Loin du froid de décembre.

La jeune femme marchait vite dans la rue, presque déserte en cette période de Noël. Les talons de ses bottes en daim claire faisaient craquer la couche de neige fraîche sous ses pas. Si le dépôt blanc n'était pas assez épais pour qu'elle ait besoin de faire attention à là où elle posait ses bottes, le temps demeurait cependant suffisamment frais pour qu'une buée blanche s'échappe de ses jolies lèvres roses que tous s'accordaient à dire fascinantes, et qu'elle ressente le besoin de frotter ses mains l'une contre l'autre pour les réchauffer.

Wendy Darling tourna au coin de la rue, ralentissant quelque peu. Cela faisait maintenant longtemps qu'elle voulait le faire, mais à présent que le moment était venu, la belle jeune femme de vingt-deux ans ne pouvait s'empêcher de le retarder au maximum.

John et Michael lui avait proposé de l'accompagner afin de la soutenir mais Wendy avait refusé. C'était quelque chose qu'elle devait faire seule.

Elle passa à côté d'un cofee-shop et envisagea un instant de s'y arrêter pour boire un café mais elle se reprit et continua sa marche. Elle avait assez tergiversé, cela ne lui ressemblait pas d'essayer de se dérober.

Elle marcha encore cinq minutes, puis poussa la grille noire du cimetière, qui pivota sans un bruit dans le paysage enneigé.

S'il s'était agi de l'une de ses histoires, songea-t-elle, la grille aurait grincé à cause de la rouille.

« Et j'aurais dit « en un son aussi sinistre que l'était le cœur du triste personnage qui venait en ces lieux, lui qui pénétrait dans le domaine des morts. ».

Oui, les enfants auraient adoré cela.

Wendy s'avança parmi les allées de tombes bien alignées. Ici, elle devait marcher plus lentement car la neige n'était pas déblayée tous les jours comme les avenues où beaucoup de gens passaient chaque jour.

C'était un joli cimetière, calme malgré sa position en plein centre de la ville. Il y avait quelques arbres, qui couvraient pudiquement leur nudité d'un manteau de neige. La plupart des tombes étaient bien entretenues, propres et brillante. Tout était si calme. Wendy se demanda si c'était à cause de la neige qui absorbait les bruits ou bien si c'était toujours comme cela. Elle ne le saurait sans doute jamais.

« La deuxième allée, et puis tout droit jusqu'au fond du cimetière » lui avait dit John.

Ces indications lui en rappelaient d'autres, pas très différentes. « La deuxième à droite et puis tout droit jusqu'au matin » Il lui avait fièrement indiqué. John avait-il lui aussi remarqué l'analogie ?

Il était tristement ironique que le chemin qui avait amenée Wendy à perdre sa vie de fillette londonienne soit aussi celui qui avait mené ses parents à leur tombe.

Wendy se demanda si le destin avait le sens de l'humour, pour l'accabler ainsi.

Elle arriva au fond du cimetière. Là, les tombes étaient moins bien entretenues, la plupart à demi-enfouies sous une couche de neige. Wendy se pencha et commença à la disperser d'une d'entre elle. Ce n'était pas la bonne. Celle-ci appartenait à un certain Emmanuel Stones. Wendy passa à la sépulture suivante. Délicatement, elle en ôta la neige et y lut l'épitaphe qui s'adressait à « Anna McDonald, partie trop tôt ».

La jeune femme du encore en faire trois avant d'enfin tomber* sur celle de George et Mary Darling. Ils avaient été enterré ensemble, constata presque avec détachement Wendy.

Elle se laissa tomber à genoux devant la pierre tombale et effleura du bout de ses doigts rougis par le froid l'inscription qui portait le nom de ses parents. Un sanglot lui échappa.

Puis un deuxième, sans qu'elle puisse le retenir. Bientôt, ses pleurs résonnèrent dans le cimetière vide comme elle se retrouvait enfin, après tant d'années, devant la tombe de ses parents chéris.

-Je suis tellement désolée, pleura-t-elle, empreinte de cette culpabilité qu'elle portait en elle depuis plus de deux cents ans. Maman…Papa, pardon, je ne…je ne voulais pas, je ne savais pas. Je suis désolée, je voulais rentrer, j'ai essayé, je ne voulais pas…..je ne voulais pas que vous vous fassiez du souci. Oh je suis tellement désolée, je vous demande pardon. Pardon Maman pour toutes les larmes que tu as versée, pardon Papa de ne pas avoir été là. Pardon, pardon, pardon, pardon…

Elle n'aurait su dire combien de temps elle resta là, prostrée devant la tombe de ses parents qui ne l'avaient pas vue grandir et ne le feraient jamais. De ces parents à qui elle n'avait même pas pu dire adieu. Oh, ce qu'elle aurait donné pour pouvoir les embrasser, leur dire qu'elle les aimait, sentir l'odeur de sa mère une nouvelle fois ou se blottir dans l'étreinte rassurante de son père.

Toujours est-il que lorsqu'elle se releva finalement, ses yeux la brûlaient comme de l'acide à chaque clignement de paupière et son corps entier était tellement engourdi qu'elle dû s'appuyer sur la pierre tombale des Darling pour parvenir à se redresser. Elle ne sentait plus ses mains non plus, mais essuya malgré tout les larmes qui restaient accrochée à ses joues et à ses cils, tentant de se redonner une contenance, même si présentement, elle avait juste envie de se laisser mourir. Ses parents n'auraient pas aimé la voir comme cela.

Avec un petit reniflement, elle ré-enfonça le bonnet de laine bleu claire qui protégeait ses épais cheveux bouclés. Puis, avec un dernier « pardon », elle se détourna. Elle levait déjà la jambe pour s'en aller quand elle pensa fugitivement qu'elle n'avait pas pensé à amener de fleurs. Sans bien savoir pourquoi, cette pensée l'horrifia, et Wendy se sentit à nouveau envahie par l'envie de pleurer. Ses yeux brûlant s'humidifiaient déjà lorsque deux bras chauds et musclés vinrent l'entourer l'espace d'un instant et deux lèvres se posèrent sur le haut de son crâne.

Wendy poussa un cri de surprise à moitié étranglé et se retourna mais il n'y avait personne. Elle était seule.

Pourtant, alors qu'elle se détournait une nouvelle fois, persuadée d'avoir imaginé ces bras l'enlaçant, Wendy remarqua un tâche de couleur du coin de l'œil.

Elle se figea.

Sur la tombe de ses parents, délicatement déposé afin ne pas masquer les deux prénoms inscrits, se trouvait un magnifique bouquet de fleurs mauves sombres que Wendy reconnut immédiatement. Elle les connaissait bien.

Ces fleurs ne poussaient qu'à Neverland.

-WD&PP-

Voilà, j'espère que ça vous a plu, un petit OS (jusqu'à ce que je change d'avis) sans grande prétention.J'avais au départ dans l'idée de marquer beaucoup plus la présence de Peter mais au fur et à mesure que j'écrivais, les mots en ont décidé autrement :) . Et je trouve qu'en fait, c'est tant mieux comme ça. J'aime le savoir là un petit peu "caché" mais près de Wendy, son côté secret, en dehors de ce que l'on s'attendrait à ce que quelqu'un d'autre fasse. J'aime le côté délicat.

J'espère sincèrement que cela vous a intéressé (en tout cas assez pour que vous lisiez ce message, apparement) et surtout, surtout, n'hésitez pas à laisser une review, parce que même si ce n'est pas la raison pour laquelle on écrit, cela fait réellement incraoyablement plaisir d'avoir un retour, de voir que votre histoire a été lue :) et sur ce, bonnes vacances de Toussaint !