[ - Etant hétéro, j'ai dû faire travailler mes neurones pour cette fic que je voulais pourtant écrire depuis des années (sans exagérer !). Elle sera en deux ou trois chapitres, à tout casser. ]


- Okay les gars, on s'arrête pour aujourd'hui ! cria Tetsu. Mais on continue demain, ne croyez pas que vous allez vous en tirer à bon compte.

Je me mis à rire en entendant ça : cet homme cherchait à se faire passer pour un tyran ou quoi ? J'allais ranger la gratte que Ken me tendait.

- T'as l'air comme qui dirait crevé, mon pauvre, remarquai-je en calant délicatement la guitare blanche où il avait joué "BLESS".

- Il me tarde de rentrer chez moi. Tu y vas directement, toi aussi ?

- Non. Stéphanie et moi on bouffe dehors.

- Oh, en amoureuses, conclu Ken avec un clin d'oeil.

Je tentai de cacher mon sourire.

- Ouais, en amoureuses.

- Alexandra, tu peux mettre ma basse avec les autres, s'il te plait ?

- Oui, Tetsu, je peux.

Hyde et Yukihiro ne me demandèrent rien : les baguettes pouvaient rester sur la batterie, quant au micro, à part le débrancher...

Tous partirent presque en même temps, le dernier fut Yukki. Il m'avait dit en arrivant qu'il voulait me parler, mais je ne savais pas du tout de quoi.

- Dis-moi, Alex...

- Hm ?

- Heu...

A sa façon de se tortiller les doigts, on aurait dit qu'il allait avouer une faute plus ou mois grave. Je le pressai un peu :

- Oui ?

- Ça te dit qu'on aille manger un morceau un jour, tous les deux ?

- Eh ben... Moi oui, mais Steph est... Disons qu'il vaut mieux que je ne lui dise pas.

- Elle est jalouse ? demanda Yukki, laissant enfin ses doigts tranquilles et se décidant à me regarder.

J'attrapai un des câbles relié aux enceintes pour le ranger avec les autres, ce qui me permit de ne pas lui répondre tout de suite. Évidemment que Stéphanie était jalouse ! Jalouse comme un chat qui n'aurait connu que son maître ! Je ne comprenais pas pourquoi.

- Un peu, ouais. Pourtant elle sait que c'est à elle que je tiens.

- Justement : où est le problème si tu sors quelque part avec un homme ?

- Demande-lui à elle, répondis-je, avec un haussement d'épaule.

Stéphanie et moi n'étions ensemble que depuis un an, mais quand j'avais parlé de mon projet de partir travailler au Japon, sept mois plus tard, elle avait absolument tenu à me suivre. Je l'avais prévenue que j'aurais à bosser principalement avec des hommes, et si dans un premier temps ça en l'avait pas gênée, elle s'était montrée, au fil des semaines, un tantinet jalouse.

Je rangeai le dernier câble quand mon téléphone vibra dans la poche de mon jean. Je décrochai à la deuxième sonnerie. C'était justement ma copine.

- Ouais ?

- T'as fini ?

- Je finis à l'instant.

- Oh. T'es toute seule ?

- Ouais, mentis-je pour avoir la paix. J'arrive.

- Je vais attendre que tu sois partie pour y aller, fit Yukihiro, compréhensif.

Une fois de plus, et sans savoir la raison, j'éprouvai envers Yukki un élan d'affection. Certes je l'aimais bien, mais par moment... plus que d'autres.

- T'es adorable, comme mec.

Chopant mon sac, j'allais lui faire un bisou pour lui dire "Au revoir", comme j'en avais pris l'habitude, mais au dernier moment, Yukki tourna son visage, si bien qu'un chaste baiser fut échangé. J'étais à deux doigts de lui coller une baffe. Lui rougit jusqu'aux oreilles.

- Excuse-moi, Alex.

J'avais les joues aussi empourprées que le batteur. J'allais devoir attendre encore un peu avant de descendre. Aussi bien pour ça que pour me remettre les idées en ordre. Certes, ça n'avait pas été grand chose, mais étant branchée gente féminine...

- 'Refais jamais ça ! Je sais pas ce qui me retiens de t'étrangler !

- Tu ne te demandes pas pourquoi j'ai fais ça, justement ?

Je n'arrivais pas à détacher mes yeux de Yukki. Ce n'était pas celui qui avait le regard le plus captivant si l'on faisait la comparaison avec Ken, par exemple, mais je ne parvenais pas à détourner la tête. J'atterris enfin.

- Yukki, t'es pas... Arrête, je suis lesbienne !

- Tu crois que je ne le sais pas ? s'énerva mon ami. Je ne sais pas ce que je ressens exactement, Alex, mais sois sûre que même si je t'ai fais mes excuses, je ne regrette pas mon geste.

- ... 'Faut que j'y aille. A demain.

Je courrai presque jusqu'à la porte, laissant Yukihiro en plan. Steph m'attendait, calée contre un arbre, en train de fumer une clope. Un grand sourire illumina son visage.

- Salut, toi.

Je m'approchai et elle m'embrassa tendrement, comme à son habitude. Je n'y répondis pas, pensant encore à ce qu'il s'était passé avec Yukihiro. Ça n'avait été rien de grave, mais je n'avais rien vu venir.

- On va manger où ?

- On peut rentrer, plutôt ? suggérai-je, préférant rester dans notre studio pour réfléchir, au calme.

Steph parut surprise par cette idée, surtout que celle de dîner dehors était venue de moi.

- Si tu veux, oui. Ça me permettra aussi de passer plus de temps avec toi... au lit, acheva ma copine avant de passer le bout de sa langue sur ma lèvre inférieure.

Je lui souris. Ça, c'était une bonne idée !... encore fallut-il que Yukihiro me sorte de la tête. Mais bon sang, pourquoi il avait fait ça, ce con ?

Stéphanie appela un taxi pour rentrer. Il était pas loin de vingts-deux heures, et je ne me sentais pas de rentrer en transport en commun. J'étais trop crevée, et je me serrais sûrement endormie sur mon siège.

- Garde un peu de force, me murmura Steph, en français, une fois dans le taxi, une main sur ma jambe. T'es pas prête de dormir, toi.

Ni de dormir, ni de manger, non plus. A peine arrivées dans l'appart' que la fille qui partageait ma vie entreprit de m'ôter mes fringues pour ensuite me pousser sur le lit et soulager son envie que je devinai vraiment pressante. Rien ne fut épargné, et quand vint le moment où Steph amena son visage entre mes cuisses, plus rien n'exista que le bien être que je ressentais à cet instant.