Titre :YumeGa
Auteur : Eleawin
Univers : Yumemaboroshi Gasshuku


Il faisait beau, le soleil brillait haut dans le ciel, les oiseaux gazouillaient tranquillement dans l'air matinal. Un car filait sur une route de campagne sinueuse, seulement bordée d'arbres et de buissons verdoyants. Tout était paisible... jusqu'au moment où un hurlement brisa ce silence harmonieux, suivi d'une bordée de jurons et de deux ou trois glapissements.

Pendant quelques instants, Atobe hésita entre attraper Shishido et Mukahi pour les balancer par la fenêtre du car, ou tout simplement ordonner à Kabaji de le faire pour lui. Hésitation qui ne dura pas longtemps, car le vénéré capitaine de Hyotei Gakuen se retourna depuis son siège à l'avant du bus pour fusiller les deux joueurs du regard.

« Shishido, Mukahi. Si vous tenez à ce qu'on vous laisse au bord de la route comme les deux crétins que vous êtes, vous n'avez qu'à le dire ! »
« Cet imbécile m'a mordu ! » glapit Gakuto, fixant d'un oeil outré Shishido qui s'était retourné sur son siège, visiblement sur les nerfs.
« Si tu tiens à ton intégrité physique, ne touche pas à ma casquette ! » cria le partenaire d'Ohtori en réponse.

Il agita dangereusement son poing sous le nez du roux, qui n'attendait que cela pour tenter d'y planter ses dents à son tour. Oshitari et Ohtori se dépêchèrent de les séparer à nouveau, ce dernier laissant échapper un « Shishido-saaaan ! » contrit.
Devant cette situation digne d'une comédie burlesque de bas étage, Atobe laissa échapper un soupir exaspéré. Sans même daigner lever les yeux, il aboya quelques ordres que les autres s'empressèrent – plus ou moins – d'obéir, au milieu des grognements et des plaintes agacées.

« Il a ses règles ou quoi ? » marmonna Gakuto, propulsé au fond du bus par les bons soins de Kabaji, qui eut l'excellent idée de prendre place à ses côtés.
« Je te conseille fortement de te taire si tu ne veux pas finir le voyage dans la soute, Mukahi ! »
« Tch ! »
« Atobe, » intervint Oshitari, remontant ses lunettes sur son nez. « Tu devrais peut-être.. »
« Et ça vaut aussi pour toi, Oshitari ! »
« ... Ahem. »

Le silence enfin rétabli arracha presque un soupir de bonheur au capitaine de Hyotei Gakuen, qui laissa tomber sa tête contre son siège. Une fois n'était pas coutume, il se sentait fatigué et ce n'étaient pas les imbéciles assis derrière lui qui lui feraient oublier son mal de crâne. Les préparatifs avaient été laborieux, à cause de ce départ soudain et complètement imprévu. A quoi pensait Sakaki-sensei pour les envoyer tout d'un coup en camp d'entraînement, et ce sans le prévenir au préalable ?
Atobe avait été plus que surpris d'apprendre cette décision, prise d'un commun accord avec la coach de Seigaku. Ce qui l'avait poussé à revoir tous ses plans, évidemment. La possibilité de rejouer contre Tezuka valait bien le sacrifice de son précieux temps dans un coin paumé au milieu du Japon, loin de ce qu'il appelait la civilisation. Il s'étonnait lui-même d'accorder autant d'importance au capitaine de Seigaku, mais celui-ci n'était-il pas son plus grand rival ?
L'idée de le revoir lui faisait presque oublier la fatigue. Presque.

« Yuuuuuushi ! » geignit soudain la voix de Mukahi, flirtant inconfortablement dans les aigus. « Jiroh me bave dessus, fais quelque chose ! »
« Gakuto, je suis en train de lire. »
« Yuuuuuuushi ! »

Atobe ferma douloureusement des yeux, sentant sa migraine prendre de l'ampleur. Mais pourquoi fallait-il que son équipe soit si bruyante, aahn ?

¤¤¤

Quelques kilomètres plus loin, une autre personne se ressassait les mêmes pensées, stoïquement assis à l'avant du car. Tezuka broncha à peine quand un sachet de crackers lui passa sous le nez, pour aller lamentablement s'écraser contre une vitre qui n'avait rien demandé. Il n'eut aucune réaction non plus lorsque Kikumaru fit un vol plané au dessus de son siège, suivi de Momoshiro qui tentait de le rattraper. Il y avait des jours où sa patience le surprenait lui-même.

« Eiji ! » cria Oishi, tentant vaillamment de tenir son partenaire de double en place. « Reviens t'asseoir, et laisse Momo et Echizen tranquilles ! »
« Ils n'avaient qu'à pas commencer, nya ! »
« Eiji-senpai est en forme, » commenta le benjamin de la troupe, épongeant sans enthousiasme tout le Ponta que Kikumaru lui avait fait renverser.

Il commençait sérieusement à regretter d'être venu, même s'il n'avait pas vraiment eu le choix. Quoique, à la réflexion, échapper à son pervers de père et à l'agaçant Horio compensait un peu la torture que son équipe lui infligeait... ou ne tarderait pas à lui infliger, si on en jugeait par le regard de Tezuka-buchou. Ce dernier s'empressa de lui donner raison.

« Kikumaru, Momoshiro, Echizen. 10 tours de terrain quand nous serons arrivés. »
« Mada mada dane. »
« 30, Echizen. »
« ... »

Le voyage se poursuivit dans un calme relatif, bien qu'il fut difficile d'empêcher Inui d'empoisonner tout le monde avec sa nouvelle concoction, pompeusement baptisée Inui Aozu Special Deluxe Version 4.2. La fatigue avait eu raison des joueurs et les avait laissés somnolant sur leur siège, au plus grand soulagement de Ryuzaki-sensei assise au volant. Et au plus grand bonheur de Fuji, qui put ainsi inaugurer son nouvel appareil photo -- offert par son cher Yuuta, cet adorable petit ange. Il était persuadé que Tezuka adorerait cette photo de lui assoupi, les cheveux partant dans tous les sens.

Le garçon poussa un petit soupir heureux et se cala confortablement dans son siège. Ce n'était pas tous les jours qu'ils partaient en camp d'entraînement, même si cela supposait supporter Hyotei Gakuen et leur arrogant capitaine pour au moins deux semaines. Faire une petite pause dans les études pour se consacrer au tennis était une idée intéressante, voire même attrayante. Et pour couronner le tout, le paysage qui défilait sous ses yeux était magnifique, se dit-il, admirant le lac qui s'étendait sur sa droite.
Il ne résista pas à l'envie de prendre un énième cliché.

¤¤¤

Quelques heures s'étaient écoulées dans le plus merveilleux des silences, quand soudain, un long geignement se fit entendre, suivi d'un bruit sourd contre le siège d'Atobe.

« 'tobe-buchou, il faut que j'aille aux toilettes, » pleurnicha Jiroh les yeux larmoyants, accroché au bras de son capitaine incrédule.
« Jiroh... On arrive dans dix minutes, ça ne peut pas attendre ? »
« Ilfautquej'ailletoutdesuite ! »

Atobe réprima un soupir las et fit signe au conducteur de s'arrêter au bord de la route, retenant d'une main un Jiroh impatient qui trépignait littéralement sur place.

« Ecoute. Tu ne t'éloignes pas, tu te dépêches et surtout tu ne t'endors pas là-bas, compris ? »
« Hai ! » chouina le blond, dont l'expression était devenue un subtil mélange de désespoir et d'impatience contenue.

Une pointe de pitié germant dans son coeur que certains qualifiaient de desséché, Atobe se décida enfin à le lâcher. Il l'observa avec avec inquiétude s'affaler à moitié sur le marche-pied du car, puis foncer droit vers le bois le plus proche. Il avait un sale pressentiment.

« Kabaji, va avec lui ! » ordonna t-il, suivant finalement son instinct.

Il ne serait pas dit qu'Ore-sama laissait les choses au hasard. Tel qu'il connaissait le blond, il risquait vraisemblablement de s'endormir contre un arbre ou de se perdre dans les bois... L'idée le faisait grincer d'ennui.
Comme pour les dédommager du temps perdu, le car s'était arrêté juste devant un lac, dont la pureté de l'eau le faisait briller comme un diamant étincelant. Les rayons du soleil caressaient doucement sa surface sans ride, envoyant des milliers de reflets colorés se perdre dans les airs.
Un paysage digne d'une carte postale, décida Atobe.

« Je vais aller me dégourdir les jambes, » annonça t-il aux autres, las d'être resté assis depuis des heures.

Il passa à côté d'Hiyoshi endormi sur son siège et descendit du bus, appréciant la légère brise qui lui soufflait au visage. Oshitari vint immédiatement le rejoindre, ce qui lui procura une chance de l'agacer un peu. C'était une activité qu'Atobe appréciait tout particulièrement.

« Tu ne restes pas avec ta femme ? » se moqua t-il, appréciant le froncement de sourcil que lui dédia Oshitari en réponse.
« Combien de fois dois-je te répéter qu'il n'y rien entre Gakuto et moi ? » lâcha le tensai, remontant ses lunettes sur son nez. « Je ne m'appelle pas Shishido. »
« Vraiment ? »

Oshitari renifla, marmonnant quelque chose dans sa barbe à propos de capitaine égocentrique qui voyait le mal là où il n'y en avait pas. Atobe ricana et s'abstint de commenter, même si ce n'était pas l'envie qui lui manquait. Après tout, c'était si amusant d'ennuyer le tensai, surtout sur sa présumée relation amoureuse avec son partenaire de double. Enfin, la vie privée de ses joueurs ne le regardait pas.
Il laissa distraitement son regard glisser sur le lac, admirant les éclats colorés de sa surface polie. L'eau était très claire, mais il y avait comme une ombre, remarqua t-il. Une silhouette attira soudain son attention, et il fronça des sourcils, avançant sur la rive.

« Il y a quelque chose dans l'eau, » déclara t-il, les yeux intensément fixés sur le lac, pupilles étrécies comme lors de son fameux Insight.
« Oh, quoi donc, une baleine ? »

Ignorant les railleries du tensai, Atobe se pencha sur l'eau, certain d'avoir vu bouger quelque chose. Pendant ce qui lui parut de longues minutes, il ne vit absolument rien, juste une eau cristalline, pure de tout animal ou fragment de végétation. Ce qui est en soit, était étrange ; il n'avait pas affaire à une piscine privée avec système de filtrage ultra perfectionné intégré, si ?
Juste au moment où il commencer à douter de ses perceptions, Oshitari lui agrippa la main.

« Je crois que je l'ai vu, » murmura le brun, tripotant nerveusement ses lunettes. « Cette chose... »
« Tu as pu voir ce que c'était ? »

Oshitari lui dédia un regard hanté, ce qui inquiéta légèrement son capitaine. Le tensai semblait sur le point de défaillir, pâle comme un linge.

« Oshitari ? »
« C'était... »

Le garçon hésita.

« C'était assez étrange... Il me semble avoir vu une personne grande, pâle, l'air assez arrogante, avec un mystérieux grain de beauté sous l'oeil... Tiens, maintenant que j'y pense, ça me rappelle vaguement quelqu'un. Ce ne serait pas ton reflet, par hasard ? »

Devant la tête que faisait Atobe, Oshitari ricana, fier de son petit effet. De son côté, Atobe, devant tant de crétinerie profonde, décida de faire celui qui n'avait rien entendu. Oshitari ne perdait rien pour attendre de toute façon. Reniflant avec dédain, le châtain se repencha sur le lac, fouillant les flots des yeux. Il était persuadé avoir vu une silhouette dans l'eau, un énorme poisson peut-être, ou plus irrationnellement, le corps d'un tensai débile ayant sérieusement énervé son capitaine -- Atobe avait envie de prendre ses rêves pour des réalités.

« Je plaisantais, Keigo, » murmura Oshitari, sourire moqueur toujours aux lèvres.
« Je ne me souviens pas de t'avoir autorisé à m'appeler par mon prénom, Oshitari. »

A sa décharge, Oshitari prit la rebuffade sans broncher, habitué à de telles remontrances. Satisfait, Atobe reprit sa recherche, plus pour la forme qu'autre chose. Son regard glissa distraitement à la surface miroitante du lac, ayant perdu tout son interêt... Jusqu'au moment où deux bras liquides jaillirent de l'eau pour l'attirer dans les flots.

« ATOBE ! »

Il eut à peine le temps de voir Oshitari tenter de le rattraper et d'hurler son nom, avant que tout ne devienne noir.

¤¤¤

L'équipe de Seigaku fut relativement heureuse de quitter le confort exigu de leur car pour celle de la petite cour où ils s'étaient arrêtés. Terminus, avait crié Ryuuzaki-sensei, réveillant les joueurs assoupis. Ils étaient à présent devant la pension qu'ils allaient occuper pendant deux semaines, placée juste à l'orée du bois qu'ils avaient traversé pour venir.

« On dirait une maison de film d'horreur, » commenta Momo, observant le bâtiment. « Elle est énorme ! »

Elle lui rappelait beaucoup la demeure qu'ils avaient loué lors de leur précédent camp, juste avant la finale des Régionales contre Rikkaidai. Il ricana intérieurement ; il avait vraiment hâte de voir la réaction des joueurs de Hyotei quand ils verraient l'endroit. Bien que son état soit loin du délabrement, le style ancien de la maison avait quelque chose d'intimidant, de mystérieux. Ce n'était pas un hôtel cinq étoiles avec suites majestueuses, quoi.
Kaidoh devait penser la même chose car, pour une raison indéterminée, son corps fit brusquement demi-tour vers le bus qu'ils venaient de quitter et s'engouffra précipitamment à l'intérieur. Inui eut un petit rire et se dépêcha de le rejoindre.

« Il y a huit courts placés juste derrière la maison et un gymnase, » dit Ryuzaki-sensei, les mains plantées sur les hanches. « Hyotei Gakuen ne semble pas encore arrivé. On va aller s'installer, et vous irez visiter après. »

Elle les regarda sortir leurs bagages de la soute, puis consulta rapidement sa montre.

« C'est bizarre que personne ne soit venu nous accueillir, Kameko-san était pourtant prévenue de notre arrivée... »
« La maison a l'air vide, » acquiesça Oishi, après avoir tapé trois coups à la porte. « EH OH, IL Y A QUELQU'UN ? »
« Nya, Oishi ! » cria Kikumaru depuis l'entrée du bâtiment juxtaposant la pension. « Viens voir ça, il y a des trampolines ! »

Il fallut les forces combinées d'Oishi et de Kawamura pour l'empêcher d'aller vandaliser le gymnase, sous les yeux impuissants de Ryuuzaki-sensei, navrée. Celle-ci avait compris depuis longtemps qu'il valait mieux laisser les jeunes s'occuper des autres jeunes, sous peine de se retrouver avec une catastrophe sur les bras...
Stoïque comme jamais, Tezuka ajouta de nouveaux tours de terrain à ceux précédemment distribués, et la moitié des Regulars de Seigaku se retrouva à courir en rond dans la cour, grognon dans le cas d'Echizen, survolté dans celui de Kikumaru.

« Qu'est ce qu'on fait alors ?' » demanda Oishi, se tournant vers Tezuka.

Celui-ci s'apprêtait à répondre, quand un bruit de moteur se fit entendre, attirant leur attention. Fuji, assis sur sa malle, haussa un sourcil vaguement intéressé.

« Hyotei Gakuen semble arrivé, » commenta t-il, observant le car blanc et bleu se garer dans la cour près du leur.

Bizarrement, personne n'en sortit après l'immobilisation du bus, et une drôle d'agitation régnait à l'intérieur. Les joueurs de Seigaku s'échangèrent des regards surpris.

« Ils ont un problème, » remarqua immédiatement Inui, son carnet de notes à la main. « Il y a quelque chose qui ne va pas, Tezuka. »
« Hn. »

Bien que taciturne, Tezuka n'en était pas moins un homme d'action. Avec une équipe comme la sienne, il avait développé l'extraordinaire capacité à anticiper toutes les catastrophes dans un rayon d'un kilomètre à la ronde. Voir Hyotei arriver quelque part sans leur habituelle arrogance et sans leur capitaine à leur tête ne pouvait être qu'un mauvais signe. Il fit signe à Oishi et à Fuji de le suivre et se dirigea à grand pas vers le car.

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« Passez moi une autre couverture... Kabaji, occupe toi de Jiroh, je me charge d'Atobe. »

Il ne fallait pas croire qu'il ne portait le titre de tensai que pour le décorum. Oshitari aurait fait un bon chef, et il était en passe de le prouver. Ses doigts frôlèrent la peau glacée de son capitaine, enveloppé dans d'épaisses couvertures. Il y avait quelque chose d'étrange de voir Atobe sans conscience, sans son orgueil et sa suffisance. Quelque chose d'étrange et de profondément déstabilisant, si vous vouliez son avis.

« Le capitaine de Seigaku est là, » annonça Shishido, avançant dans l'allée du car. « Leur coach est là aussi. »
« Allez leur expliquer la situation, toi et Ohtori. On va le transporter à l'intérieur, qu'ils préparent une chambre pour Atobe. »

Sous ses ordres, les joueurs de Hyotei s'organisèrent rapidement, s'affairant autour de leur capitaine en hypothermie. Oshitari semblait savoir ce qu'il faisait, ce qui était assez rassurant pour qu'ils ne cèdent pas à la panique. Hiyoshi avait été désigné pour s'occuper de décharger leurs valises, avec l'aide de Mukahi. De son côté, Kabaji portait Jiroh, qui malgré la situation, dormait de nouveau d'un poing fermé. Oshitari admirait parfois sa capacité à ignorer tout ce qui se passait autour de lui.

« Que s'est-il passé ? » demanda une voix grave, et le tensai se retourna pour voir Tezuka, accompagné de Fuji.

Ce n'était pas qu'il détestait Seigaku. Pour être honnête, il les trouvait plutôt amusant, et même assez touchant dans leur façon d'être, à toujours vouloir la victoire, même au prix de grands sacrifices. Il enviait parfois leur cohésion plus forte que celle au sein de son équipe, mais n'était pas jaloux. Hyotei était une école particulière de toute façon, il était impossible de la comparer aux autres lycées.
Non, quand il y réfléchissait, il ne détestait pas Seigaku. Il détestait juste Tezuka Kunimitsu.

« Atobe est tombé dans le lac, » répondit-il du bout des lèvres, peu enclin à parler. « Et l'eau était gelée. »
« En cette saison ? »

Le brun fut dispensé de répondre à la question de Fuji grâce à l'intervention d'Ohtori, penché sur son capitaine.

« Je crois qu'il s'est réveillé, Oshitari-san ! »

Comme pour confirmer ses dires, Atobe cligna des yeux et marmonna quelque chose. Revenu à la conscience, il grelotta et porta une main tremblante à sa tempe, une légère grimace de douleur sur ses traits. Oshitari l'aida à se mettre en position assise.

« Tu vas mieux, Atobe ? »
« Je me sens aussi bien qu'après être tombé entre les mains de mon fan-club le jour de la St Valentin, » grinça son capitaine, décomposé, et tous les joueurs présents lui dédièrent une petite pensée désolée.

Au moins, il n'avait pas perdu ce qui lui servait d'humour, pensa le tensai. Il ramassa la couverture qu'Atobe avait fait tomber de ses épaules dénudées, fronçant des sourcils à la vue de sa peau couverte de chair de poule.

« Tu es bleui de froid, » commenta t-il, commençant à ôter sa veste pour en couvrir son capitaine. « Ca ne te ressemble tellement pas d'être aussi maladroit ! »
« Il y avait une fille dans l'eau, » murmura Atobe, les lèvres violettes. « Elle m'a tiré dans le lac. »
« Hein ? »

Un silence abasourdi suivit cette déclaration. Pendant quelques secondes, Oshitari se demanda si le châtain n'avait pas perdu toute sa tête, peut-être à cause du changement brutal de température. Il aurait dû apporter un des bouquins de médecine que son père conservait dans sa bibliothèque pour tenter d'en tirer un diagnostic...

« Il n'y avait rien, Atobe, » dit-il doucement, remontant ses lunettes sur son nez. « Tu as juste perdu ton équilibre et tu es tombé... »
« Tu insinues qu'Ore-sama ment ? »

Voir Atobe perdre sa contenance était généralement très mauvais signe. Oshitari se sentait franchement inquiet à présent, et il n'était pas le seul.

« Il n'y a personne dans la maison, mais Momoshiro et Echizen ont trouvé les clés sous le paillasson, » intervint Fuji. « Il y a du chauffage à l'intérieur, tu seras mieux là bas, Atobe-san. »

Trop faible pour protester, Atobe se laissa aider, soutenu d'un côté par Oshitari, et de l'autre par Tezuka, au plus grand déplaisir du tensai de Hyotei. Ils descendirent du car et se dirigèrent vers la pension, dont la porte avait été déverrouillée. Ils ne virent pas la paire d'yeux qui les suivit du regard...


(tbc)