts pour contenir l'influence du collier. Je refermai la boîte dans laquelle il était posé, et la scellai. Puis j'attrapai les trois pieux en haut de l'armoire et les rangeai à ma ceinture sous mon manteau de fourrure. La boîte alla dans la bourse à ma taille. Je revins voir le vendeur, et empochai mes cinq cent gallions.

« Si vous allez en direction des vampires, je préfère vous dire qu'en pleine période de jour là- haut, ils ne seront pas commodes.

- Le sont-ils jamais ? » rétorquai-je.

Je sortis ma main gauche de ma poche, puis dans un même mouvement, sans laisser le temps au vendeur de faire un geste, je tendis la main entre lui et moi et serrai le poing dans le vide. La bague que j'avais au pouce s'illumina un court instant alors que je sentis la barrière magique dans ma main, comme un tissu, dont la consistance était révélée par la bague. Je tirai d'un coup sec, et pointai ma baguette sur le vendeur :

« Oubliettes. » fis-je avant qu'il n'ait pu lever la sienne pour se protéger.

Un filet argenté s'échappa de sa tête vers la pointe de ma baguette. Je tendis ma main gauche en-dessous, et le filet se regroupa dans le creux de ma main en une boule de fumée bleutée. J'interrompis le sort, et rangeai ma baguette dans le holster à ma cuisse droite. Je me penchai sur le comptoir, et récupérai la boîte de mousse. Elle rejoignit le collier dans ma bourse, et je refermai mon poing sur le souvenir qui partit littéralement en fumée. Je sortis du magasin sans un mot de plus.

Quand la nuit tomba, j'étais déjà plusieurs kilomètres au nord du village sorcier. Je m'étais arrêté dans une auberge au bord du village de Yekaterinburg, qui servait un thé assez fort. Je l'avais encore relevé avec le verre de vodka qu'on m'avait apporté. Je fixai ma tasse fumante... J'avais volé le vendeur... Et j'avais effacé sa mémoire... Je ne pouvais pas faire autrement, cette mousse était bien trop précieuse et dangereuse pour qu'elle passât dans de mauvaises mains. Tant qu'elle n'était connue que de moi, et qu'elle n'était que dans mes mains, il n'y avait pas de problème. Je préférais aussi que ce type ne me reconnût pas.

Et puis j'avais besoin d'argent. Je ne pouvais pas me permettre d'en demander à Viktor, ça risquerait d'attirer l'attention sur ce que je faisais, et d'attirer des soupçons sur lui.

Avec un soupir, je sortis un morceau de parchemin, et commençai à écrire :

Salut Beauté.

J'ai été soulagé d'avoir de tes nouvelles, et de savoir que ce que je fais a atteint les bonnes oreilles.

Je n'ai pas vraiment de nouvelles à te donner pour le moment, mais dans ce monde froid et cruel, je me suis dit qu'un peu de douceur me ferait du bien, alors immédiatement j'ai pensé à t'écrire.

Je m'arrêtai un instant, et réfléchis à quoi ajouter. Avec un petit sourire dont j'avais perdu l'habitude, je me penchai pour écrire la suite.

Fin du chapitre 1

Auteur: Voici le chapitre 1 de cette fic qui m'a donné tant de mal, et pourtant tant d'occasions de me changer les idées. J'espère que cela vous a plu, et vous dis à bientôt pour le chapitre 2, qui arrivera soit quand mon chapitre 10 aura été corrigé, soit quand j'aurais jugé que ça fait suffisamment longtemps pour vous ^^