A/N : Bonjour à tous :)
C'est la première fanfiction que je publie, elle n'a pas encore de bêta (si vous vous sentez d'attaque, n'hésitez pas à me MP). J'espère qu'elle vous plaira et n'hésitez pas à laisser un commentaire, ça fait toujours plaisir et c'est la seule façon que j'ai de m'améliorer.
Disclaimer : Hormis certains personnages originaux, tous sont la propriété de la grande JKR. Pour l'idée générale, je ne peux que me tourner vers le vidéoclip de la chanson "Sweet Nothing" de Calvin Harris & Florence + the Machine. Aucun profit n'a été fait avec cette histoire.
Bonne Lecture !
Il réajusta sa perruque, son regard vide figé dans le miroir qui lui faisait face. Autour de lui, une dizaine de filles, nues, s'affairaient afin de se préparer de leur mieux avant le début du spectacle. Comment était-il arrivé ici ? C'était une question à laquelle il refusait de répondre – elle impliquait bien trop de monde. Hugo Weasley savait qu'il ne savait plus ce qu'il faisait de sa vie, une bien belle ironie. Deux fois par semaine, il quittait sa routine de jeune homme de dix-huit ans et, déguisé en femme déguisée en homme, il se donnait en spectacle à chanter. Pouvait-on espérer une pire carrière ? Il n'essayait même plus de se convaincre que oui – si au début c'était plus une corvée afin de se faire un peu d'argent et de fuir un peu sa vie, c'était vite devenu un plaisir, une addiction tellement importante qu'il ne se voyait plus réellement vivre sans ces spectacles. Prenant le rouge à lèvres carmin posé sur sa coiffeuse attitrée, il se maquilla légèrement sans aucune difficulté, l'habitude ayant commencé à se faire sienne : en décembre, il entamera son sixième mois de travail dans ce club. Une fois de plus, il se regarda dans le miroir – lèvres sensuelles, yeux légèrement relevés par une pointe de fard et de mascara, teint corrigé et rendu un peu plus pâle et, par-dessus tout, cette perruque de cheveux d'un roux très sombre, virant presque sur le bordeaux. Lui-même ne se reconnaissait pas au début de ses prestations mais aujourd'hui ce visage commençait à lui être plus familier que le sien. Il tourna la tête vers l'horloge qui, dans les vestiaires, mesurait innocemment le temps le séparant d'un nouveau spectacle de débauche. De toute façon, il ne connaissait aucun des habitués du club – il n'avait aucune raison de s'inquiéter et pourtant cette nuit lui semblait différente. Avoir la boule au ventre était bon pour les débutants, lui devenait déjà un réel vétéran – pourquoi donc ? Il frappa du poing sur son meuble, s'attirant le regard de toutes ces filles qui, tout comme lui, se préparaient dans une nonchalance édifiante. Elles savaient toutes qu'il était un homme et n'avaient aucune gêne à s'afficher nues devant lui, leur travail ici consistait en ça. Vêtues de queues de paon que Rio pourrait jalouser et de coiffes à plumes d'un rose pâle, elle ne semblait pas le moins gênée par la nudité de leur corps – une chose que le jeune Hugo leur enviait secrètement. Jamais il n'aurait eu le courage de montrer ne serait-ce qu'une partie de son corps à toutes ces femmes. Emportant le tailleur sur mesure et le soutient-gorges qui lui servaient de costume, il se dirigea vers les uniques toilettes présentent du côté « personnel ». Au début, elles en riaient un peu, ne comprenaient pas pourquoi il était si gêné – avec le temps elles ont cédé et préféré le laisser seul. Poussant la porte des WC, il leur lança un regard hagard, persuadé que depuis tout ce temps elles se l'imaginaient se toucher en pensant à elles. Le sourire qui traversa ses lèvres sur l'instant fut le plus sincère qu'il ait eu depuis un mois. Il enleva sa chemise blanche, enfila le soutien-gorge et le rempli avec le coton « spécial » qui lui était donné à chaque fois. Doucement, il commença à enrouler les bandages qu'il devait mettre pour étouffer cette poitrine artificielle – le tout étant de le faire passer au mieux pour une femme qui irait se déguiser en homme. Par-dessus, il enfila une autre chemise blanche de qualité bien inférieure à la sienne de sorte à ce qu'elle frôle la transparence sur le corps du jeune homme, chemise qu'il agrémenta de la cravate noire qui devait rajouter de l'androgynie à son personnage. Certains jours tous ces efforts lui semblaient ridicules, certes, mais d'un autre côté ils lui permettaient de moins encore être Hugo lorsqu'il montait sur scène. Le pantalon et la veste, d'un noir de jais agrémenté de parties ternes, finirent presque son déguisement – il ne lui restait plus que ses escarpins.
De retour devant sa coiffeuse, il prit le temps, une fois de plus, de se regarder dans la glace, d'admirer la femme forte et indépendante qu'il incarnait – tout son contraire. Quand il y repensait, son physique frêle de garçonnet aidait beaucoup à confondre les deux, tout comme les traits délicats de son visage. Une note posée sur son petit royaume lui rappelait amèrement qu'il lui restait encore une chose importante à faire avant son spectacle qui, selon cette indécente horloge, ne devait commencer que dans une heure. Il soupira.
« Allo, Hugo, c'est toi ? Qu'est ce que tu fais ?! On t'attend ! »
Rose, cette chère Rose – sa grande sœur et meilleure amie en un, confidente de la fratrie entière. Il ne voulait pas s'étendre.
« Faites la fête sans moi Rosie, je ne pourrais pas venir ce soir, je me sens mal. »
Un court silence suivit sa phrase, puis il l'entendit murmurer un pâle « Ok. ». Il n'était pas dupe, il savait très bien qu'elle était consciente qu'il mentait mais qu'elle faisait tout comme. De toute façon elle savait qu'il lui dirait tout tôt ou tard. Il finissait toujours par tout lui dire – combien même il se gardait allègrement de lui révéler ce petit secret.
« Souhaite un excellent anniversaire à Lorcan et Lysander de ma part ! »
Il raccrocha sans attendre de réponse. Il avait été pleinement conscient en acceptant l'invitation qu'il ne pourrait pas venir – pourtant il avait accepté. Il se sentait horriblement mal de faire ça aux plus jeunes du groupe qui fêtaient leur dix-sept ans aujourd'hui, pourtant il ne pouvait se résoudre à regretter. Au sein de l'immense groupe qu'ils formaient avec ses cousins et les quelques personnes qui étaient tellement proche qu'elles étaient considérées comme tels, il avait toujours été le plus à l'écart sans être capable de l'expliquer. A part sa sœur, il ne fréquentait réellement personne en dehors des réunions qu'ils disaient « familiales » parce qu'il était différent. Contrairement à sa sœur et sa cousine Lily, il n'avait pas les cheveux roux et le visage empli de tâches de rousseurs. Contrairement aux autres garçons, il n'était pas particulièrement musclé – même Albus et Louis semblaient être des sportifs de première classe devant la fragilité de son corps – et contrairement aux autres filles du groupe, il n'avait hérité de presque aucun des traits du côté Weasley de la famille, si bien qu'on l'appelait volontiers le « fils de sa mère ». Il n'avait aucun projet pour la vie et essayait tant bien que mal de vivre de jour en jour, là où la majorité de sa famille était engagée de près ou de loin dans la justice ou la politique, suivant dignement les pas de leurs parents. Dans le fond, il ne savait que trop bien qu'il aimait cette famille parfois trop présente mais c'était plus fort que lui, il n'arrivait pas à aller vers les gens – probablement la seule barrière qui l'empêchait un tant soit peu de se prostituer. Il regarda l'horloge – neuf heures dans dix minutes. Le spectacle allait commencer sous peu et, tel hypnotisé, il oublia qu'il était Hugo Weasley, fils de Ron et Hermione Weasley. Désormais, il était Florence. D'un claquement organisateur, il ordonna toutes les filles autour de lui sur la plate-forme qui n'allait pas tarder à monter les amenant sur scène. Il se racla la gorge et attrapa l'énorme microphone très rétro dans lequel il allait chanter pour les trois heures à venir. Une folie, une vraie.
« Hugo ne viendra pas, il est malade. »
Albus toisa sa cousine, malgré la mine désolée qu'elle faisait il n'arrivait pas à la croire – il la connaissait beaucoup trop bien pour ça. Et merde, sans son petit frère adoré, elle allait probablement passer la soirée entière à discuter avec lui, chose qu'il aurait adoré si sa journée avait été ne serait-ce qu'un peu différente. Rose avait le don naturel d'arracher les secrets aux gens et de les garder, tout en aidant de son mieux les personnes qui se confiaient à elle, une personnalité qui a vite fait d'elle la confidente de la famille. Là voilà qui arrivait, deux verres à la main et son sourire apaisant plaquer aux lèvres, seule personne de la soirée à ne pas avoir été découragée par la mine d'enterrement qu'affichait le fils Potter. Il réajusta sa cravate vert foncé tout en prenant le verre que lui tendait la rousse puis le vida d'une traite. Il savait qu'elle ne buvait jamais d'alcool donc il n'y avait aucune raison de l'attendre. Elle soupira, légèrement exaspérée.
« Qu'est ce qui se passe Albus ? » Son regard noir voulait indiquer qu'il ne voulait pas en parler mais c'était peine perdue avec mademoiselle-parfaite-Weasley. « Tu as découvert que ta copine te trompait et tu l'as larguée ? »
Il avala sa salive de travers devant les mots de sa cousine.
« Tu étais au courant de tout. »
Elle baissa la tête comme pour montrer que oui, elle savait et était désolée. Foutaises. Elle aurait du lui dire.
« Je voulais que tu le découvre par toi… »
Il la bouscula puissamment en essayant de se dégager de sa présence. C'en était trop, la fête, la famille, les attentes, les gens qui riaient partout – il n'avait absolument pas envie de tolérer ça ce soir. D'un pas hâtif, il se dirigea vers la sortie, souhaitant au passage un joyeux anniversaire aux concernés dans le plus hypocrite des sourires qu'il savait afficher. Enfin, de l'air ! Il respirait profondément et expirait d'une façon manquant absolument de charme. Combien d'autres personnes étaient au courant que Mathilde le trompait ?! Toute la famille peut-être ? Ces connards auraient pu le lui dire – c'était trop demandé ? Porté par la colère, il se dirigea à l'aveuglette dans la nuit qui tombait sur Londres – prendre l'air, s'éloigner.
Salope, il ne pouvait s'empêcher de penser autrement – la garce lui avait fait payer une voiture et un voyage en Inde à deux, en amoureux. Elle ne s'attendait certainement pas à ce qu'il la voit en train de s'envoyer en l'air avec un inconnu, rencontré dans l'hôtel cinq étoiles où ils dormaient, par la fenêtre de la chambre. Il était rentré sur le champ à Paris, la laissant seule et sans billet de retour dans ce pays, qu'elle se démerde. En y repensant, le fait que Rose savait qu'elle le trompait voulait explicitement dire que ce n'était pas la première fois et certainement pas le premier mec. Génial, il avait encore été trahit par une poufiasse qui ne voulait que l'argent de son père. Comme s'il avait choisi de s'appeler Potter, d'être le fils du Secrétaire d'Etat et d'être horriblement riche. A croire que dans sa faculté de droit, les filles s'étaient passées le mot qu'il était simple de lui arracher des cadeaux en lui montrant un peu d'affection et y allaient progressivement pour le vider au maximum. Mais putain, elle n'était même pas douée au lit celle-là et il était évident qu'elle simulait, comment avait-il fait pour être aussi aveugle ? Continuant sa route, il s'arrêtait à la porte de chaque bar, hésitait à en pousser la porte puis se rétractait – le risque de rencontrer quelqu'un qu'il connaissait était bien trop grand. En soit, c'était totalement sa faute s'il se laissait abuser si facilement – ses parents n'ont eu de cesse de lui répéter qu'il était trop gentil, qu'il accordait trop sa confiance aux gens. James et Lily s'arrangeaient aussi pour le lui montrer à chaque pas, le rendant victime de leurs plus sombres desseins. Dire qu'il étudiait le droit, quelle blague. En rentrant dans une ruelle éloignées des rues principales, il remarqua du coin de l'œil un club et entra sans réellement y prêté attention, bien trop perdu dans ses pensées. Le Big Ben sonnait neuf heures tapantes.
Cet endroit n'était en rien ce qu'il connaissait d'un club, ce fut la première chose qui le marqua. A l'entrée, un homme musclé lui demanda sa veste qu'il refusa de donner. Soit, on l'a laissé entré tout de même. La salle, sombre, ressemblait quelque peu à un cabaret – de petites tables rouges et rondes, deux chaises par table et toutes les chaises tournées vers le grand espace vide à droite, séparé de l'entrée par un mur qui ne semblait pas solide de sorte à ce qu'on ne puisse voir ce qu'il s'y passait. Un peu étonné, pas mal méfiant, Albus Potter décida néanmoins de s'assoir – ici au moins personne ne risquait de le reconnaitre. Une légère musique démarra en arrière-fond et il profita de cette nouvelle interruption de ses pensées pour jeter un coup d'œil aux autres clients. C'était des hommes, uniquement, âgé entre trente et cinquante ans – il devait bien être le plus jeune ici avec ses dix-neuf ans. Un jeu de lumières vertes et rouges commença à éclairer le mur, s'agitant dans tous les sens dessus, tandis qu'une petite armée de six femmes en sous vêtements arriva de nulle part et se plaça juste devant cet espace vide.
« Messieurs, » commença la seule des six vêtue en plus d'un chapeau « j'ai l'honneur de vous annoncé Miss Florence et ses Machines ! »
Un vague applaudissement résonna dans la salle alors que celle qui avait parlé se dirigea vers le piano au fond du club – piano que le jeune homme n'avait même pas remarqué. A entendre le son qu'elle jouait, en harmonie avec la musique qui retentissait de plus en plus fort, c'était un piano électrique déguisé pour ressembler à un réel instrument de marque. Soudain, le sol de ce qui devait visiblement être une estrade commença à s'ouvrir et l'on apercevait déjà des plumes roses et touffues dépasser. Une plate-forme était en train d'être élevée doucement, si bien qu'elle arriva à hauteur de l'espace, transformé en quelques instants seulement en réelle estrade en bois. Vive la technologie moderne des ascenseurs ironisa-t-il pour lui-même. Sur la scène, des femmes nues équipées de queues à plumes associés à leurs coiffes restaient immobiles, chacune dans une pose artistique dont il émanait un esthétisme douteux. Dans quel genre d'endroit avait-il atterri ? Les cinq femmes un tant soit peu vêtues s'éloignèrent de l'édifice, allant vers les clients prendre les commandes. C'était donc les serveuses essaya-t-il de raisonner, conscient de plus en plus qu'il n'était pas dans un endroit pour les gens de son âge. Un bruit mécanique léger raisonna et une nouvelle plateforme arriva au milieu de toutes ces femmes. Déguisée en homme, une femme beaucoup plus imposante par sa stature venait d'apparaitre sur la scène et, sans l'ombre d'un doute ou d'une hésitation, elle commença à chanter à la musique. Les – visiblement – danseuses commencèrent à bouger d'une façon sensuelle et tout à fait adapter à la voix légèrement profonde de la chanteuse. L'esthétisme douteux qui l'avait marqué au début n'était plus et, tel hypnotisé, il enleva sa veste et la posa sur la deuxième chaise, incapable de détacher ses yeux du spectacle qu'on lui offrait. Si toutes ces femmes nues montraient une certaine grâce et un tact terrifiant à se déplacer dans une harmonie parfaite qui semblait porter au plus haut point les sens des autres hommes, Albus n'avait d'yeux que pour la jeune femme qui chantait. Il se dégageait de son allure un côté sauvage et mystérieux, allègrement appuyé par les gestes fermes qu'elle faisait entour du micro. Lorsqu'elle levait une jambe de façon sensuelle, il lui semblait qu'elle rompait avec ce qu'elle était tout en entrant plus encore dans l'osmose de sa personne – il la détaillait des yeux avec une ardeur qui lui était jusqu'alors inconnue. Tout en cette femme était parfait – de son rouge à lèvres associé à sa chevelure par le très léger maquillage, suffisant pour signaler que c'était une femme mais permettant cette mascarade masculine. Une chanson, une autre et encore une. Elle semblait ne pas être de ce monde, ne jamais s'épuiser tout comme ses partenaires. Florence élançait parfois sa silhouette sur le devant, emportant avec elle la barre de son énorme microphone, uniquement pour revenir à sa position de départ et continuer à chanter comme si de rien n'était. L'énergie et l'assurance qu'elle faisait rayonner était splendide, tout comme son corps. Une serveuse s'arrêta un bref instant devant le garçon, n'insista pas à le faire commander quelque chose voyant à quel point il était absorbé par le spectacle. A la cinquième chanson, la rousse foncée enleva sa veste, la laissant tomber sur le sol dans un geste étonnamment gracieux. Sa chemise presque transparente laissait voir une poitrine belle et ferme emprisonnée dans un amas de bandages afin d'être réduite au stricte minimum – elle chantait comme s'il n'y avait rien. Chacun de ses gestes enfonçait un peu plus Albus dans son fauteuil, ramollissant la totalité de sa chair – il était incapable de partir. Il manqua de s'étouffer lorsqu'il vit cette inconnue séparer le microphone de la barre et se baisser au point de n'avoir que ses pieds, fesses et omoplates sur le sol. Elle continuait à chanter dans cette position qui avait quelque chose d'intriguant, presque érotique. Le travail qu'elle fournissait était énorme, c'était une chose dont il était sûr et le spectacle en lui-même étant des plus plaisant.
L'énorme clocher de Londres sonna les douze coups de minuit à la minute près où le spectacle s'acheva. Trois heures d'une performance qu'il savait désormais marquées dans son esprit – quelque chose d'exquis, érotique et certainement pas vulgaire à la fois. Elles se mirent toutes en lignes sur l'estrade, saluèrent deux fois et les lumières s'allumèrent de nouveau. Il ne remarqua pas la rapide frayeur qui se marqua sur le visage de Florence lorsque la plateforme la fit revenir dans les sous-sols du bâtiment. Le cœur étonnamment léger, il se dirigea vers la sortie sans rien avoir à payer – chose qui ne l'étonna même pas tant il était pris de fascination pour ce que ses jeunes yeux venaient de voir. Sur la sortie, il nota l'adresse et les dates de spectacles, certain de revenir aussi souvent que possible.
« Merci Lily, je vais terminer de tout ranger, tu peux aller dormir. Remercie ton père de nous avoir laissé faire la fête à la résidence ce soir si tu le vois avant moi. » La jeune fille hocha la tête et Rosa déposa un baiser sur le front de sa cousine. « Bonne nuit. »
Rose Weasley soupira. Cette soirée qui devait être l'une des meilleures cette année s'était partiellement achevé en fiasco et elle s'en voulait énormément. Son frère lui avait menti sur ses raisons de ne pouvoir venir, elle pouvait le tolérer. Albus dans une colère noire, elle pouvait le comprendre. Victoire qui monopolise l'attention avec l'annonce de ses fiançailles avec Teddy le jour de l'anniversaire des jumeaux ? Beaucoup moins. Elle attrapa un balai et commença à nettoyer l'immense salon de la résidence de son oncle Harry, ayant déjà tout ramassé avec l'aide de Lily. Elle n'avait rien contre Victoire et Teddy – qui était considéré par tous comme déjà un membre de la famille- mais une certaine amertume résidait en elle. Teddy Lupin avait suivit les traces de son père et avait été accepté dans la police, s'occupait actuellement même de former Fred et James à rejoindre les forces de l'ordre à son tour. C'était une vie dangereuse sur le fond des récents évènements politiques qui agitaient la capitale britannique, une vie qui contrastait énormément avec le confort qu'espérait Victoire Weasley. C'était une dame, à l'image de sa mère, et c'était une dame qui avait des exigences particulières, en contradiction stricte avec l'engagement et l'envie de son fiancé de joindre les forces de l'ordre. C'était l'une des rares à ne pas suivre les chemins familiaux, bien trop affirmée pour se laisser entrainer par la famille – comme quoi être l'ainée de la fratrie servait. Là où Rose était en Sciences Politiques, sa cousine était déjà une Infirmière diplômée et travaillait à l'Hôpital Saint Thomas. Il serait dommage de la voir se séparer de Teddy à cause des dangers qu'impliquaient les choix de celui-ci.
« Rose ! »
Elle évacua ses pensées d'un rapide mouvement de tête et fit rapidement face à Lysander. Il semblait enjoué et heureux comme tout de la fête.
« Ah, Lysander ! Je pensais que tu étais déjà rentré, qu'est ce que tu fais là ? »
Elle lui ébouriffa gaiement ses cheveux blonds mi-longs, ce à quoi il protesta avec un sourire immense. Contrairement à son jumeau, Lysander semblait toujours content de tout et était un incorrigible rêveur, là où Lorcan avait les pieds un peu trop sur terre – leur apparence devait probablement être l'une des seules choses dans lesquelles ils se ressemblaient, Lysander ayant hérité du côté très « étrange » de sa mère dans la majorité des domaines. Les gens étaient prêt à parier que si Lorcan semblait tellement coincé, c'était parce que Lysander avait de la folie pour deux.
« Je suis venu te remercier de ma part et de celle de Lorc' pour cette superbe fête – tu es géniale. »
Sa voix semblait distante, comme s'il pensait à autre chose que ce qu'il était en train de dire. Il était incorrigible et pourtant très attachant. Elle l'attira et lui donna le plus chaleureux des câlins que lui permettait sa fatigue. Après tout, c'était son anniversaire. Déposant un baiser sur la joue du cadet du groupe, elle lui murmura un « Joyeux Anniversaire » qui lui alla droit au cœur – des mots auxquels il répondit par un « merci » un peu trop lucide pour lui avant de prendre la fuite. Rose souri exaspéré en le voyant partir – il n'y avait aucun lien familial entre les frères Scamander et la famille Potter-Weasley et pourtant ils en faisaient intégralement parti. Pleine d'entrain, elle continua à faire le ménage en attendant le retour d'Albus envers qui elle se sentait obligée de s'excuser.
« Tu ne lui as pas dit. »
A peine Lysander eut-il mis le pied dehors qu'il se fit accosté par son frère. Il se tourna vers lui et lui adressa un sourire candide qui avait tellement le don d'agacer Lorcan.
« Non. » répondit-il en lui tournant le dos.
Il l'entendit plus qu'il ne le vit soupirer et s'imagina très bien la mine mécontente qui devait s'afficher sur le visage de son frère. Il était bien trop terre à terre pour comprendre, de toute façon.
« Je ne t'en propose pas. »
Il ne se retourna même pas, visualisa avec une précision typique de lui son jumeau allumé une cigarette et la porter à sa bouche, tirer deux bons coups avant de souffler la fumée. Il était tellement prévisible que c'était à se demander comment tout le monde réussissait à ignorer qu'il fumait depuis quatre ans déjà. Il s'arrêta un moment sur la route vers leur maison pour fixer le ciel, dépasser par son jumeau toujours cigarette à la main. C'était dommage, avec toutes les lumières qu'il y avait dans la ville on ne voyait pas les étoiles – il aurait bien aimé pouvoir les observer ce soir. Dix sept ans. Ils venaient tous deux de finir dix sept ans et il était toujours incapable d'avouer son amour à cet âge. Les films d'amour racontaient vraiment n'importe quoi. Il profita de l'air un peu plus frais depuis le départ de son frère pour respirer un bon coup : cette année serait l'année des changements, il le sentait dans ses os.
