Bonjour ! A force d'écumer , j'ai fini par avoir des envies. Gokash, parce que s'est de sa faute, avouons-le, a carrément fait de cette envie une tentation, et je résiste mal à la tentation. Donc voilà, je me lance dans une fiction qui va nous mener je ne sais pas trop bien où - non je déconne, je sais plus ou moins ce que ça va donner, pour une fois.-
Précisions : Je n'ai jamais lu les livres, je sais, c'est un sacrilège. Pourtant je me renseigne ! Gokash m'aide également et répond à toutes mes questions. Bref un grand merci à elle ! Je m'inspire donc des livres et des informations que j'ai plus glaner, et du film. Je refuse la fin, aussi... tout le monde il est heureux à Erebor. Ou presque heureux, mais la fic finira bien, promis.
Couples : Thorïn/OC , Fili/Kili, principalement. Relations homosexuelles et incestueuses au programme, donc si vous avez quelque chose contre ça... rien ne vous empêche de lire - nion je fais pas de pub XD - Bref, vous êtes prévenus.
Remerciements : Gokash, évidemment, qui m'aide et me conseille. Sherkhan également (Quand il cessera de changer de nom je lui en serai reconnaissante) et NVJM qui a le courage de me lire et de me corriger. (Et quand je vois certaines fautes, je me dis qu'il doit parfois pleurer sur son triste sort.)
Merci donc à ces gens qui à la fois me soutiennent, me pousse à continuer alors que je souffre de procrastination aigüe, et qui me donnent des idées pour la suite.
Blabla : Ce monde ne m'appartient pas. Seuls quelques personnages sont de moi. Vous saurez lesquels : ils ne vous diront rien.
Publication : Au grès de mes idées. Mais puisqu'il y a le temps de rédaction, puis de correction et de relecture, que nous avons tous une vie en dehors du net, je ne peux donner une estimation. Je dirais au moins un par mois, je tenterai de m'y tenir.
Prologue
"Qui trop combat le dragon devient dragon lui-même." Nietzsche
Il était évident que le Prince d'Erebor tentait de ne rien laisser paraître. Aucun son, aucune plainte. À peine un tressaillement. Mais à en juger par les veines saillantes et leur couleur, cela devait être particulièrement douloureux. Cela empirait de jour en jour et les crises devenaient de plus en plus violentes, faisant craindre le pire pour les nains de son entourage.
Thorïn Écu-De-Chêne était pourtant décidé à ne pas inquiéter outre mesure ses amis, neveux et sujets. Il allait bien. Mis à part ce petit contrecoup de la bataille, tout allait pour le mieux. Il suffisait de regarder ce qu'ils avaient gagné : un royaume, la prospérité, la richesse... Peu de morts finalement, et pas dans les connaissances directes du prince devenu roi. Le royaume était à nouveau magnifique, entièrement reconstruit, les nains et naines vivaient en paix et les relations commerciales avec les autres races n'avaient jamais été aussi bonnes. Seulement voilà, il y avait une ombre à ce tableau idyllique.
Un dragon, c'était gros. Gros, grand, fort, majestueux... et ça crachait du feu. C'était chaud, très chaud, et surtout dangereux. Même quand c'était sur le point de mourir. Et pas seulement parce que ça oubliait toute forme de politesse en crachant toutes sortes de paroles venimeuses. Non... L'erreur la plus fondamentale qui avait été faite après la mise à mort avait été de penser qu'on ne craignait plus rien du gros ver ailé. L'erreur avait été d'oublier que le ver était à la base un être fait essentiellement de magie, d'énergie... et que même mourant, il pouvait encore faire du mal. En l'occurrence en maudissant le responsable de sa chute.
Smaug avait maudit Thorïn et tout ceux qui viendraient après lui. Tous ceux qui naîtraient de son corps, de son amour. Tous ses fils et filles à venir. Tous ses héritiers et ceux qui monteront sur le trône d'Erebor. Tous, jusqu'à l'extinction de sa lignée, seraient marqués comme pestiférés. On ne tuait pas impunément un dragon. On ne détruisait pas la vie d'un être millénaire sans encourir sa colère. Et puisque c'était ce roi qui était à l'origine de la chute du dragon, il était légitime de maudire ce minuscule petit être.
Les premiers jours, le souverain d'Erebor n'avait rien senti. Le mois suivant, la fatigue l'avait pris, d'abord ténue, puis violente. Le mois suivant, tout rentra dans l'ordre. Le roi sembla plus en forme que jamais et seuls ses neveux semblaient en mesure d'attaquer ses forces par leurs bêtises. Mais rapidement, son état s'était dégradé à l'instar de son humeur. Se retrouver alité dans un lit quand on a un royaume à gouverner n'était simplement pas envisageable pour quelqu'un comme lui. Thorïn osait dire que ses neveux étaient d'incorrigibles emmerdeurs? Et bien ils avaient visiblement de qui tenir.
- Cessez ! Gardez vos mains chez vous !
- Mon Seigneur, c'est pour vous soulager !
- Je peux me soulager tout seul, merci beaucoup. Éloignez-vous! J'ai dit éloignez-vous !
Mais la minuscule naine trouvait que faire ce pour quoi elle était payée, à savoir soigner la famille royale, était plus important que d'obéir à l'injonction de son roi visiblement mal luné. Et ce, même si tout son instinct de préservation lui hurlait de prendre ses jambes à son cou. Thorïn, lassé que les mots ne parviennent pas à dissuader la petite créature, la bouscula, grimaçant alors que le poison qui coulait dans son sang se répandait davantage.
Le pire n'était pas d'être maudit. Parce que Thorïn savait que c'était cela. Le pire n'était même pas d'ignorer comment il allait finir ou dans combien de temps. Le pire dans sa situation était de devoir continuellement faire face aux visages inquiets qu'il côtoyait. La pitié, il n'en n'avait pas besoin. Même à moitié mort, il restait un fier nain. C'était usant et pratiquement humiliant.
Si son entourage continuait d'oublier qui il était, Thorïn Écu-De-Chêne allait se charger de le leur rappeler. Il ne jeta pas un regard à la pauvre naine et quitta l'infirmerie en de grandes enjambées. Il serait très probablement au calme dans ses appartements, même si fuir là-bas lui était aussi agréable que de se prendre un dard d'araignée géante. Il n'était pas lâche. Pas du tout. Mais entre affronter le regard de ses sujets et ces appartements froids, c'était un peu comme choisir entre la peste et le choléra. En gros, il préférait encore affronter une armée de wargs en furie plutôt que... ça.
Il en était là dans ses pensées, repoussant les vagues douloureuses qui crispaient ses muscles, quand un serviteur se précipita vers lui, le souffle visiblement court d'avoir traversé tout le palais pour le trouver. Le pauvre nain, avisant le teint pâle de son suzerain, hésita à parler. Puis, au vu du regard jeté sur lui qui s'assombrissait de seconde en seconde, cru bon de parler… à toute vitesse.
- Vos neveux Messire, ils ont..." le nain s'interrompit, nerveux, hésitant à poursuivre.
- Qu'ont-ils encore fait?
- Ils ont emporté tous les draps qu'ils pouvaient. Nous ne nous sommes pas posé de questions jusqu'à ce qu'ils se mettent à les coudre.
- À les coudre ?
Ses neveux ? À la couture ? La seule chose qu'ils parvenaient coudre c'était les blessures et ils le faisaient si mal que Thorïn préférait encore s'occuper de ses plaies lui-même plutôt que de confier cette tâche à ses héritiers. Sans compter que Fili et Kili avaient tellement d'imagination qu'ils étaient capables de raccommoder les chairs avec des motifs ridicules, donnant à la future cicatrice une apparence tout sauf virile. Donc, quand on venait lui dire que ses neveux turbulents piquaient des draps pour les coudre, il y avait de quoi s'inquiéter.
- Où sont-ils ?
- Et bien, c'est ça le souci, Monseigneur... Ils sont introuvables.
- Comment pouvez-vous savoir qu'ils s'essaient à la couture si vous ne les trouvez pas? " Thorïn s'agaçait rapidement et le serviteur, comprenait qu'il allait devoir faire un repli stratégique.
- Disons que c'est ce qu'ils faisaient la dernière fois que nous les avons vus. Et puis quand nous sommes repassés pour voir l'avancée de leur travail, ils n'étaient plus là.
Le pauvre roi retint difficilement un cri désespéré et songea qu'il devrait rapidement mettre au point un moyen de communication pour ne serait-ce que se tenir au courant de l'emplacement de ces deux idiots. Ou bien de leur mettre une laisse. Quelque chose !
Il se trouva que ses neveux, par il ne savait quel esprit malin, avaient décidé de sortir de la mine pour aller dans les hauteurs. Avec les draps. Cousus s'il vous plait. Il eut peur que ces crétins aient décidé de mettre en pratique en version grandeur nature leurs infructueux essais de parachute. Il se souvenait de feu Monsieur Arnor, l'ours en peluche de Kili enfant, qui avait fini dans les flammes d'une forge des Montagnes Bleues. Fili était parvenu à convaincre son petit frère de le lui prêter et l'avait attaché à un sac ouvert qu'il avait lancé dans le vide. L'ours était tombé. Le sac s'était décroché... Et cela avait fini en drame, Kili pleurant toutes les larmes de son corps pour Arnor, l'ours disparu dans une épique aventure. Et laissant l'oncle et son crétin d'ainé de neveu à rechercher partout en Erebor une créature duveteuse ressemblant à la peluche.
Fili attachait des cordages à une large planche en bois trouée en quatre endroits. Les extrémités. Kili passait derrière pour vérifier le travail sous le regard vexé de son grand frère. Il savait faire des nœuds, merci beaucoup ! Chaque cordage était visiblement relié aux draps raccommodés et renforcés de filaments de métal, dans un travail manifestement minutieux et qui avait sans aucun doute demandé beaucoup de temps. Ces deux-là travaillaient là-dessus depuis plusieurs jours, c'était évident. Et pas forcément rassurant. Et l'installation était pensée, travaillée et retravaillée si bien que cela ressemblait vraiment à quelque chose d'intelligent. Thorïn se demanda vaguement pourquoi ses neveux démontraient autant de créativité pour les conneries, et pas... pour des choses utiles. Le grand nain s'avança, impérieux, dérangeant à peine ses cadets. Pourquoi n'avait-il plus aucune autorité sur eux ? Si tant est qu'il en avait eu un jour. Il ne fallait pas se leurrer, quand ils étaient gosses faire la grosse voix suffisait. Puis, le temps passant, il avait fallu user de ruse et de menaces. Et maintenant, même ça ne parvenait plus à contenir ces deux calamités.
Thorïn avisa les deux nains qui mirent la touche finale à leur œuvre et se tournèrent comme un seul vers leur oncle. Leur sourire eut presque le don d'effacer ses tracas de souverain. Presque.
- Mon oncle ! Vous tombez bien ! Nous avions besoin d'un témoin pour raconter à tous notre exploit !
Lorsque ces deux-là utilisaient ce mot, il y avait de quoi avoir peur. Surtout si cela concernait des draps et de la corde...
- Saviez-vous que l'air chaud monte ? demanda Kili en tournant autour des draps pour aller chercher une torche.
Le roi eut la bonne idée de ne faire aucun commentaire. Oui, il le savait. Il se demandait toutefois comment ils l'avaient découvert. Probablement d'une manière différente de la sienne. En faisant encore quelque chose de plus ou moins répréhensible.
- Et quel est le rapport avec votre montage ? Vous ne comptez pas soulever ça avec de l'air ?
- La difficulté résidait dans le fait de garder la flamme allumée et surtout assez grande pour avoir assez d'air chaud pour ce que nous voulions faire." Fili était surexcité, allant d'un point à un autre et apportant les dernières modifications alors que son frère se postait devant son oncle, les yeux pétillants de malice.
- Donc, nous avons étudié les plans de construction des fours de la mine.
- D'ailleurs, nous tenons à dire qu'il faudrait les...
- Rafraichir ?
- Redessiner serait plus juste...
- Redessiner ? Qu'avez-vous encore fait ?
Loin d'être impressionnés par la menace que Thorïn commençait à devenir, les deux nains s'entre-regardèrent, bataillant pour savoir qui allait expliquer ça à leur oncle. L'épéiste finit par se lancer, jetant un regard accusateur à son petit frère.
- Kili a mangé au-dessus des plans.
- Hey ! TU as renversé la bière dessus !
- Et TU as tenté de sécher ça en mettant le papier au-dessus du feu !
- Vous me dites que les plans sont partis en fumée ?
- Quelque chose comme ça oui.
- Mais comme nous les avons étudiés, nous pouvons les refaire. Ca ne doit pas être compliqué. Un peu de papier, du fusain...
- Tu dessines comme un troll, personne ne comprendra ce que tu veux représenter.
- Merci Kili.
- Je t'en prie Fili.
- Assez ! Vous allez me ranger tout ça et présenter vos excuses aux archivistes ! Après quoi vous resterez dans vos chambres, c'est encore le seul endroit où vous risquez le moins de semer la pagaille !
- Sérieusement, vous nous consignez dans nos chambres ?
Dit comme ça, effectivement, cela perdait toute force de persuasion. Le grand nain gronda, excédé et décida de fusiller du regard ses neveux qui haussèrent les épaules avant de reprendre tout en souriant :
- Pas avant d'avoir testé l'engin !
En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, Kili fila vers l'installation, évitant adroitement les mains de son oncle qui tenta de le rattraper pour éviter la catastrophe. Le roi regarda son plus petit neveu prendre une torche et allumer un pot contenant un liquide inflammable. Lentement, l'installation trembla et les draps gonflèrent. Thorïn fixa l'engin gagner en volume et les deux crétins monter sur la planche de bois. Planche qui s'éleva au-dessus du sol, emportant les deux nains. C'était... impressionnant. Les nains ne volaient pas normalement. Pas plus que les humains, les elfes, les hobbits et autres. Alors voir ses deux neveux inventer une machine capable d'élever un corps dans les airs était proprement fantastique. Il aurait pu être fier d'eux s'il n'y avait pas cette réserve, ce sentiment de suspicion qui naissait dès que les deux "enfants" faisaient quelque chose qui ne pouvait que mal finir.
- Descendez.
Cette fois, la voix du souverain était sans appel et ne souffrait aucune objection. Les deux neveux baissèrent les yeux et s'apprêtèrent à jouer des cordages pour ramener l'immense ballon au sol quand le vent changea brusquement de direction, faisant tanguer la nacelle et emportant l'engin au dessus du vide. Parce que Fili et Kili ne pensaient jamais à faire leurs bêtises dans un espace sécurisé, forcément et qu'ils ne pensaient pas non plus à sécuriser leurs engins. Le feu alimenté d'huile gronda, les flammèches léchèrent le cordage sans faire trop de dégâts tandis que d'autres, assassines, venaient manger les draps. En quelques secondes à peine le ballon s'embrasa, faisant hurler les deux nains qui, dans la panique, parvenaient encore à s'engueuler. Soudain une première corde claqua et retomba dans le vide, déstabilisant totalement la nacelle et forçant les deux frères à jouer les équilibristes.
- Sautez !
Thorïn s'était rapproché du bord pour aider ses deux neveux, pour les rattraper si jamais ils ne parvenaient pas à revenir sur la corniche. Il ne s'attendait toutefois pas à ce que les deux sautent en même temps. Kili, plus léger et plus vif, parvint sans trop de difficultés à regagner la corniche avec l'aide de son oncle, tandis que Fili s'accrochait à la pierre friable sans parvenir à trouver un appui stable et glissait de plus en plus dans le vide. Alors que Kili posait enfin pied sur la terre ferme, Fili lâcha prise... et su attraper le bâton qui apparu dans son champ de vision.
Le roi tourna la tête vers le magicien qui venait d'apparaître et tirait à présent son neveu auprès d'eux, lui tapotant amicalement l'épaule. Gandalf releva la tête et salua le grand nain avec son habituel sourire énigmatique. Fili se releva, s'épousseta et le remercia avant de lancer de sa voix habituellement joyeuse, pas plus déphasé que ça par ce qui venait de se produire.
- Vous tombez à pic!
- Qu'était la chose que vous montiez? demanda Gandalf.
- Une invention de mes neveux. Qui ne restera qu'un prototype et ne verra plus jamais d'autre de ses semblables s'élever dans le ciel !
- Un ballon volant Gandalf. Nous voulions l'élever grâce au feu mais le vent a attisé la flamme, brûlant les draps...
Kili fit un vague geste de la main pour désigner l'invention écrasée au sol qui finissait de se consumer. Il se racla la gorge, mal à l'aise, et s'approcha de son oncle furieux sans baisser ni la tête ni les yeux. Ils avaient fait une bêtise, une de plus, et ils allaient accepter la punition. Ou tenter de l'accepter, suivant ce qu'elle serait. Thorïn soupira lourdement, se passa une main sur le visage, fatigué de devoir surveiller continuellement ces deux énergumènes. A croire que l'aventure qui les avait conduit à reprendre Erebor ne leur avait rien enseigné.
- Retournez au palais. Nous discuterons de cela plus tard.
Kili récupéra le bras de son frère pour quitter les lieux sans demander son reste. C'était une trop belle occasion pour filer, ils n'allaient pas la laisser passer. Une fois les deux nains hors de vue, le roi reporta son attention sur le magicien et l'invita à marcher, afin de s'éloigner de ce pic qui venait de démontrer que le sol en bas était vraiment... bas. Un silence confortable s'installa, lié aux combats menés ensembles, lié à tout ce que le duo avait vécu et traversé. Gandalf croisa le regard fatigué de Thorïn et s'arrêta, forçant son homologue à faire de même.
- Comment allez-vous Thorïn ?
- Quelques désagréments avec mes héritiers, mais rien d'alarmant.
- Vous savez que je ne parlais pas de cela mon ami.
Thorïn posa ses yeux gris d'acier dans ceux du magicien, qui semblait vouloir le sonder. Il eut un petit rire sans joie et reprit sa route sans attendre son compagnon.
- Si vous connaissez la réponse, pourquoi poser la question?
- Afin de l'entendre de votre bouche et déterminer si vous avez abandonné le combat.
- Quel combat Gandalf ? On se bat contre des êtres de chair et de sang, pas contre un mal invisible. On ne peut que rester debout, serrer les dents et avancer sans un regard en arrière, sans regret d'aucune sorte. Mais il n'y a pas de combat, car combattre signifie que chaque camp à une chance de gagner.
- N'abandonnez pas Thorïn, il y a toujours de l'espoir.
- Ne me dites pas ce que je dois faire Gandalf. Vous avez disparu dès que la bataille s'est achevée. Vous ignorez ce que nous avons traversé, vous ignorez ce que signifierait abandonner !
- C'est vrai... J'ignore ce que cela coûtera à Erebor. En revanche, je sais ce que cela vous coûtera à vous. Et en ces temps obscurs, je viens à vous avec de l'espoir.
Le grand roi se retourna vers le magicien. Comme par le passé, Gandalf venait avec une information et le forçait à poser les bonnes questions. L'espoir... Un espoir de revoir un jour plus lumineux et moins douloureux. Un espoir pour lui et sa lignée.
- Je vous écoute.
La salle dans laquelle ils étaient installés était petite mais confortable. Assis autour d'une table jonchée de papiers divers et de cartes du monde, les deux compagnons faisaient silence. Seul le feu crépitant derrière eux venait rompre la monotonie de cet échange sans parole. C'était à qui capitulerait le premier, et cette fois Thorïn Écu-de-Chêne était déterminé à ne rien céder. La solution qu'apportait le magicien était simplement inacceptable. Du moins pour lui. Ce n'était pas tant le voyage qui le dérangeait mais ce qui l'attendait au bout.
- Je ne peux m'en remettre aux Elfes.
- Laissez votre fierté mal placée de côté et écoutez : leurs bibliothèques regorgent de manuscrits pouvant vous aider, leur magie est puissante et leurs dons de guérison est reconnu, votre plus jeune neveux en a bénéficié !
- Je refuse d'avoir une dette supplémentaire ! Ils ne seraient que trop heureux de s'en servir contre mon peuple.
- Cessez d'imaginer que le monde entier en veut à votre vie ! Le seigneur Elrond sera ravi de vous aider.
- Ravi ? Depuis quand des elfes peuvent être ravis d'aider des nains ?
- Vous ne perdez rien à y aller. Les elfes connaissent les règles de courtoisie, ils ne vous chasseront pas, tout comme ils ne vous ont pas chassé la première fois.
- Ils n'étaient pas avec nous pour autant. Ils désiraient notre départ et l'échec de notre mission.
Le magicien poussa un gémissement agacé et se renfonça dans son siège. Il sortit sa pipe, la bourra et l'alluma, tirant nerveusement sur le bec pour se calmer. Il appréciait les nains. Ce n'était certes pas la race qui avait sa plus grande sympathie, mais il les appréciait. Quand ils n'étaient pas aussi entêtés !
- Mon ami, il en va de votre vie vous le savez. J'ignore quand cela se passera mais pas comment : ce sera lent et douloureux, à la hauteur de la fourberie de Smaug. Ne le laissez pas remporter cette dernière bataille. Montrez que la grande lignée de Durïn peut encore le surprendre et vaincre le mal qu'il s'évertue à implanter dans le corps de ses proies.
- Et il me faudrait pour cela quémander le soutien des oreilles pointues ? Écouter leurs palabres et faire face à leur hésitation ?
- Écouter leurs conseils, voir avec vos yeux ce qu'ils ont à offrir avant de juger et rejeter. Agissez comme un roi, non comme un enfant capricieux.
- Entendu. Nous allons voir si vos amis méritent autant votre confiance. Comme vous l'avez dit, j'ai tout à y gagner.
Le magicien se retint de dire qu'il ne l'avait pas formulé ainsi. Thorïn avait raison après tout : soit il mourait soit il avait une chance de vivre. Dans une situation pareille, le choix était vite fait. La discussion n'avait duré que quelques heures et Gandalf savait qu'il aurait à faire face à la mauvaise humeur du nain durant tout le voyage vers la cité elfique. Si c'était le prix à payer pour voir ce grand nain respirer encore quelques années, alors il payerait. Il se releva en même temps que son ami, celui-ci ayant un voyage à préparer et des compagnons de route à trouver.
Le lendemain, après une longue nuit de discussion visant essentiellement à refuser le nombre impressionnant de camarades de route, Thorïn Écu-De-Chêne arrêta son choix. Il ne pouvait composer sans ses neveux : soit il prenait les deux soit il n'en prenait aucun. Il n'était pas idiot au point de penser que l'un irait sans l'autre, ils étaient littéralement inséparables. Et il préférait les avoir à l'œil plutôt qu'à Erebor sans chaperon pour les surveiller. Ainsi Fili et Kili scellaient leur poney, discutant de la nouvelle aventure et de la cité qu'ils avaient quitté comme des voleurs. Venait ensuite Dwalin, ce nain refusant de laisser son roi seul avec les deux terreurs. Ori avait également demandé à venir, pour apprendre des elfes, pour découvrir et faire face à l'adversité aux côtés de son roi. Bofur faisait également partie de la compagnie, accompagné d'un nouvel élément, qui s'était illustré durant la bataille des cinq armées. Capitaine de la garde royale, Bardok maniait aussi bien la hache que le glaive. Mais ce qui poussa Thorïn à l'emmener était probablement la constante bonne humeur de ce jeune nain.
L'aîné des nains monta sur le grand poney, attendant que le reste de la compagnie fasse de même. Gandalf n'était pas loin, lisant quelques missives de dernières minutes, semblant soucieux des informations qu'il y apprenait. Il approcha son poney à hauteur de la jument du magicien.
- Mauvaises nouvelles ?
- Je ne suis pas sûr. Restez prudent une fois arrivé à Fondcombe.
- Je croyais qu'aucun danger n'entrait jamais dans la cité.
- Ce n'est pas un danger pour le moment. Cela le deviendra si vous ne restez pas aux aguets.
Thorïn regarda le magicien s'éloigner et le suivit, rapidement rejoint par ses compagnons discutant avec entrain, inconscients de ce qui pouvait les attendre dans la cité elfique. Si même Gandalf se méfiait de cette chose inconnue, c'était que le danger était bien réel. Quelque chose d'assez important pour éclipser l'état alarmant du roi sous la Montagne et inquiéter leur magicien ne pouvait définitivement pas leur être bénéfique.
