« Non attend attend ! Pose pas ça ici !
-Dépêche toi…ça pèse une tonne ton carton ? Qu'est ce que t'as mis dedans ?
-Un cadavre. »
Lilly hissa sa tête au dessus de la lourde boite qu'elle tenait à bout de bras.
« Et tu te trouves drôle ?
-Beaucoup. »
Elle esquissa un sourire en resserrant sa queue de cheval.
« Bon posa ça sur la table là !
-C'est le dernier ?
-C'est le dernier. »
La jeune femme s'exécuta et soupira. Elle s'appuya sur le rebord et regarda autour d'elle d'un air appréciateur.
« T'as fait le bon choix…Cet appartement est magnifique. »
Lilly imita son amie et s'approcha de la baie vitrée par laquelle passait un soleil hivernal.
« Oui…C'est pas mal…disons que c'est mieux qu'une chambre d'hôtel… »
Elles hochèrent la tête toutes les deux et se laissèrent tomber sur le canapé.
« Tu veux de l'aide pour défaire tes bagages ?
-Non…t'en as assez fait je crois. Je ferai ça petit à petit. Rien ne presse. » Lâcha Elly qui se leva pour fouiller dans les cartons.
« Et après l'effort, le réconfort. » Dit elle en brandissant deux verres à pieds et une bouteille de vin rouge. Lilly lui lança un sourire joyeux. La jeune femme déboucha la bouteille et rempli les deux verres à moitié. Lilly trempa ses lèvres dans le liquide bordeaux et claqua sa langue.
« Alors ? Tu retrouves tes repères ?
-Petit à petit ça me revient. Tout n'a pas changé ici. Et c'est vrai que d'avoir…un chez soi c'est…une bonne façon de retrouver ses repères. » Murmura t'elle soudain pensive.
« Enfin…t'as une idée de ce que nous pourrions faire pour profiter pleinement de notre unique journée de congé avant…un très long moment ! » Soupira Elly.
« Et si nous allions dîner ?
-Bonne idée…à défaut que je puisse nous faire un petit repas…je pense qu'on devrait sortir. »
Elles se sourirent d'un sourire complice.
« Bon…alors je file prendre une douche et on s'en va.
-Je ne bouge pas. J'ai de quoi m'occuper. » Lança Lilly en soulevant son verre.
Elly s'éclipsa devant sa nouvelle salle de bain. Elle ouvrit le robinet et laissa l'eau couler alors qu'elle regardait son visage longuement dans le miroir. Elle retira son tee shirt pour le lancer à travers la pièce et alors qu'elle déboutonnait son jeans, son téléphone sonna. Elle soupira mais en voyant s'afficher le numéro de son chef, elle décrocha en soupirant.
« Allô ?
-Elly ?
-Oui, bonjour chef. » Elle se précipita jusqu'à sa douche pour couper le robinet.
« Avez vous eu le temps d'emménager ?
-Lilly et moi on vient tout juste de terminer oui…En quoi puis je vous être utile ?
-Nous avons ici Derek Miller…je suppose que ce nom doit vous être familier ? »
Elly leva les yeux au ciel, remuant ses souvenirs pour essayer de trouver pourquoi ce nom lui rappelait vaguement quelque chose.
« Pas autant que vous le pensez chef. De quoi s'agit il ?
-Derek Miller est un meurtrier qui a commis trois meurtres entre les années 98 et 2001. Il a été condamné en 2003 à la réclusion à perpétuité. » Il se tut. Elly ne su quoi répondre.
« En quoi ça me…concerne ?
-Il a demandé une révision de son procès. Il prétend ne pas être l'auteur d'un des crimes dont on l'accuse. Une révision pourrait réduire sa peine et même lui permettre de sortir en conditionnelle pour bon comportement en attendant une révision.
-Les meurtriers…n'avouent souvent pas leurs crimes…
-Ils les a tous avoués…sauf celui de Ryan Brown… »
Elly frotta son front avec ses doigts.
« Et donc ?
-Le procureur aimerait que vous puissiez l'interroger pour s'assurer qu'il est bien l'auteur de ce meurtre.
-Pourquoi moi ?
-Ils préfèrent passer par vous…vous êtes la seule spécialiste en interrogatoire disponible à plusieurs centaines de kilomètres à la ronde. »
Elle hocha la tête et ses yeux se perdirent sur son reflet.
« Quand ?
-Dans trois heures. » Elle sursauta comme si elle avait été électrisée.
« Trois heures ? Chef c'est de la folie ! Il me faudrait des heures pour étudier le dossier, la personnalité de cet homme…et pour me faire une idée !
-Il faudra faire avec alors.
-Chef non ! » Hurla t'elle malgré elle. Un silence s'installa. La main de la jeune fille se serra sur le rebord du lavabo. Elle soupira.
« C'est de la folie.
-Je vous attends au poste dans une demie heure.
-Je serai là… »
Elle raccrocha et sortit de la salle de bain, l'air déçu, abattu.
« ça ne va pas ?
-J'aurais aimé ne pas te le dire mais…Le chef, a trouvé une bonne façon d'occuper la soirée de notre journée de congé… »
