Coucou à tous !
Voici une nouvelle fictions Newtmas qui est en fait la suite l'histoire de Tsuishin, donc merci beaucoup à elle de m'avoir autorisé à continuer à écrire cette suite \O/
J'espère que ça vous plaira ! Bonne lecture
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Le réveil de lâmes
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Plic, ploc, plic, ploc…
Dans le silence, le moindre bruit résonne. On n'entend plus que lui. Il en est assourdissant. Et Newt n'entend plus que ce bruit, chacun de ses éclats. Il concentre son esprit dessus pour oublier le poids qui pèse contre son épaule. L'écho des gouttes qui s'échappent d'un robinet mal fermé à l'étage du dessus occupe son esprit fatigué et résonne entre les parois abîmées de son crâne.
Tic, tac, tic, tac…
Le réveil affiche trois heures du matin. Cette nuit encore il n'a pas dormi. Pas plus que la nuit d'avant. Et celle d'encore avant. Depuis trop longtemps, en fait. Il entend la respiration calme de Thomas contre son épaule. Il ne veut pas croire que Thomas est là, qu'ils partagent le même lit, qu'ils s'aiment et qu'ils ont un avenir ensemble.
Après tout ce que Thomas a fait, il ne peut toujours pas croire qu'il aime Thomas.
Mais alors, si ce n'est pas de l'amour, qu'est-ce que c'est ? Il ne peut pas oublier qu'il ressent quelque chose… Il y a ce sentiment qui lui donne envie de rire de nouveau, d'effacer ces yeux tristes qu'il porte en permanence, son sourire rapiécé, écrasé par ses épaules trop frêles pour endiguer son chagrin.
Il a cette main qui caresse son visage, qui le force à se confier, à ne plus encaisser sans jamais évacuer. Il a cette voix qui le rassure, qui parvient à casser ses maux avec ses mots. Il est celui qui le pousse à changer, en mieux.
Et Newt a beau se trouver toutes les excuses du monde pour justifier chacune de ses réactions émotives, il a beau espérer de tout son corps pour étouffer l'évidence : il aime Thomas. C'est réel. Et même s'il veut ne pas l'aimer, il ne peut pas ne pas l'aimer.
Et quand le souffle de l'endormi vient chatouiller son cou, plus rien n'a d'importance, parce qu'il sait qu'il est accro, qu'il ne peut plus se passer de ça.
Et quand Thomas se réveille enfin, leurs yeux se croisent. Ces yeux, ces simples merveilles heurtent le coeur de Newt, l'embrasant d'une douleur sourde. Des prunelles traîtres qui s'amusent à montrer des couleurs qu'elles n'ont pas. Des iris ambrés baignés d'amour dans lesquels subsistent des traces de haine du passé. Deux orbes aux teintes whisky, qui rappellent à Newt l'alcool dans lesquel il s'est souvent plongé pour les oublier. Des yeux qui le scrutent, semblant aussi destabilisés que lui.
Leurs regards s'accrochent et ils n'ont même pas besoin d'un battement de cil pour s'aimer comme la première fois. Il ne croyait pas à l'Amour jusqu'à ce qu'il plonge dans ses flammes. Il ne croyait pas à l'Amour jusqu'à ce qu'il le vive.
Face à ces orbes menteuses, Newt se sent comme un aveugle qui voit pour la première fois.
Puis la bouche de Thomas s'ouvre et poussé par un instinct viscéral, Newt se penche sur ces lèvres divines, qu'il désire autant qu'il en a peur.
Thomas, qui s'apprêtait à parler, se tait. Son ventre se meurt de chaleur et l'esprit voilé par la convoitise attend que Newt l'embrasse enfin. Mais Newt ne le fait pas. L'ange blond s'écarte et le coeur de Thomas se retourne, à l'envers, à l'endroit, il s'enraye, palpite et bouillone sous sa peau. Un feu se précipite et calcine ses veines.
Si Newt ne veut pas l'embrasser, alors Thomas embrassera Newt. Il se penche. L'autre recule. Effort vain et ridicule. Newt sait qu'il ne pourra pas le refuser à Thomas. Il sait qu'il suffira d'un mot pour qu'il succombe enfin, un seul pauvre mot. Il sait qu'il ne sera entiérement comblé que lorsque ce petit mot se posera sur la langue de Thomas.
Alors il s'approche de Thomas, prêt à lui offrir ce qu'il veut. Mais à son tour, le démon s'écarte, un sourire mutin gravé sur son visage. Et ce simple geste, fait mourir Newt tendrement, s'effondrant de l'intérieur. Une main douce se pose sur ses cheveux, et il ferme les yeux pour profiter de cette caresse qui le fait dériver profondément.
La mélodie d'un rire fait sortir Newt de ses méandres passionnels. Il ouvre les yeux sur ce visage astral et il essaie de s'en détacher, mais il ne peut faire abstraction de ces orbes qui ne cessent de l'attirer et de le rejeter à la fois.
Thomas a ce sourire moqueur, qui provoque Newt qui refuse pourtant d'y répondre.
- Tu ne dors pas ? Souffle le démon comme un murmure, qui tranche le silence de ses notes maitrisées.
- Non, répond simplement Newt mais sa voix bancale trahit son trouble.
Thomas hausse un sourcil mais n'insiste pas. Et Newt reste planté là, à dévisager ce Diable déguisé en garçon, qui se retourne et se rendort dans un souffle. Alors c'est ça le centre de sa vie ?
Il voudrait trouver un moyen de s'en sortir, se sortir de ce qu'il ressent. Mais il sait que c'est impossible, il est condamné. Il ne partira jamais. Il restera toujours enchaîné aux bras de Thomas. Il sait ça, son esprit est léger de cette convenance. Alors pourquoi n'arrive-t-il pas à dormir ? Qu'est-ce qui l'empêche encore de sombrer ?
Coeur en verre, esprit de pierre. Quelque chose trotte dans sa tête. Et il ne peut s'en défaire. Il se désensibilise peu à peu, emporté dans l'indifférence. Et il aimerait hurler sa douleur à la lune, tentative tragique et héroique d'apprivoiser quelque chose de mauvais et de destructeur à l'intérieur de lui, tentative vaine de sauver ceux qui l'entourent de ces propres ténèbres. Mais il ne peut pas crier. Il ne peut pas réveiller Thomas.
Il se sent ivre, sans avoir bu une goutte. Ivre dans ses os et ses veines, laissant échapper un dérisoire souffle putride, s'abattant avec une précision engourdie sur ces idées embrouillées. Avec rien d'autre à entendre que le bourdonnement sourd de son propre rythme cardiaque. Et il aurait besoin que quelqu'un le retienne quand il se sent trop étourdi pour continuer, mais il n'y a personne.
En cet instant, il ne sent rien d'autre que le vide en lui, mais il n'a pas les mots justes pour l'exprimer de toute façon. Il serre la main de Thomas qui dort toujours, mais ne sent rien. Il demande de l'aide à Dieu mais le trouve manquant.
Il passe une main usée dans ses cheveux et se force à sourire. Il a appris à porter ses charmes étincelants, se cachant derrière sa vanité.
Il est si fatigué. Son sourire s'abaisse. Il y a trop de cernes sous ses yeux. Il n'y a plus de charmes étincelants. Il a passé des heures, penché sur le miroir, mais il ne trouve plus rien qui lui ressemble. Il a pleuré.
Et il se sent comme ça, lui. Il se sent comme un oiseau aux ailes brouillées qui s'envole dans le ciel mais qui ne fait que retomber. Il est cet homme qui voit le mal partout, si pessimiste, que tout le monde fuit parce qu'il a l'air si triste. Il est comme ça, lui.
Et s'il le pouvait encore, il en aurait honte. Et si on lui parle, il préfère ne pas répondre. Il a besoin d'aide mais il n'osera jamais le crier parce qu'il a peur que les gens ne comprennent pas.
Et Thomas est comme un poison, qui s'insinue dans les veines de Newt, qui lui ôte doucement la vie avec d'innombrables souffrances. Et Newt meurt dans ces bras et Thomas vit, sa bouche contre la sienne.
« Ne pars pas Newt »
Ce n'est qu'un souffle mais ça suffit pour faire sombrer l'ange encore plus. Thomas est toujours inconscient, il a murmuré ces mots du plus profond de ses songes mais Newt l'a entendu. Il sent une perle glacée s'écouler des ses yeux et s'étendre le long de sa joue. Il ne l'essuie pas, il la laisse tranquillement couler, parce qu'il n'a pas honte de pleurer par amour.
Il se lève, faisant de son mieux pour ne pas réveiller Thomas. Il le regarde un instant dormir. Il a l'air si calme, si innocent. Mais le blond sait qu'il suffira qu'il ouvre les yeux pour que l'innocence s'effondre. Il s'éloigne du lit qu'ils ont partagé. Il s'éloigne de l'homme qu'il aime, de cette attirance hystérique qui le détruit. Il recule de quelques pas, les yeux toujours fixés sur le corps endormi devant lui.
« Je ne pars pas Thomas. » murmure-t-il à travers les affres qui le brisent.
Et enfin, il se retourne et quitte la pièce. Trop de sentiments l'accablent encore mais il se force à bouger, à trouver des vêtements, à partir. Il sort de la maison et le froid de la nuit qui le mord semble le ramener à la raison. Il court dans les rues vides de sens et de passants. Il ne sait pas où aller. Tout ce qu'il veut c'est les bras de Thomas, mais il ne se sent pas encore capable d'y retourner. Il est à bout de souffle, sa jambe le tiraille, sombre rappel de ce qu'il a vécu.
Il s'effondre seul, loin de chez lui, loin de ses envies. Il est couché, au sol, terrassé depuis trop longtemps et incapable de s'en remettre. Il a mal, au plus profond de ses entrailles. Ses larmes abondantes le noient sous le remord. Et il serre à en palir la marque gravée sur son poignet.
Des mois se sont écoulés depuis son anniversaire. Mais seulement une semaine a défilé depuis qu'il a donné sa chance à Thomas. Le temps semble pourtant l'écraser et le maudire, rythmant chacun de ses pas dans ce monde, le forçant à avancer quand il ne sait plus où aller. Et soudain, l'envie lui prend, encore, de s'éclipser de ce monde. Ce serait comme s'il n'avait jamais existé. Est-ce que ce ne serait pas mieux pour tout le monde si Newt mourrait ? Sa sœur continuerait sa vie tranquillement dans les bras de Minho, faisant des petits-enfants à sa mère qui en sera définitivement heureuse. Oui, ce serait tellement mieux s'il disparaissait.
Et il pourrait mourir comme ça, simplement. Échoué sur ce sol bien trop souvent piétiné. Coincé sur cette terre qui ne l'a jamais accepté.
Mais il reste là, vivant. Torturé par ce boulet de sentiments qu'il traîne à son pied, condamné par l'angoisse qui le ronge de l'intérieur. Il se tord de douleur, griffant inlassablement la marque sur son poignet, tentant par tous les moyens de l'effacer. Et il ne ressent pas la vive brûlure qui le hante, le trou qui se creuse dans son estomac, qui creuse à travers les chairs, qui ne lui laisse qu'une plaie béante, le vidant petit à petit de ce qui fait de lui un être humain. Ses gestes sont impulsifs, animals, il n'a plus de pensées, plus de raison, rien pour le garder en vie, rien pour le forcer à avancer.
Et son pauvre corps est là, écroulé au sol, attendant un supplice qui ne vient pas. Ses larmes ne coulent plus, elles l'ont sans doute déjà trop fait. Il n'y a plus que cette pauvre charogne épuisée, au milieu de cette existence vide. Il n'y a personne pour voir sa déchéance, personne pour le sauver, personne pour voir enfin ses yeux se fermer.
Le vide tentateur s'ouvrit devant lui.
Thomas poussa un hurlement. « Ne saute pas. Je t'aime. Et si tu abandonnes, tu nous tues tous les deux. »
« Tant que je meurs, qu'importe ce qu'il peut t'arriver. », songea-t-il.
Il s'assit sur le bord du toît, ses pieds pendant dans le vide. « Tant que je meurs. »
L'autre lui chuchota de ne pas faire ça, que tout irait mieux le lendemain. Ça ne réussit qu'à le faire rire. Depuis le temps que cet espoir le tenait en vie.
- Où vas-tu, Newt ?
- Loin. Le plus loin possible.
- Pourquoi fuir encore ?
- Parce que cette fois sera la dernière.
Il serra son corps déchiqueté entre ses maigres bras. Partir ne le sauverait pas, il le savait. Il l'avait su dès le début que même de l'autre côté du monde il serait encore trop proche de Thomas.
- Cette souffrance n'est plus la tienne.
- Il n'empêche que c'est encore elle qui me fait souffrir.
Ses larmes firent fondre son sourire encore une fois. Thomas le détestait. Thomas avait oublié qu'ils s'étaient aimés. Il avait vu dans ses yeux cette inconscience qui l'avait détruit peu à peu. Il l'avait aimé. Lui n'avait rien réussi à oublier. Et il se blessait, écorché par ses propres souvenirs. Depuis le début il savait qu'il ne s'en sortirait pas.
Il secoua la tête, ses ongles venant fissurer son visage. Il jeta son regard sur le flot de bâtisses en contre-bas, un regard amorphe, ne se rendant pas compte de la beauté du paysage. Il ne se rendait plus compte de grand-chose maintenant, de toute façon. Il n'était conscient que de ce trou que le harcèlement dont il était victime avait enfoncé en son corps, qui ne cessait de creuser entre les chairs, s'agrandissant encore et encore. Ce vide qui bientôt l'avalera.
- Qui es-tu ? Qui crois-tu être pour moi ?
- Personne, Thomas. Je ne suis plus rien maintenant.
Ils avaient été tellement l'un pour l'autre. Ils s'étaient aimés. Jusqu'à ce que la haine folle vienne faucher l'un d'entre eux et laisse l'autre, seul et abandonné, l'amour débordant de son corps, sans personne pour le recevoir. Et seule sa colère subsistait. Colère contre tout, contre la vie mais surtout contre lui-même. Voir que la personne qu'il aimait le détestait à présent de toute son âme l'avait déchiré. Alors il était parti. Il n'avait plus jamais revu Thomas. Pourquoi l'aurait-il fait ?
Il ne dormait plus, ne mangeait plus. Peu importe. Il aurait pu mourir, il aurait sûrement dû. Puis il est apparu, ce nouveau Thomas. Il le haïssait. Il dansait, tournoyait dans son esprit, lui soufflant mensonges et bassesses, lui redonnant l'espoir pour mieux le lui retirer ensuite. Il l'avait forcé à guérir. Éprouver l'absence. Éprouver de devoir réapprendre à vivre sans lui. Éprouver de n'être qu'à moitié.
Sans qu'il ne le reagarde, son visage s'imposa à son esprit. Toujours avec cette précision exaspérante. Il ne savait l'oublier. La finesse de ses traits, autant de piques qui le conduisaient à l'ivresse. La nuit était tombée, les ombres l'entraînant alors qu'il ne connaissait plus la lumière. La peine toujours, qui l'enchaine, qui fait encore battre son coeur tout en l'écrasant.
- Tu veux venir avec moi ?
- Où ça ?
- Je ne sais pas. Loin.
Il ne va pas bien. Il s'imagine sauter, son corps attiré par le vide comme son esprit par l'oubli. Demain tout ira mieux. Oui, mais ce demain est trop loin et il n'a plus la force d'avancer. Pas sans lui. Si ils partaient tous les deux, si Thomas l'aimait à nouveau… S'il leur restait du temps, pour changer les choses, pour enfin avancer. Ils en avaient eu, sans en prendre conscience sur l'instant. Et maintenant, il ne pouvait s'empêcher de regretter. « Tu as encore le temps Newt. » Mais il n'a plus envie d'avoir le temps si c'était pour vivre seul, si c'était pour chaque jour être détesté un peu plus par celui qu'il aime à la folie.
- Tu m'as eu si haut.
- Je ne comprends pas.
- Ça veut juste dire que si je te perds, je serai obligé de retourner en bas. Et je t'ai déjà perdu.
Son sourire absolu s'efface derrière tous les espoirs inachevés. Abattu par l'existence. Sa bouche laissa couler une dernière plainte élégiaque. Sa pensée funeste l'obligea à se relever, les jambes ébranlées face au vide. Son corps apathique mais son esprit brûlant. L'inconsistance devant lui, il frissonna. Juste un pas et il basculerait. Tout devient si proche, si réel alrs que son tout n'est plus rien.
Il fait mine de s'avancer, halète, un pas de plus et il n'existera plus. Il titube, se sent si proche de la mort et il sent l'ivresse l'emporter dans l'inconscience qui lui plait tant. Il est si léger, délaisté de ses obligations, perdu de tout ce qui le rattache au sol. Il semble déjà éteint, déjà trop loin.
Il se tord, un cri s'échappe, faisant écho aux exigences de folie de Thomas, qu'il ne veut plus entendre mais qu'il devine. À chaque fois qu'il finissait à l'hôpital, souvent où son amour l'avait envoyé, chaque fois que Thomas le visitait, chaque fois, c'était des hurlements. Il se sentait si seul, surtout en face de lui. Thomas lui disait à quel point il le haïssait. Et Newt restait à l'écouter. Thomas crachait qu'ils n'étaient rien l'un pour l'autre. Et Newt aimait l'entendre parler d'eux, ensemble, même si c'était pour en dire du mal.
- Je te déteste.
- C'est faux, tu m'aimes.
- Mais avec toi je me sens faible. Et je déteste me sentir faible.
- Je suis ta faiblesse mais tu es ma force. Tu me rends plus sûr de moi, presque invincible, Newt. Et quoi que tu fasses, je t'attire, tu ne peux plus résister. Tu es tombé sous mon charme, je suis tombé sous le tien. Aucun de nous ne s'y attendait. Mais j'aime ça, j'aime ce sentiment. Et je ne l'échangerais pour rien au monde. Je t'aime, Newt.
Il l'aimait aussi. Sans ne jamais avoir osé le lui dire. Il détestait ce sentiment. Comme si quelqu'un se souciait vraiment de lui, mais il n'y a personne. Comme s'il y avait un ailleurs pour lui, mais pas ici. Il n'y a plus rien pour lui, ce monde n'a rien à lui offrir. Finalement, ce monde n'a jamais voulu de lui, il le sait. Qui sera vraiment triste qu'il parte ? Pas Thomas en tout cas.
Il était fatigué. Fatigué d'entendre sa voix lui susurer à l'oreille des mots qu'il ne veut plus entendre. Fatigué de se battre contre son propre désespoir quand il pourrait simplement se laisser aller… Plus personne pour le retenir, c'est comme s'il était déjà mort.
Il n'a plus sa place dans ce monde, s'il l'a eu un jour. Et aujourd'hui, il ne veut même plus l'avoir. Il s'en fiche pas mal maintenant de savoir si ce monde veut de lui ou pas. Lui ne veut plus en faire partie.
Et encore une fois, Thomas apparaît, danse devant ses yeux, mais il n'a plus l'invincibilité qui le caractérisait. Thomas a peur, peur de mourir, peur de perdre. « Raccroche-toi à ce qui te reste de bien, raccroche-toi à tes souvenirs. Sauve-nous. ». Mais Newt ne veut pas être sauvé et ne veux plus se raccrocher à quelque chose d'aussi éphémère qu'un souvenir. Il n'a plus la force de se battre pour cela. Alors s'il saute dans le vide, il n'y aura plus rien pour le raccrocher à rien. Et définitivement, il finirait par mourir. Il soupire. Ça lui semble être une bonne idée, la mort semble être la libération qu'il attend. Mais les larmes finissent inconsciemment par s'échapper, perles glacées le long de ses joues déjà humides de cette souffrance liquide. Son visage, encore et encore, son rire, ses lèvres. Juste sa voix. Ces ''je t'aime'' parsemés. Et ces yeux qui continuent de pétiller. Il sourit à son tour. Lui qui ne voulait plus s'accrocher à un souvenir. Thomas sera plus heureux sans lui, sans le fantôme de son passé, qui à chaque fois le force à se rappeler.
Thomas n'a pas besoin de Newt dans sa vie.
Mais Newt a un besoin vital de Thomas.
« Newt, réveille-toi maintenant. »
Il se sent secoué mais il refuse d'ouvrir les yeux. Les larmes se remettent à couler derrière ses paupières qui ne sont plus sèches depuis longtemps. Il ne veux pas se réveiller, il ne veux pas vivre à nouveau. Ce songe était trop beau. Il se voyait mourir et il était bien. Il était enfin libre et il aurait pu voler. Mais pourquoi finit-on toujours par s'écraser ? Pourquoi a-t-il fini par se réveiller ?
Et comme au sourd le bruit et le silence ont la même semblance, va-t-il prendre la sagesse ou choisir la folie ? Va-t-il continuer avec Thomas ou va-t-il abandonner ?
La voix résonne à ses oreilles, encore une fois, mais il ne comprend pas ce qu'elle dit. Il est si fatigué. Il n'a pas dormi depuis si longtemps et d'un coup, tout lui retombe dessus. Tout ce qu'il ne ressentait plus revient. Et il déteste ça. Il se sent envahi par la tristesse, accaparé par la solitude, conquis par la douleur et agité par la haine elle-même. Et toujours la même lassitude qui revient s'insinuer dans ses os, lourd poison qui lui offre l'instabilité disproportionnée pour un corps si petit.
Il se sent soulevé, entouré par des bras puissants, qui le tirent du gouffre dans lequel il s'était plongé. Il ne sait pas qui est venu le sauver. Il connaît cette personne, il en est sûr, mais il est trop meurtri pour pouvoir y réfléchir plus. L'inconnu le pose sur un siège et fait mine de s'éloigner mais Newt le rattrappe inconsciemment, pauvre tentative puisque ses mains sont molles et si fragiles à cet instant. Mais l'autre se rapproche de lui et le reprend dans ses bras, lui souffle une phrase qui fait écho entre les parois fatiguées de son crâne pendant qu'il s'enfuit à nouveau dans les affres éternelles du sommeil.
« Tu n'es plus seul, Newt. »
