Je ne t'ai jamais oubliée
Chapitre 1
Un nouveau jour se lève sur New York. Un rayon de soleil me chatouille les paupières, que je garde closes en essayant de grappiller encore quelques instants de sommeil
Juste quelques minutes… pensais-je dans un demi-sommeil, persuadée que le son strident du réveil retentira bientôt.
Mais c'est la sonnerie de mon portable qui me sort de mon demi-sommeil. Je grogne mais je me dépêche de décrocher pour ne pas réveiller le corps toujours endormis à mes côtés. Je décroche et, tout en jetant un regard tendre à mon homme, je prononce dans un murmure :
- Beckett.
- Beckett ? C'est Espo. On a un meurtre sur les bras à Manhattan. Mais pourquoi vous chuchotez ?
Je déglutis péniblement. Ça ne fait pas longtemps en effet qu'Esposito et Ryan sont au courant de ma relation avec Castle, et je ne suis pas encore prête à leur dévoiler le fait qu'il est à cet instant couché à côté de moi.
- On a quoi ? Demandais-je en contournant habilement la question.
- Un jeune homme, environ 18 ans. Je vous préviens, ce n'est pas beau à voir. Il a été frappé à la tête avec ce qui paraît être une balle de base-ball, d'après Lanie. Il a la boîte crânienne à moitié défoncée…
Je retiens un rictus de dégoût en entendant ces mots. La description n'est en effet pas très ragoutante.
- J'arrive, répondis-je sans hésiter.
- Et réveillez Castle par la même occasion.
- Castle ? Bredouillais-je, déconcertée…
- Je suppose que vous êtes ensemble…
- C'est-à-dire que… J'arrive ! dis-je précipitamment avant de raccrocher.
Décidément, je me demande si je serais à l'aise un jour avec le fait que tout le monde sache que Castle et moi sortons ensemble...
L'écrivain commence à se réveiller. Il tourne son visage vers moi et dit d'une voix remplie de sommeil
- Tout va bien ?
- On a un mort.
- Il est tôt… Grogne-t-il, mécontent.
- Je sais, moi aussi j'aurais bien voulu dormir plus longtemps, répondis-je en me levant du lit et en enfilant un jean et une chemise à la vitesse de l'éclair. Dépêche-toi, on va être en retard.
A contrecœur, Castle se lève à son tour et s'approche de moi pour me passer une main autour de la taille. Je me laisse aller quelques instants contre son tors avant de reprendre mes esprits et de repousser gentiment ses avances.
- Ce n'est vraiment pas le moment. Aller on y va.
- Humm…, Marmonne-t-il pour toute réponse.
Quelques minutes plus tard, nous arrivons enfin sur la scène de crime. Espo n'avait pas mentit, le cadavre n'était vraiment pas beau à voir. Le crâne à moitié défoncé, il baigne dans une flaque de sang.
- Alors ? Demandais-je à Lanie en m'approchant du corps.
- Julien Frasard 18 ans, mort comme tu peux le voir d'un coup à l'arrière de la tête avec un objet que j'estimerais être une batte de base-ball. Mais j'en saurais plus à la morgue.
- Rien d'autre de particulier ?
- Non, je ne vois rien pour le moment, par contre je pense que tu as du pain sur la planche, dit la légiste en montrant un couple et une adolescente derrière le cordon de sécurité. La famille, ajoute-t-elle pour seule explication.
Je prends une grande inspiration avant de m'approcher des 3 personnes serrées les unes contre les autres, comme pour se soutenir. La mère est en pleurs tandis que le mari essaye en vain de la consoler. La jeune fille blonde croise mon regard et s'approche.
- Vous êtes le Lieutenant chargé de l'enquête ? Demande-t-elle en me fixant de ses yeux bleus perçants, rougis d'avoir trop pleuré.
- Lieutenant Kate Beckett, dis-je en hochant la tête.
- Vous allez retrouver son assassin ?
- Je ferais tout ce qui est en mon possible pour vous venir en aide, à toi et à ta famille. Je peux leur parler une minute ?
La jeune fille tourne vivement la tête, ses longs cheveux fouettant son visage pâle, avant de replanter ses yeux dans les miens.
- Je pense que ce n'est pas trop le moment, mais vous pouvez me parler à moi. Je m'appelle Flore Frasard, j'ai 15 ans, et je suis la sœur de Julien. Enfin j'étais…
Elle avait prononcé ses derniers mots si doucement qu'ils étaient à peine audibles.
- Julien avait-il des ennemis ? Quelqu'un qui aurait pu lui vouloir du mal ?
- Non, je ne vois vraiment pas. Il était si gentil, il pensait toujours aux autres avant de penser à lui.
A ce moment-là, Castle apparaît à mes côtés, observant durant quelques secondes la jeune fille devant lui, mais sans faire de commentaires, contrairement à son habitude. Etonnée, je fronce les sourcils à peine un instant avant de continuer mon interrogatoire :
- Est-ce que ton frère avait une copine ?
- Oui, il sortait depuis… Depuis deux mois avec ma meilleure amie, enfin mon ex-meilleure amie, Rachel Dakota.
- Ton ex-meilleure amie tu dis ?
- On s'est disputées quand j'ai découvert qu'elle sortait avec mon frère.
- Tu crois qu'elle aurait pu lui faire du mal ?
- Qui Rachel ? Non, jamais ! Par contre je vous souhaite bonne chance pour lui annoncer la mauvaise nouvelle, elle a un caractère très… Spécial…
- Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
Flore ouvre la bouche pour répondre mais est interrompue par ses parents qui se postent à ses côtés.
- Tu viens chérie ? On rentre ?
- C'est le détective Kate Beckett, de la NYPD, elle est en charge de l'enquête, explique l'adolescente.
- Je vais faire de mon mieux pour trouver le coupable, je vous le promets, annonçais-je en serrant la main de la mère, puis du père. Et voici Richard Castle, il est consultant.
- Enchantée, dit la mère en serrant la main de l'écrivain.
- On ne va pas vous embêter plus longtemps, poursuivis-je en souriant gentiment. On reparlera de toute cette histoire plus profondément un autre jour. En attendant, pouvez-vous me donner le numéro de téléphone de la famille de Rachel ?
- Bien sûr. Mais elle a un caractère hors du commun, répond la mère de Julien, reprenant les mêmes paroles que sa fille. Elle a été abandonnée par sa mère quand elle était bébé, on ne connaît pas exactement les circonstances de l'histoire, mais le fait est là. Elle a été baladée jusqu'à ses 10 ans de familles d'accueil en famille d'accueil. Là, ça fait 5 ans qu'elle est dans la même famille, et ça a l'air de bien se passer. Espérons qu'elle ne va pas trop mal prendre la nouvelle de la mort de mon fils.
- Je vais essayer de lui annoncer avec le plus de tact possible. Merci d'avoir répondu à mes questions. Et encore toutes mes condoléances.
Je tourne alors les talons, troublée malgré moi par la description faite de la petite amie de Julien. Je redoute et attends à la fois de la rencontrer.
