J'ai supprimé le chapitre posté il y a environ un mois pour le modifier. Si certains l'avaient déjà lu, et si vous avez la force de le relire, faites-le. Les détails sont importants. Si vous êtes nouveau lecteur, ne vous préoccupez pas des deux phrases au dessus. Bonne lecture !
Je buvais mon chocolat chaud, sous ma couette, quand un hibou qui avait l'air un peu mal en point claqua son bec contre la vitre. Je posai ma tasse sur ma table de nuit, repoussai les couettes et me mis à genoux sur mon lit pour ouvrir la fenêtre.
Dès que j'eus pris la lettre du bec de l'oiseau, il s'en alla avec un croassement digne d'une grenouille. C'était la lettre de Poudlard pour ma septième et dernière année.
Je soupirai et la posa également à côté de ma tasse.
Qu'allaient dire Harry et Ron quand ils me verraient ?
Les vacances d'été avaient été tout sauf paradisiaques. On pouvait dire qu'elles m'avaient changée. Oh, non, pas beaucoup. Mais mon style vestimentaire, mes habitudes et ma façon d'être étaient devenues quelque peu différentes.
La rentrée était demain, alors je profitai de la matinée calme et paisible pour préparer ma valise, posant sur mon lit la tenue que je mettrais demain.
Le lendemain, j'étais sur le quai de King's Cross, il n'avait pas bien changé depuis sept ans. J'aperçus Harry et Ron, au loin. Ils paraissaient chercher quelqu'un du regard. Je me dirigeai vers eux, et quand, à un mètre, ils ne me regardaient toujours pas, je passai la main devant leurs têtes quand je fus en face d'eux. Ils me regardèrent avec un air étonné, presque effrayé pour Ron. Je me disais bien…
- Euh… Wouah, Hermione, t'as changée !, fit Harry en me serrant tout de même dans ses bras.
- J'ai failli pas te reconnaître !, s'exclama Ron.
Je pris cela pour un bonjour. Je m'en fichais si ils n'appréciaient pas, car je le savais, même si ils ne le disaient pas. J'étais comme j'étais devenue, et voilà.
Je leur souris, puis je les suivis dans le train.
Assis dans le compartiment, je regardai les nuages gris qui s'accumulaient au fur et à mesure des minutes qui passaient, que le paysage défilait. La pluie se mit rapidement à frapper les vitres.
- Hermione ? Hey ? Ca va ?, fit Harry en posant sa main sur mon bras.
- Oui, ça va. Désolée si je n'ai pas écouté ce que vous disiez, c'était important ? Je suis un peu fatiguée.
- Non, t'inquiètes pas, me rassura-t-il. Ron disait juste qu'il faisait un temps de merde pour la rentrée !
- Ouais, affirmais-je.
Le train s'arrêta, et les préfets nous dirigèrent vers la sortie, puis au quai des diligences. Une fois que les sixièmes années furent emmenés, ce fût à notre tour. Tous les septièmes années s'agglutinaient devant la première diligence pour être sûrs de l'avoir en premier. Je m'adossais contre la barrière de bois du quai, regardant vaguement Harry et Ron discuter avec Dean et Neville. Je n'ai même pas vu Ginny et Luna arriver.
- Ca te va bien cette coiffure, fit Luna.
- Merci, répondis-je dès que je me rendis compte de leur présence.
Je serrai Ginny dans mes bras, et elle me sourit.
La dernière diligence arriva. Le Sombral me donna un coup de tête avant que je monte. Je baissais la tête, et lui caressai le museau.
- Tu peux les voir aussi, chuchota Luna, plus comme une affirmation qu'une question.
Je souris tristement, chassant cette pensée de mon esprit. Nous montâmes finalement dans la diligence, qui nous amena au château.
Après avoir passé la répartition des première années et le banquet, nous montâmes dans nos dortoirs. Il restait une demie heure avant le couvre-feu. Largement de quoi sortir un peu. J'avais besoin d'air frais. La tour d'Astronomie serait parfaite. Je quittai mon uniforme pour des habits plus confortables – un jean noir et un t-shirt ample blanc – ,je sortis discrètement du dortoir pendant que les filles s'amusaient à je ne sais quoi dans la salle de bain, prenant en passant ma veste en jean. Je l'enfilais en quittant rapidement la salle commune vide, sûrement étaient-ils tous déjà dans leurs dortoirs. Je parcourus quelques minutes les couloirs quand j'entendis des pas.
- Mais qui voilà ?!
Sa voix me fit presque sourire. Je l'avais oublié.
- Malfoy, fis-je en m'inclinant sarcastiquement.
Il me scruta un instant de haut en bas. J'en profitai pour faire de même. Je pus voir ses traits endurcis, plus qu'auparavant. La Guerre. Il avait grandi, pris de la carrure, et n'était pas en uniforme lui non plus. Ma plus grande surprise fut de constater qu'il ne portait pas ses éternels costumes sombres. Seulement un jean moldu noir – plutôt surprenant – et un t-shirt à manches longues assorti. Étrange. Soit il s'était reconverti à la mode moldue, soit il avait complètement pété les plombs.
- Jolie tenue, fis-je en passant à côté de lui pour continuer mon chemin.
Il m'empoigna le bras. Je me retournais, et lui lancai un regard vague, levant les sourcils.
- Oui ?
- Ou comptes-tu aller Granger ?
- Quelque part, répondis-je en me dégageant de sa poigne.
- Le couvre-feu va bientôt tomber et tout le monde est déjà couché. La Miss-je-sais-tout aurait-elle envie de déroger au règlement ?, fit-il, acerbe.
Il s'adossa contre une colonne de marbre, croisant les bras sur sa poitrine, me regardant avec son immuable sourire en coin.
- En quoi ça te regarde, Malefoy ?, soupirai-je lascivement.
- Je suis préfet. Quel plaisir j'aurais de t'enlever des points à la seconde où tu ne seras pas dans ton dortoir dès qu'il sera l'heure…
- Bien, lancais-je en continuant ma route.
Une minute après, je fus en haut de la tour d'astronomie, adossée à la rambarde, j'allumai une cigarette. Après un instant, les centaures et chimères reprirent leurs danses macabres. Le lac s'estampille d'éclats diamanteux, le calme revient et sa fragrance en est délicieuse. J'écoutai ces chants nocturnes et y joignis le mien de ma gorge malmenée par les volutes de fumée.
Je ne l'entendis même pas arriver. Le dernier mot que je lui avais accordé n'avait pas dû lui suffire. Je me rendis compte de sa présence quand il m'arracha presque le mégot de mes doigts, aspirant une fois la fumée avant de le jeter dans le vide. Je suivis du regard la lueur orangée des cendres encore chaudes, qui s'éteignirent avant de toucher le sol.
Il souffla dans l'air frais du soir.
- T'as changée Granger. Je sais pas en quoi, mais t'as changée. J'ai même plus la force de t'insulter.
Je ris, puis m'assis sur le sol froid pour laisser pendre mes jambes dans le vide à travers les barreaux de la barrière de fer.
Il regardait le ciel, d'une arrogance naturelle qui lui allait bien. Ses bras étaient croisés sur sa poitrine, appuyés contre la rambarde. Ce silence, il n'avait jamais eu lieu auparavant. Mais j'en profitais tout de même.
- Il est l'heure Granger.
- Je m'en fous Malefoy. Retire-moi donc ces fameux points je t'en prie, fis-je ironiquement.
- Si c'est supplié pourquoi m'en priverais-je, me dit-il avec un faux air compatissant.
Je souris, puis me relevai en époussetant mon pantalon.
- A demain, Granger.
Sur la première marche des escaliers, je m'arrêtais. Ces trois mots signifiaient la fin et le début de tout. Pour seule réponse, je laisser mon rire résonner dans la nuit.
Je me réveillai doucement, il était encore tôt, je pouvais entendre Ginny respirer doucement dans le lit voisin. Je balançai mes jambes par dessus le lit, posant mes pieds sur le parquet froid de la chambre. Sans un bruit, j'allai dans la salle de bain. Après une douche j'enroulai ma serviette autour de moi. Je pris la brosse posée sur le rebord d'un des cinq lavabos et coiffai mes cheveux. La teinture châtain blond que je m'étais faite pendant l'été était encore bien visible, j'en fus heureuse. J'aimais bien cette couleur. Je me maquillai, et enfilai la tenue que j'avais posé au sol. Un short, et un t-shirt et des chaussures bleu nuit. Contrairement à hier, le temps s'était réchauffé, et déjà à cette heure matinale, le soleil enveloppait l'atmosphère d'une chaleur douce et agréable. Je descendis ensuite dans la grande salle pour prendre mon petit déjeuner. J'aimais bien ces moment là. Tellement silencieux, reposants. C'était comme si le monde était endormi. Il n'y avait personne pour dire des choses que l'on oubliera jamais. Personne. Je mangeai lentement mon déjeuner, le regard fixé sur le plafond magique. Une des choses qui n'avaient pas changées chez moi était peut-être celle-ci : regarder le ciel me faisait toujours me sentir incroyablement bien. A cet instant, il montrait un ciel bleu parsemé de petits nuages blancs, d'où le soleil lumineux éclairait la pièce de rayons orangés. Je préférais la nuit, mais la journée était tout aussi apaisante. Une ombre me cacha soudain le soleil. Une ombre entourée de cheveux blanchis par la lumière, formant comme une auréole autour de cette stupide tête. Il allait décidément me suivre partout cette année… Il s'assit en face de moi.
- Sais-tu que tu es assise à la table des Serdaigles Granger ?
- Bonjour aussi.
Il prit une pomme et mordit dedans.
- Sais-tu que tu es aussi assis à la table des Serdaigles Malefoy ?
- Effectivement. Mais il n'y a personne dans la salle à part toi pour en témoigner, répliqua-t-il.
Je souris et avalai une gorgée de jus de citrouille.
- Qui sait ce que tu deviendrais, soufflais-je en mimant un récit mélo-dramatique. Autant s'asseoir à la table des Gryffondors ! Pour risquer quelque chose, autant risquer le pire plutôt que le plus sûr.
- Alors pourquoi ne viendrais-tu pas à la table des grands méchants Serpentards ?, me retourna-t-il.
- Et pourquoi Merlin est-il mort si il était le plus grand sorcier et le plus doué de tous les temps ?
Il sourit à moitié. Il était bien plus beau ainsi. La haine et la colère ne lui allaient pas.
- Heureux de voir que tu es toujours un peu la Granger que j'ai connu, tu n'aurais plus été intéressante à force.
- Ah, parce que j'étais intéressante ?, fis-je narquoise.
- Très. A ton avis, pourquoi est-tu la seule qui me répond ainsi et que je n'ai pas encore tué ?
Je ris. Jolie explication. Il leva un sourcil, et voyant que je ne prévoyais pas de répondre déclara :
- Bien parce que tu es la seule qui est assez intelligente pour que cela puisse tenir une conversation normale.
- ''Conversation normale'' ?, répétai-je, hilare. Merci Malefoy, mais à force de trop complimenter, il va se passer des choses étranges. Il fait beau aujourd'hui. Ne gâche pas le moment. Il risquerait de neiger si tu recommences.
- Toujours aussi sarcastiquement drôle, Granger.
- Le sarcasme n'est pas typiquement Serpentard ?
Il se leva et me lanca un regard de défi. Et je ne savais que trop bien ce que cela signifiait.
- Non, dis-je simplement.
Je retournais tranquillement à mon reste de déjeuner, et avalai une fourchette d'œufs brouillés. Quand je relevai enfin la tête, je sursautai de surprise.
Malefoy était à dix centimètres de mon visage, appuyé de ses bras sur la table, en face de moi et me regardait de son regard si … Serpentard.
- Je sais que malgré que tu as changée, tu es et resteras toujours une Gryffondor. Et si le sarcasme et la ruse appartiennent aux Serpentards, une fille de ton genre acceptera toujours un défi par simple ''courage typiquement Gryffondor''. Je m'amuserai à connaître la nouvelle Granger.
Il me fixa encore intensément, avec plus d'arrogance dans le regard que je n'avais jamais vu auparavant. Je tentai malgré moi de garder ma bouche close, et ce petit con s'amusait de la situation… Il regardait avec jouissance mes lèvres trembler de rage, et quand il les vit s'entrouvrir, il sourit de toutes ses dents.
- Pari tenu, soufflais-je avec hargne.
Un petit sourire se dessina tout de même sur mes lèvres. Il voulait vraiment savoir de quoi était capable la ''nouvelle Granger''… Et bien j'allais y jouer, à la Serpentarde. Un peu d'animation dans cette école morne et changer des amis trop monotones ne me ferait pas de mal, au contraire.
Plus tard, en cours de Botanique, nous devions aller cueillir des champignons sauvages aux vertus cicatrisantes près du lac. Luna s'approcha de moi, et me fixa, assise sur un tronc d'arbre.
- Des Puffapod !, s'exclama-t-elle soudain.
Elle se leva d'un coup et courut en trébuchant quelque peu. Je me rapprochai et m'agenouillai, faisant craquer les feuilles mortes au sol. Elle entourait une grosse cosse rosée de ses mains aux doigts rougis par le froid.
- Elles éclatent en fleur si jamais on les lâche quand on les cueille.
(NDL : Hollow Coves – The wood)
Je pris une fleur de Puffapod dans ma paume et me relevai lentement. D'un geste vif, je la jetai en l'air. Une seconde, elle atteignit trois mètres au dessus de nos têtes, puis éclata. Les pétales roses, oranges, rouges, flamboyantes avec le reflet du crépuscule grandissant. Elles retombèrent dans nos cheveux, sur nos mains, en une pluie multicolore. C'était tout simplement magique. Je fermai les yeux, tournant sur moi même. Je laissai les pétales m'effleurer le visage, recouvrir le sol. Je rouvris les yeux, presque aveuglée par le coucher de soleil, formant un disque rougeoyant au sommet d'une montagne en face de nous. L'eau scintillait de reflets rosés, mes cheveux flamboyants. J'aperçus Malefoy, Nott et Zabini en face, assis sur un rocher près de nous. Malefoy me fixait, impassible. Théodore m'adressa un bref sourire. Je leur souris en retour. Quant à Zabini, lui, il fixait Luna. Malefoy se leva, tranquillement, et je me surpris encore une fois à le trouver mystérieusement beau. Il s'avança d'une démarche féline, dans son jean noir et t-shirt blanc, il ressemblait à un ange. Un ange déchu. Il s'arrêta devant moi. Le soleil couchant entourait ses traits de rouge, faisait danser une lueur dans ses yeux. Il leva doucement la main et enroula une mèche de mes cheveux entre ses doigts. Je lui souris. Puis reculai d'un pas, de deux, puis quatre. Jusqu'à buter conte le saule pleureur. Je glissai mes mains contre l'écorce rugueuse avant de jeter un coup d'œil à Malefoy, puis à Luna. Elle me regardait avec un sourire complice, puis m'indiqua de la tête les champignons dans sa main. En un dernier regard pour Malefoy en arrière, nous rejoignîmes les serres et donnâmes notre devoir. Le professeur nous libéra, et nous retournâmes au château.
Le banquet se déroula étrangement. Harry et Ron semblaient vouloir garder les vieilles habitudes, les mêmes phrases et blagues devenues inutiles depuis sept ans maintenant. Ils ne paraissaient pas comprendre à quel point j'avais changé. Que j'avais besoin de changement. Ils resteraient toujours mes amis, mais plus les mêmes. Je quittai discrètement la Grande Salle, et me retournant, je vis Ginny qui m'avait suivi du regard. D'un geste de la tête, je lui indiquai que tout allait bien. Elle me sourit tristement, comme si elle venait de se rendre compte de quelque chose de décisif.
A peu près à l'âge de quinze ans, j'ai perdu le sommeil. Je sortais vers minuit, vers une heure, et je me promenais dans les rues. Il n'y avait que quelques bruits, et moi, dans cette ville : le silence total, la nuit… Pendant des heures, je me promenais dans ces rues. Comme une sorte de fantôme.
Sans vraiment savoir que petit à petit j'en étais devenu un.
A la même place que l'autre soir, j'étais assise sur ma cape, les bras et jambes dans le vide, le menton appuyé contre la barrière de fer.
J'éclatai soudain en un rire sombre, presque fou.
« Piètre Hermione je fais, hein… La vie n'est pas aussi simple que ça et pourtant j'le sais bien. La vie n'est pas comme un Imperium et je contrôle tout, non. Plus ça va et plus je trouve la nuit plus facile à vivre que le jour. C'est le seul moment où ça me va de me retrouver seule avec mes pensées, je trouve même ça reposant. L'obscurité m'aide à me calmer et je sais que personne n'attend rien de moi à ces heures tardives. C'est en quelque sorte mes moments de repos loin de ce monde éreintant et insistant.
Dès la fin de mon monologue, elle s'assit à côté de moi, regardant le ciel.
- Tu n'as pas à t'en vouloir. Un bouleversement peut entraîner ces choses là. Ne t'en veux pas, répéta-t-elle en me touchant le bras affectueusement.
Une boule de chagrin monta à ma gorge, la nouant douloureusement.
- J… je…, suffoquai-je.
Elle me prit dans ses bras, chaleureuse. Après quelques minutes à sangloter, j'ouvris la bouche.
- Ce… C'était il y a deux mois. Le 3 juin. Je me levais, le matin, comme d'habitude. Et… je… je vois mes parents. Je vois mes parents se faire tuer. Par… Par un homme, un moldu. Il… il portait une capuche, et il avait un pistolet dans la main. Il ne m'a pas entendue arriver. Il regarde mes parents, il a les yeux verts. Il les regarde avec toute la haine possible. Je ne savais pas pourquoi il était là… Et mes parents, ne le suppliaient même pas de les épargner, non. Ils gardent la tête basse, ma mère pleure, serre la main de mon père dans la sienne. Et là, il les achève. Deux coups… deux cris, deux trous rouges… et du sang.
Je marque une pause, la gorge nouée.
- Et je me rends compte que ce n'était pas un moldu. Il transplane. Et ils sont au sol, leur mains sont toujours nouées. Leur regard est vide, il fixe le plafond. Ils sont… Ils sont morts. Ils sont morts, Luna ! ILS SONT MORTS !
Je me relève d'un coup, le corps tremblant de rage, ma respiration s'accélère. J'entrepris de prendre de grandes bouffées d'air, l'oxygène manquait terriblement. Je me retins en agrippant de toutes mes forces la rambarde afin de garder l'équilibre. Je sentais mes jambes lourdes, comme si elles allaient céder sous mon poids. Je me sentais partir. Je m'écroulai au sol, un bruit sourd résonna dans la pièce.
- Granger ?!, fit une voix grave empreinte d'inquiétude.
La voix paraissait tellement loin. Loin d'ici. Cet enfer. Je sentis deux bras me soulever, mais ma vue devint subitement floue. Je ne parvins pas à décoder les traits de la personne qui était en train de me secourir. Je sentis que l'on me déposait, puis une main fraîche sur mon front, puis le noir. Plus rien. Comme cette douce et sombre nuit qui m'enveloppe de ses bras nuageux.
Je me frottai les yeux, mais ma vue paraissait toujours vague, le monde autour de moi ne paraissait pas vouloir s'arrêter de tourner. Je gardai mes mains sur mes yeux, tentant de me ressaisir, je secouai la tête pour reprendre mes esprits.
J'étais à l'infirmerie. Un drap blanc était suspendu tout autour de mon lit. Je repoussai les draps, et posai mes pieds au sol. Le rideau se tira soudain, lentement, une main blanche aux ongles vernis de jaune. Luna. Elle pencha la tête, sa crinière blonde entourant son visage, et un sourire illumina ses traits quand elle me vit.
- J'ai eu peur que les Juandunes des ténèbres t'aient emporté hier soir.
Je souris, difficilement, mes lèvres étaient sèches. Mrs Pomfresh arriva, un plateau dans les mains. Elle le posa au bout du lit, et me donna plusieurs potions avec un verre d'eau qui me fit le plus grand bien.
- Miss, est-ce que vous vous sentez mieux ?, me demanda-t-elle, le visage empreint d'inquiétude.
- Ou.. oui, je crois.
- Vous vous souvenez de ce qui vous est arrivé ?
- Je me souviens m'être évanouie.
Elle hocha la tête, un sourire tendre sur le visage, puis me fit quelques tests.
Après ceux-ci, elle décréta qu'elle pouvait me laisser sortir.
- Bien, fit-elle d'un ton que les médecins emploient. Si jamais il y a un autre problème comme celui-ci, revenez moi voir. Immédiatement. Vous avez fait une sorte de crise d'angoisse. Vous avez besoin de repos. Si quelque chose vous tracasse, je serai là si vous avez besoin de parler, Miss. Il en est de même pour tous les élèves de ce château. Je vous laisse vous rhabiller.
Elle se leva du lit, puis prit le plateau posé dessus.
- Prenez cette potion une fois par jour jusqu'à la fin de la semaine. C'est un calmant, cela vous aidera à ne pas retomber dans ces crises. Au revoir Miss Granger.
- Merci Mrs Pomfresh.
Elle tira le rideau, et j'enfilai les habits posés sur le lit. Après avoir mis mes chaussures et noué ma chemise autour de ma taille, j'attachai mes cheveux en une queue de cheval haute. Je jetai un regard à la fenêtre voisine au lit dans lequel j'avais reposé et vis le soleil déjà haut dans le ciel. A en juger par les nuages blancs recouvrant le ciel et les flocons qui recouvraient déjà presque tous les arbres de la Forêt Interdite, il neigeait. Je souris et sortis de l'infirmerie pour aller dans mon dortoir. D'après ce que Luna avait dit, nous étions Samedi. Il y avait une sortie à Pré-au-Lard aujourd'hui, à treize heures trente. Je jetai un coup d'œil à l'horloge sur la commode près de mon lit et constatai que le banquet commençait dans une minute. J'empoignai ma veste en jean et descendis dans la Grande Salle; mon ventre criait famine.
Je m'assis à la table des Serdaigles, à côté de Luna. Elle me gratifia d'un sourire absent avant de retourner à sa purée. Je sentais un regard me brûler la nuque. Je me retournai, et croisai le regard d'Harry, inquiet. Je lui souris, indiquant du regard que tout allait bien. Il ne paraissait pas moins inquiet, mais rassuré. Quand il fut retourné, je sentais encore cette sensation d'être regardée. Je regardais le long de la table de Gryffondor, puis celle de Poufsouffle, et enfin Serpentard. Mon regard s'arrêta au bout de la table. Nott. Je restai bouche ouverte une demie seconde, puis lui souris et me retournai. Jouant avec la viande caramélisée de ma fourchette, je fronçai les sourcils, une moue choquée se teintant sur mes traits. Je lui avais souri ? Théodore Nott me regardait intensément, et moi, comme la dernière des connes, je lui souriais ? Merlin, où étais tu passée Hermione Granger ? Je finis mon repas, parlant d'arithmancie avec des Serdaigles très agréables puis me dirigeai vers la Grande Porte, près de la statue de Jocunda Sykes, la première sorcière à avoir traversé l'Atlantique en balai en 1935 si je me souvenais bien. J'enfilai ma veste et constatai avec satisfaction qu'il neigeait encore dehors. Ginny me rejoignit, puis le professeur Chourave arriva.
- Bien, je vois que tout le monde et ici !, s'exclama-t-elle en ajustant ses moufles. Sachant que la sortie organisée aujourd'hui ne comporte que des sixièmes et septièmes années, je pense que vous êtes devenus assez grands et matures …
Elle s'arrêta une seconde pour regarder les concernés.
- … Pour ne pas créer d'embrouilles quelconques, et vous tenir à carreaux !, continua-t-elle. Le professeur Trelawney et moi-même nous chargerons de vous surveiller.
Elle se posta à la sortie du Portail, et je suivis Ginny.
- Et si on allait aux Trois Balais ?, proposa-t-elle.
- Autre chose de nouveau ?
- Pourquoi pas !, rit Ginny, s'attachant ses longs cheveux roux en un chignon lâche. Honeydukes ?
Je ris, les souvenirs de Ron sortant avec de chocolats plein la bouche est des bonbons pleins les bras me revenant. Nous nous dirigeâmes d'un pas léger et enfantin vers la boutique, riant, discutant de tout et de rien, comme autrefois. Autrefois… Je préférai attendre Ginny dehors, alors elle rentra dans la boutique accompagnée de Dean et Seamus. Je m'adossai sur le rebord d'une des vitrines, jouant avec la neige du bout de mes chaussures. Des autres, noires, vinrent devant les miennes. Je relevai lentement la tête vers le propriétaire de ces chaussures, à demi aveuglée par le soleil.
- Encore toi, grognai-je presque.
Voilà le premier chapitre, n'hésitez pas à laisser vos impressions, remarques, commentaires !
Je prévois d'assez longs chapitres, alors s'il vous plaît, ne soyez pas découragés de la lire si le chapitre suivant arrive un peu tard.
