Bonjour !
Voici un projet sur lequel j'ai travaillé le printemps passé et que j'ai terminé cet été. Je l'avais confié à Snapinou pour qu'elle pose son avis de bêta-lectrice, mais comme je suis une incorrigible impatiente, j'ai décidé aujourd'hui sur un coup de tête de commencer la publication ici. J'espère qu'elle me pardonnera ce caprice et je tiens à lui signifier que je suis toujours prête à recueillir ses commentaires et à m'ajuster en conséquence. Pardon, Snapinou.
Cinq chapitres sont prévus et ils sont déjà tous écrit. Le tout atteint un total de 13 320 mots, c'est-à-dire que la plus longue fanfiction que je n'ai jamais écrite (Hourra !). Je vais essayer de poster les chapitres à un rythme régulier, peut-être un par semaine, on verra.
J'espère que ça vous plaira, n'hésitez pas à commenter pour m'en faire part ! =D Moi je dis ça comme ça, en siflotant, mais j'adore les commentaires constructifs, même s'ils sont négatifs.
Oh, et le site massacre ma mise en page, évidement. Rien de nouveau sous le soleil.
Titre: Un inconnu familier
Disclaimer : Les personnages et l'univers sont bien sûr la propriété de Madame Rowling !
Avertissement: Attention, présence de Dean triste qui fait pitié. Et de relation homosexuelle entre hommes.
Nombre de mots : 1 139 mots
« En parfait équilibre
dans la mélancolie des colères. » France Mongeau
Le pinceau s'abat dans un bruit triste et sec.
Dans le coin inférieur droit, Dean a signé la toile vierge. La toile vide.
Voilà ce qu'est devenu son art, sa passion, sa joie de vivre. Du rien entoilé, représentation d'une absence intérieure.
Syndrome de la page blanche revendiqué.
(Échec.)
/
« Ça va aller ? »
Seamus se penche vers son meilleur ami, la mine inquiète. Il se méprend sur son trouble, pense que tout ça a rapport à Ginny. Dean ne le détrompe pas. Peut-être a-t-il raison, peut-être n'est-il à l'envers qu'à cause de cette fille.
Peut-être.
Mais il y a quelque chose que Dean refuse d'avouer à Seamus.
Quelque chose entre Zabini et lui.
Pas des sentiments – Merlin non ! –, pas de promesse, pas de contact, juste quelque chose. Les sentiments, c'était pour Ginny. Les promesses, les contacts et toutes ces autres choses qui créent un couple – les aveux, la tendresse, la confiance, la douceur. Tout ça, pour Ginny.
Zabini, c'est différent. Un geste entre deux remarques désobligeantes, le coin d'une lèvre après une insulte, des regards noirs parfois trop insistants. Peut-être rien. Juste des illusions. Mais Dean a besoin de ce quelque chose, il a besoin de croire en autre chose qu'en Ginny. Parce que Ginny ne croit plus en eux.
On dit des peines d'amour qu'elles sont douloureuses. Qu'elles blessent le cœur et dérèglent l'esprit. Dean a la confiance en miettes et la raison qui s'effiloche. Sans doute sa rupture. Elle lui mélange les idées. Peut-être invente-t-il ailleurs les intonations qu'il n'entend plus dans la voix de la belle rousse lorsqu'elle lui adresse la parole. Il cherche ailleurs ce qui s'est cassé. Sa Ginny ne reviendra pas, il le sait bien. Il le sait bien.
(Il est facile de s'enfermer dans ses propres mensonges, de refuser de voir une vérité trop crue. Mais Dean ne parvient jamais à se convaincre tout à fait que c'est Ginny qui le hante dans l'attirance de Zabini. Il y a de ces mensonges qui s'éloignent trop de la réalité pour être concevables. Cependant, il y pense en parenthèse, parce qu'il a trop peur de découvrir ce qui l'habite, trop peur de trouver en lui un feu qu'il ne connaît pas.)
Dean se sent déloyal dans sa jalousie envers Harry. Il sait qu'il ne devrait pas leur souhaiter du malheur, à lui et Ginny, mais il n'y arrive pas. Peut-on en vouloir au garçon qui, dit-on, sauvera le monde sorcier ? Pas quand on est un Gryffondor, pas quand on est membre de l'A.D., pas quand on est censé se battre du bon côté. La vengeance le tente, alléchante vengeance, douce vengeance. Dans ses idées trop noires, Dean se demande s'il n'est pas en train de tourner Serpentard.
Il n'ose pas trop observer Zabini parce qu'il a peur de devenir comme lui : prêt à tout pour obtenir ce qu'il veut, sans se soucier de la morale.
/
S'installe entre eux, une dynamique qu'il ne comprend pas.
Étrange ballet où ils se cherchent dans les corridors, jusqu'à savoir les chemins les plus empruntés par l'autre, jusqu'à les prendre volontairement. Cependant, Dean fuit lorsque l'autre l'approche, l'insulte lorsqu'il est obligé de l'aborder. Essaye de penser à Ginny. Ne sait pas trop qui des deux lui fait le plus mal.
Quelque part dans cette valse singulière où ils ne s'accordent pas, Zabini devient Blaise et la parenthèse s'épaissit de souvenirs ravalés.
(Déjà, lorsqu'il était avec Ginny, il avait remarqué ce Serpentard. Il le regardait parcourir les corridors comme un prince, suivre Malefoy sans jamais laisser sa dignité et son intelligence derrière. Souvent, il le voyait à la bibliothèque, accompagné de Théodore Nott et il guidait Ginny de la main pour qu'elle ne s'approche pas d'eux. Confusément, il se disait qu'elle pourrait tomber sous leur charme. Ne comprenait pas que c'était lui qui perdait pied sur une pente trop glissante.)
/
Dean n'ose plus prendre ses pinceaux.
Les couleurs le trahissent, abordent l'emblème de l'ennemi…
Émeraude et acier.
Chartreuse et ardoise.
Olive et souris.
Jade et perle.
Il a l'inspiration serpentarde.
(« Il m'obsède. »)
/
Depuis que Dean et Ginny ont rompu, Seamus le laisse rarement seul.
En bon ami.
Presque un mois plutôt, la rousse et Harry s'embrassaient à pleine bouche pour fêter la victoire de Gryffondor sur Serdaigle. La petite déprime de Dean prend des allures inquiétantes de dépression et l'appréhension ne quitte jamais tout à fait les yeux de Seamus lorsqu'il regarde son ami.
Mais aujourd'hui, Dean a échappé à son surveillant. Il a suffi d'une jolie Poufsouffle et de plusieurs « Non, ça ne me dérange pas Seamus, vas-y ! » pour éloigner l'Irlandais.
Sa table est près de la fenêtre et les rayons du soleil le font plisser des yeux. Il a plongé le nez dans son Manuel de métamorphose avancée. Une ombre vient troubler ses études. Une ombre passagère, juste assez dérangeante pour lui faire lever les yeux. Théodore Nott ? Instinctivement, la liste des dangers reliés à la métamorphose humaine qu'il s'efforce de retenir devient liste d'insultes contre ce fils de Mangemort. Un bon Gryffondor sait que peu importe la raison de l'échange, une conversation avec un Serpentard finit toujours par des injures. Autant être préparé.
Il ignore que les insultes de Théodore sont toujours cachées dans le sous-texte, perfides de n'être exprimées qu'en insinuations. Théodore ne fait rien, ne dit rien qui pourrait être retenu contre lui. Jamais.
Cette journée-là de juin, il ne dira qu'un mot : « Blaise ». Avant de hocher de la tête, lentement, de haut en bas. Deux yeux froids qui ne cillent pas.
Dean croit que c'est une approbation.
Il comprendra bien plus tard, après de longues conversations avec Blaise, que c'est l'aveu d'une défaite et le respect douloureux porté au gagnant.
À la fin de l'année, Blaise lui fait une offre. Camarade de chambrée de Malefoy, il devine peut-être que dans quelques jours le fragile équilibre installé à Poudlard sera bouleversé. Lui et Dean se croisent à la volière. Échange d'insultes sur la lignée de Dean, allusions au sort réservé aux Sang-de-Bourbes, menaces de Sang-Pur. Entre deux attaques, Blaise glisse que le manoir Zabini est sans doute l'endroit le plus sûr pour un Gryffondor aux origines ambigües. Dean lui crache presque au visage. Nul endroit n'est plus sécuritaire que Poudlard.
Puis, Albus Dumbledore meurt assassiné. Les Nés-Moldus perdent toute protection. Dean ne retourne pas à l'école pour sa septième année. Trop risqué. Il envoie une lettre d'explication à Seamus, cache ses parents et disparait dans la nature.
Mais où va un sorcier encore mineur, seul, pour échapper aux Mangemorts, au Ministère et aux Raffleurs ?
Après trois semaines livré à lui-même, Dean se rend au manoir Zabini.
