Disclaimer : L'univers et les personnages appartiennent à JK Rowling.

Résumé : Le jeune Sirius Gaunt, fils du tyrannique et cruel Morfin Gaunt, commence sa scolarité à Poudlard. Là, il fera la connaissance de Tom Jedusor Jr, avec lequel il se lie d'amitié. Ensemble ils vont peu à peu découvrir les secrets de leur famille et Sirius devra faire un choix qui déterminera toute sa vie future à mesure que Tom s'enfonce de plus en plus dans les ténèbres.

Quelque part en Ecosse, novembre 1981

La grotte n'était éclairée que par la lueur faiblarde d'une torche derrière lui et d'une chandelle posée sur un petit bureau. La pierre noire semblait absorber le peu de lumière ambiante et Sirius ne pouvait en détourner son regard. L'envie de s'emparer de la bague et d'utiliser la pierre le torturait. Mais il pouvait sentir son pouvoir maléfique émaner d'elle et corrompre l'air autour de lui. La bague ne lui appartenait plus. Elle était la possession de Lord Voldemort. Elle était une partie de lui, une extension maléfique de l'âme du mage noir.

Ces dernières années, Sirius s'était souvent demandé si Tom n'avait pas placé tout ce qu'il y avait de bon en lui dans l'un de ses horcruxes. Où donc étaient enfermées toutes les choses qu'il appréciait chez son ancien amant ? Ou alors, Tom avait-il simplement perdu toute faculté d'aimer ou d'être aimé au cours des années ? Le puissant sorcier qui l'avait trahi n'avait plus rien en commun avec l'adolescent tourmenté dont il s'était épris si longtemps auparavant.

Et où était-il désormais ? On le prétendait mort mais personne ne semblait savoir exactement ce qu'il s'était passé. Sirius ne connaissait pas les détails mais il était certain que Lord Voldemort s'était éteint. Tout comme il savait qu'il reviendrait. Alors pourquoi être retourné dans cette vieille demeure en ruines pour récupérer cet objet maléfique ? Il n'avait jamais apprécié cette bague qui lui revenait pourtant de droit. C'est pourquoi il lui avait offert lorsque Tom la lui avait apportée.

Au fond de lui, il savait qu'il n'avait pas récupéré la bague pour tenter de s'en servir. Il ignorait quel maléfice de protection Lord Voldemort avait placé sur cet objet mais il avait fait en sorte de protéger autant que possible toutes les parties de son âme. Sirius ne se serait pas risqué à tenter quoi que ce soit avec la bague. Il avait juste eu besoin de la contempler une dernière fois, de se souvenir des évènements aussi bien tragiques que magnifiques qui l'avaient conduit jusqu'ici.

Il était aussi mort que Voldemort. Tout le monde le croyait mort depuis des années et il ne savait pas s'il voulait vraiment reparaître dans ce monde. Si on découvrait qu'il avait survécu, la seule chose qui l'attendait était une place à Azkaban avec les anciens partisans de Lord Voldemort. Et c'était là une compagnie dont il se serait bien passé sans même parler de celle des détraqueurs.

Cependant, ses connaissances ne pouvaient pas juste disparaître avec lui. Il n'avait pas fait grand-chose qui méritât d'être raconté mais il était celui qui avait le mieux connu l'un des plus puissants mages noirs de l'Histoire. Ses souvenirs pourraient se révéler utiles un jour ou l'autre. Et s'il n'était lui-même plus là pour les raconter, il devait s'assurer qu'ils tombent en de bonnes mains lorsque le temps serait venu.

Son regard se détourna de la bague et se posa sur le carnet en cuir ainsi que sur les plumes et l'encre qui attendaient de remplir leur office. Il les avait ensorcelés juste avant de sortir la bague du tissu dans lequel elle était enveloppée et de s'abîmer dans sa contemplation. Ses souvenirs imprégneraient les pages du carnet au fur et à mesure qu'il coucherait les mots sur le papier. Celui qui lirait ses confessions un jour prochain pourrait alors voir et ressentir tout ce qu'il avait vu et ressenti.

Il posa les yeux une fois encore sur la bague et sa pierre noire et se décida enfin à écrire…

/

Les reliques de la mort. Trois artefacts surpuissants remis, selon la légende, aux frères Peverell par la Mort en personne. Quelle est la part de vérité dans cette légende ? La seule chose certaine est que le sang des Peverell s'est transmis au cours des époques et les reliques au cours des générations. Comment ma famille s'est-elle retrouvée en possession de la Pierre de Résurrection ? C'est un profond mystère mais mon grand-père Elvis Gaunt affirmait qu'elle nous venait en ligne directe de Salazar Serpentard en personne, ainsi que son médaillon.

Il affichait ostentatoirement ces deux objets, vestiges d'une puissance et d'un prestige depuis longtemps disparus. La grandeur de la maison Gaunt n'était déjà plus qu'un lointain souvenir lorsque je vins au monde. La grande maison de Little Hangleton n'était déjà plus que ruines et Elvis et ses deux enfants en étaient réduits à vivre dans une grande cabane en dehors du village. Une déchéance qui ne les rendait pas moins orgueilleux pour autant.

Mes ancêtres étaient-ils fous comme on les a décrits par la suite ? N'ayant pas connu mon grand-père ni ma tante Mérope, il m'est difficile de me prononcer. Mais il est incontestable que l'équilibre mental n'était pas un trait particulièrement répandu chez eux. Mon père Morfin, du temps où il était encore raisonnablement cohérent, me parlait de son propre père comme d'un tyran cruel et sadique. Et pourtant il était difficile de nier qu'il semblait lui vouer une admiration sans borne. De ma tante, décédée également avant ma naissance, il ne parlait guère.

Ce n'est qu'à l'âge de onze ans que j'appris la vérité de la part de ma famille maternelle. Elvis et Morfin avaient été emprisonnés à Azkaban avant ma naissance pour avoir agressé un employé du Ministère de la Magie. Mérope était morte mystérieusement durant cette période et Elvis peu de temps après avoir été libéré. Mon propre père avait bénéficié d'un droit de sortie temporaire d'Azkaban pour assister aux funérailles. Bien sûr sa baguette était toujours confisquée afin d'éviter toute fuite. Mais il ne songeait pas à s'enfuir. Il réussit à fausser compagnie aux deux aurors qui le surveillaient et rejoignis celle dont il était épris, Andromeda Malefoy. C'est de cette union que je naquis neuf mois plus tard.

Le père d'Andromeda déclara qu'il reniait sa fille pour sa conduite scandaleuse mais il mourût quelques mois plus tard alors qu'elle était toujours enceinte. Le frère d'Andromeda, Septimus Malefoy, fit chercher sa sœur et celle-ci se réinstalla dans la demeure familiale. A la libération de Morfin l'année suivante, leur union fût prononcée quelques mois après ma naissance. Ma mère convainquit mon père de s'installer au manoir Malefoy plutôt que dans sa cabane et celui-ci accepta de mauvaise grâce.

Septimus m'expliqua plus tard qu'il avait fait jouer ses connexions au Ministère afin de réduire la peine de mon père et que celui-ci était son débiteur. Septimus s'assurait ainsi de garder auprès de lui sa sœur bien-aimée. Mon père aurait fait n'importe quoi pour ma mère, qui a toujours fait ressortir le meilleur en lui. Il était presque devenu présentable en société.

Je n'ai que peu de souvenirs de cette époque bénie. Ma mère mourût en couches en donnant naissance à une petite fille mort-née lorsque j'avais trois ans. Septimus blâma mon père. Morfin blâma mon oncle. Des incantations furent lancées et mon père s'enfuit en m'emmenant avec lui. Septimus ne lui pardonna jamais et déclara ne plus jamais vouloir le revoir. C'est ainsi que mon père et moi-même nous retrouvâmes dans la cabane de Little Hangleton.

L'état mental de mon père ne fît que se dégrader par la suite. L'état de notre maison également. A l'âge de sept ans, c'est moi qui assurait la plupart des tâches ménagères. Mon père était de plus en plus incohérent et de plus en plus agressif envers ceux qui s'approchaient de chez nous. Il me répétait souvent que je ressemblais de plus en plus à ma mère à mesure que je grandissais. Je ne pouvais lui donner tort sur ce point tant la femme sur les portraits me semblait aussi familière que mon image dans le miroir.

J'avais hérité d'elle ses yeux gris, la forme délicate de son visage, ses pommettes hautes et saillantes, ses lèvres épaisses et sensuelles et son nez fin et droit. De mon père je n'avais que mes cheveux noirs, contrastant avec le blond presque blanc des cheveux de ma mère. Quant au caractère, je n'aurais su dire de qui je tenais tant mon père semblait idéaliser ma défunte mère et tant sa propre personnalité semblait lui échapper de plus en plus.

Une chose est certaine cependant. C'est bien de lui que j'avais hérité de la capacité à parler aux serpents. Il avait la déplaisante habitude de les capturer et de les clouer au fronton de notre cabane. Leurs plaintes agonisantes m'étaient insupportables et je m'enfuyais dans la forêt, cherchant plantes et racines pour les potions de mon père. C'était là notre principal moyen de subsistance. Mon père confectionnait de nombreuses potions aux vertus diverses qu'il revendait ensuite, parfois à des moldus.

Mais le temps passant, il se désintéressa de plus en plus de cette activité. Il chassait de quoi nous nourrir et je cultivais nos légumes dans notre jardin. Je me souviens de cette époque comme d'un défilé de jours se ressemblant tous. Monotones et gris. La solitude était tout ce que je connaissais et lorsque mon père se rendait compte de ma présence il m'adressait des piques venimeuses et des paroles désobligeantes. J'avais appris très tôt à ne jamais lui répondre si je ne voulais pas recevoir un coup.

Lorsque nous parlions, c'était toujours en Fourchelangue. Si j'avais le malheur d'utiliser l'anglais, il sortait sa baguette et lançait un sort me privant de l'usage de la parole. Ma langue devenait enflée et douloureuse et je n'arrivais plus à parler ni à manger. Une fois, alors que je devais avoir neuf ans, je passais trois jours dans cet état avant de m'évanouir à cause de l'inanition. Jamais plus, je ne lui adressais la parole en anglais après ce jour.

Peu de temps après mon onzième anniversaire, une lettre me conviant à débuter ma scolarité à Poudlard nous parvînt. Mon père décréta que je n'avais nul besoin d'aller à l'école pour apprendre la magie et que je serais bien plus utile en restant chez nous. Cette nuit-là, je m'enfuis discrètement de notre cabane, bien décidé à ne plus y remettre les pieds. Je n'avais emporté qu'un portrait de ma mère, pris devant un imposant manoir. Elle se tenait droite, un petit garçon pressant son oreille contre son imposant ventre de femme enceinte. C'était la seule photographie où nous étions ensemble. Au dos de la photo, il était écrit manoir Malefoy, Wiltshire, accompagné d'une date : avril 1931. Il s'agissait de la dernière photographie qu'on avait prise d'elle.

Ma seule pensée était de parvenir à retrouver cet endroit, qu'importe le temps que cela prendrait…